Bonjour! Voici une nouvelle fiction, ma première avec plusieurs chapitres, que je poste tout de suite en entier. Comme il est écrit dans le résumé, il s'agit d'un AU (univers alternatif) dans lequel Dick est un loup-garou.

Bien que la connaissance de cet univers ne soit pas nécessaire à la compréhension, ma vision des loup-garous, de leurs caractéristiques et de leur organisation se base très fortement sur les livres Mercy Thompson de Patricia Briggs. C'est une série de Bite Fantasy que j'apprécie particulièrement, et que je vous conseille, si vous aimer ce genre.

Je sais qu'il y a un certain nombre de points de l'intrigue qui ont été amenés et non résolus, et cela est tout à fait volontaire: je n'ai, d'une part, pas voulu me lancer dans une intrigue trop complexe et longue pour ma première fiction à plusieurs chapitre (ma spécialité reste les one-shots) et d'autre part, je prévois éventuellement de faire une suite, soit sous la même forme que cette histoire, soit sous forme d'une suite d'OS plus ou moins mis en relation. Pour l'instant, cependant, rien n'a été écrit ni décidé. Ne vous inquiétez pas pour autant, l'intrigue est suffisamment résolue pour que cette fiction se suffise à elle-même.

Sur ce, assez de blablas, et bonne lecture!

Prologue

La pleine lune baignait la forêt de ses rayons argentés. Du haut d'une colline, un loup appelait les siens à la chasse. Au loin, on lui répondit. Bientôt, toute la canopée résonnait de leur Chant, bouleversant d'intensité et de passion, tirant ses habitants de leur sommeil, les poussant à chercher un abri contre la faim de la meute.

En contrebas, dans une clairière, se tenait un campement. Là, hommes, femmes et enfants dormaient sereinement, leur repos paisible malgré l'agitation ambiante. Jamais leurs amis ne leur causeraient le moindre mal, aussi pouvaient-ils se laisser bercer par la beauté du Chant.

Seuls trois de ces nomades étaient éveillés : John Grayson, sa femme, Mary, et leur fils, Richard. Cette nuit était pour eux un grand événement. Dick, en cette première pleine lune depuis son septième printemps, allait, pour la première fois, accompagner ses parents à la chasse. Pour cette occasion spéciale, ils allaient rejoindre la Meute résidente, afin d'assurer la sécurité de leur louveteau.

Les Grayson n'étaient pas, en effet, de simples humains. Ils n'étaient pas que la famille de trapézistes la plus célèbre d'Europe, membre du fameux cirque Haly. Lorsque la lune devenait toute ronde, et les ensorcelait de son chant envoûtant, ils se changeaient en loups, grands, majestueusement beaux et redoutables. Ils devenaient, tous les mois le temps d'une nuit, les maîtres de la forêt.

La famille Grayson était une famille de loup-garous.


D'aucuns croiraient les loup-garous féroces, terriblement dangereux, et globalement stupides. Ils n'auraient raison que sur les deux premiers points. Quoique ceux-là mêmes restent discutables.

Afin de lutter contre la xénophobie inhérente à l'espèce humaine, et préserver ainsi leur espèce de l'extinction par le bûcher et les balles en argents – au choix – ils durent cacher leur présence aux hommes, usant de stratagèmes complexes et de lois strictes, appliquées avec une intransigeance inégalée : quiconque désobéissait, mettant ainsi toute sa race en danger, était puni de mort – théoriquement.

La première et plus importante de ces lois était la suivante : ne jamais, au grand jamais, sous quelque prétexte que ce soit, divulguer son existence aux humains. Celle-ci, comme toute règle absolue qui se mérite, comprenait des exceptions, nombreuses et très soigneusement cataloguées – plus ou moins. Les membres du cirque Haly en faisaient partie.

La vie commune était aussi régulée, par un complexe système de meute. De l'extérieur, nombre de ces obligations pouvaient sembler vaines. Cependant, cette hiérarchie était la clef de la lutte contre la bestialité. Les instincts de loups pouvaient aisément devenir hors de contrôle, surtout lors des premières transformations, au point d'effacer ce qui distinguait la personne d'un simple canidé. Aussi, les Alphas, disposant d'un grand contrôle d'eux-mêmes et d'une importante autorité sur les moins dominants, avaient-ils pour mission de protéger les membres de leur meute : de l'extérieur aussi bien que d'eux-mêmes. Il était donc essentiel pour tout garou d'être membre d'une meute – surtout les non-dominants.

Néanmoins, là aussi, toute règle possède ses exceptions. Un loup suffisamment dominant pour se contrôler pouvait, dans des circonstances particulières, devenir solitaire. Cela avait longtemps été le cas de John, dont la condition de nomade empêchait l'intégration dans une meute. Jusqu'au jour où il maria Mary. Celle-ci avait l'esprit vif, et fut prompte à découvrir le secret de son époux.

Elle demanda à partager son sort, ce qui lui fut accordé à une condition : attendre d'avoir mené à terme l'enfant qu'elle portait de lui. En effet, la transformation mensuelle infligeait un trauma non-négligeable à l'organisme, et tendait à provoquer l'avortement. Il en fut décidé ainsi, et ainsi en fut-il fait. Les époux furent bientôt unis dans leur état d'enfants de la Lune, formant à eux deux une micro-meute errante. Quant à l'enfant, il faudrait attendre qu'il fût adolescent pour supporter le changement.

Cependant, les choses se passèrent autrement lorsque, la pleine lune suivant le sixième anniversaire de l'enfant, un garou hors-la-loi attaqua celui-ci, lui transmettant la malédiction. Par miracle, il survécut. Il n'était, cela dit, pas sorti d'affaire pour autant. Son esprit d'enfant était bien trop jeune et trop fragile pour contrôler l'instinct destructeur du loup. Ses parents ne baissèrent pas les bras pour autant, et, pendant un an, se relayèrent à chaque pleine Lune pour rester à ses côté et l'empêcher de se laisser emporter par le désir de sang.

La rapidité avec laquelle il parvint à imposer sa volonté à sa nouvelle forme, la force avec laquelle il le fit, étaient, considérant les circonstances, plus étonnantes encore. Tous s'accordaient pour prédire qu'il serait un jour un grand Alpha. L'un des plus puissants d'Europe, même – d'Amérique, plutôt, corrigea Haly en leur annonçant le prochain voyage du cirque à travers l'océan.


Ensemble, trois loups s'élancèrent dans la forêt, rejoignant la meute résidente pour la première chasse du plus jeune – et leur dernière sur le continent.