Bonjour à toutes et à tous, c'est Cellenia2 qui vous parle !
Après des années et des années d'absence, j'ai décidé de revenir (un peu) sur le devant de la scène, en postant l'introduction d'une toute nouvelle "histoire" , basée sur l'un de mes jeux vidéos préférés : "Kingdom Hearts" !
Pourquoi histoire entre parenthèses ? Je préfère prévenir de suite, cette histoire ne réinventera rien, et je sais pertinemment que cela fera grincer des dents ; car mon personnage (Je l'avoue, mon self-insert. J'entends déjà les hurlements xD ) remplace Sora dans cette aventure, et vivra tout ce qu'il a vécu. Donc, l'histoire en globalité sera la même : mêmes mondes, même fin, etc etc etc...
Ce qui changera, par contre :
- Les relations entre personnages, l'exemple le plus flagrant étant Riku et Kairi. L'héroïne principale aura également le droit à sa romance... compliquée... Je ne spoile rien pour l'instant, vous le découvrirez (si j'écris encore d'ici là... Moi et ma motivation ^^") plus tard (Même si ça va aussi hurler dans les chaumières xD Non, de suite, ce n'est pas un perso KH genre Ansem ou autre !)
- Le gameplay du jeu sera, du mieux que je le pourrai, retranscrit et décrit. La quête des "101 dalmatiens" aura une petite apparition (mais pas pour tout de suite), par exemple !
- J'essayerai de m'éloigner le plus possible du script original. Il y aura des moments où cela ne sera pas possible (Comme les mots de la Voix du tutorial), mais tout en m'inspirant, je tenterai de le modifier, et de l'incorporer avec les changements que j'ai en tête (Surtout avec une héroïne remplaçant Sora)
Cette fiction, ce n'est rien de sérieux (Oui, enfin, j'y passe du temps xD ). Je ne vais SURTOUT PAS me l'approprier, tout le mérite revenant à Tetsuya Nomura et à son équipe. J'ai juste tellement adoré cet univers depuis la sortie du premier jeu que j'ai toujours voulu m'imaginer vivant les aventures de Sora, mais un peu à ma sauce. C'est donc juste pour mon fun personnel, que personne n'y voit du vol ou autre !
Après, je ne suis pas contre des critiques CONSTRUCTIVES, mettant en avant les bons points et les points à améliorer de chaque chapitre ;) Ma crainte principale est que mon héroïne se rapproche de la Mary-Sue (Et, hélas, cela sera probablement un peu le cas :s Comme je l'ai dit, c'est une self-insert, et son passé difficile est mon passé, difficile donc de le changer ; et je sais qu'un passé difficile est un élément de la Mary-Sue...), donc je suis ouverte à tout conseil, au fur et à mesure, pour qu'elle ne le soit pas ^^ Même si je ne changerai pas pour autant les choses qu'elle vivra dans le futur, type son histoire d'amour (Sans spoiler, elle ne sera officielle que si j'arrive à faire la fic du deuxième jeu, vous voyez donc un peu !)
Voilà, je pense n'avoir rien oublié, je vous souhaite donc une bonne lecture ^^
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Introduction – "Rêve ou réalité ?"
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Je chute... Je chute, inexorablement, perdue au milieu d'un espace vide et infini... Je suis à moitié consciente, incapable de dire ce qu'il m'arrive... J'en viens même à me demander si je ne suis pas morte, percevant dans cet espace étrange une lumière floue, à la fois proche et éloignée, tel le soleil perçu sous la surface de l'eau... Étais-je immergée ? Difficile à dire, je me sens à la fois flotter comme dans un liquide, et à la fois chuter dans l'air comme en prise de la gravité. Malgré tous mes efforts, je ne parviens pas à pleinement ouvrir les yeux, ne pouvant que subir cette étrange situation.
Mais d'un coup, mon corps se retrouve ancré au sol, comme si l'on m'avait remise tête en haut et pieds en bas en l'espace d'une micro-seconde. J'arrive cette fois-ci à ouvrir les yeux, et laisse échapper un "gasp" de surprise en constatant le changement radical d'atmosphère. Je reconnais cet endroit : des palmiers surplombant de toute leur hauteur le paysage, cherchant à atteindre le ciel d'un bleu limpide ; quelques cabanes, des ponts de bois et une plate-forme d'observation comme seuls éléments d'architecture humaine ; le sable blanc scintillant presque au soleil ; et le bruit des vagues et de la cascade offrant à cet endroit une ambiance paisible. Il n'y avait aucun doute possible, je me trouvais au terrain de paix et de calme que je connaissais depuis ma plus tendre enfance : l'Île du Destin. Mais comment étais-je arrivée ici, et aussi subitement ? Je n'y comprends absolument rien, tout cela n'a aucun sens !
Je n'ai pas le temps de réfléchir à tout cela, mon regard se posant sur une silhouette se tenant dans la mer, immergé jusqu'aux genoux, à une bonne vingtaine de mètres de moi. Sa chevelure argentée me permet de le reconnaître immédiatement : Riku ? Pourquoi restait-il planté là, sans bouger ? Inquiète, j'essaye d'attirer son attention en hurlant son nom... mais je remarque avec horreur qu'aucun son ne parvient à s'échapper de ma bouche. J'agrippe ma gorge, le cœur battant, me demandant dans quelle sorte de cauchemar je me trouvais.
… Cauchemar... Cauchemar... D'un coup, mon esprit rassemble les éléments de réponse à mes questions, me faisant prendre conscience de ce que je vivais... même si toutes ces sensations me semblaient bien trop réelles...
Mais je n'ai malheureusement pas le temps d'en tirer des conclusions, reculant de stupeur lorsque la mer se retire d'un coup de plusieurs mètres. Mon souffle se coupe, je deviens livide, car une seule chose pouvait expliquer un phénomène si soudain. Et mes craintes se confirment lorsque je relève les yeux... voyant s'approcher avec terreur un tsunami d'au moins dix mètres de haut ! Mais qu'importait la menace que ce danger faisait peser sur mon jeune ami et moi, ce dernier demeure complètement stoïque, observant calmement la vague géante. Je lui crie silencieusement de se mettre immédiatement à l'abri semblant enfin m'avoir perçu, Riku se contente simplement de se tourner doucement vers moi, m'observant avec un petit sourire avant de tendre sa main vers moi, comme une invitation à le rejoindre. Mais qu'avait donc cet inconscient en tête !?
Malgré que je sache que c'était pur suicide, je me rue dans sa direction, refusant de le laisser seul à la merci de ce tsunami. Je trébuche souvent dans l'eau et le sable, horrifiée de voir la vague gagner du terrain. Je tends la main vers lui, lui implorant dans mon mutisme de me rejoindre, mais il se contente toujours de me scruter de son regard bleu cyan perçant. Hélas... je ne parviens pas à le rejoindre à temps, la vague géante finissant par nous happer avec violence...
Je m'attendais à finir noyée, ou du moins les os brisés, mais je suis seulement légèrement assommée par tous les tonneaux que mon corps effectue à cause de l'impact. Tâchant de retenir au maximum ma respiration, je parviens à rétablir mon équilibre, grimaçant à cause des vertiges que je ressentais. Mais je manque de laisser échapper tout l'air de mes poumons en constatant avec choc que Riku se tenait face à moi, debout comme si sujet à la gravité terrestre, continuant de tendre sa main vers moi avec son regard énigmatique. Comment était-ce physiquement possible !?
Malgré le manque d'air qui se faisait sentir, j'essaye de nager vers lui pour le remonter avec moi à la surface... mais un courant marin apparaît soudain de nulle part, me faisant de plus en plus reculer. Toute l'énergie du désespoir ne me permet pas de l'atteindre, et c'est impuissante que je m'éloigne de plus en plus de mon ami, le regardant désespérément disparaître dans la noirceur de l'océan. Les poumons en feu, je n'ai d'autre choix que de battre des jambes jusqu'à la surface, revivant lorsque l'air frais me pénètre. Mais de nouveau, le changement radical d'atmosphère me fait pousser un hoquet de surprise. Sans explication, le soleil était sur le point de se coucher, offrant à ma vue de splendides nuances de rouge, de violet et d'orange dans le ciel couchant. Mais c'est de voir l'Île du Destin parfaitement intacte qui me choque le plus, sans aucune trace du passage du tsunami ! Comme si ce dernier n'avait jamais eu lieu ! Y avait-il un sens à tout ça !?
Je me rappelle alors que Riku se trouve toujours sous la surface, et me prépare à replonger pour partir à sa recherche. Malgré mon empressement à le retrouver, je suis coupée en plein élan, ressentant comme un appel à mon attention, malgré qu'aucun bruit autre que ceux de la nature ne parvenait à mes oreilles. Je me retourne en direction de la plage, et affiche un sourire en reconnaissant la source de la « voix » : Kairi. Toujours dotée de son joli sourire et de ses yeux bleus pétillants, elle me faisait de grands signes pour que je la rejoigne, semblant ne pas être consciente de tout ce qui s'était passé... ou pas... Malgré mon inquiétude pour le jeune homme aux cheveux d'argent et devant tous ces événements, je ressens un soulagement et un apaisement immédiats devant la jeune fille je nage dans sa direction, abandonnant sans réellement comprendre pourquoi mon envie de retrouver Riku.
C'est le souffle court que je rejoins ma jeune amie, rampant à moitié jusqu'à elle, encore chamboulée par tout ce qui m'était arrivé. Taquine devant mon état, Kairi laisse échapper un petit rire silencieux, tout en m'aidant à me relever. Je ne peux lui en tenir rigueur, lui souriant doucement en retour... avant que je ne fronce les sourcils lorsqu'elle lève les yeux au ciel, son expression soudainement partagée entre l'émerveillement et l'inquiétude...
Soucieuse, je suis son regard, et écarquille les yeux devant le spectacle qui s'offre à nous : une formidable pluie d'étoiles filantes transperçait le ciel, véritable prodige pour nos yeux ! J'aurais pu en être profondément émue, si mon attention ne se portait pas sur une étrange forme sombre qui tombait des cieux... Je fronce le nez, essayant de distinguer le moindre détail et ce que je vois m'interpelle au plus haut point : c'était un être humain ! Et pas n'importe lequel en y regardant de plus près... C'était... moi !?
À peine pris-je conscience de cela que je me sens de nouveau chuter en arrière. Sans explication, le sol et tout ce qui m'entoure disparaissent, tandis que je tombe indéfiniment dans le ciel couchant. Effrayée, Kairi se tenait au dessus de moi, comme flottant dans les airs, cherchant à m'atteindre de sa main j'essaye désespérément de l'attraper, mais je ne peux que pousser un cri silencieux lorsqu'elle s'évapore devant mes yeux, comme un reflet sur l'eau disparaissant à la suite de vagues...
De nouveau seule, je me sens de nouveau partir dans un état de semi-conscience, mon corps rechutant dans le même milieu sombre et étrange qu'au début de mon... Mais puis-je vraiment appeler ça... un rêve... ? Je commence sincèrement à me demander... s'il ne serait pas plus réel qu'il n'y paraissait...
J'ignore combien de temps je reste ainsi, tandis que ma chute se poursuivait inexorablement, m'enfonçant de plus en plus dans des ténèbres impénétrables... Toutefois, à mon plus grand soulagement, une certaine gravité commence à se faire ressentir. Je papillonne faiblement des yeux, remarquant que je m'approchais d'un grand palier circulaire étincelant, unique source de lumière au milieu de tout ce néant. C'est étonnamment avec douceur que j'atterris, pleinement consciente. Je scrute autour de moi avec incertitude, ignorant où je pouvais me trouver, et encore moins comment j'en sortirai... Mais à peine fis-je un pas... qu'une nuée de colombes s'échappait du palier, s'envolant majestueusement avant de disparaître dans les ténèbres. Je me protège la tête, éberluée par ce qui semblait être de la magie ce rêve prenait vraiment de plus en plus un drôle d'air...
Une fois le calme revenu, je constate que le palier a entièrement changé, révélant une splendide figure. En y regardant de plus près, je distingue la représentation d'une jeune fille, à peine plus âgée que Riku, vêtue d'une jolie robe bleue, rouge et jaune. Des lèvres rouges comme le sang... Des cheveux noirs comme l'ébène... Un teint blanc comme la neige... La beauté de cette inconnue tenant une pomme dans sa main droite et paraissant endormie était si pure...
Mais je stoppe assez vite ma contemplation... lorsque je ressens soudainement une présence auprès de moi... Fronçant les sourcils, je regarde derrière moi, puis dans chaque recoin du palier... mais rien... Avais-je imaginé cette sensation ? Non, je parviens encore à la sentir... Et malgré que je ne puisse la voir... je ne ressens aucune peur... Comme si j'étais en présence d'un vieil ami... Il y avait quelque chose de rassurant en cette sensation lointaine, et si proche à la fois...
Et pour la première fois depuis le début de ce... « rêve »... une voix pleinement compréhensible me parvient :
Il y a tant à faire, et si peu de temps. Mais ne te presse pas. N'aies pas peur.
Ce n'était pas une voix à part entière que j'entendais, mais plutôt... une sensation intérieure puissante. Et je ne la percevais même pas dans ma tête, mais étrangement au plus profond de mon cœur. J'ai vraiment toutes les raisons de m'affoler, et pourtant...
La porte est toujours fermée. Maintenant, avance. Viens par ici.
Tout de même dubitative devant tant de mystère au sujet d'une... porte, je mordille l'intérieur de mes joues. Qu'importe si cette présence provoquait en moi un sentiment d'apaisement, tout inspirait la méfiance depuis le début... Mais bon, au point où j'en étais...
Restant tout de même prudente, j'avance à petits pas jusqu'au centre, sans que rien ne se passe au début. Puis, de manière à peine perceptible, le sol se met à trembler, avant que trois autels ne sortent du palier l'un après l'autre dans un jet de lumière. Et sur chacun d'eux apparaissait une arme différente : une épée, un sceptre et un bouclier. Je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil de manière interrogative, après l'effet de surprise passé, devant le symbole qui les ornait toutes à quoi pouvait bien représenter ces trois cercles juxtaposés ?
Le pouvoir est en toi. Si tu lui donnes forme, il te donnera la force. Choisis bien.
Ça voulait dire que j'allais pouvoir récupérer l'une de ces trois armes ?! Super, cela me changerait de ma banale épée de bois ! Essayant de ne pas trop montrer mon excitation, je m'approche de chacune des armes proposées, les étudiant avec attention. Chacune me donne une sensation particulière et agréable ce sera finalement plus difficile de choisir que je l'avais imaginé... Mais au bout de quelques minutes, mon regard s'arrête fixement sur l'épée, la lame étincelante m'hypnotisant à moitié me pinçant les lèvres avec hésitation, je prends la paume en main, scrutant chaque détail avec fascination. Quiconque avait forgé pareille beauté était un génie...
Le pouvoir du guerrier. Un courage invincible. Une épée à la puissance destructrice. Est-ce là le pouvoir que tu recherches ?
Il me faut quelques instants pour prendre une décision finale. C'était bien connu que la meilleure défense était l'attaque, mais de là à en faire mon arme... ? Je repense à mes séances d'entraînement en compagnie de Riku et des autres, et de la sensation de plénitude que je ressentais à chaque fois que j'avais mon épée en main. Pouvoir la faire tournoyer autour de moi, parer avec, effectuer des moulinets... C'était plus qu'une sensation de puissance, c'était une sensation de plaisir infinie... Et tant que je ne m'en servais pas à des fins mauvaises, elle ne me procurait absolument aucun inconfort... Affichant un petit sourire satisfait, j'empoigne davantage l'épée, hochant la tête pour montrer ma réponse. Cette dernière disparaît alors soudain dans un jet de lumière, me laissant quelque peu pantois.
Qu'il en soit ainsi. Qu'abandonnes-tu en échange ?
Parce qu'il fallait que je sacrifie une des armes restantes en compensation ?! J'aurais dû me douter qu'il y aurait une arnaque... Dissimulant un grommellement, mon regard passe du sceptre au bouclier. Ce dernier représentait forcément la défense, tout aussi importante que l'attaque alors, autant se séparer de l'arme dont j'ignorais tout. Je m'approche alors du sceptre, mais m'arrête à quelques mètres de lui, le regardant avec un regard profond. Étrange... Auprès de lui, je ressentais une chaleur dans le corps, quelque chose d'assez... inhabituel... Ce sceptre cachait bien plus qu'il ne le montrait, et sans vraiment l'expliquer, je comprenais que ce qu'il représentait serait essentiel pour la suite. C'était vraiment étrange et inexplicable, mais ma décision était prise.
Déterminée, je rebrousse chemin et me dirige vers le bouclier, laissant la voix m'expliquer ce qu'il signifiait :
Le pouvoir du gardien : l'esprit de protection. Un bouclier pour tout repousser. Tu renonces à ce pouvoir ?
La défense m'importait peu à cet instant précis. Pour une raison que j'ignorais, je préférais suivre mon cœur... Poings serrés, je hoche la tête, réagissant à peine quand le bouclier, ainsi que le sceptre, disparaissent de leurs autels respectifs.
Tu as choisi le pouvoir du guerrier. Tu as abandonné le pouvoir du gardien. Est-ce la forme que tu as choisi ?
C'était presque à en devenir barbant... Mais ne voulant pas offenser cette voix protectrice, je hoche une dernière fois la tête, satisfaite de mes choix. À l'instant même où j'annonce ma décision finale, les trois autels semblent s'effondrer sur eux-mêmes, me faisant sursauter mais la peur m'envahit de nouveau... lorsque le palier se met à se briser en petits morceaux, me condamnant à une nouvelle chute ! Je ne peux rien faire, pas même pousser un cri, mon corps tombant de nouveau dans les ténèbres infinies. Ce cauchemar ne prendrait-il donc jamais fin !?
Heureusement pour moi, la chute dure moins longtemps que prévu, et je m'approche petit à petit d'un autre palier. Celui-ci représente une superbe jeune femme aux cheveux blonds attachés en chignon, vêtue d'une belle robe argentée et de pantoufles... de verre ? De nouveau, j'atterris avec douceur, me laissant perplexe quand à la physique qui définissait cet endroit. Un palier étincelant perdu au milieu des plus sombres ténèbres... Une chute vertigineuse et longue sans aucun dégât physique... Des armes magiques... Une voix mystérieuse... Où étais-je donc... ?
Mais l'épée que j'avais choisi quelques instants auparavant m'extirpe de mes pensées quand elle apparaît soudain dans ma main droite, me donnant à moitié une attaque cardiaque. Ohla, finalement, avais-je bien fait de choisir une arme qui s'invoquait comme par magie ?
Tu as acquis le pouvoir de combattre.
… De un, sans blague, et de deux, je savais déjà me battre avant d'arriver ici, merci. Refoulant une envie de renvoyer balader « ma voix », je me mords fortement la langue, préférant faire tournoyer l'épée que j'avais acquis. Quelle sensation ! Je n'avais absolument aucun regret ! Mais je ne peux profiter pleinement de ma nouvelle acquisition, mon regard se posant sur quelque chose d'assez... désopilant se passant à la surface du palier... Venue de nulle part, une étrange tâche sombre était apparue, suivie de plusieurs autres comprenant immédiatement que quelque chose n'allait pas, je serre davantage mon épée, reculant d'un pas pour éviter toute mauvaise surprise... qui ne tarde pas. Les tâches prenaient soudain la forme d'une étrange créature noire aux yeux jaunes, ressemblant à une grosse fourmi sur pattes, bougeant de manière assez étrange... et s'approchant dangereusement de moi ! Cette chose avait beau l'air mignonne, je ne la sentais pas du tout !
Tu devras te battre souvent contre ceux qui convoitent ton pouvoir.
Je grince des dents, contemplant ces bestioles et mon épée avec des sourcils froncés. Si cette voix m'avait averti au préalable qu'obtenir une épée stylée me vaudrait des ennemis, j'aurais finalement dit non ! Mais il était désormais trop tard pour reculer. Je fais alors face à mes supposés adversaires, me remémorant les règles essentielles du combat que m'avait enseigné Riku : ne jamais rester immobile, toujours avoir son adversaire en vue, et bien l'observer pour déceler toute faiblesse ou comportement répétitif à utiliser à son avantage. Même si je n'aurais jamais pensé utiliser ces leçons contre de telles créatures...
Je ne laisse aucun répit à la première créature qui me saute dessus, effectuant une rotation du poignet pour effectuer une attaque verticale, la transperçant de part et d'autre. Elle disparaît alors dans un bruit assez glauque, et je remarque avec étonnement qu'un cœur brillant comme un diamant s'échappe de cette dernière avant de fondre dans les airs. Malheureusement, cet instant de déconcentration ne me permet pas de voir les autres petits monstres disparaître dans le sol, me faisant grogner de frustration. Je regarde partout autour de moi, me maudissant de m'être ainsi laissée berner... quand une vive douleur me prend la jambe, me faisant silencieusement crier. Je me retourne et fusille du regard l'une des créatures qui venait de me griffer pas de sang, ni de cicatrice, étrangement... mais la douleur et la fatigue étaient bien présentes, ce qui me prouvait que je vivais bien plus qu'un rêve. Si je ne faisais pas attention... qui sait ce qu'il adviendrait de moi...
Bien décidée à ne leur accorder aucun autre moment, je me rue sur eux, cette fois attentive à leur moindre mouvement et disparition. Mon épée valsait autour de moi, coupant tout sur son passage et ne laissant aucune chance. Parfois, ces saletés parvenaient à me toucher, mais je leur rendais vite la monnaie de leur pièce. Et, au bout de quelques minutes, il n'en restait plus qu'une, que je n'allais pas tarder à corriger pour l'épuisement et les douleurs que ses congénères et elle m'avaient faite. Mais semblant deviner son sort, elle disparaît de nouveau, redevenant une vulgaire tâche noire... qui, pour ma plus grande inquiétude, grossissait à vue d'œil! Bientôt, tout le palier se retrouve envahi par cette noirceur, et n'ayant plus aucun endroit où m'abriter, je me retrouve prise au piège dedans, comme dans des sables mouvants. Affolée, mes coups d'épée et mes mouvements n'y font rien me sachant condamnée à une mort lente et horrible, je suis noyée par ces ténèbres...
J'étouffe... J'étouffe ! Suffocant, je me débats avec toute la fureur et la peur qui me restaient, ne voulant pas finir ainsi. Mais, bizarrement, je pouvais plus facilement me mouvoir, et en regagnant petit à petit mon calme, je constatais que je pouvais respirer normalement. Le souffle tout de même court, j'ouvre les yeux, et remarque que je ne suis plus emprisonnée dans les ténèbres, mais hors de danger sur un nouveau palier. Je me relève avec des jambes flageolantes, et regarde avec attention ce nouveau lieu. Aucune silhouette reconnaissable, seulement trois formes féminines couronnées... et du rose... Beaucoup trop de rose... Autant j'adorais Kairi, autant son amour pour le rose m'horripilait au plus haut point...
Je me relève une fois mes émotions passées, observant les alentours pour déceler le moindre adversaire. Malgré leur petite taille, ces créatures noires ne m'avaient tout de même pas raté, je me devais d'être prudente si je ne voulais pas perdre toutes mes forces... voire pire... Au bout de quelques instants, de nouveau dans un flash de lumière, une porte apparaît devant moi. Entièrement blanche et finement décorée, elle ne semblait pas menaçante... mais j'avais eu mon lot de mauvaises surprises pour la journée.
Malheureusement, ce nouveau passage paraissait être l'unique moyen de poursuivre mon chemin. Lèvres pincées, je m'en approche prudemment, passant ma main sur sa surface elle était étrangement chaude... Était-ce bon signe ? Je prends une grande inspiration, empoigne les poignées et tire. Presque d'elle-même, la porte s'ouvre... m'obligeant à me protéger les yeux lorsqu'une vive lumière s'en échappe. D'où sortait-elle ? Après m'être assurée de ne pas avoir perdu la vue, j'essaye d'apercevoir ce qu'elle cachait... sans succès. Le seul moyen de le savoir était de rentrer, malgré que cela ne me plaisait guère... Regrettant d'avoir perdu mon épée dans les ténèbres qui m'avaient englouti, je m'avance à petits pas jusqu'à être complètement englobée par la lumière.
Lorsqu'elle finit par se diffuser, mon choc est grand lorsque je remarque que je suis de nouveau sur l'Île du Destin, en l'occurrence sur la plate-forme d'observation. Mais cette fois-ci, je ne suis pas seule en effet, se trouvent avec moi trois autres adolescents avec qui je m'entendais plutôt bien : l'espiègle Selphie, le tranquille Wakka, et la tête brûlée Tidus. Mais d'habitude si pleins de vie, leurs sourires neutres et leurs yeux dénués de toute émotion m'interpellent et me plongent dans le doute.
« … Qu'est-ce qui se passe ici... ? »
Je touche immédiatement ma gorge, les yeux écarquillés. Ma voix était revenue, enfin, je pouvais de nouveau parler ! Mais pourquoi n'avais-je pas pu avant, pourquoi maintenant ? Je ne peux y réfléchir, la présence m'interpellant doucement :
Patience. La porte ne va pas s'ouvrir tout de suite.
Encore cette histoire de porte... Ce n'était donc pas celle que je venais d'ouvrir ? Pourquoi une simple porte semblait-elle avoir une si grande importance ?
D'abord, dis m'en plus à ton sujet.
Je hausse les sourcils, prise au dépourvu par la tournure des événements. Voilà que j'étais soumise à un interrogatoire, maintenant... Je suis tentée de ne pas répondre, mais je sens que je suis analysée malgré moi comme si mon âme était percée à jour... Même si la sensation n'était pas très agréable, je ferme les yeux et laisse faire, me dévoilant silencieusement.
Je m'appelle Alison, mais je préfère de loin que l'on me nomme par mon surnom, Ali. J'ai 25 ans, vivant depuis ma naissance dans une petite ville de la côte, l'Île du Destin faisant parti d'un archipel à proximité. Physiquement... que dire... 1m71, haut de corps correct et hanches et jambes d'éléphant des cheveux bruns foncés arrivant jusqu'au bas du cou, toujours mal coiffés des yeux marrons ponctués par des lunettes couleur bronze des sourcils épais et un nez légèrement bossu une peau n'étant jamais parvenue à bronzer malgré le temps clément et toujours vêtue de hauts confortables et de pantalons ou jupes long(ue)s, de préférence rouges et/ou noirs. Une femme... correcte, je dirais... ?
Quant à ma vie... je pourrais la partager en deux parties : une période jusqu'à la maturité jalonnée par de nombreuses phases de dépression... et une reconstruction personnelle lente jusqu'à aujourd'hui. Je ne peux me plaindre de mon enfance, ayant toujours été choyée par mes parents (Ma mère était femme au foyer, et mon père appartenait à la Garde de la ville). Mais les choses prirent une mauvaise tournure à mon entrée au collège... J'eus la chance, avec un travail acharné, d'être première de mes classes pendant quatre ans... mais pas sans conséquences... Mes camarades n'étant que des vauriens jaloux et mauvais, ils m'eurent très vite fait comprendre que la différence, quelle qu'elle soit, était sévèrement réprimée... Parce qu'en plus d'être la meilleure élève aimée par les professeurs, je ne ressemblais pas beaucoup aux jeunes de mon âge : je ne sortais pas dans les mêmes lieux « branchés », je détestais la mode, je n'étais pas intéressée par le même genre de garçons que les autres filles, je préférais me plonger dans la lecture, l'écriture et le dessin... Pour tout ça, je reçus coups et insultes, et n'eus aucun support de mes quelques « amis », trop lâches pour faire quoi que ce soit contre la foule... M'épaulant du mieux qu'ils pouvaient, mes parents essayèrent de me convaincre que mes résultats scolaires seraient ma meilleure vengeance face à eux... Si c'était aussi simple...
Mais j'entrai ensuite au lycée, et cette phase fut peut-être encore pire que la précédente... Car je perdis rapidement ce qui faisait ma force, à savoir mes capacités intellectuelles, enchaînant mauvaises notes sur mauvaises notes... À cause de la difficulté des cours, de mon manque cruel de motivation ou de mes distractions, je ne peux vraiment l'expliquer aujourd'hui. Non seulement je dus toujours faire face aux moqueries et à la solitude... mais désormais à la déception quotidienne de mes parents... Tout ne se résuma plus qu'à disputes et réprimandes, eux ayant toujours eu l'habitude d'avoir une enfant prodige... Quelle déception de récolter... une erreur de la nature... Car face à tout cela, je ne parvins plus à me voir autrement que comme un parasite... Quelqu'un qui ne méritait pas de vivre... Et sans rien ni personne sur lequel je pouvais m'accrocher... la période la plus sombre de ma vie commença, me poussant à commettre des choses dont je ne suis pas fière aujourd'hui...
Alors je me réfugiai dans mes créations et univers, parvenant à oublier ma dépression à travers mes passions. Ce n'était, certes, qu'éphémère, mais cela me convint pendant toutes ces années. Et ces dernières étaient à leur paroxysme lorsque je me réfugiais sur l'Île du Destin depuis toute petite, j'adorai accéder à ce petit paradis à l'aide de ma barque, me permettant de m'y évader pleinement, loin de mes harceleurs et de ma famille. Oui, pour une raison que j'ignore, peu de personnes se rendent dans ce lieu pourtant idyllique, malgré sa proximité. Ils préfèrent sans doute les cafés et boutiques au calme de la nature, grand bien leur fasse... Mais cela m'arrangeait, pouvant ainsi profiter pleinement, isolée, du sable chaud, des palmiers rafraîchissant, de l'eau exquise et cristalline...
Mais à l'âge de 18 ans, tout changea, l'espoir semblant de nouveau possible pour moi. Contre toute attente, deux rencontres me permirent de revivre deux personnes qui, comme moi, appréciaient la sérénité de ce lieu : Riku, puis Kairi... Que ce soient des enfants de 8 et de 7 ans à l'origine de ma renaissance étaient purement extraordinaire, voire absurde je sais que cela avait été mal perçu par quelques personnes, à commencer par ma famille et mes harceleurs. Mais contrairement aux enfants du même âge que j'avais côtoyé par le passé, ils ne montrèrent aucun signe de méchanceté gratuite, aucune moquerie, essayant au contraire de soulager mon cœur affaibli... Ils virent mon âme meurtri, et malgré leur jeune âge, ils me permirent de reprendre confiance en moi et de faire davantage confiance aux bonnes personnes... Et pour cela, je leur étais infiniment reconnaissante, qu'importait la différence importante d'âge... Je les voyais désormais comme un petit frère et une petite sœur, et me sentais fortement liée à eux. Nous restions le plus souvent tous les trois sur « notre » île, à simplement profiter de la présence de chacun, à nous aider mutuellement, à chasser nos doutes et nos peines... Grâce à leur bonne attitude et leur calme, je pus me tourner vers d'autres personnes, certes plus jeunes ou plus âgées que moi, mais qui, au moins, m'apprécièrent pour la jeune femme que j'étais. Qu'importait si je ne côtoyai aucun jeune de mon âge, j'étais comblée de cette manière... Et je savais que, pour nous trois, bientôt, une nouvelle page se tournerait...
C'est en ressentant une présence à mes côtés que je finis par sortir de mes pensées, clignant faiblement les yeux en m'extirpant de mon instant nostalgie. Selphie se trouve juste en face de moi, toujours avec son expression étrange. Et ce qui suit m'interloque :
« Qu'est-ce qui compte le plus pour toi ?
- Hein ? »
Je cligne des yeux de confusion. C'était quoi cette question ? La jeune fille n'était pas du genre à être aussi... énigmatique... Mais malgré mon étonnement, ma réponse ne se fait pas attendre :
« Mes proches.
- Tes proches sont si importants ? » S'étonne-t-elle presque.
Je fronce les sourcils à sa réaction. Bien évidemment ! C'est eux, après tout, qui m'avaient permis de tenir jusque là ! Riku... Kairi... Même mes parents, même si nos relations avaient changé depuis le lycée... Il n'y avait pas plus important...
Je chasse ma frustration lorsqu'elle laisse la place à Wakka, ce dernier ayant toujours la même expression étrange.
« C'est quoi ton rêve ? »
… Je dois bien avouer que je suis cette fois incapable de donner une réponse immédiate... J'en avais plusieurs, après tout : toujours garder mes meilleurs amis, et veiller sur eux en signe d'éternelle reconnaissance réussir ma vie voyager... trouver l'amour... Mais en y réfléchissant bien, tout ceci pouvait se résumer en une phrase.
« Trouver ma place. Je réponds sérieusement.
- Tu veux trouver ta place, hein ? » Répète-t-il doucement.
… Vraiment une attitude étrange... Enfin, le jeune Tidus s'approche à son tour, me scrutant intensément.
« T'as peur de quoi ? »
Je grimace à son interrogation. En premier lieu, je serais tentée de lui parler de mon arachnophobie sévère... mais je m'aperçois vite que là ne se dissimulait pas ma véritable crainte... M'être souvenue de mon passé me donnait la réponse... Les poings serrés, je rétorque gravement :
« Revivre mon passé...
- Ça te ferait si peur de revivre ton passé ? »
Contrairement à Riku et Kairi, le trio ignorait toutes les horreurs que j'avais subi... C'était bien quelque chose que je ne souhaitais à personne, pas même à mon pire ennemi... Si je devais revivre cela, même aujourd'hui... je savais que je m'effondrerais facilement...
Voyant que plus aucun d'entre eux ne semble réagir, je lève les yeux au ciel, m'attendant à une réaction de la part de la voix. Mais au bout de quelques instants, il ne fait qu'énoncer une phrase encore plus mystérieuse :
Le jour où tu ouvriras la porte est à la fois lointain et proche.
Je n'ai pas le temps de l'interroger qu'une vive lumière envahit de nouveau l'ensemble du paysage, m'aveuglant.
Lorsque je retrouve l'usage de mes yeux, je constate que je suis de retour sur un nouveau palier entouré de ténèbres, seule. Celui-ci représente une belle adolescente aux cheveux blonds comme les blés, endormie, tenant une rose entre les mains et entourée de ronces menaçantes. Je me demande qui étaient, depuis le début, ces inconnues représentées... Mais le calme environnant est de courte durée lorsque apparaît une douzaine de ces créatures noires que j'avais affronté plus tôt ! Désarmée, comment allais-je m'en sortir !?
Comme entendant à mes prières, au même instant, mon épée réapparaît dans ma main droite. J'ai tout juste le temps d'esquiver une attaque et de riposter, ne profitant pas de la joie de pouvoir de nouveau me défendre. Leur nombre étant cette fois bien plus important, je me fais plusieurs fois blesser, et me fatigue plus vite. Fort heureusement, je parviens à en finir après quelques instants il était temps, je commence à ne pas me sentir bien... Je devais trouver un moyen de m'échapper, et vite.
Répondant encore à mes attentes, un pont de verre multicolore se crée au fur et à mesure, formant un passage me permettant de rejoindre un palier que j'aperçois au loin. Je suis le nouveau chemin en veillant à ne pas tomber dans l'abysse, et suis bouche bée devant la nouvelle représentation qui s'offre à moi, la plus belle de toutes à mes yeux : une jeune femme, vêtue de la plus somptueuse robe jaune qui soit, avec, à ses côtés... une bête... ? Mais je n'ai pas le temps de prolonger ma contemplation, la présence se faisant de nouveau entendre :
Plus tu approches de la lumière, et plus ton ombre grandit.
Pourquoi disait-elle cela, d'un coup ? Un frisson me parcourant le dos, je me retourne et remarque en effet que mon ombre est devenue énorme. Cela m'inquiète, la lumière qui illuminait les précédents paliers m'avait pas produit pareil effet... Je manque d'avoir une attaque cardiaque... lorsqu'elle se met à jaillir du sol, grossissant à vue d'œil, prenant une forme à la fois humaine et monstrueuse : jambes semblant cousues entre elles, trou béant en forme de cœur sur la poitrine, cheveux tentaculaires, yeux jaunes étincelants... Je ne peux m'empêcher de couvrir ma bouche sous l'effet du choc : il ressemblait énormément aux créatures que j'avais combattu, à l'exception qu'il pouvait me réduire à néant en une fraction de seconde ! Je recule, cherchant du regard une échappatoire, bien évidemment sans rien trouver. Ma petite épée ne pourrait rien face à cette créature géante, et encore moins dans mon état actuel !
Mais n'aie pas peur. Et n'oublie pas...
Il est impossible pour moi de ne pas être terrorisée face à pareille menace... mais pour une raison que je ne comprends pas, ces quelques mots parviennent néanmoins à me calmer. Malgré le désespoir de la situation... je sens que, malgré tout, j'ai une petite chance... J'agrippe fermement mon arme, fusillant du regard mon nouvel adversaire, prêt à en découdre du mieux que je le pouvais.
Bien plus dangereux que ses pairs, le colosse est bien plus rapide que je ne le pensais, cherchant à me mettre en charpie à l'aise de ses poings. Je cours et saute dans tous les sens pour l'éviter, manquant de tomber plusieurs fois dans le vide à cause des mini-séismes provoqué par l'impact de ses attaques. Il était très coriace, et les quelques ripostes que je parviens à faire ne semblaient pas du tout le déranger. Mais quel était son point faible, bon sang !?
Peut-être agacé par tous mes mouvements, le monstre noir stoppe ses assauts, changeant de tactique. Pour cela, il... bombe le torse... ? Hélas pas pour essayer de m'impressionner, une boule de ténèbres apparaissant au creux du trou de son « coeur »... avant que cette dernière ne subisse de multiples explosions formant des sortes de missiles violets lumineux se dirigeant tout droit vers moi ! Je grogne sous le choc, et tente par tous les moyens d'esquiver ou de renvoyer ces projectiles à l'aide de mon épée mais commençant à avoir du mal à respirer, je finis par perdre ma concentration et à être touchée par plusieurs d'entre eux. La sensation de brûlure occasionnée est atroce, m'arrachant un cri de douleur imperceptible je m'effondre à genoux, agrippant mes blessures en grimaçant, chanceuse que cette attaque arrive à sa fin.
Je suis entièrement à sa merci, mais je ne peux pas abandonner maintenant ! Je le fusille du regard quand il lève de nouveau son poing, qui dégage d'étranges étincelles. J'ai à peine le temps de souffler qu'il le fracasse au sol de toute sa puissance, me manquant de justesse. Je secoue la tête pour chasser les papillons de mes yeux, mais hoquette en voyant que l'impact crée une masse noire semblable à celle qui m'avait englouti au second palier... des créatures noires s'y échappant !
Je me sens tremblante, et mes brûlures ne cessent toujours pas. Je n'avais aucune chance... à moins que... Je lève mon visage en direction de ses yeux étincelants, me demandant si sa tête était son point faible... Il fallait que j'essaye, ou j'allais y passer ! Ne voyant qu'un moyen d'y parvenir, je me rue jusqu'à son poing toujours ancré au sol, faisant disparaître de mon épée tout ennemi sur mon chemin. Malgré la folie de mon idée, je grimpe sur son bras, fort heureusement assez large pour me permettre d'y tenir debout par miracle, je parviens à atteindre son visage sans chuter, en dépit de ses tentatives de me faire chavirer.
Les jambes flageolantes, je réussis à me maintenir en équilibre sur son épaule, et commence à l'assaillir de coups d'épée. Comme je l'avais espéré, cela semble lui causer des dégâts, le monstre cherchant encore plus à me faire tomber. Mais je continue d'attaquer, encore et encore, me sentant proche du dénouement. Hélas, je finis par perdre pied devant toutes ces tentatives de me déstabiliser... mais avec toute ma rage et ma rapidité restantes, je parviens à me redresser verticalement... et plante profondément mon arme en plein milieu de sa tempe.
Le géant noir semble se figer dans le temps, entièrement crispé. J'avais eu raison ! Je constate aussi avec soulagement que toutes les bestioles à ses pieds disparaissent une par une, confirmant bien ma victoire. Mais celle-ci est de courte durée... A ma plus grande frayeur, mon épée disparaît à nouveau, ne me laissant sans rien pour m'accrocher ! Je m'écrase alors lourdement au sol, l'air s'échappant entièrement de mes poumons, cette chute me donnant l'horrible sensation que je m'étais cassée tous les membres. Incapable de me mouvoir... je regarde impuissante la créature géante se rapprocher petit à petit de moi, s'effondrant dans son agonie. Non... Je ne pouvais pas mourir comme ça...
N'aies pas peur.
De nouvelles ténèbres apparaissent autour de moi, m'engloutissant inexorablement dans leur emprise maléfique. Noyée ou écrasée, j'allais connaître la pire des fins ! Voix, ne me laisse pas, aide moi !
Tu détiens la plus puissante des armes.
Je sens que la présence s'éloigne de plus en plus, me laissant seule avec ma terreur croissante. Je t'en prie, non ! J'ai besoin de toi !
Et n'oublie pas...
… C'est terrifiée, étouffée et blessée... que je parviens à voir, les yeux écarquillés par la peur, la masse géante m'engloutir encore davantage dans les ténèbres... tandis que j'entends à peine la dernière phrase de la présence avant de sombrer dans l'inconscience...
C'est toi qui ouvriras la porte.
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La sensation du sable chaud sur ma main parvient à m'extirper doucement de mon sommeil. Je gémis faiblement, retrouvant progressivement l'usage de mes membres. Enfin, je papillonne des yeux, laissant le soleil me ramener à moi je m'assois et regarde les alentours : je suis définitivement de retour sur la plage de l'Île du Destin... confirmant bien qu'il ne s'agissait que d'un rêve...
… Cela ne pouvait plus durer... Depuis plusieurs semaines déjà, toutes mes nuits étaient gâchées par des rêves étranges... Des songes différents, mais remontrant à chaque fois certains éléments : la mention d'une porte, la présence d'une voix chaleureuse... Riku et Kairi... Il n'y avait aucune explication logique à tout cela, et pourtant... je sentais que ces rêves avaient une importante capitale... Entre leur répétition, et le fait qu'ils me semblaient trop réels... Je n'étais pourtant pas rassurée, fermer les yeux devenait presque une source de crainte pour moi...
Je passe la main sur mon visage et baille, le manque de sommeil se faisant bien sentir. Je me rallonge sur le sable pour tenter de me détendre... mais pousse un cri d'étonnement en voyant un visage penché sur moi : courts cheveux auburn, yeux bleus pétillants, habillée d'un T-Shirt blanc, d'une jupe-short rose et de sandales blanches et violettes. Devant son amusement face à ma surprise, je me retiens de pousser un juron. Oh la peste !
« Kairi ! Je m'indigne, intensifiant son rire. C'est pas drôle, j'ai failli avoir une attaque ! »
Mais comment rester fâchée face à un être aussi adorable ? Kairi, aujourd'hui jolie jeune fille âgée de 14 ans, fut la seconde personne à avoir participé à ma renaissance et pourtant, rien ne la prédestinait à ça, puisqu'elle n'était pas originaire de ma ville natale. Elle avait, en effet, été adoptée par le maire de la ville après sa mystérieuse et inexpliquée arrivée au cours de la pluie d'étoiles filantes du solstice d'été, i ans de cela. Étant une petite fille loin de sa famille, sans aucun souvenir de son passé, l'enfant aurait pu sombrer facilement dans la peur et dans la solitude... mais il n'en fut rien : les gens, tout âge confondu, tombèrent vite sous le charme de sa gentillesse naturelle et de sa bonne humeur contagieuse qu'importait qu'elle n'était pas native de la côte, elle fut acceptée sans aucun problème.
Nous disant qu'elle avait suffisamment d'attention, Riku, alors âgé de 8 ans, et moi nous tinrent à l'écart au début... même si je dois bien avouer que l'envie fut forte de faire les présentations pour lui : en effet, malgré qu'il refusait de l'admettre, je voyais parfaitement qu'il ne manquait pas une occasion de l'observer intensément de loin. Malgré son jeune âge et sa maturité, le coup de foudre était certain. Mais je n'eus pas à le faire, Kairi venant à notre rencontre d'elle-même, toute innocente et curieuse qu'elle était. Je craquai immédiatement pour son naturel à rendre confiant et heureux les personnes qu'elle fréquentait elle dégageait une aura si pure... Voilà pourquoi mon jeune ami fit rapidement la promesse de toujours veiller sur elle, et de toujours garder intact son cœur généreux...
Et je fis très vite la même promesse quand elle montra à mon égard plus que de la simple gentillesse. Malgré son âge, Kairi était fine observatrice, et à ma plus grande horreur... elle finit par apercevoir les cicatrices physiques que je m'étais fait subir durant ma dépression, malgré mes efforts pour les dissimuler... Et elle ne ressentit ni peur, ni dégoût... Au contraire, d'une maturité incroyable, elle fit tout pour me soulager et me faire croire en un avenir plus radieux, sans que jamais plus je ne me fasse du mal... À cet instant-là, je me jurai que rien, ni personne ne ferait jamais de mal à celle que je considérai désormais comme ma petite sœur... Bien sûr, pour préserver son innocence, je ne m'ouvris pas entièrement à elle dès le début mais plus les années passaient, plus nous devenions proches, toujours présente l'une pour l'autre. Elle maintenait mon espoir en place, et je faisais tout pour que jamais son sourire ne quitte son visage.
Calmant son rire, Kairi me scrute longuement avec sa mine malicieuse, poings sur les hanches.
« Prise en flagrant délit de fainéantise, Ali. Pointa-t-elle avec un sourire. Laisser deux adolescents faire tout le travail, tu devrais avoir honte !
- Quoi !? » Je gaspe. Mais non ! Tu me prends pour qui, une tortionnaire !? J'ai encore passé une mauvaise nuit, et je viens à l'instant de rêver de monstres noirs et d'épée et de paliers et... »
Mais je m'arrête avec un soupir. Je ne veux surtout pas l'inquiéter en lui avouant qu'elle aussi faisait partie de mes rêves... Elle qui trouvait déjà cette situation inquiétante pour moi... Pensive devant mon silence soudain, elle s'assoit à mes côtés, me regardant tristement.
« Encore ces rêves... Dis Ali... ils ne seraient pas dû à ton angoisse de parler à tes parents de notre voyage... ? Suppose-t-elle doucement.
- … Peut-être...» Je réponds en fermant les yeux.
Notre voyage... La nouvelle page de nos vies... Le projet sur lequel nous travaillions depuis des mois : un grand catamaran habitable sur lequel nous voguerons pour découvrir de nouveaux horizons. Cela semblait fou à première vue, mais tout avait été prévu, de l'habitable jusqu'aux provisions en passant par l'organisation millimétrée du périple. Cela n'avait rien d'un caprice de débutants, nous étions parés pour ce voyage, prévu maintenant dans deux jours. Devant cette annonce, le maire de la ville, et père de Kairi, avait accepté, non sans une pointe de tristesse, dans l'espoir que sa princesse puisse découvrir ses origines... sans jamais oublier ceux qui l'aimaient chez elle... Quant aux parents de Riku, devant sa détermination et sa soif de liberté, ils avaient immédiatement donné leur accord, ayant entièrement foi en lui. Et devant leur maturité avancée et le fait que je serais avec eux, maintenant qu'ils me connaissaient après toutes ces années, ils n'eurent aucune objection.
… Mais il y avait mes parents... Bien les seuls à ne montrer aucun soutien devant chaque décision que je pouvais prendre... Ils mettaient toujours cela sur le compte de l'inquiétude et de l'amour, mais en réalité, il n'y avait pas plus égoïste et hypocrite qu'eux... Dès lors que je perdis mon titre de « Première de la classe », ils retournèrent leur veste, n'éprouvant plus que honte et déception à mon égard. Constamment, ils me faisaient sentir que j'avais commis le pire impair qui soit, n'arrangeant pas mon sale état et pourtant, cela ne les empêchait pas de penser qu'ils agissaient bien ! Quelle bande d'hypocrites... Comment j'avais réussi à faire taire leurs déceptions ? En intégrant, comme ils l'avaient toujours souhaité, la Garde de la ville quand j'en eus l'âge. Et bizarrement, comme par magie, leur attitude passa de la honte à la fierté ! J'avais rejoint une brillante et honorable institution, je gagnais correctement ma vie, je vivais sous mon propre toit... Enfin je rentrais dans les clous, comme ILS l'avaient toujours souhaité.
… Mais ce que je voulais moi ? Insensé, stupide, irréfléchi voilà tous les adjectifs que j'entendais quand je daignais parler, en leur présence, de mes passions et de mes désirs secrets. Pour eux, il n'y avait qu'un chemin à suivre, la leur. Même le fait d'être devenue amie avec Riku et Kairi ne leur avaient pas plu, jugeant qu'il était bizarre et mal vu que je fréquente des adolescents mais bon, l'une de ces personnes était fille du maire, il fallait faire bon genre... Je les aimais malgré tout, bien entendu... mais je ne pouvais dénier que, parfois, j'en venais à les détester, et... à les craindre, comme aujourd'hui...
J'avais réussi à les calmer pendant sept ans, leur parler de ce voyage en catamaran était presque suicidaire... Même si j'avais bon nombre d'arguments à leur donner, mes parents trouveraient toujours moyen de me rabaisser et de tout faire que j'aille dans leur sens. Ils ne voudraient pas comprendre qu'au cours de ce voyage, je souhaitais, peut-être... trouver ma place... Mais je n'étais pas idiote, contrairement à ce qu'ils pensaient ! Si je ne trouvais pas, bien sûr que je retournerais dans notre ville natale pour continuer ma vie d'aujourd'hui ! Mais si je ne tentais pas, comment pourrais-je le savoir ?!
Je soupire de nouveau profondément, massant avec angoisse mon bras, tandis que Kairi se rapproche de lui pour m'enlacer de ses bras, voyant mon mal-être. Je pousse un petit ricanement triste :
« Mon contrat initial au sein de la Garde se termine demain. Mes parents pensent que je vais passer prochainement le concours pour officiellement l'intégrer en qualité d'officier. Je me vois mal leur dire « Hey, je pars faire une croisière avec mes meilleurs amis, pas d'inquiétude à avoir ! »
- Pourtant, nous avons tout prévu de A à Z. Pointe-t-elle en fronçant les sourcils. Si notre excursion était si stupide que cela, mon père et les parents de Riku nous en auraient empêché.
- C'est là toute la différence entre vos familles et la mienne, puce... Les miens sont cantonnés dans leurs pensées et idéologies, va essayer de leur faire comprendre ça... Je rétorque en secouant la tête, la scrutant avec gêne.
- Et si mon père essayait de leur faire entendre raison ? Proposa Kairi, sans sembler réellement convaincue.
- Non Kairi, ça ne ferait qu'aggraver le problème. Devant lui, ils feraient bonne figure, mais ensuite... Et puis, comment me prouver que je suis capable d'affronter l'océan si je ne sais pas faire face à mes propres parents ? Je dois les voir demain soir, de toute façon... Oye, la veille pour le lendemain, ça promet comme soirée ! »
J'essaye de rire pour essayer de me convaincre, mais devant la difficulté de cette situation, je perds vite mon sourire. Cela paraissait vraiment sans espoir... Mais je regretterais tellement si je ne pouvais joindre mes amis dans leur aventure... On ne vivait une telle situation qu'une fois dans sa vie, et je sentais qu'un tel périple pourrait m'aider à définitivement ancrer dans le passé mes traumatismes. Je DEVAIS partir, je DEVAIS réussir à convaincre mes parents.
Je sens Kairi me serrer fortement la main, tandis que son regard bleu me perce de part et d'autre, tandis qu'elle renfrognait son nez. Haha, ce qu'elle était adorable quand elle cherchait à être très sérieuse !
« Tu es plus forte que tu ne le crois, Ali. Affirma-t-elle avec détermination. Nous serons derrière toi, quoiqu'il arrive. Et si nous devons reporter ce voyage...
- Ta ta ta, je t'interdis de ne serait-ce qu'envisager cette possibilité ! Je la stoppe en touchant son nez de son doigt. Toi et Riku partirez quoiqu'il arrive, c'est entendu ? Oh, et puis qui sait, si je devais ne pas venir, cela te permettrait peut-être de trouver une meilleure opportunité pour t'ouvrir à lui, mmmmmm... ? »
Devant mon insinuation, Kairi écarquille les yeux et rougit, détournant le regard en serrant le sable de son poing. A force de passer du temps avec elle, j'avais fini par comprendre que Kairi aussi ressentait quelque chose de très fort pour notre ami de part son courage, ses rêves, son esprit libre, sa maturité, etc... Il fallait avouer que beaucoup d'adolescentes de notre ville était tombé sous le charme du beau argenté mais la jeune fille avait vu bien plus loin que ça... Et auprès de lui, elle se sentait protégée, soutenue, pousser des ailes... Par pur respect pour elle, je ne disais jamais rien devant le principal concerné elle seule déciderait de quand elle ouvrirait son cœur à Riku... Mais il fallait bien avouer que, parfois, devant un tel entêtement des deux parties, il y avait de quoi devenir dingue !
Et en parlant du loup...
« Pourquoi ne suis-je pas étonné de vous retrouver ici, toutes les deux ? A vous prélasser au soleil tandis que je suis le seul à m'atteler sur le catamaran. »
Oooops, prises la main dans le sac, me dis-je intérieurement en lançant un sourire innocent à mon amie. Puis je lève la tête et contemple avec des yeux de chaton mon premier véritable ami, Riku. Tenant un gros rondin sous le bras, il nous contemplait avec dépit, comme habitué à nous voir dans cette situation il était vêtu d'un haut moulant jaune vif, d'un pantalon noir surplombé d'un second semi-pantalon bleu relié à des bretelles à son haut, de chaussures de sport blanches et bleues, et d'une paire de gants noirs. Oui, malgré l'effort, il restait toujours aussi séduisant !
Malgré son air blasé, ses yeux jades trahissaient un profond attachement à notre égard, et une sagesse presque incroyable pour un adolescent de son âge. Même plus jeune, cet air ne l'avait jamais quitté, et c'était bien ça qui le rendait exceptionnel. Il inspirait le respect et la tranquillité, mais était également débordant d'intelligence, de curiosité, et d'envie de liberté et de découverte. Peut-être était-ce cela qui nous avait rapproché, il y a sept ans de cela ? Je m'en souviens encore : après une énième dispute avec mes parents, je m'étais réfugiée sur l'Île du Destin, pourvue de toutes mes affaires pour le dessin voulant être seule pour tenter de calmer la colère et la tristesse en moi, je m'étais installée dans la grotte secrète de l'Île, ayant toujours aimé entendre le bruit de la cascade intensifié par l'écho des parois. On pouvait dire que c'était mon petit jardin secret...
Qu'importait la luminosité moyenne, je profitais de cet instant de sérénité, dessinant ce qui me passait par la tête, quand un bruit se rapprochant m'extirpa de mes pensées. C'était Riku, alors âgé de 8 ans, qui avait décidé d'exploser cette grotte isolée. Il ne pipa mot en me voyant, et ce fut avec regret que je commençais à ranger mes affaires, ne voulant pas déranger ce petit dans ses jeux et ne me sentant plus à l'aise... Mais très calmement, le jeune garçon aux cheveux argentés s'excusa de m'avoir importuné, posant son regard sur mes dessins à cet instant, je vis dans ses beaux yeux la même passion et le même intérêt que lorsque je donnais vie à mes idées : le besoin de s'évader. Très intrigué par mes personnages, il me demanda plus de détails à leur sujet, et ce fut avec plaisir que je lui contais toutes mes idées, y passant tout le reste de la journée.
Le destin nous avait fait nous rencontrer par pur hasard, ma passion pour le dessin nous avait rapproché... et son attitude fut ce qui scella notre amitié... Je ressentis immédiatement un profond respect à son encontre, ayant du mal à croire qu'une aussi jeune garçon pouvait être bien plus adulte que toutes les jeunes de mon âge réunis ! Il aspirait à de grandes choses, bien au-delà que ce que pouvait lui offrir notre ville natale, et ce pour une raison incroyable : en voyageant, il voulait gagner en force... pour protéger ce qui comptait vraiment le plus à ses yeux... Combien d'enfants avaient ce genre de pensées à huit ans !? J'étais estomaquée par une telle maturité, et ce fut peut-être pour cela que je lui racontais sans détour, au fur et à mesure du temps, tout ce que j'avais vécu... Riku n'en fut pas effrayé, il se contentait seulement de m'écouter en silence, son regard perçant ne me quittant pas. Il avait une telle aura qu'on ne pouvait que se sentir protégé en sa compagnie... Cela en était presque honteux venant d'une jeune femme comme moi, mais sa sagesse fut ce qui me poussa en premier à m'ouvrir davantage, et à me reconstruire... Je devais tellement à Riku, et je m'étais promis depuis ce jour que je parviendrais à payer ma dette envers lui...
Et son attitude, il l'a gardé au fil des années. Mais ce fut réellement la rencontre avec Kairi qui le transforma presque en chevalier servant et mystérieux. Comme je l'ai déjà dit, le coup de foudre fut instantané pour mon ami à notre première rencontre avec elle lui qui étais si réservé et sérieux, c'était extraordinaire de le voir ainsi touché par le cœur d'or de la jeune fille ! Et quand enfin, nous devînmes amis, il se fit presque un devoir de constamment veiller sur elle. Et de cette protection naquirent les sentiments propres de Kairi... Un bel amour secret, c'était d'un tel romantisme... Mais tous deux savaient parfaitement le cacher aux yeux de tous, ne se montrant que comme de grands amis moi seule avais réussi à les percer à jour, remarquant leurs regards en coin et le doux sourire qu'ils affichaient quand ils contemplaient secrètement l'autre... Il était fait pour être ensemble : Kairi apportait paix et tendresse en Riku, et ce dernier apportait réconfort et courage en elle... J'espérais, du fond du cœur, que ce voyage leur permettrait enfin de comprendre l'intensité de leurs sentiments...
Hélas pour moi, mes pensées romantiques sont coupées lorsque le nouveau venu me balance le rondin de bois, m'écrasant au sol. Je crie de surprise et de douleur, et me lève d'un bond, le fusillant du regard de toute sa hauteur.
« HEY ! Crétin, on va s'y mettre au catamaran ! Espèce de tortionnaire, va !
- Ce n'était qu'un coup de motivation, Ali, pas la peine de hurler. Répondit-il calmement en faisant son sourire mesquin.
- Hey minus, gare à tes paroles, ou je vais te corriger... Je renchéris en ricanant, faisant craquer mes doigts.
- Je demande à voir. Se moque-t-il en haussant les épaules. A combien sommes-nous déjà, 7 victoires à 3 pour moi ? »
Je lui montre ma langue en guise de réponse, le faisant éclater de rire. Oui, bon, il était bien plus fort que moi à l'épée, c'est vrai ! Ce n'était pas vraiment étonnant, puisque c'est lui qui m'appris, pendant toutes ces années, à manier une épée en bois et malgré que la difficulté de son entraînement, ainsi que sa sévérité (Pour un gamin, il savait commander ! ), faillirent plusieurs fois me faire abandonner, je persistais, excitée de savoir utiliser une arme à la manière d'un des héros de mes livres. Et ayant le meilleur maître qui soit, les résultats furent plus que satisfaisants, me permettant de très bien me défendre face aux malfrats que je pouvais arrêter (Lady Matraque, comme m'appelait certains de mes collègues), et de même réussir, de temps en temps, à battre Tidus, Wakka et Selphie en même temps, lorsque ces derniers se joignaient à nous pour s'entraîner ! Encore une autre raison pour être reconnaissante envers lui...
Mais malgré que nous nous adorions, nous aimions également nous lancer des piques, comme une sœur et un frère rivaux. C'était notre petit jeu amical, que Kairi arbitrait de temps à autre riant, elle se place entre nous et nous éloigne l'un de l'autre, nous lançant des clins d'œil complices.
« Si vous continuez à vous chamailler comme ça, le catamaran ne va vraiment pas voir le jour !
- Oh la traîtresse, c'est toi qui dis ça !? Je m'esclaffe en ébouriffant ses cheveux. Et puis, c'est lui qui a commencé !
- Quelle maturité... Soupire Riku en levant les yeux au ciel, son sourire toujours au coin des lèvres.
- Il ne reste plus grand-chose à faire, de toute façon ! Rajoute-t-elle en clappant des mains, toute heureuse. Allez, allons le finir ensemble ! Tiens, et si on faisait la course ? Cela vous viderait bien la tête, à tous les deux !
- Haha, pas besoin, j'ai déjà la tête bien vide ! Et toi, ne rajoute rien ! Je réponds en pointant du doigt mon ami, riant en même temps que lui.
- Ha, toujours une excuse pour ne pas courir, Ali ! Souffle Kairi en secouant la tête, ricanant. Bon, je crois bien que cela va se jouer entre toi et moi, Riku ! »
L'adolescent ne répond pas pendant quelques instants, se contentant juste de sérieusement contempler la jeune fille. Puis affichant son sourire malin, il sprinte d'un coup en longeant la plage criant à la tricherie, Kairi se rue après lui, riant à moitié d'amusement tandis qu'un grand et beau sourire envahissait le visage de Riku. Sans plus se soucier de quoi que ce soit autour d'eux, ils galopent sur le sable, se cherchant mutuellement en continuant de rire, se chamaillant gaiement entre eux, etc... Je les suis à mon rythme, souriant doucement devant un tel spectacle : un lien si profond les unissait... Ils s'adoraient, ils étaient tout l'un pour l'autre, appréciaient ce genre de moments passés ensemble... C'était bien plus que de l'amitié, je le voyais parfaitement... Du fond du cœur, je ne peux que leur souhaiter un avenir heureux, et ensemble... Je saurais me montrer patiente en attendant ce jour...
Plus apaisée qu'il y a quelques minutes, je regarde l'océan étincelant avec paix. Si, par miracle, je parvenais à convaincre mes parents de me laisser partir à l'aventure, je sentais que cela m'apporterait bien plus que des découvertes. Ma vie en serait bouleversée, c'était évident... Peut-être que mes étranges rêves indiquaient un grand changement dans mon existence ? Quoiqu'il en soit, deux jeunes personnes comptaient sur moi pour les aider à accomplir leur destin, et je ne comptais pas les décevoir.
Dans deux jours... rien ne serait plus comme avant pour aucun d'entre nous...
