Bonjour!
Et une fic, une! Depuis des années je n'ai rien écrit comme fanfiction, pas que les idées me manquent, mais rien de tellement concret qui méritait d'être "immortalisé".
Pour commencer, le contexte et les personnages ne m'appartiennent pas (en dehors de ... mais vous verrez ça bientôt), ils sont la propriété de J.K. Rowling.
Mon histoire se situe à la suite des livres, sans plus de précision quand à une date précise.
C'est principalement dans le monde des moldus que se situe l'action (surtout au début), action qui tourne autour de notre cher ami Severus.
J'ai toujours trouvé que c'était un personnage intéressant, et j'avais envie de le voir dans autre chose que le classique rôle du prof ou de l'espion. Et surtout en dehors du contexte de l'école. Les études, c'est très loin pour moi (oui, je confesse, je suis certainement une doyenne ici) et je n'avais pas envie de me plonger dans un histoire de collégiens, de peur de ne pas savoir l'écrire de manière intéressante. Il y en a à foison sur ce site, je n'apporterais rien dans cette catégorie.
Pour ceux qui y sont allergique, je vous préviens immédiatement : il y aura une OC (Original Character) dans cette histoire. Pas trop Mary-Sue je l'espère (je ne pense pas), mais bien présente, vu qu'elle partagera la vedette avec Snape (oui j'écris Snape, ça sonne mieux que Rogue, désolée!).
Donc pas de SeverusxHermione ou SeverusxHarry :(
j'ai du mal à lire ce genre de fictions et "y croire", je n'ai donc pas d'idées pour en écrire!
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une agréable lecture! En espérant qu'après toute cette introduction, il reste encore quelques lecteurs!
(et désolée pour les fautes, je me relis souvent, mais il y en a qui passent à la trappe!)
Le brouillard londonien n'arrangeait rien. Quel temps pourri dans ce pays ! Le carton qui lui servait de toit rudimentaire était à présent imbibé d'eau et diffusait une désagréable sensation froide à tout son être. Il soupira, se retourna en grognant mais n'envoya pas valdinguer les vestiges de ce qui avait dû être un colis, car malgré son humidité, il avait besoin de ce paquet éventré pour se couper du vent.
Depuis combien de temps était-il dans cette rue ? Une semaine ? Un mois ? Il ne saurait le dire. Il ne comptait pas les jours, quel intérêt ? Il n'était pas prisonnier, il n'avait pas une peine d'une durée précise à purger.
Un brouhaha l'incita à se relever et à tourner la tête, il devait être aux alentours de neuf heures du matin.
« C'est l'heure des braves… » se dit-il, un sourire amer sur les lèvres.
Comme chaque matin, le bus s'arrêtait à sa hauteur, de l'autre côté de la rue et déversait son flot d'employés en tailleurs foncés, hommes et femmes confondus, leur parapluie sous le bras et leur mallette à la main. Tous les matins de semaine, à la même heure, c'était le même ballet, les moldus allant travailler. Ils n'étaient pas si différents des sorciers se rendant au Ministère de la Magie, en dehors de ces bus bondés qui se succédaient tous les sept minutes. Il les regardait accomplir leur rituel quotidien : sortir du véhicule en pressant le pas, faire la queue en râlant pour acheter un café et repartir toujours aussi rapidement, se brûlant les lèvres au passage. En général, un second ballet se déroulait autour de midi, pour la pause-déjeuner, et le dernier acte s'achevait après sept heure du soir, avec la course des derniers cadres pendus à leur téléphone portable.
« Oui Chérie, je serai en retard, je crois que j'ai loupé le dernier bus… »
Invariablement, ceux-ci finissaient en général au pub du coin, avec leurs collègues et rentraient chez eux bien après l'heure du couvre-feu.
Le week-end, c'étaient l'invasion des touristes et des promeneurs. Moins nombreux, habillés de couleurs plus variées, leurs horaires étaient différents. Les touristes arrivaient plus tard, ne portaient pas de mallette mais avaient un appareil photo autour du cou.
Touristes ou employés, pour lui, peu de différence. Peu d'entre eux lui accordaient un regard, certains cependant déposaient une pièce ou deux dans le gobelet vide à ses pieds. De quoi s'acheter une miche de pain, une bouteille d'eau et parfois une boisson chaude.
Comment en était-il arrivé là ? Que faisait-il sur ce trottoir moldu, assis en tailleur sur son carton-maison, crasseux et mal rasé ? Il ne le savait plus très bien, et ne faisait que très peu d'effort pour s'en souvenir. Tout était mélangé, tout était brouillé. Et si peu de volonté de repenser à cette époque, pourtant pas si lointaine.
Parfois, dans ces rêves tourmentés ou dans un sommeil demi-conscient, il revoyait clairement le visage de Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom, les Mangemorts amassés autour de lui, la silhouette ondulante de Nagini… Puis, la douleur, la morsure, le sang, le poison. Les élèves qui passent autour de lui, le fils Potter, la Miss-Je-sais-tout, le rouquin idiot… Mais aussi Minerva qui se penche sur con corps avant de fermer les yeux et de continuer à combattre les forces du mal. La panique dans tout Poudlard, les cris, la poussière, la fumée. Et son corps gisant à même le sol, le poison s'infiltrant dans ses veines, son sang se déversant sur le carrelage, son pouls presque imperceptible.
Comment avait-il quitté Poudlard ? Dans cet état lamentable ? Difficile à dire. Le venin de Nagini se répandait dans tout son corps, commençait déjà à perturber son esprit, mais pas aussi rapidement que ne pouvait le prévoir le Seigneur Noir. Ce n'était pas pour rien qu'il était le Maître des potions, depuis qu'il jouait son double-jeu entre l'ombre et la lumière, il s'administrait à faible dose divers poisons, de manière à s'immuniser. Bien entendu, face à la puissance du venin de Nagini, sa manœuvre préventive ne pouvait totalement le sauver, de plus, il fallait tenir compte des déchirures sanguinolentes qui parcouraient son corps. Il n'avait obtenu qu'un sursis, quelques heures de répit.
Avant de sombrer dans le néant, une chose attira son attention. A ses pieds, une baguette. A qui était-elle ? Aucune idée, et quelle importante ? Il y avait tellement de corps autour de lui, elle devait appartenir à l'un d'entre eux. Se laissant tomber mollement sur le flanc, il avait réussi à l'empoigner et à transplaner sans perdre la moitié de son corps. Un véritable miracle ! Bien entendu, une fois arrivé, il n'était pas en meilleure posture. A moitié mort sur le trottoir londonien, se vidant de son sang… Cela eu au moins l'avantage d'attirer l'attention des passants et une ambulance vint le chercher. A partir de ce moment, un trou noir de plusieurs jours prend de la place dans sa mémoire.
Combien de temps était-il resté dans le coma ?
Deux semaines, d'après l'infirmière qui était présente à son réveil.
Comment les moldus avaient-il été en mesure de le soigner ? Qu'ils puissent recoudre les plaies de son corps, il pouvait l'imaginer, qu'ils puissent le guérir du poison présent dans son corps était une toute autre gageure. Il n'eut jamais de réponse claire des infirmières ou des médecins. Il n'insista pas, ne pouvant fournir d'explications valables sur la manière dont cet « accident » était arrivé.
Rapidement, il dû faire face à un nouvel ennemi, aussi puissant qu'insoupçonné : l'administration. Qui était-il, d'où venait-il ? Avait-il des papiers, de la famille à prévenir ? Refusant de répondre, il prétendit n'avoir aucun papier, être sans domicile, sans famille.
Dans une certaine mesure, ce n'était pas totalement faux. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec les sorciers pour l'instant. Pour être trainé devant la justice pour le meurtre d'Albus Dumbledore et de bien d'autres personnes encore ? Pour être en première page de tous les journaux comme le plus grand traître de son temps, à la solde de Voldemort ? Après tout ce qui s'était passé, il ne pouvait s'y résoudre, il ne pouvait le supporter. Et Potter ? Voir au quotidien le triomphe du fils Potter, celui qui a vaincu une seconde fois le Grand Ennemi ? Car s'il y avait bien une chose dont il ne doutait pas, c'était de la victoire de l'Ordre du Phénix. Si cela n'avait pas été le cas, les moldus seraient bien moins nombreux dans Londres ! Il y aurait des catastrophes, des attentats, la terreur dans les rues. Ce n'était pas le cas, il en tirait les conclusions qui s'imposaient. En y repensant, il aurait été judicieux de se laisser tomber dans le trou noir offert par le poison de Nagini. Fichu instinct de survie, pourquoi avec transplaner ? Pourquoi s'acharner à vivre dans ces conditions ?
Avant d'avoir à fournir encore plus de faux renseignements à l'administration de l'hôpital, il prit la décision de s'enfuir. De métro en bus, de rues en avenues, de poubelles en étals, il trouva de quoi se vêtir comme une moldu, une blouse d'hôpital n'étant pas le costume le plus discret ni le plus décent, et commença sa nouvelle vie d'errance.
« Je le mérite… Après tout ce qui s'est passé. C'est mieux ainsi. »
Voilà ce qui tournait dans son esprit depuis des semaines. S'il en était réduit à vivre dans la rue, c'était le destin, c'était ce qu'il méritait après toutes les horribles choses qui s'étaient passées, après toutes les horreurs qu'il avait commises. Sa punition, son châtiment. Vivre en marge de la société, pour couronner le tout, en marge de la société des moldus.
Il n'était pas complètement remit de ses blessures, les cicatrices tiraillaient encore et son souffle était court, mais il s'en accommodait. Il était résistant, il le savait, et au fil des mois, il reprendrait du poil de la bête. Après tout ce qu'il avait vécu pendant ces années au service de Dumbledore, ce n'était pas quelques sutures qui allaient avoir raison de lui. En attendant, il évitait les batailles entre clochards et dégageait d'une rue dès qu'un marginal plus fort que lui lui faisait comprendre que c'était « sa » rue et qu'il ne voulait pas la partager. Rapidement, en suivant au loin d'autres clochards, il repéré les emplacements de la soupe populaire, distribuée par des bénévoles. Les quelques piécettes qu'il récoltait dans son gobelet servaient pour les extras. Il restait rarement au même endroit, souvent chassé par les forces de l'ordre ou d'autres marginaux.
C'est ainsi qu'il atterrit sur Savile Row. Pour l'instant, la zone n'était pas occupée par un autre sans-domicile et il s'installa au début de la rue, sous le porche d'un immeuble en rénovation. Il y a encore quelques jours, il avait élu domicile sur Regent Street, mais le bruit et le passage incessant de la foule l'avait amené à migrer dans la rue parallèle, moins grand public, moins passante. De cette façon, il évitait également les zonards qui pouvaient lui chercher des ennuis la nuit.
Il regardait distraitement passer les hommes et les femmes devant lui, à présent il commençait à reconnaître les habitués qui travaillaient dans la rue. Il savait quelle silhouette allait rentrer dans quel bâtiment. Quelle voiture allait s'arrêter devant quel immeuble. Qui marchait avec qui… Souvent, en pleine journées, de belles voitures s'immobilisaient et leur chauffeur se dépêchait d'aller ouvrir la porte à un homme élégant qui le remerciait en s'éloignant vers une des nombreuses boutiques de costumes de la rue.
Il y avait aussi les livreurs avec leurs rouleaux de tissus, le plus souvent dans les tons gris ou marines, ou des mannequins sur pieds, prêts à être habillés… Des hommes qui traversaient la rue, un mètre-ruban qui pendait autour du cou, pour s'engouffrer dans la boutique d'en face, et en ressortir avec un morceau de tissu.
Son regard se posa sur la jeune femme qui trottinait le long du trottoir de l'autre côté de la rue. Elle ne prenait jamais le bus, chaque matin il la voyait arriver en faisant son jogging, moulée dans son collant de sport, avec un gilet de couleur vive, ce petit appareil fluo accroché à son avant-bras raccordé à de gros écouteurs blancs. Pour la première fois, elle tourna la tête dans sa direction, tout en tripotant son gadget coloré d'une main et baissant ses écouteurs de l'autre. Quand le regard fatigué de l'ancien sorcier croisa celui de la jeune femme brune, il ne sut s'il y lisait de la pitié, du dégoût ou de l'incompréhension. Peut-être un peu des trois. Cela ne dura que quelques secondes, la jeune femme leva bientôt la tête vers la fenêtre du 3eme étage de l'immeuble qui lui faisait face et cria un « J'arrive dans 5 minutes » en réponse à l'homme qui y était penché et lui faisait signe.
Se désintéressant momentanément de la jeune femme en vêtements de sport, il replongea dans la sorte de sommeil éveillé qui occupait la plupart de son temps. Le repos de l'esprit… Mais à ce stade, son cerveau devait être totalement ankylosé de ne plus servir à rien d'autre que d'observer les passants et de ruminer sa mauvaise humeur. Son passé.
Non, il ne devait plus y penser. Il n'y avait plus pour lui ni monde sorcier, ni baguette, ni magie. Juste ce carton comme toit, ces guenilles comme vêtements et un reste de vie qui serait certainement court et désagréable.
Sa morne méditation fut interrompue par une odeur agréable et aigrelette, à ces pieds se trouvait un grand gobelet en carton fumant. Starbucks. Il connaissait l'enseigne et le logo, la boutique était au coin de la rue. Il tourna la tête de droite à gauche et vit juste s'éloigner la joggeuse, sa queue de cheval flottant dans son dos, qui elle aussi avait dans les mains un grand gobelet de café fumant.
