Pride of Time : De l'importance du Temps


Chapitre 1


NA: Cette histoire est une traduction de la fiction d'Anubis Ankh qui m'a bien entendu donné l'autorisation de la poster. C'est une histoire qui est terminée et si elle risque d'être longue à traduire, vous ne devriez donc pas rester sur votre fin. Je pense que je posterai environ un chapitre toutes les 3 ou 4 semaines en moyenne, même si je ne peux donner de délai exact, je tacherai de faire au mieux et de vous laisser dans l'attente le moins possible.

Je poste ce prologue sans bêta, je me suis relue moi-même mais je suis certaine que des fautes m'auront échappées. Si quelqu'un souhaite venir à mon secours qu'il n'hésite pas ^^'

Sachez enfin que vos commentaires concernant l'histoire sont lus par Anubis et que si vous souhaitez lui écrire, je me ferais un plaisir de lui traduire un message un peu plus personnel.

Sortilège Anti-Litige : Bien entendu, ni moi ni Anubis n'avons la prétention de posséder Harry Potter et son univers. Tout cela appartient à JKR et pour cela elle a tout notre respect.

Bonne Lecture !


Hermione Granger n'avait jamais abandonné le Retourneur de Temps qu'elle avait eu lors de sa troisième année. Elle l'avait simplement rendu à McGonagall avant d'aller demander au Directeur s'il pouvait le lui redonner. Aucun de ses amis ou professeurs n'avaient la moindre idée du fait qu'elle soit toujours en possession d'un tel artéfact. Dumbledore avait été plus que ravi de le lui rendre, lui rappelant simplement les règles élémentaires à respecter quant à son utilisation avant de la congédier.

Elle l'avait donc gardé à l'abri des regards en quatrième année, l'utilisant seulement de temps à autre et généralement pour passer plus de temps à réviser. Mais en tout et pour tout cette année-là, elle n'avait pas dû revivre plus de vingt-quatre heures. Pourtant, quand Harry était apparu devant le labyrinthe, serrant le corps sans vie de Cédric Digorry et la Coupe des Trois Sorciers, Hermione avait voulu retourner quelques heures auparavant pour l'empêcher d'entrer dans le labyrinthe, pour alerter le Dumbledore du passé que la Coupe était en réalité un Portoloin, pour faire quelque chose, n'importe quoi qui pourrait empêcher le retour de Voldemort.

Mais le Directeur avait prévenu sa tentative lorsqu'il l'avait vue se faufiler à l'écart de la foule, profitant du chaos et de la confusion pour tenter de passer inaperçue.

« On ne peut pas manipuler le temps dans le but d'effacer tous les maux » lui avait-il dit, l'air grave.

« Mais, Monsieur ! »

« Nous avons toujours su que Voldemort reviendrait » lui avait-il dit sérieusement, sans un soupçon de sourire sur ses lèvres ou même dans ses yeux. Son regard était grave quoiqu'on y discerna l'ombre d'une tristesse résignée. « Harry est encore en vie, Miss Granger. Il aura besoin de votre aide et de celle de Mr Weasley pour vaincre Voldemort car quoique que vous fassiez pour empêcher son retour, il trouvera toujours un moyen pour revenir, un moyen dont les conséquences pourraient être plus graves qu'elles ne le sont aujourd'hui. » Voyant qu'elle ne semblait pas convaincue, il répéta fermement. « Harry est en vie, Miss Granger. »

Il avait fallu toute une minute à Hermione pour saisir l'ampleur de ces mots et pour les accepter avant qu'elle ne laisse sa main, jusqu'à présent étroitement refermée autour du petit sablier qui pendait à son cou, lentement retomber.

« Je comprends Monsieur » avait-elle alors répondu.

Ainsi, la course du temps n'avait pas été altérée la nuit où Voldemort était revenu à la vie et alors qu'arrivait leur cinquième année, ils devaient désormais faire face à la Terreur qui régnait sur le Monde Magique avec pour seul béquille, la plus incompétente imbécile qu'Hermione ait jamais rencontrée et c'est la présence même de Dolores Ombrage qui avait conduit Hermione, avec le soutien de Ron, à convaincre Harry de créer l'Armée de Dumbledore.

Mais ils avaient été trahis, bien qu'Hermione ne sache pas par qui. A peine avaient-ils reçu l'avertissement de Dobby qu'elle avait fui, échappant de justesse à la Brigade Inquisitoriale. Malheureusement à en juger par les explosions de son derrière elle, Harry n'avait pas eu cette chance. Il serait sans doute renvoyé de l'école et étant donné le nom de leur club de défense, le Professeur Dumbledore ne serait accusé de rien de moins que de trahison. C'était dans ce genre de cas qu'elle était censée utilisée le Retourneur. C'était dans ce genre de cas qu'il était justifié d'y avoir recours, pour altérer l'issue de certains évènements. Dumbledore devait rester à Poudlard !

C'est ainsi qu'Hermione se retrouva à courir comme si sa vie en dépendait le long des couloirs dans le but d'atteindre son dortoir, où elle pourrait utiliser le sablier pour retourner suffisamment loin dans le temps pour prévenir son autre soi de l'imminente trahison qui les menaçait. Ils pourraient éviter ce désastre si seulement ils repoussaient la rencontre de l'AD à un autre jour, réussissaient à identifier le traître et lui faire Oublier

Mais c'est alors qu'elle descendait les escaliers menant au quatrième étage, triturant nerveusement les cadrans qui encerclaient le Retourneur, qu'elle perdit l'équilibre. Elle trébucha et tomba contre les marches de pierre avec une telle brutalité que le coup qu'elle reçut à la tête lui fit voir de petites étoiles blanches à l'instant même où elle entendait un discret, mais menaçant, 'crack'

Le temps se déchaina autour d'elle.

~o~O~o~

Pour Hermione, ce fut comme admirer un kaléidoscope de couleurs. Le rouge-orangé de la flamme des bougies et des chandeliers sur le mur se mêlait au noir métallique de leurs supports, le marron grisâtre des pierres des murs ainsi éclairées, le subtil mélange de couleurs des quelques portraits de ce couloir du quatrième étage, ajouté à la douleur lancinante de sa tête et les gouttes de sang qui, elle en était sûre, provenaient de son nez, ressortaient à l'endroit où elle avait cogné contre les marches.

Aussi brusquement que ça avait commencé, tout s'arrêta enfin. Nauséeuse, Hermione porta une main à son nez, essayant de stopper le filet de sang pour y voir plus clair alors qu'elle souffrait simplement à essayer de regarder quoique ce soit. Elle ferma les yeux et resta immobile un instant, affalée dans les escaliers en attendant de reprendre possession d'elle-même. Quand elle sentit la nausée refluer lentement, mais surement, elle ouvrit les yeux.

Le couloir autour d'elle était désert. Elle se redressa doucement, s'appuyant sur ses bras pantelants avant de soulever ses genoux, tentant de tenir à quatre pattes. Elle ferma les yeux alors qu'une nouvelle vague de douleur la traversait depuis sa tête en passant par ses épaules, ses genoux, ses côtes quand soudain elle ressentit une douleur plus grande encore, brûlant contre ses mains et sa poitrine.

Elle arracha brutalement le Retourneur de son cou et le jeta au sol avant de presser une main contre son cou. Ca faisait mal, très mal. Là où le Retourneur reposait encore l'instant précédant contre sa peau, celle-ci était brûlée, du sang poissant à travers la plaie noircie. C'était une petite brûlure, mais elle suffisait à rendre sa respiration difficile et Hermione devait faire appel à toute sa volonté pour ne pas laisser échapper le moindre gémissement de douleur. Elle tâtonna à la recherche de sa baguette, toujours dans la poche de sa robe et la saisi d'une main tremblante avant de jeter un hésitant Sortilège de Fraicheur sur sa poitrine et ses mains. L'impression d'être brûlée persista, mais la douleur disparut.

Hermione tourna sa baguette, désormais poisseuse dû au sang qui avait coulé le long de ses doigts, vers le Retourneur de Temps, une expression effrayée sur le visage, comme si elle eût craint que l'artéfact puisse l'attaquer subitement. Mais le petit sablier reposait simplement sur le sol dans une lueur blanche et chaude qui expliquait la blessure à son cou. Le Retourneur brûlait littéralement et à travers son éclat, Hermione apercevait une fine craquelure courant le long du verre.

Le Professeur Dumbledore lui avait expliqué pourquoi l'on ne pouvait utiliser un Retourneur de Temps pour aller sans danger des mois voire des années en arrière plus loin vous alliez, plus le sablier chaufferait et il faudrait beaucoup de temps avant qu'il refroidisse suffisamment avant d'être à nouveau utilisable. A la vue de l'objet gisant brulant sur le sol, Hermione compris qu'une telle émanation de chaleur révélait qu'elle avait dû atterrir bien plus loin que deux heures dans le passé. Mais plus loin à quel point ? Des jours ? Des semaines ? Des mois ?

Elle n'osait même pas envisager l'éventualité qu'elle ait pu retourner des années en arrière. C'était trop angoissant.

Elle se leva lentement, les jambes toujours tremblantes et pointa sa baguette sur le sablier. Se concentrer lui faisait tourner la tête, mais elle tint bon néanmoins.

« W..Wingardium leviosa ! » articula-t-elle, amenant le Retourneur à venir lentement flotter au-dessus du sol.

Avançant difficilement, Hermione tituba à travers les couloirs déserts. Il devait être tard, le couvre-feu semblait passé songea-t-elle car dans le cas contraire, des élèves auraient dû s'y bousculer bruyamment. Heureusement cependant, il n'y en avait aucun. Pas même un seul Préfet en pleine ronde et à en juger par la pénombre extérieure, il devait effectivement être très tard. Le seul risque qu'elle courait était de tomber malencontreusement sur un Professeur en patrouille…

« Merlin tout puissant ! »

Hermione se retourna brusquement, juste à temps pour apercevoir une très blême Professeur McGonagall se précipiter dans sa direction, un air de surprise absolue sur le visage. La concentration vacillante d'Hermione se brisa finalement, la douleur de sa tête atteignant une intensité insoutenable. Elle vit le sol se rapprocher rapidement et entendit le son du Retourneur alors qu'il tombait dans un subtile mais perceptible 'crack'.

~o~O~o~

Hermione ouvrit les yeux. Elle voyait trouble mais elle était au chaud et un sentiment de sécurité l'habitait. A côté d'elle, un reflet attira son attention. Elle redressa lentement la tête pour voir de quoi il s'agissait et reconnu avec surprise l'un des rideaux blancs caractéristiques de l'Infirmerie. Elle essaya de bouger mais tout son corps protesta douloureusement contre cette tentative. Pourtant, Hermione insista, il fallait qu'elle s'asseye. Elle se pencha avec précaution en avant, se redressant à l'aide de ses coudes jusqu'à ce que son dos ne touche plus le matelas. Elle cligna les yeux plusieurs fois tandis qu'elle s'habituait à la douce lumière orangée projetée par les bougies le long du mur et constata avec soulagement que sa tête ne semblait plus vouloir l'assommer de pure douleur. Elle laissa ses yeux glisser sur les draps, doux et blancs, jusqu'à ses mains.

Elles étaient couvertes de bandages imbibés par l'onguent appliqué sur sa peau et alors qu'elle repliait précautionneusement ses doigts, elle vit que toute trace de sang avait disparue. Elle porta alors précipitamment sa main à sa poitrine, cherchant à tâtons la brûlure qui l'avait poussée à retenir tant bien que mal des sanglots de douleur…

Il y avait un autre bandage autour de sa poitrine et Hermione laissa timidement courir ses doigts le long du tissu mais ne sentit rien. Tout son corps était douloureux et ses yeux tombaient de fatigue mais malgré tout, elle semblait aller bien. Elle referma les yeux et inspira profondément, essayant de penser posément maintenant qu'elle n'était plus recouverte de sang et confrontée à la douleur provoquée par une subite brûlure au troisième degré.

Elle était à l'infirmerie. Elle devait probablement être arrivée dans le passé. Là, le Professeur McGonagall l'avait trouvée, amenée ici et avait sans doute prévenu le Directeur. Il faudrait qu'elle leur explique à tous deux ce qui c'était passé, mais elle était certaine que tout irait bien désormais.

Elle s'apprêtait à se rallonger pour essayer de se reposer un peu plus lorsque Madame Pomfresh sortit de son bureau et voyant sa patiente éveillée, commença à s'affairer autour d'elle.

« Bien, bien » fit-elle, visiblement soulagée. Elle posa une main sur son front, comme si elle voulait prendre sa température puis fit apparaître un peu d'eau et de nourriture. « Vous êtes réveillée. » Elle fit claquer sa langue nerveusement. « Nous n'étions pas sûrs que vous iriez mieux… vous faisiez vraiment peur à voir lorsque vous êtes ainsi apparue de nulle part, couverte de sang… »

« Madame Pomfresh, je portais une sorte de petit sablier autour du cou quand je suis arrivée » dit Hermione en saisissant le gobelet d'eau qu'elle porta à ses lèvres d'une main tremblante. « Savez-vous où il est ? »

Madame Pomfresh la regarda un instant.

« Comment connaissez-vous mon nom ma chère ? »

Hermione reporta son attention sur l'infirmière, se sentant momentanément tel un animal cerné. De combien de temps était-elle revenue en arrière ?

« Pourrais-je… »

Par tous les Fondateurs réunis, est-ce que le Professeur Dumbledore était seulement ici ? Elle en était persuadée mais pourtant… « Si … si le Professeur Dumbledore est ici, pourrais-je le voir s'il-vous-plaît ? »

« Bien entendu. » répondit Madame Pomfresh en déplaçant le bol de flocons d'avoine sur le plateau. « Il a dit qu'il viendrait voir comment vous vous portiez quoiqu'il arrive, mais maintenant que vous êtes éveillée, il n'y a aucune raison d'attendre. Mangez maintenant » ordonna-t-elle fermement en se tournant pour partir. « Le Professeur Dumbledore devrait arriver sous peu pour démêler toute cette histoire. »

« Très bien. » répondit poliment Hermione en prenant une bouchée de flocons. N'ayant rien mangé depuis dieu sait quand, elle était affamée. « Merci » ajouta-t-elle.

Visiblement ravie qu'Hermione soit si chaleureuse en comparaison des geignards et mécontents auxquels l'infirmière avait généralement affaire, Madame Pomfresh semblait prête à oublier le pourquoi du comment Hermione pouvait bien connaître son nom. Elle retourna à son bureau et laissa sa patiente à ses pensées.

« Madame Pomfresh, attendez ! » s'exclama soudainement Hermione. L'infirmière s'arrêta « Pourriez-vous me dire en quelle année nous sommes ? »

Madame Pomfresh se retourna et la regarda étrangement, mais fut cependant assez aimable pour répondre.

« Nous sommes le premier Avril 1977 » dit-elle, l'air entendu.

Les yeux d'Hermione sortirent presque de leurs orbites sous le coup de la surprise. 1977. Elle avait fait un saut dans le passé de presque vingt ans ! Ca n'aurait même pas dû être possible. A moins que cela ait un rapport avec la fissure que le Retourneur de Temps avait subi lors de sa chute. Peut-être que quelques grains s'étaient échappé et avaient déréglés les cadrans et au lieu de retourner deux heures en arrière, deux mois, ou même deux ans, elle avait fait un bond de presque deux décennies.

L'espace d'un instant, elle espéra que quelqu'un allait surgir de nulle part et crier « Poisson d'Avril ! » mais l'inquiétude qu'elle lisait sur le visage sérieux de l'infirmière resta inchangée. Elle disait la vérité.

Madame Pomfresh attendait visiblement qu'elle dise quelque chose. Hermione parvint à ravaler le hurlement qui se formait dans sa gorge et hoqueta, « Merci Madame Pomfresh ».

Satisfaite, l'infirmière s'en alla, laissant Hermione submergée par un trop plein de pensées.

Est-ce que Dumbledore était seulement Directeur à cette époque ? Elle était sûre que oui… à son époque, il l'était depuis au moins quarante ans, du moins si elle se souvenait correctement de L'Histoire de Poudlard. De plus, Madame Pomfresh avait fait mention de lui en tant que Directeur…

Il fallait qu'elle trouve un moyen de se mêler à cet époque jusqu'à ce qu'elle trouve une solution pour retourner en 1996. Il fallait qu'elle parle à Dumbledore, mais elle ne devait pas révéler toute son histoire. Pas même au Directeur. Tout en mâchant ses flocons d'avoine, elle imagina l'histoire qu'elle pourrait raconter pour convaincre le Directeur de l'autoriser à intégrer les cours si tard dans l'année sans tenir compte des circonstances étranges de son arrivée.

Sa décision prise, elle repoussa son plateau. N'ayant malheureusement pas sa baguette, elle ne pouvait invoquer un livre et se rassit donc pour attendre, la peur au ventre.

~o~O~o~

Le Directeur arriva deux heures plus tard.

Il entra discrètement, refermant la porte après lui, et alors qu'il se tournait pour faire face à Hermione, la première chose à laquelle elle pensa était qu'il ne paraissait pas différent de l'image qu'elle gardait de lui. Madame Pomfresh au contraire… au cours des deux dernières heures Hermione avait finalement réalisé que les cheveux de l'infirmière étaient bien moins gris que son futur-elle. Les traits de son visage étaient moins prononcés aussi, quand à son expression, elle paraissait un peu moins préoccupée qu'elle ne l'était vingt ans plus tard. Si Hermione n'avait pas été convaincue auparavant, elle l'était désormais.

Le Directeur quant à lui restait presque le même et Hermione s'en sentit étrangement soulagée. Avoir l'impression de parler à quelqu'un de familier était plus qu'apprécié à l'instant. Ses yeux bleus se posèrent sur elle avec un air bienveillant par derrière ses lunettes en demi-lunes. Alors qu'Hermione s'apprêtait à parler, il leva la main pour l'en empêcher.

« N'ayez crainte Miss Granger. » Hermione referma la bouche à ces mots et elle le fixa alors qu'il continuait. « J'ai le Retourneur qui vous a amenée ici. Madame Pomfresh m'a expliqué que vous étiez inquiète à propos d'un tel objet plus tôt. Minerva me l'a apporté… Je dois dire que vous avez du véritablement lui faire peur. Elle était très inquiète à votre sujet. »

« Puis-je le voir Monsieur ? » demanda Hermione désespérément.

« Malheureusement, il est trop chaud pour être manipulé pour l'instant. » déclara Dumbledore en prenant une chaise et s'asseyant. Il croisa les jambes et posa une main sur ses genoux. « Je l'ai mis en lieu sûr le temps qu'il refroidisse. »

« Trop chaud… ? » Hermione était troublée par cette annonce. « Mais Monsieur, ne pouvez-vous pas le refroidir ? »

« Pas à l'aide d'un quelconque procédé magique de ma connaissance. » répondit Dumbledore qui jouait maintenant avec ses pouces. « Je ne sais pas combien de temps cela prendra pour qu'il refroidisse suffisamment avant de pouvoir être réparé et même après… » ajouta-t-il posément. « Je ne suis pas certain qu'il existe un moyen pour vous renvoyer en avant dans le temps, cela nécessiterait des expérimentations incertaines, si je puis dire, et un savoir que je ne possède pas. »

« Mais vous êtes Albus Dumbledore ! » Hermione ne pouvait s'empêcher d'être effarée, ressentant une profonde horreur quant à l'implication ce ces mots. Si elle ne réveillait pas bientôt de ce cauchemar, elle allait faire une dépression nerveuse. Elle avait été projetée près de vingt ans dans le temps et on lui annonçait qu'il n'y avait aucun moyen pour corriger cela. « Vous êtes le plus grand sorcier que ce siècle ait connu ! Il doit y avoir quelque chose que vous puissiez faire ! »

« Oh, vraiment ? » demanda le Professeur Dumbledore en souriant. Mais derrière ce sourire, son attitude demeurait parfaitement sérieuse. « Je crains, Hermione, que je ne sois pas capable de vous renvoyer dans votre temps pour… et bien, pour l'instant. Capricieux ne pensez-vous pas ? » ajouta-t-il après coup. Mais voyant son incompréhension, il élabora. « Etonnant de voir à quel point le temps est capricieux. On ne peut espérer rien d'autre que d'aller en arrière lorsqu'on le manipule quand tout ce que l'on attend en réalité dans la vie est d'aller de l'avant. »

Hermione enfouit son visage entre ses mains, essayant de ne pas laisser échapper le sanglot étranglé qui menaçait de lui échapper.

« Oh mon dieu » gémit-elle. « Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? »

« Vous vous créerez une vie nouvelle parmi nous. » déclara joyeusement Dumbledore. Sortant sa baguette il la remua brièvement et un rouleau de parchemin apparu entre ses mains. Il le lui tendit. « Je parlerai à vos Professeurs, je suis certains que vous les connaissez déjà ? » Hermione acquiesça, déglutissant difficilement pour ne pas pleurer. « Si votre mémoire nous sert tous deux proprement, vous étiez au milieu de votre cinquième année lors de votre malheureux… euh… voyage. » Hermione s'empara sagement du parchemin et le déroula. Il s'agissait d'un emploi du temps avec en haut le nom Hermione Granger.

Hermione essuyait ses yeux, tachant d'effacer toute trace des larmes qui menaçaient de couler de ses yeux. Sa voix se brisa légèrement alors qu'elle parla.

« Professeur, il me faut un alias… Je, je ne peux tout de même pas utiliser mon véritable nom… »

« Cela importe peu aujourd'hui Hermione. » l'interrompit le Professeur Dumbledore d'un ton ferme. Il plaça une main réconfortante sur son épaule. « Dans vingt ans, cela n'aura pas d'importance. Soit vous aurez rejoint votre temps, où votre nom aura depuis longtemps été oublié d'ici que vous entriez à Poudlard pour votre première année, soit vous vous serez créé une vie parmi nous. »

Hermione hocha la tête et ne pût s'empêcher de renifler en enroulant le parchemin pour le glisser sous son oreiller. Au moins, elle pouvait toujours se réconforter en conservant son propre nom. « Merci, Monsieur. » fit-elle à mi-voix. Tôt ou tard, elle allait céder à l'hystérie. Tout était trop étrange, trop irréaliste. Elle était habituellement une personne extrêmement calme et posée, elle était d'ailleurs fière de toujours pouvoir penser logiquement quand toute raison semblait s'être envolée, mais pour l'instant -et ce n'était pas sans rappeler la fois où elle avait fait face au Filet du Diable en maudissant l'absence de bois pour faire un feu…- elle avait l'impression d'avoir perdu toute prise sur la situation.

« Je vous conseillerais cependant de ne pas révéler les véritables circonstances de votre arrivée ici. » ajouta le Professeur Dumbledore tandis qu'il repoussait sa chaise et se levait. « Il ne serait pas avisé d'en faire étalage. »

« Je comprends, Monsieur. »

« Très bien dans ce cas. » dit le Directeur, refermant ses mains l'une dans l'autre comme à son habitude lorsque les choses semblaient être réglées. Il porta la main vers la poche gauche de sa robe violette aux motifs pailletés étoilés et en tira une Chocogrenouille qu'il posa sur la table de nuit près d'Hermione. « J'ai pour conviction que les sucreries aident bien souvent à nous remonter le moral, peu importe la gravité de la situation. Vous paraissez définitivement en avoir besoin. Et pour finir, je pense savoir que vous étiez à Gryffondor. Dans ce cas, il me semble que le mot de passe cette semaine est Chocogrenouille. Vous savez vous rendre à la tour j'imagine ? »

Hermione hocha la tête et jeta un œil au chocolat, hésitant brièvement avant de s'en saisir et d'en déchirer l'emballage. Elle avait définitivement besoin d'un peu de réconfort.

« Merci, Professeur. »

~o~O~o~

La première chose que fit Hermione une fois libérée par Madame Pomfresh fut de faire l'inventaire de ce qu'elle possédait. Elle se rendit compte qu'elle n'avait rien. Rien hormis le sac que le Professeur McGonagall avait trouvé là où Hermione était apparue. Il contenait son nom, ses devoirs et quelques cours daté de sa dernière semaine, ce qui expliquait comment le Professeur Dumbledore avait appris son nom et son origine. Il y avait aussi ses livres ou du moins son planning, quelques bouteilles d'encre et des plumes. Ses livres étaient restés sur sa table de nuit, abandonnés en 1996.

A la sortie de l'infirmerie le Professeur McGonagall l'attendait et après lui avoir serré la main un peu maladroitement, Hermione la suivit jusqu'à son bureau. Une fois à l'intérieur, elle fut invitée à prendre un siège. Le thé qu'Hermione se voyait habituellement proposer par sa Directrice de Maison était remarquablement absent et elle se sentait à nouveau telle une première année attrapée à errer dans les couloirs. Elle avait le sentiment qu'il lui faudrait prouver son droit d'être ici.

« Le Professeur Dumbledore m'a informée que vous intégreriez Gryffondor. » dit-elle en se versant une tasse de thé. « Il m'a aussi expliqué que vous saviez d'ors et déjà comment fonctionne notre système de points et connaissiez le règlement. J'espère ne pas avoir besoin de vous les répéter ? »

« Non, Professeur. » dit Hermione. Elle essayait de ne pas jouer avec ses mains qui reposaient sur ses genoux. Elle se sentait tellement déplacée et vaguement nauséeuse comme si elle souffrait du mal du pays… Elle était à la bonne place mais au mauvais moment et dire que c'était perturbant relevait de l'euphémisme. Elle était tellement habituée au visage amical et compréhensif de sa Directrice de Maison. Cette McGonagall ne la connaissait pas.

Elle devait paraître au bord des larmes car McGonagall sembla légèrement s'adoucir mais ce fut suffisant pour qu'Hermione se détente un peu. « Miss Granger, j'ai cru comprendre que vous seriez parmi nous un long moment si ce n'est… pour toujours ou du moins jusqu'à ce que le Directeur trouve un moyen de vous ramener dans votre temps. Jusque-là il vous faudra vous intégrer. »

« Je suis désolée. » dit Hermione en reniflant et tachant de retenir les larmes qui menaçaient à nouveau de lui échapper. « C'est juste… c'est simplement beaucoup à absorber. »

A son étonnement, étant donné à quel point McGonagall avait été distante jusque-là, les mots du Professeur de Métamorphose furent rassurant. « Ce n'est rien. J'imagine que vous devez vous sentir perdue, loin de chez vous. »

Hermione ne put qu'hocher la tête.

Un ange passa. McGonagall prit une gorgée de son thé puis le mis de côté.

« Miss Granger, je ne sais pas ce que vous avez décidé de raconter quant à votre histoire personnelle. » fit-elle vivement. « Mais… c'est-à-dire que, tout le monde dans cette école, les professeurs autant que les élèves, doivent faire face à une dramatique tension. Nous sommes au bord d'une guerre et il y a une importante rivalité pour ne pas dire un état de guerre entre les maisons qui empiète sur la sécurité qu'offre habituellement cette école. » Elle regarda Hermione gravement. « Je ne sais pas ce à quoi Poudlard ressemble à votre époque… Non ne me dites rien ! » dit-elle en levant la main pour empêcher Hermione de parler. « Je ne veux pas savoir. Mais peu importe ce à quoi Poudlard ressemble dans votre temps Miss Granger, vous devez oublier cela et rester sur vos gardes. Vous comprenez ? »

Hermione hocha simplement la tête.

« Les cibles les plus faciles sont les élèves sans amis. » ajouta McGonagall en remuant machinalement son thé, la cuillère tapant légèrement contre les bords de la tasse. « Et pour l'instant en tant qu'élève tout juste transférée et ce en fin d'année, vous êtes seule et sans amis. » Elle porta son attention sur Hermione, croisant son regard. « Comprenez-vous ce que je vous dis Miss Granger ? »

Hermione déglutit, étrangement incapable d'articuler une réponse. Mais visiblement, son hochement de tête fut suffisant pour McGonagall qui enchaîna. « Honnêtement Miss Granger, je pense qu'il faudra beaucoup de temps pour que vous retourniez dans votre temps. Jusqu'à ce que cela arrive, vous ne pouvez vous renfermer sur vous-même. »

Hermione sembla finalement comprendre où McGonagall voulait en venir. « Vous pensez que je ne retournerai jamais chez moi. » murmura-t-elle plus pour elle-même que pour le Professeur. McGonagall hocha néanmoins la tête en réponse. Hermione hésita et déglutit. « Donc vous pensez que je devrais juste… m'intégrer à cette époque ? »

« Exactement. »

Hermione ferma les yeux.

Il se peut que je ne revoie plus jamais Harry ou Ron.

Se résignant à cette possibilité, elle se redressa et cessa de jouer avec ses mains.

« Très bien Professeur. »

« Parfait. » déclara McGonagall visiblement soulagée que cette conversation se soit terminée avec seulement un minimum d'hystérie. « Maintenant, je crois savoir que vous avez besoin de fournitures ? »

~o~O~o~

Le lundi matin, Hermione arriva en Botanique et s'assit à une place vide au bout d'une table, près d'une fille qu'elle ne connaissait pas. Tout le monde portait des gants de protection en cuir de dragon et regardait avec appréhension les Géranium Dentus qui attendaient d'être transplantés. Hermione tentait de résister à l'envie de plier ses gants mais il était quasi-impossible de ne pas le faire. La vieille paire que McGonagall lui avait fournie semblait si raide qu'elle aurait sans doute pu être classifiée de pétrifiée. Elle n'était pas à l'aise dedans mais elle ne pouvait s'en passer pour ce cours. Il faudrait qu'elle se procure une nouvelle paire lors de la prochaine sortie à Pré-au-Lard.

En temps normal, elle aurait trouvé une place entre Harry et Ron. Mais comme ce n'était pas possible, elle se retrouvait à côté d'une fille maigrichonne à l'apparence assez banale. Elle semblait timide et elle rappelait vaguement à Hermione Neville Londubat. Cette sorcière ne semblait pas antipathique mais Hermione avait du mal à trouver les mots pour se présenter.

Elle s'était résignée au fait qu'elle ne réussirait sans doute jamais à retourner à son époque et face à cette réalisation et après avoir médité les mots de McGonagall, elle comprenait ce qu'elle devait faire si elle voulait s'intégrer.

La fille à côté d'elle cligna des yeux en signe de surprise lorsque Hermione lui tendit la main.

« Je suis Hermione Granger. » déclara-t-elle en souriant nerveusement. « La nouvelle élève. »

La fille sembla hésiter un instant avant de saisir la main qu'Hermione lui tendait. Elle la secoua, quoique légèrement. « Je suis Mary MacDonald, contente de faire ta connaissance. Tu es la nouvelle élève de cinquième année dont nous a parlé le Professeur McGonagall alors ? » Pour la première fois depuis son arrivée, Hermione recevait un sourire franc et amical. « Bienvenue à Poudlard. »

La voix énergique et aiguisée du Professeur Chourave résonna alors dans la serre. « Mettez-vous en groupes, deux par plantes, aller, aller ! »

« Tu veux te mettre en duo avec moi ? » proposa Mary avec ce qui ressemblait à un soupçon d'espoir.

Hermione saisit l'invitation avec reconnaissance. « Oui, Merci. »

Elles se mirent immédiatement au travail, Hermione tenant la base de la fleur dentue entre ses doigts –ce qui ne nécessitait pas énormément de flexibilité- tandis que Mary travaillait à la libérer précautionneusement de la terre.

« Tu as déjà rencontré les Préfets de Gryffondor ? » demanda Mary en essuyant une trace de terre sur sa joue avec le revers de sa manche tout en plaçant la plante dans le pot prévu pour la replanter. « Je pense que tu apprécieras au moins l'une d'entre eux, Lily. Elle est vraiment gentille et très intelligente. Elle aide les plus jeunes pendant ses temps libres donc si tu as besoin de quoique ce soit pour rattraper les cours, je pense qu'elle sera ravie d'aider. »

« Je crois que ce serait une bonne idée. » répondit sincèrement Hermione, se demandant si elle pourrait demander à cette Préfète de lui donner une copie de ses notes de cinquième année et des années précédentes, toutes les siennes étant irrémédiablement perdues dans sa propre époque. Elle en avait impérativement besoin puisqu'il faudrait bientôt commencer à réviser pour les BUSEs. « Comment as-tu dit qu'elle s'appelait déjà ? »

« Lily Evans. » déclara Mary alors qu'elle ouvrait un sac de terre. Elle aida ensuite Hermione à la répartir autour de la plante qui se débattait frénétiquement.

Le nom était familier à Hermione et il lui fallut plusieurs minutes pour qu'elle finisse par comprendre pourquoi. Et lorsqu'elle saisit ce que cela signifiait, elle en laissa presque échapper le sac de terre à moitié plein qu'elle tenait entre ses bras.

Elle était désormais presque vingt ans dans le passé… à l'époque où les parents de Harry étaient toujours à l'école.


Une Review contre un Chocogrenouille ? =D

Merci pour votre lecture,

Nyna.