No place for us
Disclaimer : Rien est à moi. Les personnages sont à JKR. Le titre vient d'une des chansons de Saez, et le titre de l'acte 1 vient d'une des chansons de Placebo.
Note : Le tome 7 n'est pas pris en compte.
Résumé : Capturée par Lord Voldemort, Lily Evans apprend, au fil des jours, à découvrir l'homme derrière le monstre. Une relation malsaine qui oscille entre la fascination et le dégoût se noue entre eux.
Rating : M pour activité et mentalité des Mangemorts.
Pour Lupiot
Acte I
Protect me from what I want
C'est le malaise du moment / L'épidémie qui s'étend / La fête est finie on descend / Les pensées qui glacent la raison / Paupières baissées, visage gris / Surgissent les fantômes de notre lit / On ouvre le loquet de la grille / Du taudis qu'on appelle maison / Protect me from what I want / Protect me from what I want / Protect me from what I want / Protect me / Protect me.
Sommes-nous les jouets du destin / Souviens toi des moments divins / Planant éclatés au matin / Et maintenant nous sommes tout seul / Perdus les rêves de s'aimer / Le temps où on n'avait rien fait / Il nous reste toute une vie pour pleurer / Et maintenant nous sommes tout seul / Protect me from what I want / Protect me from what I want / Protect me from what I want / Protect me / Protect me /
(Placebo)
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"Man is not truly one but truly two"
Robert Louis Stevenson
Partie I
Lily Evans avait tout pour être heureuse. A vingt-trois ans, elle avait un métier passionnant, et plus important que tout, quelqu'un avec qui partager son quotidien. Même si ce grand benêt ne semblait pas décider à lui offrir une bague de diamants, elle l'aimait. Cela faisait six ans qu'ils étaient ensemble, et elle n'avait pas regretté un seul instant. Du moins, cela, c'était la version romantique. En pratique, elle avait manqué de tuer un certain nombre de fois le sieur James Potter. Leurs disputes légendaires n'étaient un secret pour personne, mais cela donnait du piment à leur relation. Lily n'aurait pas aimé une liaison trop paisible.
Ce jour là, elle rentrait à Godric Hollow avec une excellente nouvelle. Si bonne qu'elle aurait pu sautiller sur place. Mais elle avait vingt-trois ans. Pas quinze.
-Je suis rentrée ! chantonna-t-elle en poussant la porte.
Un éclat de voix lui répondit. Sans surprise, elle retrouva James attablé avec ses trois meilleurs amis. Ils discutaient et ne semblaient pas s'être rendu compte de sa présence.
-Il ne faut pas désespérer, Remus, tentait Sirius.
Le jeune homme avait l'air sérieusement déprimé. Lily, un peu gênée, se racla la gorge, sentant son allégresse retomber.
-Bonjour tout le monde, fit-elle.
Ils lui sourirent et lui rendirent son salut. Elle les abandonna et monta dans sa chambre un peu dépitée.
oooooooooo
-Désolé pour tout à l'heure.
-Ne t'inquiète pas. Il y a quelque chose qui ne va pas ?
James hocha la tête.
-Oui. Remus s'est fait larguer.
Il n'ajouta pas « encore » mais le mot se sentait dans sa phrase. Lily hocha la tête, étonnée. Pourtant sa copine lui avait semblé gentille et sérieuse. Peut-être même amoureuse. En plus, elle savait pour la lycanthropie de Lupin.
-Que s'est-il passé ?
-Elle a cédé à la pression de ses proches. Ils devaient avoir peur qu'elle se fasse dévorer à la pleine lune.
Il essayait de plaisanter, mais sa tentative n'avait rien de convaincant. Lily lui fit un pauvre sourire. Le battement de son cœur s'accéléra quand il la prit dans ses bras.
-Je réalise que j'ai de la chance, murmura-t-il à son oreille. Mais je suis triste pour Remus. Combien de fois faudra-t-il arracher son cœur avant qu'il ne trouve enfin la bonne personne ?
Lily ne répondit pas. Elle l'embrassa avec douceur. Ils avaient de la chance, en effet. Dans ses bras, elle oublia pourquoi, une heure plus tôt, elle sautait de joie.
oooooooooo
-J'ai été acceptée , James ! déclara Lily aux anges. Ils m'ont donnés du travail !
-C'est vrai ? Si vite ?
Lily éclata de rire.
- Oui ! J'en suis encore retournée. Ils ont entendu de très bons échos venant du Professeur Grattesecq – tu sais mon directeur de mémoire – et ils ont trouvé mon mémoire intéressant. « Exploitable », dixit Mr. Rockwood. Ils pensent que je suis brillante !
James rit et lui caressa la joue.
-Ca fait longtemps que je le sais…
Lily ferma les yeux.
-Je n'arrive pas à croire que je vais rentrer au Département des Mystères.
Le sourire de James s'agrandit. Il était si fier d'elle. Elle allait sans doute devenir l'une des plus jeunes Langues De Plomb du Ministère. Sa joie était communicative, et lui faisait plaisir.
- Samedi, on invite tout le monde pour fêter cela ! décida-t-il.
oooooooooo
-C'est la méga fêteuuuh !
Lily soupira et trinqua pour la cinquième fois de la soirée. Mais quelle bande de zouaves. James était prêt à sauter sur la première excuse lui permettant de se lâcher avec ses amis. Et depuis qu'il avait découvert l'alcool moldu, il ne se privait pas pour faire des mélanges étranges.
-CONCOURS DE BOISSONS ! Tu veux un verre ma Lily ?
La rouquine hésita puis accepta finalement. Elle vida en quelques minutes le cocktail de Feu que lui avait servi son petit ami. Elle sentit le rouge de l'alcool lui monter aux joues, et une chaleur se répandre dans sa gorge, dans son ventre. Elle avait l'impression de planer, de ne plus être vraiment dans son corps. C'était une sensation agréable.
Souriant stupidement, elle s'affala sur le canapé pour observer les résultats du concours. Sirius avait renversé son verre sur sa chemise et ricanait bêtement, Remus hoquetait de rire un peu plus loin – par bonheur, ce soir là il n'avait pas l'alcool triste –, Hector se pavanait en rigolant, Erika flirtait avec lui. Et Peter attaquait son septième – ou était-ce son huitième ? – verre, alors que James, soudain verdâtre lui concédait la victoire.
Une franche rigolade, songea-t-elle en fermant les yeux. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas amusée comme cela.
oooooooooo
-Une attaque !
-Où cela ?
-Au chemin de Traverse. Dépêchons nous ! Dumbledore est déjà parti.
Lily hocha la tête, mais dut se retourner quand une main se posa sur son bras. Elle se retrouva face à Alastor Maugrey.
-Il paraît que Voldemort est là bas, dit l'Auror, ça va être un vrai carnage.
Il lui mit des fioles magiquement réduites dans la paume de la main.
-Potions de soins. Vous pourrez en avoir bon usage.
-Merci.
L'Auror hocha la tête.
-Ne me remerciez pas. Lily, avant de… d'aller là-bas… Passez à la boutique d'Ollivanders et voyez si tout va bien. Ce serait une catastrophe s'il arrivait quelque chose au vieillard.
-A vos ordres, répondit la jeune femme.
Fol Œil lui lança un sourire édenté avant de transplaner. Lily rangea les flacons dans sa poche avant de l'imiter. La jeune femme réapparut devant la boutique du vendeur de baguettes. Les bruits des explosions qui lui parvinrent l'effrayèrent. Elle poussa la porte de la boutique, et fut étonnée de la voir ouverte. Elle entra, et fut accueillie par la baguette menaçante de Ollivanders. Il la baissa en la reconnaissant.
-Ah. Miss Evans.
-Excusez-moi. On m'a dit de venir voir si vous n'aviez besoin de rien.
Il secoua la tête et la remercia. Elle aperçut du coin de l'œil quelques gosses planqués dans les rayonnages. Sûrement de futurs élèves de Poudlard.
-…
-J'ai des potions de soins…
-Rassurez-vous ici tout va bien.
Ses yeux s'assombrirent.
-D'autres par contre, ont sûrement besoin de votre aide.
Elle inclina la tête et sortit, rassurée sur son sort. Une fois dehors, elle se précipita vers la fumée.
oooooooooo
Parant la malédiction qui lui fonçait dessus avec un Protego, Lily répliqua immédiatement avec un Expelliarmus bien placé. Ce sortilège, si simple soit-il, faisait ses preuves en toute situation. Surpris par sa rapidité, le Mangemort fut projeté en arrière. Brisant la baguette de son ennemi, Lily se prit à regretter que ses recherches n'avancent pas plus vite. Pouvoir lancer plusieurs sorts en même temps aurait été bien pratique.
Enjambant l'homme évanoui, elle passa à son adversaire suivant. Celui-là avait l'air de la connaître, parce qu'il prononça son nom d'une voix sourde. Mais cela ne jouait pas en sa faveur ; le Mangemort lui lança immédiatement un sort qu'elle ne reconnut pas. L'éclat de rire triomphant de son ennemi fut la dernière chose qu'elle entendit avant de sombrer dans l'inconscience. Satisfait, le Mangemort posa la main sur elle et transplana.
oooooooooo
James ignora le regard rempli de compassion de ses amis. Il ne voulait pas entendre leur tentative de réconfort. Pas aujourd'hui, pas maintenant. Ils devaient s'occuper des morts et des blessés, laver le sang sur le sol et sur leurs mains. Il savait que s'il commençait à penser à penser à Lily, et à ce qu'il s'était passé, il perdrait la tête, il s'effondrerait. Il ne voulait pas pleurer. Car s'il commençait, il serait incapable de cesser. Elle était peut-être encore vivante. Et de toutes ses forces, il s'accrochait à cet espoir. Sinon… il ne lui resterait plus rien. Sans croiser le regard de Sirius, James ouvrit la bouche.
-Je peux rester ici cette nuit ?
Il ne voulait, ni ne pouvait rentrer, rencontrer l'absence, réaliser qu'elle n'était plus là, qu'il ne la reverrait peut-être jamais. Ce défaitisme ne lui ressemblait pas, mais il se sentait à bout. Usé. Vidé.
-Tu peux rester tant que tu veux, répondit Sirius. C'est peut-être le QG de l'Ordre mais c'est encore chez moi… enfin… autant que cette baraque sinistre peut représenter un foyer pour quelqu'un…T'as ta chambre si tu veux, tu peux prendre celle à côté de la mienne. Comme ça, t'entendras pas trop les cris de la vieille.
-COMMENT PARLES-TU DE TA MERE ! MISERABLE RACLURE, TRAÎTRE A TON SANG ! JE REFUSE QUE CETTE IMMONDE VERMINE RESTE ENTRE NOS MURS !
-Oui, oui, maman, répondit Sirius. Tu devrais pas te plaindre… au lieu d'un charmant Sang Pur, je pourrais te ramener un Cracmol « Sang de Bourbe »…
-Ca existe ? commenta Peter, avec un sourire.
Il se sentait mieux. L'atmosphère semblait s'être détendue. C'était une bonne chose, car il ne voyait pas ce qu'il aurait pu dire à James. Sirius était bien plus doué que lui pour cela. A sa droite, il vit Remus étouffer un soupir de soulagement. Apparemment, lui aussi avait été dérangé par le climat étrange qui nageait entre eux depuis quelques heures.
-Va savoir… mais si ça peut énerver ma mère, je suis prêt à aller chercher cette perle rare…
-OSE ! ET JE TE JURE –
-Lançons les recherches, acquiesça James avec un sourire.
Sirius, un peu rassuré, éclata de rire.
oooooooooo
Lily rouvrit les yeux, mais elle ne put rien voir. La pièce était plongée dans l'obscurité, le sol froid et pierreux. Depuis combien de temps était-elle là ? Sûrement un bon moment, si elle en croyait la faim qui lui tordait le ventre. A tâtons, elle ne tarda pas à trouver les murs de l'endroit exigu dans lequel elle était enfermée. N'ayant rien d'autre à faire, Lily s'assit contre le mur et ferma les yeux, espérant pouvoir se rendormir. Elle était si fatiguée, qu'elle n'avait même plus la force de pleurer.
Lorsqu'elle se réveilla pour la deuxième fois, un rayon de lumière parcourait la pièce, assez fort pour qu'elle s'aperçoive qu'elle était dans un cachot. Un cachot ! Si la situation n'avait pas été si désespérée, elle aurait presque pu en rire. La jeune femme ferma les yeux.
La faim et la soif la réveillèrent une nouvelle fois. Une violente nausée la prenait et elle devait mettre toute sa volonté à s'empêcher de vomir. Depuis combien de temps était-elle là ? Deux jours ? Elle ne bougea pas, malgré les douleurs et les crampes qu'elle sentait dans ses bras, dans son dos. Au bout d'une éternité, alors qu'elle était près de s'évanouir, elle entendit un sort, un grincement métallique, et la porte s'ouvrit. L'individu entra. Lily aurait été incapable de dire si c'était un homme ou une femme, quoiqu'elle penchât pour la première option. La voix de l'inconnu lui donna raison.
-Réveillée ?
Elle ne répondit pas. Ses yeux fixaient avidement l'assiette qu'il tenait à la main. Il jeta près d'elle une bouteille d'eau, qu'elle saisit, ouvrit. Puis, sans quitter l'homme du regard, elle porta le goulot à sa bouche. Tant pis si c'était empoisonné. En quelques minutes l'eau avait éteint l'incendie qui faisait rage dans son estomac. Ses lèvres craquelées s'humidifiaient doucement, et son mal de tête s'atténuait. Elle toussa, et retint un gémissement de douleur tant son dos la faisait souffrir.
-Je commençais à me demander si t'étais pas crevée, dit l'homme.
-Qui êtes-vous ?
Sa voix était rauque, cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas parlé. L'homme éluda la question d'un geste.
-Mange, dit-il en lui jetant la pitance aussi peu délicatement que l'eau.
Lily préféra ne pas identifier ce qu'il y avait dans son assiette.
-Depuis combien de temps, je suis… ici ?
-Deux jours et demi depuis le Chemin de Traverse.
Elle enregistra l'information, en tentant d'oublier le goût infect de la nourriture. Elle avait trop faim pour s'en soucier. L'homme attendit qu'elle ait terminé avant de lui ordonner de se lever. Il ne fit pas un geste vers elle alors qu'elle manqua de tomber. Elle n'avait même pas songé à protester, ne voulant pas risquer de se prendre un sort qui l'affaiblirait davantage encore. Il lui fit traverser plusieurs couloirs. Elle aperçut d'autres cellules comme la sienne. Des mains écorchées étaient accrochées aux barreaux, et de temps en temps, un hurlement retentissait, brisant le silence. Cela ressemblait un peu à l'idée qu'elle se faisait d'Azkaban. Merlin soit loué, il n'y avait pas de Détraqueurs ici.
L'homme ne s'était même pas donné la peine de l'attacher, ou de l'entraver d'une quelconque façon, de toute façon elle était bien trop faible pour tenter quoique ce soit. Il semblait que son cerveau lui-même refusât de penser à autre chose qu'à la douleur indicible qui parcourait tout son corps. Et ça ne faisait que deux jours qu'elle était là. Au bout d'une éternité, il ouvrit une porte, se retourna vers elle, et la poussa à l'intérieur, avant de refermer la porte derrière lui.
Regardant autour d'elle, Lily constata que les murs étaient toujours en pierre – elle devait être dans un château, une forteresse – mais qu'il y avait une douche, misérable, qu'un faible rideau protégeait du monde extérieur. L'homme lui lança un regard coupant. Elle entreprit de retirer ses vêtements. Ils étaient sales, maculés de sang, d'immondices et de poussière. Elle hésita quelques secondes avant de garder ses sous-vêtements. Ils étaient aussi sales que ses oripeaux, mais elle ne pouvait se résoudre à supporter le regard de son geôlier sur son corps dénudé. Il ricana à son geste.
-Dépêche-toi. J'ai pas qu'ça à faire, grogna-t-il.
L'eau était froide. Elle se plaqua contre la paroi, pour éviter l'eau froide, avant de passer timidement la main puis le bras sous le jet. Finalement, prenant une inspiration, elle fit un pas en avant pour recevoir la douche sur la tête. Même si c'était glacé, elle ne put s'empêcher de soupirer de soulagement, alors que la crasse disparaissait de son corps. Elle regretta l'absence de savon, mais se dit qu'il ne fallait pas abuser de la « générosité » de l'homme.
Lorsqu'elle sortit de la douche, l'homme lui jeta un sortilège de séchage avant de lui balancer une robe à la tête. Ce n'était pas la sienne, et elle semblait à peu près propre. Elle l'enfila sans hésiter, évitant de penser au regard posé sur elle. Ils ne reprirent pas le même chemin. Il ne l'emmenait pas au même endroit. Les mains lissant ses cheveux encore trempés, frissonnant de froid malgré le sort de chaleur, elle le suivit dans les escaliers et les longs couloirs qu'ils traversèrent. Ils durent arriver à une autre aile de la forteresse, car de nouveau, Lily put voir des cachots autour d'elle. L'homme ne s'y arrêta pas. Il n'avait pas prononcé un mot depuis qu'ils avaient quitté la salle d'eau. Après une éternité, l'inconnu s'arrêta et lui fit signe d'attendre. Un autre homme venait à leur rencontre. Il ne portait pas de masque, mais elle aurait été incapable de l'identifier. Son visage était ravagé – potions, maladie, torture, la liste des causes était longue.
-C'est elle ?
-Ouais. Elle puait, je l'ai emmené à la salle du bas.
Lily baissa la tête, honteuse.
-T'as bien fait.
L'homme la regarda un instant. Puis il leva sa baguette.
-Endoloris.
La douleur fusa instantanément. Elle semblait s'introduire dans sa bouche, dans son ventre, dans ses nerfs. Tous les pores de sa peau l'expiraient. C'était une douleur insoutenable, inimaginable. Elle hurla comme elle n'avait jamais hurlé. Aussi brusquement que cela avait commencé, la souffrance disparut. Lily s'aperçut qu'elle était tombée. Le visage en sueur, elle tourna les yeux vers le sorcier, qui arborait un sourire ravi.
-Bienvenue en enfer, poupée.
oooooooooo
Lily ouvrit les yeux. Elle était allongée sur un lit misérable, infiniment plus douillet que le sol dur qui lui avait servi de matelas pendant deux jours. Elle se redressa lentement, et regarda autour d'elle. Un peu plus de lumière, un peu plus grand. Pour la première fois depuis sa capture elle pensa à James. Se mordant les lèvres, elle lutta contre les larmes. Etait-il vivant ? Et les autres ? S'en étaient-ils sortis ou étaient-ils morts, ou prisonniers comme elle ?
Elle se leva comme elle put, lorsque des éclats de voix lui parvinrent.
-CRETIN ! Si le Maître ne nous éviscère pas, nous aurons de la chance.
-Un Doloris n'a jamais tué personne…
-Mais le Maître, si. Il a dit que la connerie de Nott pourrait avoir une utilité. T'as imprimé ?
-C'est pas non plus un drame.
-Va expliquer ça au Seigneur des Ténèbres. De toute façon, j'en ai rien à foutre. Je n'assumerai pas pour toi.
-Tu vas bientôt te transformer en angelot… Me dis pas que tu l'as pas touchée.
-Non je ne l'ai pas fait, grogna l'autre. Si t'es incapable de retenir tes pulsions, va voir une pute. Ou demande à Kramer. Il ferait n'importe quoi pour une clope à ce qu'on dit. T'es mieux renseigné qu'moi, non ?
-Est-ce que t'insinues…
-J'insinue rien du tout. Il est pas question que je cache quoi que ce soit au Maître. Cette fille est un otage qu'il a pas envie de voir crever. Alors, écrase.
-Un otage ? murmura-t-elle.
Un rire lui répondit. Les hommes avaient arrêté de se disputer quand ils s'étaient aperçus qu'elle les écoutait.
-Ouais poupée, dit Visage Ravagé. Il paraît que tu vaux cher. Il compte obtenir plusieurs millions de gallions en échange de ton joli minois. Il t'expliquera mieux que moi… j'ai cru comprendre qu'il passerait, à l'occasion.
Il lui lança un sourire obscène.
-Il est bien moins gentil que moi. Tu devrais profiter de ma générosité pendant qu'tu le peux encore.
-Ecrase crétin, grogna l'autre à sa gauche. Ou je t'assure que tu dormiras sous terre ce soir.
Puis il tourna les talons, et s'éloigna. Lily se recula, et se laissa tomber près du mur.
oooooooooo
Le deuxième repas fut aussi infect que le premier. Visage Ravagé disparut durant la nuit, mais Lily y prêta à peine attention. Sans doute ressentit-elle du soulagement. Elle avait réellement eu peur qu'il entre dans sa cellule durant la nuit.
Ce fut le même homme que la première fois qui vint lui apporter sa nourriture. Il l'emmena de nouveau dans une salle d'eau, plus proche de la cellule mais la laissa seule, cette fois. Lily en profita pour regarder autour d'elle. Mais rien. Les murs étaient totalement nus. Pas le moindre objet. A part les rideaux. Et les gravas qui tombaient des murs. Soupirant, elle se flanqua sous la douche froide, et enfila rapidement la robe que l'homme avait laissé derrière lui.
-Le Maître veut vous voir, dit-il.
Ce n'était pas une question, ni même un ordre. Une simple information qu'il lui donnait. Il aurait pu s'abstenir de lui donner, et l'emmener sans un mot devant le Seigneur des Ténèbres. Peut-être voulait-il l'effrayer. Il avait réussi dans ce cas là. Elle le suivit sans un mot.
Il s'arrêta finalement devant une lourde porte de bois. Il avait l'air tendu lui aussi, hésitant peut-être. La porte s'ouvrit et l'homme entra, toute trace de nervosité évanouie. Il s'inclina profondément.
-Maître…
-Tu peux disposer Marcus.
-Oui, Maître.
L'homme s'effaça sans un bruit. Lily ne bougea pas. Elle ne s'était pas inclinée. Mais elle ne regardait pas non plus le Mage Noir. Elle gardait les yeux baissés. Finalement, elle osa les relever, lentement, pour contempler Lord Voldemort, pour la première fois de sa vie. Elle ne l'avait jamais vu. Elle avait écouté les Auror en parler, elle avait écouté Dumbledore l'évoquer, elle avait écouté ses amis l'insulter, le vouer à l'enfer et à la mort… mais elle ne l'avait encore jamais aperçu sur un champ de bataille.
Il se tenait debout devant elle, ses longs doigts blancs caressant nonchalamment le bras d'un imposant fauteuil. Il portait une lourde robe noire, et une cape de la même couleur. Deux yeux rouges brillaient au milieu de son visage blême comme celui d'un mort. Il n'était ni laid, ni beau. Il n'était ni repoussant, ni séduisant. Il était fascinant.
-Lily Evans…, murmura-t-il.
Elle frissonna à l'évocation de son nom.
-Votre présence n'était pas prévue dans mes cachots, commença-t-il.
Lily déglutit difficilement. Il parlait doucement, mais cela suffisait largement pour qu'on puisse l'entendre. Et d'une certaine manière, c'était bien plus terrifiant que s'il avait crié. La jeune femme n'arrivait pas à se convaincre qu'elle était devant Voldemort en personne. L'épée de Damoclès qui planait sur l'Angleterre, menaçant des milliers de vie. Cela tenait du surréalisme, du surréalisme cauchemardesque.
Il sourit, apparemment amusé par quelque chose connu de lui seul.
-Mais vous êtes plus intéressante qu'il n'y paraît au premier regard.
Elle resta muette, paralysée par sa présence, incapable de détacher ses yeux de lui. Le sourire du sorcier s'agrandit. Il se voulait charmeur, mais il était plus terrifiant qu'autre chose. Lily se demanda comment elle pouvait parvenir à rester debout, sur ses jambes, sans que celles-ci ne la trahissent.
-En attendant que vos amis se plient à ma volonté, je suis certain que nous serons amenés à nous recroiser.
-Votre volonté ? parvint-elle à balbutier.
Le regard qu'il lui lança acheva de la terroriser. Les iris rouges flamboyaient alors que ses pupilles se résorbaient presque entièrement, un peu à la manière d'un chat – ou d'un serpent. Il éclata de rire, comme si elle venait de lui dire la chose la plus spirituelle au monde. Mais ça n'avait rien d'un rire agréable – c'était sardonique et coupant, et plus que tout, c'était froid et dénué de la moindre joie.
Son sourire n'avait plus rien de charmeur – s'il avait jamais comporté une telle nuance. Il était mauvais. Les expressions de ce visage de marbre étaient sidérantes de cruauté.
-J'ai demandé à obtenir quelques petites choses en échange de votre personne.
Il claqua des doigts et, un instant plus tard, l'homme du premier jour était là, à genoux, tremblant de terreur. Voldemort, un rictus méprisant sur les lèvres, lui ordonna de la reconduire d'où elle venait. Jusqu'à leur prochaine rencontre.
oooooooooo
Il ouvrit la porte, et lui fit signe d'entrer. Sur le « lit », l'attendaient bouteille d'eau et assiette au contenu non identifié.
-Je reviendrai demain. Dormez en attendant.
-Quelle heure est-il ?
-Quelle importance ? répondit-il en sortant, fermant la porte derrière lui.
Restée seule, Lily s'assit sur le lit, et repoussa rageusement l'assiette tentatrice. Elle s'explosa sur le sol. Attrapant la bouteille d'eau, la rousse la vida d'un seul trait. Tant pis si elle ne mangeait pas ce soir. Elle ne se sentait pas d'humeur.
oooooooooo
Lorsqu'elle se réveilla, une nouvelle assiette, accompagnée d'une bouteille d'eau l'attendait près de la porte. Lily se jeta dessus et avala rapidement le tout. Quelques temps plus tard, la porte s'ouvrait sur son gardien – elle ignorait pourquoi, mais elle était persuadée qu'il s'agissait toujours du même homme – qui la conduisit dans la salle d'eau.
Il revint une fois, deux fois, trois fois.
Si bien qu'elle arrêta de compter.
oooooooooo
Il s'était presque passé une semaine et demie depuis la disparition de Lily quand Albus Dumbledore apparut Square Grimmaud. Et pas pour rendre une visite de courtoisie, James s'en aperçut immédiatement au visage fermé du vieil homme.
-Albus ? hésita-t-il.
-Ah James. Bonjour… comment allez-vous ?
-…pas mieux, marmonna-t-il.
Le sorcier eut la courtoisie de paraître quelque peu gêné. James haussa les épaules.
-Que nous vaut le plaisir de votre visite ? demanda joyeusement Sirius.
-J'apporte des nouvelles, dit-il.
-Des nouvelles, répéta Potter qui semblait ailleurs.
-C'est à propos de Voldemort… Lily est vivante, James.
Le jeune homme ouvrit de grands yeux, tout d'un coup tout à fait conscient de la réalité.
-Parlez… !
-Je suis navré de ne pas être venu plus tôt. Cela fait quarante huit heures que nous avons reçu ces nouvelles, mais je crains d'avoir été quelque peu accaparé par le Ministère. Lily est vivante, nous en avons la certitude. Apparemment, Voldemort veut se servir d'elle comme monnaie d'échange.
-Pourquoi ne m'en avez-vous pas parlé plus tôt ? Il me semble que cela me concerne ! s'écria le Gryffondor.
-En effet, acquiesça Dumbledore. Mais Lily est dorénavant une Langue-de-Plomb. Depuis peu, je vous l'accorde, mais vous connaissez Bartemius…
-Que veut-il ? Des informations ?
-Rien d'aussi simple, répondit Albus. Il a donné plusieurs moyens… pour que nous puissions récupérer Lily…
James se tut, observant le vieil homme. Si Albus n'avait pas donné immédiatement satisfaction au Seigneur des Ténèbres, c'est que c'était impossible. Ou très difficile.
-Il veut qu'on libère des Mangemorts.
-Pas des sous-fifres j'imagine ?
-Exact.
James baissa les yeux.
-Et les autres ?
-Les autres ?
-Trucs qu'il demande.
Albus secoua la tête. Il avait l'air quelque peu gêné. James se demanda ce qui pouvait bien gêner Albus Dumbledore.
-Il veut cinq millions de Gallions.
-Quoi ?!
Quand Albus évita son regard James craignit le pire. Et il avait raison.
-Et… il veut que vous… intégriez les Mangemorts…
-Quoi ?
-Ce n'est… qu'à ce prix… qu'il nous rendra Lily. Vivante. Nous avons trois mois.
James ouvrit la bouche. Mais il ne trouva rien à dire.
oO0°0Oo
L'homme finit par lui adresser la parole, un jour. Il lui donnait le jour de la semaine, l'heure parfois. Mais il n'évoquait jamais rien d'autre. Lily avait l'impression d'être un animal qu'on devait maintenir en vie, pas par bonté d'âme non, juste parce qu'il le fallait.
Un soir, il ouvrit la porte de la cellule. Il n'avait pas d'assiette dans les mains. Il l'invita à le suivre sans un mot. Un silence pesant s'installa, et Lily se contenta de marcher derrière lui, en regardant ses pieds. Il la reconduisit à travers le château, jusqu'à cette lourde porte de pierre qu'elle reconnut sans problème, la porte qu'elle avait passé, la dernière fois qu'elle avait rencontré Lord Voldemort.
Comme la dernière fois, le sorcier se tenait là. Il leva les yeux des parchemins qu'il consultait à leur arrivée – parchemins qui disparurent immédiatement.
-Marcus… As-tu fait ce que je t'ai demandé ?
L'homme s'inclina profondément.
-Oui, maître. Darius ne nous posera plus de problèmes.
La bouche de Voldemort se tordit dans un rictus qui devait très certainement être un rictus satisfait.
-Parfait. Tu peux disposer. Je t'appellerai.
Marcus s'inclina une nouvelle fois et quitta les lieux. Une fois que la porte fut refermée sur le Mangemort, Voldemort lui accorda son attention.
-J'ai appris des choses intéressantes à votre sujet, commenta-t-il, après quelques instants de silence.
Lily lui jeta un regard hésitant, elle n'aimait pas la façon dont il la jaugeait, comme si elle était un objet dont il jugeait l'utilité. Mais ce n'était pas comme si elle pouvait faire quoique ce soit contre. Elle ne voulait qu'une chose, échapper à ces yeux inquisiteurs, s'échapper de cet endroit, retourner dans sa cellule froide, avant que ses jambes ne faiblissent, avant que son corps ne la trahisse.
Mais il n'en avait pas fini. Apparemment, il tenait à lui faire dire ce qu'il savait.
-Vous êtes la plus jeune Langue-De-Plomb qui soit entrée au Ministère depuis un bon bout de temps, miss Evans, dit-il avec un sourire indéfinissable. Pour une Sang-de-Bourbe, je suppose que c'est remarquable.
Elle frémit à l'insulte, osa croiser son regard une demie seconde avant de baisser les yeux.
« C'est Lord Voldemort devant toi, pas Malfoy ou Snape, ou un quelconque Serpentard. » lui rappela un coin de son esprit.
-J'avoue avoir trouvé votre mémoire… divertissant.
-C'est pour ça que vous… vouliez me voir ? osa-t-elle.
Elle regretta ses mots à peine furent-ils sortis. Mais Voldemort ne semblait pas offusqué. Plutôt amusé. Du moins est-ce l'impression qu'il lui donna.
-Non, admit-il, quoique cela serait peut-être plaisant de m'entretenir avec vous là-dessus.
Lily ferma la bouche, se demandant ce qu'il pouvait bien lui vouloir. Elle ne le sut jamais, car il n'ajouta rien de plus. Il fit juste rappeler Marcus qui la reconduisit dans sa cellule.
A suivre…
Voilà pour le premier chapitre de ma nouvelle fic. J'espère que cela vous a plu. Avis, remarques, questions ?
