Bienvenue sur Never Hope, Never Cry, Never Pray !

J'espère que cette nouvelle fanfic de KHR vous plaira.

N'hésitez pas à me parler des fautes que vous pouvez trouver dans le texte.

Très bonne lecture à vous


Qui ne connaissait pas Sawada Nana ?

Attroupée en un petit cercle pour discuter des dernières nouvelles, certaines femmes au foyer de Namimori oeillaient d'un regard mauvais la jeune mère et son enfant se promenant dans la rue marchande. Femme au foyer, mère, tête en l'air, délaissée, abandonnée. Grand-mère Nishikawa, la doyenne du quartier, se plaisait à la montrer en exemple.

- Voilà, disait-elle de sa voix éraillée en pointant d'un doigt noueux la mère et le fils, ce qui arrive quand on décide de marier un Gaijin. Il proclame son amour, s'amuse avec vous, vous engrosse et vous abandonne dès que l'occasion se présente.

Les plus prudes s'offusquèrent d'un langage si grossier, mais elles partageaient toutes l'avis de la doyenne. Un mari japonais, avec les mêmes valeurs et la même éthique, c'était tout ce qui leur fallait. Peu leur importait que leurs époux préféraient l'alcool et la télévision à leurs présences. Elles possèdaient une famille complète, qui ne faisait pas tâche dans leur belle ville.

- Le Gaijin sait au moins compenser son absence. Il suffit de voir la maison dans laquelle ils viennent d'emménager, fit remarquer l'épouse Mochida tenant à la main de son fils de neuf ans qui se débattait pour qu'elle le lâche.

Le nouveau domicile des Sawada comportait un jardin, un étage et plusieurs chambres. Akiko Mochida pensait avec amertume au ridicule deux pièces que payait difficilement le salaire de son mari. L'épouse Sawada menait la belle vie.

- Eh bien, je préfère le petit appartement où je vis avec ma famille qu'une maison beaucoup trop grande pour deux personnes, remarqua hautainement Madame Yamada.

Son mari était un salarié dans une petite entreprise de textile. Quant à ses deux enfants, ils produisaient des efforts plus que convenables à l'école. Rien à voir avec le petit Sawada, dont les résultats étaient plus que médiocres. Elle renifla de dédain en le voyant trébucher et tomber par terre alors qu'aucun obstacle ne barrait son chemin. Elle pouvait désormais rajouter maladroit à la liste grandissante de ses défauts.

- Elle aurait pu choisir beaucoup mieux, précisa également Madame Morinaka. Mon Akira fait un bien meilleur époux. Ma belle-fille ne tarit pas d'éloges comme toujours.

Le refus de l'épouse Sawada à la demande en mariage de son fils lui restait en travers de la gorge. Son Akira avait tout pour lui et possédait maintenant un cabinet en tant qu'architecte dans la capitale. Elle lui avait brisé le coeur et il refusait de revenir à Namimori pour la voir se pavaner avec le fils du Gaijin. Elle était contente d'avoir pu lui trouver une bonne épouse. Kurumi venait d'une bonne famille et savait tenir une maisonnée comme il le fallait.

- Vu le genre de personne qu'est Sawada-san, je suis sûr que le fils de Morinaka-san est bien mieux sans elle.

Akiko retint un rire moqueur. Voilà que la fille de la campagne essayait de se faire à nouveau bien voir. Elle observa d'un œil critique de Sachie Nakamura : un fond de teint bien trop terne, accompagné d'un blush rose trop vif et d'un rouge à lèvres rouge abominable. Elle préféra ne pas s'attarder trop longtemps sur les vêtements bien trop vieillots qu'elle portait.

-Vous avez bien raison, Nakamura-san ! Mon Akira est bien mieux sans elle. Si seulement il pouvait me faire deux ou trois petits-enfants maintenant. Je serais entièrement satisfaite.

- Ils n'attendent pas encore un petit ? Demanda, interloquée, Grand-Mère Nishikawa. Ne sont-ils pas mariés depuis deux ans déjà ?

Madame Morinaka soupira, visiblement accablée mais très satisfaite que l'attention se portait désormais sur son fils.

- Ils préfèrent économiser encore un peu pour pouvoir les envoyer dans de bonnes écoles privées. Je comprends, mais j'aimerais beaucoup tenir mes petits-enfants dans mes bras.

Les autres femmes au foyer se mirent aussitôt à la consoler. Son vœu se réaliserait bien assez tôt. Elle devait juste être assez patiente. Occupées à remonter le moral de l'une des leurs, elles ne remarquèrent pas un autre sujet fréquent de leurs conversations : Yamamoto Tsuyoshi, revenant de ses courses. Le pauvre Yamamoto Tsuyoshi, qui avait perdu sa jeune épouse quelques années plus tôt et qui élevait seul son fils, Takeshi.

Tsuyoshi faisait peu cas des commères. Il menait une vie respectable et s'occupait au mieux de Takeshi. Mais elles attiraient son attention dès qu'elles parlaient de Sawada Nana, la femme au foyer, la mère, la tête en l'air, la délaissée. Lorsqu'elle venait au restaurant accompagné de son fils, Tsuyoshi s'assurait toujours d'avoir ses couteux aiguisés à ses côtés et interdisait à Takeshi de venir l'aider. Yamamoto Tsuyoshi ne connaissait pas Sawada Nana, mais il connaissait très bien Mitô Nanase. Il connaissait intimement ce qui se cachait derrière ce corps faussement fragile, ce sourire innocent et cette impression d'être dans la lune. Son corps en portait les marques.

Alors Tsuyoshi l'observait, la guettait, décortiquait le moindre de ses actes et de ses paroles. Sawada Nana semblait si bête, mais ses yeux étaient perçants et son esprit vif. Combien de fois Grand-Mère Nishikawa s'était-elle cassée une jambe ou bras ? Combien de fois la promotion de Junpei Mochida s'était-elle retrouvée repousser ? Combien de fois le cabinet d'Akira Morinaka avait-il failli faire faillite suite à de grossières erreurs ? Tsuyoshi craignait pour la vie de son fils unique, alors il l'observait avec attention dès que l'occasion se présentait.

Il l'observait tenir la main de son fils. Il l'observait sourire. Il l'observait faire ses courses. Il attendait le moment où cette façade disparaîtrait pour laisser place au monstre qui les égorgerait tous. A la voir marcher dans la rue marchande pleine de monde, Hotaru, sa lumière lui aurait dit de lui laisser une chance. Elle semblait tellement plus humaine, malgré ces petits moments où ses traits se faisaient durs. Mais Hotaru était morte, emportée par la maladie, et ne pouvait plus le rassurer. Comment pouvait-il garder son calme lorsque son fils passait à côté de Sawada Nana en courant, un sourire aux lèvres, pour le rejoindre ? Elle aurait pu l'attraper d'une seule et lui briser le cou aussi facilement qu'à un oisillon. Seul Takeshi lui permettait de garder toute sa santé mentale. Mais il lui était impossible de l'avertir du danger. Il ne pouvait que s'accroupir pour être à son niveau et essayait d'être aussi heureux

- Takeshi, qu'est-ce que je t'avais dit ?

Le visage joyeux de son fils se transforma en mine penaude.

- De ne pas m'éloigner et de ne pas courir dans la foule. Mais - !

- Et ? Interrompit-il d'une voix ferme.

- Que si je me tenais pas bien, que je serai puni en rentrant à la maison…

Tsuyoshi soupira. Takeshi s'était éloigné pour une seule et unique raison.

- Satou-san a reçu du nouvel équipement ?

Un sourire radieux illumina le visage de son fils. Tsuyoshi soupira de plus bel. Takeshi s'accrochait à son bras.

- Il m'a tout expliqué ! On peut y faire un tour ? Dis, Tou-san, on peut ?

Comme sa mère, Takeshi adorait la base-ball pour une raison qui lui complètement était obscure.

- On peut. Mais, je n'achèterai rien.

- Quoi ? Allez, Tou-san, juste un tout petit truc !

Attablé à une table de La Nanimorine, pâtisserie en face de la gare de Namimori, aux côtés de sa femme et de son fils, Hibari Fumitaka comprenait la lutte qui animait Yamamoto Tsuyoshi, s'éloignant avec sa progéniture. Tout comme lui, il avait vu Mitô Nanase à l'oeuvre. Mais à l'inverse, il ne la craignait pas. Nanase ne faisait que respecter les ordres donnés. Elle pouvait blesser, empoisonner, ruiner la vie de ses victimes, mais elle ne tuait pas sans raison. Aujourd'hui, elle menait une vie heureuse avec son unique enfant, après avoir renoncé à sa famille et son héritage. Aujourd'hui, elle était une habitante de Namimori comme les autres. Rien de plus, rien de moins.