Il était tard lorsque je rentrai à notre appartement en ce mois de février 1896. Si j'aurais su que j'allais être témoin d'une scène qui me bouleverserait tant, je puis assurer le Lecteur que je ne serais jamais rentré à cette heure-ci. Mais je m'égare, je vais tenter de perdre cette mauvaise habitude comme la qualifie mon ami de commencer par la fin.
J'entrai dans le vestibule fatigué par ma journée à mon cabinet, fatigue aggravée par le temps glacial de Londres en cette époque de l'année. On ne pouvait y voir à deux mètres devant à cause du brouillard épais. Mme Hudson avec sa sollicitude habituelle vint me décharger de mes affaires et alors qu'elle accrocha mon manteau, je montai les escaliers.
Je reconnu la voix de Holmes dans le salon, son ton était calme mais plus sévère qu'a son habitude, quand à la seconde, même en l'ayant si peu entendu, je reconnu la voix de son frère Mycroft Holmes , voix plus grave et plus forte que son frère cadet. Je m'approchai plus près de la porte puis alors que j'avais décidéde monter dans ma chambre laissant les frères Holmes entre eux, j'entendis qu'on prononça mon nom. Surpris je redescendis la première marche discrètement et me plaça derrière la porte en étant le plus silencieux possible connaissant la ouï fine de mon ami.
Je vais tenter de rendre compte de la discussion, qui je peux avouer en toute honnêté fut une des plus désagréable qu'on m'ait donné d'écouter.
« Allons bon Sherlock, peux- tu au moins essayer d'entendre ce que je dis ? »
« J'ai entendu mais je ne vois pas où se trouve ton intérêt dans l'affaire »
« Mon intérêt? N'est-ce pas l'intérêt de tout frère de protéger son frère cadet »
« Si ce n'est que cela, sache alors que j'ai pris en compte ta sollicitude »
« Sherlock crois-tu que tu peux t'amuser de cela ? Ton arrogance n'a pas de place dans une telle discussion. Le docteur sera peut-être plus lucide face à ma proposition et aura l'humilité de l'accepter »
« Mycroft ! »
Dieu cette voix, j'en eu des frissons, mon ami n'était pas homme à élever le ton, il savait manier les mots afin de donner l'impression qu'il voulait donner donc quel fut mon étonnement que son ton soit dur envers son frère.
« Que croyais-tu Sherlock ? Qu'à notre époque deux hommes peuvent continuer à vivre ensemble alors qu'ils ont dépassé la trentaine. Sois réaliste ! Le Docteur est un homme banale mais honnête donc je pense que lui offrir un cabinet dans un des quartiers le plus select serait une récompense à la hauteur de ses services rendues »
« De ces services rendues, est ce que tu t'entend parler ? Que crois-tu qu'il soit ? Ai la décence de ne pas répondre à cette question. Garde ta proposition pour toi, mon frère, je ne permettrais pas à quiconque de décider de la manière dont je vis et encore moins de la manière dont Watson doit vivre. »
« Tu essayes de gagner du temps mais nous savons que d'ici peu tout ceux-ci ne sera que souvenir Mon cher frère la solitude est notre seule compagne en ce bas monde, d'autant plus pour notre famille. Il t'a laissé une fois, il le refera et tu le sais autant que moi. »
« Je ne te raccompagne pas tu sauras trouver ton chemin»
« Parles lui de ma proposition et nous verrons bien »
« Je crois de ne pas avoir à me donner cette peine, Watson ouvrez la porte afin que mon frère puisse nous quitter »
Je sursautai et ouvrit la porte presque honteux d'être pris. Le frère ainé jeta un dernier regard à son frère et fit un hochement de tête en me souhaitant une bonne soirée. Je crus voir un sourire dessiné ses lèvres mais je ne suis sûr de rien.
Holmes se mit dos à moi et sembla perdu dans la contemplation de la rue. Je fermai la porte et resta planté sans détacher mon regard de mon ami. Je connaissais par cœur ce profil mince et grand d'une élégance féline et toujours habillé d'une redingote noire. Je ne sus réellement pas comment entamer un dialogue surtout que je ne pouvais que remarquer sa sombre humeur.
« Holmes… »
« J'espère que ce cela ne deviendra pas une mauvaise habitude d'écouter aux portes »
« Je m'en excuse, j'ai entendu mon nom et la curiosité a guidé mes pas »
Holmes se retourna vers moi puis se dirigea vers la cheminée pour prendre une de ses pipes.
« Pouvons-nous parler de la discussion que vous avez eu avec votre frère? »
Il jeta énergiquement l'allumette dans le feu et s'appuya sur la cheminée en fumant.
« Pourquoi ? Voulez-vous accepter son offre?»
Je tentai de ne pas faire attention à la douleur que me provoqua ses mots et me rapprocha de lui
« Non mais si pour une raison quelconque je suis contraint à partir, je le ferais »
Holmes me scruta un instant et Lecteur je ne sus la teneur de ses pensées mais je recula instinctivement face à la force de son regard mais l'instant d'après il redevint aussi calme qu'a l'accoutumé. Sa voix se fit aussi maitrisée qu'a l'ordinaire
« Donc vous souhaitez partir ? »
Je fus horrifié par ces mots.
« Non ! Bien sûr que non ! »
« Alors il n'est plus nécessaire d'en parler Watson, maintenant que diriez-vous de prendre notre dîner ? Vous semblez épuisée par votre journée. »
Alors qu'il se leva pour s'assoir sur une des chaises proche de la table du salon, je pris mon courage et lui dit d'une voix calme.
« Holmes, il vous arrive de vous comporter comme un enfant, ainsi je ne ferais pas attention à vos remarques, si pour une raison ou pour une autre, ma présence peut vous causer du tort et avoir des conséquences sur votre travail alors vous savez bien que la décision de partir serait une évidence "
J'avais dit à cela en le regardant dans les yeux, en me montrant déterminé mais d'une voix calme qui je savais avait pour vertu de calmer Holmes lorsqu' il été particulièrement nerveux. Son regard devint impatient, je savais qu'il n'avait pas l'habitude que je m'oppose à lui aussi fermement mais j'étais décidé pour son bien à franchir les lignes que nous nous étions délimités.
Il se leva et regarda à nouveaux quelque seconde par la fenêtre comme il lui arrivait de le faire lorsqu'il réfléchissait puis il se retourna : Lecteur quel regard il me lança, empreint d'une nervosité que je n'avais jamais vu même dans les affaires les plus compliquées et dangereuses. Peut-être dois-je préciser à nouveau la signification du terme « nervosité » pour éviter toute confusion. La nervosité de Holmes qui n'a aucun lien avec l'angoisse ou un quelconque sentiment s'en rapprochant est plutôt physique, lorsqu'il a une telle énergie presque maladive que tout son corps et son esprit est tendu pour trouver le fin mot d'une énigme. C'est une chose presque inquiétante en le fait qu'il perd tout équilibre de vie mais elle avait contribué à la réussite de beaucoup de ses affaires.
Il me dit d'un ton agacé
« Est cela votre souhait de partir? »
Puis se rapprochant de moi il me dit d'une voix plus sévère et en haussant le ton.
« Est cela votre amitié Watson, partir dès que quelque chose ne vous convient pas ? Ai-je eu raison de placer toute ma confiance en vous, de ne jamais douter de vous, de vous considérer comme mon ami ? »
Je sentais tout mon être inquiet, presque tremblant de ces mots qu'il n'avait jamais prononcés auparavant, de cette amitié dont il n'avait jamais parlé. J'avais cru que Holmes me considérait comme une simple habitude, un meuble qu'on ne remarque pas mais pourtant qu'on sent la présence. Je ne pouvais rien répondre car j'étais troublé, ma gorge sèche et j'avais l'impression de ne plus avoir de voix.
Il continua en faisant des gestes nerveux, je vis dans ses yeux reflétaient une fébrilité que je n'avais que rarement vu auparavant
« Est-ce une preuve d'amitié que de partir lorsqu'un ami a besoin de vous? Ne prenez pas cela comme excuse de me sauver malgré moi car je n'en ai nul besoin alors dites que vous voulez partir de votre propre volonté car vous ne supportez plus mes manies mais ne vous servez pas d'une discussion entre mon frère et moi. Depuis le temps que nous nous connaissons, je crois que je peux exiger de vous la vérité Watson »
Il me regarda attendant une réaction de moi, je tentai de remettre mes idées en place et ne put que prononcer son nom après quelque que instant de silence.
"Holmes "
Je me tus et m'assit, pourquoi n'avais-je pas la force de partir ? Tout d'un coup j'eu la réponse, car il avait -pour l'instant - besoin de moi et savoir cela pouvait pour certain n'être rien mais pour moi cela signifiait beaucoup de la part de Holmes et du grand génie qu'il était. Il n'était pas Homme à se dévoiler de la sorte : c'était un homme de science et il voulait que l'on se souvienne de lui comme étant cela, il voulait montrer aux autre que même dans sa vie privée il n'était qu'Homme de Science. Pourtant ne venait il pas de me dire qu'à ses yeux, j'avais une certaine importance, que cela le toucherais si je décidais de déménager.
Lorsque je relevai mes yeux pour le poser sur lui, je vis qu'il n'avait pas bougé de place mais que ses yeux, son corps ne reflétaient que l'impatience.
Je décidai de parler et dit d'une voix touchée que je tentai tant bien que mal à maitriser.
"Holmes si vous me dites que je puis vous être d'une aide quelconque, que malgré mon rôle modeste dans vos affaire je vous suis d'une utilité, alors tant que cela n'est pas mal pour vous, cela serait un grand plaisir que de pouvoir rester prés de vous en tant que collègue et ami "
Je vis ce que je cru être du soulagement mais pour être plus objectif, je dirais que le calme était revenu en Holmes. Il se rapprocha de moi, je me levai pour tentait d'effacer les restes de mon trouble à cet instant Holmes m'effleura l'épaule pour me signifier qu'il souhaitait que je reste assis. J'obéis sentant mon corps pris d'une étrange sensation.
Il se mit en face de moi en s'appuyant sur la table, son visage commençait à être enveloppé par la fumée de sa pipe. Il avait l'air perdu dans d'étranges pensées puis son attention se posa sur moi et il sourit presque tristement. Sa voix me parut lointaine lorsqu'il parla
« Quel étrange vision j'aurais eu en vous voyant avec vos bagages sur le seuil de notre porte, rien que d'y penser j'en ressens de l'horreur mon ami. Quant aux discours de mon frère je tiens à préciser certains détails pour clôturer définitivement la chose. »
J'attendais patiemment alors qu'il sembla mettre de l'ordre dans ses pensées
« Mon frère est un homme d'Etat comme vous le savez et il est peu dire que son image est d'une première importance dans le monde sans pitié qu'est la politique mais admettons aussi car il est mon frère que mon cas lui apporte pour d'autre raison, il est homme à être obéi mais je ne suis pas homme à obéir Watson comme vous le savez. Nos vies n'est l'affaire de personne et encore moins de mon frère. Les rumeurs et l'opinion de la bonne société ne m'intéresse en rien sinon je n'aurais pas créé mon métier. Comprenez-vous? »
Je hochai la tête, son visage se détendis et son sourire devint sincère, il prit un siège près de moi
« Mais je sais que vous avez un métier, une clientèle, des exigences à laquelle vous devez obéir »
Je souris à mon tour
« Je crains de ne pas être aussi libre que vous »
« Votre réputation c'est de cela dont il est question? »
Je ne pus qu'acquiescer.
« Mais je suis un êtreégoïste, mon cher Watson donc je crains que vos inquiétude ne soient pas les miennes. Je vous ai déjà parlé de céder votre cabinet pour être entièrement disponible pour mes cas »
Je souris plus qu'amusé qu'agacé par sa volonté de me mettre entièrement à sa disposition mais j'avais toujours voulu garder une part d'indépendance et je craignais devenir fou en restant auprès de lui toute la journée.
« Et vous savez qu'il en est hors de question »
Il fit un mouvement de tête aucunement irrité à mon étonnement et je crus voir dans son regard une promesse pour l'avenir. Il posa un instant sa main sur mon épaule et se releva au moment où la porte s'ouvrit avec Mme Hudson et notre diner. Elle déposa rapidement le plateau
« Mr Holmes, veuillez m'excuser, j'avais à peine détourné le regard que le bon docteur était monté à l'étage »
Holmes s'assis et servis
« Ce n'est rien Mme Hudson, n'en parlons plus »
Elle me jeta un regard bienveillant et sortit aussitôt.
« Alors comme cela vous aviez voulu garder la porte »
Holmes éteignit sa pipe.
« Je connais votre curiosité et il était évident que malgré le grand respect que vous portez à la vie privée, je savais que vous ne pourriez-vous empêcher d'écouter aux portes. »
Je souris et commença à manger. C'est ainsi que la soirée laissa place à la quiétude que je pensais avoir bien mérité.
Je crains qu'à l'époque je n'eus pas assez de recul pour voir que cet évènement deviendrait le début d'une longue liste. Sincèrement je ne peux dire si mon ami prit conscience de quelque chose dans la discussion avec son frère ou dans ma réaction qui suivit mais je sais juste que petit à petit notre vie changea. Si j'avais su l'avenir aurais-je quitté Holmes ? Je ne le sais pas mais je le crains. Je n'ai guère confiance en moi pour m'assurer de mon comportement.
J'ai fait l'erreur d'oublier que lorsqu'on vie avec Mr Sherlock Holmes rien n'est question de hasard et que lorsque celui-ci a une idée dans la tête rien ne pourra lui en détourner. Pas même, je le crains, l'humble ami que je suis.
