Note d'une des auteurs : Voici donc une nouvelle histoire. Un univers alternatif, cette fois-ci, comme vous avez pu le remarquer. On l'a presque fini, donc ne vous inquiétez pas de futur 'hiatus', il doit nous rester que l'épilogue ! Je vous souhaite donc une bonne lecture, en espérant que vous apprécierez ! :D Encore une fois, cette co-écriture est avec Rosepine Lylie !
Disclaimer : Sherlock la série, ainsi que son univers ne nous appartiennent nullement !
John ne savait pas ce qui lui prenait mais aujourd'hui, il avait envie d'aller près du fleuve. C'était pourtant un coin dans lequel il n'allait jamais. Mais il y a de ces jours comme ça où on fait des choses nouvelles sans vraiment comprendre pourquoi, et ce jour était de ceux-là. Il y alla donc, aux aurores, il avait encore rêvé de la guerre et comme toujours quand ça arrivait, il se réveillait à l'aube. Il sortit donc de son triste appartement tôt, il vivait seul depuis son retour d'Afghanistan. John soupira en marchant vers le fleuve, il avait tendance à dépenser beaucoup trop et se retrouvait sans le sous. Hélas il avait son loyer à payer…
Mycroft avait enlevé toutes les drogues de son appartement. Plus rien. Le vide. Néant. Sherlock sortit en courant de son appartement. Il n'était déjà pas grand chose avec elles, alors sans ! Il se faisait insulter de partout, les gens ne supportais pas sa personnalité, et il ne supportait pas les leurs. Il ne les avait jamais supportés. Pourquoi rester avec eux plus longtemps ?! Ces idiots ! Sherlock couru jusqu'au premier endroit qui lui vint en tête. Il s'arrêta sur le bord du fleuve. Il resserra son manteau sur lui, et ferma les yeux. Se laissant tomber lentement.
John arriva au bord du fleuve, il soupirait bruyamment et alors qu'il était à quelques mètres du bord, il vit un homme tracer à côté de lui, puis s'arrêter au bord pour se laisser tomber à l'eau ! Il réagit d'instinct comme il l'avait toujours fait, il voulut le rattraper, mais le temps qu'il arrive, l'autre homme était déjà trop en avant et sous son poids, il s'écroula avec lui. Il eut juste le temps d'être effrayé et de s'accrocher à l'autre homme, pour le sauver ou pour se sauver ?
Sherlock sentit un homme essayer de le retenir mais il tomba avec lui. Il sentit qu'il avait fait une connerie. Il allait tuer quelqu'un parce qu'il avait essayé de se suicider et que cette personne avait essayé de le sauver. Il essaya de se retourner vers l'homme pour l'enlacer et le retenir contre lui. Il essaya de les maintenir hors de l'eau, et nagea, essaya de nager assez vite pour les ramener au bord. Il essaya, mais il se sentit commencer à couler.
John s'était laissé tomber comme une pierre. Il avait l'impression de ne pas plus avoir envie que l'autre homme de vivre alors il n'avait pas fait de geste, il n'avait rien fait pour les sauver. Mais quand il sentit que l'autre tentait de les remonter, il bougea, surtout que l'autre n'y arrivait pas et qu'ils commençaient à s'enfoncer… Il reprit alors de son énergie du désespoir, qu'il avait tant l'habitude d'utiliser depuis la guerre, et parvint à remonter en tirant l'autre avec lui. Il utilisa tout ce qu'il avait et les ramenèrent au bord, puis parvint à se sortir et à le sortir de l'eau. Là, il s'écroula sur le côté, épuisé, après avoir pris soin de ne pas peser sur son compagnon d'infortune. Il se releva assez vite malgré tout pour voir que l'autre personne n'avait pas bougé d'un poil, il avait certainement besoin d'aide et vite ! John fit rapidement ce qu'il fallait, il le positionna et commença le massage cardiaque, ainsi que le bouche à bouche. Qu'il revienne à lui, bon sang ! « Je suis pas rentré de la guerre pour continuer à voir des gens mourir devant moi ! »
Sherlock ouvrit brusquement les yeux et recracha l'eau qu'il avait avalée. Il respira difficilement, l'air lui brulant les poumons et les voies respiratoires. Il essaya de parler. « Je-j » Il toussa plus fort. « Suis-désolé ». Les mots sortirent difficilement, et il essaya de regarder l'homme. Il était plutôt petit, ses vêtements, assez épais lui collaient à la peau, totalement trempés, ses cheveux étaient mouillés, mais il pouvait voir qu'il avait une coupe précise, les cheveux blonds. Il l'avait senti tirer sur ses dernières forces pour les sortir hors de l'eau. Il s'en était admirablement bien tiré.
John regarda l'homme à qui il venait de sauver la vie, et qui venait de les sauver. Il était brun, bien habillé, les cheveux trempés lui collant au visage et des yeux très clairs. « Ça va. » Il soupira de soulagement en l'entendant. « Nous sommes là alors ça va... » Il avait gardé ses mains sur son torse et respirait bruyamment, il avait usé de ses dernières forces pour le massage cardiaque, il était au bord de s'écrouler.
Sherlock se releva doucement quand il fut remis. Et vit que son 'sauveur' avait l'air en mauvais point. Il s'avança vers lui hasardeusement et essaya de l'aider à se lever. Il les dirigea lentement vers son appartement. Il avait couru tellement vite ! Et il n'allait pas le laisser sur place, ils devaient aller dans un endroit chauffé, sinon, ils tomberaient en hypothermie. Il arriva après ce qui lui sembla être des heures de marche douloureuse, il soutenait maintenant totalement cet homme et ses poumons ne semblaient pas suivre. Il poussa la porte qui était miraculeusement ouverte et s'écroula après avoir franchi le seuil.
Après une durée totalement inconnue, John se releva puis vit qu'il était sur le seuil d'un appartement, la porte encore ouverte et l'homme était toujours là, écroulé à ses côté. Il se releva, faiblement, puis explora rapidement et trouva une chambre dont il laissa la porte ouverte. Il alla soulever puis tirer l'autre pour l'amener jusqu'au lit. Il y parvint, puis constata qu'il avait froid et qu'il fallait absolument qu'il se change. Il devait en être de même pour l'autre. Il alla refermer la porte d'entrée puis chercha des vêtements pour lui et pour l'autre. Il n'en trouva pas à sa taille mais fit avec, se sécha et s'habilla, puis entreprit de le faire à l'autre qui était toujours évanoui. Il le déshabilla et commençait à le sécher rapidement en frottant pour le réchauffer au passage, puis il le vêtit d'un pantalon, c'est là que l'homme s'éveilla.
Sherlock rouvrit les yeux pour tomber sur son sauveur. Il ne tenait pas spécialement à sa vie, mais cette homme était tombé avec lui pour le sauver, il se devait de lui faire voir qu'il avait eu raison. Il ne pouvait pas le décevoir là-dessus. Il ne le voulait pas. Mais il n'avait pas plus envie de vivre avec tous ces idiots qu'avant. Il secoua la tête et tendit sa main. « Sherlock Holmes. »
Il prit la main de l'autre qui se présentait à lui. « John Watson ». Ce n'était certes pas très conventionnel comme rencontre. Pourtant c'en était une, il aida Sherlock Holmes à s'assoir et à enfiler chemise et pull. Il n'en avait trouvé que 2 contre une flopée de vestes mais ils avaient besoin de chaleur. « Il faut qu'on se réchauffe. C'est chez vous je suppose, vous avez un feu, ou une chaudière, un radiateur que je puisse allumer ? »
« Il y a du chauffage, oui... Vous préférez aller dans le salon, peut-être ? Ou... Il y a une chambre en haut... D'ailleurs, si ça vous intéresse, je cherche un colocataire. » Il ne savait pas pourquoi il avait dit ça, mais peut-être qu'un colocataire l'aiderait à contrôler ses pulsions... Et il n'avait pas l'air trop idiot… En fait, il avait plutôt l'air compréhensif et las de la vie. Il l'avait senti lâcher prise quand ils étaient sur le point de se noyer. Ce qui ne veut pas dire cinquante choses !
John essaya de remettre les choses en place dans sa tête. Il avait une vie de merde depuis son retour d'Afghanistan, il n'avait pas assez d'argent ou plutôt il en dépensait trop parce qu'il déprimait. Il était seul, beaucoup trop seul. Et soudain, voilà que cet homme qu'il ne connaissait pas lui proposait une colocation… « Je veux bien, merci. » Il avait répondu de la même manière que s'il lui avait proposé un thé. Et il n'avait fichtrement aucune idée de pourquoi. Il secoua la tête puis se mit en quête du chauffage, qu'il trouva puis il l'alluma. « Je peux me servir de votre cuisine ? Je vais nous préparer du chaud. Si vous voulez venir vous allonger là-bas..»
« Vous... Voulez emménager ici ? Alors que vous ne me connaissez même pas ? » Sherlock était plus que surpris. Mais s'il le connaissait, il ne voudrait jamais emménager avec lui. Personne ne le voudrait. Sauf son frère pour le surveiller d'encore plus près. « Oui, évidemment. »
John ne savait plus trop ce qui se passait, il s'était mis en mode 'instinct'. Ils allèrent au salon, Sherlock Holmes s'installa sur un sofa tandis que John cherchait de quoi faire du thé. Il manqua l'arrêt cardiaque quand il tomba sur un bras dans un placard où il pensait trouver du sucre. Il se retourna vers l'homme, le regard soudain très inquiet « C'est quoi ça ? Vous.. vous avez un bras humain dans votre placard ! »
« Expérience. »
Il avait encore l'inquiétude au cœur mais la curiosité l'emporta. « Expérience pour quoi ? »
« Sur la rigidité et la décomposition des membres. Pour les affaires de dépeçage. »
« De dépe… » Il déglutit pour 'avaler la pilule' comme on dit. « Dépeçage. » Il frissonna soudain mais ça n'était pas d'horreur, c'était de froid. Alors il referma le placard. Puis se remit en quête de thé. Il finit par en trouver, par trouver deux tasses aussi, et le sucre ainsi que le lait, puis le leur prépara et ramena au salon le thé fumant. Il lui tendit la sienne. Trop de questions se bousculait dans sa tête, il s'assit et commença à boire. Une bonne tasse de thé lui permettait de rétablir sa normalité.
Sherlock avala une gorgée. Et se retint de gémir de plaisir. La seule tasse buvable depuis des années ! Il se retourna, de meilleure humeur vers 'John'. « Tu as des questions. Pose-les. »
Le passage au 'tu' le surpris un peu mais après tout, il venait de manquer de mourir ensemble alors pourquoi pas. « Qui es-tu ? Pourquoi fais-tu des expériences sur des membres humains ? Pourquoi tu es parfaitement calme alors que je viens de découvrir des choses horribles ? » Il en avait encore d'autres bien sûr mais il fallait laisser le temps à ce Sherlock de répondre.
« Je te l'ai déjà dit, je suis Sherlock Holmes. Je fais des expériences sur des membres humains grâce à mon travail, je suis parfaitement calme pour la même raison. » Sherlock était un peu agacé de devoir se répéter sur la première partie. Il ne répondait précisément qu'aux questions qu'il posait. Uniquement.
John fronça les sourcils « Pour le travail. D'accord. » Après tout pourquoi pas. Il estimait tellement inintéressante sa vie, qu'un homme avec des mœurs pareils lui semblait le paradis. Il sentait venir quelque chose qui manquait à sa vie, l'adrénaline, l'action, le danger surtout. Il sourit en voyant l'autre agacé. « Oui, j'avais retenu ton nom, pardon. C'est le choc des membres… Quel métier ? »
« Je suis détective consultant. L'unique au monde. J'ai inventé le métier. J'ai les policiers quand ils sont en manque d'idées, et de neurones, par la même occasion, ce qui est quasi permanent. »
Sherlock Holmes restait tellement calme que John ne douta pas de la véracité de ses dires. Il souffla un coup et relança sur la première question qui l'avait intrigué. « C'était sérieux pour la proposition de colocation tout à l'heure ? » Après tout, ils étaient sous le choc alors il avait besoin de mise au point.
« Oui. Plus ou moins. Je cherche vraiment un colocataire, et tu me sembles capable de me supporter. » Sherlock avait déjà eu une bonne dizaine de colocataires... Qui étaient tous partis dans la demi-journée qui suivait leur premier jour.
« Plus ou moins ? » Il sourit en baissant les yeux sur sa tasse de thé, il la finit, réfléchit 30 secondes. « Ok, Sherlock Holmes. J'accepte. Merci pour tout à l'heure. »
« Eh bien... J'ai abandonné l'idée d'en trouver un au bout du onzième... Merci pour ... ? Je pense que ce serais plutôt à moi de te remercier. » Il avait presque oublié le motif de toute cette histoire. A vrai dire, il était rentré de désintoxication depuis une semaine. Il s'était gardé une réserve au cas où. Ou du moins croyais en avoir gardé une. Mais son obèse de frère était encore venu fouiner dans ses affaires.
*Onzième ?* « Oui. » Il avait encore besoin de réfléchir un peu à la réaction qu'il avait eu avant de pouvoir l'expliquer à un autre. John regarda alors autour de lui. « C'est pour emménager ici ? »
« Oui, seule la chambre est à l'étage. Il y a juste quelques papiers à signer et tout est bon. Oh, et Mrs Hudson notre logeuse voudra surement faire ta connaissance ! »
John sourit à la dernière remarque. Il ne savait pas trop quoi faire pour le moment. Il était visiblement tard et il se sentait encore très faible. « Pourrai-je… dormir ici cette nuit ? Je me sens encore faible, et nous serons toujours à temps de régler le reste demain. »
« Oui, oui, évidemment. » Sherlock se doutait qu'il allait vouloir rester là, il n'était donc pas surpris le moins du monde. Il se leva et chercha la clé qui était sur une pile de livre et de papier recouvert d'une couche de poussière et tâchés d'une espèce de liquide jaunâtre, et la tendit à John.
John la pris du bout des doigts et alla de suite la nettoyer avant de chercher à monter. Puis il alla chercher les escaliers qu'il trouva de suite. Il remercia son 'hôte' « Merci, bonne nuit alors… Sherlock ? »
« Dors bien, John » Sherlock hocha la tête à la question voilée. Et mit sous silence le fait qu'il n'allait surement pas dormir et qu'il risquait de le réveiller à trois heures du matin par du violon. Mais il était possible qu'il dorme vu les circonstances.
John se retourna vaguement vers 3h dans son sommeil mais il ne fit pas plus attention que ça au bruit en bas et continua de dormir, il écrasa complètement jusqu'à 6h. Chose inhabituelle puisqu'il se levait à 5h normalement. Mais il faut dire qu'il avait besoin de repos cette fois ! Il mit un moment à comprendre où il était puis replaça le contexte. Ah oui ! Le fleuve, un homme, Sherlock Holmes, la colocation !
Oulà… Il resta un moment sur le lit à tenter de s'éclaircir les idées, il avait sauvé la vie de cet homme, où était-ce l'inverse ? Quoi qu'il en soit ce Sherlock l'avait ramené à son appartement, puis… le bras, le métier, la conversation étrange, étrange et excitante. C'était tellement hors du commun ! Peut-être que John allait enfin trouver de quoi s'occuper, autre que les jeux d'argents… Il descendit tranquillement et prudemment. *Où es mon nouveau futur colocataire ?* Il sourit à cet idée en arrivant en bas des marches. Le genre de sourire carnassier qu'il avait avant de se lancer dans un assaut quand il était à la guerre.
Sherlock était épuisé. Mais pas assez pour dormir ! Après que son nouveau colocataire ; bien qu'il risquait de changer d'avis le lendemain, soit monté se coucher, il avait fait quelques expériences. Avec de l'acide citrique, de l'hydroxyde de sodium et autres composants plus ou moins dangereux pour sa table. Il avait ensuite joué un ou deux morceaux de violon ; et avait accessoirement entendu John se retourner dans son sommeil ; et avait noté ses précédents résultats aux expériences en question sur un cahier. A 6 heures, trop épuisé pour tenir plus longtemps, il s'endormit sur son fauteuil, le mot qu'il avait commencé à écrire comme début d'un long trait qui descendait jusqu'en bas de la page. Le crayon par terre, recroquevillé sur lui-même et le cahier sur un côté du fauteuil.
John trouva Sherlock Holmes en train de dormir, il s'était visiblement écroulé de sommeil au vu du stylo par terre et du cahier coincé. John ramassa le crayon et décoinça le cahier, les posa à côté puis s'installa sur le fauteuil en face de lui le temps de réfléchir 2 minutes. *Que faire ?* Il n'allait pas le réveiller, il avait surement besoin de sommeil lui aussi. Il n'allait pas rester là à rien faire, il n'était pas chez lui. Du moins pas encore. Il décida de partir à la recherche de Mrs Hudson, la logeuse afin de voir pour les formalités administratives, si c'était vraiment possible. Il la trouva à l'étage en dessous assez vite, c'est elle qui sortait d'une pièce, il avait tenté à tout hasard : « Mrs Hudson ? -Oui ? » Il lui avait alors expliqué du mieux qu'il pouvait la situation. Elle avait eu un drôle de sourire puis l'avait directement amené à un bureau pour qu'il signe le contrat de colocation. « Mais je n'ai pas résilié mon contrat actuel ! » avait-il répliqué. « Aucun problème, je m'en occupe. Je connais la logeuse de l'adresse que vous m'avez indiquée ! » Surpris mais … après tout, tant mieux ! se disait John. Il prit ensuite congé et décida d'aller jusqu'à son appartement pour récupérer ses affaires. Il n'avait jamais conclu de déménagement aussi vite ! Quelle histoire ! Harry allait peut-être enfin le laisser tranquille…
