Titre : Damnés
Genre : Romance (Présence de Yaoi) / Angst
Base : Samurai Deeper Kyo - SDK
Crédits : Akimine Kamijyo
Raiting : M
Spoils : Vaut mieux avoir lu toute la série - càd jusqu'au 38.
NdA : Ca fait un bout de temps que cette idée me travaille. Et il a fallu le temps aussi pour mettre ça en mots. Je ne peux pas garantir une publication régulière mais j'espère que ceci vous plaira. Pour la Fanfic... disons que c'est juste un point de vue d'un personnage particulier par Chapitre. C'est mon deuxième essai sur SDK, c'est le premier publié, il doit être un peu minable. Ne m'en voulez pas...
Sakuya
Les mains serrées sur mes genoux, je pleure sans pouvoir parvenir à cacher mes larmes, ni à les retenir. La chambre est sombre, les volets sont fermés même si le soleil essaie timidement de passer au travers. C'est le matin, le matin encore une fois et comme tous les matins, je me suis réveillée en larmes. Suffocant à cause d'un cauchemar. Ca arrive. Souvent.
Tous les jours, en fait.
Je tourne la tête vers Kyoshiro, allongé dans notre futon. Il dort encore, de son sommeil lourd et entier. Il s'agite un peu, il se débat. Je crains de l'avoir réveillé mais avant que je puisse faire quoi que ce soit, il s'est rendormi. Je secoue la tête. Il fait souvent des rêves troublés depuis un certain temps. J'essaie de l'aider, en épouse modèle, mais je vois bien que je ne parviens pas à soulager sa peine - ou si peu.
Je n'ai jamais su lui ôter ses craintes. Ni à lui, ni à personne. Je ne suis pas faite pour ça.
J'aimerais le rassurer, vraiment. J'ai longtemps cru que je pourrais le faire, malgré mes propres doutes, que je pourrais devenir confidente, celle sur qui on s'appuie quand on vacille, celle qui vous écoute et qui vous remet doucement sur le chemin.
Mais j'ai vite déchanté. J'en suis incapable.
Incapable parce quand ils viennent me trouver, je ne peux m'empêcher de voir leurs souffrances et de tirer sur le fil de leur avenir. Et ce que je vois en lisant les étoiles m'étouffe littéralement.
Je vis avec des guerriers sacrés. Je sais que leurs routes sont pavées de sang et de mort. Je sais que, même s'ils se taisent, ils ont peur. Mais quand je vois ce qu'ils auront à affronter, quand je vois les nouvelles souffrances qui se présenteront à eux, quand je vois leurs visages déformés par le chagrin, je suffoque. Je plie sous le poids de leurs souffrances futures. Alors pour qu'ils soient rassurés, au moins un peu, je me plaque un sourire hypocrite et je mens.
Je leur mens en disant que tout ira bien, alors que je sais que non, tout n'ira pas bien.
Et je n'en peux plus de voir leurs visages rassurés, alors qu'ils ne savent rien. Alors qu'ils devraient trembler de peur, ces guerriers fiers. La connaissance est mon don mais elle ressemble à une malédiction.
Je vois les milliers de possibles qui forment leur Destin. Je vois ce que demain pourra être dans le meilleur comme dans le pire des cas. Et je culpabilise. Car si je peux voir le fil que suivra leur avenir, je suis incapable de voir le mien. Je suis incapable de voir l'impact qu'auront mes choix sur le cours de leur vie. J'ai peur, peur pour eux, peur de faire un mauvais choix et de les condamner à une nuit plus noire encore.
J'ai peur de faire un faux pas et de basculer dans le pire des scénario. J'ai peur de voir ce Destin s'embrouiller, et mes cauchemars prendre forme. J'ai peur de les voir souffrir plus qu'ils ne souffrent aujourd'hui. Je ne sais pas quels chemins ils vont prendre et je redoutes les mauvais chemins. Les mauvais jours. Les pentes glissantes avec à la fin, le gouffre. J'ai peur pour eux, pour mes amis, pour mon amour - qui dort comme un bienheureux pour l'instant. J'ai peur et mes larmes coulent, à cause de mon impuissance.
J'aimerais les aider, les soulager, pouvoir leur mentir comme s'il s'agissait d'une chose naturelle mais à chaque fois, mon esprit me paralyse et mes mots restent bloqués dans ma gorge. Je hurle en silence pour pouvoir sortir ces mots, pour pouvoir dire : "Ne t'en fais pas, tout ira bien." comme une mère l'aurait fait. Au lieu de ça, je reste là, la bouche ouverte en un cri muet, les larmes coulant à flots.
Je ne devrais pas pleurer. Mais ma faiblesse et mes doutes font flancher mon âme. Qui aurait cru que je serais réduite à cela, un jour ? Sûrement pas moi. J'ignore combien de temps je pourrais continuer ainsi. Mais je prends sur moi.
Je veux avancer. Si je ne peux pas les soutenir, alors je souffrirai avec eux.
Kyoshiro s'agite. Il risque de s'éveiller d'un instant à l'autre. Vite, essuyer mes yeux rougis, apaiser mes hoquets, cacher mes larmes. Je sais qu'il n'est pas dupe mais je ne veux pas perdre le contrôle devant lui. Je ne veux pas paraître plus faible que je ne le suis déjà, même si je sais que lui a le devoir de m'épauler et de me comprende. Il m'aime malgré cette impuissance et je l'aime en retour. Nous pourrions être un couple heureux si je n'avais pas eu ce don... cette malédiction, devrais-je dire.
Je suis maudite. Comme eux tous, en fin de compte.
Est-ce un mal ? Est-ce un bien ? Je l'ignore. Et je ne veux pas le savoir. Je veux juste pouvoir les aider. Juste pouvoir les rassurer, sécher leurs larmes et effacer leurs doutes. C'est mon rôle. C'est mon devoir. Pourquoi j'en suis incapable ?
Fichue malédiction.
La chambre est sombre, les volets fermés et je pleure sans pouvoir me cacher, les mains serrées sur mes genoux...
Sakuya - Fin
