Résumé : « Il se devait de le détester, même un peu, car ce gamin Russe bizarre, fraîchement transféré, n'avait en aucun cas le droit d'être meilleur que lui en ce qui concernait l'astronomie. Et le pire dans tout ça, c'est que le mec était de la team DC. » UA librement inspiré de XxFuyukaina-BakaxX.

NdP : L'Univers Alternatif provient de XxFuyukaina-BakaxX.

Attention : Ivan connaît un TSPT dans cette fanfiction, mais n'étant pas une professionnelle, si vous remarquez des incohérences, n'hésitez pas à me le signaler ! Mention de viol, de suicide surtout dans le prologue.

Le Gouffre

Prologue

« 3e suite pour orchestre de Bach »

Pétrifié. Son corps ne répondait plus au flux abondant de ses pensées, flux abondant du sang qui coulait devant lui. Il n'osait même plus trembler et il voyait ce sang, en-dessous de la peau blanche de Yekaterina, Katyusha, le sang de leur famille. Il le reconnaissait. Il le voyait dans sa tête, le bruit qu'il faisait, un écho distant, un murmure blessant qui le conduisait à la folie. Beaucoup trop de sang.

Et si ses yeux se détachaient du spectacle, s'il s'aventurait à regarder le visage du tortionnaire, qui osait rendre si laide la peau de Katyusha, il ne savait pas ce qu'il lui arriverait. Peut-être qu'il croiserait ce regard, et peut-être que ce serait alors son tour.

Il retenait son souffle pour qu'on ne l'entende pas, retenait sa petite sœur contre lui pour qu'elle n'assiste pas au funeste spectacle – et que son innocence soit préservée, que ses sens soient sauvés. Qu'elle n'ait pas à supporter les cris déchirants de Katyusha.

Une erreur d'attention et son corps entier trembla. Il laissa un sanglot s'échapper de sa gorge, et seulement alors il se rendit compte qu'il pleurait. Père se retourna vers lui.

Ivan voulait l'appeler, pleurer contre son épaule et qu'il lui dise que ce n'était pas pour de vrai, ce qu'il voyait, qu'il le berce comme le faisait leur mère, qu'il leur dise qu'il les aime et que ce n'était qu'un mauvais moment à passer. Qu'il leur dise qu'il ne recommencerait plus jamais à leur faire du mal, comme il promettait à chaque fois.

Ses yeux suppliaient à Père que ce ne soit que ça, et il reçut une bouteille fracassée contre sa tête. Elle se brisa, et il saignait. Il cria et pleura encore plus. Il pensa alors qu'il avait aggravé la situation, et que son Père était encore plus fâché. Il porta une de ses mains à son front. Il avait juste hoqueté une fois, bien trop fort. Il murmura une litanie d'excuses, mêlées à des faibles « s'il te plaît, ne fait plus de mal à grande sœur », un espoir vain face à ce Père qui n'allait de toute façon jamais plus les étreindre. À la place, il resta muet et poussa violemment Katyusha, cette grande sœur si belle et si innocente que les anges tomberaient du ciel pour sécher ses larmes et panser ses blessures.

Aucun ange ne tomba ce jour-là, si ce n'est Yekaterina elle-même.

Les boutons de son chemisier sautèrent, ses seins pendirent. Elle criait horriblement, et plus les coups s'accumulaient, plus sa voix tombait dans le néant, s'étouffant. Père parla, et Ivan remarqua qu'ils étaient maintenant tous les quatre, dans la pièce, à pleurer. Père lança autre chose – n'importe quoi, pour qu'Ivan et sa petite sœur partent.

Mais il resta immobile, terreur le dévorant, son cœur lui commandant de faire quelque chose afin de retarder tout ça. Il ne savait pas ce que c'était, mais il discerna dans le regard de Katyusha qui appelait à l'aide, que cela n'était pas bien, pire que tout. C'était mal. Sa main sanglante, sa petite sœur blottie contre lui pour se protéger et son bras qui tentait lui aussi de la garder de cet effroyable acte. Il ne pouvait pas bouger. Ce qui était sur le point d'arriver le tétanisait.

Pas même ses yeux ne purent se fermer. Ses oreilles bourdonnaient.

Ce soir-là, Ivan et Yekaterina Braginski se firent violer par leur père.

x

Natalia savait que c'était de sa faute. Le cauchemar avait commencé après ses sept ans, mais elle savait que le problème datait de bien plus longtemps. C'était sa naissance qui n'avait causé que le chaos.

Maintenant, sa famille – du moins ce qu'il en restait – perdait la vie peu à peu.

Le visage poupin de Katyusha, sa grande sœur, était sombre et fatigué. Son sourire était craquelé, ses lèvres gercées saignaient souvent. Elle pleurait plus que ce qu'elle ne pouvait être chagrinée, ce qui était beaucoup trop. Elle n'avait que quinze ans.

Son grand frère, lui, était aussi couvert de bleus, son nez semblait cassé très souvent. S'il n'avait plus la force que Katyusha tentait de garder pour apporter du bonheur, il faisait son possible pour protéger avec toute la sincérité de son amour ses deux sœurs. Ivan n'avait que onze ans.

Mais à quel âge avons-nous vraiment le droit d'être aussi malheureux que ne l'étaient ces enfants ?

Natalia n'était qu'une petite fille de neuf ans et n'avait jamais appris à être dans un foyer respectable depuis sa naissance, qui tua sa mère, elle n'avait pu être éduquée que par un Père plus instable que présent. Yekaterina avait eu six ans et Ivan deux à ce moment. Pendant des années alors, ils furent pris en charge par un Père qui essayait de garder la tête haute. Mais le temps passait, et à travers chacun d'eux, spécialement Katyusha, le visage de celle que Père avait aimé se dessinait de plus en plus. Les Braginski savaient qu'un moindre geste pouvait rapidement les faire choir, que le déséquilibre n'avait aucun mal à les atteindre – c'était un terrain glissant, plus propice que n'importe qui, ce qui avait rendu la vie de leur Père compliquée déjà avant leur naissance. Ce jusqu'à ce qu'il ne rencontre leur mère.

La tristesse ne loupa donc pas sa cible. Une mère morte, trois enfants battus et un Père alcoolique, qui voyait le visage de sa chère et tendre perdue à travers ce qu'elle lui avait légué. En deux ans, tout le décor cartonné qu'ils avaient tenté de faire tenir debout malgré les tempêtes avait brutalement été massacré. Père avait commencé à boire, et ne tenait plus debout.

Ce soir-là, il été rentré particulièrement saoul. Sur ses petites jambes, Natalia qui allait de moins en moins à l'école s'était précipitée dans sa chambre, et c'est Ivan qui avait fait face à leur Père. Le reste ne fût que violence, et bientôt ils furent conviés de force dans la cuisine.

La situation devenait de moins en moins supportable, tout glissait rapidement. Quelle chance avaient-ils, tous, après tout ? Dans ce pays, dans ce village, dans l'hostilité de leurs vies, dans la maison où le fantôme d'une douce mère vivait et les hantait.

Katyusha ne pouvait que promettre que tout s'arrangerait, mais après ce soir-là, elle ne dit plus rien. Elle pleura. Et les trois enfants n'avaient plus qu'eux sur qui compter.

Plusieurs jours plus tard, en tentant d'éviter de croiser leur Père, ils étaient sortis. Le temps était doux. Ils allaient rentrer quand Natalia tira sur la manche du manteau bleu marine de son frère, pour attirer son attention. Ivan s'accroupit pour l'écouter, grimaçant en sentant les blessures de quelques jours plus tôt lui rappeler leur existence. Elle se pencha près de son oreille et chuchota : « Je ne veux pas rentrer à la maison. »

Une vague de tristesse voila le regard d'Ivan en entendant les mots de sa petite sœur, et il l'a pris dans une étreinte se voulant rassurante.

« On va s'en sortir, » il murmura contre sa petite sœur. Il ferma fort ses yeux alors que son esprit recréait les images de tout ce mal que Père avait fait quelques jours seulement auparavant. Il avait voulu protéger Katyusha, en restant présent. Il serra les dents, pressa légèrement Natalia contre lui et la relâcha. Il essaya de ne pas trembler – il devait ne pas y penser.

Inquiète, sa grande sœur avait posé une main sur son épaule dans une question muette. Ses yeux brillants menaçaient de laisser couler des larmes une nouvelle fois. Ivan lui sourit, embarrassé, et secoua ses mains devant lui en signe de « Tout va bien, Yekaterina. » Elle lui rendit son sourire, la détresse tâchant toujours son visage et ses joues rosies.

« Il faut faire quelque chose, Yekaterina. Natalia a raison. »

Ils ne purent rien faire, le destin décida de faire les choses à leur place. Ce qui fût cruel – ces enfants damnés.

Ivan fût éprit d'une nausée en rentrant dans leur maison creuse. Yekaterina avait glapit de terreur et sauté sur sa petite sœur pour lui cacher les yeux de sa main.

Il tanguait. La corde grinçait, le bois du plafond fit tomber de la poussière. Un papier à terre, plié comme s'il sortait de son enveloppe. Le frère et la sœur n'avaient encore rien vu de tout ça, ni le cachet des autorités sur la lettre. Non. Katyusha resta là à chercher de l'air, son autre main devant sa bouche, les larmes lacérant ses joues. Bientôt elle emmena Natalia à l'extérieur de la pièce, et Ivan put entendre les questions de sa petite sœur et les vomissements de Yekaterina.

Mais lui restait debout, le souffle coupé et les épaules crispées. Son regard était fixé sur la peau bleue du cou de Père. Sa nuque était entourée d'une corde qui l'enserrait bien trop. Le cou. Si fin. La peau. Si bleue. Le verre partout, craquant sous ses pieds, la salle si sombre, toute sa vie si sombre, le gouffre qu'il sentait sous ses pieds, qui commençait à se creuser – il perdait l'équilibre mais ne pouvait pas bouger. Et ce visage inconnu, qui pendait comme si la tête allait tomber par terre. Mais Ivan ne pouvait pas bouger.

Devant lui, Père s'était donné la mort.

Père les avait abandonnés.

x

La plupart des gens auraient renoncé à l'idée de sauver Ivan Braginski. Le sauver de quoi ? De beaucoup trop de choses, justement.

Il aurait fallu le sauver de son passé, principalement : mais chaque Homme a besoin d'être sauvé, non ? De leur passé, principalement...

De leurs démons. Ivan pouvait les voir et les entendre, son sommeil tourmenté. Ivan voyait des choses que personne ne voyait, par moments, pouvait entendre des choses étranges lorsqu'il était seul.

Il aurait fallu le sauver de sa solitude, face au monde. De la perte de ses parents de son statut d'orphelin Russe, de ses troubles maladifs. Il aurait fallu le laisser grandir, bien plus, avant qu'il ne voie sa mère mourir. Qu'il vive autre part, à un autre moment.

Mais il n'en savait rien.

Il était effrayé. Par des choses ou par des gens dont il savait pourtant qu'ils ne pouvaient pas lui faire de mal. Tellement effrayé, tellement ignorant du mal qui l'habitait, qu'il en usait comme barrière contre les autres. Son système d'auto-défense s'était alors enclenché. Il savait qu'il pouvait facilement inspirer de la crainte aux autres, et le faisait parfois juste pour s'amuser.

Après tout, il lui suffisait d'être intelligent, et sa famille serait sauvée.

Un chemin tortueux, des maux que personne ne voulait entendre, mort sur l'âme, meurtre sur la conscience, l'existence de toute cette souffrance.

C'est à cause de ces tourments qu'à la place d'Alfred Kirkland, n'importe qui aurait abandonné l'idée de traverser ce gouffre si dangereux, de tenter de hisser Ivan sur ses deux pieds. Personne ne l'aurait rattrapé avant qu'il ne tombe. Mais n'importe qui n'était pas à sa place, et Alfred sauverait Ivan peu importe ce qui lui en coûterait…

Le plus important n'est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d'être.


NdP : Quelques petites précisions sur la fanfiction ; La plupart des couples sont composés des versions féminines des personnages (Feliciano Vargas devient Felicia Vargas, Francis Bonnefoy devient Marianne Bonnefoy, Gilbert Beilschmidt devient Julchen Beilschmidt) pour faire des couples hétérosexuels. Donc si certains n'aiment pas l'idée alors... et bien excusez-moi ! Ainsi j'ai écrit cette fanfiction.