Chapitre 1

"-AHHHHHH JEAN !

-Mhh...quoi?
-Regardes!"

On était dans les couloirs du lycée et tout le monde nous regardait. Je ne m'en était pas rendu compte pourtant Jean si. Je le voyais, son air agacé quotidien. Je foncais sur lui, trébucha comme à mon habitude et atterit dans ses bras. Les gens sifflaient, nous fixaient et répandaient déjà, sûrement, des rumeurs à notre sujet. J'étais trop excité pour m'en soucier. Le second concerné se releva brusquement, les sourciles froncés et les joues rouges.

"-Non mais putain! Tu peux pas faire attention? Sérieux, merde! Mettre un pied devant l'autre sans trébucher c'est trop te demander?

-Excuse moi Jean, je voulais pas. J'étais venu pour te montrer..

-Non! C'est bon! A force de me courrir après, de me suivre comme un chien et de tomber sur moi on va nous prendre pour des pédés."

Je me reculais, ayant perdu tout enthousiasme à lui montrer ça. Je ne savais pas quoi faire, comment réagir. Les lycéens, autour de nous, s'éparpillaient car la sonnerie venait de retentir. Il me regardait avec fureur et agacement. Je n'avais rien fais, j'avais juste trébuché et je m'étais rattrapé à lui, c'est tout. Pourquoi il réagissait comme ca d'un coup? Je sais qu'il n'est jamais de bonne humeur mais pas à ce point...du moins pas avec moi.

Je le voyais partir et se perdre dans la masse d'adolsecents, m'abandonnant dans le couloir, désormais vide. Je baissais la tête sur ce que je tenais en main. Une enveloppe blanche que je devais lui donner, un simple cadeau qui l'aurait fait sourire, ne serait ce qu'un fraction de seconde. J'avais le regard dans le vide, perdu dans mes pensées jusqu'à ce que je revienne à la réalité, remarquant que j'étais en retard. J'alla donc en cours, frustré de la réaction de mon ami.

La matinée se passa très mal. Il ne me parlait pas et tirait la gueule tout le long de la matinée. L'heure du déjeuné était arrivé. Il était déjà assis, à manger seul, dans le calme. Avec mon plateau et mon sac sur le dos je n'osais pas m'assoir avec lui. Je pris mon courage à deux mains et je tira la chaise en face de lui, posa mon plateau sur la table et m'assit.

"-Si je m'assied en face de toi et si je mange avec toi, ça fait trop pédés peut être?"

Il soupira et leva les yeux vers moi.

"-Ecoute, je suis désolé. C'est sortit tout seul. J'étais de mauvaise humeur et tu étais là au mauvais moment. Après, tu devrais avoir l'habitude maintenant non?

-Ouais. Sauf que j'étais venu pour t'annoncer une bonne nouvelle, pour te donner le sourire! Mais bien sur quand Monsieur Kirschtein est de mauvaise humeur il lâche ses nerfs sur la seul personne qui le supporte. Et bah tu sais quoi? J'en ai marre moi aussi de ton humeur de merde!"

Je lui lanca l'enveloppe, me leva sans avoir mangé et partit. C'était la première fois que je m'énervais contre lui. Quand je fis ma petite tyrade, je voyais sa tête se décomposer à petit feu. Je le vis juste prendre l'enveloppe dans ses mains avec un air ahurri et peiné en l'ouvrant. Il m'avait tellement énervé.

Je ne lui adressa pas la parole du reste de la journée réussissant à l'éviter la plupart du temps. L'étape la plus dur sera l'arrêt de bus. Ouais, normalement on prend le bus ensemble le soir... le matin aussi. Oh mon dieu! S'il essaye de me parler? De s'excuser? Je suis incapable de faire la tête à quelqu'un et encore moins à Jean! Je panique! Bon...je me calme. De toute facon j'ai une heure pour trouver un plan pour ne pas lui parler.

J'attendais à l'arrêt de bus, dans le froid depuis vingt minutes déjà. Etrangement, le temps passait plus vite en sa compagnie et le froid était ...moins froid? Bizarrement, il n'était pas là. Pourtant il était sorti avant moi des cours.

Je me perdais dans mes explicatons quand je le vis arriver, la tête baissé, se tripotant les mains. Il avait les joues rouges à cause du froid et son bonnet gris lui cachait simplement l'arrière de la tête. Ses mèches crèmes sortaient un peu partout de sous son bonnet ce qui le rendait terriblement cool, décontracté. Il était anxieux, je le savais. A chaque fois qu'il jouait avec ses mains, ça signifiait qu'il stressait pour quelque chose. Il vint à moi avec son tique et je me mis à paniquer. Je ne savais plus quoi faire, plus quoi dire. Comme un con j'ai juste incliné la tête vers l'avant, parce que oui! C'est bien connu, quand tu baisses ta tête comme un soumis tu as la faculté de disparaître comme par magie!

"-M-marco? Je peux te parler une seconde?

-Tu veux peut être parler en privée? Parce que c'est vrai, deux potes qui ce parlent à un arrêt de bus il n'y a pas plus pédés. Même le début d'un mauvais porno gay non?

-S'il-te-plais, arrête avec ça... Je ne le pensais pas...s'il-te-plais sois pas faché...je.. je répète ce que je vais te dire depuis tout à l'heure. Putain je suis ridicule, me dit-il en riant légèrement et en se grattant l'arrière de la tête, j'ai été con de réagir comme ça avec toi surtout que tu ne le méritais pas du tout. Tu es toujours parfait avec moi et tu t'en prends pleins la gueule à chaque fois. Je comprend que tu m'en veuilles, que tu ne veuilles plus me parler et reprendre ton cadeau mais je tente ma chance et je te demande d'oublier et de venir avec moi là-bas. Et je te promet que je serais moins con, moins bâtard avec toi. S'il-te-plais... je tiens à toi et je ne veux pas te perdre pour un putain de caractère à la con!"

J'étais bouche-bée. Depuis le temps que je le connais, depuis la primaire environ, il ne s'était jamais excusé, pour rien, même quand il m'avait cassé le nez en CM2 avec son ballon de foot. C'était un moment à marquer d'une pierre blanche. J'avais les yeux grands ouverts, la bouche les imitants. On venait de rater notre bus mais je m'en fichais pas mal. Il venait de s'excuser et je devais réagir!

"T-tu... tu t'e excusé?

-Ouais, me repondit-il en rougissant, je le fais pas souvent, même jamais mais j'ai déjà dépassé les bornes en te gueulant ça au visage ce matin. Tu me pardonnes?

-E-euh ... oui oui! Bien sûr.

-Et on partage ton cadeau? Parce que je pense que s'il y a deux billets c'est pas pour rien!

-Oui!"

Je me leva et marcha dans le froid en sa compagnie. Bien évidemment nous avions raté le dernier bus de la soirée et nous devions rentrer à pieds. Je souriait, la tête baissé et lui, légèrement gêné avec des joues d'une teinte rosée sûrment dû au froid. Un long moment se passa sous un silence que je m'efforca de combler.

"Une tête de mule qui s'excuse pour la première fois, on ne peut que la pardonner!

-Roh! Tu dis n'importe quoi! Je me suis déjà excusé avant. Tiens! Quans je t'avais cassé le nez en CM2

-Non! J'ai jamais eu d'excuses pour ça n'y pour rien d'ailleurs. Et pour le ballon tu m'as juste dis que c'était bien fait pour moi et que je n'avais pas à être ici quand tu tirais.

-Bah j'avais raison.

-Comme si c'était de MA faute peut être!"

Et nous partîmes dans un fou rire, se remémorant des anecdotes honteuses ou amusantes jusqu'à chez nous. Comme chaque soir on ce salua et se sépara chacun de notre côté. Cette fois-ci j'avais un plus grand sourire que d'habitude!

"Haaa...Jean!"