Bonjour, prélude avant le chapitre : cette fanfiction est une suite de ma toute première histoire publiée sur ce site : La destinée d'Hélie Kenway. Néanmoins, je pense qu'il n'est pas nécéssaire de la lire pour comprendre cette suite. Et si vous n'avez pas envie de vous taper les 23 chapitres (ce que je comprend), vous pouvez toujours me poser des questions en commentaires, j'y répondrais volontier pour la compréhenssion de l'histoire.
Merci et bonne lecture
Chapitre I
Chayton regarda par la fenêtre du bureau. Son père était encore dans la cour, à s'occuper de sa jument avec une lenteur qui fit soupirer son fils. Pourtant, Adel était loin d'être vieux, il approchait à peine de la quarantaine, avait une forme olympique et plaisait encore beaucoup aux jeunes dames, avec ses cheveux bruns en batailles, sa peau caramel et ses yeux sombres. Il avait l'allure d'un séducteur, mais était bien loin d'avoir le caractère. Les fois où Chayton accompagnait son père à Paris, il voyait bien les regards en coin des femmes, et leur gloussement après son passage. Adel ne les entendait pas, ou alors il les ignorait avec une habilité admirable. Difficile de savoir s'il était flatté ou agacé de ces comportements répétitifs, et encore plus difficile de savoir ce qu'il pensait de ces femmes. Il cachait si bien son jeu…
Pour cela, Chayton respectait son père. Il était fidèle, loyal et ava beaucoup de considération. De grandes qualités qui venaient à manquer aujourd'hui…
Chayton avait grandi dans un monde qu'il qualifiait de parallèle, du moins c'était le nom qu'il lui donnait lorsqu'il c'était rendu compte que la vie des autres garçons de son âge était bien différente de la sienne... Un monde étrange, dont beaucoup de personnes ne connaissaient pas du tout l'existence. Les discussions qu'il avait autour de lui évoquaient les Assassins et les Templiers. Les secrets des uns et les complots des autres, les histoires de reliques et de temples. Ils y avaient des jours où Chayton se demandait s'il n'avait pas grandi dans une secte.
Il avait mis beaucoup de temps à comprendre ces histoires. D'un côté, il avait accompagné son père chez monsieur De La Serre où il entendait des propos injurieux et arrogants à l'encontre des Assassins et de l'autre côté, trois d'entre eux étaient les meilleurs amis de son père. Benjamin, Maximilien et Alexandre, trois personnes que Chayton connaissait depuis sa naissance et qu'il considérait comme ses oncles. Son père n'était pas un traitre à leurs yeux. Mais il était un Templier, et cela, tout le monde le savait. Les quatre amis se voyaient souvent, riaient ensemble, parlaient de leur vie quotidienne, de leurs tracas... Il ne semblait pas y avoir la place pour les ennemis dans la maison d'Adel.
Pourtant ces hommes étaient des Assassins, amis avec son père, un Templier. La situation était tout ce qu'il y avait de plus illogique. Selon Lafrenière, les Assassins étaient des fous sanguinaire, violents, barbares et ignorants comme les poules. Chayton avait depuis longtemps cessé d'écouter les personnes qu'il rencontrait chez de la Serre, tant elles lui inspiraient du dégoût de par leur intolérance et leur manque d'esprit. Il s'en méfiait comme de la peste. Mais leurs propos résonnaient parfois dans sa tête, lui faisant perdre la notion du bien et du mal que représentaient Templiers et Assassins. Chayton préférait largement écouter ses « oncles », plus drôles et amicaux. Mais il n'arrivait toujours pas à comprendre comment des membres de deux ordres, qui semblaient se haïrent depuis la nuit des temps, puissent se réunir une après-midi autour d'une partie de cartes.
Beaucoup de questions se bousculaient dans la tête du jeune homme, mais les plus obscures restaient celles qui concernaient sa mère. Elle était un véritable mystère, les gens évoquaient son existence à la manière d'une légende. Elle était un mythe dont Chayton connaissait peu de choses.
Elle avait été un Assassin. Ce fut Benjamin qui le lui dit un jour, alors qu'il était assez jeune, « Ta mère a fait partie de de notre crédo, tu ne le savais pas ? ». Non, il ne le savait pas, personne ne lui avait dit. Lorsqu'il l'avait su, Chayton avait ressenti un mélange de frustration et d'étonnement. Son père un Templier et sa mère, un Assassin. Une association aussi improbable que Chayton n'avait désormais plus d'identité. Il ne pouvait être le fruit de cette association car elle était impossible.
Aujourd'hui Chayton cherchait son identité. A savoir si sa vie avait un rapport avec un ordre, ou un crédo.
-As-tu passé une bonne journée ? demanda une voix derrière lui.
Adel avait fini par rejoindre son fils dans son bureau. Chayton était resté à la fenêtre, pensif.
-Oui. répondit-il, simplement.
-M'attendais-tu ? demanda son père en s'approchant de lui.
-Je me demandais juste quand est-ce que tu reviendrais.
Il se détourna de la fenêtre, sans accorder un regard à son père. Celui-ci resta immobile lorsque son fils passa devant lui, il le scruta pour déceler dans chaque mouvement ce qui avait bien pu l'irriter. Chayton sortit du bureau, incapable de supporter le regard de son père qui le transperçait de part en part pour apercevoir sa moindre faiblesse, mais c'était sans compter la détermination d'Adel. Il lui emboita le pas.
-J'ai croisé ton précepteur en revenant, dit-il d'un air innocent, il m'a dit que tu as été peu attentif aujourd'hui…
-Vraiment ? dit Chayton qui commençait à s'irriter. Il est vrai que nous avons beaucoup parlé de géographie aujourd'hui, mais de là à dire que je n'écoutais pas.
-La question n'est pas ton écoute, mais ton inattention. Quelque chose te tracasse ?
-Non.
Le ton de Chayton se faisait de plus en plus irrité mais son père ne lâchait rien.
-Mon absence t'irrites-t-elle ?
-Non, soupira Chayton au bord de la crise de nerf, si elle devait m'irriter à chaque fois que tu vas à Paris, je n'aurais pas fini de me morfondre !
-Alors quoi ? s'énerva Adel. Je ne t'ai pas vu de la journée et voilà que tu me fuis.
Chayton s'arrêta. Il était arrivé dans la pièce que son père appelait « le bureau principale », une pièce dont les murs étaient recouverts d'une bibliothèque bien fournie ou d'étagères pleines d'objets en tout genre et de feuilles volantes avec des dessins ou des notes et qui n'était rien d'autre que l'ancien bureau de sa mère. Aujourd'hui, la pièce était accessible autant à Adel qu'à Chayton mais que ce dernier évitait puisqu'elle était en lien direct avec les Assassins et les Templiers. Effectivement, tous les coffres de cette pièce abritaient des clefs, des objets tout droit venus de la première civilisation, de « Ceux qui étaient là avant », comme disaient les autres… Les dessins montraient des schémas complexes d'artéfacts et de temples. Chayton ne s'y était jamais intéressé, les seules fois où il venait, c'était pour renouveler le roman qu'il venait de finir. Et cette fois-ci, il n'était pas venu pour un livre.
Il posa ses coudes sur le bureau et prit sa tête entre ses mains, son corps légèrement courbé en avant. Il soupira. Il était ridicule, il le savait. Son père avait raison, comme toujours. Il le fuyait, pour aucune raison valable, simplement parce qu'aujourd'hui, sa tête en avait décidé ainsi.
-Je suis désolé, murmura-t-il, je suis un idiot, je le sais… Simplement…
Il releva la tête. Devait-il lui dire ? Adel le regardait, son expression c'était adoucie, son visage était calme. Il regardait son fils avec une patience et une compréhension que Chayton admirait.
-Tu n'es pas idiot Chayton. dit-il calmement. Simplement ?
-Simplement j'ai l'impression que tu attends de moi quelque chose que je ne veux pas faire.
Adel observa son fils. Le jeune homme n'osa croiser son regard. Il était beau garçon, et Adel ne le pensait pas uniquement parce qu'il était son fils. Son métissage d'arabe et de natif américain donnait à sa peau une teinte caramel. Ses yeux bleus, rares et hérités de sa mère, se distinguaient beaucoup sur sa peau tannée. Ses cheveux étaient sombres, coiffé en bataille comme ceux de son père. Il était dans la période ou les enfants grandissent pour devenir des jeunes hommes, ni enfant, ni homme. Sa croissance était en retard par rapport à celles des autres, il n'était pas très grand, mais cela lui permettait de se faire oublier plus facilement. Il portait des tenues françaises, mais avec une simplicité qui le différenciait des autres jeunes hommes de son âge.
En réalité, tout le différenciait des jeunes hommes de son âge. Sa prestance, son caractère, ses centres d'intérêt. Bien qu'il ne côtoyait que rarement les garçons de Paris et ses alentours, Chayton savaient qu'ils étaient différents de lui. Ou sûrement l'inverse…
-Et quel est ce quelque chose ? demanda Adel.
Chayton leva la tête vers lui et soutint son regard sans ciller.
-Te rejoindre dans l'ordre.
Adel changea d'expression. Un étonnement infini se dessina sur son visage et Chayton préféra détourner les yeux avant d'y voir la déception. Mais l'action fut tout autre. Adel éclata de rire, son fils leva les yeux vers lui, légèrement en retrait, et se demanda ce qu'il y avait de si drôle dans cette déclaration qui l'avait tourmenté depuis plusieurs années.
-Je suis sérieux père ! s'offença-t-il.
Adel reprit son souffle.
-Evidemment Chayton, je ne me moque pas de toi, crois-le. Je suis même un peu déconcerté de savoir que tu as pu penser que mon souhait le plus cher était que tu rejoignes notre ordre.
Il s'approcha de lui et le pris par les épaules. Le jeune homme resta sombre malgré l'hilarité de son père et avait du mal à se joindre à la plaisanterie.
-Bien au contraire mon fils. Je n'ai toujours souhaité que ton bonheur, et peu importe où tu le trouveras. Tu n'as pas à t'inquiéter pour cela, tu es jeune, tu as le temps. Et tu pourras toujours changer d'avis, nous nous créons avec nos expériences. Tu sais, ta mère avais un discours très particulier concernant l'ordre et toi, elle ne voulait pas que tu y sois mêlé. A ses yeux, personne ne devait t'influencer, tu devais faire tes propres choix et elle avait raison.
-Si tu penses la même chose qu'elle, pourquoi ne quittes-tu pas l'ordre ? demanda Chayton d'un ton amer.
-Car j'ai fait mon choix.
Le jeune homme se dégagea violemment de l'étreinte de son père, fulminant de rage.
-Elle aussi avait fait son choix et regarde où ça l'a mené ! A cause de l'ordre et à cause du crédo, j'ai dû vivre sans mère ? Trouves-tu cela normal ?
-Les choix de ta mère n'ont rien à voir avec sa mort Chayton ! répliqua Adel du même ton. Tout cela est beaucoup plus compliqué !
-Ah bon ? Je ne le crois pas. Les Assassins et les Templiers se font la guerre depuis des centaines d'années et qu'est-ce que cela a apporté ? Moi j'ai la réponse : rien ! Oh si, peut-être des milliers de morts dans les deux camps, sans compter les innocents qui ont dû périrent de votre guerre secrète. Regarde-toi, tu as été endoctriné par cet ordre, c'est une secte !
-J'ai rejoint l'ordre de mon plein gré.
-Faux, tu l'as rejoint l'ordre par nécessité, à une période où tu étais seul, jeune et naïf. Et regarde ce que cela a fait de toi, tu te crois fort, tu penses avoir rejoint la cause des justes, tu parles avec « nous » mais en réalité, les personnes que tu inclues dans ce « nous » n'hésiteraient pas une seule seconde à te trancher la gorge. J'ai vu moi. Quand je devais t'accompagner à ces réunions secrètes. J'ai vu leur regard sur toi, un regard de dégout, de mépris. Ils se demandent tous qu'est-ce qui a bien pu passer pas la tête de De la Serre pour garder un traître qui est ami avec des Assassins. Un infidèle qui a aimé un Assassin et qui a même eu un fils avec ! Oh et regarde où cela l'a mené, monsieur De La Serre, à la mort, par l'un de ses hommes. Et les autres, tous tombés sous la main d'un Assassin, il ne reste personne, ne crois-tu pas qu'ils vont te chercher toi aussi ?
-Cesse ton petit jeu et ton ton sarcastique, siffla Adel entre ses dents, tu ne sais même pas de quoi tu parles.
-Vous m'avez pris ma mère, j'ai toute la légitimité du monde à parler de cela.
C'en était trop, Chayton baissa la tête et fila droit vers sa chambre. Son père lui attrapa la manche pour le retenir mais il se dégagea d'un coup sec, le regard fixe rivé sur le sol. Il claqua la porte derrière lui et poussa une des commodes contre l'ouverture. Il savait très bien que son père reviendrait pour établir le contact plus tard. Mais Chayton ne voulait pas l'écouter, pas cette fois. Adel pouvait bien justifier son choix d'intégration dans l'ordre, mais la mort de sa mère, jamais. Elle ne pouvait pas être justifiée.
Sa mère… Chayton avait du mal à s'en rappeler. Il n'avait que quatre ans lorsqu'elle fut tuée. A chaque fois qu'une personne parlait d'elle, elle avait cette étrange lueur dans le regard. Une sorte de nostalgie ou plutôt une fascination. Les gens avaient beaucoup d'admiration pour elle, ils en parlaient en héros, presque en mythe… Chayton détestait cela, car pour lui, cela signifiait que sa mère ne serait bientôt plus qu'une légende et que les gens cesseraient un jour de croire en son existence.
Les gens qu'ils avaient rencontré au cours de sa vie avaient tous eu un comportement étrange avec lui. « Ah, tu es le fils de l'élue ? Et tu as des aptitudes comme elle ? » « Est-ce qu'elle t'a déjà parlé d'un temple ? » « Tu l'as déjà vu manipuler un artefact ? » A chaque question, Chayton répondait non. Et pour la première, il répondait simplement : « Je suis le fils d'Hélie Kenway et d'Adel Dama. ». L'élue était pour lui une personne autre. Il répondait aux questions des Assassins et des Templiers avec un ton froid et lent. Qu'est-ce qu'ils voulaient qu'il lui réponde ? Cette personne qui les intéressait tant n'avait été que « maman » pour lui. Il ne savait pas qui était l'élue.
Chayton soupira. Assis sur son lit, il avait pris sa tête entre ses mains et réfléchissait à toutes allures. Il aimait son père, mais le savoir entouré de gens qui le méprisaient et qui n'avaient aucune compassion pour lui le rendait malade. Tous les Templiers étaient tombés et Adel ne se rendait pas compte qu'un jour, son tour viendrait.
Chayton releva la tête, le jour déclinait, la nuit tomberait bientôt. Il était fatigué, mais il n'avait pas envie de dormir.
Non, Chayton avait d'autres plans en tête…
Voilà, j'espère que ce premier chapitre vous aura plu. Cette fanfiction ne sera pas aussi longue que la première. Question durée entre les chapitres, je ne pourrai pas faire un chapitre par la semaine, comme la première fois, c'est beaucoup trop contraignant et ça force à bacler les chapitres. Et comme j'ai beaucoup (trop) d'autres projets en cours, plus le bac, je ne sais pas combien de temps je mettrai entre chaque chapitre. Merci de votre compréhenssion et à la prochaine !
