Note de l'auteur :
J'ai énormément aimé Berkut, personnage qui a eu le plus d'impact sur moi dans tout Echoes. Il figure parmi mes personnages préférés de la série, et je trouve que c'est l'un des personnages les mieux écrit de la série, si ce n'est le mieux écrit. Berkut est d'ailleurs, tous médias confondus, le seul et unique personnage dont je préfère la voix anglaise à la voix japonaise. C'est un plaisir de pouvoir enfin écrire sur lui.
J'ai également beaucoup aimé Alm. Je voulais écrire sur leur petite famille depuis un certain temps.
Avertissement :
Fire Emblem Echoes est la propriété de Nintendo et non la mienne. Seuls les scénarios m'appartiennent. Importants spoilers des chapitre quatre et cinq.
Note du chapitre :
J'ai un petit headcanon selon laquelle Berkut est le fils de la sœur de Rudolf. Quand à l'épouse de Rudolf, là aussi il s'agit d'headcanons.
Le moment est venu. La Délivrance est là, seulement à quelques lieux du château royal de Rigel. Elle est menée par Alm, un guerrier qui n'est pas encore entré dans l'âge adulte.
L'empereur Rudolf attend ce moment depuis dix-sept ans. L'instant où le héros issu des terres paysannes viendra détrôné le cruel tyran.
Rudolf n'a pas peur de mourir. Non, il ne craint rien, pas si la dernière chose qu'il aperçoit est le visage de son enfant.
Alm, son fils.
Il sait déjà qu'il sera incapable de lever sa lance contre lui. Il devra pourtant le faire.
Son seul remord sera de ne pas avoir eu le plaisir de voir son fils grandir. Rudolf ne pouvait pas se le permettre, s'offrir le privilège de l'élever et le connaître. Il devait le confier à son fidèle ami Mycen, pour le protéger des fidèles de Duma et offrir un avenir à Valentia. Il le devait, en tant que père et empereur, tout comme il a dû tenir le rôle du dirigeant belliqueux. Alm est l'un des deux enfants de la prophétie, l'un de ceux qui sauvera Valentia de la folie de Duma et Mila. La marque sur le dos de sa main droite en est la preuve.
Seul un héros d'origine roturière et basse pouvait redonner espoir et confiance au peuple.
Mycen a caché Alm dans un petit village du royaume voisin. Son fils est loin de connaître l'existence du sang royal qui coule dans ses veines, convaincu que Mycen est son grand-père.
Grand-père ; Rudolf avait dit à Mycen de prendre soin de lui comme son propre fils. Mycen a parfaitement remplit sa promesse, mais, sans doute par respect, il n'a pas prétendu être le géniteur d'Alm. Son ami ne s'est pas approprié sa place de père. Rudolf lui en est extrêmement reconnaissant. Même si Mycen l'a élevé, Rudolf garde ce privilège. Un désir qui ne peut être assouvi. Il n'a au moins pas eu la frustration d'imaginer Alm appeler Mycen « père ».
L'empereur entend des bruits de pas sur le marbre de la salle du trône. Le son des talons de quelqu'un qui court. Son esprit quitte l'image de son fils encore nourrisson dans ses bras. Il se concentre sur la salle du trône. Rudolf a demandé à être seul quelques instants, le temps de se préparer mentalement.
– Sire, sire attendez !
Rudolf pose son regard sur son neveu, le prince Berkut. L'unique famille qu'il lui reste à l'exception de son fils. Si lointain, mais bientôt si proche à la fois.
Berkut est presque essoufflé. Sans doute vient-il de traverser tout le château en courant. Il porte son armure noire, prêt à aller combattre.
– Berkut.
– Sire pourquoi ne m'avez-vous pas envoyé sur la ligne de front ? Je sais que je vous ai déçu, mais je vous implore de me laisser me racheter !
Berkut a mené deux batailles contre la Délivrance menée par Alm. Elles se sont toutes deux terminées par une défaite cuisante pour le prince. Des échecs pesant lourd sur sa conscience et l'envahissant de honte.
– Je t'ai accordé une seconde chance par bonté d'âme. Il n'y en aura pas d'autre.
– Votre excellence !
La voix de Berkut est implorante. Rudoplf affiche une expression stoïque.
– Il n'y a pas de place pour les faibles dans mon armée. Reste ici, en retrait.
Rudolf part, claquant ses talons sur le sol et mettant ainsi fin à la conversation. Il doit se préparer pour la bataille, sa dernière. Berkut n'a pas à mourir en même temps que lui. Il s'apprête déjà à forcer son fils à commettre un parricide. Alm n'a pas à souiller ses mains plus que nécessaire. Son neveu sera à l'abri, ici, entre les murs du château, avec sa promise, Rinea.
Rinea, une jeune noble de basse extraction pour laquelle Berkut éprouve des sentiments forts et sincères. Un amour réciproque.
La cour rigélienne a de nombreuses fois souligné que le prince présomptif se doit d'avoir une épouse digne d'un futur empereur. Mais Rudolf reste sourd à leurs plaintes. Durant des années, il a affirmé que Berkut est son seul héritier. D'ici peu, Berkut apprendra que son oncle ne lui a jamais destiné le trône. Lui laisser le choix de sa future épouse est le moins qu'il puisse faire après l'avoir élevé dans une illusion.
Berkut, le fils unique de sa défunte sœur. Sa chère sœur, celle qui l'a soutenue lors de sa mort de femme. L'épouse de Rudolf n'a pas survécu à l'accouchement d'Alm. Les soigneuses n'ont rien pu faire pour elle.
C'est avec le cœur lourd que l'empereur a pris pour la première fois son fils dans ses bras. Cœur qui se serra davantage en voyant la marque du destin sur la petite main frêle du nouveau-né. A la vision même du symbole, Rudolf a compris immédiatement qu'il ne pourrait garder Alm auprès de lui.
Seul Mycen et sa sœur savaient la vérité. Il a été facile pour l'empereur de faire croire que le nourrisson n'avait pas survécu plus de quelques heures à sa mère, qu'il était né trop faible.
Sa sœur comprenait sa douleur. Elle aussi avait perdu son époux, mort portant les armes sur un champ de bataille.
Quelques années après la disparition de sa femme et de la séparation de son fils, l'empereur a perdu sa sœur. Il ne lui resta plus que son neveu, en bas âge, Berkut ; qui se tient à présent devant lui. Prêt à perdre sa vie au front pour défendre son honneur.
Ce jeune garçon fidèle mais qui n'est pas son fils. Celui qui n'est pas destiné au trône. Rudolf sait que la présence de Berkut l'a aidé à tenir durant toutes ces années de solitudes, à attendre patiemment les résultats de ses plans. A supporter l'attente du jour où il pourrait revoir son fils.
Rudolf aime Berkut, mais pour le protéger, il doit être dur avec lui. Refouler une nouvelle fois ses sentiments.
– Non... je vous en prie ! Ayez pitié de moi, sire ! Votre Excellence. Mon oncle !
Rudolf entend les paroles de Berkut. C'est sans aucun doute la dernière fois qu'il voit son neveu. Il ne lui a offert que des paroles acerbes comme adieu et Berkut sera furieux contre lui en apprenant la vérité. L'empereur est néanmoins un peu soulagé de savoir que Rinea sera là pour Berkut. Il sait qu'elle soutiendra son neveu et ne se détournera pas de lui.
Rudolf espère que Berkut et Alm sauront traverser ensemble les épreuves à venir et qu'ils ne s'entredéchireront pas. Il ne sera plus là pour les protéger d'eux-mêmes.
Mais c'est ce qu'il doit être fait. Pour protéger sa famille et son royaume.
