Il s'agit d'une fanfiction qui transpose les personnages de Sherlock dans l'univers de Harry Potter, et surtout il s'agit d'une collaboration entre Ryokushokumaru et moi. Nous écrivons -allons écrire- cette histoire à deux donc.

Elle joue le rôle de John en pauvre moldu paumé et je me charge de Sherlock en sorcier impulsif et odieux.

Bien entendu nous les personnages pas plus que les univers ne nous appartiennent.

Nous attendons vos avis avec impatience ! Bonne lecture !


Chapitre I

Légende et commencement


Les légendes sont comme les feuilles qui nervurent l'arbre du monde. Il y a partout. Partout et beaucoup. Personne ne sait combien au juste. Les feuilles qui tombent et meurent préparent celles à venir. Quoi que d'aucun dirait qu'une légende ne meurt jamais. Cependant, ce n'est pas tout à fait vrai.

Une légende ne meurt jamais tant qu'il y a encore quelqu'un pour la raconter. Mais les paroles sont éphémères. Elles se perdent dans les brumes des souvenirs. Se mélangent. Se transforment. Et pour finir, disparaissent. Poussières de mémoire et vent.

Seules les lettres restent. Fixées dans le temps et l'espace elles possèdent ce parfum d'éternité. Le pouvoir de défier le temps, cet insatiable dévoreur de mondes. Les conteurs d'encre et de parchemin ont à la mémoire plus sûre que leurs homologues faits de chair et de sang. Et ils racontent très bien les histoires.

C'est comme cela qu'une très ancienne légende slave fut conservée en runes sombres sur du papier alors qu'elle était sortie des esprits depuis longtemps. Seuls les anciens s'en souviennent encore. Par fragments et lambeaux fantomatiques. Mais le texte subsista et c'est ainsi qu'un jour, dans une bibliothèque, un sorcier le découvrit.

Ou le redécouvrit.

« Il est dit, en des temps immémoriaux, qu'un vieux sorcier habitant au pied d'une falaise se prit d'affection pour une fleur. Une magnifique fleur.

Il était impressionné par sa force, elle qui survivait là-haut, si petite, entre les pierres et le vent salé. Le vieux sorcier qui se sentait seul au monde se rendait tous les jours en haut de la falaise pour parler à la fleur. De ses espoirs. De ses rêves. De ses regrets aussi. Ou simplement des choses qui lui traversaient l'esprit.

Il la chérit. Sa seule compagne de route.

C'était le temps où la magie était plus sauvage et plus libre qu'elle ne l'est de nos jours. C'était le temps où la magie n'avait besoin que de mots pour naitre. Et pour faire naitre.

Quelque chose de minuscule, quelque chose d'infime, commença à pulser dans la sève de la plante. Mais le vieux sorcier mourut. Et avec lui cette petite chose étrange.

Quelques années plus tard le monde se trouva plongé dans le chaos. Et par une froide nuit d'hiver, un combat terrible s'engagea en haut d'une falaise. Combat entre le plus grand sorcier de tous les temps et le démon qui avait le funeste pouvoir d'empêcher la lumière du soleil de briller. Chacun puisa jusqu'à sa dernière parcelle de magie et enfin, l'assaut fut lancé. Les deux forces démesurées étaient d'égal puissance et la déflagration qui n'acquit de leur rencontre fit trembler la terre et frissonner les montagnes.

Les deux magies étaient jumelles en force. Aucune n'arrivant à prendre le dessus, alors elles dévièrent de leur trajectoire et vinrent se nicher entre les pétales d'une fleur, la seule chose qui se trouvait là.

La belle fleur du vieil homme.

Elle absorba les deux flux magique d'une extraordinaire puissance. Et les deux flux se reconnurent comme frères et se mélangèrent pour ne former qu'une seule et unique énergie. Plus puissante qu'aucune autre car en se mêlant ils devinrent entier. Entier et pur. Une pureté sans égal.

Les pétales de la fleur se muèrent en flammèches dorées, puis bleues. Et elle disparut.

On raconte que cette fleur renferme une parcelle de magie originelle. De magie pure. Une part de l'essence même de la magie. Elle aurait le pouvoir d'ouvrir absolument tout ce qui est fermé. De rendre invisible. De se téléporter. De guérir les blessures. D'investir les esprits de tous les êtres vivants. De parler tous les langages existants.

Son possesseur obtiendrait le savoir de tout ce qui est caché. De tout ce qui est enfoui. De tout ce qui est perdu. De tout ce qui est. De tout ce qui a été. Et de tout ce qui sera.

Bien des hommes la cherchèrent.

Bien des hommes la cherchent encore.

C'est la légende de la Jar-Tsvet.

C'est la légende de la Fleur de Feu. »

Le sorcier referma le grimoire. Le regard rêveur. Conscient des possibilités sans communes mesures que possédait cette Fleur de Feu. Si elle existait vraiment. Ce sorcier était employé au Département des Mystères. Donc curieux par nature. Il soumit sa découverte à ses collègues. Et aussitôt ce fut la frénésie dans le département des Langues de plombs.

Tout excités par la perspective de l'existence d'un échantillon de magie originelle et des extraordinaires usages qu'ils pourraient en faire, ce fut la course. Ils cherchèrent. Cherchèrent. Fouillèrent les quatre coins du monde. Et ramenèrent tout ce qu'ils trouvèrent.

Il y eut des primevères caméléons d'Europe. De fragiles et délicates orchidées translucides de Thaïlande. Des lotus constitués d'eau en mouvement, « les flammes d'eau » d'Inde. Des pivoines chantantes de Chine. Des hibiscus bleues de Corée de Sud et de Malaisie permettant d'avoir des visions une fois infusés. Des roses du désert, immortelles d'Afrique. Des belles de nuit gorgées de lumière de la lune d'Irlande. Des cosmos d'or de Nouvelle Zélande.

Des lys de feu de Bengale. Des œillets sensitifs de France. Des Chrysanthèmes du Japon dont l'odeur vous rend le plus heureux des hommes. Et bien d'autres encore. Tellement d'autres.

Un sorcier excentrique pensa même que le chou-fleur pouvait être la plante tant recherchée. (avant de déchanter très vite, évidement, quand le dit chou-fleur ensorcelé se mit à aboyer en allemand.)

Les langues de plombs accumulèrent tant de spécimens et de variétés différentes que pendant quelques temps, le Département des Mystères sembla se transformer en une véritable boutique de fleurs. Et les sorciers semblaient s'être brusquement mutés en quelques-uns de ces fleuristes moldus avec tabliers à motifs et gants en caoutchouc. Avec un peu de terre barbouillée dans les cheveux.

Mais ce n'était jamais la bonne fleur malgré tous leurs efforts. Ils cherchèrent. Encore. Encore. Et encore. Après tellement d'essais infructueux qu'il est inutile de tous les citer, ils pensèrent l'avoir trouvé.

La Fleur de Feu.

Enfin.


POV Lucifère

Je m'étirai avec délice sur le coussin. Mes griffes rayaient le velours violet. Je sautai au bas du fauteuil et me dirigeai vers le bureau en bois massif. Je m'enroulai en ronronnant autour de deux jambes. Les deux jambes de mon humain. Mon humain à moi. Je grattai son pantalon. Il soupira. Je recommençai. Avec insistance. Il râla puis des deux mains saisit mon ventre et me souleva en soufflant. Les joues rouges. Enfin il me posa sur son bureau.

Réprobatrice, je lui lançais un regard ténébreux. Aucun commentaire autorisé quand on portait une Dame ! Une Lady ! En représailles, ma queue tapa dans un petit présentoir en cuivre. Je le poussais. Poussais. Il s'écrasa par terre avec fracas pendant que j'affichai mon air le plus innocent.

« Lucifère ! »

Je lâchai un petit miaulement. L'innocence même. Mycroft se passa une main sur les yeux. C'était son nom. Les sons que j'entendais à chaque fois qu'on lui parlait. Comme moi, Lucifère. Il agita sa baguette et le petit présentoir revint docilement jusqu'à lui, en flottant. L'étrange dialecte humain gravé dessus scintilla brièvement à la lumière du feu de cheminée :

« Mycroft Holmes, Conseiller du Ministre. »

Les humains étaient si compliqués ! Avec leurs petits machins écrits partout. Il me regarda d'un air agacé mais je ne voulais pas qu'il le soit. Il n'y avait que moi qui possédais ce privilège ici. Car privilège réservé à la gente féminine. Je faisais les yeux doux, laissant un léger ronron vibrer dans gorge, je frottai obstinément ma tête contre sa main à l'odeur si familière. Il m'observa un temps. Peu amène. Puis il craqua et caressa doucement ma tête. J'avais gagné ! Je gagnais toujours.

Niark niark niark.

Profitant de son attention, je tentai de lui faire comprendre mon envie urgente et impérative d'avoir un nouveau collier. Plus d'un mois que je gardai le même ! Quelle misère ! Alors que j'étais là, à essayer de lui expliquer mon besoin de me sentir belle et magnifique ….enfin je l'étais déjà...donc...encore plus belle et magnifique, le battant de la porte s'ouvrit après un discret tapotement.

Une humaine entra. « Un pli vient d'arriver pour vous. » Elle posa la dite enveloppe et s'en alla. Mycroft déplia le parchemin et le parcourut d'un air concentré, les sourcils froncés. Je n'allais pas me faire chiper la vedette par un vulgaire morceau de papier mâché ! Mon nouveau collier en dépendait ! Alors j'allai langoureusement m'allonger dessus. Nan mais !

« Lucifère ! Veux-tu bouger de là ?! »

En guise de réponse, je me retournai sur le dos, les pattes en l'air. « Maow ! »

Il me poussa légèrement sur le côté. Apparemment complaisante je me laissai faire...jusqu'à un certain point, je m'installai à plat ventre sur la feuille. Et là je vis les veines de son cou se tendre. Bon. Je me levai en faisant le dos rond, et daignai m'écarter un peu avec lenteur et élégance.

Il pu lire le parchemin en entier cette fois et devint soudainement blanc comme le lait de mon bol matinal. Il le reposa lentement sur le bureau. Et frappa ses paumes dessus avec brusquerie avant de se lever et de faire les cent pas.

La tête inclinée sur le côté je parcouru les symboles inscrits sur la lettre. Je n'y comprenais rien.

« Cher Monsieur Holmes,

J'ai ouïe dire que les zozos de Département des Mystères ont mis la main sur une petite babiole tout à fait étonnante. Une vraie perle dans le genre bombe végétale. Et je ne doute pas que la rumeur soit vraie. Comment le sais-je ? Je garde ce secret là pour moi. Que voulez vous, je suis mystérieux comme garçon (en plus d'être beau gosse), je ne vais pas tout vous dévoiler d'un coup. Et puis vous auriez peur de dormir la nuit si je vous le disais. Je ne suis pas si mesquin. Bon d'accord, si et bien plus encore, mais ce n'est pas une grande nouveauté.

J'ai toujours adoré le jardinage vous savez déjà tout petit j'avais la main verte et j'aime les belles plantes...mais je m'égare. Elle sera très bien traitée avec moi votre fleur magique. N'ayez aucune inquiétude je suis un criminel responsable et je sais faire la vaisselle ! Vous pouvez bien renforcer la sécurité si cela vous fait plaisir. En tant cas, cela me ferait très plaisir à moi.

J'ai hâte de voir votre tête déconfite quand j'aurai subtilisé la Fleur de Feu au nez et à la barbe de votre minable sécurité ! Je m'en réjouis follement d'avance ! Je vous laisserai même un mot gentil sur les murs après mon passage. Juste pour vous.

Peut-être que le Ministre vous renverra ? Ou peut-être que vous vous suiciderez ? Je demande à voir. Tremblez dans vos robes, sorciers d'opérettes ! J'arrive !

Avec toute mon affection de psychopathe, je vous remercie déjà pour votre cadeau si gentiment offert.

Moriarty.

PS: Tâchez de ne pas vous prendre les pieds dans votre jupe quand vous découvrirez le pot aux roses...si j'ose dire. (Ou plutôt sa disparition d'ailleurs). Hé oui je suis à la fois psychopathe et comique, j'ai reçu toutes les grâces de la nature, que voulez-vous, tout le monde ne peut pas en dire autant.

Bonne journée mon cher ! »

Je baillai. Tellement sans intérêt. Je léchai l'une de mes griffes, blasée, quand Mycroft sembla enfin s'être décidé. Il saisit le parchemin si brusquement qu'il faillit se déchirer et se précipita hors de son bureau en courant presque. Hum. Surprenant.

Il fallait que je le suive, sinon je n'aurai jamais ce collier ! Je fis étape sur la chaise pour descendre et suivis Mycroft en trottinant. Bien sûr je ne courrais pas. Ma fourrure était bien trop soignée pour cela. Et puis la course était vulgaire.

Mycroft était entré dans un bureau imposant. La porte était légèrement entrouverte, je me coulai derrière le battant et me postai derrière mon humain personnel en tournant dans ses jambes. Il parlait avec un autre homme. Un homme important à la peau sombre. La petite plaque posée sur son bureau devait indiquer son nom, mais encore une fois il n'y avait que les humains pour comprendre leur propre charabia.

« Ministre de la Magie, Kingsley Shacklebolt »

Pas très éclairant pour moi, illustre représentante des félidés. C'était obscur pour ma personne, mais leur conversation devait avoir quelque chose en rapport avec le parchemin sans aucun doute, je reconnaissais les intonations. Colère, urgence et peur. Le dialogue était très animé, même mes feulements n'attirèrent pas l'attention, ni de l'un ni de l'autre.

Je partis bouder devant tant de machisme. On ne m'ignorait pas sans conséquences...Mycroft allait avoir une surprise en revenant dans son bureau.


POV John

Aujourd'hui encore; ma journée s'annonçait bien chargée. Depuis que j'avais obtenu ce poste d'agent immobilier dans une grande société de Londres, mon agenda professionnel était toujours rempli de rendez-vous du matin au soir. Ce matin, je devais me rendre dans un chic appartement dans le nord de Londres afin qu'un jeune couple puisse y faire son nid.

J'enviais souvent ce type de particuliers, j'avais plus de 35 ans, et toujours aucune relation stable au compteur. Je pensais que peut-être je n'étais pas fait pour ce genre de choses. Arrivé en avance dans le cosy loft, je m'attardai à monter les deux étages de l'immeuble. L'agence devrait leur conseiller de prendre un ascenseur.

Ma jambe droite me faisait atrocement mal, la guerre m'avait laissé des séquelles lourdes à porter aujourd'hui, qu'elles soient mentales ou physiques. Les cauchemars se répétaient nuit après nuit, et j'utilisais déjà une canne alors que je n'avais pas encore atteint la quarantaine mais cela me donnait un air plus vieux et sérieux qui plaisait aux clients et à mes patrons, je commençais à aimer cette image de moi.

Après de dures épreuves dans la cage d'escalier, j'entrai dans le logement. Il était tout à fait à la hauteur de ce que m'avaient dit mes collègues, très spatiaux et lumineux. De grandes fenêtres donnant sur un petit jardin, et un grand balcon qui longeait la moitié du bâtiment. Un lieu parfait pour un couple en pleine effervescence.

Cependant en passant rapidement dans le salon, un petit détail me sauta au yeux. Une des briques rouges de la cheminée était fissurée, je dirais même cassée et bien cassée. J'observais les dégâts sous tous les angles, mais rien n'y faisait, cette fissure me piquait l'œil. Mais le temps me prit de court, et mes clients m'appelèrent, me prévenant de leur arrivée imminente.

Je dû finir rapidement l'état des lieux, ne pouvant plus m'attarder sur ce détail. Lorsqu'ils se présentèrent à moi, je me voyais déjà leur expliquer vainement ce petit problème au niveau de leur cheminée. Pourtant aucun d'eux ne remarqua quoique ce soit de dérangeant, ils semblaient même très satisfaits des lieux. Sur le pas de la porte, nous discutâmes de leur ancien appartement délabré dans le centre de Londres.

J'étais trop normal, je ne me reconnaissais pas. Et la suite des événements n'avait absolument rien de commun, croyez-moi.

Alors que j'étais retourné près de la cheminée, chose qui m'avait préoccupé pendant toute la visite. Je crus apercevoir quelque chose d'étrange au centre de celle-ci. J'observai les quelques cendres froides laissées par l'ancien propriétaire, alors que j'allais faire demi-tour ne constatant rien d'anormal, des flammèches vertes jaillirent des restes.

Je bondis sur place, je n'avais jamais observé une telle chose, essayant de me rassurer, je pensais qu'il s'agissait qu'un nouveau type de cheminée, je cherchais des yeux quelque chose ressemblant à un bouton d'arrêt, mais le feu prit de l'envergure et s'agita sous mes yeux. Par pur réflexe, je fis un pas en arrière. Malgré l'inquiétude, j'étais fasciné par cette chose verte qui brûlait sous mes yeux mais l'admiration fut de courte durée. Alors que le feu se faisait plus fort encore, quelque chose explosa dans la cheminée.

Un explosif, un pétard ? Je n'en avais pas la moindre idée, mais je me jetai aussitôt au sol pendant qu'une espèce fumée noir se répandait dans le salon. J'eus la présence d'esprit d'ouvrir la fenêtre afin que la fumée se dissipe. Je toussais fortement, si fortement que j'avais l'impression de cracher mes poumons. Mes yeux me brûlaient et ma gorge était irritée.

Quand soudain j'entendis un « Saloperie » derrière moi, je sursautai, faisant volte face, et me trouvai nez à nez avec un homme de grande taille recouvert de suie. J'ouvris de grands yeux. C'est à ça que ressemblait le père noël ? Grand, fin, les cheveux bouclés noirs retombant sur le front. C'était impossible mais il venait de sortir de la cheminée. Pourtant je ne trouvais aucun lien logique entre le feu vert et son apparition.

Nous n'eûmes pas le temps de faire connaissance que le feu derrière lui se mit à flamber encore plus fort que la première fois, et un autre bruit sourd résonna dans la pièce.

En tant d'ancien soldat je me jetai presque sur l'inconnu pour le protéger des éclats de briques qui volaient en tous sens. Je pus à peine toucher son bras que je sentis une force impressionnante m'aspirer, plus puissante qu'une tornade.

Mes pieds se décrochèrent du sol, je ne compris pas et ne cherchai pas à comprendre. J'essayai de lutter de toutes mes forces, en m'agrippant aux dernières briques restantes mais en vain. Mes doigts glissèrent et je me fis aspirer par la cheminée.

Je n'aurai jamais du m'attarder sur cette petite brique.


POV Sherlock

Je détestais déjà cette journée. Je marchais à toute vitesse dans le hall du ministère, ignorant totalement la monumentale statue en or qui trônait en son centre. Je ne prêtai pas d'avantage d'intérêt aux sorciers qui se bousculaient et arrivaient de tous côtés.

Mes pas claquaient sèchement sur le sol de marbre. J'étais hors de moi.

J'entrais le premier dans l'ascenseur et mon regard ombrageux suffit à décourager la plupart des esprits faibles qui voulaient monter dans l'appareil également. Mais bien sûr certains sorciers me suivirent tout de même dans l'ascenseur. Il laissèrent cependant un petit espace vital entre moi et eux. Parfait.

Il y avait deux sorciers qu'il me semblait avoir déjà croisé une ou deux fois. Une sorcière rousse d'une quarantaine d'années et une petite blonde toute jeune, pleine d'un enthousiasme et d'une joie de vivre absolument révoltants, qui n'arrêtait pas de caqueter. Son premier jour ici apparemment. Dieu que cette blonde était agaçante ! A glousser comme une dinde prise de folie pendant les soldes. Et elle parlait. Parlait. Parlait.

Je la regardais fixement. Et la température de l'habitacle chuta sensiblement. Tout le monde se tut sauf elle. Ayant épuisé toutes mes (faibles) réserves de patience, je lançai d'une voix cinglante: « Bon et si vous la fermiez un peu maintenant ! Arrêtez d'infliger votre joie aux autres et contentez-vous de faire potiche de figuration ! » Elle ouvrit la bouche en balbutiant. « Ils ne recrutent plus des personnes douées de paroles chez les Aurors ? Pour votre premier jour en plus ça fait mauvaise impression. Vous n'avez qu'à rentrer chez vous directement en pleurant sur votre sort, ce sera mieux pour tout le monde. Ah et si vous vous suicidez après, je ne prendrais pas votre dossier, je ne prends que les cas intéressants. »

« Quoi ? Mais comment ...- »

Le reste se perdit dans le tintement d'ouverture des portes de l'ascenseur. C'était mon étage, je sortis donc en plein milieu de la phrase de la blonde sans honte aucune. Je n'avais jamais honte.

Et puis la faute à une certaine Irène Adler, si j'étais énervé. Elle m'avait encore volé deux autres clients ce matin. La garce. Elle venait de débarquer avec sa société « Magic is Riddle », plagiat du nom de la mienne sans aucun doute. Mon cher cabinet de détective : « Magic is Science ». N'avait-on pas idée de manquer d'imagination à ce point ? De la pure provocation à mon encontre. Et puis comment faisait-elle pour avoir autant de clients alors qu'elle commençait à peine ? Il faudrait que je m'explique avec cette femme pour mettre deux ou trois choses au clair. Le meilleur c'était moi ! Personne ne pouvait me concurrencer !

Aussi ombrageux que l'orage qui grondait, j'ouvrai une porte à la volée. La secrétaire blasée ne prêta pas la moindre attention à ma présence et je fis de même, traçant mon chemin vers une seconde porte que j'ouvris aussi brutalement que la première. « J'espère que c'est important Mycroft ! »

« Bonjour à toi aussi, cher frère. Matinée morose ? J'ai entendu dire que Mademoiselle Adler était une véritable étoile montante. Elle te prend quelques clients, il me semble. Cela doit t'être plutôt désagréable. »

« Ahaha. Merci beaucoup, quelle fine observation. Tu en as beaucoup d'autres comme ça ? Que je convoque la presse ? »

Mycroft soupira. « Ne soit pas si désagréable. J'essayai simplement de compatir à tes malheurs dans mon rôle de digne frère aîné. »

Je ricanai, puis je tapai des deux mains sur son bureau : « Alors qu'est-ce que tu veux ? Fais vite sinon je transforme le patapouf qui te serre d'animal de compagnie en expérience culinaire pour gobelins en mal d'exotisme. »

« Sherlock. »

« Oui bon, cette garce d'Adler m'a volé deux clients ce matin. »

« Je vois. »

« Ta compassion de « digne frère aîné » est absolument confondante. Je suis touché au plus profond de moi-même. » Répliquai-je mariant à la perfection -comme toujours- l'ironie et la glace. Je repris pendant que mon (indigne) frère aîné levait les yeux au plafond. « J'ai droit à quel genre de dossier ? »

« Un criminel à arrêter. »

Je ne cachai pas ma déception. Pas de petites enquêtes tordues comme je les aimais. Juste une course-poursuite. Mouais. J'espérai au moins qu'elle serait un peu vitaminée, ce serait d'un ennui sinon. Je lus en diagonale le mince dossier que Mycroft me tendait et pris congé, poursuivant ma lecture en marchant.

Hum. Rodney Foxter. Vols à baguette magique. Trafics de substances truquées et d'animaux classifiés dangereux. Récemment suspecté d'agression sur Miranda et Joseph Black, deux moldus. Domicilié au 45 Wansey Street. En cavale.

Une petite visite à son appartement s'imposait donc. Je me dirigeai de nouveau vers le hall où se trouvait le réseau des cheminées du Ministère. Étrangement il n'y avait personne qui entrait ou sortait des cheminées. En revanche il y avait un attroupement. Je m'approchai davantage en fronçant les sourcils. Je repérai un visage exsangue et spongieux au milieu des autres. Un visage connu, pour mon malheur. « Anderson ! »

Il se tourna vers moi et grimaça en me voyant. Grimace que je lui rendis. Je me faufilai un passage vers lui en expédiant des coups de coudes à droite et à gauche. Arrivé face à lui, mais pas trop près, je lui disais d'une voix peu amène : « Que se passe-t-il ? »

« Grève. »

« Quoi ? Encore ? Mais vous êtes tous une bande de feignants au Département des transports magiques ! C'est la troisième ce mois ! »

« On ne critique pas le syndicat Môssieur le sociopathe ! »

« Ahhh pardon. Le syndicat. Mais oui. Tu n'as pas pu monter plus haut dans les échelons. C'est triste. Mais bon avec ton QI d'asperge sur cuite, tu ne pouvais pas trop te faire d'illusions. Alors laisse faire les adultes et ouvre- moi une cheminée. Illico ! »

« Tu rêves !»

« Pardon ? Je crois que tu as essayé de dire quelque chose ? »

Il plissa les yeux. « Tu as de la chance que nous soyons en public sinon je te lancerais un sort de mon invention. »

Ma réponse fusa, narquoise.

« Effectivement. Tu es sûr qu'il fonctionne au moins ? Et puis, inutile de le nier Anderson, dans un duel magique en public ou pas je t'étale en deux mouvements de baguette. La cheminée. »

« On est en grève. »

« …. »

« Qu'est ce qu'il y a le génie ? On ne sait plus quoi dire hein ? Ma force d'argumentation est telle que tu ne peux rivaliser ! Bientôt je prendrai ta place et tu n'auras que tes yeux pour pleurer...Si tu sais comment faire. Tu sais pleurer au fait ? » Je soupirai. « Regardez ça ! Le taré a perdu sa langue ! » Il se mit à gesticuler dans tous les sens. Une sorte de danse de la victoire je supposais. (Pour une fois qu'il devait penser m'avoir mouché.) « Ahaha il ne dit plus rien, le sociopathe ! C'est le début de la fin, bientôt je serai Ministre ! »

Je passai une main lasse sur mes yeux et repris part à son monologue, brisant ainsi son rêve mégalomane. « …. Alors là...Je patauge dans l'imbécillité ... Tu es consternant mon pauvre Anderson. Je devrais t'obtenir une place pour St Mangouste sans peine. »

« Tu y seras aussi mais dans la section psychopathe ! »

Je reniflai avec dédain. « Aucune chance. Je suis bien trop intelligent pour me faire prendre. Et puis ne t'inquiète pas tu seras ma seule victime. Te supprimer de la surface du globe serait une action hautement bénéfique, tu cesserais de promener ta petite personne putride et affreusement irritante. Et tu me fais perdre mon temps. Je dois utiliser une cheminée !

« Je t'ai dis qu'on est en grève. »

« Tu es un disque rayé ou quoi ? Je veux utiliser une cheminée. »

« On est en g- »

« Je me fiche de votre grève stupide ! Déjà que vous n'en foutez pas une rame... Oh et puis dégage ! »

Je le bousculai brusquement, me faufilai vers les cheminées à toute vitesse et sautai dans la première qui se présenta. Avant que quiconque ne puisse intervenir je saisis une poignée de poudre de cheminette et la lançai dans les flammes vertes qui me léchaient les jambes. Je prononçai bien distinctement l'adresse de Rodney Foxter. « 45 Wansey Street ! »

Je sentis aussitôt qu'il y avait quelque chose de différent par rapport à d'habitude. Dès que la poudre toucha les flammes, celles-ci se mirent à enfler et à crépiter. Mais je n'eus pas le temps de réagir que le tourbillon m'emportait.


Mes pieds touchèrent enfin le sol. J'étais en un seul morceau apparemment. Déjà ça. Il y avait de la fumée partout, je ne voyais rien. Je fulminai un « Saloperie » très distinct entre deux quintes de toux.

Une exclamation impromptue focalisa mon attention sur la fumée environnante. Il y avait une silhouette. Je glissai une main dans ma poche, tenant ma baguette. Au cas où. Mais les particules noires qui saturaient la pièce se dissipèrent un peu.

je me retrouvai devant un homme blond, plus petit que moi ( rien à voir avec Foxter qui était censé être un roux d'un mètre quatre-vingt dix pour cent kilos) Les yeux de l'homme-qui-n'était-pas-Foxter étaient grands comme des soucoupes. D'accord. Il devait se croire en pleine hallucination, là. Un moldu. Je devais être bien loin de 45 Wansey Street.

Au moment où j'allais lui lancer un sort d'amnésie, un grondement inquiétant emplit la pièce. Je me retournai vers le feu émeraude qui se mit soudainement à prendre une taille gigantesque. Des projections de briques jaillirent de tous côtés. L'inconnu posa une main sur mon bras.

Le feu nous aspira en déchaînant une force impressionnante. Une mini tornade verte. Je ne pus résister à la pression une seule seconde. Et je n'essayai pas. Quand le monde cessa de tourner, j'étais à un autre endroit. Encore. N'est-ce pas.

J'émergeai de mon nuage de fumée, tel un diable des profondeurs de l'enfer. Quatre petites vieilles me regardaient, assises dans un salon surchargé de dentelles, la bouche si grande ouverte qu'une mouche aurait pu y faire des acrobaties sur un trapèze. Celle qui versait le thé au moment de mon arrivée continuait toujours d'incliner la théière même si la tasse dessous débordait depuis quelques instants déjà, imprégnant le tapis de thé. Une autre avait toujours les dents plantées dans son cupcake.

Elles étaient toutes les quatre figées. Paralysées. Encore des moldues. Voyant qu'elles ne réagissaient toujours pas, je m'avançai sous leurs regards aussi vides que celui d'un bovin devant une pensine. « Navré de cette intrusion, mesdames. » Je pointai ma baguette vers elles. « Oubliettes ! »

Une fois dans la rue, je réfléchissais en faisant quelques pas.

Il devait y avoir un problème technique avec le réseau des cheminées et un gros. Normalement le réseau ne devait pas se connecter aux cheminées moldues et là je venais d'en visiter deux d'un coup. Et les cheminées n'étaient pas censées aspirer les gens non plus.

Ce crétin d'Anderson allait m'entendre ! Sans compter que Mycroft allait me faire la peau Car maintenant, un moldu avait atterri on ne savait où via le réseau Cheminettes et pouvait très bien se balader dans le monde magique en ce moment même. Sans oublier Foxter laissé en plan. J'avais tout gagné cette fois. Je me transplanai au Ministère. Oui. Mycroft allait définitivement me faire la peau.

Je détestais cette journée.


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