Disclamer : les personnages et l'univers appartiennent à Masami Kurumada.
Bonjour à tous et ravie de vous retrouver pour une nouvelle histoire qui j'espère vous plaira. Bonne lecture à tous !
Le droit au bonheur
Chapitre 1
Il était là, tout près… plaisantant avec tous leurs camarades… un geste et il le toucherait, il avança vers lui… son sourire… son regard si unique… son image s'effaça peu à peu… il tendit la main pour le rattraper… se mit à courir… mais plus il courait et plus il s'effaçait dans la nuit… Non ! hurla-t-il… mais plus rien que le noir… les ténèbres avaient tout envahi et l'entraînait loin de lui… mais pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Il se laissa tomber à genoux, le corps traversés par des longs sanglots, désespéré… criant son nom.
Le jeune homme blond ouvrit soudainement les yeux, réveillé par son propre cri, les yeux déversant des torrents de larmes qu'il ne chercha même pas à arrêter et le corps encore tremblant par le violent cauchemar qu'il venait de vivre. Il se calma doucement et écoutant avec appréhension le silence de l'appartement.
Comme aucun bruit ne se faisait entendre dans l'autre chambre, il respira un bon coup, essuya sommairement ses larmes et se leva en silence pour se rendre à la cuisine, jetant rapidement un coup d'œil à la chambre de son fils qui semblait dormir paisiblement.
Pourquoi n'avait-il pas droit, lui, à des nuits de repos ? pensa-t-il en se servant un verre d'eau et en regardant machinalement les lumières de la ville. Depuis près d'un mois, ses nuits étaient peuplés de ses anciens camarades de fac… mais surtout de lui. Lui, avec qui il avait partagé son quotidien pendant près de cinq ans. Lui, qu'il avait aimé en secret pendant près de quatre de ces années... sans jamais oser le lui dire. Mais tout cela remontait à plus de trois ans, pourquoi maintenant ? Il revoyait parfois certains de ses anciens camarades, mais de lui rien. Rien depuis cette fête après l'obtention de leurs diplômes respectifs… cette fête où il l'avait vu embrasser son amie d'enfance. Ce soir d'été où son cœur s'était brisé.
Bon d'accord, il rêvait de lui régulièrement depuis que la fin des études les avait séparée. Mais ces cauchemars où son image se dérobait à lui étaient horribles ! Il voulait au moins pouvoir continuer à chérir son image, mais inexorablement, elle s'effaçait et cela, il ne le supportait pas… Il ne voulait pas l'oublier. Pourtant sa photo restait secrètement tout contre son cœur et il ne se passait pas un jour sans qu'il la regarde. Alors pourquoi ?
Il se secoua, revenant au présent. Demain son patron lui présentait un nouvel assistant et il se devait d'être en forme. Milo lui avait fait confiance malgré sa situation et il lui devait au moins d'être à la hauteur de ses attentes. Il finit son verre et partit se recoucher dans le grand lit vide, essayant vainement de se rendormir pour le reste de la nuit. Mais son cauchemar le hantait, et malgré lui des larmes coulèrent sur son visage.
Ooo000ooO
Entreprise Nekopoulos
Il traversa rapidement le hall de l'immeuble de la compagnie pharmaceutique pour laquelle il travaillait depuis la fin de ses études. Il était en retard, comme d'habitude…
Il monta dans l'ascenseur où se trouvaient déjà plusieurs personnes dont son patron qu'il salua :
- Bonjour Milo.
- Bonjour Hyoga, comment va Gabriel ?
- Il va bien, merci, je viens de le déposer à l'école.
- Quel âge ça lui fait à ce bout de chou ? demanda son patron en sortant à son étage et en invitant son jeune employé à le suivre.
- Presque quatre ans maintenant, à ce propos merci encore de m'avoir fait confiance malgré le bouleversement qu'il a apporté dans ma vie.
Ils venaient d'arriver au bureau de Milo où il lui fit signe d'entrer après avoir salué sa secrétaire et lui avoir demandé du café :
- Installe-toi. Je ne regrette pas de t'avoir fait confiance. Tu as réussi à faire aboutir le projet que je t'avais confié, et ce, malgré ce bouleversement, c'est on ne plus méritant de ta part.
Son patron s'installa en face de lui sur un fauteuil, Hyoga ayant pris place sur un des canapés. Ils avaient l'habitude de ce genre de petit déjeuner où Milo s'informait de l'avancée de ses recherches.
Ce dernier était grec et sa famille possédait, entres autres, l'un des plus grands laboratoires pharmaceutiques de la planète. Quand leur société avait décidé d'installer une succursale au Japon, Milo avait été désigné pour la lancer. Il avait finalement décidé de la diriger, au moins jusqu'à ce qu'elle ait fait son trou sur le marché asiatique, et après avoir rencontré celui qui devait devenir son bras droit, lors d'une conférence à la fac de sciences :
- Mais revenons sur le sujet d'aujourd'hui, ton nouvel assistant de recherche, dit Milo en rejetant gracieusement sa longue chevelure bleue sur se épaules.
Hyoga baissa la tête en attrapant sa tasse que le secrétaire venait d'amener et attendit qu'elle sorte avant de répondre :
- Vous savez que je préfère travailler seul…
- Oh je connais tes arguments ! le coupa son patron. Tu me les as déjà opposé un nombre incalculable de fois, mais tu dois me faire confiance pour cette fois. Et je suis sûr qu'il t'aidera plus que tu ne crois, dit Milo en souriant
Hyoga ne répondit pas, il ne comprenait ce besoin soudain de lui adjoindre un assistant. Il ne supportait pas les assistants, ils passaient leur temps à poser des questions, idiotes pour la plupart, et surtout ils le gênaient dans son travail. Et puis surtout cela le lui rappelait trop… Ils avaient fait tant de recherches et d'expériences ensemble dans les labos de la fac…
Un coup à la porte lui fit relever la tête vers celle-ci et il vit Camus, bras droit de son patron, entrer en les saluant.
C'était lui qui l'avait fait entrer ici quelques années plus tôt, juste à sa sortie de la fac où il venait donner des cours du soir de français, son pays d'origine.
Hyoga avait fait sa connaissance en première année alors qu'il tentait de s'initier à cette langue. Mais en début de deuxième année, il avait malheureusement dû laisser tomber, ces cours s'ajoutant encore à ses longues journée et dont les horaires se chevauchaient avec d'autres cours plus importants pour son futur métier.
Camus avait compris ses priorités et lui proposa de lui enseigner sa langue quand il avait des moments de libres. De cours en cours, ils étaient devenus amis et c'est tout naturellement qu'il l'avait recommandé à Milo dont il était, entretemps, devenu le bras droit :
- Il ne devrait plus tarder maintenant.
- Vous pouvez me le présentez plus tard, suggéra le jeune homme cherchant un moyen d'échapper à cette corvée.
- Non, tu vas le recevoir avec nous, dit Milo un sourire moqueur à son encontre. Tu dois apprendre à travailler avec les autres Hyoga.
- je ne suis pas à l'aise avec les autre vous le savez très bien tous les deux…
L'interphone résonna et après un bref échange un coup léger fut de nouveau frapper à la porte, qui s'ouvrit après l'invitation de Milo à entrer :
- Bonjour Messieurs, dit une voix profonde que Hyoga n'était jamais parvenue à oublier.
Sa tasse, que la surprise l'avait fait lâcher, atterrit dans un fracas assourdissant sur la table en verre attirant l'attention des trois autres sur lui :
- Hyoga !
Il releva lentement la tête et croisa son regard émeraude, ce regard qui chaque nuit depuis un mois se dérobait à lui.
- Shiryu…
Un bref instant, Hyoga se demanda s'il ne rêvait, mais la voix de son patron le fit revenir à la réalité :
- Si vous vous connaissez, cela va vous faciliter les choses à tous les deux, dit-il.
- Oui, on se connaît, nous venons de la même fac, dit Hyoga en reportant son regard clair vers le bras droit de celui-ci. Mais je pense Camus le savait, je me trompe ?
- Non, mais tu es associable Hyoga et nous avons besoin que tu ais une aide ! C'est important pour le projet que Milo veut te confier, j'ai donc choisi quelqu'un avec qui tu devrais pouvoir travailler, lui répondit Camus très calmement.
- Associable, t'exagères pas un peu là ? se récria Hyoga. Et de quel nouveau projet tu parles ?
- Non, je n'exagère pas. Dis-moi depuis quand n'étais-tu pas simplement allé prendre un verre avec des collègues ou des amis ? insista Camus.
- Je ne vois pas ce que ma vie privée vient faire ici !
- Du calme tous les deux, intervint Milo fermement faisant taire ses deux employés. Désolé…Shiryu, c'est cela ? reprit-il après avoir rapidement consulté ses papiers.
- Oui, monsieur, répondit l'interpellé qui se tourna de nouveau vers lui, son regard n'ayant pu lâcher Hyoga pendant sa dispute avec Camus.
- J'aimerais savoir si cela vous tente de rejoindre notre petite famille qui se comporte, comme vous avez pu le voir comme une véritable famille, dit-il en insistant bien sur ces deux derniers mots en lançant un regard appuyé aux concernés qui se drapèrent tous deux dans la même attitude offensée, faisant sourire Shiryu malgré lui.
Un nouveau coup à la porte les interrompit et la secrétaire de Milo entra, se tournant vers le jeune blond :
- Hyoga, votre stagiaire vient d'appeler complètement affolé, je n'ai rien compris à ce qu'il à dit…
Ce dernier avait déjà bondi et était parti en courant vers son labo.
- Je suis désolée mais ça avait l'air important, dit la secrétaire en ressortant du bureau devant le regard de reproche de son patron qui soupira :
- Bon, voulez-vous tenter de travailler avec Hyoga, Shiryu ? Je sais qu'il n'est pas facile mais c'est un chercheur remarquable, et quoi qu'il en dise il a besoin d'aide, demanda Milo.
- Puis-je vous poser une question ?
- Bien sûr !
- Pourquoi dites-vous qu'il est associable ? Hyoga était tout le plutôt tout le contraire à la fac, interrogea Shiryu.
- La vie n'a pas vraiment été facile pour lui depuis votre fin d'étude, intervint Camus. Et du coup, il est devenu plutôt renfermé et solitaire, tout le contraire de celui que tu as connu à la fac.
- J'accepte, dit Shiryu.
- Sans même voir le projet ? demanda Milo surpris.
- Hyoga est mon ami et si je peux l'aider, j'accepte. De plus, le connaissant, je doute qu'il travaille sur un projet dénué d'intérêt.
Milo le regarda pensivement, Camus avait raison, c'était sûrement celui qui saurait tirer le meilleur de Hyoga… et peut-être même plus, se dit-il en souriant.
Ils discutèrent un moment des conditions d'embauche du japonais avant de se diriger tous les trois vers le laboratoire d'où Hyoga ne semblait pas décidé à revenir.
Ils passèrent d'abord par son bureau. Shiryu eut un sourire en découvrant le désordre qui y régnait, se remémorant avec nostalgie ses longues batailles avec son ami pour lui faire ranger la moindre chose… Non, il ne pouvait avoir changé à ce point. Et si oui, il devait découvrir pourquoi.
Milo les quitta au laboratoire où ils ne pénétrèrent pas, Hyoga semblant en plein travail et ayant tout simplement mis à la porte toutes les autres personnes et verrouillé les lieux. Camus fit visiter les principaux lieux de l'entreprise que le japonais devait connaître rapidement.
Ooo000ooO
Bureau de Milo
De la fenêtre, Milo regardait pensivement le jeune Shiryu, que Camus venait de raccompagner, traverser la place et jeter un long coup d'œil en arrière avant de partir pour de bon.
Il commencerait dans deux jours, délai qu'il avait demandé, pour ses différentes démarches et surtout pour son installation dans la capitale, car il n'y vivait pas actuellement.
Derrière lui la porte s'ouvrit et son bras droit vint se placer à ses côtés :
- Alors ? demanda-t-il.
- Comme toujours, tu as su faire un excellent choix… commenta-t-il. Mais as-tu remarqué cette très légère lueur au fond de ses yeux quand tu lui as fait part des revers de son ami ? ajouta-t-il en se tournant ver lui
- Il est très attaché à Hyoga, ou du moins, il l'était du temps de la fac. Quand j'ai vu sa candidature dans les offres que l'on avait reçues, j'ai tenté le coup.
- Espérons que ce choix soit payant, pour lui comme pour nous… finit Milo en se rasseyant à son bureau.
Camus se dirigea vers la sortie, pour regagner le sien :
- Tu manges avec moi ce soir ?
- C'est une invitation désintéressée ? demanda malicieusement son second en se retournant.
- Bien sûr que non, ça fait des jours que tu mets au point ce nouveau projet. J'ai besoin d'en savoir un peu plus, répondit Milo très sérieusement.
- On verra, j'ai encore beaucoup à faire… dit Camus avant de sortir.
Milo soupira. Décidément approcher le français était une entreprise beaucoup plus délicate que de diriger toute une société. Mais le grec ne s'avouait pas si facilement vaincu.
Ils s'étaient tout de suite très bien entendus tous les deux mais Camus refusait toutes tentatives de faire tomber la très fine barrière de leur amitié et Milo ne comprenait pas pourquoi… Il était presque sûr que le français n'avait personne dans sa vie et il avait déjà eu la preuve qu'il n'était pas opposé aux relations entre hommes. Mais mystérieusement, il repoussait systématiquement toutes ses avances.
Milo était tombé amoureux de lui à leur première rencontre. C'était à la fac de science où le grec venait prendre contact avec le proviseur pour d'éventuels stagiaires dans sa toute nouvelle entreprise. Mais il avait aussi rapidement compris que Camus ne voyait en lui qu'un ami. A force de patience et de persuasion, il était arrivé à le faire travailler avec lui en l'intéressant à ses projets, et peu à peu il était devenu son bras droit. Il était heureux de l'avoir au quotidien à ses côtés, il apportait un calme et une réserve qui faisait parfois défaut au grec et son jugement s'avérait souvent être pertinent.
Mais Camus restait étrangement évasif sur son passé et sur ce qui l'avait amené dans ce pays si lointain du sien… et Milo soupçonnait ce passé d'être un obstacle à une évolution de leur relation. Malgré tout, il se refusait à faire une enquête sur lui, espérant que sa persévérance finirait par payer et que Camus lui confirait enfin son secret et son cœur, car quelque chose lui disait que le français n'était pas si indifférent qu'il le lui laissait voir.
Ooo000ooO
Hyoga rentra tard ce soir-là. Il passa d'abord chez sa logeuse qui s'occupait de son fils après l'école et habitait dans l'appartement en dessous du sien. Gabriel lui sauta au cou :
- Papa !
- Salut mon cœur, désolé de rentrer si tard…
- Vous devriez vous ménagez un peu Hyoga, intervint sa logeuse.
- Merci pour ce soir, je ne sais pas ce que ferais sans vous ! s'excusa le jeune homme.
- Gabriel est un enfant charmant et qui comble mon manque de petits-enfants, lui répondit-elle en le regardant affectueusement.
- Toujours rien en vu ? demanda Hyoga en récupérant les affaires de son fils.
- Ah… ces enfants ne pensent qu'à leur travail. A propos, vous aurez un nouveau voisin de palier demain.
- Ah, vous avez reloué l'appartement du jeune couple ?
- Oui, un charmant jeune homme d'à peu près votre âge, peut-être que vous deviendrez amis ?
- Oui, peut-être… Je dois partir de bonne heure demain matin.
- Pas de problème, appelez-moi dès que vous êtes prêt, je monterai chercher Gabriel !
- Merci, bonsoir à demain ! dit Hoya en partant.
Avoir des amis, pensa le jeune homme en montant l'escalier le menant à son appartement… un doux rêve qui s'était envolé le jour où un petit bout de chou était brutalement apparu dans sa vie. Il jeta un coup d'œil sur son fils qui courait déjà à sa chambre. Mais il ne regrettait rien. Devenir père lui avait suffisamment apporté de choses… des choses qu'il ne soupçonnait même pas. Il était comblé par Gabriel et son travail. Que demander de plus à la vie ?
Pourtant même s'il se répétait ce discours depuis presque trois ans, quelque chose au fond de lui savait qu'il manquait un élément à ce tableau. Mais il avait renoncé à cet élément. Il n'avait pas le droit d'entraîner quelqu'un d'autre avec lui. Il n'y avait donc aucune chance que ce nouveau voisin devienne un ami. Ces trois dernières années, Hyoga avait suffisamment érigé de barrières de protection autour de sa vie pour ne pas se laisser piéger par un autre rêve.
Car il y avait cru à ce rêve à la fac… il s'était lui-même fourvoyé, imaginant un jour une vie commune avec son compagnon de chambre. Et ce doux songe s'était brisé en mille morceaux ce soir d'été. Pourtant rien que le revoir avait fait battre son cœur un peu plus vite. Mais il ne voulait plus se laisser aller à ce rêve, ce n'était qu'une illusion que la vie lui avait trop brutalement pris. La réalité était là, dans cet enfant qui lui était tombé dessus sans crier gare.
Ooo000ooO
A quelques dizaines de kilomètres de la capitale, Shiryu rassemblait ses affaires en pensant à son ami… Hyoga… ça faisait presque trois ans qu'il n'avait que des nouvelles de lui que par les différents articles de revues scientifiques qu'il lisait. Il avait suivi de loin son évolution mais sans jamais cherché à reprendre contact. Il savait en partie pourquoi. Hyoga était amoureux de lui à la fac. Il l'avait découvert par hasard lors de leur avant-dernière année… une remarque de Shunrei, son amie d'enfance, l'avait mis sur la voie. Mais lui que ressentait-il pour le blond ? A l'époque il avait préféré éluder la question en répondant aux invites de Shunrei lors de la soirée de remise de diplôme. Mais il était conscient aujourd'hui que ce n'avait été qu'un subterfuge… d'ailleurs rapidement il avait mis fin à leur relation.
Mais la fac s'était terminée et Hyoga avait disparu de sa vie. Shiryu s'était rendu à toutes les réunions d'anciens depuis mais sans jamais le revoir… et rares étaient leurs amis qui avaient de ses nouvelles. Alors il avait respecté son silence… même s'il en gardait une étrange sensation d'inachevé.
Il prit la photo qui ornait son bureau. Une photo de l'époque de la fac les représentant tous les deux je jour de l'obtention de leurs diplômes et la glissa dans ses affaire. Demain il emménagerait dans l'immeuble que lui avait indiqué Camus et il travaillerait avec Hyoga dès le jour suivant.
Qu'en était-il de ses sentiments aujourd'hui ? Et de ceux de Hyoga ? Et que lui était-il arrivé ? se demanda-t-il en s'endormant ce soir-là.
Ooo000ooO
Appartement de Hyoga
Le même cauchemar réveilla Hyoga au milieu de la nuit. Pourquoi son image s'éloignait-elle ainsi alors qu'il venait de le revoir ? Pourquoi cette horrible sensation de vide ? Il avait accepté sa vie. Il avait tourné la page sur son passé. Alors pourquoi est-ce que cela lui faisait si mal ? Et surtout pourquoi était-il en pleine érection ?
Il se leva chancelant et après avoir vérifié que Gabriel dormait encore à points fermés, s'enferma dans la salle de bain. Il n'aimait pas être obligé d'en arriver là mais son corps réagissait malgré lui. Il prenait pourtant soin d'assouvir ses besoins physiques régulièrement auprès d'une de ses relations. Il ne pouvait plus avoir de doute. Il aimait encore Shiryu… bien plus fort qu'il ne l'avait imaginé. Il se glissa sous la douche et laissa ses mains soulager son corps privé d'amour depuis bien trop longtemps, le bruit de l'eau masquant les soupirs de bien-être et le nom qu'il laissa échapper en jouissant… Shiryu…
Ooo000ooO
Entreprise Nekopoulos
Camus arriva tôt au bureau. La veille, il s'était débrouillé pour échapper au dîner que lui avait proposé Milo. Mais il ne pourrait plus continuer à le fuir sans cesse, d'ailleurs en avait-il vraiment envie ?
Le grec avait tout pour lui, intelligent, beau comme un Dieu, charmeur, attentionné… un peu trop intentionné même, mais cela faisait partie de sa personnalité. Camus était conscient de l'importance qu'il avait pris dans sa vie… Mais s'il incitait celui qu'il avait pris sous aile à s'ouvrir aux autres, il ne le comprenait que trop bien. Vu que lui-même s'était enfermé dans ce cercle.
Se protéger à tout prix… faire en sorte que plus rien ne vous atteigne… avoir des relations mais sans trop les approfondir. Tout cela il l'avait appliqué à la lettre avec succès jusqu'à ce que Milo fasse irruption dans sa vie.
Milo et son charme ravageur. Milo et son optimiste à toute épreuve. Milo et ce qu'il lisait parfois dans ses yeux. Ce qui lui faisait si peur…
Il soupira bruyamment en entrant dans son bureau et s'arrêta net sur le seuil en découvrant l'objet de ses pensées installé à sa place :
- Bonjour Camus, un café ? lui proposa le grec tout sourire.
- Bonjour…
- Comme tu n'es pas venu hier soir, j'ai pensé que ce serait bien que tu m'expliques le projet ce matin, lui dit son patron en lui servant un café et en se levant, lui faisant signe de reprendre sa place.
- Oui, bien sûr, dit Camus en sortant quelques papiers du dossier qu'il avait avec lui, alors que Milo s'installait, satisfait, dans le fauteuil en face de lui et entrait dans le vif du sujet.
Ils discutèrent jusqu'en fin de matinée, les papiers et les rapports avaient envahi tout l'espace disponible dans le bureau de Camus.
Celui-ci s'était rapidement laissé entraîner dans la description du nouveau projet de recherches confié à leurs soins par un gros et tout nouveau client japonais. Il était crucial de réussir ce projet pour l'avenir de l'entreprise sur le marché asiatique.
L'heure du déjeuner arrivant, Milo lui proposa une pause et ils se rendirent à son bureau où ils se firent livrer un repas :
- Comme toujours, tu as superbement bien préparé le dossier, je pense que Hyoga pourra le mener à terme.
- Oui, mais ça va être une masse de travail colossale, c'est pour cela que Shiryu devrait lui être précieux. A la fac, il était bien plus rigoureux que Hyoga et devrait combler son côté irrationnel pour les rapports et l'organisation.
- Bien, je suis très fier de toi, dit Milo en venant s'asseoir à ses côtés sur le canapé. Devrais-je t'accorder une augmentation pour tout ce dur travail ? demanda-t-il malicieusement en posant une main sur son bras.
Camus sursauta et détourna la tête, cherchant un dérivatif à ces frissons qui venaient de le parcourir, mais ceux-ci n'avaient pas échappé à son patron qui continua à caresser imperceptiblement le bras qui ne se dérobait pas pour autant.
Le regard du français tomba alors sur une pile de magazines qui attirèrent vivement son attention :
- Tu t'intéresses à la littérature maintenant ? demanda-t-il en se dégageant pour regarder les différentes revues.
- Oh ça… en fait c'est pour toi. Tu m'as dit que tu avais du mal à trouver des magazines européens de ce genre ici, j'ai demandé à mon frère de m'en faire parvenir. Ils sont arrivés hier, ils ont un peu anciens mais…
- Tu as fait ça pour moi ? le coupa Camus en se tournant de nouveau lui.
- Ben oui… commença Milo qui s'interrompit en voyant le regard du français. Lui qui ne laissait quasiment jamais ses émotions transparaître avait en ce moment les yeux éperdus d'une candeur enfantine et… troublante au possible pour le grec qui ne résista pas et combla rapidement le peu d'espace entre leurs visages en posant ses lèvres sur les siennes.
A sa grande surprise Camus ne le repoussa pas et se laissa doucement embrasser. Milo frissonna en goûtant ce fruit qu'il avait si longtemps désiré mais la porte s'ouvrit, interrompant brutalement la magie de ce court instant.
Camus se recula brusquement et se mit à parcourir rapidement les magazines alors que Milo se tournait, très contrarié par cette interruption, vers sa secrétaire.
Il régla rapidement le problème qu'elle lui soumettait, se retourna vers Camus qui n'avait pas bougé du canapé et s'écria affolé :
- Camus que se passe-t-il ?
Son bras droit était livide et serrait contre lui une des revues qu'il feuilletait quelques minutes plus tôt. Le français sembla soudain revenir à la réalité et regarda son ami éperdu, avant de se lever :
- Il faut que je parte, dit-il d'une voix blanche avant de sortir rapidement du bureau de son patron qui n'eut pas le loisir de le retenir, son téléphone se mettant à sonner.
Le temps qu'il raccroche, aussi rapidement qu'il le put, et il se précipitait vers le bureau de Camus où son assistante lui appris qu'il venait de partir.
Ooo000ooO
Hyoga pénétra dans le hall de son immeuble épuisé par sa journée de travail. Sa logeuse sortait justement de chez elle avec un plat :
- Hyoga ! Vous tombez bien. Pouvez-vous monter ce repas chez votre voisin ? Gabriel est avec lui, ils s'entendent très bien tous les deux. Il y en aura bien assez pour vous trois, moi je dois sortir ! finit-elle avant de partir rapidement, plantant là le jeune blond avec le repas dans les mains.
Eh bien, on dirait qu'elle ne me laisse guère le choix, pensa-t-il en gravissant les marches qui le séparait de son étage :
- Gabriel ? cria-t-il en y arrivant.
- Papa, enfin ! répondit son fils en écho en déboulant de la porte grande ouverte de l'appartement en face du leur.
- Oh Oba-chan t'a donné le repas, viens on va manger avec notre nouveau voisin, dit-il en entraînant son père à l'intérieur du logement et en criant. Regarde ! Papa est enfin rentré !
Le nouveau locataire apparut dans l'encadrement de la porte et Hyoga faillit en lâcher le repas :
- Shiryu !
- Bonsoir Hyoga, entre, j'ai préparé la table. Je suis loin d'avoir tout déballé mais j'ai trouvé une aide précieuse, dit-il en gratifiant Gabriel d'une caresse sur la tête. Ce dernier se tourna vers son père tout sourire :
- Il est gentil hein papa ?
Mais c'était trop pour le jeune scientifique. Harassé par ses longues journées et ses nuits sans sommeil, Hyoga pâlit brusquement et fut prit d'un vertige. Il ne dut de ne pas s'effondrer que grâce à un réflexe rapide de son ami qui le saisit, le débarrassa du repas et l'assit sans ménagement sur le fauteuil le plus proche :
- Papa ? S'inquiéta aussitôt son fils.
- Ce n'est rien Gabriel, papa est juste très fatigué, tu veux bien aller chercher le verre d'eau que j'ai mis sur la table ? lui demanda Shiryu d'une voix calme.
Il regarda partir l'enfant dans la pièce voisine avant de se tourner vers son ami :
- On dirait bien que tu te surmènes toujours autant Hyoga. Ça va aller ?
- Oui, merci Shiryu.
- Tu as mangé au moins aujourd'hui ?
- Je…mon Dieu, tout allait-il recommencé comme autrefois ? Shiryu le forçant à se nourrir alors qu'il sautait les repas pour suivre les cours ?
Gabriel arriva portant avec d'infinies précautions le verre d'eau demandé, évitant à son père de répondre à la question. Shiryu l'attrapa pour faire boire Hyoga qui l'arrêta d'un geste, irrité par ce brusque saut dans son passé :
- C'est bon, je peux y arriver tout seul…
Shiryu eut l'air surpris et peiné de sa réaction. Il se releva et quitta la pièce, emmenant le repas, ce qui contraria irrationnellement encore plus je jeune scientifique. Gabriel attendit que son père finisse son verre et le pose à ses côtés pour se jeter en pleurant dans ses bras :
- Ça va papa ? Tu te sens mieux ? Tu n'vas pas partir hein papa ?
Hyoga resserra son étreinte autour de son fils, oubliant d'un coup tout le reste devant la détresse de son fils :
- Non mon cœur, tout va bien, j'ai juste un peu trop travaillé aujourd'hui c'est tout…
Shiryu observait la scène depuis l'encadrement de la porte. Gabriel lui avait confié que sa maman était dans les étoiles et veillait sur son papa et lui. Cette image ne pouvait lui avoir été soufflée que par un adulte et il en avait conclu que sa mère devait être décédée. Cette touchante scène lui confirmait ce fait, Hyoga était le seul point d'ancrage de cet enfant.
Etait-ce à cause de l'arrivée de cet enfant que Hyoga s'était refermé sur lui-même, comme le lui avait laissé entendre Camus ? Et une autre question se posait à Shiryu, Gabriel avait quatre ans, donc il avait été conçu à l'époque où il était encore tous deux en fac mais son ami ne s'en était jamais ouvert à lui, alors qu'ils avaient partagés tant de choses… Etrangement cela le frustrait.
Toute l'attention de Hyoga était maintenant tournée vers son fils, sanglotant dans ses bras qu'il continuait à rassurer :
- Gabriel, papa va bien… Je n'ai pas eu le temps de manger aujourd'hui alors j'ai très faim, c'est pour ça que j'ai perdu l'équilibre. Mais papa ne partira pas. Je vais manger et ça ira mieux… et puis dès demain, j'aurais quelqu'un pour m'aider dans mon travail.
Progressivement les sanglots de l'enfant cessèrent et il leva un visage souriant aux travers de ses larmes vers son père :
- Je sais pas faire à manger pour papa… Je peux pas aider papa, dit-il d'une petite voix.
- On va arranger ça, nous avons un repas tout chaud qui n'attend que nous, intervint Shiryu.
Hyoga leva un visage reconnaissant vers son ami. Pour cette fois il était prêt à accepter son offre. Cela finirait de calmer son fils et le rassurerait complètement. Il se leva, portant toujours Gabriel et suivit Shiryu dans la cuisine pour se mettre à table.
Ooo000ooO
Appartement de Camus
A quelques pâtés de maison de là, Camus se resservit un verre de cognac en relisant encore une fois l'article découvert dans la revue. Ce ne pouvait pas être vrai et pourtant… cette lettre était imprimée noir sur blanc, la demande de pardon d'une mère à son fils… Mais comment pourrait-il pardonner ?
Alors qu'il oubliait peu à peu. Alors qu'il se laissait doucement séduire par Milo. Son passé lui revenait en pleine figure… humilié, trahi et enfin vendu par son beau-père. Il avait voulu mourir quand sa mère lui avait rejeté la faute au visage… peut-être était-il enfin temps pour lui d'oublier ?
La bouteille était presque vide, cette bouteille qu'il gardait comme un trésor car elle était son dernier lien avec son passé. Un cru de ce nectar bien français qui avait fait les beaux jours de sa famille. Il attrapa la plaquette de médicaments qu'il avait préparé… dormir et oublier… au moins l'espace d'une nuit.
« Pardonne-moi Milo, mais je ne suis pas digne de toi… Tu ne dois pas m'aimer. J'avais juste oublié… les souillures du passé… »
Ooo000ooO
Appartement de Hyoga
Hyoga regarda son fils s'endormir avant de quitter sa chambre. La soirée s'était plutôt bien déroulée et il avait profité du moment où Gabriel s'était mis à bailler à s'en décrocher la mâchoire pour prendre congé de son ami en le remerciant.
Le jeune homme se glissa sous sa douche en repensant à Shiryu. Il n'avait que peu changé en trois ans, mais comme autrefois restait aussi distant de lui. Pourtant il y avait eu ce moment où il avait posé sa main sur son épaule en le quittant, à ce moment Hyoga avait vu une étrange lueur dans ses yeux… une lueur qu'il n'y avait jamais vue. Il se mit une claque mentale. Il ne devait pas y penser, surtout pas.
Pourtant ce geste anodin lui avait tellement fait chaud au cœur…
A suivre…
