Hey everybody!
Bon, je ne surprendrai personne en écrivant - encore! - sur Godric.
Je ne vous étonnerai pas non plus en vous disant que les Mary Sue, filles parfaites et autres greluches mystérieuses, délicieuses et intrigantes ne sont pas vraiment mon fort.
Donc, me voilà avec une toute nouvelle fiction un peu particulière au sujet de notre cher vampire millénaire. Plutôt que d'inventer une âme soeur pour notre Godric national, j'ai pensé reprendre un personnage déjà existant dans la série. Sookie? Boarf... nan... Même si j'aime bien ce couple, j'avoue qu'à force, on vire trop facilement dans la Mary Sue et le bon gros cliché monumental. Et honnêtement, il y a bien des fois où je la trouve un peu bécasse. Non, je vous parle d'un personnage un peu plus piquant et suffisamment comique pur satisfaire ma connerie monumentale.
Je trouve qu'on a souvent tendance à oublier Jessica, qui est pourtant une jolie rousse avec beaucoup de mordant. Juste ce qu'il me fallait pour me lancer dans une bonne vieille comédie romantique.
Et puis, je n'avais encore jamais vu de fiction sur le couple Godric/Jessica, alors c'était l'occasion! ;)
J'espère que cette fic vous plaira!
Ashley Springter m'avait invitée.
De toutes les bizarreries qui jalonnaient ma courte vie, celle-là était sans aucun doute la plus étrange. Ouais. Number one dans mon hit parade perso. Avec le recul, il n'est pas bien difficile de voir que la starlette du lycée m'avait invitée dans le seul but de ridiculiser la pauvre petite bigote que j'étais alors, complètement coincée et pas plus familière avec le monde de la fête qu'une vache espagnole avec la poésie de Shakespeare. Mais à ce moment-là, et même si on me l'avait dit et répété cent fois, je crois que je n'y aurais pas cru. J'étais tellement heureuse, tellement excitée à l'idée d'enfin pouvoir m'amuser, sortir de cette baraque pourrie où j'étouffais dans des robes immondes, serrées au niveau du col et inconfortables au niveau des hanches, avec une prière à chaque repas et une lecture de Saint-Paul chaque soir, que j'aurais tout refusé en bloc, m'eût-on démontré par A + B que je me trompais.
Et comme dirait l'autre, il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Alors j'avais enfilé ma plus belle robe – celle qui craignait le moins, bleue avec des fleurs, probablement à la mode en l'an quarante et désormais d'une ringardise achevée, mais toujours plus fraîche que le reste de ma garde robe qui, elle, aurait pu convenir à une none du treizième siècle – et j'étais partie en catimini, juste après l'habituelle prière du soir.
C'était la première fois que je faisais le mur.
En posant le pied à terre, je me souviens avoir levé les yeux et contemplé ma fenêtre grande ouverte près de laquelle s'élevait, gracieuse et massive, la branche sur laquelle je m'étais hissée pour m'échapper. J'en avais ressenti une bouffée de joie et d'orgueil. C'était comme si en levant la tête sur les carreaux vides et noirs, j'adressais un pied-de-nez au ciel et à toutes les conneries qui y siégeaient, et leur adressais un grand « ah ! » vainqueur. Ce soir, j'étais libre. J'étais jeune, probablement pas la plus belle, et ma robe informe et passée ne jouait certes pas en ma faveur, mais peu m'importait. Parce que ce soir, je n'étais plus la pitoyable petite Jessica, la grenouille de bénitier qui lisait la Bible tous les soirs, chantait à la chorale chaque dimanche et baissait les yeux quand on le lui ordonnait. Ce soir j'étais belle, j'étais forte, et j'étais nouvelle.
Ce soir aurait pu être le dernier de ma vie humaine. Mais ça, je l'ignorais encore.
La maison des Springter se situait dans le quartier chic de Shreveport, là où toutes les maisons se ressemblaient, avec les mêmes façades aux murs blancs, les mêmes pelouses soigneusement entretenues et les mêmes haies taillées au centimètre près, aussi raides et carrées que leurs propriétaires. Je n'y avais jamais mis les pieds, et ce soir là ne devait pas faire exception. A peine avais-je passé quelques rues que quelque chose fondit sur moi et me projeta contre le mur le plus proche. J'eu à peine le temps de crier que mon monde tanguait déjà et que mon sang, chaud et poisseux, commençait à s'écouler de ma joue rappée par le crépis. On m'empoigna rudement, comme si mes mouvements désespérés pour me débattre et mes cris à moitié étouffés par la terreur n'étaient que vent et silence, avant de me jeter dans un coffre qu'on referma sur moi.
J'aurais souhaité que jamais on ne l'ouvrît.
Pas de bol pour moi, dieu m'avait dans le nez, ce soir-là. Je le lui rendais bien, soit dit en passant, mais ce n'était pas le problème. Le coffre s'ouvrit donc, et on me jeta à terre sans aucun ménagement, aux pieds d'un type aussi pâle que la mort. Il faut dire que si ma robe était passée de mode – et tâchée de terre et de sang, maintenant que cette bande de brutes s'était occupée de son cas – la dégaine du type en question était carrément périmée. Personne ne lui avait dit que les pattes étaient passées de mode depuis plus de cent ans ou quoi ? Dans le genre vioque, il tapait fort. Je crois que c'est à ce moment-là que j'aurais dû percuter à qui j'avais à faire. Mais j'étais trop effrayée pour contrôler les élucubrations débiles de mon pauvre cerveau tremblant de trouille. J'avais besoin de me raccrocher à un semblant de normalité, aussi stupide et distordu soit-il, pour ne pas craquer. Pour ne surtout pas voir que tout autour de moi, assis à même le sol, perchés sur des carcasses d'automobiles ou accroupis dans la poussière, au milieu de nulle part, étaient des vampires.
Des vrais de vrais.
Leurs crocs brillaient sous la lumière de la lune, et leur teint blafard paraissait encore plus cendreux et maladif illuminé par ses rayons laiteux. Tous grondaient. Je veux dire, littéralement. Je pouvais presque sentir leur poitrine vibrer sous le rugissement sourd qui montait des tréfonds de leur gorge et se répercutait contre les tôles rouillées des voitures éventrées sur lesquelles ils trônaient.
Pour être tout à fait honnête, je ne me rappelle absolument pas de tous les détails de ce soir-là. J'étais terrifiée, à tel point que je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer. J'étais prise d'un incontrôlable besoin de parler, de demander pardon, de prier pour qu'on me ramène chez moi, de supplier qu'on me laisse la vie sauve. Je crois que c'est précisément parce que je me savais perdue que j'étais soudain aussi prolixe. Une manière de retarder l'échéance qui se vaut, en tant qu'elle est aussi pitoyable qu'une autre. Les vampires ont parlé, certains se détachant de la masse en général. Il y avait le type ringard – celui que j'avais remarqué en arrivant –, un grand blond baraqué à l'air pas commode, une blonde que j'aurais probablement enviée si elle n'était pas susceptible de me drainer sur le champ et un autre type beaucoup, beaucoup plus effrayant, perché sur un trône de fortune installé sur un pick-up aux portières arrachées. Il me regardait comme on regarde un porc avant de l'égorger : avec cette froide indifférence et ce dédain qu'on a pour un animal disgracieux et répugnant, tout juste bon à être saigné pour s'en nourrir. Plus que n'importe quoi d'autre, je n'oublierai jamais ce regard.
Ce soir-là, j'aurais dû être transformée en vampire.
Le type aux pattes était censé être mon créateur. Mais il s'y opposa si violemment, avec tant de vigueur et de conviction que, d'une manière ou d'une autre, il finit par agacer son supérieur. Je ne compris pas grand chose à ce qui se passait devant moi. Si on devait me repasser le film de cette soirée, je suis même certaine de me trouver absolument pitoyable. Une vraie loque, une bigote tirée de son couvent et trainée aux pieds de la dure réalité, pleurant comme une vache et incapable de comprendre ce qui lui arrive. Si je devais recroiser cette Jessica là, faites-moi penser à lui coller une paire de claques en hurlant un bon vieux « reprends-toi ma vieille ! » qui lui aurait remit les idées en place.
Finalement, on ne m'avait rien fait.
Enfin, façon de parler.
Le blondinet baraqué m'avait empoignée par la nuque et trainée à sa suite, suivi de près par la grande blonde sophistiquée et la relique vestimentaire. Tout autour de nous, les vampires présents sifflaient et grondaient comme des fauves. A la différence que eux étaient beaucoup plus dangereux. Je pleurais toujours comme une idiote et j'arrivais à peine à mettre un pied devant l'autre, mais je n'étais pas encore assez bête pour me débattre. Je préférais avoir à faire à trois vampires, même effrayants, plutôt qu'à une trentaine d'entre eux. Pas que mes chances de survie aient été plus élevées pour autant.
On me balança de nouveau dans une voiture comme un vieux sac de linge sale, et j'eu le bon goût de ne pas protester, même si mes pleurs redoublèrent. Le blond trouva les mots pour me faire comprendre de la fermer rapidement.
On m'emmena sans que j'aie aucune idée de l'endroit où nous devions arriver. Le trajet se fit dans le silence le plus total, si ce n'étaient mes sanglots étouffés et le bruit de ma respiration erratique, rendue encore plus bruyante par la morve qui m'encombrait les sinus. Lorsque la voiture s'arrêta, tout tourna comme au ralenti. Petit à petit, je compris l'étendue de ma situation : ringard-man avait fait une connerie, une du genre tellement grosse que même ses potes assassins la trouvaient condamnable, et devait être puni. La punition ? Moi.
Charmant.
Sur le coup, j'ai nettement moins rigolé. Au contraire, je me suis effondrée à ses pieds, le suppliant de m'épargner, de ne pas me transformer. Tout plutôt que ça. Bon dieu ! J'étais tellement désespérée que j'ai même promis d'aller à la messe tous les dimanches sans protester s'il me laissait partir ! Si vampire Bill – car tel était son nom, du moins c'est ainsi que le blond l'avait appelé – n'avait pas été aussi bonne poire, probablement serais-je en train de me polir les quenottes à l'heure où je vous parle. Mais visiblement, il faisait partie de ces quelques vampires qui souhaitaient s'intégrer aux humains. Vivre pacifiquement, carburer au True Blood et tout le toutim. Grand bien lui fasse. Et dans ma situation, la chose m'aidait grandement. C'est donc par soucis d'éthique et de morale que mon futur créateur était parvenu à un compromis : le grand blond, qui occupait visiblement un poste plus haut gradé que lui, s'occupait de sa punition. En gros, il devrait faire tout ce que son boss lui dirait et accepter n'importe quelle sentence, sans rechigner et surtout sans échouer. Le cas échéant, j'étais bonne pour m'abonner à Fang & Mode. Le deal tenait pendant toute ma durée de vie.
En d'autres termes, je ne rentrerai jamais chez moi.
Lorsqu'il m'expliqua, après avoir patiemment calmé mes sanglots, qu'à partir de ce jour, je devrais vivre avec lui et le suivre partout, où qu'il aille, Bill le ringard ne s'attendait probablement pas aux premiers mots qui fusèrent de ma bouche.
« Oh putain ! »
