La connerie du siècle
Ouais décidément, il était dans la merde. Mais il ne pensait pas que ça irai jusque-là ! Quand Ace avait eu l'illumination ultime pour la connerie ultime, il ne s'était pas imaginé que ça tournerait aussi mal... Il y a de cela deux jours, les pirates de Barbe Blanche avaient eu l'incroyable occasion de voir Portgas D. Ace passer sur le pont en marchant tranquillement. Aucunes personnes à ses trousses, aucuns regards machiavéliques, pas même un sourire fourbe à l'horizon. Comprenez, ça faisait bien longtemps qu'ils n'avaient pas eu l'ombre d'un océan calme (on est dans le Nouveau Monde, rappelons-le, ce n'est pas de la rigolade…) sans que le commandant de la Seconde Flotte ne vienne briser ce-dernier. Un espoir était apparu, l'espoir que peut-être, le petit frère de la bande se responsabilise et devienne un adulte sage et reposant ! Mais c'était sans compter sur une petite lettre qui faisait toute la différence. Cette petite lettre qui venait se faufiler entre le « Portgas » et le « Ace »… Oui oui, on parle bien de la même lettre ! Malheureusement pour les pirates intrépides qu'ils étaient, Ace était un pur D. Aussi, lorsqu'ils remarquèrent qu'il s'était momentanément stoppé sans aucune raison, ils eurent peur. Car il ne s'arrêtait JAMAIS sans aucune raison ! Toutes les têtes se retournèrent vers Poing Ardent, qui arborait un magnifique sourire aux dents pointues. Encore un peu, et des oreilles de diablotin lui seraient apparus sur le crâne sans que cela ne choque personne. Ace fixait le vide, perdu dans des idées de plans que personne ne pouvait ne serait-ce que deviner. Il reprit tout à coup sa promenade d'un pas rapide, visiblement pressé de le mettre à exécution. Qui cela allait-il toucher ? Comment allait-il se débrouiller cette fois-ci ? Est-ce que ce sera moi ? La victime va-t-elle souffrir ? Va-t-elle être déshonorée complètement ? Vais-je encore me retrouver avec une banane dans les cheveux (la personne ayant émis cette pensée tient à garder son identité secrète.) ? Toutes ces questions hantaient à présent les hommes de l'équipage (Et les femmes. Plus rarement touché faute de nombre mais ça arrivait quand même) qui n'avaient qu'une hâte, en finir avec ce stress permanent que le Prince des pirates leur infligeait. La soirée se déroula sans encombre, le conspirateur avait souri sans rien faire de suspect, ce qui ne rassura pas plus ses frères. Alors que la fête battait son comble pour certains, on ne tarda pas à entendre des « bonne nuit » lancés à la volée, de ci, de là par ceux qui étaient des divisions chargées de corvées le lendemain. Et ce ne fut que quelques heures plus tard que les ivrognes finirent par s'endormir, par miracle après s'être traînés dans leurs couchettes respectives (Ou pas. Y'avait souvent des échanges durant les nuits quelque peu mouvementées…) Le soleil finit par se lever, éclairant un pont encore vide de vie. Ah ! Attendez ! Un être vivant occupait bel et bien le navire ! Mais… Serait-ce… Oui. C'était Satch, le cuistot de l'équipage, qui se rendait aux cuisines en sifflotant. Il ouvrit les portes qui grincèrent sur leurs gonds, puis pénétra à l'intérieur. Plus rien ne se fit entendre durant de longues secondes. Le navire était de nouveau esseulé. Un cri strident résonna alors, brisant le silence reposant pour les caboches maltraitées des alcolos d'un soir (qui se bourraient la gueule tous les soirs, au final.).
«AAAAHHHHH ! »
Certains tombèrent de leurs lits, d'autres se réveillèrent en sursaut, alors que d'autres s'en foutaient comme de leur première couche culotte, continuant à dormir, et les plus vifs tentèrent tant bien que mal de localiser la provenance du cri. Ce fut les commandants qui arrivèrent en premier sur les lieux du crime. Alors que Marco montait les marches des escaliers menant au pont 4 à 4, il tomba sur un Ace plié de rire, se tenant le ventre et montrant les cuisines du doigt. Il s'y dirigea donc, ignorant le fait que son intuition lui criait que son petit frère y était pour quelque chose, et découvrit une scène des plus comiques. Satch, étalé sur le parquet, était recouvert d'un liquide rose/rouge, limite transparent.
« C'est… ?
-Oui Marco, « c'est… » ! s'énerva le commandant de la 4ème division.
-Accident ?
-Oh non ! Bien sûr que non ! J'ai pourfendu de ma lame un tonneau et j'ai plongé dans l'alcool qui s'était répandu au sol ! J'ai malencontreusement oublié que ce n'était pas assez profond pour ma taille. Mais bien sûr que c'était un accident !
-Pardon, ne t'énerve pas ! Ça aurait pu être un sale coup de Ace, résonna Marco en ignorant le ton méprisant de son ami.
-Mais pourquoi c'est toujours moi qu'on accuse ? se plaignit l'allumette, qui peinait à essuyer ses larmes moqueuses.
-Parce que t'es qu'un sale gosse, et un D. par-dessus le marché ! répondirent en cœur les commandants de toutes les divisions présentes.
-Ouais bon, ça j'peux pas le nier… marmonna l'accusé. »
Et il repartit en se fendant la poire, bien décidé à raconter la mésaventure de Satch à Barbe Blanche, qui venait de s'assoir sur son fauteuil personnel géant. Ace se posa en tailleur en face de son père, qui l'observait, amusé.
« B'jour père ! Vous ne connaissez pas la dernière ? commença l'allumette.
-Non, j'ai bien peur d'en ignorer les détails. Mais à ta tête fils, je peux deviner que j'aurai bientôt connaissance d'absolument tout ce qui est croustillant.
-Vous êtes devin !
-Non, résigné. »
Et c'est ainsi qu'il débuta son récit, ignorant la petite pique de son père. On ne tarda pas à entendre le rire de Barbe Blanche dans tout le navire, qui redoubla d'intensité quand il aperçut Satch passer sur le pont, les cheveux complètement lisse à cause de leur précédent « shampoing ».
La journée se déroula tranquillement par la suite, sauf pour quelques marines malchanceux qui croisèrent la route du navire pirate… Malheureusement pour vous, l'auteur a été forcée de censurer ce passage, à la demande générale (sous la menace générale, si l'on veut être précis). Que voulez-vous, les pirates de la 6ème division ne tenaient pas à faire savoir que oui, ils s'étaient battus en tutus roses contre la marine après que leur commandant ai perdu au poker face à leur petit frère chérie adoré… Oups. Bon, les fuites d'informations, ça arrivait parfois, non ? Non ? Oui bon on s'en foutait, c'était plus drôle comme ça.
Bref, il faisait maintenant nuit noir, et seule la vigie était encore réveillée. Mais cette dernière ne pouvait pas apercevoir la petite ombre silencieuse qui se faufilait jusqu'aux cuisines… Car oui, croyez-le ou non, cette petite ombre était très douée pour faire des conneries en silence. Surtout si c'était des conneries poilantes ! Elle aurait gâché sa réputation « d'enfant terreur » à Dawn si elle n'était même pas capable d'embêter un tant soit peu l'équipage de l'homme le plus fort du monde ! Hum hum. Décidément, l'auteur était bien bavarde aujourd'hui… Bon, l'identité du malfaiteur grillée, plus besoin de le cacher (surtout que vous devriez avoir deviné), c'était bien notre allumette préférée qui se tenait à présent en face des tonneaux remplient d'un certain liquide cher aux cœurs des pirates !
Son sourire de démon aux lèvres, pas de doute qu'il avait une idée très nocive pour ses camarades, mais au combien géniale pour lui. Bah oui, on disait souvent que les D. étaient particulièrement simplets (blasphème ! Seul Luffy était comme ça !) alors qu'on oubliait (faute d'expérience) qu'ils étaient de purs génies lorsqu'il s'agissait d'emmerder leur monde ! Revenons à Ace, qui tenait actuellement un grand sac dans ses bras. Il versa son continu dans les barils, d'une quantité équitable de chaque puis se munit d'une grande cuillère de bois pour touiller activement sa création. Jamais il n'avait perdu son air de diable, et pour une fois, il voulait bien accepter le fait que oui, il était un démon ! Mais pas pour les mêmes raisons que le Gouvernement Mondial… Sinon pire !
Il hésita de longues minutes devant la réserve personnelle de son père, puis se résonna avant de faire l'erreur fatale. On ne touchait pas à l'alcool de Barbe Blanche ! Même quand on était un D. SURTOUT si on était un D. Les dégâts étaient trop considérables pour pouvoir les réparer de soi-même après. Et s'il était chopé, il serait le seul de corvées pendant un bon moment ! Non merci… Le petit frère partit se coucher en ricanant, bien décidé à se lever en premier pour voir la réaction des futurs malchanceux. Le soleil se leva donc, et les (futures) victimes commençaient à apparaître une à une. Aujourd'hui était un jour spécial, car… Ouais en fait, personne ne savait pourquoi, mais les cuisiniers avaient interdit l'accès aux cuisines pour toute la journée, car ils préparaient « quelque chose de grandiose » ! Ainsi, l'équipage avait décidé d'accoster sur une île pour la journée, profitant de leur liberté pour faire leurs petites affaires. Le rendez-vous était fixé à 18h00 précise, mais bien évidemment, le nombre de retardataires fut conséquent (d'où le 18h00. A force, les commandants étaient habitués et avançaient de deux heures le réel moment du « rendez-vous au navire sur le champ ! »). Finalement, tous furent réunis sur le pont, et les portes battantes claquèrent sur les murs. Les quelques 1500 têtes et des poussières se tournèrent vers la source du bruit et furent étonnés (ou plutôt, firent semblant d'être étonnés) de voir un énorme banquet (plus grand que d'habitude quoi…) se diriger vers eux.
Les cuisiniers apparurent finalement derrière la montagne de nourriture, essoufflés et souriants. Les pirates oublièrent leur dignité en plongeant la tête la première (littéralement) sur leurs frères (ou plutôt sur la bouffe, mais bon, faut bien idéaliser le côté fraternel de la famille…), devancés très largement par l'allumette qui avait déjà eu le temps d'avaler de travers, de boire pour aider à faire passer et de faire une crise de narcolepsie.
Un bruit impressionnant se fit alors entendre. Barbe Blanche… s'étouffait ? En effet, le papy moustachu crachait, toussait tout ce qu'il pouvait !
« Père ! Est-ce que ça va ? »
C'était Marco et d'autres dizaines de personne qui avaient crié en cœur, inquiets pour la santé de leur paternel. Allons faire un tour du côté de la tête d'Ace… Il était légèrement inquiet lui aussi. Mais pas pour les mêmes raisons… Il ne s'était pas trompé, si… ? Il n'avait quand même pas confondu la réserve personnelle de père et l'alcool de l'équipage ? Non, c'était… Si… Dans le noir, il avait peut-être mal vu… Ace éclata alors d'un grand rire nerveux, légèrement paniqué à l'idée d'être grillé. Jamais il n'avait vu quelqu'un toucher à l'alcool de père, et très franchement, il ne voulait pas savoir le sort qui était réservé à ceux qui osaient le faire. C'est alors qu'il remarqua qu'un silence de plomb régnait sur le bateau. Père ne s'étouffait plus, personne ne criai pour savoir ce qu'il se passait, les infirmières ne piaillaient plus… Non, tous étaient très calmes. Ils le fixaient avec insistance, leurs yeux posaient la même question, la question fatale, celle à laquelle Ace savait ne pas échapper…
« Tu n'as quand même pas osé ? ».
Et bien si. Il avait osé. Involontairement, certes, mais il l'avait fait. Mais comment leur faire comprendre que c'était un accident ? Surtout que savoir que c'était destiné au départ aux hommes et femmes de l'équipage n'allait pas leur plaire… Alors qu'il était en pleine réflexion pour réussir à se sortir de ce merdier, Ace ne vit pas Barbe Blanche se lever (ce qui était tout de même fort puisque ce-dernier était un géant. Un géant petit, certes, mais un géant quand même). Une ombre fini par lui faire relever les yeux, et il tomba nez à nez avec son père, qui le surplombait de toute sa hauteur. Et c'était ici qu'il en était. Dans la merde quoi. Ni une, ni deux, Ace se mit à courir. Plutôt que de rester sur le pont, il essaya de s'échapper dans les bats fonds du navire, priant pour que personne n'entrave sa course… Des mains tentèrent de l'agripper, des bras lui firent barrages tandis que des pieds se mettaient en travers de son chemin pour le déséquilibrer mais jamais Ace ne céda. Enfin jamais est un bien grand mot puisqu'il finit par se rétamer sur le bois, ses compagnons étant arrivé à leurs fins.
« Bande de traître ! s'exclama-t-il. Vous voulez donc ma mort ?!
-T'as fait une connerie monumentale, assume ! hurla l'un de ses frères.
-C'était involontaire ! geignit l'allumette en réponse.
-Mon cul ouais ! fit une demoiselle fort peu distinguée.
-Moi j'le veux bien ton cul… lui répondit une voix parmi la foule de pirate amassée.
-Ta gueule sale pervers ! hurla-t-elle en réponse.
-On peut en revenir à mon triste sort au lieu de faire un débat sur l'appartenance du cul de chacun ?
-Ace a raison. Livrons-le à père, je suis sûr qu'il sera très heureux.
-Mais pourquoi j'ai dit ça moi ? pleura la « victime ».
-Parce que t'es suicidaire.
-C'est un fait. »
Vous l'avez compris, Ace se retrouva finalement devant son père, attendant que la sentence soi donnée. La tête basse, le Prince des pirates se dit que pour une fois, son idée géniale n'était pas si géniale que ça…
« Marco ! tonna la voix de papy barbu.
-Oui, père ?
-Tu t'assureras de la punition de ton frère. »
Ace releva la tête, surprit. Mais pourquoi demandait-il ça à Marco ?
« -D'accord, yoï. »
Le Phoenix s'approcha du commandant de la seconde flotte, lentement. Trop lentement.
« -J'ai une excellent idée père yoï. Vous n'allez pas être déçu.
-C'est pour ça que je t'ai choisi, fils. »
Un sourire malsain apparut sur leurs lèvres, comme si les deux pirates étaient connectés, sachant par avance ce qu'allait faire le premier commandant.
Trois jours plus tard…
Mais pourquoi avait-il fait ça ?! Il ne voulait pas… Non il ne voulait pas ! Mais il n'avait pas le choix… C'était sa punition… Mais Marco aurait pu trouver autre chose ! Parce que… Faire ça ! C'était horrible ! Méchant ! Cruel ! Diaboliquement malsain ! L'idée en soi ne le gênait pas trop, c'était le lieu où il devait le faire qui était problématique… Ou plutôt, les habitantes de ce lieu ! Ace soupira, et s'élança sous les rires et encouragements de ses frères et sœurs. Les bourses à l'air, il traversa toute l'île des pirates Kuja en hurlant :
« JE SUIS UN IMBÉCILE PERVERS QUI VOUDRAIT QU'ON LUI TIRE DESSUUUUUUS ! PITIÉ PLANTEZ-MOI UNE FLÈCHE DANS LE CUUUUUL ! »
