C'était l'un de ces après-midis d'automne tranquilles.

Le feu crépitait dans la cheminée, et Charles jouait un air sur le vieux piano de la bibliothèque, un verre de scotch en équilibre sur les genoux.

Henry lisait silencieusement une énième traduction de l'Illiade, son regard parcourant les pages avec avidité. Il s'interrompait parfois pour lancer quelques observations à voix haute.

Francis, assit sur le grand divan, jouait négligemment avec une balle de tennis, qui rebondissait sur le sol et qu'il rattrapait de ses mains graciles.

Camilla, assise sur le tapis persan, la tête appuyée contre ses genoux,somnolait. Les boucles blondes de sa coupe à la garçonne retombaient sur son front pâle. Elle ressemblait plus que jamais à un ange.

Bunny, affalé dans une causeuse, dessinait d'un air concentré dans un carnet de moleskine offert par Henry.

Richard se contentait d'être là. Il observait ses amis, l'expression de leurs visages, la finesse de leurs traits. Leurs silhouettes élancées, leurs gestes précis. Tentant de graver à jamais dans sa mémoire ce moment, qui avait déjà la qualité du souvenir. Comme si cet équilibre parfait pouvait basculer à tout instant, il s'efforçait d'en retenir chaque seconde.

De toute sa vie, Richard Papen n'avait jamais été si heureux.