Copyrigth : Cette fan fiction est librement adaptée du monde de Warhammer 40 000 appartenant à Game Workshop qui ne m'a fournit aucune autorisation explicite.
Avertissement : N'étant pas un expert du wargame, il est possible que se soient glissées des incohérences (par exemple le grade de "Commandant" n'apparait pas dans la hiérarchie de la Garde Impériale). Prévenez-moi s'il y a de trop grosses bourdes !
Je me dirigeais comme un automate vers la cafétéria du palais. Mon cerveau n'était pas particulièrement rapide le matin, et il venait d'être secoué. Je rêvais d'un verre de tof serré sans sucre. Ce briefing était vraiment inhabituel. Déjà, il n'avait pas lieu dans une caserne. Ensuite, je n'avais eu aucune information préliminaire. Enfin, il était organisé par un civil.
Les portes s'ouvraient sur mon passage. Mon instinct était redoutable le matin quand il me fallait trouver de quoi me réveiller. J'avais réussi à atteindre je ne sais comment le réfectoire. Tout en cherchant le distributeur de boissons, je me souvenais de mon arrivée très tôt ce matin. Quelques jours auparavant, un étrange message de mon général m'avait convoqué à huit zéro zéro au palais gouvernemental de Capitale-ville. Il s'agissait d'un briefing pour une mission sans aucun détail. En tant qu'officier de la Garde Impériale, je connaissais à fond le protocole. Un dossier d'information aurait dû accompagner l'ordre de mission pour connaitre au moins le terrain, une description des adversaires et les moyens mis à disposition. Je souriais d'ailleurs en pensant aux colossaux moyens dont disposait l'infanterie, même sur une petite planète comme Cassiane IV.
Bon, je ne trouvais pas ce satané distributeur de boissons. Je regardais autour de moi et je réalisais que ces gens en livrée ouvragée d'un gris précieux pourraient peut-être m'aider. Celui que je regardais pendant quelques secondes s'approcha poliment de moi. Je bafouillais une question d'où émergeaient les mots « tof » et « sans sucre ». Le jeune homme disparut et réapparu quelque instant plus tard avec une tasse brûlante. Mon large sourire valut tous les remerciements de la terre. Il se retira, me laissant me réveiller tranquillement.
Tout en buvant doucement, je me repassais le déroulement du briefing. Lorsque j'étais entré en uniforme de parade dans la salle de réunion, je vis d'abord le général Adélac, mon supérieur. Son visage maigre paraissait impassible, mais j'avais appris à déchiffrer son regard après plusieurs années d'amitié. Quelque chose le préoccupait, et c'était sérieux. Je remarquais à ses cotés un officier de la Garde Impériale, le capitaine Filidème. Cette jolie jeune femme paraissant petite à coté de la haute taille du général. Son uniforme ne parvenait pas à masquer ses magnifiques formes et son visage fermé trahissait pourtant sa douce beauté. Regardant ses insignes, je constatais que c'était un pilote. Je n'arrivais pas à concilier cet être doux avec la robustesse brutale d'un chasseur Thunderbolt. Sa tenue bleutée indiquait en outre qu'elle n'était pas de notre planète nous arborons fièrement le vert émeraude de nos forêt. Que pouvait-elle bien faire là ? Je réussis à détourner les yeux et vis enfin le gouverneur Argom lui-même.
C'était le gouverneur de notre planète. Elu depuis deux décennies, c'était un fin politicien à l'intelligence acérée qui maniait à merveille la négociation. En tant que militaire, je savais que son sourire cachait une main de fer, ayant effectué plusieurs missions de pacification indirectement pour son compte. L'homme était bedonnant, jovial et plein d'humour. Normalement. Là, il affichait un visage aussi dur que soucieux enfoncé dans un costume gris très simple. Seule la finesse du tissu montrait sa condition sociale. Après une présentation sommaire des protagonistes, Argom nous expliqua la raison de notre présence. Apparemment, son conseiller psyker avait eu une « sorte de crise ». Il projeta contre un mur de la salle la vidéo de la scène, filmée par la caméra de surveillance. Je ne connaissais le personnage que d'après son dossier. Ce vieil homme à l'air ennuyeux était apparemment une sommité dans son domaine. D'un air éternellement fatigué, il bougeait lentement et solennellement. Sur la vidéo, son visage se figea soudain. Tout en bavant, il parla d'une corruption qui emporterait la planète. Il décrit brièvement des hordes mutantes sortant des fermes jaunes et des mines rouges, qui s'insinuerait dans les gouvernements et même jusque dans les machines. Sa voix s'entrecoupait de plaintes de douleur. Il finit par hurler, se rejeta en arrière et se cassa en deux.
Si tout le monde affichait un visage impassible, la scène n'en demeurait pourtant pas moins horrible. Le vieil homme semblait avoir été brisé par un colosse invisible. Evidemment, la sécurité n'avait trouvé personne à ses cotés. Il n'avait pas repris conscience depuis malgré les soins intensifs. Ses subordonnés avaient murmuré que des choses impies avaient tenté de s'emparer de son âme. Le malheureux avait eu un aperçu du futur pendant sa lutte et il nous l'a décrit. Leurs explications se perdaient ensuite en un tas de conjectures inutilisables pour nous.
« Ca va mieux ? » Je me retournais, surpris. Le capitaine Filidème me regardait d'un air amusé. Ses yeux pétillants, aussi vifs que perspicaces lui donnaient un air de petit lutin. Je ne l'avais pas entendu venir et c'était une faute de combattant. Je bafouillais une excuse et cela la fit rire.
« J'ai aussi du mal le matin. Mais je ne comprends pas comment vous faite pour avaler cette boisson » dit-elle en désignant mon tof brûlant. Je souris.
« C'est la boisson de cette planète. C'est l'infusion d'une racine. La description exacte du goût est "musqué". Bon, d'accord, Son âpreté rappelle la graisse de moteur, je vous l'accorde. » Nous rigolâmes. Puis, redevenue sérieuse elle me demanda ce que je pensais du briefing. Je lui fis part de ma perplexité. A la fin de celui-ci, Argom nous signifia que les divagations de son psyker pouvaient être sans fondement. Dans le cas contraire, une invasion du Chaos sur la planète serait cauchemardesque. Il voulait donc vérifier avant de contacter l'Inquisition et nous envoyer enquêter, Filidème et moi sur la seule base de cette vidéo. Je ne comprenais pas.
Je demandais frontalement à ma nouvelle coéquipière la raison de sa présence. Je ne comprenais pas pourquoi on était allé chercher quelqu'un d'extérieur à notre planète alors que nous étions largement assez efficace chez nous. En outre, je ne voyais pas ce qu'un pilote pouvait m'apporter alors que des dizaines de commandos vétérans pouvaient m'épauler avec brio. Elle me sourit. Elle m'expliqua posément qu'elle avait déjà affronté le Chaos. Lors d'une mission sur une planète des confins, elle avait combattu des hordes infernales, épaulée par des troupes de l'Inquisition. Elle avait beaucoup appris. Le général Adélac avait demandé sa présence officieuse en tant qu'experte de la question.
Je réagis immédiatement. « Officieuse ? Mais pourquoi ? »
« Si le Chaos envahit cette planète, le gouverneur souhaite garder l'information secrète. »
« Mais c'est contraire au règlement et ça serait une trahison. » récitais-je comme un écolier.
Elle sourit à nouveau. « Vous avez déjà vu une purge ? Les troupes de l'inquisition et les chapitres space marines sont sans pitié. Ils décimeraient entièrement la planète. Avant d'en arriver là, le gouverneur veut essayer de régler le problème discrètement. »
« Mais je suis un commando, pas un agent secret ! Pourquoi le général m'a-t-il choisit ? »
Ma stupeur la fit rire. « Parce que vous êtes un homme de confiance, Capitaine Egirio. »
Je reconnus immédiatement la voix dans mon dos. Comme toujours, le général Adélac était arrivé sans bruit. C'était lui qui m'avait enseigné l'art du combat et il restait redoutable malgré son âge. Grâce au tof et aux explications, je commençais à comprendre ma mission. D'un naturel spontané, je le lui dis de manière enfantine.
« Général ! Jai compris ! Elle m'a tout expliqué. Vous voulez que j'enquête pour le compte du Gouverneur sur la possibilité de la présence du Chaos sur la planète ! »
Un coup de pied foudroya mon tibia gauche et la fin de ma phrase. Mon air surpris accrut la consternation de mes deux interlocuteurs. Pendant que Filidème levait les yeux au ciel, maudissant la lourdeur de son nouveau partenaire, le général me frappa à nouveau, du regard cette fois.
« Capitaine, vous êtes presque parfait pour cette mission. Il ne vous manque qu'une qualité. La discrétion. »
