Bonjour à tous. Voici un petit OS basé sur la relation Cophine dans Orphan Black (Cosima/Delphine). Ce n'est pas très glorieux, mais je me sentais de le partager avec vous. Par contre si vous n'avez pas vu la saison 3, il y'a risque de spoil éè

J'espère qu'il vous plaira, j'attends vos avis. Toutes fautes d'orthographe sont miennes et je m'en excuse. Sinon, la partie italique représente la lettre écrite par Delphine.


- Qui était-ce ?

- Oh, simplement Delphine, elle vous transmet ses félicitations et souhaite une bonne soirée à tout le monde.

L'assemblée hoche la tête et je devine sans mal que Mrs S. explique à Kendall qui est en réalité Delphine. Je me rapproche de la table, enlevant mon bonnet, le plongeant inconsciemment dans la poche de mon manteau. En ressortant ma main, du sang fait son chemin le long de ma peau pale et Felix cesse de manger, attrapant mon poignet. Je le rassure et attends qu'il me lâche, commençant à sucer sans vraiment y faire attention le bout de mon doigt coupé par je ne sais trop quoi.

Précautionneusement, je replonge ma main dans ma poche, et c'est là que je trouve l'origine de cet incident insignifiant. Sortant l'objet du délit, je l'observe, sous le regard indiscret de la plupart des personnes présentes. Une feuille de papier, pliée en trois, chiffonnée par l'impact avec mon bonnet tandis qu'une perle de sang est toujours coincée sur l'un des coins de la feuille. L'une des parties pliées porte mon nom. L'écriture fine dans laquelle est inscrit mon prénom fait rebondir mon cœur. Je me lève précipitamment, me rendant dans la réserve de Bubbles surveillée du coin de l'œil par Sarah. Je respire profondément avant d'ouvrir la lettre de Delphine, commençant la lecture.

« Cosima,

Je ne sais où tu es en ce moment, surement chez Bubbles, avec ta famille. Cette famille dont j'aurai tant aimé faire partie. Une famille que je ne pouvais que protéger, la regardant de loin avec envie et une légère pointe de jalousie. Famille. Notion tellement inconnu pour moi. Moi, la française sortant d'une grande école, première de sa promotion, passionnée par son métier. Engagée à la va vite après un entretien flou et imprécis dans une mission d'infiltration pour tester une école, une espèce d'université apparemment. Débarquant dans un nouveau pays sans vraiment savoir pourquoi ni comment cela allait se passer. A mon arrivée, un vieux au crâne dégarni m'avait de suite prit sous son aile, me faisant signer des tas de closes de confidentialités et lire des bouquins entier de règles. Et puis un jour, il m'avait tendu une photo d'une brune à lunettes, brune dont j'avais déjà croisé le chemin dans les couloirs, sans lui prêter grande importance juste ayant ce sentiment de sympathie vis-à-vis d'elle. A croire que le hasard fait bien les choses. En tout cas, selon lui il était temps que je commence le vrai travail.

Ressortir du bureau pour retourner dans cette école où je savais que tu serais. Je n'avais pas prévu ce coup de téléphone, ni que tu sois dans le même laboratoire que moi, ni que nos regards se croisent et que mon estomac se serre face à ton visage. Je ne pouvais pas prévoir d'oublier des affaires, ni que tu me suives et me trouve au détour d'un couloir pleurant contre un mur. Mais c'était fait. Première rencontre véritable que je n'oublierai jamais. Toi et ton petit sourire, m'imitant en répétant « enchanté » d'un air mal assuré, par peur d'écorcher ce mot inconnu à ta langue. Un échange banal et commun, dirait certain, celui ayant tout changé criait mon cœur. Peut-être qu'à ce moment-là j'aurais dû dire à Leekie que je ne pouvais pas. Que je ne voulais pas être ta monitrice. Que tu avais l'air normale, gentille, parfaite. Peut-être que j'aurai du retourner en France le soir même, quittant à jamais cette « opportunité en or » qui m'avait été proposé en tant que nouveau travail. Parce qu'il ne m'était pas possible de surveiller quelqu'un d'aussi charmant, d'aussi…normal.

Les premiers abords avec toi avaient été normaux, cordiaux, empli d'une joie enfantine et d'un sentiment de fraicheur qui s'emparait de moi à chaque fois. Cosima. Ton nom dansait sur mes papilles après chaque rencontre et au moment où nous volions une bouteille s'enfuyant de la conférence DYAD où je devais t'attirer comme des gamines de 3 ans courant après des papillons, je crois que j'ai su que j'étais foutue. Ce baiser contre ta joue fraiche avait été…Incontrôlé, juste instinctif, une pulsion, une envie totale et délibérée que mon cerveau avait juste opéré. Tu sais, comme un besoin de savoir quelle était la sensation de ta peau si parfaite.

La vérité c'est qu'une brûlure avait parcouru mes lèvres à ce moment-là.

Petit à petit, nous étions devenues amies. Amies se complaisant dans une ambiguïté totale mais tes yeux criaient ton attirance et moi j'étais perdue. Je ne savais plus quoi penser ni comment me sentir. Jamais une femme n'avait eu un tel effet sur moi. J'étais effrayée par cette attirance mais en même temps fascinée. Chaque instant partagé avec toi me rapprochait du moment fatal où je tomberai entre tes filets, te laissant capturer mon cœur, abandonnant toutes batailles et tous principes du « pas de relation entre sujet et surveillant ». Et puis Leekie était là, rodant, demandant toujours plus et plus de détails sur toi, sur ta vie, sur ta condition. Si tu savais comment je détestais le fait qu'il ne te traite que comme un sujet, une bête de science.

La première fois que nos lèvres se sont effleurées, résultat d'un diner gênant avec Leekie, j'ai dévalé le long d'une pente dont je ne pourrai remonter. Une chute longue et délicieuse. Je me sentais bien, entière même. Comme si d'un coup, j'avais trouvé cette partie de mon être qu'il me manquait. Inconsciente que j'étais comme ignorante de ma propre condition, de mes propres sentiments. Pourtant j'avais fui, effrayée par les conséquences sur mon travail, terrifiée par comment pourrait réagir ce vieil homme et incapable de laisser mes sentiments prendre le dessus sur un emploi qui me consumait peu à peu. Et toujours dans la continuité d'une mission de surveillance j'étais revenue vers toi, contrôlée par un scientifique, j'avais prononcé les mots qu'il fallait pour qu'il soit content, pour que je me rapproche de toi.

Mais ce second baiser confirmait quelque chose, ravivant quelques sentiments oubliés au fond de mon être. Oubliés ou volontairement ignorés, peu importe, j'étais consciente qu'avec toi j'avais envie de plus, d'un nous, d'un futur, d'un bonheur dont je n'avais vu les couleurs. Seulement effleuré la carapace, celle ternie d'un amour sans but le long des côtes normandes. Oui, j'avais déjà connu l'amour. Un amour passionné dans les bras d'un brun aux yeux d'un bleu pénétrant. Des nuits de sexe interminables contre le seul sentiment de vide lorsque le matin venu, il partait travailler, pour revenir le soir, un sourire ornant ses lèvres roses. Mais peu à peu le sourire disparaissait, les sentiments qui commençaient à germer en moi se sont trouvés éradiquer lorsque d'un jour à l'autre, il était parti, me laissant tomber d'un baiser sur la tempe, apeuré par la distance était son excuse. J'avais tous perdu pour ce poste, alors tomber amoureuse de toi me terrifiait plus que jamais, mais alors que ton corps nu ondulait contre le mien dans tes draps crème, je savais à quel point j'étais foutue.

Dire que je n'avais jamais voulu tomber amoureuse. J'ai toujours été loin de ça, filant au grès du vent entre les corps masculins. Juste des histoires d'un soir ou de deux, la durée ça n'était pas pour moi. Après tout, l'amour était une chose inconnue pour moi. Placée tôt dans une pension pour fille, je vivais mal cette condition. Rejetée par une mère travaillant trop pour s'occuper de moi et stressée par un père ne vivant que pour l'argent, j'étais seule. Seule dans cette école où le moindre signe d'imperfection était puni et reproché par des élèves plus forts que les autres, moins intelligents mais plus puissants.

La pression était telle que j'ai failli m'ôter la vie. J'ai essayé, un jour, en larmes dans une baignoire au blanc terni, une lame à la main. Je te souhaite de ne jamais connaître cette sensation Cosima. Celle de la vie sortant lentement et durement de ton corps, ton sang s'écoulant de toi mais pas suffisamment pour mourir directement. Celle partageant ma chambre m'avait retrouvé ainsi, oscillant entre vie et mort dans une eau rouge de mon sang. Je crois que c'est la première fois que ma mère, habituellement aussi froide que le marbre, avait daigné me dire qu'elle m'aimait.

Si tu savais Cosima, comment ton amour m'a bouleversé. Comment ces sentiments m'ont terrifié puis sauvé.

Car je suis tombée. Je suis tombée amoureuse de toi, de ton rire, de ta voix, de tes expressions et de tes sourires. Peu à peu je suis devenue accro à toi. Complétement, comme un camé accro à sa drogue tu étais devenue la mienne. Senti tes lèvres contre les miennes était devenu un besoin et peu à peu devoir fouiller dans tes affaires, dans tes découvertes, dans ta famille me tuait. Toute cette culpabilité se heurtait à l'amour qui grandissait en moi et cela était difficile et douloureux de te mentir. Plus le temps passait plus je tombais, plus je ne savais plus quoi faire. Perdue entre l'amour et le devoir. Et plus je trouvais de nouvelles informations, plus mon esprit se rangeait de ton côté, sachant au fond de moi qu'Aldous n'était pas la solution, alors je retenais certaine informations pour moi, comme Kira.

Et puis, tu m'as percée à jour. Découvert que je travaillais pour Aldous, que je n'étais pas étudiante, que j'avais menti sur toute la ligne. Sais-tu, Cosima, cette sensation lorsque l'oxygène se fait rare dans tes poumons sous l'eau et qu'au dernier moment tu ressors la tête, prenant une grande bouffée d'air frais? Eh bien, c'est le sentiment que j'ai ressenti lorsque je t'ai avoué mes sentiments. Mon cœur s'était consumée de peine en te voyant m'engueuler ainsi, en t'entendant dire à quel point tu avais été stupide mais lorsque, assise sur ce lit, j'avais laissé les sentiments prendre le dessus sur le devoir, je me sentais plus vivante que jamais. Tu ne me croyais qu'à moitié, blessée dans tes convictions et trahie tu m'avais rejeté, mais c'était normal, après tout, tu n'avais pas ressentie les frissons le long de mon corps à chaque contact de ta peau sur la mienne.

Revenir vers toi quelques jours après et t'aider à craquer ton génome, voir que tu me faisais confiance emplissais mon cœur d'une force nouvelle. Et alors qu'après des heures entières de codages et de décodages nous découvrions avec horreur une minuscule partie de l'iceberg immergé, tu m'avouais ta maladie. Tandis que je te serrai dans mes bras le plus fort possible, mon cœur battait la chamade, car nous étions ensemble et nous tiendrons. Car avec toi, je savais que ça serait différent. Tu m'aimais et je t'aimais. Nous étions un nous, un vrai. Un couple, des amantes, des amies, des collègues. Un tout.

Et puis Rachel, Dyad, Francfort, la maladie, la science, les obligations.

Je travaillais toujours pour Leekie, triant les informations à lui donné, mais un double agent ne peut éternellement jouer double jeu n'est-ce pas? Comme un étau se resserrant sur moi, j'étouffais. Obligée de faire des choix égoïstes me permettant de desserrer ce corsage d'acier que je portais constamment contre mes omoplates. Et puis, tu as décidé de travailler à l'institut, avec moi. Travailler à tes côtés était une opportunité que je n'oublierai jamais. Parce qu'apercevoir ton sourire à chaque fois que je relevais la tête de mon bureau me permettait de tenir. Tenir un peu plus au milieu de ce merdier géant dans lequel tu vis.

Dans le fond, si je devais les classer je dirai que la maladie me faisait le plus peur. Parce que je ne pouvais me permettre de te perdre. Je ne peux me permettre de le faire. C'est terriblement égoïste je sais mais tu m'es vitale. Vitale à mon existence, vitale à mon bien-être. J'étais aussi terrifiée que toi lorsqu'assise l'une à côté de l'autre nous découvrions la vie d'un énième clone mort, lorsque masquée et en blouse blanche nous examinions le corps de ce même clone. Terrifiée mais je n'ai jamais perdu espoir. Espoir de trouver un moyen, une façon de te guérir, ou du moins de ralentir le processus. Et puis, lueur d'espoir. L'ombre d'un traitement apparaissait, peu m'importait les excursions en douce dans le bureau du Dr. Leekie, excursions qui avaient portaient finalement leur fruit. Mais comme à chaque instant, les petits secrets honteux et cachés dans des placards noirs ressortent toujours. Le traitement venait de Kira. L'opération était faite et prometteuse. Mais tu as perdu ta confiance en moi, ne supportant pas le choix égoïste que j'avais fait de continuer le processus d'opération tout en sachant de qui venait cette dent. De nouveau, tu m'as rejeté. Me coupant du labo, de nous, de toi.

Des regrets ? Non, je n'en ai pas, aucun si ça peut te rassurer. Avoir eu la possibilité de t'appeler mienne ne serait-ce que pour quelque instants, quelques mois…Comment le regretter ? Je savais qu'en t'aimant je devrais vous aimer. J'ai toujours su qu'en t'aimant, je devais accepter tout le monde qui venait avec toi. Ca je l'ai compris alors qu'allongé sur mes genoux, nous étions faites comme pas possible. En effet, tu avais honoré ta promesse et alors que Leekie venait de disparaitre, je nageais de nouveau un océan de bonheur avec toi.

Te dire que je t'aimais de nouveau n'avait pas été dur, surtout dans mon état, puis t'entendre dire que tu comprenais à peu près mes décisions précédentes étaient un poids en moins. Tu m'as dit que tu m'aimais aussi, continuant à défendre ta famille avec ferveur. Mais je savais déjà, que...pour avoir la chance de rester avec toi, je devais accepter "les autres toi". Après tout, j'aurais juste pu abandonner et fuir. Mais je croyais en nous. J'ai toujours pensé que nous aurions la force de rester ensemble. Malgré les mensonges et les secrets qui constituent notre univers. Pour moi, notre amour était plus fort. Et même si les autres ne me portaient pas dans leur cœur, je savais que j'étais dans le tien et cela m'était suffisant.

Tu sais pourquoi la maladie me terrifie le plus Cosima? Parce que te voir tomber au sol, la bouche ensanglanté, suffocante, convulsant puis clouée inconsciente à un lit d'hôpital est un souvenir qui me revient constamment. La peur de te perdre de nouveau. Avoir assisté à la chute de la personne qu'on aime, c'est comme voir son monde s'effondrer. J'ai dû reprendre les rênes à la place de Leekie. Encore plus engagée dans les deux côtés du projet, mais mon cœur me guidant vers toi, vers ton bien-être. Convaincre Sarah fut compliqué, et peut-être que ça n'a fait que renforcé sa méfiance vers moi. Pourtant elle a accepté. M'aidant, expliquant à Kira ce qu'il allait se passer, pourquoi et comment et qui allait s'en occuper. Tu sais, je ne pouvais m'empêcher de penser que j'étais un être horrible pour faire ça à une petite fille, une gamine.

Mais ta vie était en jeu.

La suite s'est enchainée tellement vite. Rachel, Sarah, ce Benjamin. J'ai fini par être renvoyé. Et alors que mon avion décollait pour l'Allemagne, mes pensées étaient toujours tournée vers toi, m'inquiétant de ton bien être. J'ai été rappelée quelque temps après, avec de nouvelle consigne, une nouvelle mission, être la nouvelle Rachel. Je n'avais aucune idée de ce qui pouvait m'attendre à mon retour, ce qui comptait c'était juste la possibilité de te revoir.

Lorsque j'ai dû m'éloigner de toi fracturant ton cœur, détruisant le mien tu ne peux savoir à quel point ceci m'a hanté pendant des mois. T'enlacer une dernière fois avant de t'expliquer froidement que ça, que nous, ne pouvions plus être a été l'une des choses les plus dures que j'ai dû faire. Je revenais à la fille malheureuse et seule de cet internat. C'était le retour du désespoir et du vide.

Tu hantais mes nuits, tes yeux, ton visage, ton sourire, ta voix, ton odeur, ta chaleur, ton menton tremblant lorsque retenant tes larmes tu m'avais dit une dernière fois que tu m'aimais. Prendre la place de Rachel me permettait juste de pouvoir assurer ta protection et celle de tes sœurs. Ou du moins essayer. J'ai décidé peu à peu de cacher tous ces sentiments, toute cette tristesse que je ressentais derrière un masque de froideur et d'indifférence. Je devais devenir menaçante, assez effrayante pour que rien ne puisse vous atteindre. Toutes ces fois où l'on s'était croisée. Ce jeu du « je vais bien ne t'en fais pas », cette rigidité que je devais m'imposer devant toi alors que mon âme brulait de te parler, alors que mon corps désirait le contact du tien. Je devais rester de glace, insensible, j'étais la nouvelle Rachel, comprends-tu ? Je devais être à la hauteur.

Mais tu restais ma faiblesse.

Et une fois j'avais flanché, dérapant de cette limite qui retenait mes sentiments, t'avouant que tu me manquais d'une voix remplie de larmes. Comment te dire qu'il avait fallu toute la force du monde pour que je ne te cours pas après alors que tu continuais de boutonner ton manteau, repartant loin de moi, retrouvant le nouvel objet de ton cœur.

Te voir peu à peu te relever de notre rupture tandis que moi je rester dans un gouffre sans fond me faisait mal. Te voir sortir l'air rayonnant pour ensuite te promener aux côtés d'une blondasse aux yeux bleus me tuait. Shay. Rien que son nom suffisait à me détruire. Mais je ne laissais rien paraitre non. A quoi bon? Tu ne reviendrais pas pour moi. Je veux dire, je t'avais brisé le cœur non ? Tu devais sûrement me détester à l'heure qu'il était. Je te voyais, complètement, parfaitement souriante avec cette…cette blonde qui t'étais complétement inconnue. Alors oui, pourquoi vouloir essayer de te récupérer alors que je savais que ça ne changerai rien.

Cette visite dans son appartement n'était rien qu'un petit plaisir empli d'un sadisme total, je le reconnais volontiers, osé venir te voir dans la gueule du loup était insensé, inutile même. Mais cela signifiait aussi que Shay était au courant. Au courant qu'une épée invisible flottait au-dessus de moi, épée que je tenais avec bonheur du bout des doigts. Et alors que tu faisais entrer Shay dans ce qui était notre espace de travail, lui faisant visiter le labo, lui montrant tous les coins et recoins. J'ai compris. Compris que je devais me retirer, je devais cesser de te faire suivre, ou de te suivre moi-même. Après tout, tu semblais heureuse.

Pourtant, la maladie nous a rattrapées. A croire que le destin ne voulait pas qu'on se sépare. Ironie du sort, pensera tu surement. Un clone polonais venait de mourir. Un autre être de science s'éteignant dans d'affreuse condition. Simple preuve de la défaillance que vous représentiez toi et tes sœurs. Simple contact de ta peau contre la mienne, de tes doigts caressant lentement ma paume. Brulure vive et intense. Brulure faisant renaitre les cendres qui parsemaient mon cœur en lambeaux.

Et soudain, un autre obstacle se dressait devant nous. Une autre faute commise par ton orgueil, ton incapacité à me faire confiance, à comprendre que ce que je faisais, c'était pour toi, pour elles, pour ta famille. Une rancœur justifiée, qui nous avait fait perdre du temps et un élément précieux. Une clé menant à l'espoir d'un traitement. Bien sûr tu avais fait une copie. Évidement toi et Scott aviez pensé à tout. Sans rien me dire, derrière mon dos encore et encore. Comment te protéger Cosima lorsque tu refuses mon aide, ma protection ? Une troisième fois, ta confiance avait disparue.

J'étais la nouvelle Rachel mais je restais ta Delphine.

Alors que j'acceptais ta démission, renvoyant le brun à lunettes par la même occasion, les événements qui venaient d'arriver rejouaient dans ma tête. Telle une cassette dont la bande usée ne pouvait montrer autre chose. Juste les 5 dernières minutes d'une journée d'extérieure normale. Alors que tu quittais mon bureau, je te revoyais franchir ces mêmes portes, quelques heures avant, déposant le papier que tu tenais à présent dans tes mains. Chaque mot échangés, chaque parole prononcées, rien ne sortait de mon esprit et le fait que scientifiquement parlant tu ne puisses vraiment quitter DYAD m'arrangeait tellement. Cette vision que tu avais eu, c'était une autre lueur d'espoir insensée. Je sentais ton corps, glisser peu à peu vers le mien, comme appelé par une force invisible, un aimant attirant son opposé.

On ne peut contrer les lois de la physique, n'est-ce pas?

Ce baiser salé et empli de désespoir faisait bruler mon cœur, renaitre mes sens, pleurer mon âme à cause de tant de besoin, de non-dits et de désir. Mais encore une fois j'étais Rachel, et te rejeter, Cosima, était la seule chose que je devais faire. Pour ton propre bien. Même si, te garder contre moi est la chose que je désire le plus. Et que je voulais le plus dans ce bureau. Pourquoi ne pas faire ce choix égoïste après tout? Te choisir au lieu de respecter ce que j'avais mis en place. Tout foutre en l'air pour ressentir une nouvelle fois ce que cela faisait d'être aimé. Oui, ça aurait totalement valu le coup.

Tu sais on aurait pu s'échapper. Partir loin, se poser quelque part, là où seule ta famille pourrait nous trouver. On aurait pu être heureuse ensemble, vivre ensemble, loin de DYAD, de Castor, de Topside, de Rachel. Loin de ça, avec juste la maladie comme problème. Sais-tu Cosima, combien de fois j'ai voulu faire ce choix égoïste et partir en cavale avec toi ? M'enfuir face aux problèmes comme nous nous étions enfuies de la conférence.

Mais non, je suis restée pour toi. Je suis revenue de Francfort pour toi. Détruit mon être pour toi. Mis de côtés des sentiments que je ne pensais jamais connaitre pour pouvoir honorer la promesse que je t'avais faite. Mis de côté ma fierté et ma jalousie pour m'excuser devant cette Shay à laquelle tu tiens surement beaucoup. Ce soir, j'ai tué pour toi. Pour elles, pour vous, pour eux. Qu'est-ce que ça change que je te dise ça ? Je n'ai jamais fait partie de cette famille de toute manière.

Cette lettre n'est qu'un moyen de mettre des mots sur ce que je ne sais exprimer. Des sensations, des sentiments, des frissons, des larmes, des peines et autres ressentis au fur et à mesure de notre relation. C'est ce que représente cette lettre. Un résumé. Un résumé de notre amour, un résumé de cet amour insensé et démesuré que je ressens pour toi. Tout est peut-être confus et sûrement mal écrit, mais tu ne tiendras, dans tes mains, rien de plus sincère que cette feuille de papier. Tu dois te demander où je suis. Tu dois te demander quelles sont ses choses que je devais finaliser avant de vous rejoindre. Tu dois te demander pourquoi je viens de te quitter de nouveau, acceptant tes excuses et embrassant tes larmes, les chassant du bout de mes doigts, les capturant entre nos lèvres jointes. Dis-moi Cosima, dis-moi que tu penses à moi.

J'honore ma promesse. Tu ne sauras peut-être jamais tout de moi, ou de cette soirée. Tu ne sauras surement jamais ce que je suis devenue ou où je suis partie. Mais je te fais une nouvelle promesse, celle de te retrouver si je peux. Si je…Si ce que j'ai fait ce soir n'a aucune conséquence. Sache seulement deux choses. Tu ne peux compter sur personne dans ce monde, seulement sur ta famille. Et je t'en prie, ne laisse pas Shay s'inclure dedans car malgré sa non implication dans l'histoire du livre, je ne lui ferai pas confiance à ta place. Je dois avouer que la menacer à coup de lame de rasoir était un délice, une occupation où ma jalousie et mon amertume pouvaient s'investir pleinement, laissant tranquille, ne serait-ce qu'un instant mon esprit.

La deuxième chose est que, je t'ai toujours aimé. A partir du moment où cet enchanté sortait de ta bouche jusqu'à ce que mon cœur cesse de battre. Je ne sais où je vais, assise dans cette voiture, roulant vers l'institut. Je suis terrifiée, oui, mais je sais que ce que j'ai fait retombera sur vous d'une manière ou d'une autre et je ne peux laisser ça arriver alors voilà, j'honore ma promesse. Je vous aime et vous protège en parfaite égalité. Ne fais pas les mauvais choix, ne tourne pas le dos aux personnes qui ont toujours été à tes côtés, ne perds pas confiance en elle, pas comme tu l'as fait pour moi.

Qui sait, si on avait continué cette science folle ensemble, peut-être que les choses auraient été différentes.

J'espère sincèrement que j'entendrai ta voix me guider vers le chemin de l'oubli ou alors que je verrai ton visage me faire revenir à la vie. Car, soyons honnête Cosima, ce qui t'es arrivé pendant que j'étais à Francfort ne confirme qu'une chose, nos âmes sont liés. Tu as toujours pensé que je ne croyais pas en ça, moi la scientifique plus que rationnelle. Mais, n'as-tu jamais entendue cette légende ? Le fait qu'auparavant un être humain était fait de deux. Deux cœurs, deux têtes, deux corps. Deux âmes reliées à jamais. Mais que séparés par les dieux, ils sont condamnés à errer dans le monde, cherchant leur moitié. Moi j'y croyais. Et sache que jeune Delphine, du fond de sa baignoire, attendait paisiblement la mort, se demandant ce qu'il adviendrait de la personne qui lui était destinée. Alors aujourd'hui, j'accepte de nouveau cette mort qui risque de me frôler ce soir, voir même m'emporter au loin. Mais je sais que peu importe ce qui m'attendra, tu seras là.

Je suis terrifiée mais paisible. Et plus que tout au monde, je t'aime. Je ne peux te donner la garantie de retrouvailles, mais je te donne celle de quelques mois de tranquillité.

Je le redis et ne le dirai jamais assez mais, j'aurais aimé être tienne jusqu'à la fin.

Adieu,

Delphine. »

Mes jambes flanchent et je m'écroule au sol. Surement à cause du poids de mon cœur emplis de douleur. J'ai l'impression d'étouffer sous tant de larmes, tant de peine. Est-cela de perdre un être cher à jamais ? Je ne sais ce que je ressens, colère et douleur se marie en une envie de destruction massive mais seule les larmes et un profond sentiment d'injustice sont présents.

Les poings serrés sur mes genoux tremblants, je suis incapable de bouger, incapable de réaliser tout ce que signifie le contenu de cette feuille de papier. La porte s'ouvre à la volée et des voix inquiètes me parviennent. J'essaie de leur répondre mais ma voix me fait défaut et je ne peux que maudire le monde mentalement, tandis que les larmes continuent à dévaler mes joues, comme si elles attendaient que ses lèvres les chassent comme avant. Et puis, soudain je n'entends plus rien. Comme plongée sous l'eau. Comme enfermée dans une pièce murée de douleur, je n'entends pas les voix.

Des bras se referment autour de moi. Ferme et familier. Tandis que la lettre est relevée du sol, lue par des yeux quelconques. Je suis perdue entre la colère et la souffrance, perdue entre la mélancolie et les regrets, perdue entre la culpabilité et la haine de soi. Les bras sont toujours là et je sais qu'une main tiède et douce essuie mes larmes qui coulent sans arrêt, embuant ma vue. La main disparait dans un courant d'air de parfum masculin et j'entends la porte se refermer, mais les bras restent. Forts et impassibles. Je m'accroche à eux comme un naufragé s'accrocherait à son radeau.

J'entends des voix. Les voix de gens qui m'aiment, et que j'aime aussi. Enfin je crois. Après tout suis-je encore capable d'aimer après avoir lu cette lettre ? Les bras ont une voix aussi, une voix familière mais assourdie par cette bulle de peine. Est-ce cela de subir un choc émotionnel trop intense ? La coupure instantanée de tous les sens par notre cerveau ? La création d'un vide de pensée et de sensation ? Le sentiment d'avoir un trou béant à la place du cœur ?

Les bras me pressent contre un corps, et plus par instinct que par volonté je me laisse attirer contre ce corps sans nom. Mon visage trouve le creux d'un cou tandis que les mains de la personne se nichent dans mes cheveux et sur mon dos. Mais l'odeur que je sens contre la peau légèrement mate de la personne n'est pas celle que je désire. Les cheveux qui m'entourent sont beaucoup plus noir que ceux que j'aimerai avoir et la sensation de ce corps contre le mien, bien que pas désagréable, n'est pas celle que mon corps aimerai avoir.

Et alors que mon cœur essaie de tenir le choc et que mon corps crie son nom, recherchant son parfum, sa peau, son corps, son confort, mon âme elle, pleure sa perte. Comme si elle savait qu'à quelque kilomètre de là, dans un parking désert, Delphine s'écroule.


Ps: Je suis toujours quelque peu en déni par rapport à la fin de la saison 3 haha et sinon, j'aime à penser que c'est Sarah qui réconforte Cosima. Voilà voilààà (: