A l'attention de la communauté sorcière,
Le ministère vous annonce par ce présent écrit, la mise en place de l'arrêté ministériel numéro dix-sept à l'attention des sorciers non mariés de plus de dix-sept ans à cette date du dix-sept septembre.
Dès aujourd'hui, si vous êtes concerné par cette réforme, vous recevrez un hibou portant le sceau de notre communauté, vous invitant à prendre contact avec celui que nous vous aurons choisi. A partir de là, vous aurez une semaine pour vous présenter au ministère ensemble et arranger votre union magique.
Pour plus d'informations, veuillez vous en remettre aux articles précédemment rédigés à ce sujet.
Cordialement,
Rufus Scrimgeour.
- C'est pas possible ?
La voix de Ron venait de se faire rauque et presque inaudible. Assez pour que Harry prenne le temps de lui répondre :
- Hum… c'est toi qui demandais si ça n'était pas une blague… et bien tu en as la preuve.
- Ca te va bien de dire ça toi ! Ca ne te concerne pas ! Juste les sorciers de pure souche… et les enfants de moldus…
Ron se renfrogna et appuya les paumes de sa main contre ses yeux fatigués par les longues nuits de veilles. Il y avait maintenant trois mois qu'ils avaient quitté l'école de sorcellerie, trois mois qu'ils étaient rentrés sans préambule dans cette vie d'avant guerre. Une vie qui amenait avec elle des changements radicaux, dont celui qui faisait le plus jaser : l'arrêté numéro dix-sept.
Le ministère avait pris très à cœur l'idée de souder la population, luttant contre la menace d'extermination des enfants de moldus par les mangemorts. Scrimgeour, ministre de la magie avait ainsi préparé pendant de longs mois la mise en place de cette réforme qui visait à former lui-même les couples sorciers. Il était certain que ceci était la solution et tentait par tous les moyens d'en convaincre la population sous le choc de cette révélation qui était aux yeux de tous, égal à un retour au mariage forcé. Pourtant, à force de mots bien placés tel que « bien de la communauté », « unité » ou « devoir » et de bourrage de crânes, les plus réticents semblaient commencer à trouver quelques qualités dans ce qui allait bientôt changer la vie de leur peuple.
- Tu me préviendras Harry, quand tu auras fini ? Demanda Hermione en s'installant face à lui. Ron… ça te dirait de te lever un matin sans faire une tête de trois pieds de longs ?
Le jeune homme releva son visage et grimaça en bafouillant quelque chose comme « on va voir quelle tête tu vas faire toi… ». Harry ne put s'empêcher de sourire et devant l'air exaspéré de sa meilleure amie, lui passa le morceau de journal en fuyant son regard.
Pourtant, lorsque celle-ci passa en revue la première page, le regard des deux jeunes hommes la toisaient littéralement, avide de connaître la réaction de celle qui en vertu de tous ces principes, mettait un point d'honneur à l'objectivité.
Pourtant, cette fois, elle finit de lire son journal comme chaque matin et le reposa tandis que Ron perdait de sa patience.
- Tu as fini, tu es sûre ?
La jeune femme prit le temps de tremper ses lèvres dans son café avant de répondre à cette question qui n'avait à ses yeux pas plus d'intérêts que le bout de papier avec lequel jouait Pattenrond.
- Je pense que oui.
- Et c'est tout ce que tu as à dire ?
- Viens-en au fait tu veux.
Ron posa son regard sur le morceau de journal et Hermione sembla enfin disposée à apaiser la curiosité de son ami. D'une voix lasse qui ne laissait transparaître aucunes émotions autres que l'ennui, elle tenta de s'expliquer.
- Ca fait trois semaines que ce journal publie chaque jour un article sur ça… celui-ci est juste plus officiel.
- Hermione ! Ca… ça te concerne aussi ! Enfin… que Harry ne réagisse pas –l'intéressé fusilla du regard son meilleur ami- ça je le conçois, mais toi !
- Ron, je te le répète, ça fait trois semaines qu'on est au courant… alors il n'y a rien de plus ! Ca peut prendre des mois avant que tout se mette en place. D'ici là…
- D'ici là, tu seras mariée à Malefoy !
Ron venait de prononcer cette dernière phrase, cognant son poing sur la table et la toisant d'un regard plein d'amertume. Puis, la voyant incapable de répondre, il reprit plus calmement, gardant le regard fixé sur son poing.
- C'est injuste… on n'a que dix-sept ans… on n'a pas l'âge de se marier… encore moins avec une personne que l'on ne connaît pas.
- Ne panique pas Ron…
- NE PANIQUE PAS ! TU ME DIS DE NE PAS PANIQUER !
Cette fois, Ron s'était levé, ne tenant plus la rage qu'accentuait son manque certain de sommeil. Puis devant le regard noir et tout aussi fatigué d'Hermione, il se rassit le feu aux joues et grogna plus qu'il ne dit :
- Un mélange de sang… je vais leur en foutre des mélanges de sang… c'est revenir à la hauteur des mangemorts que de parler de sang…
- La dessus, je suis d'accord avec toi Ron, dit Hermione pendant que ce dernier manquait d'étouffer à cette révélation. Mais maintenant, on n'a pas le choix alors il suffit d'espérer que nos noms ne soient pas en haut de la liste ; que le ministère… que le ministère trouve un autre moyen pour montrer à la population qu'il prend les devants… ou que…
- Ou qu'on en finisse une bonne fois pour toute avec vous-savez-qui.
Cette phrase venait de jeter un froid malgré elle. Voilà maintenant un an que l'ordre du phénix s'était fixé l'objectif de mettre la main sur les horcruxes… un an et rien ne semblait avoir avancé.
Hermione lançait désormais des regards courroucés à Harry qui tentait de ne montrer aucun sentiment bien que, elle le savait, il brûlait intérieurement de se sentir si inutile.
- Ron… on a le temps, crois moi…
Ce dernier tenta de lui sourire, espérant que cette fois encore, leur miss-je-sais-tout avait vu juste. Et pourtant… c'est cet instant là que choisirent deux hiboux grands ducs pour franchir les fenêtres de la cuisine et venir se poser devant Ron et Hermione, leur tendant une lettre aux cachets de cire qui leur donnait toute l'officialité nécessaire pour accélérer le rythme cardiaque des deux jeunes gens.
