Space garou
(Eternal Captain 2)
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Disclaimers : tout ce qui ne se rattache pas de façon évidente au Leijiverse m'appartient. Je laisse le reste de bonne grâce à M. Matsumoto.
Correspondances nominatives : j'avoue sans aucune honte que je fais n'importe quoi. Il y a donc de la VO, de la VA et de la VF sans la moindre logique, parce que.
Toki no wa : boucle, et reboucle. Ou recyclage, c'est comme vous voulez. Ou remake. Très sympa, les remakes, en fin de compte. L'histoire est toujours identique, mais ses méandres diffèrent à chaque répétition. Le captain navigue sur les flots tumultueux du temps sans férir.
Repères chronologiques plus tangibles : ceci est la suite de « Eternal Captain ». Certaines questions étaient restées sans réponse. D'autre part, l'intervalle de temps entre les deux tomes sera défini dans le texte. Notez cependant que j'ai prévu de m'amuser. Comprendre : faire n'importe quoi. Mais du n'importe quoi argumenté, hein… Je ne pars pas complètement à l'aveugle non plus.
Cohérence globale : possiblement un peu fouillis du côté du contexte géopolitique galactique, mais je me soigne. Si malgré tout vous avez besoin d'un recalage, le meilleur mot-clé à utiliser est « Illumidas ».
Avertissement : vu la façon dont j'ai embrayé, je doute de pouvoir mener l'intrigue dans le bon sens du courant. Ce n'est d'ailleurs pas mon intention.
Petit défi personnel : le but du jeu, c'est de le tenir le plus longtemps possible. Saurez-vous deviner les règles fixées ?
Excuses : faute d'une motivation suffisante, j'ignore si je vais pouvoir mettre à jour cette histoire aussi souvent que je le souhaiterais. Par avance, désolée.
Il était une fois…
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Prologue
L'astroport désert était écrasé de soleil. Çà et là, des conteneurs éventrés, des débris dispersés et des cratères encore fumants témoignaient de récents et violents combats. Dans les ruines des bâtiments qui jouxtaient la tour de contrôle effondrée, quelques ombres craintives se faufilaient, s'emparaient qui d'une boîte abandonnée, qui d'une pièce mécanique à peu près entière, puis s'empressaient de disparaître. Au loin, une immense silhouette rendue floue par la chaleur se découpait sur le ciel sans nuage. Ses contours brouillés n'empêchaient pas les observateurs apeurés d'y distinguer les gigantesques canons à plasma et de sentir peser sur eux la menace du redoutable pavillon à tête de mort. L'Arcadia stationnait au milieu de la piste d'atterrissage et se ravitaillait en toute tranquillité comme si la planète lui appartenait.
… Ce qui, à tout bien réfléchir, n'était peut-être pas si loin de la vérité.
— Fils, attends ! Tu es sûr de ce que tu veux ?
— Je ne changerai pas d'avis, vieil homme. Aucun autre vaisseau ne s'est posé ici depuis des mois. Et qui se soucierait de nous, de toute façon ? Personne ne viendra. Personne, tu entends ? Alors s'il faut que j'embarque avec des pirates pour partir, je le ferai !
Le garçon serra le poing en un geste de défi. Il ne devait pas être âgé de plus de treize ou quatorze ans, mais ses yeux presque noirs luisaient d'un éclat dur et conféraient à son visage enfantin encadré de mèches brunes la gravité de ceux que les épreuves ont frappé trop jeunes. En face de lui, le vieillard décharné qui l'avait interpellé lâcha un soupir.
— Ne me mens pas, fils. Tu ne cherches pas à rejoindre ce vaisseau uniquement pour quitter notre planète.
Le garçon détourna le regard.
— Nous mourrons tous un jour, éluda-t-il. Si je dois mourir rapidement, autant que ça soit en tentant de faire plier l'Histoire. … Il n'y a rien de pire que de se sentir inutile, termina-t-il avec un sourire triste.
Le vieil homme hocha lentement la tête.
— Je comprends, fils.
— … Merci.
Le garçon tourna les talons sur ce mot, coupant court aux adieux. Son aîné le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse entre deux rangées de conteneurs. Avec effort, luttant contre la luminosité trop forte et sa vue défaillante, le vieil homme réussit à apercevoir une forme minuscule approcher une pile de matériels en attente de chargement, soulever le couvercle d'une caisse et se glisser avec agilité à l'intérieur.
Moins d'une minute plus tard, un robot de manutention emmenait le tout dans la soute latérale de l'Arcadia.
— Bonne chance, Tadashi, souffla le vieil homme.
À ses pieds, un avis de recherche écorné tourbillonna dans la poussière.
—
— Arcadia, décollage !
Kei Yuki avait ordonné l'ascension du grand vaisseau vert dès le ravitaillement terminé. Rien ne justifiait de s'attarder sur ces terres dévastées. Pire, songea la jeune femme, un trop long séjour au sein du désert brûlant risquait de faire croître des germes de culpabilité, et elle ne pouvait se le permettre en aucun cas.
— À tous les postes, rendez compte du fonctionnement de vos systèmes ! Attention pour sortie d'atmosphère !
Le contrôle central réceptionna et enregistra les appels successifs des opérateurs. Console par console, l'Arcadia se révélait dans toute sa puissance.
— Propulsion conventionnelle, opérationnelle !
— Warp, opérationnel !
— Tourelles une à trois, opérationnelles !
— Torpilles bâbord et tribord, opérationnelles !
Kei adorait ces étapes préparatoires. Durant la litanie des rapports, elle s'était plusieurs fois surprise à fermer les yeux. Si elle se concentrait assez longtemps, elle parvenait à ressentir le vaisseau comme si son système nerveux se prolongeait dans les câbles et les cloisons blindées.
— Bouclier magnétique, opérationnel.
— Dispositif furtif, opérationnel.
— Défense rapprochée, opérationnelle !
Il était alors si facile de se croire invincible.
— … Miss ?
La jeune femme se reprit instantanément et offrit au maître de quart un visage sans expression. Elle était l'officier en second de l'Arcadia. Aucun membre d'équipage ne la verrait rêver.
— Je vous écoute.
— Tous les systèmes sont au vert, miss, reprit l'homme. Warp paré.
— Parfait.
Kei congédia le maître de quart d'un geste, puis se retourna et monta posément les trois marches menant à la plate-forme de commandement. Derrière l'antique barre à roue en bois, incongrue au milieu des équipements de haute technologie, le fauteuil du capitaine était plongé dans la pénombre.
— Capitaine, l'Arcadia est opérationnelle, annonça Kei du ton emprunt de formalisme qu'elle employait toujours dans cette situation. Nous sommes parés à effectuer le saut warp sur votre ordre.
La silhouette dans le fauteuil répondit d'un infime mouvement de la main. Kei ne s'en formalisa pas : le capitaine n'était jamais très disert lorsque les jours se fondaient dans la routine. Après tout, se rappela Kei, leur halte avait duré quatre jours entiers. Il était plus que temps qu'ils repartent en chasse.
La jeune femme remit machinalement en place une boucle blonde derrière son oreille et enclencha le bouton de la diffusion générale.
— Attention, à tous les postes ! lança-t-elle. Warp imminent !
