Note : La troisième et ultime saison de Lie To Me s'achève sur un suspens intolérable à mon goût. Et vu que personne ne nous donnera la suite, autant l'écrire soi-même, non ? Du fait que la FOX ait signé l'arrêt de mort de la série il y a plus d'un an, je ne m'attends pas à ce que grand monde lise cette fic'. Néanmoins, avis, critiques et suggestions pour la suite sont les bienvenues ! Bonne lecture !
Avertissement : Lie To Me ne m'appartient pas, bien évidemment. Sinon la saison 4 aurait été tournée et diffusée depuis belle lurette.
Spoilers : E13S03 principalement. Quelques références à d'autres épisodes mais qui restent très allusives.
- J'ai une petite question
- Oui ?... T'as le regard bizarre.
- Gillian… Est-ce que tu l'aimes ?
- Bien sûr que oui chérie, tu sais que je l'adore
- Non, je veux dire, j'pense que tu es amoureux d'elle
- Oui
- Alors, qu'est-ce que t'attends ?
- Là j'ai pas de réponse pour une fois.
Cal Lightman s'était levé tôt, et déjà il s'affairait en cuisine. Quand sa fille descendit les escaliers, aux bruits de vaisselle s'entrechoquant se mêlait une douce odeur de pancakes.
- 'Lut papa. Pourquoi tu as préparé des pancakes un mardi matin ? A moins que tu aies décidé de t'inscrire à un concours culinaire… Je t'ai entendu te lever de très bonne heure ? ça va ? Le questionna-t-elle en se frottant les yeux.
L'intéressé haussa les épaules.
- J'avais une envie de pancakes, voilà tout. Et oui, je vais bien, lui répondit-il laconiquement en esquissant un léger sourire.
Il s'appliquait à faire la vaisselle tandis que sa fille à laquelle il faisait dos entamait un premier pancake. Un silence gêné flottait dans la pièce. Cal se remémorait la fin de leur soirée. Leur conversation s'était finie plutôt brusquement. La question de sa fille quant à la nature de ses sentiments vis-à-vis de Gillian l'avait désarçonné, il devait l'avouer. « Je pense que tu es amoureux d'elle». Il avait baissé la tête, légèrement, avant de lui répondre un simple oui. Peu après, il était allé se coucher, usant comme prétexte qu'il avait eu une dure journée, ce qui était vrai, après tout. Ensuite, il n'avait pas dormi de la nuit, l'aveu qu'il avait fait à sa fille lui semblait vrai, mais difficile à affronter. Il était mal disposé à en reparler.
- Tu sais papa…
Il releva brusquement la tête de sa vaisselle et se retourna pour faire face à sa fille. Elle l'avait arraché d'un coup de ses pensées.
- Oui chérie ?
Pitié. Pourvu qu'elle ne poursuive pas son interrogatoire de la veille. Elle lui sourit, comme si elle avait deviné ce qui se jouait dans le cerveau de son père. Elle marqua une petite pause.
- Ils sont bons tes pancakes.
Il laissa échapper un petit soupir qui ressemblait à du soulagement.
- Merci chérie, dit-il, retournant à sa vaisselle, tu as cours dès huit heures ? J'te dépose?
Autant guider la conversation, pour éviter les sujets sensibles. Après, il lui demanderait quels cours elle avait, si elle avait des contrôles, si…
- Oui, je veux bien. Mais euh, tu comptes aller dans tes bureaux de si bonne heure pour ta part ?
Erreur fatale. Il aurait dû se taire : voilà qu'elle avait prononcé le mot « bureau », déjà la discussion s'orientait sur son boulot. Et, a fortiori, leur échange de la veille serait de nouveau remis sur table. Elle le faisait exprès, soupçonna-t-il. Il se retourna de nouveau.
- Non, non, je proposais juste de t'emmener, je n'ai rien de particulier à faire ce matin, et…
- Alors ne te dérange pas pour moi, le coupa-t-elle en se levant.
Elle lui souriait de façon à ce que le grand Cal Lightman puisse y déceler un zest d'ironie. Puis elle fronça les sourcils en faisant un mouvement de la tête en direction de l'évier.
- Ta vaisselle ne supportera pas d'attendre une seule seconde de plus.
Adossé contre le plan de travail, il répondit au sourire de sa fille, comme pour l'affronter.
- Je monte me préparer, l'informa-t-elle en faisant une moue amusée.
La maturité venant, sa fille faisait des progrès de jours en jours – involontairement ou non – pour déceler les émotions d'autrui. Même si Cal Lightman éprouvait une pointe de fierté quant au fait que sa fille ait hérité de sa perspicacité, d'un autre côté, il avait complètement conscience que cela était à son désavantage.
Elle redescendit les escaliers, elle était prête à partir. Elle passa devant la cuisine où son père trouvait encore. Elle s'arrêta sur le seuil de la porte.
- Tu sais papa…
Deuxième tentative. Cal se retourna pour la énième fois, le visage impassible.
- Oui, chérie, qu'est ce qui te tracasse ?
Elle allait mettre les pieds dans le plat, cette fois-ci.
- J'ai bien compris que tu ne voulais pas continuer notre discussion d'hier soir. Je ne veux surtout pas te stresser par rapport à ça. Ou même te presser. Sache juste que je pense sincèrement que Gillian, si tu entamais une relation avec elle, je veux dire une relation amoureuse, je pense que ça ne pourrait que t'améliorer, te faire voir la vie différemment… Tu pourrais être tout simplement heureux. Fin, bref, je pense que c'est vraiment quelqu'un de bien. J'ai dit que je ne voulais pas te presser, mais fait attention, un jour, il sera trop tard.
Il la dévisagea. Elle avait quitté son regard ironique, et même s'il lui semblait qu'elle avait pris le ton d'un marchand itinérant vantant les mérites de ses produits dont le prix défie toute concurrence, elle était sérieuse. Il hocha la tête.
- Bonne journée ma chérie. Ho, hé dis-donc, approche-toi de moi là, fais voir.. Non mais c'est quoi ce décolleté Emily ? Ce n'est plus parce que tu n'es plus avec ton « Liam » depuis une journée qu'il faut déjà se remettre en chasse..
- Je file !
Oui, elle devenait vraiment douée, que ce soit pour échapper aux réprimandes de son vieux père ou pour décrypter les sentiments de celui-ci. Qu'est-ce qu'il lui avait pris d'être sincère avec sa fille…Il aurait pu mentir, pour une fois. Cependant, sa question était pertinente : elle lui avait fait avouer ce que lui-même n'osait admettre . Il ne pouvait plus se voiler la face, il était bel et bien amoureux de Gillian, son associée, sa meilleure amie de toujours. Sa conscience n'avait évité ce sujet épineux que trop de fois. Mais elle ? La réponse à cette question semblait moins évidente. Il lui avait toujours semblé que Gillian méritait mieux. Et puis, prendre le moindre risque de la perdre en tant qu'amie le rendait fou… Pendant que ses pensées s'entremêlaient, Cal continuait de ranger sa cuisine – chose courante chez lui lorsqu'il était en proie à une profonde réflexion. Ce qui l'interrompit, ce fut ce post-it, accroché à l'intérieur du frigo, sur la bouteille de lait. Un simple post où il était inscrit en lettres majuscules « DIS-LUI ». Il sourit, amusé, sa fille était une vraie tête de mule.
