Réponse au défi de Surimi :

Résumé : Réponse à une proposition de Surimi, ayant pour thème, je la cite : « Comment se fait-il que l'on soit généralement attiré par quelqu'un dont le corps nous hurle "Si tu me touches, je te bouffe" (Les plus fins d'entre vous auront bien entendu remarqué la délicate allusion au maintenant classique L'âge de Glace...) ». OS, POV Severus Snape exclusivement.

Couple : SSHP

Rating : R (ça surprend quelqu'un ?). Un peu PWP quand même.

Auteur : Myschka

Disclaimer : Tout à moi. Ben quoi, j'ai le droit de rêver non ? Non ? Bon, rien n'est à moi, les personnages et les décors sont à une vague inconnue nommée JKR, l'idée est de Surimi, seul le texte sort tout droit de mon pauvre petit esprit torturé. Voilà, z'êtes contents ?

Avertissement : Ceci est un slash, à savoir une histoire décrivant des relations homosexuelles explicites. Homophobes, allez vous faire pendre ailleurs. Ignorants qui n'ont pas compris ce qu'un rating R impliquait, retournez donc regarder des Disney.

Note préliminaire : Bien. Ma deuxième fic, mon premier OS, mon premier POV. La défloration continue ! Hum, je crois que je me suis un peu éloignée du sujet initial, Surimi, j'espère que tu me pardonneras ! Ah, et contrairement à ce que le résumé laisse penser, cette fic n'a pas grand chose de comique…

Attraction-répulsion

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POV Severus.

Nous y voilà presque. Dans quinze jours, les examens de fin d'année commencent, et dans trois semaines, je vais enfin pouvoir me terrer dans ma maison de campagne à Torquay pour deux bons mois. Deux mois sans avoir à m'infliger quotidiennement la vue de ces gamins braillards et insupportables. Deux mois sans avoir à supporter ces abrutis de Griffondor, et ces stupides Poufsouffle. Joie ineffable.

Et deux mois surtout sans le voir lui. Ce matin, je l'observe comme à mon habitude. Il a le réveil difficile, le nez dans son bol de céréales. Elle, la Miss-Je-Sais-Tout, tente par tous les moyens de le motiver pour la journée de cours qui s'annonce. Lui, le grand à l'air benêt, l'avant-dernier de cette tribu – à ce stade là on ne peut même plus parler de famille – de rouquins, déblatère sur un sujet sans importance – au hasard, le Quidditch ? – tout en engouffrant une quantité industrielle de nourriture à une vitesse phénoménale, sans se soucier que quiconque l'écoute. Un matin comme les autres. Il est de mauvaise humeur, mais personne ne semble s'en préoccuper.

Tiens, l'héritier Malfoy vient de faire son entrée dans la salle. Comme d'habitude, tous les regards se tournent vers lui. Ce gamin est trop narcissique pour son propre bien, et le fait que son géniteur pourrisse en ce moment même à Azkaban n'y a absolument rien changé. Bien trop fier pour cela, il cherche toujours à attirer l'attention, et il y parvient. Tout le monde l'observe. Sauf lui. Lui, reste concentré sur son assiette, le regard vague, comme s'il n'arrivait pas à chasser les dernières bribes de rêves qui s'accrochent à ses paupières baissées.

C'est sans doute cela qui énerve le jeune Draco. C'est sans doute pour cela que comme chaque matin, le jeune homme blond tourne ses yeux acier vers lui, exigeant son attention. Mais lui s'en moque éperdument et avale tranquillement son jus de citrouille, puis quitte la Grande Salle sans un regard pour son rival. La guerre l'a changé, il ne se préoccupe plus de querelles d'adolescents. Ses deux amis le suivent nonchalamment, sachant parfaitement que dès qu'il aura franchi le pas de la Grande Porte, un sourire éclairera son visage, une lueur de vie illuminera ses yeux verts, et qu'il se pressera joyeusement vers son premier cours de la journée. Ca y'est, il est réveillé. Tous les matins, c'est le même rituel.

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Ce midi, il est arrivé quelque chose de différent. Le jeune Malfoy est passé à l'attaque. Cela faisait déjà quelques jours que je le sentais venir, et je sais déjà quelle en sera l'issue. Regardez-moi ça, si ce n'était pas aussi pathétique, je trouverais ça ridiculement drôle. Le Prince auto-proclamé des Serpentards s'avance, majestueux, vers lui, qui l'ignore totalement, plongé dans une discussion – si tant est que l'on puisse appeler une discussion les cris incohérents qui fusent de la table des Griffondor – avec deux de ses camarades de dortoir. Draco a une lueur inquiétante au fond des yeux. Comme un animal qui chasse. Si j'étais magnanime, je lui dirais de rejoindre sa table au lieu de circuler entre les tables. Mais je ne le suis pas. J'attends l'inévitable avec une joie malsaine.

L'inévitable se produit, immanquablement. Le jeune homme blond s'assied avec élégance entre Granger et lui. Regard surpris, puis méfiant. Mais pas comme une bête traquée, plutôt comme quelqu'un dont on vient d'envahir le territoire sans sa permission. Draco lui fait un sourire éclatant, sûr de son charme. Pauvre petit. Sa plus grande faiblesse est d'être trop sûr de ses forces. Il est, beau, charmant, intelligent, et il le sait. Cela le perdra un jour. Je l'aime bien, et bien que ce qui va se passer lui sera douloureux – surtout pour son amour propre – cela lui sera profitable. Son attirance pour lui est visible.

Je me suis souvent posé la question de savoir pourquoi les gens étaient toujours attirés par ceux qui sont le plus susceptibles de vous rejeter, ou de vous faire du mal. Tout son corps crie au jeune Serpentard qu'il ne veut pas que son espace personnel soit envahi. Le blond ne se rend compte de rien. Il enroule son bras autour de ses épaules. Erreur tactique, jeune Malfoy. Lui, pose son regard émeraude sur son camarade de classe, retire lentement le bras importun, puis se lève calmement. Et non moins calmement, précise à un Draco éberlué :

« Malfoy, je t'aime bien. Mais si tu me touches encore une fois comme ça, je te bouffe. »

Répartie ô combien subtile. Ce garçon n'a aucune délicatesse. Je réprime violemment un ricanement sarcastique tandis qu'il sort de la Grande Salle sous les yeux ébahis d'un Malfoy qui ne comprend pas ce qui s'est passé. Ceci, jeune Draco, s'appelle communément dans le langage fleuri que vous autres gamins décérébrés utilisez, se prendre un râteau. Bienvenue dans le monde réel.

Ca fait mal, n'est-ce pas ? Mais vous avez de la chance, ce n'est qu'une égratignure faite à votre amour-propre, vous vous en remettrez facilement. Bientôt vous vous choisirez une autre proie, peut-être tomberez-vous vraiment amoureux et coulerez des jours heureux avec l'élu de votre cœur. Je vous le souhaite. Car j'ai beau vouer un amour plus que modéré à l'espèce humaine, je ne suis pas cruel au point de vous souhaiter une vie aussi misérable que la mienne. Cela je ne le souhaite à personne – oh, bien, peut-être à Voldemort ou à des gens comme votre père.

Je ne me suis jamais senti aussi impatient de partir. Oublier cette pénible année. L'oublier, lui. Il ne reviendra plus, à présent, car il aura ses examens, c'est évident. A ce moment-là il sortira définitivement de ma vie, et cessera de hanter mes pensées à chaque instant. Je suis pitoyable. Je crois encore que son absence me permettra de me le sortir de la tête. Peut-être, après tout. En attendant, le voir et l'observer tous les jours est une épreuve de plus en plus difficile à endurer. Le voir sans pouvoir le toucher. J'en ai assez. Je suis fatigué.

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Regardez le. Son visage aux traits si fins, concentré sur son chaudron. Ses mains maladroites qui préparent tant bien que mal les ingrédients. Ses cheveux bruns qui semblent si doux, retombant sur ses yeux brillants. Son corps tendu par l'appréhension de rater une étape de l'élaboration de sa Potion. Dieux. Il est tellement beau que j'en ai envie de pleurer. Ca ne me ressemble pas.

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Au début, ce n'était pas comme ça. Au début, je le détestais toujours autant, et j'ai été catastrophé la première fois que c'est arrivé. C'était l'été dernier, juste avant la fin des cours. Une vague de chaleur inhabituelle accablait tous les habitants du château. A tel point que l'on avait autorisé les élèves à ne pas porter l'uniforme. Lors d'un dimanche particulièrement éprouvant, Albus a eu l'idée géniale – complètement absurde si vous voulez mon avis – d'organiser une gigantesque bataille d'eau dans les jardins de Poudlard, sous la surveillance des Professeurs. Je le maudis encore pour m'avoir forcé à participer à cette vaste farce.

Je l'ai vu, à ce moment-là, se faire asperger par une bande de Serpentard déchaînés. Une telle puérilité de la part des étudiants de ma Maison était réellement affligeante. Ils se comportaient exactement comme ces stupides Griffondor, j'en étais malade. Mais ensuite, ils se sont éloignés en ricanant, et je l'ai vu, lui, sous le soleil aveuglant, son t-shirt blanc trempé devenu transparent lui collant à la peau. Je n'ai pas su détacher mon regard lorsqu'il l'a retiré pour le laisser sécher, je n'ai pas su détourner les yeux lorsqu'il s'est retrouvé devant moi, avec son torse nu et bronzé, son ventre si plat et son jean élimé qui lui tombait sur les hanches. Ses hanches si minces. Ca m'a fait un coup au ventre et des frissons dans le dos, et je n'ai pas compris. Alors je me suis approché, je lui ai parlé sèchement, comme à mon habitude, lui enjoignant d'aller se changer. Il m'a regardé, un air de défi inscrit sur son visage, ses yeux flamboyant de rage, son corps soudain crispé par ma proximité. Nous nous sommes séparés, lui furieux et avec 10 points en moins pour sa Maison, moi contrarié et avec une bosse gênante déformant mon pantalon. Et je l'ai détesté un peu plus ce jour-là.

Après…Après, je l'ai évité comme la peste, jusqu'aux vacances. Je n'ai pas pensé à lui pendant deux mois, si l'on excepte les quelques rêves humiliants dont je n'ai pas tenu compte. Le jour de la rentrée, la chute n'en a été que plus dure. Son amie Granger avait sans doute du le convaincre de faire soigner sa vue, et sa peau était encore plus hâlée qu'auparavant. Il avait grandi aussi. Je l'ai trouvé magnifique, et je me suis méprisé pour cela. J'ai méprisé aussi les péronnelles qui se pâmaient devant lui, et les quelques morveux qui le regardaient comme s'il était une quelconque part de dessert. Même le jeune Malfoy semblait avoir du mal à se concentrer sur sa conversation avec Monsieur Zabini, tellement occupé qu'il était à le dévorer des yeux. Avec colère, jalousie…et envie.

Avec le recul, je me dis que si je n'avais pas aussi bien maîtrisé l'Occlumencie, j'aurais sans doute eu la même expression ce soir-là. Et le petit imbécile ne se rendait compte de rien, discutant innocemment avec une Ginny Weasley qui le dévorait des yeux. Stupide petite oie. Ne vois-tu pas que tu n'as aucune chance ? Je me rappelle que cette rentrée-là, je suis parti avant la fin du banquet, regagnant la quiétude de mes cachots, oubliant même de lancer une remarque acerbe à ma voisine de table – Nymphadora Tonks, nouveau Professeur de DCFM, et membre actif de l'ordre du Phénix – qui tentait par tous les moyens d'engager la conversation avec moi. Plus que jamais, je n'avais envie de voir personne, et surtout pas lui.

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Il m'a fallu quelques semaines avant d'admettre que j'avais envie de lui. Je le haïssais toujours, du moins le pensais-je, mais au fil des jours j'avais de plus en plus de mal à nier mon désir pour lui. Cette chaleur qui m'embrasait les reins dès que je posais les yeux sur lui, cette boule au creux de mon sternum, comme je les détestais ! Je lui en voulais, alors je me vengeais sur lui, plus partial encore que les années précédentes, retirant des points sous n'importe quel prétexte oiseux. La différence, c'était qu'il ne me répondait plus, et qu'il essayait de toutes ses forces de faire des efforts dans mes cours. La différence, c'est que je ne lui donnais plus de retenue, parce que je ne voulais pas me retrouver seul avec lui.

Surtout, je ne voulais pas le regarder. Il me brûlait les yeux. Et lorsque par hasard je rencontrais son regard, ou que le mien s'attardait sur son corps, des visions obscènes traversaient mon esprit. Je pensais à lui en termes vulgaires et humiliants, songeant à l'étroitesse de son cul et à combien j'aurais adoré l'enfiler. A combien j'aurais aimé sa bouche tendre autour de mon sexe, mon sperme sur son visage d'ange, sa voix douce qui m'aurait supplié de le baiser jusqu'à lui faire mal. J'étais pathétique, j'étais immonde. Merlin, il m'arrive encore parfois de penser à lui en ces termes, et je me hais pour cela.

Comme il a l'air sauvage. Même encore maintenant, alors que près de dix mois se sont écoulés, je rêve parfois de le dompter. C'est idiot, bien sûr. Personne ne parviendra jamais à le soumettre, le Seigneur des Ténèbres lui-même n'y a pas réussi. Et je sais qu'au fond de moi, ce n'est pas cela que je veux. Je sais que je détesterais sa soumission. J'aime quand il me tient tête, même de cette nouvelle manière qu'il a de le faire sans insolence, de cette manière calme et sereine.

C'est cela aussi je crois qui me l'a fait aimer. J'ai remarqué qu'au fil des années il ressemblait de moins en moins à son père. De plus en plus à Lily. Il a ses yeux, c'est évident, mais son caractère aussi. Elle aussi était fière et téméraire. Mais contrairement à James, lui comme sa mère n'ont pas son arrogance, ce sentiment d'être au-dessus des lois, d'être supérieur aux autres et toujours dans son bon droit. Il est plus réfléchi, plus intelligent que son géniteur. Ce n'est pas très difficile. C'est ce que j'aurais dit si j'avais voulu être mesquin. Mais avec lui, je n'ai plus envie de l'être, depuis longtemps.

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Aujourd'hui, je souffre en silence, comme tous les jours depuis de trop nombreux mois. Je regarde d'un air ennuyé le match de Quidditch qui oppose sa Maison à celle de Serdaigle. Mais une fois de plus, je ne vois que lui. Quiconque ne l'a jamais observé évoluer sur son balai manque le plus beau spectacle du monde. Dans les airs, il est la grâce incarnée. Il pourrait voler parmi les anges. Si les gens savaient à quoi je pense en ce moment, je crois qu'ils en pleureraient de rire. Moi j'en mourrais de honte.

J'en ai assez de l'observer de loin, de rester assis à mon bureau lorsqu'il a cours avec moi, de me tenir toujours éloigné de lui. Il ne me montre plus qu'il me déteste, mais son corps se tend immanquablement quand je passe près de lui. Il est mal à l'aise, je le sens. Il ne m'aime pas, comment le pourrait-il ? Je l'ai haï pendant six ans, je n'ai jamais été ne serait-ce que civil avec lui. Son corps entier me hurle, pour reprendre cette expression ô combien appropriée qu'il a utilisée l'autre jour avec Draco, « Si tu me touches, je te bouffe ! ». Seigneur, je suis pitoyable. Dire que cette phrase m'a fait rire. Mais j'aime aussi cela chez lui, ce mélange improbable de grâce et de brutalité. Il est à la fois fruste et délicat. Un diamant brut.

Dieux, je le veux ! Faites que cela cesse, par pitié. Tout ce que je souhaite, c'est qu'il parte, et que je puisse l'oublier, enfin. Parfois, je voudrais qu'il ne soit jamais né. Ma vie aurait été tellement plus simple…J'en ai assez de geindre comme une adolescente. Ce match est une torture, il faut que je m'en aille.

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Le Panthéon entier en soit loué, la remise des diplômes est enfin terminée. Il a eu ses examens, comme je l'avais prédit. Il rit avec ses amis, il pense à son avenir après Poudlard. On lui a proposé une place d'Attrapeur dans une prestigieuse équipe du championnat anglais. Il pense à l'accepter. La guerre terminée, il ne veut plus se battre, je le comprends. Merlin, que cette salle est bruyante. Toute cette joie m'écœure, j'ai envie de m'en aller. Lui aussi, mais plus parce qu'il veut fuir les journalistes qui se sont invités à la cérémonie. Charognards. Ne peuvent-ils pas le laisser en paix ? Il faut que je sorte d'ici.

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Il fait délicieusement frais. J'ai changé la décoration de chez moi, ça me détend. Un parquet clair, un papier peint vert pâle, des stores en bambou, des plantes tropicales et des meubles en bois clair pour le salon et la chambre. De la mosaïque vert d'eau pour la salle de bain. Du carrelage bleu pour la cuisine. Mon appartement doit être l'endroit le plus agréable de ce maudit château en été. Le moins chaud. Le plus calme. Personne n'ose venir m'y déranger, pas même Albus qui préfère m'envoyer un hibou plutôt que de descendre me voir. C'est mieux comme ça. Je n'aime pas qu'on envahisse mon espace.

Manifestement la personne qui frappe à ma porte ne l'a pas compris. Surpris et agacé, je réponds d'une voix froide à l'importun d'entrer. Mon cœur s'arrête de battre lorsque je vois qui passe timidement la porte. C'est lui. Que me veut-il ? Je ne comprends pas. Il referme la porte derrière lui, mais ne s'avance pas dans la pièce et reste interdit quelques instants en voyant pour la première fois l'endroit où je vis. Puis il me regarde, de cet air étrange qu'il a parfois. Je ne l'avais pas remarqué, mais il s'est changé. Si les cours n'étaient pas terminés, je lui aurait retiré des points, pour son large pantalon en toile beige découvrant ses chevilles, et son débardeur blanc qui révèle ses clavicules. Je me lève de mon fauteuil, j'ai besoin de faire quelque chose, de m'occuper les mains. Je prépare du thé blanc sans le regarder. Je sais que si je le fais, je verrai son corps me crier de ne pas l'approcher, et cela me ferait trop mal. Je finis tout de même par lui demander ce qu'il me veut. Il semble réfléchir. Il ne sait pas ce qu'il est venu faire ici ?

« Excusez-moi, Monsieur. » Sa voix est grave, un peu enrouée. « Je ne voulais pas vous déranger. »

Très bien. C'est fait maintenant, alors dis-moi ce que tu as à me dire, pourquoi tu es là. Et va-t'en. Laisse-moi en paix, par pitié. Il a les yeux baissés. Il hésite, puis reprend.

« Je suis venu vous dire au revoir. Nous ne nous reverrons plus désormais alors je tenais à vous dire toutes ces choses que je n'ai pas su vous dire jusqu'à maintenant. »

Pourquoi fais-tu ça ? Crois-tu que je ne sais pas ce que tu penses ? Imagines-tu que j'ai besoin que tu me dises à quel point tu me hais ? Je ne répond pas, je regarde ma tasse de thé. Je veux juste qu'il sorte de cette pièce.

« Je voudrais vous remercier. Pour tout. Pour votre méchanceté avec moi, pour les cours d'Occlumencie, pour m'avoir toujours traité comme quelqu'un d'ordinaire, de normal. »

Tu te trompes. Pour moi, tu es extraordinaire. Je n'avais pas le choix. Pardonne-moi. Je ne réponds toujours pas. Je peux sentir son malaise, mais je ne fais rien pour y remédier.

« Je voulais vous dire aussi…Même si vous me haïssez…moi, je ne vous déteste pas. Vous vous en fichez sûrement, mais je pense que vous êtes quelqu'un de bien. »

Ne me fais pas ça, s'il te plait. C'est encore pire maintenant que je sais que je ne t'inspire que de l'indifférence, au mieux un intérêt poli. Au moins, la haine était encore un sentiment. Au moins, je pouvais toujours me dire que je te faisais réagir. Je marmonne un truc incompréhensible, il ne bouge toujours pas. Sors d'ici. Il soupire, hésite encore. Puis il prend une grande inspiration, comme s'il allait se jeter dans le vide.

« Je suis amoureux de vous. »

Non. Tu es cruel. Pourquoi cette plaisanterie mesquine ? Un pari ? Je suis en colère, je lui crie de partir et d'arrêter de se moquer de moi. Je te déteste. Ses yeux sont remplis d'effroi, il recule. Il bredouille, effaré.

« Ce n'est pas…non…ce n'est pas une blague. »

Je lui enjoins sèchement de sortir. Es-tu satisfait à présent ? Tu m'auras fais souffrir jusqu'au bout. Maintenant, va-t'en. Son dos est collé à la porte, mais il ne bouge pas. Il a l'air désemparé. Et…et triste. Alors, je décide de le faire fuir, et je m'approche de lui, menaçant. Il se fige, son corps se crispe et semble une fois de plus vouloir me repousser. Je suis tout près de lui maintenant, je peux sentir son souffle sur mes lèvres. On dirait qu'il a peur. Pardonne-moi pour ce que je vais te faire.

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J'empoigne ses cheveux, j'écrase sa bouche avec la mienne, j'ai envie de lui faire mal. Il semble paralysé, et je murmure contre ses lèvres.

« Eh bien, Monsieur Potter ? Cela ne devrait pas vous choquer, si, comme vous le prétendez, vous m'aimez. »

Il ne dit rien. A la place, il enroule ses bras autour de mon cou et m'embrasse à son tour. Et là c'est moi qui me fige, qui ne sais plus quoi faire. Je lâche ses cheveux, sous la surprise. Alors je sens une langue timide effleurer ma lèvre supérieure, hésitante, comme s'il craignait que je le repousse. Je crois que j'ai confondu mon thé avec un hallucinogène puissant. Peu importe, si c'est une hallucination due à une quelconque substance psychotrope, il faudra que j'en reprenne. Et je réponds au baiser de l'apparition.

Il est d'une gaucherie touchante. Et tellement doux. Sa langue a le goût de caramel, c'est bon. Il a plongé ses doigts dans mes cheveux, et soupire entre deux baisers. J'embrasse sa gorge et il rejète la tête en arrière, paupières closes et lèvres entrouvertes. Je n'ai jamais vu une telle expression d'abandon sur son visage. Je veux le toucher, encore. Je mords doucement son épaule dorée, ma langue trace les contours de sa clavicule. Il gémit. Ou c'est peut-être moi, je m'en moque. Mes mains descendent le long de son dos souple et s'agrippent à ses hanches étroites. Il plaque son corps ferme contre le mien, comme s'il ne voulait rien laisser passer entre nous. Je le serre un peu plus dans mes bras, il halète. Oui. J'aime sentir son sexe dur frotter contre ma cuisse. Je hais les vêtements qu'il porte, je hais les miens aussi.

Je me détache de lui, à regret. Il me fait un sourire timide et lève des yeux interrogateurs vers moi. Je ne dis rien, je lui prends la main, et je l'entraîne vers la chambre. Il me suit sans prononcer un mot. A peine avons-nous passé le pas de la porte qu'il se serre à nouveau contre moi et enfouit ses mains dans mes cheveux. Son visage dans mon cou, on dirait qu'il me respire. Lorsqu'il recommence à m'embrasser, sa langue laisse des traînées brûlantes juste sous mon oreille, dont il vient mordiller le lobe. Je ne peux plus bouger. Si je ne reste pas immobile, je serais capable de le violer. Alors je le laisse faire. Et je me force à rester stoïque quand il commence à déboutonner, avec sa maladresse adorable, le haut de ma robe. J'admire encore une fois son visage. Je souris, il a l'air tellement concentré sur sa tâche. Il s'énerve, il n'y arrive pas. Doucement, mon ange. L'ange s'en fiche et arrache rageusement les boutons récalcitrants, déchire ma robe pour me la retirer, me laissant torse nu, vêtu de mon seul pantalon.

Je me fige, lorsqu'il se recule pour mieux voir. Ne me regarde pas. J'ai honte de ces cicatrices qui me criblent, de ce tatouage si laid qui m'avilit. Mais lui, lui ne s'arrête pas. Au contraire, comme pour me rassurer, il prend mon bras, et dépose un baiser jaloux sur la marque de mon infamie.

« Tu es à moi. » Chuchote-t-il. Tu ne sais pas à quel point. Tu n'imagines pas à quel point je t'appartiens.

C'est à mon tour d'embrasser sa cicatrice avec ferveur. Comme pour lui faire oublier les horreurs que nous avons vécues. Il se laisse faire, et sa peau est délicieusement fraîche sous ma bouche. Mais il s'impatiente, mon petit fauve. Il murmure un sort incompréhensible et je me retrouve nu devant lui. Et il est nu devant moi. Mon esprit se brouille, et je crois que je laisse échapper une plainte étouffée. Sublime. C'est une œuvre d'art vivante, qui s'approche de moi jusqu'à ce que nos corps se frôlent. Son index trace lentement les contours de mes muscles, comme s'il voulait les apprendre par cœur. Je frissonne, alors que son doigt se pose sur mon cœur et me pousse gentiment vers le lit, où je m'effondre. Etendu sur les draps clairs, j'attends qu'il m'achève. Il se déplace à quatre pattes, comme un félin. Un peu plus, on pourrait croire qu'il va se lécher les babines. A la place, c'est moi, mon cou, mes épaules, mon torse, mon ventre qu'il lèche, redessinant mon corps avec sa langue brûlante.

Je m'entends gémir lorsqu'il s'attarde sur mes tétons déjà durcis, et je crois que je crie faiblement quand ses dents les martyrisent pour les faire rougir. Il met un point d'honneur à ne pas utiliser ses mains, et je halète d'anticipation alors que la bouche si douce, si tendre, descend encore le long de mon ventre, s'arrête quelques instants pour explorer mon nombril, pour mieux continuer plus bas, encore plus bas…J'aime la façon dont il soupire en frottant sa joue contre mon aine, et sur mon sexe douloureux. J'aime ses baisers à l'intérieur de ma cuisse, sa façon de me faire languir, retardant encore un peu, me torturant encore un moment avant…Je hoquète de surprise lorsque je sens sa bouche m'envelopper entièrement, sans prévenir. Dieux.

C'est tellement bon, ses lèvres autour de moi, sa langue qui me fait des choses merveilleuses, sa bouche qui cherche à m'engloutir entièrement. C'est tellement bon que j'en ai mal, que mes mains se crispent sur les draps à les déchirer. J'essaie d'empêcher mes hanches de remuer violemment. Je ne veux pas lui faire mal, je ne veux pas abîmer sa gorge fragile, alors j'agrippe ses cheveux soyeux pour avoir quelque chose à quoi m'accrocher. Je suis tellement près…Encore, s'il te plait.

Il s'interrompt, sentant peut-être que je ne suis plus loin d'exploser. Je proteste, ne t'arrête pas. Il rigole doucement, et se glisse le long de mon corps pour s'étendre contre moi. Il me fait taire en posant ses lèvres sur les miennes. Un baiser presque chaste, comme pour m'apaiser. Presque, car ses mains errent sur mon corps, cherchant encore à m'apprendre, à se souvenir des moindres détails. Je le serre contre moi à l'étouffer, j'ai peur qu'il disparaisse. Je veux le toucher. Alors à présent c'est moi qui le caresse, qui le goûte, son dos, son torse, ses adorables tétons roses et tendres, son ventre tellement plat, ses hanches si minces, ses fesses bombées si douces. Sa peau est salée, humide de sueur. Je veux t'entendre gémir. J'embrasse son sexe et ses cris sont l'essence même de la luxure. Crie encore, mon ange. Moi, je ne m'arrêterai pas, je veux que tu jouisses dans ma bouche. Oui, voilà. Comme ça.

Tu es tellement beau, tes cheveux étalés sur l'oreiller, ta bouche entrouverte qui exhale ta respiration difficile, tes yeux fermés et ton corps alangui au dessous de moi. Embrasse-moi encore, je veux que tu sentes ta saveur dans ma bouche. Il soupire encore, désespérément. Tu n'en as pas assez ?

Manifestement non. Il m'a retourné d'un geste vif, et je suis de nouveau sur le dos, et lui assis sur mes cuisses. Il a un petit sourire triomphant. Sale gosse. Tu sais que je suis à ta merci, n'est-ce pas ? Oui, il le sait, et son érection frotte vicieusement sur la mienne encore humide de salive et de sperme, m'arrachant des gémissements. Je n'en peux plus. Tu veux me tuer, c'est ça ?

Je crois que oui. Un sort de lubrification rapidement murmuré. L'un de ses mains caresse lentement mon membre tandis que l'autre…oh, Seigneur…L'autre se fraye un chemin entre ses fesses et taquine l'entrée de son intimité. C'est définitif, il cherche à m'achever. Son regard se voile, et il gémit doucement lorsque ses doigts le pénètrent lentement. Tellement lascif. Tellement sensuel. J'ai envie de le prendre, là. Tout de suite.

« Tu es le péché. » Ma voix est rauque, mon souffle court.

« Baise-moi. Maintenant.» Chuchote-t-il.

Il ne me laisse pas le temps de bouger. A peine a-t-il terminé sa phrase qu'il…oh mon Dieu…il s'empale avec une lenteur affolante sur mon sexe, la tête rejetée en arrière, le corps tremblant. Lorsque enfin je suis complètement en lui, il ne bouge plus. Je le laisse faire, je reste immobile, malgré l'envie qui me taraude de remuer les hanches. Puis, après un temps qui me semble infiniment, douloureusement long, il se redresse, faisant glisser mon membre en dehors de lui. Puis redescend brutalement, nous arrachant un cri de surprise à tous les deux. Il tremble encore plus. Alors je pose mes mains sur ses hanches. Et je donne le premier coup de rein.

Après…je ne sais plus. Je suis étendu là sur le dos, je m'enfonce de plus en plus profondément en lui, et je gémis, et il crie mon nom. Redis-le encore. Redis-le, crie-le. Je veux que tu hurles, ma putain magnifique, mon ange souillé, j'en ai tellement rêvé sans jamais croire que ce puisse être possible, et tout est tellement parfait, et tu es tellement beau. Alors redis-le encore, ne t'arrête jamais, jamais. Ma main empoigne son sexe, je le caresse sans douceur, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Je ne sais plus ce que je fais. Je crois que je lui dis que je l'aime. Je veux te voir jouir encore, mon ange. Viens maintenant. Viens pour moi. Oui. Oui. Oui. Je t'aime. Je t'aime.

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« Severus ? »

« Hmm ? »

« Tu regrettes ? »

« Non. »

Il se blottit un peu plus contre moi, l'air content. Je l'embrasse sur le haut du crâne, il a les yeux dans le vague. Je crois qu'il va se rendormir.

« Tes amis vont se demander où tu es passé. »

« Je m'en fous. »

« Ah. »

Un peu plus, et il va se mettre à ronronner. J'étouffe un petit rire.

J'ai envie de lui demander.

« Où vas-tu aller cet été ? »

Il ne répond pas tout de suite. Il hésite, mal à l'aise.

« Je ne sais pas. Je ne veux pas…je ne veux pas retourner là-bas. »

Je comprends. Qu'ai-je à perdre à lui poser la question ?

« Viens avec moi. Tu aimes la mer ?. »

« …Oui. »

Nous ne disons plus rien. Le reste est superflu.

Fin.

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