L'horizon au loin me donne envie de m'évader, d'échapper à tous ces problèmes nuisant, je veux juste fermer les yeux et oublier. La plage est déserte, un peu normal en plein hiver, il n'y a que le son des vagues pour m'accompagner et cela me va parfaitement. Je fixe la ligne droite au large qui est si loin et irréelle mais très reposante. Me concentrer sur elle me berce dans un autre monde, me permet d'avoir les idées claires.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, immobile, juste respirer mais mes larmes n'ont pas cessées de couler le long de mes joues. Elles sont silencieuses, respectent l'harmonie de cet environnement. Je ne fais même plus l'effort de les faire disparaitre, je ne fais qu'attendre qu'elles s'arrêtent. Je ne veux que personne ne me voient dans cet état et surtout pas elle. Je dois être forte, c'est ce que je suis, une femme forte et rien d'autre. Elle ne peut pas me voir dans cet état, un état de vulnérabilité, elle serait immédiatement déçue et ne voudrait plus me revoir ou encore pire me détester. Plus les minutes défilent et plus mon esprit invente des situations de plus en plus tristes pour mon cœur.
Ma montre m'indique qu'il est 19H46, je relève mon regard au loin et décide d'attendre encore quelques minutes avant de partir. Les vagues s'étalent sur le sable, je n'écoute que ce son quand je sens des bras s'enrouler autour de ma taille. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que c'est elle, son parfum m'enrobe au plus haut désir. Elle ne dit rien, elle me connait et c'est à ce moment-là que je me rends compte à quel point sa présence m'est indispensable. Je pose mes mains sur les siennes et laisse emporter mon corps contre le sien. Son souffle chaud dans mon cou, ses caresses sur mes mains, ses baisers le long de ma nuque… Je ne résiste plus, me retourne délicatement et ne lui laisse aucune seconde pour me regarder avant de poser mes lèvres sur les siennes. J'aimerai que ce moment dure l'éternité, seulement elle et moi, sentir ses lèvres douces, ses mains m'agrippant comme si elle voulait me dire qu'elle ne me laisserait pas. Je m'écarte lentement tout en ouvrant mes yeux pour me perdre dans ses yeux océans tellement plus relaxant que l'horizon que je contemplais quelques minutes plus tôt. Nos visages sont encore tellement proches mais ni elle ni moi ne s'écarte, nos corps sont en osmoses, j'ai peur qu'elle me laisse. On ne fait que se regarder mais c'est tout ce dont j'ai besoin à ce moment-là. Je la contemple, caresse sa nuque, me perds dans mon paradis jusqu'à ce qu'elle commence à rompre ce silence.
"Je n'ai pas l'intention de partir. Ni maintenant, ni un autre jour. Je suis là où j'ai besoin d'être, avec toi."
A ces mots, mes larmes repartent de plus belle mais n'ont pas le temps de couler, ses doigts tout gelés les stoppent tout en me souriant. Elle comprend que c'est tout ce dont j'avais besoin d'entendre, juste ces mots, sa douceur et conviction à la fois. Juste elle. Personne ne la connait comme je la connais, derrière sa joie et son monde magique, il y a la Brittany sérieuse. J'aime tous ces traits de caractères. J'ai tellement envie de libérer le poids que j'ai sur le cœur, elle ne me presse pas, elle me laisse le temps qu'il m'est nécessaire.
Je réussis enfin à reprendre mon calme, ma gorge encore nouée mais je sais que j'ai besoin de lui parler.
"Je… Je suis tellement triste Brittany…"
"Je sais mon amour, je le sais." Me dit-elle tout en passant ses doigts dans ma longue chevelure, elle sait très bien que cela m'apaise.
"Comment peut-elle ne plus m'aimer comme ça ? Je n'ai pas changé, je suis toujours la même. A moins que… J'ai changé ? Elle ne veut plus me voir, c'est ma grand-mère et elle ne veut plus me voir, comment peut-elle me faire ça à …"
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, ses lèvres retrouvent les miennes. C'est un baiser chaste, plein de douceur et surtout de messages. Elle ne va pas plus loin que ce baiser, elle sait que ce n'est pas le bon moment de se précipiter ou d'aller plus loin, je lui en suis reconnaissante. Arrêtant son baiser, elle me fixe voulant que je ressente tout ce qu'elle veut exprimer à travers ses yeux.
"Santana, tu n'as pas changé. Ta sexualité ne change pas ce que tu es au fond de toi, tu m'entends ? Tu es toujours la personne dont je suis tombée amoureuse au premier regard, tu es toujours cette personne battante dans la vie, tu es toujours la personne qui défend et protège sa famille et les gens que tu aimes, tu es toujours toi."
"Mais…"
"Il n'y a pas de mais. Je ne peux pas répondre à toutes tes questions parce que je ne connais pas toutes les réponses mais je suis sûre que Abuela t'aime, ne remets jamais ça en doute. Elle t'aime et elle reviendra, laisse lui du temps, c'est peut-être ce dont elle a besoin."
Elle a toujours su trouver les mots pour me convaincre. J'absorbe ses mots, les uns après les autres. Je n'arrive pas à lui répondre, ma gorge nouée par toutes les émotions que je contiens au fond de moi. Je l'engouffre dans mes bras, pose ma tête au creux de son cou et respire son odeur à bouffée d'air. Il n'y a que cela pour me calmer. Mon souffle reprend un rythme normal, mes pleurs ont cessé, mon corps ne tremble plus. Elle m'est tout simplement apaisante. Je me détache de l'étreinte et elle me pose un baiser sur mon front. Je me laisse entraîner par ce moment de zenitude. Je ne peux pas m'empêcher de lui dire ces mots qui occupent mon cœur.
"Je t'aime."
"Je t'aime aussi mon amour. Laisse-moi, cette fois-ci, m'occuper de toi comme toi tu le fais si bien."
"D'accord."
Elle commence à se détacher de moi, mon corps ressentant tout de suite le manque de mon être aimé. Elle recule de quelques pas en me faisant signe de la suivre. A ce moment-là je ne veux que sentir sa présence. Je lui prends la main et sans réfléchir une phrase sort de ma bouche.
"Ne me quitte jamais."
Elle se retourne, ne lâchant pas ma main et me sourit.
"Jamais ! Jamais mon cœur ne cessera de battre pour toi, jamais mon corps ne pourra être loin de toi, jamais le son de ton rire n'épuisera mes oreilles, jamais je ne te quitterai. Jamais, juste jamais."
Sa réponse surpasse ce que je demandais mais me fait un plus grand bien. Sa main gauche toujours accrochée à la mienne, sa main droite vient caresser ma joue, je lui offre un timide sourire.
"Voilà le sourire que j'attendais depuis longtemps."
Cette phrase fait encore plus agrandir mon sourire et ne l'arrête pas. Délicatement, j'avance mon visage pour rencontrer ses lèvres. Elle me donne encore ce baiser chaste mais je sens que j'ai besoin de plus que ça. J'effleure alors ses lèvres avec ma langue pour lui faire passer le message que je me sens mieux. Elle comprend tout de suite et me laisse le passage. Nos langues retrouvées dans une dance d'amour réchauffent mon corps mais surtout mon cœur. Grâce à un seul baiser, mon amour pour elle ne cesse d'augmenter de secondes en secondes. Il n'y a qu'elle pour me faire ressentir cela. A bout de souffle, elle rompt notre baiser, le sourire sur son visage ne la quittant pas et je parierais que mon sourire est tout une image identique au sien.
"On rentre à la maison et je m'occupe de toi, d'accord ?"
Je ne fais que dire oui avec ma tête. Ne lâchant plus ma main, elle m'entraîne dans sa voiture et se mit à conduire en direction de sa maison. Aucun mot n'est échangé pendant le trajet. Je profite de ce temps pour prévenir mes parents que je reste dormir chez Brittany ce soir. Même si je ne lui ai pas demandé, je sais qu'elle ne me laissera pas retourner chez moi dans mon état.
Arrivées à la résidence des Pierce, je me rends compte qu'aucune voiture n'est présente.
"Brit', tes parents…"
"Ne sont pas là. Finissant ma phrase. Ils sont partis pour le weekend avec mes sœurs donc on a la maison à nous toutes seules."
"Ils ne t'ont pas amenée avec eux ?"
"Je devais y aller mais ce n'était pas ma priorité. Ma priorité numéro un c'est toi."
Elle a toujours ses phrases aussi charmeuses les unes que les autres mais cela me plait. Toute son innocence et sa joie, il n'y a qu'elle pour faire ressentir cette légèreté.
"Est-ce que tu as faim ?" Me demanda-t-elle lorsque l'on entre dans la cuisine.
Je fais non de la tête.
"Tu as soif peut-être ?"
Je reproduis le même geste.
"Est-ce que tu veux qu'on regarde un film dans ma chambre ou bien dans le salon ? Ou autre chose aussi, c'est comme tu veux."
A ce moment-là, je ressens toute la fatigue qui puisse avoir sur moi. Je n'ai envie de rien faire, je veux juste oublier.
"Je suis tellement fatiguée Brit'… Est-ce qu'on peut aller se coucher s'il te plait ? Je veux juste fermer mes yeux et…"
"Ne t'inquiètes pas San'." Me coupe-t-elle la parole en s'approchant de moi. "On va aller se coucher dans mon lit, il n'y a pas de problèmes."
Elle me prend dans ses bras et me soulève. Je passe mes jambes autour de son bassin et renforce la prise de mes bras autour de son cou. Elle m'amène dans sa chambre et me pose délicatement sur son lit. Elle s'avance vers son armoire et prend deux débardeurs et deux boxers. Elle revient vers moi et commence à me déshabiller, rien de sexuel car ce n'est pas le moment mais tout plein d'affections. Après m'avoir changé, elle m'allonge dans le lit puis à son tour se change avant de me rejoindre. Ramenant la couverture sur nous, elle se blottit contre mon dos, passant un bras autour de moi et logeant sa tête dans le creux de mon cou. Je ne peux pas m'empêcher d'entrelacer mes doigts avec les siens et de me rapprocher encore plus, si cela est possible, de son corps. Quelques minutes passèrent en silence jusqu'à ce qu'elle me parle.
"Je sais que je ne peux pas comprendre ce que tu traverses mais saches que je ne t'abandonnerai pas. On est dans cette épreuve ensemble, toi et moi, tout ce qui t'affecte m'affecte aussi. Je vais prendre soin de toi, je te le promets."
Je ne dis rien. J'approche sa main de mes lèvres pour lui donner un baiser. Jamais je n'ai eu autant de chance d'avoir une personne comme elle dans ma vie, de m'aimer comme elle le fait. Elle me fait passer avant tout comme moi je le fais pour elle. Je sais que ses paroles ne sont pas dites comme ça, elle les pense vraiment, elle est toujours sincère, je ne peux que l'aimer encore plus que je ne le suis déjà. Je commence à fermer les yeux quand je l'entends me susurrer au creux de mon oreille.
"Dors bien mon ange, je suis là. Je t'aime."
Je ne peux pas rester comme ça. Alors je me retourne doucement dans ses bras pour lui donner un doux baiser.
"Merci pour tout ce que tu fais pour moi, je ne sais pas comment j'ai fait pour être aussi chanceuse pour que tu sois à mes côtés. Te quiero tanto mi amor…"
Je repose un baiser sur ses lèvres et pose ma tête sur sa poitrine là où son cœur se trouve. Je ferme les yeux et n'entends que les battements de son cœur. Boom, boom, boomboom, boom… Je pourrais écouter ce bruit pendant des heures mais ma fatigue s'impose pour m'emmener loin de la tristesse qui s'est produite aujourd'hui. Mais j'ai toujours Brittany, je ne peux pas rêver mieux.
