Fandom : HP

Rating : M

Pairing : Harry center

Disclaimer : personnages à JKR

Nombre de mots : 583

Mise en garde : Voici une fic raffraichissante, pas par sa légèreté... non.. par son fluide glacial.

Retour aux sources empoisonnées

Il leva les yeux vers la bâtisse. Ou plutôt ce qu'il en restait, allégorie écartelée d'un havre. Bien sûr qu'il devait y revenir, un jour. Et ce jour s'était présenté de lui-même, lorsque son désir ne fut plus chuchoté mais envahissant et entêtant de hurlements.

La maison de ses parents, celle où il avait vécu ses premières années. Probablement les plus heureuses, si innocentes et vierges de sentiments complexes. La date des évènements lui était connue depuis toujours mais le lieu lui avait été caché. Tout comme les faits. Effrontément modifiés, maquillés, travestis par une soeur corrodée par la jalousie, mariée à un homme sociopathe, obsédé par une normalité, au delà des notions essentielles et primitives du bien et du mal.

Ici rien n'avait changé depuis le désastre. Et pourtant tout était différent. Le quartier était totalement déserté et offrait ses habitations aux vents. Fantômes aux yeux clôturés par des planches ou au contraire, béants sur leurs entrailles vides.

Pourquoi avait il choisit cette heure? Parce que c'était l'heure de ses crimes. Ses disparus auraient probablement plus de chance de se manifester dans cet espace que le temps accorde : l'anniversaire. Il voulait les revoir, mais sans subir un reflet imposteur. Ils voulaient les revoir vivants... animés pour le moins.

Harry pénétra dans les ruines du rez de chassée. Il n'invoqua pas de lumière préférant s'orienter grâce au halo lunaire, l'aura bleutée préservant l'atmosphère. Il respira les miasmes de poussières, persuadé d'y détecter... ici le feu de bois... là les effluves de ces fruits pourris depuis longtemps ou desséchés dans la cendre... ou encore le parfum de ces fleurs mortes dans leur vase brisé. Il était happé par des hallucinations paresthésiques et olfactives envoûtantes. Il jeta un regard sur le plafond éventré.

Il parvint à l'étage, à l'aide de quelque sortilège de lévitation, l'escalier étant exposé comme un cadavre étrangement désarticulé sur le sol de l'entrée. Là haut il se fit plus léger, provoquant, malgré ses efforts, craquements et affaissement du plancher putréfié, menaçant de l'entraîner avec lui dans sa ruine. Ici était le règne du monde intime. Il commença par explorer ce qui devait être sa chambre et il se souvint. De souvenirs qu'il s'inventait tant son inconscience souhaitait les entendre et les vivre. Inexistence prenant une forme dans sa tête. Il supposa que c'est ici que l'on retrouva sa mère tenant contre elle sa chair. Celui qu'elle voulait sauver par amour, immense et destructeur amour. C'est là qu'on aurait du le retrouver mort lui aussi. Oui... ici même. D'ailleurs leurs exhalaisons morbides émanaient de partout.

Il avança vers le fond de ce qui formait une seule « pièce » sans toit, le mur mitoyen et le plafond s'étant éboulés... la salle de bain, une autre chambre... trop vide. En face par contre... La porte tient presque sur 2 gonds. Un mouvement appuyé la force à céder, lui arrachant un gémissement caverneux.

Et c'est là, derrière cette barrière symbolique, que clairvoyant et illuminé, il les vit. Ses deux parents... souriants, l'appelant si irrésistiblement, tellement aimants, si puissants mais... pourquoi leurs visages décharnés étaient-ils si horriblement défigurés?... Pourquoi ce sourire arraché à leurs joues, ces yeux exorbités ou énuclées?... l'accident de voiture sans doute...

On le retrouva plusieurs jours plus tard, sur les bords d'une route peu fréquentée, hagard, fiévreux et le regard psychotique. Ses mots furent des murmures :

« Ils ont du leur trancher la gorge, je ne les entends plus... je ne les entends plus...»

FIN