Chapitre I : La danse :

Elle le cherchait. Oui, elle le voulait. Elle avait tellement à lui dire. Elle aimerait lui parler, lui dire qu'il lui manque, qu'elle à besoin de lui. Mais comment prouver son amour pour quelqu'un lorsqu'il n'était pas ici ? Elle l'ignorait. Voilà presque deux ans qu'ils s'étaient quittés. Elle n'avait plus aucune nouvelle de lui. Elle ne savait pas où il se trouvait, lui, qui avait tellement bouleversé sa vie. Elle devait absolument le retrouver. Sans lui, sa vie lui paraissait si … insignifiante. Oui, la Princesse éprouvait des sentiments envers un voleur.

Ce jour-ci, tout le château était sans dessus-dessous. Après tout, les dix huit ans de la Princesse Grenat, cela devait se fêter. Tout le monde s'activait : le cuisinier était aux fourneaux, le décorateur préparait la grande salle de bal, les jardiniers taillaient des haies, le capitaine et la générale préparaient leurs troupes, en cas d'attaque imprévue. Tout cela rappelait fortement à la Princesse Grenat le soir de la fête donnée en l'honneur de ses seize ans. Ce même soir où elle l'avait rencontrée, lui. Désormais, deux ans s'étaient passés, et voilà deux ans où il n'était pas là. L'année, Grenat avait secrètement espéré le revoir. Mais il n'était jamais venu. Cette année, elle l'espérait encore. La Princesse se convainquit qu'il viendrait, un jour. Il ne l'avait tout de même pas oubliée ? Non, elle savait qu'il demeurait, là, quelque part et qu'il pense à elle souvent. Peut-être avait il peur de venir au château ? Alors, comment le retrouver ?

Depuis la fenêtre de sa chambre, Grenat regardait vers l'horizon. Elle se rappela tout les bons et mauvais moment passés en sa présence. Elle s'impatientait. De jour en jour, son désir de le retrouver devenait de plus en plus fort. Que devait-elle faire ? La Princesse avait bien une idée, mais elle hésitait. Cela montrait beaucoup de sacrifice. Mais si c'était pour lui, Grenat serait prête à en faire. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas la générale d'Alexandrie derrière elle.

- Votre Majesté ? Vous n'êtes pas encore prête ?

La Princesse eut un sursaut. Elle ne l'avait pas entendu entrer. Toujours perdue dans ses pensées, Grenat fixa le sol tout en lui répondant :

- Non. Je ne suis pas prête. J'ai maintenant dix huit ans, ce qui signifie que je suis enfin en âge de monter sur le trône mais … serais-je à la hauteur ? Je suis seule.

La future Reine d'Alexandrie serra les poings. Des larmes commencèrent à se former au coin de ses yeux. Remarquant le mauvais état de la Princesse, la générale Beate fit le salut des Amazones, le poing sur le cœur, puis affirma :

- Vous n'avez pas à vous en faire, Princesse. Nous serons ici pour vous épauler, le capitaine Steiner et moi-même. Et n'oubliez pas que vous pourrez demander des conseils auprès de votre oncle, le Roi Cid de Lindblum. Et si vous aurez besoin de vous confier à quelqu'un, je serais toujours disponible pour vous aider.

Grenat sécha ses larmes. Oui, ils étaient tous là, mais, il lui manquait toujours quelqu'un. Lui. C'était de lui dont elle avait le plus besoin dans sa vie. Remerciant la générale, elle lui demanda de l'aide pour enfiler sa toute nouvelle robe. Une fois mise, elle se dirigea vers son grand miroir. La Princesse était parfaite, ce soir-là. Sa longue robe rosée évasée se mariait très bien avec ses longs cheveux bruns. Pour compléter sa tenue royale, elle mit des petits gants de la même couleur. Enfin, elle attacha autour de son coup un collier d'argent ainsi que le pendentif national.

- Vous êtes vraiment magnifique, Votre Majesté.

Avec une révérence, la générale demanda si elle pouvait se retirer. La future Reine ne s'y opposa pas. Après tout, elle voulait être seule, avant le début de la soirée. Grenat se regarda de nouveau dans le miroir. Elle se força à sourire car c'était ce qu'elle fera durant toute la fête donnée en son honneur. La Princesse soupira et fixa de nouveau le sol, serrant les poings.

J'aimerais tellement te voir. Seras-tu là ce soir ? Ou bien continueras-tu à faire comme si je n'existais pas ? Sais-tu au moins à quel point je souffre de ne pas te voir ?!

Une larme perla le long de sa joue. Oui, il lui manquait vraiment. Monter sur le trône, elle s'en fichait. Tout ce qu'elle désirait, c'était retrouver le garçon qu'elle aime. Mais qui, dans ce monde, se soucie de son bonheur à elle ? Personne. Pas même lui. S'il se souciait vraiment d'elle, alors pourquoi n'était-il jamais venu la voir ? Pourquoi ne pas lui donner de ses nouvelles ? Pourquoi ? Tellement de questions se bousculaient dans sa tête. Non. Grenat ne devait pas y penser. Ce soir, elle devra faire le vide et penser à autre chose que lui.

Il était presque huit heure. Les préparatifs finis, tout les invités n'attendaient plus qu'une seule personne, Grenat. Quand l'horloge sonna enfin les huit coup, le capitaine Steiner, de sa grosse voix, annonça la venue tant attendue de la belle Princesse. Elle arriva alors, faisait le silence dans la pièce. Tout les regards demeuraient sur elle. Grenat ne se sentie même pas gênée, elle avait maintenant l'habitude. Elle commença alors à descendre les grands escaliers de pierres, soulevant le bas de sa robe pour laisser apercevoir ses beaux souliers de verres roses. Une fois qu'elle eut fini de répondre, tout les invités applaudirent ensemble, à l'unisson, sa venue. Grenat put lire du bonheur, de la joie, dans leurs yeux. Tout cela l'a remplit de bonheur, elle aussi. La Princesse comprit : certes, il n'était pas ici ce soir, mais le fait de voir le visage heureux de ses amis la remplissait d'émerveillement. Tout repris alors son cours. Les invités dansaient au rythme de la musique entraînante, riaient, ou buvaient. Grenat remarqua alors ses amis. Elle alla les voir. Voilà un an qui venait de se passer depuis la dernière fois qu'ils s'étaient tous vus. La Princesse courut à leur rencontre.

- Les amis ! Cria-t-elle

- Dagga ! Répondit Eiko, sa cousine depuis son adoption par le Roi et la Reine de Lindblum.

La future Reine, vraiment heureuse de les revoir, les serrèrent tous dans ses bras. Il y avait Eiko, Freyja – accompagnée de son fiancé Fratley – Bibi ainsi que Tarask. Même celui-ci se laissa faire. Pourtant, les câlins ne furent pas sa tasse de thé. Mais le colosse ne pouvait pas résister au charme de la jeune femme. Les larmes aux yeux, Grenat fini enfin par demander :

- Est-il ici ?

Tous regardèrent ailleurs. La Princesse n'eut pas besoin de répondre. Au vu de leurs attitudes, elle avait compris. Il n'était pas là. Cette fois-ci se furent des larmes de tristesse qui coulèrent le long de ses joues. Ne voulant pas la voir pleurer le jour de son anniversaire, Freyja l'a pris dans ses bras.

- Votre Altesse, ne vous inquiétez pas. Nous sommes tous persuader qu'il va bien. Peut-être a-t-il besoin de temps pour réfléchir.

- Merci Freyja. Mais tu n'es pas obligée d'être trop polie avec moi. Lorsque je suis avec vous, je veux être celle que j'étais il y a deux ans maintenant : Dagga.

Leur discussion fut interrompue par la venue du capitaine Steiner et de sa fiancée, la générale Beate, tous deux parfaitement habillés pour l'occasion. Le capitaine arborait un costard-cravate noir, quant à la générale, elle portait une élégante robe de soie rose et blanche, qui rappelait fortement une rose. Steiner, tout aussi heureux de retrouver ses amis, discuta un instant avec eux. Grenat préféra donc s'écarter d'eux, pour être seule. Elle marcha quelques instants, regardant les invités danser des valses et autres danses de salons sur différentes musiques. Puis, son cœur manqua un battement. Impossible ! Ce ne pouvait pas être … lui. La Princesse s'arrêta, fixant le garçon avec admiration. Lui aussi l'a regardait. Était-ce vraiment lui ? Ou une simple ressemblance ? Grenat décida donc de s'approcher de lui, pour vérifier. Lorsqu'elle fut presque en face de lui, l'homme s'inclina raidement.

- Princesse. M'accorderiez-vous cette danse ?

- Ou … Oui.

Grenat attrapa sa main gantée d'un gant blanc. Son large manteau de soie rappelait à la Princesse les vêtements de voleur qu'il portait. Ses cheveux blonds, ses yeux bleus, cette bouche, ce nez, ce sourire. Tout. Impossible pour elle de se tromper. Elle venait de le retrouver. Se regardant dans les yeux, ils dansèrent tout les deux, à l'unisson. Tous les invités ne les lâchèrent pas du regard. Tous arrêtèrent leurs activités. Grenat était heureuse pour la première fois depuis deux ans. Il était là, devant elle, et ils dansaient ensemble, comme elle l'avait toujours imaginé.

Lorsque la musique s'arrêta enfin, ils se firent tout les deux une révérence. Grenat ouvrit la bouche pour parler, mais le garçon posa un doigt dessus.

- Ne dites rien. Je ne sais pas quand nous nous reverrons. Je suis venu pour vous ce soir. Car je savais que vous fêtiez vos dix-huit ans. Mais je dois repartir, maintenant. Je vous demande de ne pas me suivre. Pour vous rassurer, je peux vous dire ceci : il ne se passe pas une seule journée sans que je pense à vous. Je vous aime, Grenat. Je vous aime à en mourir à l'idée d'être séparé de vous. Au revoir, ma bien-aimée.

Après ces paroles, il partit sans plus se retourner. Elle n'essaya pas de le rattraper. La Princesse s'effondra sur le sol, pleurant toutes les larmes de son corps.

- Pourquoi ?! Hurla-t-elle. Pourquoi ne rien me dire ?! Pourquoi ne rien me dire ?! Pourquoi me laisser seule ?! Pourquoi pars-tu ?! Pourquoi ne m'as-tu donc jamais donné de nouvelles de toi ?! Réponds moi !

Mais il l'ignora. Cela lui fendit le cœur, mais il ne pouvait rien lui avouer.

- Pourquoi pars-tu encore ?! Pourquoi ne te retournes-tu pas si tu m'aimes tellement ?!

Grenat frappa du poing contre le sol, les larmes continuant d'affluer de plus en plus. Lorsqu'elle releva la tête, il n'était plus là. Ce fut alors qu'une idée lui vint.

Si tu ne veux pas me dire pourquoi tu me laisses seule, alors je vais le découvrir. Je vais de nouveau parcourir le monde et comprendre ce qui ne vas pas chez toi, ces deux dernières années. Crois-moi, je te retrouverais, peu importe le prix à payer.

Tout les invités l'a regardait. Consciente de tout les regards posés sur elle, la Princesse se releva doucement. Essuyant ses larmes, Grenat se dirigea vers sa chambre. Ce soir, elle partirait à sa recherche.