Salazar et Godric, compagnons chevaliers !
Salazar Serpentard et Godric Gryffondor partent sur les routes défier tous les dangers pour la gloire et la fortune !… Enfin, s'ils ne s'étripent pas mutuellement avant d'y arriver…
Disclaimer : Ce ne sont pas mes personnages mais ceux de Miss J.K Rowling. Evidemment
Petite note de l'auteur : Cette histoire est la suite de Quand Godric rencontre Salazar ( 16 chapitres et évidemment je vous invite à la lire… « Viendez tous! » ) MAIS peut se lire séparément ! Afin de bien situer le contexte dans lequel se trouvent les deux zigotos, il y a quelques explications sur leur monde au début de ce chapitre. Si vous trouvez cela un peu lourd, pas de panique, des explications vont régulièrement revenir tout au long de l'histoire pour vous éclairer au fur et à mesure. Et puis de toutes façons, c'est une fic humoristique, lisez, il n'y a pas besoin d'intellectualisé de trop !
Remarque importante : Les pensées intimes (donc non prononcées…) de Salazar Serpentard sont en italiques
Je suis sur d'avoir déjà vu cette racine.
Salazar Serpentard suivait la démarche décidée de l'homme aux cheveux clairs marchant devant lui. Ils allaient, sous la chaleur d'un jour d'été, au travers d'une forêt calme. Le bois devait se trouver dans une cuvette naturelle car, de tous les côtés que ce fut-ce, la vue ne portait que sur de nouveaux arbres blanchis par le soleil. L'homme le devançant était de haute stature et enfilait les aisément les lieux sous ses pieds malgré sa posture courbée. Il se tenait fébrilement la poitrine des deux bras : quelques côtes cassées l'empêchaient de se redresser complètement. Il ne se plaignait cependant pas et sifflait même un petit air enjoué pour rythmer ses pas.
Ce rocher ne m'est pas inconnu non plus.
Il aurait été bien difficile de deviner la condition de chevalier du blond au vu de son aspect actuel. Il avait du se résoudre à abandonner aussi bien sa cape que son armure tellement les déchirures et les entailles y abondaient.. Il avait tenu à conserver son petit chapeau plat mais son cas n'était guère plus reluisant. Même sa tunique portait des traces de déchirures et, à sa ceinture, pendait une épée dont la lame était brisée.
Un œil averti aurait noté le pommeau incrusté de pierre précieuse, synonyme de richesse et de noblesse certaine du porteur. Mais, en vérité, son apparence était maintenant celle d'un vagabond. Cette constatation qu'il avait lui-même émise à son sujet ne semblait pourtant point le déprimer. Le beau temps et le but vers lequel il se dirigeait semblaient suffire à son contentement. Il sifflotait de plus belle.
Cet arbre m'est par trop familier aussi.
Salazar pouvait se vanter d'être bien plus présentable : il ne souffrait d'aucune blessure grave et sa tunique noire tenait en un morceau. Pourtant, le pauvre tissu de sa tenue, l'absence de cape et de coiffe, son ballot sur l'épaule faisait plus ressortir sa condition de pauvre que celle de sang-pur. En cela, l'austérité de son vêtement reflétait bien les conditions de la vie qu'il avait vécue jusqu'à présent. Ses parents morts dans sa jeunesse, il avait fui à l'intérieur des marais, vivotant dans une grotte. Privé de toute compagnie humaine, il avait vécu ces années en compagnie des serpents dont il parlait la langue.
Refusant de se laisser abattre, il avait entrepris un apprentissage sévère de la magie, se spécialisant avec acharnement dans les potions mais aussi les arts obscurs. Il avait monté un commerce de poisons, trouvant tous les ingrédients nécessaires à cette activité dans ces marécages. A défaut de trouver nombre de clients prêts à venir jusqu'à lui d'ailleurs.
N'est-ce point là les mêmes buissons d'épines qu'avant ? Mmmm…Talentueux, il avait de ses propres mains créer quelques abominations à but lucratif. Les châtiments terribles que Salazar avait emprisonnés en fiole de verre n'échappèrent toutefois pas à la vigilance de la Confrérie des Chevaliers, bras armé de l'Oligarchie Sorcière d'Angleterre. Une prime pour éliminer la menace noire des marais avait été instaurée, et le chevalier devant lui était venu le défier en ses propres terres.
Les seize printemps du jeune mage ainsi que son allure pâle et frêle contrastant trop violemment avec ses capacités et ses ambitions démesurées, il avait été, à son grand damne, prit pour l'apprenti du mage noir. Ce fut la première note d'une série de malentendus aux dimensions abyssales entre les deux hommes et celle-ci d'ailleurs perdurait encore. Le chevalier se trompa si bien qu'il voyait en Salazar, non pas un empoisonneur mais le gardien des marécages après la mort de son maître.
Une autre erreur fut pour le chevalier d'assassiner Gwendoline, favorite de taille parmi les serpents du fourchelangue. Les protestations pour cet acte furent d'une telle violence que les marais s'en retrouvèrent rasés et leur propriétaire, amnésique du déroulement de leur destruction.
Est-ce qu'il regarde où il va au moins ?Les talents de manipulateur de Salazar ainsi que la grande bonté du sorcier menèrent après la bataille à l'étrange résultat d'une association entre les deux. Le mage aux cheveux noirs avait accepté d'accompagner le chevalier sur la route. Par leurs deux forces réunies, ils accompliraient des Quêtes Glorieuses, chassant les maléfices gangrenant l'Angleterre et recueilleraient les primes et les honneurs donnés par l'état en récompense.
Et lorsqu'ils arriveraient jusqu'à la capitale, c'est aussi ensemble qu'ils demanderaient, pour le lord Serpentard, la reconnaissance en tant que véritable chevalier en dépit de son jeune âge. C'était là une quémande bien difficile à obtenir étant donné la lourdeur de l'administration. C'est pourquoi son nouveau compère lui avait promis que si, malgré leurs efforts, la nation lui refusait ce droit, il lui donnerait une compensation lui-même : l'intégralité des cents pièces d'or de la prime pour l'élimination de la menace des marais…
« Je me souviens d'un raccourci »… Mon œil, oui ! On tourne en rond !
Salazar avait au cours de sa vie perdu successivement ses parents puis ses marécages, son lieu de refuge, et son commerce de potions dans le même temps et enfin sa fierté de mage noir en s'engageant dans la chevalerie… Mais, à cet instant précis, ce n'était ni ses anciennes blessures, ni sa nouvelle condition de défendeur du bien qui agaçait autant Salazar.
« Godric, par Merlin, sais-tu où nous nous dirigeons ? Le premier village est supposé être direction ouest et nous marchons plein nord ! De plus, je suis persuadé que nous revenons sur nos pas !
- Mais non ! C'est bon ! Je suis passé par-là en venant. On va tourner à droite bientôt ! »
Godric Gryffondor reprit instantanément sa partition musicale à l'endroit où il avait été coupé et dodelinait de la tête en suivant le rythme. Il incorporant parfois deux ou trois mouvements de danse à sa marche au gré des racines des arbres ou des bosquets envahissants. Il était vraiment d'une humeur rayonnante, appréciant le décor de la forêt paisible : elle offrait un contraste bien venu avec les ruines des marécages d'où ils venaient...
Le garçon aux cheveux noirs, a contrario, ne resplendissait pas du tout. Il pestait largement contre son acolyte, contre la musique, contre le chemin, contre la nature et contre presque tout en fait. Il tentait désespérément de se boucher les oreilles tout en maintenant le bâton de son baluchon.
Il ne peut vraiment jamais rester silencieux, le biniou bondissant ! Quand je pense que je vais devoir supporter sa présence pesante jusqu'à l'arrivée à la capitale ! J'ai vraiment besoin du piston que peut m'apporter son père, l'un des Douze Commissaires de la Table Ronde…Mais après je me débarrasse de lui vite fait ! … Un beau ravin bien profond, un petit coup de coude et hop ! Je l'envoie réaliser la plus noble tâche qu'il ne pourra jamais accomplir : servir d'engrais par sa décomposition ! KssKss ! Je suis tellement méchant que je m'adore !
Salazar s'imaginait parfaitement la scène, lui, fièrement debout sur le bord de la falaise assassine et lança pour dernier sacrement un grave éclat de rire diabolique.
KssKss ! Méfiez-vous de mon infernale personne ! Oh, ma destinée va enfin s'éclairer, je le sens ! Evidemment, a priori je ne me serais jamais imaginé en tant que chevalier… Ces crétins pleins d'héroïsme vain et à la fonction cérébrale tout aussi inutile… Mais pour de l'or, pour de la gloire, et pour une introduction vers les plus hautes sphères du pouvoir ! Oui, pour cela je peux même servir mon pays un moment ! KssKss ! Et bientôt, je ne servirais plus que mes propres ambitions… je gravirais les marches vers la domination totale… Je deviendrais le commandant unique de ce pays… Je les dirigerais tous, entre mes deux mains ! A moi le pouvoir ! KssKss ! Je suis le plus fort, bandes de vermisseau, vous ramperez bientôt devant ma prestance !
Un sourire mauvais s'étira sur ses lèvres. Jamais il n'avait été aussi décidé dans sa volonté de réussir. Avec la destruction de ses marais, il n'avait plus aucun endroit où revenir. Il se devait d'avancer, plus loin, plus haut. L'anneau de sa famille disparue pendait autour de son cou, rappel permanent de son farouche appétit de grandeur. Il s'était promis de ne le porter à son doigt que le jour où il aurait ramené à la lignée des Serpentard tout le respect qu'il lui était dû. Cette chevalière était le seul témoignage de sa pureté de sang, de toute sa noblesse qui le distinguait du commun des gens. Ses doigts agrippèrent la bague au travers de son habit. Jamais il ne renoncerait, quelles qu'en fut les extrémités auquel il devrait arriver.
Et si par malheur, je n'étais pas accepté en tant que chevalier… Si l'Oligarchie Sorcière me refuse et les primes et les honneurs car je suis en dessous de l'âge légal de la pratique de la chevalerie… Alors ce serait un plus grand malheur pour tous mes opposants que pour moi !… Godric a promis de me donner l'or de la prime autrefois pesant sur ma tête… Quelle ironie…Enfin lui ne peut pas la saisir, vu qu'il ne sait et ne saura jamais que j'étais le vrai empoisonneur… KssKss…De plus, il est tellement désespérément droit que je sais qu'il le fera sans la moindre hésitation…Et avec cent pièces d'or…Cent pièces d'or… Oh avec cette somme, je pourrais créer tant de poisons terribles que tous les membres du gouvernement seront six pieds sous terre avant que l'on pense à mon éventuelle culpabilité ! KssKss ! Je prendrais le pouvoir de force s'il le faut, mais je l'aurai, foi de Serpentard !
A ces glorieuses pensées, l'amertume du jeune garçon s'effaça entièrement. Il pardonna même pour la musique. Mais pas vraiment pour le drôle de raccourci.
« C'est à peu prés par-là qu'on tourne. » Dit le chevalier en s'exécutant, coupant chemin à travers la broussaille.
Et il tourna à gauche.
« La droite, c'est l'autre côté je me permets de te signaler ! Ne pourrais-tu pas faire un peu plus attention ? » Interpella le jeune homme de son ton le moins charmant. Godric stoppa net.
Puis, dans un ricanement, il ajouta :
« A moins que tu sois inculte au point de ne pas savoir faire la différence ! ».
Salazar était encore de meilleure humeur après cela. Retournant un regard où ses iris clairs ne cachaient pas leur vexation, son interlocuteur lui répondit :
« Merci du renseignement, mais c'est à gauche que nous devons aller. Et si tu doutes encore, je serais fort aise de te convaincre d'aller à belle allure ! »
Il mima un magnifique coup de pied destiné à un fessier imaginaire et se retourna dans sa direction en grognant.
Salazar n'avança plus d'un pouce, observa avec admiration ses ongles dans une mimique méprisante.Il lâcha négligemment :
« Je te laisse le soin de deviner le fond de ma pensée à propos d'un type qui change d'avis sur la direction tous les cent pas ! Je vais t'aider : malgré les basses menaces, je ne le trouve pas très convaincant… pas crédible du tout…
- Mais je n'ai pas changé d'avis ! Débouches-toi les esgourdes ! » Râla Godric une nouvelle fois arrêté, pointant son doigt sur son oreille de manière très explicative.
« Et puis franchement, au vu de ton caractère… »
Il fit une grimace douloureuse
« Agréable ? »
Une nouvelle grimace
« Enjoué ? »
Puis chassant ses efforts ironiques d'un geste de la main
« Pff, je ne suis pas sûr de vouloir deviner tes pensées de tordu ! »
Le chevalier repartit aussi sec entre deux arbres, laissant un Salazar relativement désappointé par la critique.
« Tu as pris à gauche alors que tu avais dis que nous tournerions à droite ! J'appelle cela changer d'avis ! Et si par « tordu », tu appelles un être humain possédant assez d'intelligence pour se souvenir de ce qu'il vient juste de dire, alors à part les gastéropodes de ton espèce, tu risques de rencontrer beaucoup de « tordus » !
- Je n'ai jamais dis à droite ! Tu comprends rien ! Et je suis pas un gastérapote !
- Crétin de Gryffondor ! Toi, tu ne connais vraiment rien à rien ! Ni le vocabulaire de base, ni ta droite ni ta gauche ! Et surtout pas le chemin que l'on doit prendre ! Tu avais dis à droite ! Cette main là ! »
Salazar fit une jolie marionnette particulièrement pédagogique avec sa main droite. Le ton avait plus que légèrement monté entre les deux hommes et c'est en criant que Godric répliqua :
« C'est toi le taré ! T'es resté trop longtemps avec tes serpents, tu entends plus les humains ! Fourchelangue, toi ? Sourdingue, oui ! Dis-moi, que je sache pour la prochaine fois, gauche, ça se dit Grmmphiiiigulllrrreffsss ou Ffrrriisssuminnggguueeerrrr ! »
L'imitation salivaire du parler serpentin par Godric fit reculer d'un bond Salazar. Cette langue qui lui était totalement incompréhensible lui paraissait comme une suite de borborygmes, particulièrement baveuse dans sa caricature. Le jeune homme, ayant échappé de justesse à une ondée de postillons, riposta aussi sec :
« Mes serpents, quand ils disent qu'ils vont à droite, ils le font, eux !
- J'ai pas dis droite à la fin !
- Tu as exactement dis cela !
- Certainement pas !
- Certainement que oui !
- C'est pas vrai !
- Cela l'est !
- Non !
-Si !
-Non !
-Si ! »
Face à face, ils se hurlèrent dessus un bon moment, aucun des deux ne voulant céder le dernier mot. La colère commençait à submerger le chevalier, une veine battant furieusement sur sa tempe. Le mage, pour sa part, était déjà entrain de réfléchir à quelques crocs-en-jambe et autres ruses qui pourraient l'aider à triompher de son ennemi bien trop grand pour lui.
Mais c'est une autre voix qui explosa auparavant, par delà une petite colline envahie d'arbres cachant la vue, située tout droit devant eux.
« VOUS ALLEZ LA FERMER OUAIS ? IL Y EN A QUI ESSAYE DE MANGER EN PAIX ! »
Une multitude d'approbations viriles fit écho à l'impressionnante vocifération :
« OUAIS ! »
Godric et Salazar furent gelés dans leurs emportements. Un moment interdit, les deux hommes se regardèrent, pantois, puis, sans rien dire, parvinrent à la conclusion que la bonne direction devait finalement être ni à gauche, ni à droite…
Le garçon aux cheveux noirs partit en premier, attaquant vivement la montée. Au passage, il tordit une branche souple mais épaisse qui barrait la route, la retint un instant avec son bras en passant et prit bien soin de la lâcher quand l'autre arrivait. Le petit fouet végétal atteint Godric en plein dans ses côtes brisées. Un petit cri de douleur suivi d'un juron confirma que la cible avait été bien atteinte à un Salazar se réjouissant en silence.
KssKss… Bien fait pour toi et ton sens de l'orientation défaillant…Ils gravirent rapidement la petite colline, zigzaguant entre fourrés, bosquets et arbres tout feuillus gonflés d'été. Ce n'est que lors de leur descente qu'ils purent apprécier combien ils étaient prêts d'une auberge rangée entre l'orée de la forêt et une route de terre. Ils avaient du marcher longtemps dans la forêt en parallèle de celle-ci…
Des dizaines d'yeux inquisiteurs de clients assis en extérieur les observait arriver. Assis autour de table de pierre, les habitués grognaient encore pour le dérangement sonore que leurs avaient occasionné ces deux étrangers en haillon. Ils furent donc accueillis par moult regards méprisants, par des grincements de mâchoire de mines patibulaires et quelques impolitesses murmurées entre les dents.
« Fantastique… » Souffla le jeune garçon devant tant de bienvenue chaleureuse.
« N'es-t-il pas ? Quelle chance ! On arrive juste sur une auberge ! » Répondit Godric, heureux jusque dans le tremolo de sa voix, les yeux brillants à la contemplation de la taverne et par ailleurs parfaitement inconscient de l'accueil mitigé.
Le chevalier, sourire aux lèvres, franchit d'un pas allègre l'entrée du pub, suivi par Salazar se renfrognant déjà. L'intérieur était assez sombre, tout en bois, et vide de monde. Au sol de la paille avait été épandue. Quelques tables bordées de banc remplissaient les espaces entre les piliers. Des énormes tonneaux couchés, qui atteignaient presque le plafond par leurs tailles, se trouvaient alignés au fond de la pièce, provoquant un soupir voluptueux chez Godric. Un homme, qui était assis dehors, leva son ventre imposant de sa place au milieu d'un banc et rentra à leur suite.
« Qu'est-ce que vous voulez ? » Demanda le type en croisant les bras, l'air revêche. Le mage ne put s'empêcher de penser qu'une bedaine pareille était à coup sûr un atout pour bien croiser les bras.
De plus en plus rayonnant, presque brillant d'un halo surnaturel de gaieté, le sorcier blond répondit :
« Et bien, patron, pour commencer un tonnelet de bièreaubeurre, puis quelques poulets à grignoter, et pour finir l'adresse d'un bon médicomage ! »
Salazar déglutit. Il dût faire appel à toute la puissance de son contrôle sur ses émotions pour ne pas sauter à la gorge de Godric et de serrer ses mains autour de son cou… serrer jusqu'à ce que le sang reflue un peu dans l'éponge de ton cerveau et te fasse comprendre qu'un tel luxe est inaccessible ! Abruti ! Tu es plus vide qu'un potiron épépiné!
Le gérant, de plus en plus acrimonieux, toisa les deux hommes de la tête aux pieds.
« Vous avez de quoi payer ? »
Sans se vexer du ton âpre, sans quitter son sourire, le chevalier ouvrit une petite poche intégrée dans sa ceinture, y plongea deux doigts. Il fouilla un moment puis fit une grimace.
« Mmmm… je pensais qu'il y avait plus que ça… » Marmonna-t-il dans sa recherche, sous les regards dubitatifs aussi bien du patron que de Salazar. Il finit par attraper une pièce, ce qui semblait d'ailleurs un miracle vu la taille de la pochette, et la lança à l'homme ventripotent d'un jet de pouce.
« Ca devrait aller quand même, non ? » Conclut Godric, dans un sourire espiègle. Sans attendre la réponse il prit place sur un banc. Le jeune mage blêmit en voyant que la pièce lancée était du plus bel argent mais il se reprit et s'assit le plus naturellement possible en face de son compagnon.
Une pièce d'argent ! Il lui lance une pièce d'argent ! Pour juste manger et boire ! Quand je pense que je n'ai pu économiser qu'une pièce d'argent et deux pièces de cuivre durant toutes ces années de commerce de potions…Mais…Je veux être riche aussi…
Le visage impénétrable à son habitude, il dévisagea avec écœurement le gérant et sa bouche lippue ouverte en ahurissement total. Le regard du bien pansu passait de l'homme blond à la tunique déchirée, errait sur la pièce d'argent dans sa main, repartait en arrière et recommençait encore et encore. Il semblait s'enfoncer peu à peu dans une incompréhension noire, ses synapses n'arrivant pas à déchiffrer les deux visions paradoxales. Puis le commerçant en lui se réveilla brusquement : ses yeux devinrent humides, sa main trembla un peu et il dit d'une voix aiguë de surexcitation :
« Je vous apporte ça tout de suite, monsieur ! »
Puis il se retourna si vivement vers la porte que la masse de son ventre clapota. Il hurla :
« Matthiole ! Ramène-toi, tout de suite ! »
Le ci-nommé, plus petit et portant une barbe sale clairsemée, entra nonchalamment mais se fixa instantanément quand il aperçut le reflet métallique de la pièce que le patron tenait entre son pouce et son index.
« Sers un tonnelet de bièreaubeurre aux messieurs! Vite ! Et de la meilleure ! Et poliment ! Et va faire cuire des poulardes après ! »
Le petit barbu s'affola aussitôt vers les tonneaux, remplit un tonnelet de belle taille, le posa humblement sur leur table, courut attraper des godets de terre cuite, les remplit à ras bord puis les posa devant les eux hommes dans une pathétique tentative de révérence et enfin s'enfuit à nouveau pour s'occuper du repas.
C'est fou comme l'argent rend les gens immédiatement moins amorphe…C'est pathétique cette transformation en elfe de château !Godric était au comble de l'enthousiasme, des étoiles dans les yeux. On eut dit qu'il avait attendu cet instant de retrouvaille avec le liquide ambré des siècles durant. Il tendit bien haut sa choppe, s'éclaircit la voix et discourut dignement :
« A notre nouvelle association, Salazar ! J'espère que les quêtes que nous allons poursuivre nous seront toujours victorieuses ! Et qu'ensemble, chevaliers combattant côte à côte, notre bravoure mènera à sauver notre nation des dangers qui la menace ! A l'Angleterre, pour toujours ! »
Le sorcier s'attendait à une réplique, une acclamation déterminée de patriote chérissant son pays. Rien ne vint. Désolé, il intervint tout de même pour inciter l'autre.
« Euh… Salazar ? Hum !
- Ouais…A l'Angleterre… » Fut la seule verve que put apporter le mage. Dans un bouge infâme aux acres odeurs de virilité acquises à la bière, le chauvinisme apparaissait certes plus difficile mais c'est un autre problème qui le taraudait.
Moi… Chevalier… Mazette, cela me cause toujours un choc… Il va falloir que je m'habitue à beaucoup de choses futiles comme ce genre de discours avant de paraître crédible, moi…
Ils allèrent porter les coupes à ses lèvres quand ils furent interrompus par le patron ondulant d'avoir couru.
« Voilà votre médicomage, monsieur ! » Dit-il en présentant un vieux ressemblant à une tortue, la tête cachée dans son cou. L'histoire de la pièce d'argent avait du faire le tour des habitués installés dehors car le petit groupe venait d'entrer, les dévisageant férocement
« Fort bien… » Répondit Godric éloignant le verre de sa bouche, dépité de devoir repousser la dégustation.
Sans plus de manière, il défit les liens du devant de sa tunique, et après quelques gymnastiques douloureuses pour sortir ses bras, se mit torse nu.
Salazar prêta toute son attention à la scène de guérison afin d'apprendre les techniques de soin. Armé d'une baguette de bois vert à bout étrangement carré, l'homme-tortue suivit doucement le dessin de chaque côte, et s'arrêtait à certains endroit pour réciter la formule « Collos ». Quand il eut fini de brosser chaque partie de la poitrine, il avait du prononcer huit fois les paroles apaisantes.
Sans plus relever la tête, il marmonna dans ses rides:
« Joli score, chevalier… »
Dans sa lancée il soigna le poignet ainsi que sa cheville au travers même de la botte, puis deux entailles et une ecchymose à Salazar, qui n'avait rien demandé d'ailleurs. Bien que plutôt lent et vieux, l'homme était sûr dans ses mouvements. L'air soulagé de Godric qui s'étira longuement après s'être rhabiller confirmait la qualité du médicomage.
Mais quand sa face ridée se crispa vers la tête du mage, se concentrant pleinement en faisant tournoyer sa baguette, ce dernier ne se sentit pas vraiment rassuré. L'incantation, extrêmement longue, semblait lui demander un effort de concentration aux limites de ces possibilités. Aussi bien Godric que tous les rustres groupés au fond de la salle regardaient avidement le tour de force magique que le vieillard était sur le point de réaliser.
Merlin, mais à quoi sert cette formule interminable ? Je n'ai pas mal à la tête ! Ah ! Il veut me tuer et il y a tout le monde qui trouve le spectacle intéressant !Salazar se saisit de sa baguette logée dans sa ceinture mais avant qu'il n'ait put la prendre, il sentit comme un courant d'eau violent lui parcourir le dessus du crâne et tirer ces cheveux vers l'arrière. Il tenta d'agripper son cuir chevelu mais la sensation liquide le repoussa.
Le médicomage à l'air de tortue se leva sans attendre la fin du sort, et sans bruit, avec lenteur, et toujours sans relever la tête, partit en souhaitant « Bonne chance les chevaliers ».
Quand l'effet mouillé disparut de sa tête, il tapota avec angoisse son crâne et découvrit que ses cheveux étaient étrangement façonnés. Il releva le regard vers Godric dans l'espoir de comprendre quelque chose.
Celui-ci le contempla intensément la crinière noire de son camarade. Ses yeux se mirent à briller, et ses lèvres tremblèrent comme s'il était sur le point de pleurer. Salazar sentit une boule d'angoisse nouer sa gorge et frotta de plus belle sa tête.
Tout à coup, Godric explosa de rire, la tête en arrière. Il s'esclaffa toujours plus fort, frappant du poing la table. Il fut suivi par un léger brouhaha de ricanement de la part des clients regroupés. Le mage leur lança en retour son plus beau regard de haine, ce qui n'était pas rien, et les lazzi moururent en un concert de toussotements.
Seul le chevalier continuait dans son hilarité, plié en deux, se tenant les côtesmais pas de douleurcette fois.
Rhaaaa ! Arrête de rire ! Je vais te massacrer dés que j'aurais enlevé cetteimpression bizarreautour demon crâne !
Heureusement pour la vie de l'autre, sa friction n'était pas finie quand le fou rire se tarit enfin en un petit hoquet. Godric continuait de pouffer par intermittence en s'essuyant quelques larmes. Le jeune garçon le dévisagea de toute sa profonde antipathie mais sans oser enlever ses doigts de ses cheveux.
« C'est bon, tu peux arrêter, tu te décoiffes là ! » Pouffa le chevalier en saisissant les mains de Salazar.
« C'est bon, t'as rien sur le crâne, c'est qu'un sort pour plaquer les cheveux ! » Rajouta-t-il devant la grimace de l'autre.
« Tu sais » Conclut Godric en cachant son hilarité renaissante derrière son godet, « Je crois que le médicomage a trouvé que ta coupe de cheveux était le cas le plus grave d'entre tous ! »
Le mot de la fin de l'auteur qui laisse toujours un mot de la fin car elle ne rêve que de reviews, même tout éveillée :
Oh oui ! Chers lecteurs ! Bienvenue dans le monde fantastique de l'Angleterre au Xe siècle ! Il est beau mon Salazar ! Il est frais monRicquet (ou presque) ! Qui n'en veut ! Bon, je sais, l'aventure n'est pas vraiment présente à ce chapitre… Mais c'est pour vous préparer psychologiquement on va dire ! Déjà, c'était rude quand même, Sally prêt à faire une pub pour du gel ! Intense, non ? Moi, ça m'a épuisé émotionnellement parlant ! Bon, ben, je vais me coucher et avec un peu de chance, demain sous mon oreiller, j'aurais des petits commentaires ! ( Quoi, je ne vous avais jamais dis que je dormais sur mon ordinateur ? )
Godric : Ah ! On est enfin de retour ! Pour plein de nouvelles d'aventures !
Salazar : Youpi… On n'a même pas changé d'auteur entre temps malheureusement…
Godric : Bah qu'est-ce qu'elle a de si mal ?
Salazar : Je dirais une imagination si fertile ! T'as vu le titre, il est nul, et ce n'est pas un point d'exclamation qui arrange les choses, au contraire ! Et puis le sort pour réparer les os s'appelle « collos »… Pff…
Godric : C'est vrai qu'on a vu mieux comme jeu de mots… Enfin, moi, tant que c'est de toi dont on se fout de la gueule, je suis content ! Sympa la mèche au fait ! Hahahaha !
Salazar : Mais... C'est sensé être moi le héros…
