Alors voilà comme je l'ai dit, ceci est un OS cadeau pour LucyHeartfilia95 qui a mit le 300ème commentaire sur "La montre d'argent". Il ne s'inscrit pas du tout dans cette fic. Vu les thèmes qu'elle m'a donné, je ne suis pas partie dans quelque chose d'humoristique donc même l'ambiance change complètement. J'espère tout de même que ça plaira à tout ceux qui le liront!

N'hésitez pas à poser des questions si vous n'avez pas tout compris puisque Amestris est dans le même monde que D gray-man, j'ai une nouvelle fois changé la donne pour expliquer pourquoi il n'y avait pas d'Akuma chez eux. Voilà, j'espère tout de même que ce sera assez clair.

Sur ce bonne lecture!


Les bruits étaient assourdissants. Pourtant il n'entendait pas grand chose mais il savait qu'il y avait du bruit autour de lui. Il courait à en perdre halène à travers les ruelles vides. Ils étaient plusieurs, il en avait compté au moins 4 avant que la bataille ne commence mais maintenant il ne savait plus trop. Il ne voyait presque plus, sa vision étaient on ne peut plus trouble, sans compter le sang qui coulait devant un de ses yeux qu'il ne pouvait pas prendre le temps d'essuyer. Après tous les coups qu'il venait de recevoir cela ne lui paraissait pas anormal, il ne voulait même pas imaginer à quoi pouvait ressemblait ses blessures pour le mettre dans un état si lamentable. Il ne savait même pas comment il faisait pour tenir encore sur ses jambes. Bien sûr il voulait vivre, il voulait pouvoir voir le lendemain, mais il n'était plus dupe. Cela faisait un moment qu'il avait arrêté de se faire de faux espoirs. Ce n'était pas seulement sa volonté qui le faisait tenir. Pourtant il courait parce qu'il fallait avancer, parce que l'abandon n'était pas une option qui lui était permise. Il tourna se prenant l'angle du mur, sa précision étant largement altérée par sa vision trouble. Cela lui fit perdre aussi quelques secondes. Il ne savait pas où étaient ses opposants, mais ils n'étaient pas loin. Il le sentait, même sans ça il savait très bien que dans son état, il ne pourrait jamais les distancer. Depuis le temps il les connaissait, assez pour savoir que cette course poursuite n'était qu'un jeu qu'ils termineraient lorsqu'ils en auraient marre. Malgré tout il ne pouvait pas se permettre de baisser les bras ici. Alors il tentait de les perdre dans le dédale de ruelle qu'était cette ville qu'il ne connaissait pas du tout. Ce qui avec sa vision actuelle n'arrangeait certainement pas les choses. La nuit n'aidait en rien non plus. C'était en quelque sorte oppressant. Il tourna de nouveau à un autre angle et se cogna contre quelque chose de mou qui le fit repartir légèrement en arrière le désorientant un peu plus. C'était mauvais il le savait. Rien qu'avec ce contact il avait reconnu de qui il s'agissait. Il releva la tête pour voir qu'en effet c'était le cas. Finalement il avait réussi jusque là pour se retrouver de nouveau face à lui ? Un autre coup le cueillit au creux du ventre, ce qui l'envoya contre le mur sur lequel il s'effondra. Une gerbe de sang lui échappa alors que finalement ses jambes se dérobaient sous lui. Il faisait noir, ses paupières s'étaient fermées. Il n'allait pas mourir, ce n'était pas leur but, du moins pas tout de suite… sinon il le serait déjà. Ce qui lui restait de conscience parvenait à saisir quelques bribes de conversation, ils devaient être maintenant rassemblés autour de lui. Le jeu était fini ? Peut-être qu'avec un peu plus de temps il aurait réussi à leur échapper. Que pouvait-il faire maintenant ? Il ne pouvait pas prendre le risque de se faire enlever ici, il ne pouvait pas non plus mourir. Que lui restait-il comme possibilité ? Il n'arrivait même pas à bouger le petit doigt. Ouvrir les paupières rien que pour voir ce qui l'attendait lui semblait être une épreuve insurmontable. Pourtant dieu savait ce qu'il avait déjà enduré. Il sentait que ce qui l'avait fait tenir jusqu'à maintenant était en train de s'épuiser lui aussi. Son cerveau déjà torturé par la douleur tournait à plein régime pour le sortir de cette situation et pourtant rien ne venait. Sans doute à cause de la fatigue, de ces sons qui l'étourdissaient même sans le vouloir vraiment. Il n'allait quand même pas perdre maintenant. Pas après tout ce qu'il avait fait, pas après tous les efforts fournis. De rage il réussi à ouvrir un œil, même s'il sentait que ce dernier espoir n'était pas bon. Il ne fallait pas qu'il laisse la rage l'emporter, c'était exactement ce qu'ils voulaient. Après tout eux aussi le connaissait bien, peut-être même mieux que lui les connaissait. Cependant maintenant il pouvait voir, c'était toujours ça de prit. A côté il pouvait toujours tenter de garder ses forces voir même de les restaurer pour tenter le tout pour le tout dès qu'il en verrait l'opportunité.

Il voyait bien encore 4 personnes, dont la rondouillarde contre laquelle il s'était cogné un peu plus tôt. Deux de ses acolytes, ou frère comme il aimait les appeler. C'était la quatrième personne qu'il ne connaissait pas. Comment lui en vouloir, il n'arrivait qu'à voir une tâche floue noire. Les trois autres étaient en blanc, c'était un peu comme un uniforme pour eux, c'était ce qui lui avait fait dire que la quatrième personne n'était pas réellement avec eux. Ce qu'il voulait ? Il n'en savait rien mais vu ce qu'il entendait ça parlementait. Il avait un peu de temps devant lui aussi. Sa paupière se referma. Tant qu'il n'entendait rien d'autre que des conversations alors ça irait. Quoi qu'à bien y penser, s'ils parlaient ensemble c'était bien parce qu'ils n'étaient pas ennemis. Ce qui n'était pas forcément en sa faveur. Sa tête lui faisait mal, il n'arrivait plus à réfléchir. Les conversations s'étaient arrêtées à côté, d'ailleurs il n'entendait plus rien. Vraiment plus rien, ses oreilles bourdonnaient ne lui laissant plus accès qu'à de vagues sons qui ne ressemblaient pas à grand-chose. C'est pourquoi il ressentit plus qu'il entendit des pas se rapprocher de lui. Son cœur se serra, il ne pouvait toujours rien faire. Il était bien trop amoché pour ça. Sa tête se releva en même temps qu'on tirait sur ses cheveux. Ca faisait mal mais pas plus que le reste. Il ouvrit difficilement les paupières. Il voulait au moins voir qui était la personne dont il serait la charge. Il ne vit pas grand-chose. Juste beaucoup de noir et une peau très claire. Ah, ce n'était pas du tout ce dont il s'attendait. Peut-être que pour une fois la chance lui souriait. Il relâcha sa tête qui n'offrit aucune résistance à la gravité et retomba lourdement. Dès lors se fut le trou noir.

« Al ! Oï Al grouille-toi il est déjà assez tard comme ça.

-Nii-san.

-Oui je sais, c'est ma faute pour ne pas avoir pensé à rendre ce rapport plus tôt, alors pas la peine de perdre plus de temps.

-Viens !

-Hein ? »

Le fullmetal fit demi-tour pour revenir vers son frère. S'il s'agissait encore d'un chat errant il allait réellement lui en faire voir de toutes les couleurs ! Ce n'était pas un chat errant. Si on lui avait laissé le choix Ed aurait préféré.

« Envy ! Qu'est-ce que tu fous ici ?

-C'est à moi de te poser la question Fullmetal nabot. Pas encore couché à cette heure-là ?

-QUI TRAITES-TU DE SI PETIT QU'IL DEVRAIT ALLER SE COUCHER A L'HEURE DES ENFANTS ?

-Nii-san, il y a quelqu'un par terre.

-Qu'est-ce que tu lui as fait ? demanda-t-il après avoir jeté un coup d'œil à la dite personne qui semblait vraiment mal en point.

-Moi ? Absolument rien, je crois même lui avoir sauvé la vie.

-De qui tu te moques ! »

Ed transmutta son automail en lame avant de sauter sur l'homonculus. Celui-ci recula rapidement, esquivant toutes les attaques de l'alchimiste n'ayant visiblement aucun mal à le faire. Entre temps Alphonse s'était précipité vers le corps à terre pour s'enquérir de sa santé. Mais rapidement l'homonculus de l'envie s'échappa du combat face au blondinet prétextant quelque chose de plus important à faire. Ed râla tout de ce qu'il pu mais ne le poursuivit pas. Il y avait plus urgent. Il se retourna pour revenir vers son frère.

« Il est encore vivant. »

Difficile à croire en voyant son état. Edward fit la grimace, tout en pensant qu'il n'avait jamais vu personne d'aussi étrange. Il savait combien c'était trompeur de juger sur l'apparence, étant lui-même un parfait exemple, mais là il fallait avouer. A commencer par les cheveux blancs, ou presque puisqu'ils prenaient maintenant la couleur du sang. Il ne semblait pourtant pas vieux, peut-être un traumatisme.

« Nii-san, arrête de réfléchir il faut faire quelque chose.

-Amenons-le chez le colonel.

-Plutôt à un hôpital, non ?

-S'il est une cible des homonculus il ne sera pas en sécurité dans n'importe quel hôpital. Le colonel est le mieux placé pour nous indiquer où aller. »

Alphonse sembla d'accord avec son aîné. Il prit alors le jeune homme inconscient dans ses bras, espérant ne pas trop aggraver son état. Ce qui aurait été difficile vu son état misérable. C'est donc ainsi qu'ils débarquèrent dans le bureau du colonel. Ce dernier allait râler, dès qu'il vit la mèche doré de l'alchimiste mais s'arrêta en voyant le chargement d'Alphonse.

« Qu'as-tu encore fait Fullmetal ?

-Et pourquoi ce serait ma faute ?

-Pensez-vous réellement que ce soit le moment ? se posa doucereusement Riza d'une voix qu'il ne fallait pas contredire ?

-Qui est-ce ?

-Aucune idée.

-Alors pourquoi l'avoir emmené ici ?

-On l'a trouvé dans une ruelle, Envy était penché sur lui.

-L'homonculus de l'envie ?

-Vous en connaissez d'autre qui oserait s'appeler comme ça ?

-Colonel il faut faire quelque chose pour lui, s'interposa Alphonse sentant que la dispute pourrait prendre de l'ampleur.

-Pourquoi me l'apporter à moi ?

-Si c'est une cible des homonculus peut-être qu'il sait des choses importantes, on ne peut pas le laisser à n'importe qui. »

Le militaire regarda le jeune homme salement amoché dans les bras d'Alphonse. Ed suivit son regard râlant un peu sur le temps que prenait le plus vieux. Enfin c'était clairement visible que l'inconnu qu'ils ramenaient était louche. Rien qu'à voir l'espèce de cicatrice sur sa joue. Il doutait que ce soit quelque chose que le blandinet se faisait tous les matins, sinon la marque aurait déjà disparu à cause du sang et de la sueur. Cette marque qui était du même rouge que les tatouages d'Orobouros des homonculus. Il avait pas mal de question à poser à cet inconnu. Vraiment, alors s'il pouvait ne pas mourir.

« Très bien, lieutenant, préparez la voiture.

-Hai ! elle sortit rapidement de la pièce.

-Où on va ?

-Chez une connaissance qui est aussi médecin, répondit le plus gradé tout en finissant rapidement quelques papiers. Suivez-moi. »

Le voyage en voiture fut long et silencieux. Même le blessé ne faisait pas de bruit ce qui amenait à une atmosphère pesante. Ils s'arrêtèrent devant une maison tout à fait banale. Le colonel sortit de la voiture mais demanda aux autres d'y rester. Mieux valait ne pas attirer l'attention le temps qu'il réussisse à convaincre le médecin de bien vouloir les aider. Une fois l'accord donné ils sortirent à leur tour de la voiture pour rentrer le plus discrètement possible dans la maison.

« Voici le docteur Knox, il a bien voulu nous aider pour cette fois.

-Posez ce jeune homme sur le canapé. »

A vrai dire les frère Elric étaient légèrement trop stressé pour faire attention au manque de politesse de l'homme. Ce dernier examina attentivement le blessé et fit la grimace.

« Je ne sais pas qui c'est, mais si vous voulez mon avis, il devrait déjà être mort.

-Quoi ? s'exclama Ed.

-C'est faux, son cœur bat encore.

-C'est bien ce que j'ai dit, il « devrait », je ne sais pas comment il peut encore être en vie. Je vais faire ce que je peux mais je vous promets rien aux vues de son état. »

Le fullmetal grimaça, devenant livide. Il apporta tout de même toute l'aide qu'il pu au médecin lui transmuttant des objets dont il avait besoin mais qu'il n'avait malheureusement pas chez lui. L'opération dura le reste de la nuit ou presque. Le soleil n'était vraiment pas loin de se lever lorsque Knox décréta avoir fini. Se fut Alphonse qui osa poser la question qui les démangeait tous :

« Il… il est toujours vivant ?

-Il respire. Le reste c'est à lui de voir.

-Faites-nous savoir s'il donne signe de vie, décréta le Colonel. Lieutenant, nous partons.

-Bien, elle se retourna vers la fratrie. Vous devriez rentrer aussi.

-Oui… le blondinet tourna la tête vers le blessé le cœur serré quand bien même il ne le connaissait pas. Ah ! Lieutenant. C'est le rapport que je devais vous remettre.

-Merci. Portez-vous bien et faites attention.

-Merci vous aussi, répondit Alphonse alors que son frère était de nouveau retourné vers l'inconnu.

-Vous pouvez rentrer chez vous, il ne se réveillera pas avant un moment. Je vous appellerez s'il le fait.

-Merci docteur. »

La fratrie renta donc à son hôtel. Mais il était dur d'attendre pour le Fullmetal. Il n'avait jamais été très patient de toute façon. Encore pire lorsqu'une source d'information probable était sous son nez mais dans l'incapacité de dire quoi que ce soit. Finalement il s'installa lourdement sur son lit fixant le plafond. Son frère était sorti faire une course, il ne reviendrait pas avant un moment. Alphonse était du genre à se laisser attirer pour aider toute sorte de personnes. Ed eut un léger sourire en pensant à son frère et ferma les yeux. D'un coup son cœur manqua un battement et les yeux dorés revirent la lumière du jour. Pourquoi venait-il d'imaginer leur fameux inconnu juste en fermant les yeux ? D'accord il était pressé d'avoir des réponses mais tout de même pas au point d'être obsédé, si ? Son frère lui aurait certainement dit que si. Il soupira de nouveau et croisa les bras derrière sa tête. De toute façon il n'était plus à ça prêt. Il referma les yeux laissant un moment son esprit divaguer. Il n'était pas fatigué au point de vouloir dormir… peut-être que cela lui aurait fait du bien puisque petit à petit son esprit le ramena vers le blandinet. Le visage fin qui malgré le sang qui le couvrait en partie semblait étrangement serein. Quel genre de secret pouvait-il bien cacher ? Il ne semblait pas bien plus âgé que lui, alors comment avait-il pu se mettre dans un tel pétrin ? Bon il était assez mal placé pour penser ça, étant donné que lui-même avait apparemment un destin fortement lié à celui des homonculus même si c'était involontaire. Voilà qui le laissait encore perplexe, comment se faisait-il qu'il n'ait jamais vu l'inconnu s'il était lui-même une cible des homonculus. Cela voudrait dire qu'il serait un alchimiste ? Un alchimiste non connu ? C'était probable au final. Ed soupira un peu. Il paraissait pourtant si fragile, presque comme une fille même si définitivement il n'en était pas une. Ed avait bien pu le constater lorsque le docteur Knox avait complètement détruit ses vêtements pour pouvoir le soigner. Là Ed s'était aperçu qu'en fait il n'était peut-être pas aussi chétif que ça. Son corps avait été sculpté à force d'entrainement mais aussi à force de combat. Aucun doute là-dessus, sa peau laiteuse était parsemée de cicatrices qui semblaient plutôt moins récentes et plus ou moins douloureuses. Knox n'avait même pas voulu se prononcer sur celle de l'abdomen ne comprenant pas exactement ce dont il s'agissait. D'après lui il semblait que c'était du à la lame d'un katana ou d'une épée qui l'aurait transpercé mais même une cicatrice n'aurait jamais été aussi blanche. Le Fullmetal fronça des sourcils. Décidément le jeune homme était bien mystérieux.

Le téléphone sonna dans la chambre fit sursauter un certain petit blondinet qui râla tout ce qu'il pu contre les personnes insensées qui appelaient les gens n'importe quand. On a pas idée de déranger les gens alors qu'ils travaillent. Si bien que finalement ce fut Alphonse qui décrocha tentant vainement de calmer son frère. L'armure raccrocha rapidement avec de se tourner vers le Fullmetal qui pestait toujours en ayant enfoui sa tête sous son oreiller.

« Nii-san, il a ouvert les yeux. »

Les injures cessèrent, la fatigue n'était plus qu'un vague souvenir. Il se releva d'un coup et s'habilla à grande vitesse. Trois jours ! Cela faisait maintenant trois jours qu'ils attendaient un signe de vie et le voilà enfin. Il n'avait pas de temps à perdre. C'est presque en courant qu'ils arrivèrent chez le médecin. Le colonel ne semblait pas être là. En même temps il n'avait pas des horaires aussi souples, et ne pouvait donc pas forcément faire ce qu'il voulait. Knox leur ouvrit rapidement la porte, le regard toujours sévère. Une fois la porte refermée dans leur dos il se permit de leur dire :

« Je ne sais pas comment il a fait pour être sur pied aussi vite mais la plupart de ses blessures sont déjà guéries.

-Vraiment ? s'exclama le petit alchimiste.

-Ouais. Il a dit que c'était normal.

-Il a dit ? Ca veut dire qu'il vous a parlé ?

-Il est même très poli mais pas très bavard. Bon courage. »

Il leur désigna l'étage alors les deux frères montèrent les marches pour arriver dans la chambre où était installé l'inconnu. La première chose que pu voir Ed en passant la porte fut les deux prunelles grises qui se posèrent sur lui. Deux nuits qu'il rêvait de ce visage sans le voir réellement. Il pouvait maintenant mettre des yeux et une expression dessus. Encore une fois il aurait préféré s'en abstenir. Même s'ils brillaient de détermination ces yeux étaient en même temps plein d'une sombre tristesse. Sans savoir pourquoi il resta accroché à ce regard ne pouvant s'en détacher. A vrai dire, si, l'alchimiste compris rapidement pourquoi mais il ne voulait pas y penser maintenant. Lui qui s'était déjà tellement moqué de ce genre de chose mais Ed pouvait bien se voiler la face il savait très bien ce qu'il venait de se passer lorsqu'il avait croisé ces yeux. Comme tous ceux qu'il avait prit de haut, le blondinet avait ressentit ce phénomène étrange, unique et formidable. Le tout en un, qu'on appelle communément coup de foudre. Comment ? Pourquoi ? Il n'en savait rien, c'était d'ailleurs le propre du coup de foudre mais cela semblait tellement irrationnel pour le Fullmetal. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi cela lui arrivait maintenant.

« Bonjour. »

Dire que tout ça, toute cette folie de sentiment n'avait duré que quelques dixièmes de seconde et qu'elle ne semblait pas partagée. En même temps l'alchimiste aurait vraiment trouvé ça improbable, voir même suspect et d'un autre côté il ne pouvait s'empêcher d'être déçu. Rapidement la voix éraillée du blandinet couvrit de nouveau le silence :

« Le docteur Knox m'a dit que c'est vous qui m'avez trouvé, dit-il avec une pointe de méfiance dans la voix.

-Oui, il y a trois jours, répondit Alphonse qui s'était avancé dans la salle Ed n'ayant pas bougé d'un centimètre après avoir croisé les yeux du blessé.

-Je dois vous remercier alors.

-Envy était en train de te faire je sais pas quoi, réussit finalement à dire le Fullmetal.

-Envy ? demanda le blandinet perplexe. Qui est-ce ?

-L'homonculus de l'envie.

-Excusez-moi, je suis sensé le connaître ?

-Pour se faire agresser aussi violemment par lui sans qu'il ne te tue, je suppose bien que lui au moins te connaissait. »

Les yeux gris se baissèrent légèrement, il était en train de réfléchir. Ed secoua la tête, il devait se reprendre. Il voulait ces informations, il ne devait pas se laisser distraire. Il s'avança à son tour dans la chambre du docteur et regarda de plus prêt l'inconnu. Effectivement la plus part de ses blessures semblaient être refermées. Ed ne s'y connaissait pas réellement en médecine, juste ce qu'il avait apprit il y a longtemps pour faire une transmutation humaine. Il était sûr d'une chose cependant, personne ne pouvait guérir normalement aussi vite.

« Vous vous trompez de personne, je n'ai rien à voir avec cet Envy.

-On peut savoir qui tu es ? demanda doucement Al.

-Je… »

Ed perçu clairement l'hésitation. Le regard grisé parcouru la salle avec de nouveau de la méfiance. Il était totalement sur ses gardes. Il craignait quelque chose, certainement ce qui l'avait mis dans cet état mais si ce n'était pas Envy alors qui ? Même si pour le moment Ed penchait plutôt pour l'option mensonge. Il tendit alors sa main vers le lit tout en déclaration.

« Edward Elric, voici Alphonse, mon petit frère. »

Il y eut un petit soupire, comme de soulagement. Puis l'autre releva la tête avec un léger sourire avant de saisir la main tendue.

« Allen Walker. »

Heureusement que l'information apportée était le nom parce que sinon Ed ne l'aurait jamais retenu. Son cœur s'était mis à battre la chamade à la seconde même où il avait vu ce sourire. S'il avait eu encore une once de mauvaise fois qui allait à l'encontre du fameux coup de foudre, elle venait totalement d'être balayée. Pourtant le dénommé Allen ne faisait absolument rien en particulier. Ed lui-même n'était d'habitude pas réceptif à ce genre de chose. Vraiment quelque chose n'allait pas depuis qu'il était rentré dans cette chambre. Il ne reprit contact avec la réalité que lorsque la main du blessé lâcha la sienne, il se rendit alors compte que son frère était en train de parler.

« … pas Envy, alors qui a bien pu te mettre dans cet état ? Il faut prévenir la police.

-Non, s'il vous plait, réagit-il directement avec un ton presque suppliant. Ca ira, reprit-il un peu plus calmement.

-De qui tu te moques ! s'écria presque le Fullmetal. T'as vu l'état dans lequel tu es ? Bien sûr que ça n'ira pas !

-Nii-san, gronda Alphonse. Tu sais Allen, si tu nous expliques nous pouvons t'aider.

-C'est gentil, reprit le blandinet qui s'était complètement refermé, mais ce n'est pas votre problème.

-Comme si on allait vraiment…

-On t'entend crier depuis le couloir Fullmetal.

-Colonel vous avez pu venir finalement ?

-Même si mon emploi du temps ne me laisse pas autant de temps libre que toi

-Vous prétendez là que je ne travaille pas, c'est ça ?

-Ce n'est que la pure vérité, tu ne fais que vagabonder en ville depuis une semaine. »

La dispute continua ainsi un petit moment jusqu'à ce que le docteur qui était venu voir pourquoi il y avait autant de bruit à l'étage ne déclare :

« Êtes-vous conscient que le jeune homme est parti ?

-Hein ? »

Ed se retourna vivement pour voir qu'en effet le lit était maintenant vide. Quelque chose se serra dans son ventre. Alphonse n'avait rien vu, tentant d'apaiser les choses entre le colonel et lui. Le Fullmetal se précipita vers la fenêtre qui était ouverte. En tout cas on pouvait lui céder sa discrétion, surtout blessé comme il l'était. Sa résistance à la douleur devait elle aussi être assez prodigieuse mais pas totalement efficace. En effet il le voyait encore au bout de la rue. L'alchimiste sauta à son tour de la fenêtre :

« Nii-san, qu'est-ce que tu fais ?

-Je vais le chercher !

-Attends ! Mo nii-san ! »

Alphonse était trop gros pour passer par la fenêtre et l'attendre lui ferait sans doute perdre la trace d'Allen. Il n'attendit donc pas vraiment. Il remonta la rue en courant jusqu'au dernier endroit où il avait vu le blessé. C'était qu'il allait plutôt vite tout de même mais le blondinet avait l'avantage de connaître mieux que lui le terrain et finalement après quelques détours il réussi à le rattraper. Ed referma sa main sur le bras du jeune homme en fuite et tira vers lui pour l'arrêter. Le blandinet perdit alors l'équilibre, prouvant bien qu'il ne maîtrisait pas encore réellement son corps, mais ne tomba pas retenu par l'alchimiste qui le plaqua ensuite contre un mur. Ils s'étaient arrêtés dans une petite ruelle perdue dans le dédale qu'était central. A croire que l'autre voulait s'éloigner le plus possible de toute population. Le visage fin se tordit sous la douleur ce qui fit desserrer légèrement sa prise à Ed.

« Laisse-moi partir. »

De nouveau quelque chose se serra dans le ventre du blondinet. Il y avait de la détermination dans cette voix et pourtant une telle lassitude et en même temps elle se faisait tellement suppliante. Comme s'il fondait tout ses espoirs sur la prochaine action de l'alchimiste. Ed le savait bien, il le ressentait, s'il lâchait totalement ce bras maintenant alors il ne le reverrait jamais. Ca il ne voulait pas, absolument pas, d'aucune façon. C'était peut-être totalement égoïste de sa part, totalement contre la volonté d'Allen mais il ne le lâcherait pas. Même si les yeux qui le fixaient maintenant le supplier de faire l'inverse.

« Je veux t'aider Allen ! »

Cette fois se fut la surprise qui s'inscrivit dans les yeux gris qui s'ouvrirent légèrement plus. Ses lèvres tremblèrent attirant désespérément l'attention d'Ed. Son expression changea quelque peu, comme si on venait de le prendre en faute. Edward ne comprenait pas. Plus il observait ce visage moins il comprenait ce quicpouvait se cacher derrière et pourtant plus cela lui donnait envie de l'aider. De le protéger.

« Tu… tu ne peux pas m'aider, souffla-t-il finalement le plus doucement possible en détournant les yeux.

-On ne peut pas savoir, répliqua fortement Ed. Il n'y a qu'en essayant qu'on peut savoir. Il n'y a qu'en abandonnant qu'on peut être sûr de ne pas réussir. »

De nouveau les lèvres du blandinet tremblèrent. Il ne le regardait toujours pas. Ed ne savait pas du tout s'il était sur la bonne voie mais il ne voyait pas quoi faire d'autre. Le silence dura encore quelques secondes. Ils entendaient juste les bruits familiers de la ville autour d'eux, bien qu'assourdit plus ou moins. Finalement n'en pouvant plus le blondinet ajouta :

« Je ne peux juste pas te laisser comme ça.

-Pourquoi ? demanda-t-il encore une fois si doucement qu'Ed cru avoir rêvé mais il reprit légèrement plus fort. Tu ne me connais pas alors pourquoi ferais-tu ça ?

-Parce que… »

Ed ne savait pas quoi répondre à ça mais ses lèvres réagirent beaucoup plus vite que son esprit. Il allait tout simplement lui dire toutes ces choses stupides qui lui passaient maintenant à l'esprit. Que même s'il ne le connaissait pas il aimait déjà son visage, ses yeux, sa voix, son attitude. Même s'il y avait des choses qu'il voulait déjà changer chez lui, il n'y pouvait rien, il voulait être l'auteur de ces changements. Il voulait être celui qui ferait réapparaître la joie dans ces yeux voilés de tristesse. Que justement parce qu'il ne le connaissait pas il voudrait pouvoir prendre le temps de le découvrir, juste pour être sûr qu'il aimerait autant sa personnalité que ce qu'il voyait déjà de lui. Que juste pour ça il voulait qu'ils restent ensemble. Il voulait le protéger, il voulait juste rester ainsi pour une éternité. Seuls dans cette ruelle où rien ne viendrait les déranger. Prendre cette éternité pour se connaître, s'apprécier et enfin s'aimer. Que les coups de foudre étaient peut-être stupide mais qu'il n'avait pas envie d'aller à son encontre alors il suivrait juste le chemin qu'on traçait pour lui.

Il n'eut pourtant rien le temps de dire. Une lumière blanche entoura l'autre jeune homme qui releva une tête paniquée. Une forme blanche commença à entourer le bras qui n'était pas maintenu par l'alchimiste.

« Qu'est-ce que ?

-Lâche-moi ! ordonna beaucoup plus violemment le blandinet. Lâche-moi ou je vais te blesser ! »

Ed ne voulait toujours pas le lâcher et pourtant c'est ce qu'il fit, tout simplement parce que son regard avait changé. Il n'y avait plus de lassitude suppliante, juste une incroyable envie de vivre et que pour le moment cela lui suffisait. Même s'il ne comprenait pas ce qu'il se passait. A côté de lui le blandinet semblait totalement sur ses gardes. Prêt à fuir au moindre signe, le tout était de savoir quel signe. Alors Ed aussi était sur le qui-vive. Bientôt il pu voir une silhouette se dessiner à l'un des bouts de la ruelle. Il entendit Allen murmurer apparemment entre l'agacement et la peur. Peur de quoi il ne savait pas bien mais tout laisser à penser que c'était lui qui avait mis le blandinet dans cet état. Ed fronça les sourcils. Pourtant il ne paraissait pas si dangereux cet homme. Il sentit la forme blanche qui entourait Allen passer dans son dos. L'alchimiste ne savait pas trop comment qualifier cette sensation. Autant il sentait comme une certaine sécurité qui l'envelopper. Autant il ressentait comme une sorte de malaise. Au final il était aussi bien que mal concernant cette présence. Il aurait bien voulu tourner la tête vers Allen pour savoir quel sentiment devait l'emporter mais il ne voulait pas détourner le regard du nouvel arrivant. D'autant plus lorsqu'il commença à parler :

« C'est bien joué de ta part Allen Walker. Te réfugier dans une ville alliée des Noah. Cela te confère une certaine immunité vis-à-vis d'eux. Tu as ainsi pu rester sauf jusqu'à ce que je te retrouve. Je te remercie pour ce service.

-Qu'est-ce que c'est sensé vouloir dire ? grogna Ed.

-Serait-ce un allié ? Quand bien même, tu dois bien savoir que cette résistance est totalement inutile. »

Ed qui allait répliquer se sentit poussé sur le côté, se cognant contre le mur en face. Allen venait tout juste de prendre sa place, réagissant plus vite que l'inconnu. Il devait bien le connaître mais apparemment ce ne fut pas assez rapidement. Lorsque l'Amestris tourna la tête pour voir ce qu'il en était, il découvrit Allen, la tête entre les mains de l'inconnu. Rien de bon ne s'annonçait, surtout lorsque l'alchimiste pensait que le blandinet venait tout simplement de l'éjecter pour le protéger.

« Encore une fois bien inutile. Je lui viderai la tête après en avoir fini avec toi. »

Allen tourna vers lui un regard qui demandait clairement de fuir. Plutôt le suppliant de fuir. C'était bien mal le connaître. Ainsi l'alchimiste claqua dans ses mains et les apposa par terre. Une cage se forma autour de l'agresseur dont un des barreaux se planta dans ses poignets de façon à ce qu'il lâche Allen. Celui-ci une fois libre se recula vivement tout en regardant étrangement son sauveur.

« Ah j'avais oublié. C'est le pays des alchimistes ici. Tu es définitivement plein de ressource Allen Walker.

-Je n'en savais rien, se défendit-il.

-Je peux savoir ce qu'il se passe ? râla Ed.

-Tu es en train de protéger la mauvaise personne alchimiste. Bien que cela ne te concerne pas. Sens-toi au moins concerné pour le reste de l'humanité.

-Encore une fois, qu'est-ce que c'est sensé vouloir dire ?

-Cet être que tu protèges, Allen Walker, le destructeur du temps, représente l'une des plus grandes menace de l'humanité. »

Ed tourna la tête vers Allen. Comment quelqu'un d'aussi mignon pouvait être quelque chose d'aussi dangereux ? Quoi qu'à voir sa tête énervée en ce moment Ed pouvait tout de même le concevoir. Cependant, au plus profond de lui, il savait que l'autre avait tord. Il n'avait aucune preuve à apporter à cette certitude, il ne connaissait même pas réellement Allen, et pourtant s'il était persuadé d'une chose c'était bien :

« Je préfère parier sur Allen. »

A côté tête du blandinet s'embrouilla entre la surprise, le soulagement et la joie.

« Tu ne paris pas pour toi alchimiste mais pour le reste du monde. Ce n'est pas à toi de choisir.

-Comme si c'était à toi ! Et puis en quoi ça ne me concerne pas ! Je suis aussi humain aux dernières nouvelles !

-Ce pays suit d'autres projets que le Comte laisse faire sans intervenir. Ce n'est pas de leur main que vous mourrez.

-Les homonculus ? Tu sais ce qu'ils veulent faire, n'est-ce pas ?

-Faisons un échange équivalent alchimiste, reprit l'inconnu doucement. Je te donne tes informations et tu restes en dehors de nos affaires. Je ne te demande pas de te mettre d'un côté ou de l'autre mais juste de laisser les choses se faire. »

Le blond plissa les yeux et regarda de nouveau vers Allen. S'il le laissait se débrouiller seul, dans son état, il n'irait pas bien loin. En même temps les informations promises semblaient capitales… Ed soupira profondément avant de fixer son regard sur son prisonnier.

« Cette guerre, on la gagnera avec ou sans tes informations !

-Bien, je suppose que les négociations sont donc terminées. »

D'un mouvement il détruisit la cage sans en paraître plus affecté que ça. C'est aussi à ce moment là qu'Alphonse, le colonel et le lieutenant arrivèrent. Carrément en retard pensa le Fullmetal mais mieux valait tar que jamais. Rapidement il se plaça entre la créature et Allen. La forme blanche l'entoura de nouveau et cette fois il se sentit pleinement protégé. Comme si une autre entité le soutenait dans sa protection du blandinet. Il claque de nouveau dans ses mains en criant :

« Colonel allez-y à fond ! »

Un mur se créa entre eux et leur agresseur puis Ed se retourna vers le blessé. Il lui attrapa la main et voulu commencer à partir dans le sens inverse :

« On se casse !

-Mais… On ne peut pas les laisser ici ! s'exclama-t-il.

-T'inquiète le Colonel saura très bien s'en sortir, et puis c'est pas après eux qu'il en a mais après toi ! Alors si tu veux vraiment les aider on ne doit pas rester ici !

-Merci… finit-il par dire en détournant les yeux.

-En échange tu m'expliqueras tout, n'est-ce pas ?

Il n'eut aucune réponse mais il s'en doutait à vrai dire. De toute façon il arriverait à lui sortir les vers du nez. Comme Allen ne semblait toujours pas vouloir partir se fut lui qui initia la course. DE l'autre côté du mur il entendait les flammes du Colonel se déchaîner. Cet inconnu était réellement aussi fort que ça ?

Plus ils s'éloignaient de la scène plus l'apparence d'Allen redevenait normale, ce qui rassura l'alchimiste. Ils ne seraient pas passés facilement inaperçu dans la ville sinon. Peu de temps après ils se retrouvèrent à l'hôtel de l'alchimiste, dans la chambre qu'il partageait avec son frère. Le blessé tenta de faire bonne figure mais dû rapidement se restreindre à s'asseoir dans un fauteuil.

« Comment tu as fait pour tenir jusque là ?

-J'ai une bonne constitution, répondit-il en détournant les yeux mal à l'aise.

-Pourquoi tu as voulu nous fuir ?

-Vous avez appelé la police, accusa le blandinet.

-Ah ? Comment ça ? Attend tu parles du Colonel ? Il eut un hochement de tête du jeune homme. C'est lui qui t'as trouvé un médecin ! Il est clean. Et de toute façon qu'est-ce que tu as contre la police ? Tu es réellement un criminel ?

-Non... non. C'est juste que je ne veux impliquer personne.

-Ouais bah maintenant c'est un peu tard.

-C'est pour ça que je t'ai demandé de partir dans la ruelle, remarqua-t-il.

-Peu importe ! Le Colonel, c'est le Colonel, il ne te trahira pas ou quoi que ce soit, sauf si tu menaces le pays. C'est pas dans tes intentions, n'est-ce pas ?

-Non.

-Alors tout vas bien !

-Tu aurais pu avoir dans informations tout à l'heure, reprit-il de façon plus coupable.

-Quelle information est plus importe qu'une vie ?

-Une qui pourrait en sauver des milliers d'autres.

-On ne savait pas ce qu'il allait dire. Peut-être que c'était quelque chose que je savais déjà ou que quelqu'un d'autre savait.

-Peut-être pas.

-Tu as décidé d'être défaitiste ou quoi ?!

-Je suis juste réaliste ! Je ne te comprends pas du tout. Tu préfères sauver un parfait inconnu plutôt que ton propre pays.

-Mon pays n'était pas en danger de mort imminente contrairement à toi ! Et de toute façon jure-moi que tu n'aurais pas fait la même chose ? »

Un faible silence s'installa. Finalement Ed semblait avoir plutôt bien perçu son compagnon. Même s'il restait pas mal de zone d'ombre au moins il arrivait à avoir une répartie de plus.

« Bon apparemment tu sembles être en sécurité en Amestris pour le moment. C'est celui qu'on a rencontré dans la réelle qui t'as fait ça ou ceux dont il parlait ?

-Ca ne t'avancera pas à grand-chose de savoir ça.

-Je déteste déjà lorsque tu fais ça.

-Et bien désolé mais je ne vois pas pourquoi je devrais chercher à te plaire. »

Le blondinet se tut alors qu'il allait totalement engager la dispute. C'est vrai Allen n'avait pas à faire en sorte de lui plaire. Les yeux dorés s'arrêtèrent sur son vis-à-vis qu'il fixa intensément. Ce dernier du se sentir gêné puisque quelques couleurs apparurent sur ses joues, ce qui ne calma en rien le pauvre alchimiste. Il lâcha d'ailleurs rapidement, il s'approcha vivement du blandinet qui était toujours assit dans son fauteuil. Ed posa les mains sur chaque accoudoir et domina totalement son invité qui le regardait entre la surprise et la gêne. Il ne baissa cependant pas la tête, ce qui permit à Ed de pouvoir observer tranquillement les prunelles grisées.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je ne comprends pas pourquoi.

-Je te l'ai dit, tu ne peux pas m'aider… t'expliquer ce genre de choses ne ferait que te mettre en danger.

-Je ne parle pas de ça.

-Alors je ne te suis pas, avoua le blandinet.

-Je veux savoir ce que tu m'as fait, je n'arrive pas à comprendre ce que tu as en plus.

-Je… Je ne pense pas t'avoir fait quoi que ce soit, n'est-ce pas ? »

Il semblait d'un coup plus inquiet. Ed voyait bien qu'il ne comprenait où il voulait en venir, ce qui le frustra encore un peu plus.

« Est-ce que je t'ai fait quelque chose ?

-Je veux que tu restes avec moi !

-Qu… quoi ?

-Pour toujours ! Oui je sais, on ne se connait même pas, c'est pour ça que je veux comprendre ! Je ne peux pas te laisser partir. Je veux apprendre à te connaître ! Pour être sûr que je t'aime vraiment autant que mon cœur veut me le montrer en ce moment.

-Pourquoi ?

-C'est ce que j'aimerai savoir ! s'écria-t-il.

-Je n'y suis pour rien, reprit-il en haussant la voix légèrement à son tour.

-De qui se serait la faute alors ?

-Parce que c'est une faute ?

-Certainement pas ! C'est sans doute la meilleure chose qui m'arrive ! C'est pour ça je veux comprendre !

-Stop, se radoucit Allen, calme-toi.

-Je veux que tu restes avec moi pour que je puisse comprendre tout ça.

-Je ne peux pas rester.

-Ou tu ne veux pas ?

-Non vraiment, ce n'est pas que je ne veux pas… Pas plus ou pas moins qu'ailleurs, je ne peux juste pas rester trop longtemps au même endroit.

-Qu'est-ce qui te cours après ?

-Je ne…

-Je veux t'aider ! Je veux pouvoir te protéger !

-Je sais me protéger seul, rétorqua-t-il.

-Ce n'est pas ce que tu as montré. »

Ed sentit alors ses bras partir, perdre leurs appuies. C'est lorsqu'il sentit un coup contre sa cage thoracique qu'il comprit que cette chute n'était due qu'à Allen. Prit de cours il bascula vers l'arrière avant de recevoir un poids sur son abdomen et ses bras maintenu au dessus de sa tête. Ed cligna des yeux pour regarder Allen qui venait de le maîtriser. Avec les blessures qu'il lui restait, malgré le fait qu'il n'avait même pas pensé à se défendre, cela l'impressionna. Il échangea cependant rapidement les rôles, le blandinet ne semblait pas réellement en état de lutter. Cette fois c'était Ed qui le maintenait contre le sol mais pas d'une prise ferme, comme il l'avait dit il tenait vraiment à le protéger pas lui faire mal.

« Laisse-moi t'aider Allen. »

Il vit alors avec effroi les yeux gris se remplir de larme d'un coup. Comme si un barrage venait de lâcher et même s'il ne comprenait pas le blondinet s'empressa de serrer l'autre dans ses bras. Comme il ne supportait déjà pas son habitude d'éviter les questions, il détestait déjà le voir pleurer.

« Pourquoi ! Pourquoi tu ne pouvais pas être une personne normale ! Avoir peur et s'enfuir devant une personne qui t'attaque ! Avoir peur de moi et me laisser régler mes problèmes seul ! Pourquoi à l'inverse de ça tu agis comme si j'étais l'une des choses les plus précieuses à tes yeux. Je suis loin d'être ça ! Tu ne peux pas ! Je… Je ne veux plus blesser qui que ce soit… Je ne veux plus voir personne blessé par ma faute. »

Ed ne savait pas quoi répondre à ça. Il ne savait rien de ce qu'avait vécu le jeune homme, juste l'idée que ce n'était en rien joyeux. Qu'il avait déjà du être trahi et qu'il ne faisait plus confiance en personne, même plus en lui. Doucement il se redressa et posa Allen contre lui. Même si les larmes coulaient toujours son corps n'en laissait rien paraître. Ed hésita une petite seconde avant de reprendre la parole.

« Peut-être que je ne suis pas normal, et peut-être que c'est pour ça que je ne peux pas m'empêcher de vouloir rester avec toi. Peu importe nos problèmes, j'ai apprit qu'on était toujours plus fort ensemble que seul. Qu'il y avait toujours quelqu'un pour nous tendre la main. Que c'est à nous de l'accepter ou non. Je te tends la mienne aujourd'hui. »

Il avait légèrement écarté le blandinet de lui pour justement lui proposer sa main. Il voyait toute sorte d'émotion passer sur le visage du jeune homme, aucune ne voulant se fixer véritablement. Il ne semblait toujours pas vouloir le regarder réellement non plus les yeux étant fixés sur cette main qui attendait entre les deux corps. Rien ne se passa pendant un long moment qui mit Ed très mal à l'aise, même si les larmes avaient eu le temps de se tarir. Puis finalement le blandinet attrapa la main, légèrement tremblant mais sans vraiment hésiter. L'alchimiste eut un sourire et serra plus franchement la main de son compagnon avant de le serrer de nouveau contre lui. D'un coup la porte s'ouvrit en grand fracas.

« Nii-san !

-Al ? Est-ce que ça va ?

-Ca va ! Le colonel et Riza-san aussi. Et vous deux ?

-Je vais bien. Allen… comme ce matin je présume… Allen ? »

Il décala le jeune homme de lui pour découvrir qu'il s'était en fait endormit. En même temps vu tout ce qu'il venait de se passer et l'état dans lequel il était cela n'étonnait pas le Fullmetal. Il installa le blessé sur le lit de Al, que ce dernier n'utilisait pas de toute façon. Puis lui-même bailla fortement. Il fallait avouer qu'il se faisait tard maintenant.

« Nii-san tu devrais te coucher aussi.

-Ouais. »

Avant ça il prit tout de même le soin de dévoiler à son frère tout ce qu'il avait pu apprendre pendant qu'il n'était pas là. Le cadet décida ensuite de lui-même d'aller avertir le Colonel si bien qu'il quitta la chambre en recommandant à son frère de bien se reposer. Ce ne fut pas compliqué. Avec tout ce qu'il s'était passé durant l'après-midi, le Fullmetal ne mit pas bien longtemps à s'endormir. Lorsqu'il se réveilla la nuit était bien entamée, il faisait plutôt sombre dans la pièce. Al n'était toujours pas de retour pourtant ce qui en ce moment même attrapait tous les neurones de l'alchimiste était une sensation tout à fait étrange. Une sorte de douce chaleur encore bien posée sur ses lèvres. Il y monta deux doigts pour les effleurer dans la quête d'un indice qu'il ne trouva pas. Puis son regard parcouru la salle où il se rendit réellement compte qu'il n'y avait personne à part lui. Al était certainement encore dans le hall pour ne pas le réveiller en rentrant dans la chambre. Ce qui le réveilla totalement était plutôt l'absence d'Allen dans le lit voisin. Ed se releva d'un bond ce qui lui permit de remarquer la présence d'une feuille de papier sur la table. Ses sourcils se froncèrent alors que sa bouche se tordit. Il n'aurait tout de même pas…

Le blondinet osa enfin toucher le mot pour l'ouvrir et regarder ce qu'il en était. L'écriture était fine, légèrement stylisée avec de belles courbes tout en gardant un aspect sobre. Avant même de lire le contenu le regard doré se baissa pour voir qu'il s'agissait bien d'une lettre d'Allen. Même si le terme de lettre était exagéré pour ce qu'il avait entre les mains.

« Edward,

Merci infiniment pour tout ce que tu as fait pour moi aujourd'hui. Tu m'as redonné l'espoir que j'avais perdu. Je vais régler mes problèmes, règles les tiens.

Nous nous reverrons.

Allen.

P.S. : Je t'ai emprunté ton carnet.»

L'alchimiste était partagé, il n'arrivait pas bien à savoir ce qu'il devait ressentir en ce moment même. Il n'était pas vraiment préparé psychologiquement mais Allen l'avait dit lui-même. Ils se reverraient. Il pouvait bien le croire non ? De nouveau un de ses doigts frôla ses lèvres. C'est vrai, il avait décidé de parier sur Allen, et puis il lui avait emprunté quelque chose, cela voulait bien dire qu'il viendrait le lui rendre, non ? Alors il ne lui restait plus qu'à régler ses problèmes.


Alors? Est-ce que ça vous a plu? Si oui dites-le moi parce que j'ai un autre petit quelque chose qui me traîne dans la tête.