Disclamer : rien à moi, tout à Jeff Davis, moi je me contente de faire joujou avec les persos, en bien ou en mal, les pauvres.

Bêta : Azanielle, que je remercie. D'ailleurs, s'il reste des fautes... c'est ma faute

Note : c'est ma première fiction TW et je flippe un peu. Après avoir lu plusieurs fanfic, je me suis lancée et je dois dire que le sujet est peut-être du vu et du revu mais j'espère qu'il vaudra quand même ne serait-ce qu'un coup d'œil.

Cet OS se passe entre la saison 4 et la saison 5 et j'ai pris quelques libertés, minimes mais quand même.


Vous oublier

Mieczyslaw – Stiles, ainsi qu'il préférait cent fois se faire appeler – Stilinski regardait la meute de son meilleur ami Scott McCall et se sentit étrangement extérieur à elle, comme s'il n'en faisait pas partie, comme s'il n'en faisait plus partie.

Quand cela avait-il commencé ? Stiles ne le savait pas vraiment. Ça s'était fait avec lenteur sans que personne ne se rende compte de rien. Les premiers mois, tout avait été parfait avec la découverte des nouveaux pouvoirs de Scott, ses capacités, les nombreux problèmes que le côté lycanthrope avait occasionnés... Ensuite, tout s'était enchaîné et pris dans le tourbillon, Stiles s'était laissé porter, faisant ce pourquoi il était doué, à savoir les recherches et l'élaboration des plans.

Ensuite... ensuite, après le Nogitsune, le jeune homme s'était peu à peu perdu. Il remplissait sa part mais le surnaturel n'était plus aussi attirant qu'avant, il en devenait même très, trop effrayant. Non, Stiles n'était pas un trouillard, il en avait assez fourni la preuve entre un loup-garou un peu trop violent avec lui, un autre loup-garou – et accessoirement son meilleur ami – qui attirait tout ce qui était surnaturel avec perte et fracas mais qui s'en sortait avec presque aucune égratignure à chaque fois, une banshee dont il était amoureux depuis qu'il avait dix ans, une kitsune qui s'amusait avec les éclairs, un jeune loup récemment transformé au caractère de cochon, une coyote sauvage, des chasseurs et d'autres encore qu'il devait probablement oublier... Pas un trouillard du tout. C'était simplement qu'il avait causé la perte de beaucoup de personnes notamment Allison Argent. Il n'était pas entièrement responsable de sa mort mais se sentait coupable, tout comme celle d'Aidan.

Trop de morts, trop de surnaturel, trop ! Stiles n'en pouvait plus, il avait assez donné et puis il avait trouvé quelqu'un pour le remplacer. Mason Hewitt était tout destiné à prendre sa place, tout comme la belle Lydia Martin, banshee de son état et élève la plus talentueuse de leur année. Oui, la relève était assurée. Scott n'avait plus besoin de lui, Stiles pouvait se retirer.

0o0

– P'pa ?

Le ton neutre et le calme de son fils alertèrent le shérif qui se demanda ce qui allait encore leur tomber dessus. Ces derniers temps, tout avait été relativement calme si on omettait les tueurs à gage qui voulaient éradiquer les créatures surnaturelles, et l'homme de loi redoutait une nouvelle horreur comme celle qu'il avait vécue avec le Nogitsune.

– Toi, ça ne va pas, devina-t-il.

Son fils avait l'habitude de parler, de bouger, de faire tout et n'importe quoi pour peu qu'il soit actif. C'était dans sa nature d'hyperactif, même sous traitement. Qu'il soit calme était inquiétant, voire alarmant.

– Eh ben, j'me disais que... qu'il me reste quoi... un an de lycée et ensuite... ensuite c'est la fac et alors...

– Qu'est-ce qui t'arrive fiston ?

– Je veux changer de lycée, p'pa. Je veux pas rester dans ce bahut, avoua Stiles en levant les yeux vers son père.

– Pourquoi ? Il s'est passé quelque chose avec Scott ? Avec la meute ?

– Non, rien, sauf que... les choses ont changé, c'est plus pareil, tu comprends ? Je crois que, qu'il est temps de tourner la page, enfin, pour moi. Je suis humain, le seul humain... non, y a Mason et Argent, mais j'ai juste l'impression, tu sais, d'être un peu le boulet qui sert que quand y a des problèmes. Sauf que je veux pas être un boulet alors je crois que je dois m'éloigner un peu de la meute, vivre ma vie. Parce que j'ai failli crever avec le Nogitsune et j'ai pas envie de mourir, tu comprends ? Tout ça, les trucs surnaturels, les sacrifices, j'ai trop donné et j'ai rien en retour à part des trucs morbides qui peuvent tuer. Ok, sauver des gens, c'est cool mais j'en ai ma claque en fait de me jeter dans la gueule du loup, d'être à la traîne, le mec qui sert à rien.

– Stiles, l'appela son père pour l'interrompre, parti qu'il était dans son monologue et dans la création d'une tranchée dans la cuisine.

Il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait quitté sa chaise pour commencer à marcher de long en large.

– Que s'est-il passé ? Je pensais que tu aimais cette nouvelle vie, que les trucs surnaturels, c'était...

– Ouais beh non finalement. Putain papa, j'ai tué des gens ! s'emporta Stile. Ok, c'était pas vraiment moi mais le Nogitsune, mais ils sont morts en partie à cause de moi ! Allison, Aidan... J'ai failli tuer le coach, j'ai fait exploser une bombe ! T'as failli mourir, tout comme la mère de Scott ! Au début, ouais, c'était cool, sauf que maintenant, ça l'est plus trop. Depuis que t'es au courant du truc, je m'inquiète vachement pour toi. T'as failli mourir quoi !

Oui, il se répétait parce que c'était vrai, son père avait frôlé la mort plus d'une fois depuis que toute cette histoire avait commencé.

– C'est mon travail, Stiles. Ce sont les risques du métier.

– Ton métier, c'est de traquer et d'arrêter des humains, pas des créatures surnaturelles ! Et moi, moi... moi...

Il s'arrêta, se laissa tomber sur la chaise et se prit la tête entre les mains. Il avait mis un peu trop souvent la vie de son père en danger. Rien qu'en se mêlant de ce qui ne le regardait pas, en fouinant partout à la recherche de sensations fortes, de cadavres, en posant des questions sur les enquêtes en cours... Combien de fois avait-il risqué sa vie inutilement ? Simplement parce qu'il était incapable de rester en place, que son hyperactivité ne lui laissait aucun répit et que le shérif faisait un travail qui le passionnait ? Beaucoup trop en si peu de temps. Avant, ça n'avait rien de bien méchant d'aller jeter des coups d'œil sur les scènes de crime, de se mêler des enquêtes, de faire ses propres investigations. Maintenant, si, c'était plus dangereux, voire mortel.

– Tu veux partir ? Changer de lycée ? Prendre le risque de devoir repartir de zéro dans une autre ville ?

Stiles prit quelques secondes pour assimiler chaque mot prononcé puis il hocha la tête. Il était peut-être affreusement égoïste de s'éloigner de son père, de s'éloigner des ennuis mais s'il avait un instinct de survie assez peu développé en fin de compte, il lui en restait juste assez pour savoir quand il devait tout arrêter avant de mourir.

– Très bien. La rentrée n'est que dans un mois et demi, j'ai le temps de t'inscrire dans un nouveau lycée, de demander une mutation et de nous trouver un appartement.

Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire, soulagé de savoir que son père était derrière lui.

– Merci p'pa... attends, quoi ? s'écria-t-il.

– Tu ne pensais tout de même pas que j'allais rester ici, tout seul comme un idiot pendant que mon fils court partout loin de moi ?

– Mais... et ton poste de shérif ?

– J'ai quelques semaines de vacances que je peux prendre et puis si jamais ça n'est pas suffisant, je peux toujours...

– Non, c'est... je peux pas te pousser à faire ça, p'pa, ce poste c'est toute ta vie et puis si jamais tu t'ennuies, tu vas m'en vouloir et moi je veux pas être responsable de...

– Stiles, tais-toi pour l'amour de Dieu ! Quand tu seras père, tu comprendras que faire des sacrifices pour son enfant, ce n'est pas difficile. Oui, c'est vrai, j'aime mon poste. Je t'aime aussi, fils et c'est parce que je t'aime que je suis capable de changer de vie ! Ton bonheur passe avant le mien, c'est ainsi ! Si tu veux changer d'école parce que tu juges que ta sécurité est plus importante que le reste, alors tu changeras d'école, même si pour ça, on doit traverser la moitié de l'État ou du pays.

Pour la première fois en près de dix-huit ans, Stiles ouvrit la bouche sans qu'aucun son ne sorte, trop surpris qu'il était pour parler. Le shérif se demanda un moment s'il ne l'avait pas cassé, juste avant que son fils ne fonde en larmes, la tête enterrée entre ses bras. Mal à l'aise, il lui tapota l'épaule.

Stiles et lui n'avaient jamais été vraiment tactiles l'un envers l'autre, surtout depuis la mort de Claudia quelques années plus tôt. Ils faisaient en sorte d'être proches, de se faire mutuellement confiance, de veiller l'un sur l'autre sans se toucher plus que nécessaire. Parfois ils s'étreignaient mais ces fois-là étaient rares. C'était comme s'ils refusaient le moindre contact, qu'ils le fuyaient.

– On va s'en sortir, fils, on va s'en sortir.

– Merci p'pa, renifla Stiles. T'es le meilleur.

– Je sais. Bon, tu voudrais partir où ?

0o0

Le père et le fils finirent de déballer les derniers cartons dans leur nouvel appartement du centre-ville de Washington. Stiles avait été admis dans une bonne école et l'ancien shérif avait pu trouver une place comme officier de police dans l'un des postes de la capitale. Pour l'heure, tout allait bien et aucun des deux n'avait à regretter ses choix.

Stiles n'avait rien dit à la meute, préférant s'en détourner, s'en éloigner. En un mois et demi, Scott avait cherché à réunir son groupe trois fois à peine et son ami avait esquivé chacune des invitations, prétextant des excuses diverses et variées. Il s'en voulait de leur tourner le dos, toutefois s'il mourait, il ne pouvait revenir à la vie comme les loups garou, s'il était blessé, il mettait du temps pour guérir, alors il préférait rester en retrait, s'éloigner. C'était mieux pour tout le monde.

La rentrée scolaire était prévue pour la semaine suivante et l'ancien shérif recommençait à travailler dès le lendemain. Il avait pris quelques jours de vacances pour préparer le déménagement. De ses anciens collègues, beaucoup pensaient qu'il était en congés et qu'il n'allait pas tarder à reprendre, seuls certains mis dans la confidence étaient au courant mais avaient pour ordre de se taire. Tout s'était fait dans le plus grand secret pour éviter les questions et qu'on les empêche de partir.

– Fils, ça va aller ? s'enquit le lieutenant du poste cinq de la police de Washington en voyant Stiles déposer avec tendresse le cadre de sa mère sur le buffet dans le salon.

– Ouais, ça va.

– Tu as pris la bonne décision, assura son père.

– Je sais. C'est juste que c'est bizarre finalement. Beacon Hills, c'est là où j'ai grandi, là où j'ai tous mes souvenirs. Je croyais que quand je partirai, ce serait pour aller à la fac. Mais je vais m'y faire, je vais m'adapter. C'est que pour un an en fait. Après, beh, j'irai en fac et tu pourras reprendre ton poste à Beacon Hills si tu veux. J'irai pas avec Scott, j'irai à celle d'ici, elle est pas mal aussi et puis...

– Stiles, soupira l'homme avant de poser sa large main sur l'épaule osseuse de son enfant unique. D'accord, tu as décidé de t'éloigner de la meute mais ne les oublie pas.

– Je ne compte pas les oublier, p'pa, juste faire ma vie.

– Pour l'instant, ils ne savent pas que tu n'es plus là-bas, mais le jour où ils te retrouveront, tu vas faire quoi ?

– Rien... leur dire la vérité... la cacher... j'en sais rien, soupira Stiles. Je verrai sur le coup. Je veux pas les oublier, t'sais. Scott reste mon meilleur ami, c'est juste que... je fais pas partie de sa meute, plus maintenant.

– C'est ton choix. Quant à Scott, s'il t'aime autant que ça, alors je pense qu'il comprendra pourquoi tu es parti... si tu lui expliques. Quant à moi, je ne vais pas profiter du fait que tu sois à l'université pour retourner à Beacon Hills. Moi aussi j'ai fait mes choix, pour le meilleur ou pour le pire. Je ne vais pas me débarrasser de toi, je pensais que nous en avions parlé. Allez, ajouta-t-il dans un soupir, finis de défaire tes cartons, ensuite on ira visiter la ville et je t'emmène manger au restaurant.

Un sourire lumineux éclaira le visage parsemé de grains de beauté de Stiles. Toute à sa joie, il manqua de peu d'envoyer le cadre de sa mère par terre par de trop grands moulinets de bras. Pour éviter tout débordement et se canaliser un peu, il fonça dans sa chambre et s'arrêta net devant la pile de cartons déjà ouverts qui attendaient d'être vidés.

– Et merde, râla-t-il alors que son corps désirait ardemment faire autre chose comme aller marcher, courir ou même manger.

Résigné, Stiles entreprit de vider les boîtes et de ranger ses affaires. Sa chambre était nettement plus petite que celle de son ancienne maison mais elle avait plus de rangements. Deux heures plus tard, après avoir bourré son placard, il regarda maintenant la pièce et sourit.

– Tu as fini ? fit son père en entrant à son tour.

– Ouais. On va manger ? J'ai les crocs.

Sans attendre une réponse, Stiles récupéra une veste et courut plus qu'il ne marcha vers la porte. Il était en train de se battre avec les manches, trépignant sur place, quand son paternel apparut enfin.

Washington était une grande ville. Une très grande ville. Stiles n'avait pas vraiment eu l'occasion de quitter Beacon Hills sauf pour aller sauver un loup-garou grognon du nom de Derek Hale au Mexique, aussi n'avait-il pas pu voir les gratte-ciel, les rues larges, la population qui se pressait sur les trottoirs, la pollution, les klaxons, les voix... Pour certaines personnes, cette ville pour être leur pire cauchemar. Stiles avait l'impression d'être au paradis. Ici, tout le monde semblait pressé et pour un hyperactif sans cesse en mouvement, il renaissait.

Il allait peut-être se faire à sa nouvelle vie plus rapidement qu'il ne le pensait.

0o0

La jeep de Stiles qu'il avait absolument tenue à emmener se gara sur le parking de son nouveau lycée. Hormis le fait que le bâtiment était en pleine ville, rien ne le distinguait vraiment de Beacon Hills High School. Comme si tous les lycées des USA étaient bâtis sur les mêmes plans.

Le jeune homme claqua la portière de sa jeep, ajusta la bretelle de son sac sur son épaule et entreprit de s'avancer vers les portes transparentes du bâtiment principal avec d'autres étudiants. Il faillit s'étaler de tous ses longs deux ou trois fois, trébuchant sur ses propres pieds. Si lui ni faisait plus vraiment attention, il ne put rater quelques rires moqueurs venant de ceux qui l'avaient vu.

– Mr Stilinski ? l'appela un homme d'une cinquantaine d'années, son regard sombre mais chaud braqué sur lui alors qu'il passait les portes.

Il devait s'agir d'un membre du corps professoral chargé de faire le tour de l'établissement aux petits nouveaux comme lui. À peine perturbé ni même inquiet d'être déjà reconnu au milieu de cette foule, Stiles hocha la tête.

– Yep, c'est moi.

– Vous voulez bien venir avec moi pour des questions subsidiaires concernant votre inscription ?

– Ouais.

Ils marchèrent quelques minutes jusqu'au bureau du proviseur dans un silence relatif. Stiles étant Stiles, il ne pouvait guère se taire bien longtemps, même en dormant.

– C'est vachement grand ici, plus que mon ancien bahut, mais bon, mon lycée était un peu paumé alors c'est normal qu'il soit plus petit. Et en tout cas, il a l'air super récent, enfin refait à neuf.

– Ne soyez pas nerveux, Mr Stilinski, le rassura son voisin avec un sourire.

– Je suis pas nerveux. Ça fait toujours ça quand on me connaît pas. Je parle beaucoup, je peux pas m'en empêcher. Je parle tout le temps, même quand il faudrait pas, surtout quand il faudrait pas en fait. C'est comme ça.

Il se cogna dans le montant d'une porte alors que celle-ci était grande ouverte, grimaça légèrement et se massa rapidement l'épaule avant de suivre son guide.

– Nous y sommes, fit ce dernier en désignant la porte sur laquelle était inscrit « bureau du proviseur ». Mr Coolberg va vous recevoir, attendez ici.

Il frappa et entra. Stiles s'assit sur l'une des chaises, à côté d'un jeune homme en gilet de cuir et bottes à clous.

– Sympa tes fringues, commenta Stiles.

L'autre lui répondit d'une grimace écœurée. À peine perturbé, le nouvel étudiant regarda autour de lui tout en bougeant les jambes selon un rythme connu de lui seul.

– Tu vas arrêter de bouger ? râla son voisin. Tu me déranges.

– Désolé, s'exclama Stiles pas désolé pour deux sous.

Un grondement lui fit ouvrir de grands yeux. Il tourna vivement la tête pour voir deux iris flasher et devenir d'un beau jaune orangé. Au moment où il allait demander de quelle espèce garou l'individu appartenait, une femme d'allure sévère passa la tête par la porte entrouverte et toisa les deux garçons.

– Mr White, un peu de tenue je vous prie. Mr... Stilinski ? Mr Coolberg va vous recevoir.

Stiles bondit sur ses pieds, faillit finir la tête la première sur le sol en trébuchant mais se rattrapa et rentra dans le bureau. La secrétaire lui indiqua la seconde porte ouverte.

– Mr Stilinski, l'appela le proviseur, un homme à la voix agréablement grave.

Stiles le trouva beau avec sa couleur de peau du plus bel ébène, ses yeux noirs, ses lèvres pleines. Très beau.

– Asseyez-vous, je vous en prie. Alors, j'ai lu votre dossier scolaire. Vos notes sont excellentes, vous avez fait partie d'une équipe de Lacrosse, des absences répétées à partir de votre deuxième année, un comportement insolent vis à vis du corps enseignant...

Stiles se dandina sur sa chaise, légèrement mal à l'aise devant la lecture de son dossier. Il savait tout cela mais craignait maintenant que cela le poursuive durant cette année.

– Vous avez conscience que nous sommes moins tolérants que votre ancien lycée et que nous attendons de vous un comportement exemplaire.

– Ouais, bien entendu.

Un sourcil se leva et Stiles grimaça. Le proviseur avait-il lu également la mention TDAH dans le dossier ? Certes, cela ne résolvait pas tout mais cela expliquait pas mal de choses. Ce fut à cet instant, pris dans le tourbillon du stress relatif de la rentrée qu'il se rendit compte qu'il avait oublié de prendre ses médicaments. La journée allait être très longue.

– Fais chier, murmura-t-il, soudainement avachi sur sa chaise.

– Plaît-il ?

– Non, rien, c'est juste que... Désolé.

Il farfouilla dans sa tignasse brune, ébouriffant encore un peu plus ses cheveux et soupira. Quelques minutes et des recommandations plus tard – assorties de menaces de retenues dès le premier jour – Stiles put enfin sortir pour rejoindre son premier cours.

0o0

Le jeune homme soupira devant les différents clubs. Il devait s'inscrire à l'un d'eux et ne savait pas lequel choisir. Ici, le sport populaire était le football et autant dire que Stiles n'avait aucune intention d'intégrer l'équipe. Que ferait un gringalet au milieu des autres joueurs ? Déjà qu'au Lacrosse, il était certainement le plus chétif et surtout il était celui qui restait sur le banc de touche.

Opter pour une activité qui le contraindrait à rester assis, c'était hors de question, il devait bouger. Ça faisait une semaine qu'il était là. Il avait réussi à se fondre dans la masse plus ou moins bien, n'avait pas d'amis ni même d'ennemis, ce qui ne le dérangeait pas le moins du monde puisqu'il ne se voyait pas forger une amitié de quelques mois, amitié qui finirait par s'évaporer après l'obtention de leur diplôme. Et puis, hormis Scott, personne n'avait vraiment réussi à le suivre à cause de son hyperactivité. Les autres s'épuisaient vite puis se lassaient de son esprit qui tournait à mille à l'heure, de son corps sans cesse en mouvement. Il n'y avait que la nuit qu'il parvenait à rester immobile pendant plus de cinq minutes, ou alors quand il était paralysée par du venin de kanima.

Alors qu'il allait faire son choix pour le club d'athlétisme, une violente bourrade l'envoya contre le mur couvert d'affiches.

– Je sais pas qui tu es ni ce que tu fous dans ce bahut mais t'es sur mon territoire ici, grogna une voix masculine tout contre son oreille.

Stiles sentit des griffes pointues pénétrer le tissu de sa chemise et de son tee-shirt. Ce n'étaient pas des ongles humains, il en avait trop vu pour comprendre qu'il avait affaire à un garou. White peut-être, ce qui tendrait à prouver ce qu'il avait vu la semaine précédente près du bureau du proviseur.

– Hé, je demande qu'à te foutre la paix, répliqua Stiles, mais bousille pas ma chemise, c'est ma préférée, tu veux bien ?

Un grondement lui répondit et l'emprise sur ses vêtements s'intensifia, le faisant grimacer franchement. Il ne savait pas trop ce qu'il avait fait pour mériter un traitement pareil. Pourtant rien n'aurait dû les pousser à s'en prendre à lui. De toute façon, ça ne le changeait pas vraiment de son ancienne meute. Derek passait lui aussi son temps à le plaquer contre les murs pour lui faire peur, ce qui marchait, juste avec son regard. Il fallait dire que les yeux du loup de naissance étaient très expressifs.

– Fais gaffe, à enfoncer tes griffes trop profondément, tu risques de me transformer et c'est pas trop prévu.

Son agresseur le retourna vivement, à la fois surpris et en colère. Ce n'était pas White, c'était un garçon qui lui ressemblait vaguement. Ses yeux luisaient du même jaune que les bêtas. Des garous. Et peut-être même récemment transformés puisqu'ils ne contrôlaient pas leurs pulsions violentes.

– Mac ! Lâche-le, ordonna une fille en s'approchant d'eux.

Stiles l'avait déjà vue, elle était avec lui en Maths. Harriet. Elle empoigna le bras du garou et l'entraîna à sa suite. Une alpha peut-être. Une chose était certaine, même loin de Beacon Hills, Stiles attirait le surnaturel, voilà qu'il venait d'être pris à partie par un bêta déterminé à en découdre avec lui.

Il ajusta sa chemise, vérifia les dégâts et récupéra son sac que l'autre avait jeté par terre sans ménagement. Une chance que les cours soient terminés, il allait pouvoir rentrer chez lui et s'atteler à ses devoirs.

Pour un peu, la vie palpitante à Beacon Hills lui manquait. Et puis il se rappela qu'il voulait mener une existence normale, sans surnaturel, sans risquer sa peau à chaque fois qu'il allait dans la forêt. Et dire que toute cette histoire avait commencé à cause de lui, parce qu'il avait voulu trouver un cadavre dans la réserve...

Il secoua la tête et prit la direction de sa jeep. Mais alors qu'il allait grimper à son bord, Harriet bloqua la portière de sa main.

– Quoi encore ? soupira-t-il en fixant le reflet de la jeune femme. Tu vas me tuer ? Me menacer pour que je me taise ? T'inquiète, je me fiche de savoir ce que vous êtes, toi et tes potes. Mais évitez de m'attaquer sans raison, ça m'éviterait de crever d'une crise cardiaque.

– Tu t'en fiches ?

– Complètement.

– Tu n'as même pas peur ?

– De savoir qu'il y a dans ce bahut des garous ? répliqua Stiles. Surpris mais sans plus. Bon, je peux y aller ? Ou je dois endurer mille tourments ? Parce que là, j'ai des devoirs qui m'attendent et plein de trucs à faire.

Harriet retira sa main, troublée. Stiles en profita pour se glisser derrière le volant et claquer la portière. Il démarra et quitta le parking sous le regard clair de sa camarade de maths. Une fois chez lui, à l'abri dans sa chambre, il jeta son sac par terre et s'installa à son bureau. Son esprit fourmillait à toute allure, passant d'une idée à une autre sans lui laisser le moindre répit. Il avait envie de se renseigner sur la meute de garous présents à Washington, d'oublier cette affaire, de voir sur les réseaux sociaux ce que devenaient ses amis, faire ses devoirs et fouiner du côté de son père pour étudier les dossiers en cours, le tout en même temps.

Il prit une profonde inspiration pour contraindre son esprit à se concentrer sur une seule chose. Mission impossible, il en était rigoureusement incapable. Pourtant, il parvint à mettre de côté les garous pour faire ses devoirs. Ceux-ci furent rapidement expédiés et, afin de s'empêcher de faire autre chose, il fila dans la cuisine pour commencer la préparation du dîner, ce qui l'accapara entièrement jusqu'à ce que son téléphone vibre.

– 'lut p'pa, fit-il enjoué.

– « Je rentre un peu plus tard que prévu. »

– 'kay. Je dois t'attendre pour le dîner ?

– « Non, tu me gardes un truc de côté ? »

– Pas de soucis. À plus.

Il raccrocha et continua sa préparation, à peine inquiet. Il mangerait seul ce soir.

Quand l'interphone sonna quelques minutes plus tard, il manqua avoir une attaque cardiaque et jura tandis que le couteau entailla son doigt. Personne n'était censé venir, ils n'avaient pas d'amis à Washington, hormis les collègues de son père et encore. Sa plaie entourée de papier absorbant, il courut répondre.

– C'est... Harriet, du cours de maths.

Stiles ferma les yeux alors qu'il vitupérait mentalement contre les déités qui faisaient de son karma quelque chose de pourri.

– Septième étage, appartement sept B.

Pendant que Harriet montait, Stiles s'occupa de son doigt, toute bonne humeur envolée. La jeune fille toqua à la porte et entra, accompagnée de ses deux bêtas, White et celui qui avait attaqué l'étudiant parfaitement humain.

– Je te dérange ?

– Non. J'aurais dû me douter que tu ne serais pas seule. Vous êtes là pour quoi ? S'il y a la moindre trace de sang ici, y aura une enquête, autant que vous soyez au courant.

Sur ces mots, il retourna dans la cuisine et réduisit le feu sous ses carottes braisées afin d'éviter qu'elles ne brûlent. Ses invités envahirent le petit espace et se postèrent l'un contre le réfrigérateur, l'autre contre la fenêtre et la dernière près de Stiles qui continuait à faire ce qu'il avait à faire, à peine perturbé par leur présence.

– Mac voulait te dire quelque chose, commença Harriet.

– Mac... fit Stiles en regardant qui elle désignait. Oh. Ouais, cool, je l'écoute.

Visiblement, Mac n'avait aucune envie de parler. Il n'était là que contraint et forcé par son alpha.

– Je suis désolé, grinça-t-il entre ses dents.

– Tu peux l'être, tu as ruiné ma chemise, c'était ma préférée. Pourquoi tu m'as agressé ? Je t'avais rien fait. Bon ok, je cause peut-être un peu trop mais je pense pas t'avoir pris un de tes joujoux, si ? Si c'est le cas, j'en suis navré.

Mac gronda.

– Ça suffit ! contra la voix forte de Harriet emplie de dominance.

Son bêta sembla se ratatiner sur place.

– Tu les tiens bien. Mais ils sont jeunes. Des bêtas récents ? Tu as tenu à créer ta meute de loups ?

– Comment tu sais tout ça ? Tu es humain, bien que je sente chez toi quelque chose que je n'arrive pas à déterminer. Tu n'es pas loup ni même métamorphe. Et les humains ne sont pas censés connaître notre existence.

– Avant que je réponde, pourquoi ton pote m'a agressé ?

– Réponds-lui Mac.

– J'en sais rien ! C'était plus fort que moi !

– On aurait dit que j'empiétais sur ton territoire et que tu voulais m'en chasser.

– Tout en toi est étrange, intervint White.

Stiles fronça les sourcils, intrigué. Se pouvait-il que cette meute sente chez lui une odeur rivale, celle de la meute de Scott ? Pourtant il avait veillé à ne pas s'approcher de son ami, ça faisait plus d'un mois qu'ils ne s'étaient pas vus, il aurait dû être de nouveau « libre », non affilié à un alpha.

– Bon, si je vous assure que je n'ai pas l'intention d'annexer votre territoire, vous me laisserez en paix ? Parce que j'avoue que les garous, j'en ai un peu ma dose et que mon seul but actuellement, c'est de finir mon lycée, de vivre une vie normale d'étudiant normal. D'ailleurs, vous êtes quoi ? Des loups, n'est-ce pas ? Parce que je crois que ce sont les seuls métamorphes à vivre en meute et à obéir comme ça à un supérieur.

– Nous sommes des loups et je suis leur alpha, affirma Harriet. Nous n'allons plus t'approcher à partir de demain. Maintenant, dis-nous comment tu peux être au courant de tout cela.

– Certains humains peuvent faire partie d'une meute de loups, j'en ai fait partie d'une mais je suis parti.

– Ce qui explique l'attaque de Mac et cette odeur alors. Mais ils t'ont laissé partir ?

– Je doute que ça vous regarde. C'est tout ? La porte est par là.

Il ne voulait pas se montrer impoli, juste désireux de voir cette meute décamper. Les savoir chez lui le rendait nerveux, il voulait être seul, avoir le contrôle sur sa propre maison maintenant souillée par la présence de lycans. En réalité, ce qui le rendait plus que nerveux, c'était qu'il n'avait pas réussi à tenir plus d'une semaine pour être de nouveau entouré par des loups-garou. En somme, il était poursuivi et où qu'il aille, il en verrait, il en avait la certitude.

Une fois le trio hors de l'appartement, Stiles mit cet incident de côté et reprit la préparation de son dîner.

Il mangea seul devant un épisode d'une série quelconque, fit sa vaisselle, garda le repas de son père dans le réfrigérateur puis s'avança un peu dans ses devoirs, comme tout bon élève ferait. Bref, il menait la vie morne qu'il avait vécue durant des années avant d'avoir la lubie de parcourir la forêt de la réserve de Beacon Hills pour chercher un dahu, ou un corps.

À vingt et une heures, il jeta son stylo sur le bureau et se jeta contre le dossier. Sa chaise, sous la force du mouvement, bascula en arrière. Stiles se retrouva par terre et ne bougea pas, encore sous le choc. Ça faisait longtemps qu'il n'était pas tombé, deux jours en fait.

– Journée de merde !

0o0

Cela devait faire un bon mois que Stiles était arrivé. Il avait commencé les entraînements d'athlétisme et devait avouer qu'il n'était pas mauvais, son hyperactivité et les soirs à courir après des ennemis avaient renforcé ses capacités physiques. Il devait avouer apprécier ce sport et commençait à priser la normalité. Washington était une ville où il se passait toujours quelque chose, il n'avait pas vraiment le temps de s'ennuyer, ce qui arrangeait son père, occupé au bureau. Ils ne se voyaient que peu finalement, sauf le week-end et le soir, juste avant que Stiles aille se coucher. Ses notes étaient excellentes et malgré quelques problèmes de comportement liés à son impulsivité, les professeurs n'avaient pas grand-chose à redire de lui. De plus, la meute de Harriet le laissait en paix. En bref, il s'était fait à sa nouvelle vie et tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Sauf qu'il aurait dû se méfier, que tout ne pouvait pas être si parfait. La réalité le rattrapa brutalement quand il sortit du lycée à la fin de ses cours et qu'il vit un certain loup garou assis sur le capot de sa jeep. Il ne l'aperçut qu'au dernier moment, bien entendu, l'empêchant de faire demi-tour et de prétexter ne pas l'avoir vu.

– Derek Hale, si je m'attendais à ta présence sur le parking de mon bahut. Tu cherches quelqu'un en particulier ? Attends, c'est moi que tu cherches en fait. Beh c'est pas une bonne idée que tu sois là, tu sais. Y a une meute ici et franchement, sont très territoriaux.

Derek sauta souplement sur le sol et toisa Stiles, le visage fermé et les bras croisés sur son torse. Il portait son éternelle veste en cuir. Le lycéen se demanda ce qu'il faisait là, si loin de Beacon Hills.

– Je ne cherche pas à annexer leur territoire.

– Cool. Ils seront ravis. Maintenant, excuse-moi, j'ai des devoirs. Faut que je rentre.

Au moment où Stiles allait ouvrir la portière de sa jeep, Derek la referma brutalement.

– Un jour, quelqu'un va finir par péter la vitre. C'est une vieille voiture, faut en prendre soin. D'ailleurs, t'es venu comment ? Je vois pas ta voiture. T'es quand même pas venu à pieds.

Sans surprise, il se retrouva plaqué contre la portière, la poignée lui rentrant dans le bas du dos.

– Ça m'avait pas manqué ça, grommela-t-il immobile. Non vraiment, pas du tout.

– Mais tu vas te taire ?

– Hé, je te signale que c'est toi qui es venu me voir, moi j'avais rien demandé, alors évite de me massacrer, j'ai eu ma dose.

– Tu es parti.

– Yep et alors ?

– Scott est inquiet. Très inquiet.

Stiles serra les poings. Il aurait dû se douter que son meilleur ami n'accepterait pas son départ aussi facilement et qu'il ferait son possible pour le chercher, d'où la présence de Derek. Dans un sens, savoir que Scott était inquiet pour lui le rendait bêtement heureux mais il n'allait pas le montrer devant le loup-garou grognon qui le toisait.

– Laisse-moi deviner, il t'a envoyé me chercher ? railla Stile.

– Non, rapporter de tes nouvelles. Pourquoi tu es parti comme ça ? Surtout sans prévenir ?

– Stilinski ! cria Mac de l'autre bout du parking.

Il s'approcha rapidement en courant, suivi de Harriet et plus loin, de White. Cette meute le surveillait de près, il le savait pour sentir les regards sur lui chaque jour depuis leur discussion. Le voir en compagnie d'un homme qui se montrait assez brutal ne devait pas leur plaire, alors ils attaquaient.

– Eh merde ! S'ils te sentent, tu es mort, Derek.

– Je n'ai aucune intention malicieuse. Je ne suis là que pour toi, pas pour eux.

C'était sans compter sur Mac qui bondit sur Derek. Ce dernier esquiva l'attaque aisément et bloqua la suivante. Stiles se mit entre les deux autres.

– Un autre loup ! gronda Harriet, à deux doigts de se transformer.

– Un membre de sa meute, répliqua Derek. Je suis juste là pour parler avec Stiles, pas pour me battre, alors rappelle ton loup.

– Mac ! Ça suffit, déclara simplement Harriet.

Elle demeurait sur ses gardes, prête à bondir sur l'ennemi s'il osait s'en prendre à un humain sur son territoire. Peu lui importait que cet humain appartienne à une autre meute.

– Dès qu'on a fini, je m'en vais, assura Derek, mais d'autres risquent de venir. Pour lui, pour rien d'autre.

– Quoi ? s'écrièrent Harriet et Stiles.

– Tu pensais que quoi ? Que maintenant que je sais où tu es, on va te laisser sagement sans prendre de tes nouvelles ? Tu es plus intelligent que ça, Stiles, ricana le loup de naissance. Scott va vouloir même venir en personne.

– Scott, c'est...

– L'alpha, oui. Je suis Derek, son bêta.

– Combien de loups êtes-vous ?

– Trois.

Stiles retint un sourire, Derek n'avait pas l'air de vouloir donner le nombre exact de membres de la meute. À sa décharge, s'il le faisait, Harriet risquait fort de se sentir dépassée et acculée.

Ce qui ne manqua pas d'arriver. Une semaine plus tard, au même endroit se tenait la meute, Scott en tête. Ils formaient une masse compacte réunie autour de la jeep de Stiles et comme la dernière fois, Harriet déboula, furieuse. Le jeune homme, lui, était content de les voir. Ils allaient bien et ne paraissaient pas lui en vouloir, du moins personne ne le montra. Étaient absents Deaton, l'émissaire, et Chris Argent, un chasseur.

– Préviens quand ils débarquent ! pesta-t-elle en se mettant entre eux et Stiles. C'est elle ta meute ? Qui est...

– Harriet, c'est ça ? Je suis Scott, fit l'alpha en tendant la main. Nos intentions sont pacifiques.

– C'est ce que j'ai cru comprendre mais permets-moi d'être assez inquiète quant à votre présence si nombreuse ici ! Juste pour un humain.

– Un humain qui passe son temps à trébucher sur ses pieds, parler tout le temps et bouger sans cesse, commenta Mac.

– Il fait partie de ma meute et c'est mon meilleur ami, grogna Scott qui ne supportait pas qu'on se permette d'insulter un proche.

– Je pensais que vous n'étiez que quatre, dont trois loups et là, je vois que vous êtes sept... huit avec Stiles. Je sens autre chose que des lycans.

– Ma meute est assez éclectique, je l'avoue.

Il jeta un regard à Stiles, regard qui voulait savoir si le trio mené par Harriet était fiable. Son ami hocha la tête. Pourquoi devraient-ils cacher l'origine de leurs membres ? Leur diversité était ce qui faisait leur force.

– Je... je n'arrive pas à déterminer l'espèce des autres.

– Banshee, kitsune, coyotte, humain, et trois loups dont deux mordus, énuméra Scott en désignant Lydia, Kira, Malia, Mason, Liam, Derek et lui-même. Stiles est aussi humain. Il manque cinq membres qui sont aussi humains : un émissaire, deux agents de police, ma mère et un chasseur.

Stiles retint un sourire presque ému. Scott considérait donc sa mère et son père comme faisant partie de la meute. Durant une courte seconde il se demanda qui était le second agent de police avant de se rappeler de Jordan Parrish, adjoint du shérif. Il avait complètement oublié son existence.

– En effet, une meute éclectique. Un chasseur ? Comment peux-tu avoir un chasseur dans ta meute ? Ils sont tous les mêmes, ont pour but de nous traquer et de nous tuer !

– Pas lui. Rassurée ?

– Vous comptez revenir souvent.

– Régulièrement, oui. J'aime savoir où se trouvent ceux de ma meute.

– Tu comptes mordre quelqu'un ici ?

– Non.

– Vous comptez rester longtemps ?

– On devrait repartir dimanche. Pas plus tard.

Harriet souffla par le nez et leur tourna le dos, suivie par Mac et White. Pendant ce temps, Scott écrasa Stiles dans une accolade virile, heureux de pouvoir serrer son meilleur ami dans ses bras et de le savoir en vie. Un par un, sauf Derek, les autres suivirent son exemple. Quand, enfin Stiles put retrouver sa liberté de mouvements, il resta planté là.

– Bon...

– On va chez toi ? proposa Scott, l'interrompant. On pourra parler. Ici, il y a trop d'oreilles curieuses pour qu'on puisse avoir cette conversation.

Le groupe était venu à plusieurs voitures. Scott monta avec Stiles, donnant ainsi le signal du départ. L'humain ouvrit donc la route à ses amis. Dans la jeep, personne ne parlait, l'un concentré inutilement sur la route et l'autre occupé à contempler la ville. Ils arrivèrent au pied de l'immeuble dans lequel vivaient les Stilinski. Stiles les fit monter et entrer chez lui. L'appartement était désert, son père ne devait pas être rentré. Étrangement, voir la meute réunie chez lui faisait monter chez le jeune homme un étrange sentiment de reconnaissance.

– C'est moins grand que ta maison, constata Scott en regardant absolument partout. C'est bizarre de voir tes meubles ailleurs que chez toi.

– C'est ici chez moi, Scott.

– Pourquoi t'es parti ? attaqua Lydia, profitant de ce sujet pour cracher son venin. Pourquoi tu nous as plantés comme des cons pour t'éloigner à des centaines de kilomètres de là ? Comme si tu cherchais à nous fuir !

– C'est le cas, avoua Stiles sans honte. J'avais besoin de partir, de m'éloigner, de ne plus faire partie de cette meute. Pas avec toutes les emmerdes qu'on a eues ces dernières années ! Pas avec ce que j'ai fait !

– Si tu parles de ta possession avec cette créature sombre et fourbe qu'était le Nogitsune, alors ta gueule ! gronda Scott. On sait tous que tu n'étais pas toi-même et que tu n'aurais pas volontairement fait ce que tu as fait ! La preuve, tu as lutté, tu as cherché à nous prévenir à plusieurs reprises ! Je n'ai pas oublié, Stiles. Tu as trop fait pour nous pour qu'on puisse seulement te reprocher d'avoir été possédé.

– J'ai tué Allison, Scott ! Aiden aussi est mort ! Et tous ces flics au bureau du shérif ! Ils...

Il était à deux doigts de fondre en larmes tandis que sous ses paupières closes, il revoyait les corps des policiers étendus par terre, en sang.

– Tu n'y es pour rien ! Stiles Stilinski n'y est pour rien ! cria Scott. Il n'y a rien en toi qui soit mauvais, Stiles. Tu fais partie de ma meute, de ma famille, abruti ! Depuis le début. T'aurais dû me parler de ça, de tout ça au lieu de te barrer comme tu l'as fait ! Si tu savais à quel point je me suis inquiété quand je suis allé chez toi un peu avant la rentrée et que la maison était vide ! Tu n'étais pas là à la rentrée et Parrish assurait que ton père ne reviendrait pas pour assurer ses fonctions de shérif. Imagine mon état quand j'ai compris que vous étiez partis ! Comme ça, sans rien me dire, sans en parler à personne, comme des voleurs, pour refaire votre vie ici ! Tu pensais quoi ? Qu'en agissant ainsi, tu ne ferais plus partie de la meute ?

– Eh ben... peut-être, ouais. Parce que... parce que tout ça, tous ces trucs, ça me bouffe. Le surnaturel, les merdes qui nous tombent dessus, le fait que je sois un peu le boulet d'humain qui n'est pas capable de guérir comme vous...

– Stiles, gémit Scott. Tu n'es qu'un idiot. Le boulet a réussi à faire que cette meute tienne. Sans toi, on est rien !

Il y eut plusieurs murmures d'assentiment dans le salon dans lequel ils étaient réunis.

– Le boulet que tu es est le ciment de cette meute. Imagine, où on serait si tu n'avais pas été là ? Toutes ces enquêtes non résolues, ces questions sans réponses ? Je suis peut-être l'alpha mais tu es mon second et un alpha à ta manière.

Stiles serra les dents pour ne pas pleurer alors qu'il était scruté par sept personnes qui lui souriaient toutes.

– On comprend que tu aies besoin de distance mais ne nous laisse pas sinon la meute n'a plus de raison d'être.

– Je...

– Tu veux rester ici ? Pas de souci, au moins pour cette année. On viendra te voir souvent, l'un d'entre nous ou tout le monde, on te préviendra à l'avance. Tu viendras nous voir aussi. C'est pas un problème. Et l'année prochaine, on verra.

– Ouais.

Ça y était, il pleurait. Les larmes, traîtresses, avaient décidé de prendre enfin leur liberté et dévalaient ses joues.

Lorsque le père de Stiles rentra, il fut surpris de voir le groupe dans son salon, assis par terre à dévorer des pizzas. Il était surpris mais relativement content finalement, parce que si son travail au poste lui convenait, il préférait savoir son fils avec ses amis et non seul à tenter de ressembler à un adolescent normal qui n'avait aucun lien avec le surnaturel.

0o0

– C'est pas moi qui ai demandé à Derek de te chercher, murmura Scott un soir alors que Stiles était venu passer une semaine à Beacon Hills durant les vacances de Noël. Il y est allé seul sans m'en parler. Je n'arrivais plus à penser correctement, tu sais. Mason, le pauvre, je l'appelais toujours Stiles.

– Pourquoi Derek serait venu me chercher de lui-même pour me dire que c'était toi qui l'envoyais ?

– Tu veux que je te dise un truc ? Je suis certain qu'il a été plus touché que moi par ton départ.

Stiles regarda son meilleur ami, intrigué et surtout abasourdi par le sous-entendu énorme. Il aurait pu en rire parce que c'était inconcevable, parce que cela voudrait dire que Derek avait des sentiments pour lui. L'idée était absurde, non ?

– Tu déconnes.

– Pas du tout.

– Attends, mettons les choses au clair, tu veux dire que Derek Hale serait attiré par moi ?

– Yep.

– Non Scotty, c'est n'importe quoi, sois sérieux deux secondes.

– Je suis très sérieux.

Le jeune homme étudia rapidement cette nouvelle perspective et devait avouer que si tout était vrai, il se sentait flatté de l'attention du loup-garou sexy qu'était Derek, très flatté même. Maintenant il fallait trouver quelque chose pour vérifier cette hypothèse puis faire comprendre au crétin grognon que ça pouvait être réciproque. Parce que Stiles n'était pas fou, il préférait rester ouvert aux suggestions et si quelqu'un, bien fait de sa personne, était attiré par lui, il n'allait certainement pas s'arrêter à ce qu'il avait entre les jambes, il allait foncer.

Lentement, une idée germa sous la tignasse folle.

– Toi, commenta Scott, vu ta tête, tu viens d'avoir une idée géniale pour faire avouer à Derek qu'il en pince pour toi.

– Peut-être.

– Elle va lui plaire ?

– Non, y a peu de chances.

– Elle est dangereuse ?

– Ça dépend pour qui.

Scott sourit. Pour une fois qu'il n'était pas au cœur des idées folles mais géniales de son ami, il pouvait s'amuser aux dépends du malheureux qui en ferait les frais. Sauf si...

– Je vais souffrir ?

– Non, t'inquiète.

– Je peux avoir un spoiler de ton idée ?

– Nope. Bonne nuit Scotty.

Derek allait en baver et sans doute regretter d'avoir gardé le silence. Scott sut qu'il avait raison quand, peu après la rentrée, il reçut un message de Stiles qui lui annonçait sa mise en couple avec Harriet, l'alpha de la meute « rivale ». Quand le SMS arriva, Scott était avec sa propre meute chez Derek pour parler de tout ce qui est étrange à Beacon Hills, autrement dit, une réunion normale.

– Ah, dit-il le regard rivé sur son téléphone. Stiles est en couple.

Il retint autant que possible un sourire en entendant les griffes de Derek racler contre son bureau. Sans doute qu'il les avait plantées dans le bois sous l'effet de la colère.

– Avec qui ? s'exclama Lydia, positivement ravie et avide de ragots.

– Oh... moins cool. Avec Harriet, la fille louve.

– L'alpha ? gronda Derek.

– Ouaip, l'alpha.

Le bureau craqua. Tous les regards convergèrent vers lui mais Derek n'en eut que faire. Il récupéra sa veste et sortit du loft en trombe. Scott sourit et envoya un SMS à Stiles pour lui annoncer qu'il risquait fort d'avoir la visite dès le lendemain d'un loup-garou de mauvaise humeur.

La réponse de Stiles ? Un clin d'œil.


FIN

Alors ?

Cet OS n'est normalement qu'un OS mais j'ai une bêta qui, bizarrement, est frustrée par cette fin. Manque quelque chose selon elle. Selon vous, ça mérite une suite, oui, non ? ou alors j'arrête définitivement les frais ?