Bonjour à tous !
Voilà bien des années que je rêvais, à l'instar de nombre d'auteurs de ce site, d'écrire un calendrier de l'Avent mettant en scène nos héros préférés. Je n'avais malheureusement jamais pris le temps de le faire.
Et puis, cette année, j'ai décidé de me lancer, en grande partie pour remercier une amie de me faire toujours de si merveilleux cadeaux (que ce soit par ses écrits, ou bien en me faisant la joie de m'emmener bientôt voir nos héros continuer à grandir sur les planches d'un théâtre londonien), et en aussi grande partie pour partager avec vous tous mon amour inconditionnel pour Noël ET Harry Potter !
Je vous invite donc, vous qui passerez par ici, à ouvrir chaque jour les cases de ce calendrier de l'Avent, dont le thème sera cette année la neige.
Et puisqu'on peut consommer avec gourmandise autant de calendriers de l'Avent qu'on le souhaite, je vous conseille avec honneur et plaisir d'aller également déguster celui de quatre8ss, intitulé « Cher Père Noël » (Ma chère Ssounette, tu ne t'y attendais sans doute pas, mais le voici, mon modeste calendrier de l'Avent, commencé aujourd'hui sous l'impulsion de te rendre modestement de ton amitié. Je t'adore, jusqu'au ciel).
Bonne lecture à tous… et bon décompte jusqu'à Noël !
Avec toute ma tendresse,
Rickiss
Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J.K. Rowling.
Rating : K
Avant que la neige ne retombe
Les flocons tourbillonnaient sous le petit dôme de verre, transformant l'espace d'un instant le paysage figé dans son plastique coloré en une rue de Paris animée et joyeuse.
Quand les minuscule pétales blancs retombèrent sur le socle, le petit garçon tendit la main, attrapa sans hésitation la boule à neige, et après l'avoir retournée d'un geste ample, reposa le globe sur son bureau. La danse des flocons artificiels reprit, rallumant dans les yeux verts l'étincelle d'un émerveillement enfantin sincère.
Avec une infinie patience, Albus Severus passa ainsi une heure à observer sans se lasser les fines billes blanches recouvrir, en une valse envoûtante, les toits gris et verts de la capitale française, et cette étrange tour en pointe appelée Eiffel, et ce trottoir où s'enlaçait un couple devant une boulangerie, un fleuriste et une librairie.
L'enfant ne connaissait pas cette ville -tout juste savait-il la situer vaguement sur une mappemonde. Mais à travers cette petite scène qui prenait vie par la magie de cette neige de papier, sous ce dôme de verre et plastique, il avait l'intime conviction d'avoir lui-même foulé ces pavés, senti l'odeur des croissants chauds, entendu carillonner les cloches de cette église si joliment nommée Notre-Dame.
Avec un petit soupir satisfait, Albus finit par se redresser sur sa chaise. Il jeta un coup d'œil par la fenêtre de sa chambre : mais dans les rues du Londres sorcier, point de vraie neige aujourd'hui. Dommage. Mais ce n'était pas grave : du haut de ses cinq ans (et demi !), le fils d'Harry et Ginny avait la patience d'un vieux sage. Rien ne semblait jamais le contrarier.
Bien sûr, ce n'était pas vrai. Albus ressentait bien, parfois, de la tristesse ou de la colère. Pour certaines choses. Mais il avait aussi ce recul -étonnant pour son âge, mais si pratique chez un enfant- qui lui faisait relativiser toutes les mauvaises choses que la vie pouvait mettre sur son chemin.
Comme aujourd'hui, par exemple : pas de neige, alors qu'on n'était qu'à quelques heures de Noël.
Et pas de papa non plus, avec qui se réjouir des douze coups de minuit qui annonceraient l'arrivée des cadeaux.
Mais l'enfant savait que se plaindre ou pleurer ne ramèneraient ni la neige ni son père.
Alors, courageux de ce tendre optimisme que tous admiraient chez lui, il sauta au bas de sa chaise et, raflant au passage la boule à neige ornée d'un « Paris » en lettres d'or, il se dirigea vers l'étagère au-dessus de son lit. Il grimpa sur son matelas, et reposa le globe au milieu de ses semblables -une vingtaine de demi-sphères, silencieuses, endormies dans leur manteau de verre et d'artifices sans vie-, et les fixa un instant, pensif.
Au-delà de la porte fermée de son petit royaume, il entendait les bruits familiers de la maison : les casseroles et plats qui s'entrechoquaient, sous les mains habiles de sa mère, affairée en cuisine les petits cris de joie aigus de sa sœur Lily, qui jouait dans son parc devant le sapin illuminé du salon la bataille fraternelle et épique de James et Teddy, sans doute grimés en pirate et chevalier… Des bruits qui lui parvenaient, de loin, rassurant comme une berceuse, doux comme une caresse.
Ne lui manquait que la voix grave et chantante de son père, de cet homme chéri par-dessus tous, de ce héros à son cœur plus encore qu'au monde entier.
Mais Albus se refusait fermement à se laisser abattre par le chagrin. Pas aujourd'hui, non !
Alors, ravalant la boule qui était venue se nicher traîtreusement dans sa gorge, il se résolut à utiliser le seul sort qu'il connaissait à son âge -un sort facile, à réaliser sans baguette ni artefact enchanté.
Un sort moldu. Qu'il était le seul à pratiquer, dans sa famille d'éminents sorciers.
Avec détermination, il tendit la main, et retourna en gestes précis et rapides toutes ses boules à neige. Une à une, elles s'enchantèrent de leur tourbillon enivrant de neige blanche et soyeuse, rendant vibrante et vivante chaque ville qu'elles contenaient en leur sein.
Londres, Tokyo, Milan, New-York, Montréal, Madrid, Paris… Toutes dansèrent devant les yeux émerveillés d'Albus, qui sentit dans son cœur s'engouffrer un vent rugissant, froid mais étourdissant de bonheur, qui amena en lui toutes les images fantasmées de son père parcourant chaque fois ces lieux. Héros fier et courageux, que le devoir amenait aux quatre coins de ce monde que l'enfant ne connaissait qu'au travers de ces petits globes cristallins et muets -mais qui lui parlaient tant, qui lui disaient tout bas, à l'oreille, entre deux flocons : ton papa pense à toi.
Repoussant d'un coin de la manche en laine de son pull trop grand -orné d'un AS sur le devant- les larmes qui étaient venues se nicher au coin de ses yeux, l'enfant sourit aux petites boules à neige qui lui tenaient compagnie. Et quand toutes se turent de nouveau, leurs pétales blancs retombés au sol, il se releva sur son matelas pour les retourner de nouveau, pour les faire chanter encore dans leur course folle.
Mais dans la précipitation, une lui échappa -Paris, sa nouvelle !-, et dans une tentative maladroite de la récupérer, il les fit toutes tomber, carambolage sur l'étagère de souvenirs qui lui échappèrent.
« Oh non… Non ! Non, non, non ! »
Il se précipita, les redressa, mais une autre roula, chuta…
Le drame.
Les larmes revinrent, roulement sourd d'un océan qui gronde, et noyèrent de pluie les flocons de neige trop petits…
Les sanglots emplirent alors sa chambre, le noyant dans une bulle de tristesse et de frustration, que rien ne put apaiser. Ni la boule à neige Paris, qu'il tenait serrée dans son poing plein de chagrin, ni les bruits doux et familiers de la maison, ni les bras enveloppant de son…
Si surpris de sentir soudainement la chaleur et le parfum de son père l'envelopper, au creux de son étreinte réconfortante, Albus hoqueta, stoppant net ses pleurs. Se retournant précipitamment dans ces grands bras pleins de force et de tendresse, il s'écria :
« Papa ! »
Harry sourit à son fils, lui caressa doucement les cheveux -aussi emmêlés que les siens-, et murmura :
« Je suis là. »
Albus enlaça avec force son héros, miraculeusement de retour à la maison pour Noël, et s'enivra de ce cadeau qui était, à ses yeux ce soir-là, le plus beau.
« Je suis là, fiston. » murmura de nouveau Harry, aussi heureux que son petit de ce présent.
Albus sourit, la tête enfouie dans le pull de son père : son sort moldu avait fonctionné !
Autour d'eux, dans les petits globes de verre et de plastique coloré, la neige se mit à danser. Sans que personne n'y ait touché.
