The Cranberries - Ode to my family

Mon cœur battait la chamade. La sueur coulait sur mon front, je tremblais.

Ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas...je n'y croyais pas.

_ Je suis incroyablement désolée. Tu n'imagines pas à quel point. Je croyais...

_ Arrêtez votre baratin, Lisbeth ,coupais-je sèchement. Arrêtez...juste de parler.

Je respirais profondément. Il ne fallait pas que je pleure, sois forte Bella. Sois forte. Cela faisait tellement longtemps que je me contenais. Je ne pouvais pas pleurer si facilement.

_Bella. J'ai conscience de ta douleur, je...

_NON ! Vous ne savez rien !hurlais-je. Ça fait quoi ? Vingt années que vous travaillez dans ce centre, que vous passez votre temps à parler à ces putain de couples qui veulent adopter un enfant? Mais est-ce que vous vous êtes réellement intéressée de ces gosses ? Ceux que vous êtes limite en train de vendre, comme si c'était des objets, dans des dossiers, où il y a leurs photos, leur vie détruite...Et vous, vous vous contentez de les passer un par un selon les choix des parents, MAIS BORDEL IL S'AGIT DE LEUR DESTIN , PAS D'UN SÉJOUR DE VACANCES !m'égosillais-je.

Ma colère explosait, intacte, déchirante. Oh oui, elle me déchirait le cœur , mes poumons, elle semblait tenter de s'échapper de ma cage thoracique, donnant et redonnant des coups à chaque fois, me faisant mal.

[Refrain]
Tristesse, où est le temps de ma jeunesse
Et nous ne nous y intéressions même pas
Parce que nous nous étions élevés
Pour voir la vie aussi plaisante et la prendre si l'on pouvait
Ma mère, ma mère
Elle m'embrasse, elle m'embrasse, quand je suis ailleurs
Mon père, mon père
Il m'aime, il m'aime. Est-ce-que quelqu'un s'en préoccupe ?

Mon souffle était court et je n'arrivais plus à respirer. Je savais que je faisais une crise d'angoisse, et je me retournais pour que Lisbeth ne le remarque pas, ainsi que mon visage douloureux.

C'était si dur pour moi, de ne pas pleurer. Je serrai mes paupières aussi fort que je pouvais, si fort que cela m'était pénible.

Comment étais-je sensée réagir ? J'avais tout changé de ma vie, elle avait basculé en une seconde, mon univers tout entier s'était effondré. Personne ne m'avait tendu la main. J'avais toujours été seule, je vivais avec ma solitude. Je n'avais besoin de rien ni de personne. Je m'en sortais très bien, il m'avait fallu des années pour en parvenir où j'en étais...Chaque jour ma mélancolie revenait plus forte que le jour précédent, et pourtant j'étais toujours vivante. Je me battais tout les matins pour aller en cours, supporter le regard peiné des autres, ceux de pitié, ceux de mépris, ceux d'indifférence. Et je vivais toujours. Je n'avais pensé au suicide que très peu de fois, je me devais d'être courageuse et honnête face à moi-même. Telles sont mes clés pour me sentir moins mal.

Mais là...Je ne pouvais supporter de tout plaquer du jour au lendemain, de suivre cette famille qui m'est inconnue, chambouler tout ce qui est ancré en moi, tout ce que j'ai mis tant de temps à construire...

Je ne le supporterais, Lisbeth le savait. Je ferais une rechute, je sombrerais encore plus qu'avant...

Je ne pourrais affronter un nouveau changement une nouvelle fois, voir tout ces visages, inconnus, me faire la charité...

Je ne pourrais pas m'en aller de cette ville, là où tout mes souvenirs reposent, même les plus mauvais, qui font de moi qui je suis aujourd'hui. Ils sont enfouis au fond de moi, et partir, les effacerait.

_Écoute Bella. Tout ce que je veux c'est que tu m'écoutes murmura doucement Lisbeth. Je ne pouvais me retourner, je la laissai me parler de dos.

Tu crois que je n'ai pas de sentiments ? Ce que je fais, c'est mon travail, ce que j'essaie de faire c'est d'aider ces enfants, de les orienter dans la bonne voie, leur permettre d'avoir un foyer, une maison. Tu fais partie du lot . On les aide à avoir du réconfort, à être plus fort. Et , bien sûr, il y a des défauts dans ce que je fais, je ne les apprécie pas du tout, au contraire de ce que tu crois... Si des parents veulent ...un type d'enfant précis, c'est leur choix, peu importe le format de la description de celui-ci, je pense réellement qu'ils ont l'esprit étroit. Mais... ce n'est ni à toi, ni à nous d'en juger. J'aime ce que je fais, Bella. J'aime voir des enfants s'épanouir , j'aime les aider, et ce que j'aime le plus, c'est de les voir sourire. Je ne veux en aucun cas leur mal. Ce pour quoi je me bats tout les jours, c'est pour qu'ils aient des droits, et leur bonheur est primordial à mes yeux.

Il s'écoula un long silence, avant qu'elle ne reprenne la parole :

_Ma chérie, si tu savais, si seulement tu savais, à quel point j'ai du tout sacrifier pour eux...Ma vie entière tourne autour de ces enfants, autour de toi...J'ai tout changé pour me trouver où j'en suis à présent...Je...j..

Sa voix se brisa. Je l'entendis sangloter. Mes yeux s'embuèrent. Je levai la tête et pris une grande goulée d'air frais pour m'arrêter avant de commettre l'irréparable : pleurer.

Lentement, je me retournai devant Lisbeth, et je vis qu'elle me fixait, des larmes coulant sur ses joues. Je ne l'avais jamais, au grand jamais, vu pleurer. Je m'en voulus une fraction de secondes avant de répondre, d'une voix qui me sembla, assez étonnamment, puissante et déterminée :

_Je suis désolée Liz, pour ce que j'ai dit. Mais je suis comme vous, et vous le savez. Je crois que c'est justement ça, le fait que vous m'avez vue, comme vous, mais plus jeune, qui explique votre affection envers moi.

_Attends, je...

_Laissez-moi finir, dis-je, une main levée. Vous dites que votre vie a été changée à cause de votre métier, mais moi la mienne a été dévastée suite à la mort de mes parents. Pendant un long moment j'ai erré seule, sans repère, aucune aide, avant que je ne vous rencontre. Sachez que je vous remercie infiniment pour tout ce que vous avez fait pour moi, insistais-je. Je soufflai avant de continuer :

_Vous dites que vous avez tout changé pour être ce que vous êtes à présent. C'est exactement la même chose pour moi. Je sais, Liz, que vous faites votre possible pour aider les jeunes dans mon cas, que vous leur permettez, comme moi, de se sentir moins seuls...mais il n'empêche qu'il reste toujours, quelque part au fond, cette douleur. J'ai toujours ce vide en moi, pourtant je m'efforce de le combler tout les jours, quand je viens vous aider au centre. Au fur et à mesure du temps, le trou que j'avais en moi s'est petit à petit refermé...Je..Merde, je ne sais pas comment vous expliquer...

Lisbeth me fixait toujours aussi intensément. Elle ne prit pas la parole, sachant que qu'il me fallait un peu de temps pour m'exprimer, ce dont je la remerciais intérieurement. Elle avait un petit sourire rassurant sur le visage, celui qu'elle faisait toujours pour me donner du courage.

_Ça a toujours été difficile pour moi de me confier. Disons juste que mentalement, et physiquement, j'ai fait d'incroyables efforts pour en venir là , je veux dire là où je suis. J'ai créé un mur de pierres dans mon cœur, je me suis reconstruite, j'ai reconstruit ma vie. J'ai été forte. Et regardez le résultat: après toutes ces années, je n'ai eu aucun problème, et je vis toujours.

Et...je ne veux pas, je ne peux pas me permettre de détruire ce mur de pierres en m'en allant, parce...disons que derrière ce mur, il y a cet arbre, où...pousse tout mes sentiments, mes convictions, là où repose l'histoire de ma vie. Chaque détail de ma vie est symbolisé par une des racines de cet arbre, et chacune d'elles sont profondément, profondément, ancrées en moi et dans le milieu dans lequel je vis, peu importe ce qui s'y est passé, Liz. Je pourrais vouloir tout oublier des circonstances de mon enfer, ce que je souhaiterais quelques fois, parce que ç'a m'est trop pénible, mais je ne veux pas. Parce que tout ces incidents, toutes ces douleurs, ces larmes que j'ai versées, font de moi la personne que je suis à présent. Les nier, ou même les oublier, changerait ma vision du monde, ma façon de penser, moi-même. Les souvenirs les plus douloureux, comme la mort de mes parents, m'ont donné une force invisible mais puissante , qui m'a permis de tout affronter. Chaque pierre qui appartient à mon mur représente ma volonté de vivre. Je ne supporterais pas de m'en aller de Chicago, là où j'ai tout construit, car c'est mon repère, ma maison, mon foyer, comme vous l'avez dit. Si je pars, cela signifierait que j'aurais à supporter encore plus de visages de pitié, et vous savez que c'est ce qui m'a fait chuter. C'est comme si je déracinais toutes les racines de mon arbre, et chaque branche se mettrait à pourrir, car j'oublierais les détails de ma vie, et elles se mettraient à disparaître.

Je ne veux pas me tuer à tout reconstruire une nouvelle fois...dis-je en fermant les yeux. Je crois...je crois que je n'ai pas assez d'énergie pour refaire tout. Du moins...je n'en ai plus.

J'osai enfin relever la tête. La spectacle que j'y vis ne fut guère rassurant. Lizbeth était assise dans son fauteuil en cuir, le regard posé sur moi, des larmes coulants sur son visage. Elle pleurait mais il me semblait que ses larmes n'arrêtaient pas de couler, elle versait des gouttes d'eau, encore et encore.

_Ma chérie...n'arrêtait-elle pas de souffler

_Pourquoi est-ce que vous pleurez ?demandais-je, déstabilisée.

Elle renifla avant de répondre :

_Parce que je m'en veux...

_Pourquoi ? Vous n'avez rien fait...?

_C'est justement ça qui me détruit : je ne peux rien faire. Rien faire pour toi. Tu dois partir avec cette famille, tu n'as pas la choix. Je ne peux en rien changer cette décision, je...Ils viendront dans trois jours te chercher. Mon dieu Bella...

Mon cœur explosa en mille morceaux. Mon mur de pierres s'écroula à moitié, me faisant suffoquer. Je sentis les racines de mon âme, celles de l'arbre, se déraciner, les branches commencer à s'alourdir.

_Qu...q..Quoi ?bégayais-je. Ma lèvre inférieure trembla. Je fixai d'un œil horrifié, la bouche entre ouverte, le visage de celle que je considérais presque comme ma deuxième mère.

Dans trois jours ? On ..ne peut rien faire ? Je veux dire, y a sûrement une loi ou quoi qui interdit ça, ...sans mon consentement ? Non ? Je suis sûre qu'il y en a une ! Liz répondez-moi ! Je vous en prie Lisbeth !

_Ils l'ont décidé, Bella , je ne peux rien y faire, il n'y a aucune loi, tu dois aller vivre avec eux, je...ils t'ont choisie, toi !

_Mais merde JE NE SUIS PAS UN OBJET ! Je ne les connais même pas ! Je ne peux pas aller vivre avec des inconnus ! Qui te dit qu'ils ne sont pas des psychopathes ou des salauds comme les autres familles ?

_Parce qu'ils ne le sont pas, mon cœur. Crois-moi, je sais que tu vas être heureuse avec eux, ce sont des gens bien.

_ C'est tout ?m'écriais-je. Ils vous semblent gentils, alors ça devient une raison pour me foutre dehors ?

_Mais Bella qui te dit qu'on va te foutre dehors !s'énerva-t-elle . Tu pourras revenir ici autant que tu voudras, rendre visite à Katty, Joan, Marc, Léo, quand tu voudras ! Ils savent que tes parents sont ici , ils te laisseront les visiter ! Bella, il serait temps que tu acceptes l'aide des autres ! Ils ne vont pas te bouffer !

_Bordel, Liz mais vous ne comprenez rien à rien ! J'en ai rien à foutre de leur charité, j'ai ma vie ici, je ne cherchais pas les problèmes, et puis du jour au lendemain vous m'annoncez mon départ imminent, tout mon univers va basculer une deuxième fois, et...vous attendez de moi que je ferme ma gueule sans rien dire ? Mais vous vous prenez pour qui ? Vous n'êtes PAS ma mère ! Combien de fois faudra que je vous le dise ?crachais-je.

J'étais vraiment hors de moi cette fois-ci. Lisbeth semblait énervée aussi, mais plutôt choquée par ce que je venais de dire. Je ne ressentis que de la pitié envers elle, j'étais trop en colère pour ressentir quoi que ce soit d'autre, mon énervement bouffant tout sur son passage.

_Je sais que je ne suis pas ta mère murmura-t-elle, et je ne le serai jamais, mais je suis ton assistante sociale et c'est mon devoir. Bien sûr que tu ne t'attendais pas à être adoptée à dix-sept ans, mais regarde-toi Bella : tu es une jeune fille extrêmement courageuse et forte et...magnifique aussi. A la base, ce couple voulait des enfants moins âgés, mais je te jure que lorsqu'ils t'ont vue, c'est comme si une étincelle s'était rallumée au fond de leurs yeux. C'est là que j'ai su qu'ils allaient te rendre heureuse. Certes, ils ne remplaceront jamais tes vrais parents, mais ils pourront t'aimer comme eux. Il...il faut que tu fasses confiance aux autres, chérie.

_Mais...mais Liz, je ne les connais même pas, je ne sais pas où ils habitent, s'ils ont des enfants, à quoi ils ressemblent... Comment voulez-vous que je leur fasse confiance aveuglément alors que je ne sais rien d'eux ?demandais-je.

_C'est de ça que je voulais te parler...soupira Liz. Ils vont venir demain à quatorze heures pour te rencontrer... Je sais que c'est précipité, mais ils veulent que cela puisse se finaliser très vite, parce que je crois qu'ils t'aiment déjà, souris-t-elle. Ils sont impatients.

_Mais moi je ne les aime pas ! Tu ne crois pas que c'est important ? Attends, est-ce qu'ils savent au moins mon passé, à part le fait que j'aie perdu mes parents? Est-ce que tu leur a seulement raconté l'enfer que j'ai vécu et que j'ai fait vivre aux autres ? Parce que si tu l'avais fait, je suis sûre qu'ils auraient refusé !ricanais-je. Il semblerait que tu aies pris ça pour des détails, dis-je d'une voix hargneuse, sans faire exprès.

_Bella, je t'en prie, je t'en supplie, arrête de me prendre pour un monstre ! Bien sûr que je leur ai raconté ces 'détails' comme tu dis !maugréa-t-elle.

_Tu...Tu leur a vraiment tout dit ? Tout...vraiment tout ?répondis-je, étonnée qu'ils aient accepté quand même.

_Oui, Bella, tout. Ils étaient un peu terrifiés au départ, mais ils voulaient quand même être là pour toi ! Tu vois que ce ne sont pas des psychopathes ou autres malfaiteurs !s'exclama Lisbeth en rigolant. Je suis prête à parier que tu les aimeras !

Je ne pouvais pas sourire ou faire une tentative d'humour. J'étais bien trop préoccupée à l'idée de mon futur déménagement, à l'idée que j'allais perdre toutes ces personnes qui m'étaient chères , celles que Liz avaient citées, et les autres enfants et ados du centre que j'aimais tant aider, et puis...surtout Lisbeth elle-même.

Je crois de tous, c'est elle qui allait me manquer le plus fort, et c'est ça qui me terrifiait le plus : la perdre elle. C'était elle le facteur commun dans ma vie, un peu une mère, une sœur , une meilleure amie à la fois. Et je crois que c'était l'idée de la perdre que je repoussais tant, quitte à lui faire du mal.

_Est-ce que je peux au moins avoir comment ils s'appellent ?murmurais-je

_C'est la famille Cullen. Ils habitent à Forks...

_C'est où ce trou perdu?grognais-je, la coupant.

_Près de Seattle...

Je suffoquai : si loin... ? Elle continua :

_Il y a Esmé , qui est décoratrice d'intérieur et son mari, Carlisle, qui est chirurgien. Ils ont déjà deux enfants.

Je me redressai brusquement.

_C'est vrai ?murmurais-je.

_Puisque je te le dis, Bella , souffla Liz. Laisse-moi terminer : je disais donc qu'ils ont deux enfants, une fille qui a ton âge, Rosalie, et son frère Jasper, qui n'a qu'un an de plus que vous.

Ils sont très proches mais Esmé et Carlisle sentaient que Rosalie voulait un peu de présence féminine dans la maison, en dehors de sa mère ,pouffa-t-elle doucement. Alors tu seras parfaite, je crois. Non, rectifia-t-elle, j'en suis sûre.

_Mais qui te dit que je le serais ? Est-ce que tu m'as vue ?dis-je, le sourcil levé. Je tire toujours la gueule, et ce n'est pas parce qu'il m'ont adoptée que je vais directement la considérer comme ma sœur ! Alors, là, ils peuvent rêver ! Je suis sûre, en plus ,que ce sont des enfants pourris gâtés jusqu'à la moelle, GENRE ils vont m'accepter , c'est ça !

_Bon sang Bella , on dirait une enfant...Je ne te demande pas de t'habituer à ta future vie, ni d'anticiper ce que tu vas y faire, et encore moins d'aimer ceux qui vont y faire partie, mais...

Tu verras bien ce qui va se passer ! Si la situation te gêne réellement, si elle dérape et que tu as une raison justifiée, je pourrais faire appel à des contacts et on te déplacera de foyer. Tu reviendrais ici. Ce n'est pas si dramatique ! Après trois mois, je viendrais pour voir comment la situation évolue. Si je vois qu'il y a du changement et que c'est bénéfique pour toi, tu restes et je reviens six mois après pour faire un dernier constat, et ce, définitivement. Si la situation empire, alors je serais là et tu m'exposeras tout tes problèmes, je les résoudrai et on s'en ira. C'est aussi simple que ça. Mais tu te dois d'être honnête, et aussi envers toi-même, car si tu t'y plais, et je sais que tu le feras, tu dois accepter le fait que c'est désormais ton nouveau chez-toi, ton foyer ! Et...connaissant ton tempérament et ton incroyable obstination , il te faudra du temps avant d'admettre que oui. Tu es têtue comme une mule, je crois que c'est ça qui te rends si affectueuse.

_Soit. On verra ce qui va se passer, j'accepte ça, mais si MOI, malgré toutes leurs tentatives pour me faire sortir de ma coquille, JE NE VEUX PAS, qu'est-ce qui va se passer ?

_Eh bien...tu l'as deviné : option numéro deux. Écoute Bella, je ne veux pas faire la rabat-joie, mais toi aussi tu as droit à ta part de bonheur. Fais ce que tu veux, je t'ai assez répété que tes actions représentent ton futur. Nous en avons assez discuté toutes les deux. Et puis, Bella, je t'observe tout les jours...La façon dont tu aides ces enfants, ta façon de les regarder avec amour et tendresse, alors qu'au fond tu...es meurtrie par ton passé. Tu ne pourras pas t'empêcher de les aider, eux aussi... Tu es la plus belle personne que j'aie jamais rencontré Bella. Cette famille le sait. Il est temps pour toi de partir et de créer un nouvel arbre, avec encore plus de souvenirs, de détails, d'émotions...Le changement fait du bien, mon cœur. Tu verras. Je suis sûre que tu seras heureuse.

Je fus incroyablement émue par la déclaration de Lisbeth. Je fis la seule chose qui me permettrait de commencer ce nouveau départ : la serrer dans mes bras. Je courus vers elle, franchit les mètres qui nous séparaient en une seconde, et sautais dans ses bras. « Oh chérie »murmura-t-elle. Je sentis ses larmes contre ma joue, couler lentement. Mes bras la serraient jusqu'à s'en étouffer, et elle faisait de même. Je cachais ma tête entre ses cheveux longs et volumineux, sentant son odeur de savon. J'avais l'impression d'être un bébé, serrée ainsi, ma tête enfouie dans son cou. Et je me sentais...si bien, pour une fois. Je ne voulais pas m'en aller, Liz non plus. Elle me caressait gentiment les cheveux, soufflant des ' Tu vas me manquer ' ou ' Je voudrais tellement que tu restes, ' Je veux que tu sois heureuse, ' Je ne t'oublierais jamais' ...

Je murmurais à son oreille : ' Moi non plus Liz , je ne veux pas partir. Et puis je ne vous oublierais jamais, vous le savez... Je vous écrirai chaque semaine là-bas, à... Forks . Je vous aime, Liz. '

Elle se libéra de notre éteinte et c'est là qu'elle la vit : cette petite larme à mon œil droit, la seule qui s'était échappée, que je n'avais su contenir, et qui roulait maintenant calmement sur ma joue. Elle l'effaça et embrassa ma joue : « Je t'aime aussi, Bella ».

Nous restâmes à nous regarder quelques minutes, dans cette pièce silencieuse, paisible. Et puis je me retournai et sortis de la pièce sans un regard en arrière, pour ne plus pleurer. Je savais que c'était la dernière fois que je la voyais, avant très longtemps. Je l'avais vu dans ses yeux...

Essaie de comprendre ce que je suis devenue, ce n'était pas mon destin
Et partout les gens me pensent, meilleure que ce que je suis
Mais tu me manques, tu me manques, car j'aimais ça
Car j'aimais ça, quand j'étais ailleurs. Est-ce-que tu le sais ?
Savais-tu que tu ne me trouverais pas ? Tu n'a pas trouvé
Est-ce-que quelqu'un s'en préoccupe ?