Auteurs : Abby and Jes
Titre : Les affres de l'Imprégnation
Pairing : Emmett/Paul
Rated : M
Genre : Romance / Drame
Disclaimer : Les personnages issus de l'univers Twilight appartiennent à Stephenie Meyer. Nous n'avons fait que les emprunter pour vous écrire cette histoire.
Résumé : Depuis le départ des Volturis, la vie est de nouveau une sorte de long fleuve tranquille pour les Cullen. C'était sans compter les Quileutes et leurs légendes. Sans compter l'Imprégnation qui n'est pas plus unique que rare. Non seulement la moitié des loups de la Push s'est déjà imprégné, mais voilà que l'un d'eux est sur le point de le faire pour la seconde fois !
Note commune des auteurs : Bonjour à toutes et à tous ! Nous avions cette fiction dans nos tiroirs depuis un moment mais pas encore eu l'occasion de la poster, voilà qui est chose faite. Nous sommes en train de la corriger (seconde relecture en cours) donc il ne devrait pas y avoir beaucoup d'attente entre les chapitres. Nous espérons que cette histoire vous plaira ^^ Bonne lecture !
Chapitre 1
POV Paul
Paul tremblait, mais il n'était pas sur le point de se transformer. Pas encore. Pas ici. Il sentait les autres autour de lui, près de lui. Il croyait avoir aperçu Billy et sentit Jacob, mais il n'en était pas certain. Les yeux fixés sur la porte par laquelle les médecins ne cessaient de sortir, il se leva à une vitesse inhumaine quand celui qu'il attendait tant poussa les battants de bois à son tour. Il sentit Sam et Jared venir l'entourer presque immédiatement. Quand le médecin prononça les mots fatidiques, il sentit d'abord une vague de soulagement l'envahir, une vague qu'il ne comprit pas et qui accentua plus encore son désespoir quand il comprit qu'elle était morte. Morte. Rachel était morte. Il l'avait protégé contre lui-même, et contre les Volturi, mais il n'avait rien pu faire contre cet arbre dans lequel sa voiture avait foncé. La voiture avait glissé, c'était tout, et maintenant, Rachel était morte. Il entendit vaguement Sam lui parler alors que Jacob s'effondrait et que Billy pleurait lui aussi. Tout le monde pleurait. Tout le monde sauf lui. Lui tremblait, lui sentait son sang-froid fondre comme neige au soleil et il remercia intérieurement Sam quand il sentit ce dernier le tirer violemment à sa suite.
Paul voyait trouble, il ne ressentait rien. Il ne se sentait plus capable de ressentir quoi que ce soit. Il n'était même pas en colère et pourtant, à l'instant même où il sentit le sol meuble et humide de la forêt sous ses pieds, il se transforma. Son corps devint celui d'un immense loup gris qui lui, ressentait pleinement la douleur que son esprit était parvenu à anesthésier. Il grogna sur Sam un moment puis s'enfuit en courant. Il hurla sa douleur, et il entendit d'autres loups hurler en retour. Il reconnut certains d'entre eux, et ne fit pas vraiment attention aux autres. Paul courut, longtemps, cassa quelques arbres, s'écorcha sur d'autres et finit allongé au bord de la plage, là même où il avait partagé tellement de bons souvenirs avec son imprégnée. Sa vie, sa lumière, son point d'ancrage, voilà ce qu'elle était devenue. Après toute la merde qu'avait été sa vie, elle avait été celle qui lui avait apporté un peu de bonheur. Beaucoup de bonheur même, plus qu'il n'avait crû pouvoir en supporter. Et maintenant, il était de nouveau seul.
Il sentit sa fourrure s'imbiber d'eau et il releva la tête pour voir le ciel gris déverser toutes les larmes qu'il avait été incapable de laisser couler lui-même.
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Paul toucha l'arbre du bout des doigts, et il se demanda une fois encore ce que Rachel avait pu ressentir quand elle s'était rendue compte qu'elle perdait le contrôle de la voiture. Avait-elle souffert ? Avait-elle compris qu'elle allait mourir ? Et plus égoïstement, avait-elle pensé à lui ? Pendant le mois qui s'était écoulé depuis sa disparition, Paul était passé par différents états d'esprit. Il avait été triste, en colère, déprimé, en colère, épuisé, en colère, et... soulagé. Pendant longtemps, il avait prié tous les Dieux pour qu'elle revienne, même handicapée, puis son côté égoïste s'était enfin reculé et Paul avait remercié les cieux que ce ne soit pas arrivé. Rachel aimait bouger, elle aimait vivre, elle n'aurait pas supporté être clouée dans un lit ou un fauteuil. Et puis, elle était partie vite, même si cela n'avait pas été sans douleur, ça avait malgré tout été rapide.
Il entendit des pas de loup au loin alors il s'enfonça dans la forêt, ne souhaitant pas avoir de nouveau cette conversation avec Sam ou Jared. Il ne savait pas lequel était là, et il n'était pas certain de vouloir le savoir. Il s'était débrouillé pour se transformer le moins possible au cours des quatre dernières semaines et il ne voulait pas que ses efforts échouent parce que ses amis le poussaient trop à bout. Paul ne pouvait pas leur faire face, et il ne voulait pas qu'ils entendent ses pensées. Car il doutait, et si lui doutait, alors les autres douteraient plus encore, et ils auraient raison.
Paul avait entendu les pensées de Sam à chaque fois que ce dernier repensait à la fois où il avait blessé Emily, et Paul ressentait ce que Sam avait ressenti à ce moment-là également, la culpabilité, la douleur surtout. Rachel était morte, son imprégnée était morte, et il n'avait au final pas eu aussi mal que Sam. Elle ne lui manquait plus vraiment dans son lit ni à ses côtés. Et c'était ce manque de peine qui le rendait aussi mal au final. Parce qu'il n'était pas normal, et parce que Rachel aurait mérité bien mieux que ça. Elle aurait mérité bien mieux que lui. Et puis, si Jacob apprenait ce qu'il pensait de sa sœur et de sa disparition, il allait le réduire en miettes, et il aurait certainement raison. Paul arrivait même parfois à oublier qu'elle avait été là. Ça ne durait que quelques secondes, mais il était certain que ce n'était pas normal, et ça l'énervait. Et, contrairement à ce que tout le monde semblait penser, tout ne l'énervait pas. Il arriva devant chez Sam et Emily et il jeta un regard derrière lui en entendant le loup qui l'avait suivi le rejoindre. Il vit Embry reprendre sa forme humaine mais ne l'attendit pas et monta les marches du perron pour aller s'affaler dans le canapé du salon, ignorant les autres qui se chamaillaient à propos de quelque chose qui ne l'intéressait pas particulièrement. Il piqua la télécommande à Seth et changea de chaîne sans attendre. Pendant plusieurs semaines, les relations entre Seth, Leah, Jacob et le reste de la meute avaient été plutôt tendues du fait de leur alliance avec les Cullen mais depuis que Jacob s'était imprégné de la gamine, tout allait de nouveau à merveille, ce qui prouvait bien que quelque part, l'imprégnation était une vraie connerie.
— Ça va ? demanda Jacob en posant la main sur son épaule.
— Ouais. Et toi ?
— J'avance. Au fait les gars, j'ai un truc à vous dire et j'en profite que vous êtes tous là, fit-il tout en serrant son épaule avant de le lâcher.
— Tu vas te marier ? le charia Jared alors que Paul se faisait la réflexion qu'il avait toujours autant de mal à se faire au fait que Jacob semblait s'inquiéter pour lui.
Bien sûr, ils étaient frères de meute, ou l'avaient été, mais Paul avait bien vu qu'il lui tapait sur le système quand il était avec Rachel, et grâce à Bella, ils n'avaient jamais été très proches, alors ça le perturbait un peu.
— Quoi ? T'es fou ! Nessy n'a pas même pas un an bon sang. Non non, en fait avec les Cullen, on part en Alaska. Donc... j'entends par là eux, moi et ma meute vu qu'ils veulent me suivre.
— Vous partez ? souffla Sam en les regardant tour à tour.
Il semblait véritablement affecté par cette nouvelle, tous l'étaient en fait. Ils allaient perdre trois de leurs frères, Leah pouvant largement compter pour un garçon, trois membres importants de la meute en plus.
— Vous partez quand ? demanda Emily en caressant discrètement la nuque de Sam.
C'était le genre de gestes que Paul ne se souvenait pas avoir eu avec Rachel, et pourtant, il était certain que c'était arrivé. Il arrivait à le revoir. Sa culpabilité avait juste tendance à lui bouffer le cerveau. Ça et son inactivité. Ça le rendait fou de ne pas travailler. Alors oui, il aidait Sam sur quelques travaux mais ce n'était pas assez. Il avait besoin que son cerveau cesse de fonctionner, il ne voulait plus voir les moments heureux passés avec Rachel, il ne voulait plus voir sa voiture en miettes et encore moins continuer d'entendre la douleur de Sam pour son imprégnée qui allait bien alors que lui se sentait juste mal. Il se sentait mal, et il ne savait même plus pourquoi au final.
— Dans six jours. J'ai tardé à vous le dire.
— C'est pas faute d'avoir insisté, grommela Seth.
— Je suppose que nous n'avons pas notre mot à dire là-dessus, répliqua Sam d'une voix résolue.
— Pas vraiment, souffla Jacob. J'ai essayé de les convaincre de ne pas me suivre mais... tu les connais, de vraies têtes de mule. On ne sera pas si loin, au final, on pourra toujours se voir, et nous viendrons vous rendre visite.
— Je veux venir, lança Paul sans vraiment y réfléchir.
Sans y réfléchir du tout, même, mais ça semblait être la meilleure idée qu'il ait eue depuis une éternité. S'il s'éloignait de Forks, alors il ne verrait plus Rachel à chaque coin de rue, et il pourrait tenter de se reprendre. Il aurait moins à se surveiller aussi, puisque seuls Seth, Leah et Jacob seraient présents et puis, s'il lui arrivait de perdre le contrôle, il n'aurait personne à blesser là-bas, et de grandes étendues pour courir. Plus il y pensait, plus ça lui donnait envie.
— C'est hors de question Paul, claqua Sam. Ta place est ici. J'ai déjà perdu assez de ma meute.
— Je ne me transforme plus de toute façon. Et puis, je n'ai pas dit que je voulais partir définitivement. Je veux juste un peu d'air, s'agaça-t-il.
— Même Paul. Tu as besoin de soutien. Je ne te laisserai pas ainsi t'échapper. Je sais que c'est triste et que tu nous préserves en ne te transformant pas, mais on peut t'aider.
— Oui, en me laissant changer d'air. Et puis, tu ne sais rien, aucun de vous ne sait, répliqua-t-il en se levant pour lui faire face.
— Paul, tu vas rester ici et fin de la discussion. Tu ne partiras pas là-bas avec les sangsues.
Sentant le poids de l'ordre de son Alpha, Paul se courba quelque peu tout en grognant avant de quitter la maison et de claquer la porte derrière lui. Pourquoi ne pouvait-il juste pas faire ce qu'il voulait, pour une fois ? Il avait dû obéir à son connard de père pendant près de seize ans, puis était venu Sam. Quand est-ce qu'il allait pouvoir vivre pour lui ?
— Paul, cria Quil. Attends, pars pas comme ça.
— Pourquoi ? C'est pas comme si je pouvais aller loin de toute façon ! s'énerva-t-il sans se retourner. Allez tous vous faire foutre !
— Paul, fit Sam en sortant. Reviens !
Paul l'ignora et continua d'avancer mais alors qu'il arrivait en bordure du bois, le loup noir se plaça devant lui et grogna. Il accompagna probablement cela d'un ordre car Paul se retrouva soudainement incapable d'avancer plus. Il commença à trembler et dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas se transformer et tenter de se battre contre Sam. Évidemment, il perdrait, mais au moins, ça le défoulerait un peu. Pour quelqu'un qui n'avait soi-disant aucun contrôle sur lui-même, il en avait fait preuve de beaucoup dernièrement.
— Hey les gars, fit Jacob en les rejoignant. Calmez-vous. Je...
— Te mêle pas de ça, répliqua Embry. C'est entre Sam et sa meute.
— Paul a demandé à rejoindre la mienne, même pour un temps, alors ça me regarde certainement plus que toi !
— Il ne veut pas rejoindre ta...
Mais Embry ne put continuer, le loup noir de Sam grognant plus encore. Le silence se fit autour d'eux et bientôt, Sam redevint humain alors que Paul était toujours aussi tremblant et furieux. Quand il avait lancé cette idée de départ, il avait cru que peut-être, Jacob, Leah, Seth ou les Cullen seraient contre, mais pas Sam. Il était censé être celui qui le connaissait le mieux mais au final, Sam s'en fichait de ce que Paul voulait, il ne voyait que lui et ses propres désirs.
— Sam, tu devrais peut-être y réfléchir, avança Jacob. Il vient de perdre Rachel, n'as-tu donc aucun cœur ?
— Justement, il vient de perdre Rachel, je ne vois pas en quoi partir avec vous l'aiderait. Il a besoin des siens.
— Il a besoin de voir d'autres choses, c'est lui-même qui vient de le dire !
— Jacob, c'est ma meute, pas la tienne. Je t'apprécie mais là, tu pousses trop loin. Paul doit rester avec les siens, ici, à la réserve.
— Ce n'est pas ce qu'il veut ! Tu vas recommencer ? Essayer de le forcer lui aussi à faire quelque chose qu'il ne veut pas ! s'énerva Jacob alors que Paul essayait de résister à l'ordre de son Alpha, en vain.
— Il a besoin de sa meute, claqua Sam. Et tu n'as aucun droit Jacob. Tu m'as défié parce que je voulais prendre soin de la réserve, de nous tous. Mais non, tu voulais sauver ton amie et son bébé.
— Nessy, rectifia Jacob.
— Peu importe. Paul, rentre à l'intérieur. Jacob, je te laisse retourner chez tes amis avec ta meute, fit son alpha.
— Sam, arrête, souffla Paul, à bout de souffle.
Son loup voulait obéir à Sam, mais pas lui. Et même son loup sentait que Jacob était le dominant dans l'histoire, c'était lui qui avait le contrôle au final. Alors il hésitait. Il parvenait à combattre l'ordre de son Alpha mais c'était loin d'être de tout repos et surtout, il ne voulait pas détruire son amitié avec Sam, mais il ne pouvait pas non plus rester là alors qu'il voyait en l'Alaska la réponse à ses problèmes. Peut-être fuyait-il, mais en même temps, il n'avait pas prévu d'y passer sa vie, il voulait juste des vacances.
— Paul, ça va ? T'es tout pâle, s'inquiéta Embry.
— Viens, je vais te donner un truc à bouffer, ajouta Quil.
— Pas faim, marmonna-t-il. Je peux rentrer chez moi ? souffla Paul en jetant un regard à Sam mais ressentant pour la première fois une vraie rancune à son égard.
Il le faisait presque supplier pour qu'il puisse rentrer chez lui putain ! Il voulait juste rentrer chez lui, récupérer son fric puis monter dans le premier bus. Il en avait marre d'être là, il étouffait. Littéralement d'ailleurs, son loup n'ayant toujours pas décidé qui suivre. Du coup... à qui venait-il de demander cette putain d'autorisation au final ?
— Oui, répondit Sam après une courte pause. Mais passe ce soir, okay ?
— Pour quoi faire ? cracha-t-il en sentant une partie de la pression se relâcher.
— Tu n'es pas bien, alors il faut que tu évites de rester seul. On discutera et on fera une ronde ensemble.
— Je veux partir, dit-il, ayant bêtement cru que c'était ce dont Sam voulait lui parler.
— Laisse-le venir, fit Jacob qui était toujours là. Il ne risquera rien.
— Non. Et c'est une décision sans appel.
Personne ne le vit venir, Paul y comprit, mais ce fut ce moment précis que son loup choisit pour prendre le contrôle. Il grogna contre Sam, se sentant lui aussi enchaîné et comme le brun l'avait souvent remarqué, son loup lui était très semblable sur plusieurs points, son besoin de liberté notamment. Sam laissa rapidement place à son loup et grogna à son encontre tout en lui ordonnant de se calmer. Le loup de Paul sentit l'ordre mais il ne lui plut absolument pas, si bien qu'il se courba mais en profita pour mordre la patte du loup noir qu'il ne respectait plus. S'en suivit une bataille où le loup noir de Sam tenta de prendre le dessus, et il était à deux doigts d'y parvenir, mais soudain Paul, enfin son loup, fut poussé et il put rapidement voir que le loup roux de Jacob se tenait désormais devant celui de son alpha. Sam grogna mais Jacob dut user de tout son pouvoir d'Alpha car Sam finit par se courber devant le loup roux. Paul sentit comme quelque chose se briser en lui puis être immédiatement remplacé et avant de pouvoir réaliser ce qu'il venait de se passer, il entendait les pensées de Jacob et celles de Sam lui étaient devenues inaccessibles, ce qui le fit légèrement paniquer.
« Paul ? Bon sang, t'as fait quoi là ? » demanda justement Jacob dans sa tête.
« Je... Je sais pas. » hésita le brun en se redressant avant que sa patte avant droite ne ploie sous son poids.
Il avait réussi à mordre Sam deux autres fois mais c'était encore lui qui s'en était le mieux tiré, Paul devait juste avoir l'air d'un chien battu.
« Merde, je voulais pas ça ! » s'énerva-t-il.
Il n'avait pas prévu de faire ça à Sam, il ne voulait pas que ça se passe ainsi. Il ne voulait pas tout perdre à la Push pour quelque chose qu'il n'allait peut-être même pas trouver en Alaska.
« Okay, Seth, Leah, ramenez Paul chez lui. Change-toi s'il te plait. Je m'occupe de régler ça. »
Paul grogna mais phasa, sachant que ça allait soigner ses blessures les moins sérieuses. Une fois de nouveau humain, il attrapa le pantalon que lui tendit Emily mais refusa de leur parler de ce qu'il avait bien pu se passer. Il vit néanmoins Jared, qui avait dû phaser à un moment ou un autre, reprendre forme humaine et le regarder étrangement, visiblement blessé.
— J'ai pas fait exprès, siffla Paul avant même que son ami ait eu une chance de s'exprimer. C'est sa faute.
Parce qu'il avait bien compris ce qu'il venait de se passer. Jacob était devenu son Alpha, ça expliquait pourquoi il n'entendait plus Sam et aussi pourquoi il n'avait même pas réalisé l'arrivée de Jared. Ses anciens compagnons de meute ne l'entendaient plus. Merde, il avait changé de meute ! Ça n'avait absolument pas été dans ses plans.
— On ne change pas de meute comme ça, rétorqua son ami. Tu devais le vouloir.
— Non ! Je veux juste qu'on me foute la paix ! Il n'a pas le droit d'essayer de me garder ici, et mon loup n'a pas cherché plus loin quand il a vu que Jacob était plus fort. Ça me fait chier aussi okay ? Alors, ne viens pas me gonfler.
— Paul, entendit-il l'appeler Leah. Tu viens ?
—... Okay, soupira-t-il après un moment d'hésitation.
Il avait besoin de rentrer chez lui et de prendre une douche. Dans une autre situation, il aurait ensuite été voir Sam ou Jared pour essayer de démêler tout ce bordel mais il était à peu près certain que ce serait mal venu pour le coup. Il pourrait toujours se confier à Leah... ouais, s'il était au bord du gouffre et prêt à se suicider, c'était certainement la meilleure solution pour ne plus reculer.
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POV Emmett
Dernièrement, Emmett était bien trop pensif et il n'aimait pas ça. Penser, ce n'était pas pour lui, il aimait l'action, bouger, rire, blaguer. Mais faute était d'admettre qu'il pensait beaucoup plus, et ce depuis que les Volturis s'étaient présentés devant eux dans l'espoir de tous les tuer. Emmett ne remercierait jamais assez Alice et Jasper d'être revenus, et plus que tout avec quelqu'un qui avait pu sauver la situation. Parce que perdre sa famille, c'était quelque chose qu'il n'arrivait pas à imaginer. Mais personne n'avait été blessé au final et tout allait bien aller pour eux désormais. Il était content que Bella soit devenue une des leurs, avec sa petite famille qui était une bouffée d'air frais. Nessy était quelque chose qu'il aurait pu souhaiter avoir avant sa mort. Il n'avait pas de regret comme Rosalie sur le fait de ne pas pouvoir fonder sa propre famille, et ce de manière naturelle, parce que celle qu'il avait était bien meilleure que ce qu'il aurait pu imaginer. Il adorait ses frères et plus encore Carlisle et Esmée à qui il vouait un respect immense. Mais voilà, même avec tout ça, depuis quelque temps, il se sentait comme vide. C'était quelque chose qui avait germé en lui, un peu avant leur départ, à Rosalie et lui, pour une énième escapade en amoureux après cette histoire avec les Volturis. Le choix s'était porté sur la Russie, qu'ils avaient déjà visitée plusieurs fois. C'était peut-être ça qui le minait ou peu importe ce qu'il ressentait. Le fait de toujours faire pareil en fin de compte. Au moins, avec Bella, tout avait été nouveau. Mais maintenant, cela n'allait plus l'être, hormis avec sa fille qui grandissait encore. Emmett devait avouer qu'il aurait aimé, comme les autres Cullen il en était sûr, que la petite reste un bébé le temps qu'elle aurait dû, et grandir à un rythme normal. Il l'avait si peu vu. Entre ses parents, Jacob et Rosalie, il avait été presque rare que ce soit un autre des siens qui s'occupe de Nessy. Il le comprenait, mais il aurait aimé passer plus de temps avec elle.
— Mon sucre, ça va ? demanda Rosalie en sortant de la salle de bain.
— Ouais, je profitais du calme. Et toi ?
— Je suis prête, nous pouvons y aller.
— Tu es sûre que tu veux aller en ville ce soir ?
Il n'avait pas envie de bouger ni de sortir. En fait, Emmett pensait de plus en plus à la possibilité qu'il fasse une dépression. Et avec Edward et Jasper hors de portée, il ne pouvait même pas s'en assurer. Est-ce qu'un vampire pouvait d'ailleurs être en dépression ? C'était certainement possible, vu l'état dans lequel avait été Eddy quand il avait quitté Bella pour qu'elle puisse avoir une belle vie.
— C'était ce qu'on avait décidé, et j'en ai assez qu'on reste enfermés. De toute façon, on ne dort pas, que veux-tu faire d'autre ?
— Okay, se contenta-t-il de répondre.
Rosalie sourit et vint l'embrasser, avant d'enfiler une veste qui allait à merveille avec sa tenue, comme toujours. Lui se contenta de prendre la première à sa portée, Alice n'étant pas dans les parages pour le sermonner sur l'importance de son image et bla-bla-bla. Emmett ne se reconnaissait plus. En d'autres temps, il n'aurait jamais pensé ça d'Alice, s'étant toujours plié à ses exigences ainsi qu'à ceux de sa femme et du reste du clan sans rechigner. C'était même plutôt amusant.
— Nous pourrions aller chasser, au lever du jour, fit Rosalie à voix basse alors qu'ils partaient vers le centre.
— Comme tu veux.
— T'es sûr que ça va ?
— Franchement, je ne sais pas Rose. L'idée même d'aller chasser ne m'enchante même pas. Je veux juste... rester dans la chambre.
— Pourquoi ? C'est toi qui as voulu qu'on vienne en Russie. Quel est l'intérêt si on reste dans la chambre ?
— J'avais envie de bouger, faire quelque chose, expliqua-t-il. Et puis, on a toujours aimé nos petits moments.
Il faillit aussi avouer qu'à la villa, Rose était tellement collée à Nessy qu'elle l'en avait un peu oublié parfois.
— Et pourtant, tu n'as pas vraiment l'air de t'amuser...
— Désolé. En fait on n'aurait peut-être pas dû partir, souffla-t-il.
— Tu veux qu'on rentre ?
Il réfléchit à la question et serra la main de sa femme avant de l'attirer à lui.
— Oui, j'aimerais. C'est peut-être la famille qui me manque.
— Peut-être. Dans ce cas, nous préparerons notre départ de retour à l'hôtel. Est-ce que tu veux bien profiter avec moi de cette dernière nuit en Russie ?
— T'ai-je déjà réellement refusé quelque chose ? fit-il avant de prendre les lèvres de sa douce.
Le baiser fut comme les derniers jours, presque sans saveur, mais tout allait de nouveau s'arranger une fois de retour chez eux. Enfin, là où ils avaient emménagé sans vraiment le faire, vu que les Cullen avaient quitté la villa de Forks pour partir en Alaska pendant leur voyage. Emmett était curieux de découvrir leur nouvelle maison.
— C'est ce qui fait de toi un mari presque parfait, le taquina Rosalie avant de l'entraîner à sa suite vers les rues animées de Moscou.
Emmett se laissa bien entendu faire, vu que c'était dans son habitude, mais maintenant qu'ils en avaient décidé ainsi, il n'avait qu'une hâte : rentrer. Parce qu'il n'allait pas bien. Il le sentait au fond de lui et pire que tout, normalement, il aurait eu envie de faire l'amour à son Bébé alors qu'elle souriait comme elle ne le faisait qu'avec lui, une fois dans les rues de la ville russe. Seulement, il ne ressentait rien. Uniquement de l'ennui et une sorte de vide.
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Rosalie avait tenu sa promesse et ils allaient bientôt atterrir à l'aéroport d'Anchorage là où Jasper et Alice venaient les récupérer. Et ça tombait bien, parce que depuis qu'il avait avoué à la blonde qu'il ne se sentait pas forcément bien, il avait hâte de voir Jasper pour en savoir plus. Et puis, ce dernier lui avait affreusement manqué. Ils n'étaient pas restés longtemps après leur retour et Emmett pensait vraiment de plus en plus que tout ça, tout ce qu'il ressentait, était dû aux derniers événements.
— Dire qu'on va vivre avec les loups, souffla Rosalie pour la centième fois. Pas près d'eux, mais carrément avec eux. Ça va empester toute la journée...
— Tu ne vas pas recommencer avec ça ? Déjà avant notre départ tu te plaignais de leur présence, râla-t-il.
— J'espère qu'ils auront une dépendance, loin, loin de la maison.
— Pour ma part, leur odeur ne me dérange pas. On s'y fait.
Et puis, Jacob faisait partie de leur famille. Un jour ou l'autre, il formerait un couple avec Nessy. Est-ce qu'ils auront alors des enfants ? Emmett l'espérait, parce qu'une ribambelle courant dans tous les coins ferait vivre leur maison.
— Hm.
L'hôtesse annonça leur descente et Emmett regarda, par le hublot, la terre se rapprocher d'eux. Ça lui ferait quoi au juste s'il sautait sans parachute ? Est-ce qu'il s'écraserait au sol et se briserait en mille morceaux ? Ou plutôt atterrirait-il sur ses jambes tel un félin ? Emmett y réfléchit à peine, le temps d'être au sol puis il se contenta d'attendre que les autres passagers sortent. Il n'avait jamais aimé être pris dans une foule d'humains. Là... les odeurs étaient fortes, et mieux valait ne pas tenter le diable. Quand vint enfin leur tour, Rosalie lui embrassa la joue, déviant ensuite vers son cou, puis se leva. Il en fit de même et prit leurs bagages à main, les autres étant dans la soute. Le couple sortit de l'appareil et retrouva rapidement Jasper et Alice qui les attendaient. Le brun sourit alors et réceptionna sa sœur qui sauta dans ses bras.
— Quel entrain, souffla-t-il en la serrant fortement.
— Tu m'as fait peur espèce d'idiot ! répondit-elle de manière à ce que seul lui l'entende.
— Hey, jamais je le ferais, fit Emmett de la même manière.
Elle avait sûrement dû le voir sauter sans parachute. Il s'en voulait à présent d'avoir eu ce genre de pensée.
— Jamais tu ne feras quoi ? demanda Alice.
— De quoi tu parles au juste ? la questionna Emmett, perdu pour le coup.
— Je ne te voyais plus ! Je ne te vois toujours pas d'ailleurs. C'est à peine si j'arrive à capter ton futur proche.
— Oh...
Il regarda immédiatement Rosalie.
— Qui est au courant ? demanda-t-il toujours aussi discrètement.
De toute manière, Jasper et Rose étaient lancés dans une conversation et ne prenaient pas attention à eux.
— Jasper. J'ai réussi à le cacher à Edward jusque maintenant.
— Je ne me sens pas bien depuis quelque temps, lui avoua-t-il.
Il allait en parler avec Carlisle, peut-être qu'il était malade même si en théorie, aucun vampire ne pouvait l'être. Mais ce qui choqua Emmett à cet instant et qui fit en même temps que Jasper lui jeta un rapide coup d'œil, c'était qu'il n'était même pas touché d'abandonner Rosalie. En d'autres temps, il était certain que cette idée l'aurait rendu fou, tout simplement.
— On devrait rentrer, on verra ça à la maison, expliqua Alice.
Il hocha la tête et rejoignit les deux autres, serrant brièvement son frère contre lui.
— Tu m'as manqué, dit Emmett. J'aurais jamais cru ça, tenta-t-il de plaisanter.
— Menteur, sourit le blond.
— J'ai hâte de revoir Nessy, fit Rosalie.
— Comment est la maison ? demanda-t-il en récupérant ses autres bagages.
— Grande, répondit Jasper.
— Très grande ! s'exclama Alice. Plus encore que celle de Forks. Le dernier étage est réservé à Edward, Bella, Nessy et les loups ont la dépendance qui est séparée de la maison par le garage. D'ailleurs... ils en ont pris un quatrième avec eux.
— Quoi ? cria Rosie.
— Qui ? fit quant à lui Emmett en même temps.
Il monta dans la voiture et quand tout le monde fut installé, Alice répondit :
— Paul. Il y a eu un micmac et... il s'est retrouvé dans la meute de Jacob.
— C'est le colérique, claqua sa femme. Il a intérêt à ne pas s'approcher à moins de quinze mètres de Nessy.
— Ce n'est pas ta fille, lâcha Emmett en se surprenant lui-même.
— Pardon ? siffla-t-elle.
Se sentant un peu prit au piège, il jeta un regard dans le rétroviseur, où il pouvait voir Jasper les regarder alors qu'Alice elle, serrait la main de son mari sur le levier de vitesse.
— La voiture n'est pas vampire-proof, tenta la brune, alors si vous pouviez attendre qu'on arrive pour vous arracher la tête, ça nous arrangerait tous grandement.
— On peut attendre, répondit Rosie. Mais toi, ajouta-t-elle en appuyant un doigt sur son épaule, je ne t'oublie pas.
Emmett soupira et posa la tête sur la vitre afin de regarder le paysage. Il l'attendrait. Qu'est-ce qu'elle lui ferait au juste ? Il était plus fort qu'elle de toute façon et n'avait nullement l'envie de remettre le sujet sur le tapis. Parce qu'il sentait que ça allait aussi créer des disputes au sein de leur famille. Alice mit de la musique puis commença à leur raconter tout ce qu'il s'était passé pendant leur absence, et ce, jusqu'à ce que Jasper gare la voiture dans le garage. Emmett sortit du véhicule et prit tous les bagages avant de les amener dans ce qui était un salon plus que grand, en effet. Il alla prendre Carlisle, Esmée et Bella dans ses bras.
— Enfin de retour à la maison. Où sont les autres ? demanda-t-il.
— Edward fait prendre son bain à Nessy et les loups sont en vadrouille, répondit Esmée. Ce que je suis heureuse de vous revoir. Nous sommes enfin réunis.
Emmett sourit et voyant les escaliers, il décida de monter les bagages.
— Notre chambre, c'est laquelle ?
— Viens, je vais te montrer, répondit Jasper en prenant la moitié des valises.
Emmett le suivit alors que Bella posait diverses questions à Rosalie sur leur voyage à Moscou. Une fois dans sa chambre qu'il trouva très bien, il s'installa sur le lit et regarda son frère, en une demande muette. Si vraiment quelque chose n'allait pas avec lui, il l'avait certainement déjà senti, non ?
— Je ne sais pas trop quoi te dire Emmett. Tu es différent, et tu sembles moins... attaché à Rose, souffla-t-il si bas que même Emmett pouvait à peine l'entendre. Mais pour le reste... ce n'est pas moi qui peut te dire pourquoi ou d'où ça vient.
Déjà, il dut encaisser le fait qu'il avait vraiment quelque chose parce qu'il avait espéré se tromper. Mais là... c'était plus grave.
— Qu'entends-tu par là ? interrogea-t-il Jasper.
Parce que c'était grave. Beaucoup. Même si à cet instant, il ne trouva pas forcément la situation gravissime. Et ça l'agaça. Que lui arrivait-il à la fin ?
— Eh bien... tu ne ressens plus pour elle ce que tu ressentais il y a ne serait-ce que plusieurs mois.
— C'est pas drôle comme blague, réalisa-t-il. C'est l'idée d'Eddy ou Alice ?
— Ce n'est pas moi le blagueur de la famille, Emmett.
— Je sais, c'est moi, répondit le brun. Qu'est-ce qui m'arrive ?
Bon sang, et ça voulait dire quoi exactement ? Parce que oui, il avait senti une différence, mais sincèrement, il avait cru que c'était en surface et non dans la profondeur de ses sentiments pour sa femme.
— Tu changes... tu vieillis... J'en sais rien. Tout ce qui nous arrive depuis des années, ça nous a tous fait quelque chose. C'était l'une de tes plus dures épreuves en tant que vampire. C'est peut-être ça. Et puis, Rosalie aussi a changé, avec l'arrivée de Nessy notamment, expliqua Jasper.
— Je l'ai remarqué. D'ailleurs, elle ne va pas oublier ce que j'ai dit dans la voiture, murmura Emmett avant de se frotter le visage. Qu'est-ce que je dois faire ? demanda-t-il, perdu.
— Qu'est-ce que tu veux faire ?
— Je n'en ai aucune idée. Aucune, Jasper.
— Je ne peux pas savoir pour toi Emmett. En tout cas, je ne peux pas te le dire si tu ne le sais pas.
— J'en parlerais à Carlisle. Il saura sûrement quoi faire.
Il l'espérait parce que si vraiment il se détachait de Rosalie, il allait tout simplement perdre son clan, sa famille, et peut-être la vie, parce qu'il doutait que sa femme le laisse s'en aller comme ça sans se battre. C'était son Ange après tout, son Bébé, son petit morceau de sucre.
Nous espérons que ce premier chapitre vous a plu. N'hésitez pas à nous dire si vous souhaitez découvrir la suite ^^
Abby and Jes
