Un soir de pleine lune, une pensée pour les loups-garous.
Harry avançait droit devant lui. La forêt interdite, la cabane d'Hagrid, la fiole. Son esprit était embrumé par la douleur. Il avait besoin de cette mort. Plus de larme, plus de sang, plus cette peur et cette souffrance.
La lune éclairée sa silhouette encapuchonnée et une autre qui le suivait. Il n'entendait pas que quelqu'un courait vers lui, il n'entendait que les sanglots de son cœur qui appelait à l'aide. Il n'entendait que cette mort qui se faisait de plus en plus proche.
« Ne fais pas ça, s'il te plait… »
Une voix murmurée, une main sur son épaule. Harry voulut se retourner pour faire face à cet inconnu mais celui-ci l'en empêcha.
« Mieux vaut que tu ne saches pas qui je suis. Maintenant on va rentrer et tu ne traineras plus vers chez Hagrid. »
Quel était cette personne qui lui donnait des ordres ? Harry essaya de s'échapper de l'emprise de celle-ci mais elle était plus forte que lui.
« Laisse-moi, je me promenais !
- Mais bien sûr, vers la cabane de l'autre géant alors qu'il a des fioles de poison chez lui ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles ! répliqua Harry.
- Je ne suis pas aveugle, je sais que tu vas mal Harry.
Le ton était calme mais inquiet, l'inconnu desserra son emprise et Harry réussit à se retourner. Une capuche noire l'empêchait de distinguer son visage, mais Harry nota qu'il était plus grand que lui. La lune fut cachée quelques instants par un nuage et l'inconnu en profita pour se pencher vers le griffondor et lui voler un baiser.
Un baiser, des lèvres sur les siennes. Harry ne se rendit pas tout de suite compte qu'on l'embrassait. C'était si doux, si agréable. La mort lui paraissait loin, la douleur, la tristesse tout ça était oublié. Puis le baiser cessa et Harry sentit une boule dans son cœur.
Il se laissa trainer vers son dortoir et abandonner devant la porte. Son « sauveur » n'était donc pas un griffondor.
Le soleil allait bientôt se lever il n'avait plus le temps d'aller chercher la fiole maintenant et il ne voulait plus vraiment y aller. Ce que l'inconnu lui avait dit était encré en lui, profondément. Il n'était plus seul, quelqu'un ne voulait pas qu'il meurt, quelqu'un se préoccupait de lui. Pour la première fois depuis plusieurs jours Harry se mit à espérer que la vie n'était pas aussi noire qu'il croyait.
Au petit-déjeuner, coincé entre ses deux meilleurs amis, Harry regardait dans la grande salle, dévisageait les visages de chacun, cherchant le mystérieux inconnu qui l'avait sauvé. Il savait que ce n'était ni une fille ni un griffondor mais ça s'arrêtait là.
Un poufsouffle ne serait jamais sorti par ce froid, et ce serait surement montré. Les serpentards le détestaient. Donc il ne restait plus que les serdaigles. Mais lequel ?
Hermione perçut quelque chose puisqu'elle demanda à Harry :
-Tu cherches quelqu'un ?
-Euh…
-Si c'est Malfoy, t'inquiètes pas, il est en retenue, McGonagall l'a coincé dans un couloir cette nuit. Bien fait pour lui, dit Ron la bouche pleine.
-Ah bon ? Mais de toute façon ce n'est pas lui que je cherche, je ne cherche personne, lui répondit Harry.
-Ah, j'avais cru, en tout cas tu n'arrêtes pas de te retourner dans tout les sens, tu te sens stressé ? Un cauchemar ?
Harry ne dit rien. Sa tête retournait dans tous les sens l'information suivante : Draco était dans les couloirs cette nuit. Peut-être était-ce lui ? Oui mais non, c'était impossible. Quoiqu'il avait été avec lui chercher une fiole de sommeil dans la cabane lors d'un cours de soin des créatures magiques. C'est lui qui
avait dit que ce qu'il prenait dans sa main était un poison très fort. Donc… mais non. Draco le détestait, voulait le voir mort même. Il délirait à imaginer ça. Draco ne l'embrasserait jamais.
Ce fut Ron qui en lui tapotant l'épaule le tira de ses pensées.
-Tu vas bien Harry ? lui demanda-t-il.
-Oui, oui pourquoi ? Je n'ai pas l'air bien ?
-Tu ne réponds pas à Hermione, elle te parle depuis cinq minutes.
-Ah désolée Hermione, tu disais ?
-Rien d'important. Tu sais que tu peux nous parler Harry, s'il y a quelque chose, à propos de Voldemort ou…
-Oui, merci, l'interrompit Harry fatigué de tout ça.
Il se leva précipitamment et laissa ses amis là. Il avait besoin d'être seul, ses amis étaient en train de se rendre compte de quelque chose. Que diraient-ils s'ils savaient de qui était amoureux Harry ? Que diraient-ils s'ils savaient les horreurs que lui faisait voir Voldemort la nuit ? Que diraient-ils s'ils savaient tout ce qu'il avait enduré ?...
Pris dans ses pensées, Harry ne vit pas Draco revenir de sa retenue, passer à coté de lui avec un regard triste. Harry n'entendit pas le soupir que poussa Draco. Et quand le griffondor se retourna en sentant qu'une présence venait de passer il ne vit qu'une cape tournait vers la grande salle.
Quand Harry atteignit sa chambre il s'affaissa sur son lit, la tête pleine de questions sans réponses. Il décida d'aller prendre une douche pour s'éclaircir les idées.
L'eau dégoulinait sur son corps nu. Il imagina que sa main était celle de celui qu'il aimait depuis deux ans en secret. Il imagina que ce n'était pas sa main qui était en train de le masturber mais celle, pâle et fine, de son amour. Et quand il jouit ce fut le prénom de celui-ci qu'il cria. Mais quand il rouvrit les yeux, que la jouissance lui avait fait fermer, il put constater qu'il était bel et bien seul dans cette cabine de douche.
Il sortit de sa douche, plus triste qu'en y entrant. Et se dit que ce n'était une si bonne idée, il avait toujours la tête pleine et aucune réponse. Et en plus son cœur lui faisait mal.
Le lendemain, match contre les serpentards, les griffondors étaient tous excités à l'idée d'une nouvelle victoire, tous sauf Harry. Il avait mis son équipement et était parti faire des tours de terrain sur son balai. Draco partit lui aussi en avance vers le stade mais ne fit que s'asseoir sur les gradins et regarda Harry. Il remarqua que celui-ci l'avait vu mais ne disait rien, la présence du serpentard l'indifférant visiblement. Mais Draco ignorait que le cœur d'Harry battait beaucoup plus vite qu'à l'ordinaire.
Le match commença. Harry paraissait dans la lune, Draco aussi. Ils ne se disaient rien, cherchant chacun dans leur coin le vif d'or. On aurait dit qu'ils s'évitaient, qu'inconsciemment ils n'avaient pas envie de gagner ou de perdre. Puis soudain Draco vit la petite boule d'or voltait près de lui et s'élança à sa poursuite. Harry le suivit et atteignit bientôt Draco. Côte à côte ils volaient vers le vif d'or, tendant tous les deux la main pour l'attraper, au même moment leurs mains l'agrippèrent. Par terre, leurs doigts enlacés autour de la même boule, Draco à califourchon sur Harry.
Mme Bibine annonça égalité, puisque les points étaient de 30 à 30 et que les attrapeurs avaient attrapé en même temps le vif d'or.
Il y aurait le mois suivant un nouveau match.
Harry et Draco s'évitèrent toute la semaine. Harry cherchant de son coté qui était venu le chercher devant la cabane d'Hagrid, et se faisant de plus en plus d'amis chez les serdaigles. Tandis que Draco paradait chaque jour avec une nouvelle conquête.
Mais un soir, Draco et Harry se retrouvèrent seuls dans un couloir. Alors que Draco allait faire demi-tour pour prendre un autre chemin le griffondor l'interpella :
-Hé Malfoy attends!
-Quoi ? Draco se retourna visiblement dérangé.
-Je… enfin ça fait longtemps que… tu ne trouves pas que…
-Qu'est-ce que tu veux dire ? Arrête de bafouer.
-Voilà, j'ai l'impression que tu m'évites, ça fait deux semaines que tu ne m'as pas insulté, moi et mes amis aussi, je trouve ça bizarre et…
-Ah! Et ça te dérange peut-être, tu aimais que je t'insulte et qu'on se batte. T'es un peu masochiste peut-être ?
-Non, mais…
-On n'est plus des enfants Potter, on a passé l'âge de jouer à ça. On s'est bien amusé maintenant c'est fini. Aller salut!
Harry resta planté au milieu du couloir. Il regarda le serpentard s'en aller, ses mots résonnant douloureusement dans sa tête. Il n'était plus rien pour lui, même plus son ennemi.
« Le contraire de l'amour ce n'est pas la haine, c'est l'indifférence. »
Draco refusa de se retourner, il se dit que c'était le mieux à faire, pour lui. Maintenant il n'aurait plus envie d'embrasser Harry quand ils se battaient, si près l'un de l'autre puisqu'ils ne se battraient plus. Il n'aurait plus peur qu'il sente son désir. Il n'aurait plus mal à l'entente des insultes. Il ne sentira plus son cœur se briser en l'insultant aussi.
Mais il avait encore plus mal maintenant. Si le Survivant n'était plus son ennemi, s'il n'était plus l'ennemi du Survivant, qu'était-il pour lui ? Rien. Et Draco avait mal.
Des larmes coulaient des joues des deux princes. Des larmes d'amour secret, d'amour caché, d'amour impossible et pourtant si fort. Ils pleuraient de peur, de douleur. Leur cœur venait de se briser dans leur poitrine. Draco courut s'enfermer dans sa chambre, honteux de ses pleurs. Tandis qu'Harry remit du choc errait dans le parc, comme une ombre. Il aurait voulu y croire, il aurait voulu que ce soit Draco qui le sauva cette nuit là. Il aurait voulu que Draco l'aime comme il l'aimait. Il avait tant de fois rêvé que cet amour ne soit pas mort-né. Maintenant il contemplait le vide qui l'entourait, il réalisait pour la première fois qu'il n'y avait aucun espoir. Il se dit même qu'il avait rêvé la nuit où il était allé chercher la fiole. Rien n'était vrai, son amour aussi devait être une illusion, un désir d'adolescent. Une simple passade. Il avait l'impression que sa vie se réduisait à un néant intérieur. L'envie de mourir renaquit en lui. Plus forte encore qu'avant. Mais il se promit de ne pas mourir avant d'avoir tué Voldemort, maintenant que plus rien ne comptait pour lui, la peur d'échouer disparue et une haine sans nom envers le Seigneur des Ténèbres prit possession de son être.
