Hello everybody ! :)) Me revoilou avec le défi lancé par la Miss Lullanallaby :D donc d'abord l'administratif, bien sûr que c'est pas à moi OUAT pff ! Quelle question débile ! Putain ça ferait longtemps que Regina aurait sa langue dans la bouche d'Emma (entre autre ;) si elle était à moi la série ! Hi Ha ! Vive le SQ ! \o/

Pour ce qui est du défi en lui-même, je pose les jalons parce qu'au vu de l'appétit de M gargantuesque et insatiable de l'auteure associée à ce jeu...hi hi hi ! ;)...j'ai bien peur que cela ne fasse que commencer...ha ha ha ! j'ai pas pu m'empêcher sorry Miss Lulla :P (euh bien sûr que je connais l'expression "l'hôpital qui se fout de la charité" et pourquoi tu me demandes ça ? ;)

Alors, quatre mots sont imposés par celle qui lance le défi, un lieu, un lien (genre professionnel, inconnu, ami...), un objet et une position (sexuelle hein...ben ouais c'est pas du Taï Chi ;). Et le mot d'ordre c'est un peu genre...lâchons-nous ! ^^

Je poste le mien en deux parties...pourquoi ? Heu...parce que je suis super lente à écrire ? Parce que vous me manquez ? Parce que je fais ce que je veux avec mes cheveux ?...bref, il y aura donc une première partie intitulée "Les souvenirs" et une deuxième "L'entretien".

Sur ce...Enjoy ! :)) (Ou ? Dites-moi déjà c'est quoi la suite ?... :P)

SQ

Boston, pôle d'attente de l'entreprise New balance, 18h45…

Regina était en avance évidemment, elle ne pouvait donc s'en prendre qu'à elle-même si cela faisait déjà quinze minutes qu'elle s'évertuait à rester droite et statique sur son siège, certes confortable, bien que dénué de toute classe, sans tenir compte des soupirs et des regards inquisiteurs et vraiment lourds de la Barbie de l'accueil.

Sa tenue et sa prestance devaient certainement dénotées, et d'une avec le poste pour lequel elle se présentait, et de deux avec l'axe purement équipement sportif dudit poste qu'elle visait. Elle était d'ailleurs la première à s'en plaindre, cependant ce n'était pas non plus comme si elle avait vraiment le choix.

Car Regina Mills n'était pas n'importe qui, du moins, jusqu'à il n'y a pas très longtemps, deux ans exactement, deux ans de galère, de bagarre, de cris, de rage et de désespoir pour finir en déchéance totale, rien, elle n'avait absolument plus rien. Tout avait commencé par un divorce, suivi de près par une faillite, cause à effet puisque les deux événements étaient directement liés avec le monstre d'égoïsme qu'était son ex-mari.

Elle n'appartenait pas à une famille fortunée, mais désargentée, elle ne pensait pas un jour être celle qui perpétuerait la tradition. Elle n'était partie de rien pour fonder Regina's Boots, son bébé, dès sa sortie de l'université. Une magnifique petite entreprise de création, fabrication et distribution de bottes chics et stylées qu'elle avait imaginé et porté à bout de bras, seule, jusqu'à en faire l'une des leaders aux Etats-Unis dans son domaine. Et voilà où elle en était aujourd'hui, arrivée à un point où seule l'opportunité de toucher un salaire, quel qu'il soit, l'intéressait. La totalité de ses économies avait été engloutie par le partage des biens et sa tentative de sauvetage de Regina's Boots. Vivre aux crochets de sa meilleure amie Kathryn n'était pas une solution à long terme, il fallait qu'elle redémarre quelque part et après, et bien, après elle aviserait.

Regina avait quand même été surprise de recevoir une réponse favorable de New Balance pour un entretien. Elle avait envoyé tellement de lettre et de cv à tellement de société, qu'elle ne se rappelait même plus de celle-ci quand elle avait ouvert le mail de convocation. Elle avait confirmé sa présence en retour, puis elle avait relu le message en grimaçant, se voyant proposer un simple poste d'assistante pour le Chef des Ventes secteur côte-est. Ma foi, il fallait juste qu'elle redémarre…

18h55…

La voix forte et nasillarde de la pouffe blonde siliconée de service la sortit de ses pensées.

— Vous pouviez pas prendre rendez-vous plus tôt non plus hein !? La boîte ferme dans 5mn et à cause de vous j'ai même pas encore commencé à ranger mon espace de travail !

Regina tourna son regard vers elle et leva élégamment, et très lentement, son sourcil droit, le temps pour elle de mettre à plat dans sa tête l'agression verbale dont elle venait d'être victime, par cette chose ridicule qui était censée représenter l'idéal masculin, blonde décolorée, stupide et boostée artificiellement à tous les étages, une poupée gonflable vivante, écœurant ! Elle avait moyennement apprécié son accueil à son arrivée, l'autre la cherchant sur son planning avec une mauvaise volonté évidente, passablement supporté son attitude pendant les 25 minutes d'après, elle en comprenait les raisons maintenant, elle avait dérangé les habitudes de farniente et de départ sûrement hâtif de la demoiselle.

— Premièrement, ce n'est pas moi qui ait fixée l'heure du rendez-vous, j'ai été convoquée par mail, deuxièmement, je n'ai aucune idée des horaires de votre entreprise, se reporter à « j'ai été convoquée par mail », troisièmement, je ne vois pas en quoi je vous empêche de ranger votre lime et votre vernis à ongle, ce qui devrait vous prendre approximativement 10 secondes en trainant un peu, et donc pour finir, veuillez éviter de m'adresser la parole dorénavant, et si vous devez absolument le faire, je vous conseillerais de bien choisir le ton avant d'ouvrir votre insupportable clapet, si vous ne voulez pas perdre l'une de vos prothèses mammaires dans l'affrontement qui s'ensuivrait le cas échéant.

Le laïus que Regina avait débité rapidement et d'une voix glaciale, sans ciller, son regard noir de mépris fermement planté dans celui de la blonde, avait fait mouche. Car il fallait vraiment savoir qu'il y avait une hôtesse maintenant, pour la remarquer, tassée comme elle était, derrière son comptoir.

18h59…

La sonnerie du téléphone fracassa le silence assourdissant qui s'était installé depuis leur échange de courtoisie. Elles en sursautèrent toutes les deux, puis Regina remarqua la mine satisfaite de blondie en décrochant, qui s'activait frénétiquement à ranger stylo et tampon encreur, combiné coincé à l'épaule.

— Allo…oui…oui elle est là…oui bien sûr immédiatement…bonsoir à vous aussi.

A peine eut-elle raccroché que l'employée du mois sautait de sa chaise et attrapait sa veste et son sac dans le meuble derrière elle. Regina ne l'avait pas lâchée des yeux et se demandait si elle allait l'abandonner là puisqu'il semblerait qu'elle soit la dernière dans le bâtiment avec son rendez-vous, tout l'étage s'étant vidé graduellement pendant qu'elle attendait. La blonde s'approcha d'elle, équipée pour son départ, en restant tout de même à une distance raisonnable de deux mètres et lui indiqua le couloir, qui bifurquait sur la gauche juste après le comptoir de l'accueil, d'un doigt tremblant.

— Vous…vous prenez ce couloir et…et après le troisième couloir sur la droite et…c'est le bureau tout au bout sur la gauche…le…le dernier…

Regina acquiesça placidement de la tête, mis sa veste, récupéra ses affaires et se leva.

— Bien…merci.

La brune entendit vaguement les salutations de sa nouvelle meilleure amie en empruntant l'accès désigné. Elle était déjà trop impliquée dans son futur challenge pour s'y arrêter, de plus l'éducation avait ses limites, le remerciement serait la seule offrande accordée.

Regina marchait lentement en observant la décoration design version sport et santé, elle admettait facilement que le marbre et le velours lui convenaient beaucoup mieux que le pin norvégien et le lin, et cette moquette beige sable à perte de vue…pfff ! Oui bon chacun ses goûts, critiquer son, espérait-elle, futur environnement de travail ne serait peut-être pas la meilleure manière de commencer son entretien. Elle observait l'agencement des salles de réunion et des bureaux de l'encadrement, puisque le reste de l'étage était consacré aux open space si chers à ce type d'entreprise, intégrant un maximum d'information, qui lui servirait certainement plus tard, du moins là encore, l'espérait-elle. Regina accéléra finalement, ne voulant pas non plus faire attendre son entrevue.

La première chose qui la frappa, face à la porte ouverte du bureau qu'on lui avait désignée, c'était la différence de style avec la décoration des parties communes, elle se dit que finalement derrière chaque porte se trouvait peut-être un monde personnel correspondant à chaque occupant. Et la deuxième, qui la laissa complètement paralysée, à la limite de l'arrêt cardiaque, c'était la belle jeune-femme qui occupait le siège derrière le meuble de bureau. Malgré les boucles blondes qui cachaient en partie son visage, puisqu'elle lisait un document penchée sur l'avant, Regina l'aurait reconnue entre toutes et n'importe où…« Oh mon Dieu non c'est pas possible !? Elle ! Mais comment !? »...son cœur s'arrêta certainement de battre à cet instant.

Emma sentit la présence de Regina dans l'encadrement de la porte, ses poils se hérissèrent sur ses avant-bras et elle déglutit difficilement en essayant de rester stoïque, jouant l'intérêt pour le dossier ouvert sous ses yeux, alors qu'elle aurait été bien incapable de dire de quoi il s'agissait. Son envie première avait été de courir vers elle, la prendre dans ses bras, la serrer fort contre elle en lui expliquant à quel point elle lui avait manquée, à quel point elle n'avait pas réussi à l'oublier, même pas à lui en vouloir en fait, néanmoins, n'ayant aucune idée de l'accueil réservé à un tel comportement, Emma se contenta d'attendre une réaction de son vis-à-vis.

Regina n'était pas en état de réagir ou de remarquer quoi que ce soit, plongée qu'elle était dans les limbes de sa conscience, où brillait un dossier jamais scellé appelé « Plus grand regret de ma vie, sujet : Emma Swan ». Les images de leur année de travail en commun défilèrent dans son esprit. Emma était rentrée comme commerciale dans son entreprise, il y avait de cela à peu près quatre ans donc, et c'était, et de loin, la meilleure avec laquelle elle ait eu le plaisir de travailler, un enthousiasme débordant, une disponibilité pour les clients sans faille. Et malgré cela, Regina ne l'avait jamais traitée à sa juste valeur, car elle s'était très vite retrouvée empêtrée dans une attirance envers son employée tout à fait déplacée et inqualifiable. Elle avait renoncé à bien des choses pour garantir la pérennité de tout ce qu'elle entreprenait, son mariage de raison avec le fils du plus gros exploitant agricole du Massachusetts en était certainement la preuve la plus concrète. Pourtant elle avait eu beau lutter de toutes ses forces contre cette attraction, confondant souvent management et despotisme, l'irréparable avait quand même fini par arriver.

Flashback…

Emma raccrocha et fit la moue, elle venait encore de se prendre une brasse mémorable par sa patronne, qui en plus lui avait hurlée dessus de rappliquer au pas de course dans son bureau, pour sûrement se reprendre une vague en direct live, présumait-elle, et il n'était même pas encore le milieu de la matinée, cela promettait une délicieuse journée.

Elle soupira et se leva pour répondre à l'ordre, avant de réaliser qu'elle n'avait pas raccroché avec le client qu'elle avait au bout du fil quand l'appel interne à répétition l'avait obligée à le mettre en attente. Elle se rassit précipitamment et reprit la ligne, se faisant la réflexion qu'il n'y avait sur terre qu'une seule personne capable de la perturber au point de tout oublier, et malheureusement pour elle cette personne se prénommait Regina et se trouvait être sa boss.

Emma avait lamentablement craqué pour cette belle brune charismatique, et ce du premier jour, et depuis, son cœur balançait entre félicité et calvaire, au gré des humeurs de sa persécutrice adorée. Leur relation était très vite devenue assez bizarre pour que la blonde s'imagine une réciprocité possible, bien qu'elle sache Regina mariée et officiellement hétérosexuelle, mais les regards et le langage du corps plaidaient largement en sa faveur. Par contre, dès qu'un épisode de proximité plus au moins fallacieuse se terminait, comme s'asseoir au plus près l'une de l'autre pendant les réunions hebdomadaires, juste pour s'écouter respirer, et peut-être capter une fragrance avec un peu plus de subtilité, la douche froide ne tardait pas derrière, et avec le temps, les sévices dépassaient largement le dérapage. Car Emma avait beaucoup trop de respect et d'admiration pour sa patronne pour tenter quoi que ce soit, alors un frôlement de genou sous la table ou un regard de pure adoration étaient bien les seules choses qu'elle s'était permise jusqu'à présent.

Elle était ambitieuse certes, avec son enfance d'orpheline du système, elle s'était battue pour mener des études à terme, travaillant soir et week-end pour compenser sa maigre bourse et pouvoir vivre décemment, et ce n'était donc pas pour rien si elle avait postulé dans l'entreprise de Regina. La rapidité avec laquelle Mme Mills-Hood avait propulsé sa petite structure, presque artisanale à la base, sur la totalité du marché américain en quelques années, avait de quoi faire rêver toute personne ne partant de rien et espérant beaucoup plus. Et elle avait eu raison car sa boss était vraiment une génie du marketing, et elle avait déjà énormément appris depuis son arrivée, onze mois plus tôt.

Par contre, son plan de carrière bien huilé ne comprenait pas l'option de tomber « raide dingue cramée dernier degré » de son premier palier vers une ascension professionnelle brillante. Et après avoir remercié le ciel d'avoir posé près de Boston, où elle avait toujours résidé, une affaire de l'intérêt de Regina's Boots, elle le maudissait maintenant, en se dirigeant tête basse et épaules rentrées vers le bureau de sa déesse de tortionnaire, parce que franchement, avec son éducation à la dure, elle n'aurait jamais laissé qui que ce soit d'autre la traiter ainsi, ah non certainement pas ! Mais devant elle…

Miss Swan ! Enfin ! Vous êtes allée boire un café ou quoi !?

Et voilà, le premier service était déjà un ace. Emma baissa la tête et attendit.

Et bien mais fermez la porte et asseyez-vous…nous n'allons pas perdre encore plus de temps.

« 30-0 »…la blonde s'exécuta et s'assit, stoïque et silencieuse.

Bon Miss Swan…

Regina contourna son bureau et s'appuya contre, face à son employée, elle l'observa un moment et s'énerva toute seule de sa position soumise et muette.

Regardez-moi quand je vous parle ! Et redressez-vous enfin ! Un peu de cran Miss Swan !

Emma se permit un soupir de lassitude et planta ses deux émeraudes brillantes d'abnégation dans le noir tumultueux posé sur elle.

Je vous ennuie peut-être…vous avez certainement des projets beaucoup plus intéressants que d'essayer de devenir une vraie commerciale !

La blonde ne put s'empêcher de glousser, elle savait bien qu'il ne fallait surtout pas exciter la bête mais la situation devenait de plus en plus ridicule entre elles, que faire si ce n'était en rire ?Elle avait encore présenté les meilleurs chiffres de l'entreprise ce mois-ci, que dire de plus ?

La brune s'était redressée face à l'affront et elle se tourna pour attraper sa cravache fétiche, celle avec laquelle elle avait gagné de nombreuses compétitions, juste avant que ces parents aient des problèmes financiers et se débarrassent du haras leur appartenant. Cette cravache était tout un symbole, celui d'une ancienne vie qu'elle s'évertuait à se reconstruire, et elle trônait sur son bureau, exposée sur un support élégant en or. Depuis quelques semaines Regina avait décidé que c'était l'instrument parfait pour punir les mauvais éléments, donc essentiellement Miss Swan.

Emma se raidit sur sa chaise en voyant la brune se tourner vers elle cravache en main. Leur dernière entrevue lui avait coûtée trois jours d'Arnica pour amoindrir les quelques bleus parsemant ses bras et ses jambes, car malgré la finesse de la tige, Regina avait la main lourde, de plus en plus lourde.

Je ne suis pas persuadée que ce soit nécessaire Mme Mills-Hood…

Pardon ! Vous ai-je demandée votre avis ? Qui êtes-vous donc pour vous permettre de me dicter mon attitude !?

La blonde se tassa légèrement, hésitante, elle savait que répondre ou ruer dans les brancards ne feraient qu'aggraver l'humeur de sa belle brune, toutefois il était peut-être temps d'avoir une franche discussion. Devenir une femme battue n'était pas inclus dans le contrat et, malgré la peur panique de ne plus avoir aucune interaction avec sa patronne si elle la freinait, elle se rendait bien compte de la dégénérescence rapide de leur relation, chaque convocation devenait plus violente que la précédente.

Je suis docile et à l'écoute…vous n'avez pas besoin d'utiliser votre…aïe !

Emma avait baissé les yeux pour avoir le courage d'entamer une discussion et elle n'avait donc pas vu arriver le premier coup, sur son épaule droite.

Ne vous avisez pas de me dire ce que je dois faire !

Regina était penchée vers elle, l'air mauvais au possible, ces orbes noirs flamboyants de colère. La blonde se massa doucement la coiffe en grimaçant et leva vers elle un regard triste, sa bouche arborant cette moue boudeuse si craquante, et donc horripilante, pour Regina. La brune se redressa brutalement et fit quelques pas sur le côté pour s'éloigner de la tentation, sa main tremblait d'envie et elle sentait les articulations de ses doigts se crisper sur la poignée de sa cravache. Elle inspira profondément pour se calmer, néanmoins, comme à chaque fois, ses phases de lucidité étaient de courte durée, et le jeu de dupe reprit de plus belle.

Bien…je vous ai demandée de venir pour aborder la problématique du sédentarisme de votre poste...votre portefeuille de client s'étend sur 50 états, il est donc presque impossible de tous les suivre physiquement, je ne vais pas acheter un jet à chacun de mes commerciaux !

On va encore parler dans le vide…c'est la troisième fois en quinze jours que vous m'expliquez un principe que nous avons déjà tous validé à votre demande et que l'on s'efforce de dév…

La claquette qui se posa délicatement sous son menton pour lui relever le visage lui coupa la parole, elle n'avait pas remarqué l'approche féline de sa patronne et le regard qu'elles partagèrent une fois leurs yeux en contact était un mélange parfait de panique et de trouble. Un ange se faufila entre elles quelques instants avant que Regina durcisse ses traits et abatte la cravache sur les cuisses de son effrontée d'employée.

Quel toupet ! Que dois-je comprendre !? Que je radote peut-être !?

Emma glapit et renversa sa chaise en se levant brusquement pour sortir du périmètre dangereux.

Mme Mills-Hood ! Malgré tout le respect que j'ai pour vous…je…je…non c'est plus possible ce traitement !

Regina renversa la tête en arrière pour accompagner son rire de gorge, très amusée qu'elle était par l'attitude outrée, si adorablement outrée, de sa victime. Puis elle s'approcha d'elle doucement, un sourire sournois aux coins des lèvres.

Ha oui…vraiment Miss Swan…alors je vous en prie…démissionnez puisque c'est si terrible…faites donc !

Emma devint blême sans pouvoir sans cacher, ce n'était pas tant perdre son emploi qui la terrifiait, que de ne plus jamais revoir cette diablesse bipolaire.

Je n'ai pas dit que je…je ne...je…

La blonde s'interrompit face à ses bafouillages de plus en plus pathétiques. Elle avait l'impression d'être une fois de plus tombée dans le piège tordu qu'était devenue leur relation ces dernières semaines. Et le sourire carnassier qu'arborait maintenant la brune paraissait confirmer sa crainte.

Alors retournez vous asseoir et fermez-la !

Emma hésita assez longtemps pour recevoir un coup de cravache bien senti au niveau du flan gauche. La douleur vive du coup vicieux car inattendu, la plia en deux.

Aïe ! Putain mais c'est pas vrai ! Arrêtez avec cette putain de cravache !

Regina, qui s'était décalée subtilement, pour se trouver maintenant sur son côté, abattit son bras armé sur les reins de sa victime, toujours courbée, cherchant à infliger le plus de souffrance possible, enragée face à l'insolence inhabituelle de la blonde, l'empêchant de mener à bien sa séance de relaxation usuelle, celle qui lui permettait de canaliser son immense frustration. La tige fouetta durement le bas du dos en même temps qu'elle crachait son mécontentement.

Langage Miss Swan ! Et j'ai dit…ASSISE !

Emma s'écroula par terre en gémissant, la douleur avait été si violente que ses jambes l'avaient lâchée. Elle serra les dents pour ne pas hurler et pleurer comme une fillette. Elle ne comprenait pas comment cela avait pu dégénérer aussi rapidement et brutalement, car sa patronne aimait certes appuyer son autorité, et sa mauvaise foi, de quelques punitions plus proches du BDSM que des règles salariales en vigueur, mais là elle s'avérait plutôt partie pour une raclée en bonne et due forme. Puis d'un coup elle comprit…« Aujourd'hui je lui résiste, et ça passe pas…»…la blonde laissa d'épaisses larmes envahir ses yeux, mélange du feu qui lui irradiait encore méchamment les lombaires et de la révélation de son simple état de souffre-douleur officiel, un vulgaire sac de sable sur lequel on pouvait se défouler sans risquer de retour de bâton…« Non mais qu'est-ce que tu espérais ? Une invitation à dîner ?... »…Emma renifla vaillamment et s'appuya sur ses genoux pour se redresser. Elle surprit Regina par sa rapidité de mouvement, et lui arracha la cravache des mains avant même d'avoir fini de se tourner vers elle.

Emma, la mine ravagée par ses sanglots, la pointa en direction du visage encore ébahi de sa patronne.

Je ne suis pas un punching-ball Mme Mills-Hood…si vous avez des problèmes de colère ou je ne sais quoi payez-vous des séances de psy ok ?

Retour au présent…

Regina était toujours figée dans l'encadrement de la porte, elle cherchait des yeux la preuve de sa folie sur la joue de la Chef des ventes, dissimulée en partie par les boucles blondes délicieusement indisciplinées qui lui barraient le visage. Elle n'aurait jamais cru la revoir, ni ici, ni ailleurs, les émotions qui lui serraient la gorge au point de la faire hoqueter pour reprendre son souffle, lui démontraient la futilité du temps qui passe pour certaine vérité, insupportable et inextricable mais pourtant…vérité. Le film enclenché plus tôt termina sa course tranquillement dans son esprit, indifférent à la détresse mentale et physique de son réceptacle qui s'accrochait maintenant au chambranle pour ne pas s'affaisser mollement sur le sol.

Flashback…

Regina avait vite repris l'avantage en arrachant à son tour la cravache de la main d'une blonde titubante et larmoyante, un jeu d'enfant. Elle étira ses lèvres dans un sourire mauvais et laissa la rage et la frustration envahir chaque cellule de son être, cette petite fille pleurnicharde méritait une bonne leçon, on ne répondait pas ni ne contredisait sa big boss ici présente sans dommage. Elle n'en pouvait plus de passer ses journées à fantasmer sur cette blonde de commerciale de rien du tout qu'elle n'aurait jamais dû embaucher. L'obsession irrépressible qu'elle avait développé à son encontre de jour en jour, irrémédiablement, sournoisement, jusqu'à lui donner l'impression d'étouffer quand Emma partait en déplacement quelques jours ou qu'elle-même devait s'absenter pour x ou y raison, c'était insupportable, et impossible à réfréner. Tout allait bien avant qu'elle n'entre dans sa vie, tout était de sa faute !

La brune ancra des pupilles noires de haine sur une Emma surprise par la rancœur qui émanait de son attitude.

Pourquoi vous me punissez exactement ? D'être votre meilleur élément ? D'avoir doublé les chiffres de mon prédécesseur ? De dépenser moins que les autres pendant mes visites sur le terrain ?

La blonde prit une inspiration tremblante, intimidée par la position d'attaque, figée pour l'instant, d'une Regina qui ne la lâchait pas des yeux, et dont les expressions faciales n'allaient pas en s'améliorant, si elle en jugeait par la crispation presque inquiétante de sa mâchoire. Elle décida de jouer franc jeu, et n'eut de cesse de regretter cette décision depuis.

Vous savez Regina…moi aussi je ressens quelque chose pour vous…

Retour au présent…

Emma releva les yeux précipitamment en entendant le crissement des ongles de la brune sur l'aluminium du chambranle de la porte de son bureau, elle hallucina en réalisant ce qu'il se passait et laissa l'adrénaline et l'instinct prendre le dessus. Elle fut près d'elle en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, se demandant après coup si elle avait sauté par-dessus son bureau pour arriver si vite, et n'eut qu'à tendre les bras pour réceptionner une Regina blême et tremblante. La vague de parfum à la pomme et de bois de cèdre qui lui sauta au nez quand ses mains plaquèrent la brune contre son corps pour la stabiliser lui ravagea l'abdomen, elle avait l'impression que toute cette histoire de fou ne datait que d'hier, et les trois dernières années de disette sensorielle furent balayées d'un revers de main par la sensation extraordinaire du contact de la brune contre elle, une première.

Emma inspira profondément, puis regretta, ayant à nouveau absorbé une grosse dose enivrante, mélange envoûtant, maintenant qu'elles étaient collées l'une à l'autre, le visage de la brune enfoui contre son épaule, d'odeur personnelle légère, d'après-shampoing, et de ce parfum reconnaissable entre tous…« Light Blue » de Dolce et Gabbana.

La blonde ne disposait pas d'une force suffisante pour soulever dans ses bras une Regina dans les vapes, son corps inconscient semblant avoir doublé de poids, néanmoins le stress fut suffisant pour qu'elle arrive à la traîner sans trop de difficulté jusqu'au canapé du coin salon de son bureau. Elle l'installa doucement, prenant garde à poser sa tête sur l'accoudoir sans la bousculer de trop. Elle remonta ensuite les jambes à l'horizontal et laissa ses mains glisser peut-être un peu plus longtemps que nécessaire sur le galbe divin des mollets de sa belle évanouie, pour lui ôter ses échasses et finir de l'installer confortablement.

Emma se tenait maintenant accroupie face au visage, qui reprenait lentement des couleurs, de la magnifique brune. Elle déplaça une mèche sombre pour la glisser derrière une oreille, caressant la peau douce tant désirée avec tendresse au passage, puis elle se tourna vers ses jambes en fronçant les sourcils, se demandant s'il valait mieux les soulever pour l'aider à revenir plus rapidement à elle. Sa réflexion fut interrompue par un léger gémissement suivi du frémissement du corps allongé devant elle. La blonde se releva précipitamment pour aller chercher un verre et de l'eau, attrapant un sachet de sucre en poudre au passage, un peu d'énergie diluée ne pourrait pas lui faire de mal.

Regina émergea mollement, ne sachant plus du tout où elle se trouvait. Elle avait froid et pourtant elle se sentait moite de sueur. Sa remise à la verticale lui fit tourner la tête et elle s'appuya des deux mains à plat sur l'assise en attendant de retrouver un peu d'entrain, elle se sentait littéralement épuisée. Une voix sortie de son passé, le plus douloureux de ses passés, la fit sursauter et lever les yeux.

— Tenez Mme Mills…ça va vous faire du bien.

L'intensité immédiate qui s'accapara de leur échange de regard les laissa pantoise un moment. La terre venait certainement de s'arrêter de tourner, et Superman se tapait un trip Mach500 en rotation inverse pour les ramener trois ans en arrière, quelle autre explication donner à tout cela là tout de suite… !?

Regina finit par lever une main tremblante vers le gobelet que lui tendait son ancienne commerciale, sa bouche affreusement pâteuse lui intimait de se désaltérer au plus vite. La faiblesse du geste poussa Emma à s'accroupir à nouveau.

— Laissez-moi vous aider à boire.

La brune se figea face à la promiscuité, et plongea deux orbes noirs, troubles et perdus, dans les émeraudes brillantes d'inquiétude retenue de sa surprenante infirmière. La main de la blonde s'avança doucement vers les lèvres de Regina et elles finirent toutes les deux par se concentrer sur l'action pour sortir de cette nébuleuse d'émotion.

Emma se recula et se releva précipitamment dès le verre vide, et demanda d'une voix un peu trop atone pour être sincère.

— Vous voulez encore un peu d'eau ?

Regina baissa les yeux et inspira profondément. Elle essayait désespérément de retrouver ses esprits au plus vite, et chaque image qui retrouvait sa place la mettait de plus en plus mal à l'aise. La honte d'avoir défailli, comme tout à chacun, se disputait la palme avec le choc de sa rencontre, et la nécessité faisant loi d'obtenir ce poste. Elle porta ses doigts à ses tempes et gagna encore quelques secondes de répit en les massant délicatement et silencieusement. La brune tira ensuite un peu sur sa jupe de tailleur et lissa sa veste avant de lever ses yeux avec le plus d'aplomb qu'il lui était possible de mettre à cet instant.

Cela n'empêcha pas son souffle de se couper dès que ses yeux se posèrent sur la fine trace blanche ornant la pommette gauche d'Emma.

Flashback…

La déclaration de la blonde annihila toute pensée cohérente et raisonnable dans l'esprit de Regina, c'était vraiment la dernière chose à dire pour la tempérer, car ces quelques mots osaient prétendre la présence de sentiment, et qui plus est, de sentiment partagé, alors là nous percutions l'inacceptable de plein fouet. Son bras droit, toujours armé de la cravache, partit si vite, et si férocement, qu'il ne put ni être arrêté, ni évité.

Le coup arriva en plein visage de la commerciale, et la violence de celui-ci lui fit tourner la tête brutalement à 180 degré et pousser un cri de douleur poignant. Emma porta immédiatement la main à sa joue meurtrie et grimaça en sentant le liquide poisseux sur ses doigts. L'exclamation de surprise angoissée de Regina la fit lever des yeux ahuries vers elle.

Oh mon Dieu ! Emma !

Regina était instantanément sortie de sa crise de démence rageuse à la vue du sang sur la peau si parfaite et si pure d'habitude de la blonde. Elle regardait, horrifiée, la plaie étendue sur au moins 4 cm qui ornait dorénavant la pommette gauche de son employée, la chair avait littéralement éclaté sous la force colérique du coup.

Emma ramena sa main devant ses yeux et constata ce qu'elle savait déjà, cependant voir ses doigts rougis et sentir sa joue s'engourdir progressivement anéantirent le peu de self control qu'il lui restait. Elle se jeta sur Regina et lui arracha une nouvelle fois la cravache des mains, puis leva le bras très haut, pour lui rendre la monnaie de sa pièce et resta ainsi un long moment, avant d'abattre finalement l'instrument équestre dans le vide, provoquant un sifflement agressif. Incapable qu'elle était de la moindre violence envers Regina malgré tout. Elle se pencha vers la brune et lui cria au visage.

Putain mais merde à la fin ! Ça y est ! Vous êtes satisfaite !?

Regina n'avait pas bougé ni tremblé pendant l'exercice, toujours prostrée et hagarde à la suite de son terrible geste. Elle se recroquevilla un peu plus et tenta de bredouiller des excuses.

Je n'ai pas…je ne voulais pas…j'ai…

Quoi !? Encore un coup ou deux !? Ça vous tente !?

Non Emma je…

Vous êtes une folle furieuse ! Une malade du contrôle ! Une sadique ! Une espèce de…de…rhaa ! Putain !

La blonde s'énervait toute seule, crispée à quelques centimètres de Regina qui s'obstinait dans son état catatonique. Lassée et souffrante elle se recula finalement et cracha avant de sortir.

Je vais directement aux urgences ! Et ils se chargeront eux-mêmes d'appeler la police pour ma plainte !

Retour au présent…

Emma avait capté le regard de la brune sur sa joue et observé le choc qui s'était peint sur ses traits. Elle lui laissa le temps de se reprendre et se replongea trois ans en arrière, se remémorant succinctement cette journée si particulière qui avait sonné le glas de leur…non-relation ?

A la suite de sa sortie précipitée des bureaux de Regina's Boots, Emma s'était retrouvée à l'entrée des urgences de l'hôpital le plus proche la cravache toujours à la main, complètement déboussolée par les derniers événements. Elle s'était empressée de la dissimuler en la coinçant dans sa ceinture, mais à l'intérieur de son pantalon. Sur le moment elle n'avait pas vraiment su interpréter son geste, car elle n'allait pas porter plainte bien évidemment, elle avait crié sa menace sous le coup de la colère, ni plus ni moins, donc à quoi bon garder l'objet du délit ? Elle aurait pu tout simplement la jeter dans la première poubelle croisée… ?! Au moins cela aurait eu le mérite d'énerver Regina face à la perte de son précieux souvenir.

Après les soins et quelques huit points de suture, nécessaires pour éviter une marque trop visible sur sa joue blessée, puis l'invention d'un accident stupide avec chute pour expliquer la blessure aux internes suspicieux, Emma avait tout naturellement pris le chemin de son appartement. Elle était pressée de se débarrasser de sa chemise ensanglantée par l'épisode désastreux vécu plus tôt, et de s'allonger pour avaler par poignée les antidouleurs qu'on lui avait prescrite.

C'était des coups longs et répétés de sa sonnette de porte qu'il l'avait finalement réveillée beaucoup plus tard dans l'après-midi. Et sa surprise avait été de taille de se retrouver face à un coursier assermenté par le cabinet d'avocat de la famille Mills-Hoods. Sa rupture de contrat était nette et sans bavure, à condition qu'elle accepte de signer une démission sans condition ni recours possible, ce qui lui permettrait d'empocher au passage un chèque de solde de tout compte plus que disproportionné donc très confortable, agrémenté d'une lettre de recommandation avantageuse.

Le deal s'était vite retrouvé comme la seule alternative envisageable pour une orpheline carriériste aux économies précaires. Emma se rappelait nettement des larmes qui semblaient se transformer en acide, au passage de sa plaie suturée, pendant qu'elle signait chaque foutu papier tendu par le coursier silencieux et totalement insensible.

Elle n'avait jamais revu Regina depuis. Bon, elle avait bien tourné un peu autour des bureaux pour tenter de l'apercevoir, voire même de lui parler, mais ces tentatives s'étaient avérées infructueuses, car il fallait bien le dire, pas très poussées, terrifiée qu'elle était de découvrir plus de haine que de regret dans ces inoubliables et obsédants yeux noirs. Elle avait assez rapidement retrouvé une place de commercial, cette fois chez un équipementier sportif, et la vie avait repris son cours, malgré cette boule dans la gorge qui paraissait ne jamais vouloir disparaître, sauf peut-être quand elle tombait sur un article, quelques photos sur les pages financières, enfin quelques miettes qui la ramenaient inexorablement vers son obsession brune.

Emma avait suivi, d'abord avec surprise, puis avec consternation, la liquidation de Regina's Boots. Le retentissement du divorce des deux jeunes soi-disant tourtereaux de la haute société de Boston ne l'avait pas autant perturbée que l'anéantissement du bébé de Regina. Elle ne connaissait personne dans le milieu proche de son ancienne patronne, elle n'avait gardé aucun contact avec qui que ce soit après son éviction brutale et forcée, elle ne pouvait donc que suivre les péripéties de sa belle brune de loin, à coup d'info ou d'intox dans les bulletins financiers du net.

Et pendant que Regina subissait vent et marée, elle avait continué son petit bonhomme de chemin chez New Balance, jusqu'à obtenir quelques semaines plus tôt le poste tant espéré de Chef des Ventes Secteur-Est, le Saint Graal des places à responsabilité au niveau commercial de sa société, et en à peine trois ans. Emma pouvait vraiment être fière d'elle, de sa progression professionnelle fulgurante et pourtant due qu'à son propre mérite, oui et elle l'était, mais heureuse ?

Et donc, mercredi dernier, Dieu s'était certainement penché sur son épaule pour lui susurrer à l'oreille quoi faire, car c'était ce jour-là où elle avait décidé, contre l'avis général du service du personnel puisque cela rentrait dans leur attribution, de s'occuper personnellement du recrutement de sa ou son nouvel assistant. En fait, elle avait carrément détesté le précédent, et attendre la fin de sa période d'essai avait été un réel calvaire, elle avait ainsi ordonné qu'on lui amène tous les CV et lettres de motivations présentes dans l'entreprise pour commencer sa recherche.

Regina laissa un souffle nécessaire emplir ses poumons à nouveau et tourna doucement les yeux pour plonger dans ces émeraudes qui lui avait tant manquée. La blonde paraissait loin dans ses pensées, néanmoins la légère inspiration suffit pour la ramener vers Regina et ancrer son regard dans le sien. Elles se jaugèrent un moment en silence, laissant le tumulte de sentiment présent dans leurs yeux parler pour elles, puis Emma crispa subtilement la mâchoire et se tourna la main tendue pour désigner la chaise faisant face à son bureau. Sa voix s'éleva, froide et dure.

— Si vous vous sentez assez d'attaque Mme Mills, il se fait déjà tard, j'aimerai autant commencer l'entretien au plus vite.

FIN DE LA PREMIERE PARTIE.

SQ

Merci ma fidèle chérie et correctrice :)) te quiero mucho :3