Bonjour à tous ! Voici une nouvelle histoire en parallèle de ma principale, Tout est une question de temps. Celle-ci n'a aucun lien, puisqu'il s'agit de la traduction d'une fic en anglais, que j'ai voulu faire connaître à ma meilleure amie.

Merci beaucoup à l'auteur, Kuroi in a Black Hole, de m'avoir donné l'autorisation de la traduire !

Le rythme de publication sera incertain et dépendra à la fois de ma vitesse de traduction, et de la vitesse de publication de l'histoire originale, qui n'est pas encore terminée.

Au début de chaque chapitre, vous aurez un point sur l'avancement de la traduction et de la publication.

Bonne lecture !

Disclaimer : S'agissant d'une traduction, rien ne m'appartient : les personnages et les lieux de Harry Potter et Docteur Who appartiennent à leurs auteurs et ayants-droits respectifs, et cette histoire appartient à son auteur, Kuroi in a Black Hole.

Histoire originale : The Savior, Child of the Tardis, Son of a Mad Man, de Kuroi in a Black Hole
Nombre de chapitres de l'histoire originale : 33
Nombre de chapitres traduits : 2

~~ Un début ~~

Le 4 Privet Drive fut un jour la maison d'un garçon très spécial. Un garçon entre les mains de qui un monde tout entier avait placé leurs espoirs, leur avenir, et leur vie. Un garçon qui avait actuellement tout juste un an et qui avait à peine commencé à crapahuter sur deux petits pieds mais qui avait déjà sauvé le monde. Un garçon dont le nom, en ce moment-même, était écrit dans les livres d'histoire.

Oui, c'est de Harry Potter que je parle. Malheureusement pour lui, ou heureusement, puisque nous connaissons tous l'histoire de Harry Potter grandissant au 4 Privet Drive, et ce n'est pas une histoire heureuse, après tout, la famille qui habitait au 4 Privet Drive, les Dursley, était morte tragiquement dans un accident de voiture sur un rond-point de Londres. Toute cette affaire était vraiment tragique. Grunnings avait perdu un salarié médiocre, la rue avait perdu sa voisine la plus commère, et les futures cours de récréation ne seraient jamais terrorisées par la petite baleine plus connue sous le nom horrible de Dudley. Harry Potter ne serait également jamais placé sur leur palier le matin du 1er novembre 1981, quelques heures après le décès de ses parents.

C'est donc là où cette histoire commence, car chaque histoire a un commencement. Notre histoire commence avec un vieux sorcier amusant dans des robes aux couleurs éclatantes et un chapeau pointu, tenant notre protagoniste et se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire avec un bébé. Et maintenant, allons-y.

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La nuit d'Halloween 1981 était en train de devenir une célébration douce-amère pour un certain Albus Dumbledore. Voldemort, le plus sorcier le plus noir à accéder au pouvoir depuis des siècles, avait été vaincu. Le coût de cette victoire était élevé, et les morts seraient bientôt dans toutes les mémoires, dès que les cuites et les fêtes auraient arrêté.

A cet instant, cependant, Albus se tenait devant la maison incendiée de la famille qui était morte en détruisant Voldemort, et le seul survivant était blotti dans les bras de Dumbledore, endormi, sa magie épuisée. Harry Potter, le seul enfant de Lily et James Potter, était devenu une sensation et un héros en l'espace de quelques heures. Ces mêmes heures pendant lesquelles il avait été rendu orphelin et son seul gardien restant avait été arrêté pour meurtre. De longs doigts sinueux tracèrent la vive cicatrice en forme d'éclair sur le front de Harry, les yeux bleus assombris par la tristesse.

« Mon garçon, j'espère seulement que nous pourrons t'apporter un meilleur avenir que la tragédie dont tu as déjà souffert. »

Le son d'un déplacement d'air attira les yeux du directeur vers le haut, atterrissant sur la grande silhouette mince de sa vice-directrice, et il fronça les sourcils en confusion.

« Minerva, j'avais l'impression que vous étiez en train d'observer les proches de Harry. Est-ce que quelque chose ne va pas ? »

L'éclair dans les yeux de Minerva McGonagall et l'allure qu'elle prit pour s'avancer vers Dumbledore lui fit réévaluer ses plans. Quelque chose avait vraiment mal tourné.

« La famille Dursley est morte, Albus. Ils sont décédés il y a trois jours dans un… accident motorisé ? Ils se sont écrasés, dans tous les cas. Tous les trois sont morts instantanément. Mais ce n'est pas le problème que j'ai avec vous. J'ai parlé avec quelques uns de leurs voisins, en tant qu'amie de la soeur de Pétunia Dursley. Cette famille, Dumbledore, était absolument horrible. La soeur de Pétunia était une fouine mal-élevée, Vernon était souvent saoul et violent, et leur fils obtenait tout ce qu'il voulait. Vous vouliez vraiment laisser Harry avec cette famille ? »

Minerva s'arrêta juste avant d'entrer dans l'espace personnel de Dumbledore, le regard acéré et flamboyant. Dumbledore cligna lentement des yeux, se ressaisit et évita de regarder directement sa vieille amie. Minerva en colère était une personne très dangereuse.

« C'était à cause de la magie que Lily a pratiqué pour protéger Harry. Il aurait été à l'abri de Voldemort avec les protections que j'aurais mis en place basées sur cette magie. Maintenant, de toute évidence, je vais devoir trouver quelqu'un d'autre. »

Il tourna son regard vers l'enfant endormi.

La colère de Minerva s'apaisa, mais elle jetait toujours un regard noir à Dumbledore :

« J'avais l'impression que Vous-Savez-Qui était mort. Êtes-vous en train de dire que ce n'est pas le cas ? »

Dumbledore se tourna vers elle, les yeux perçants :

« Tom Riddle a pratiqué tant de rituels sombres qu'à la fin, il n'était plus vraiment humain. Si bien que lorsque le sort de mort lui est revenu, cela a tué uniquement sa part mortelle, son corps. L'a réduit en poussière, en vérité. Mais une ombre de lui, une partie de son esprit, s'est enfuie. Il reviendra un jour, et cet enfant devra l'affronter à nouveau. C'est pour cela que je voulais le placer avec ses proches. J'aurais pu poser des protections basées sur le sang, les lier à Pétunia et la sécurité de Harry aurait été infiniment plus grande. Maintenant je dois trouver une autre option. »

Minerva cligna des yeux :

« C'est certainement une plaisanterie. »

Dumbledore secoua la tête. Minerva grogna :

« Donc Harry devra… Vous en êtes sûr, Dumbledore ?

— Une prophétie ne ment pas. Petit Harry a été marqué, et il devra se battre contre Voldemort à nouveau. »

Les doigts de Harry agrippèrent l'auriculaire de Dumbledore.

« Le monde reposera sur les épaules de cet enfant pour les années à venir. Je ne lui envie pas son fardeau. »

Les deux vieux magiciens se penchèrent vers l'enfant qui dormait tranquillement dans les bras du directeur, complètement inconscient de sa destinée. Son avenir, déjà planifié par une prophétie annoncée alors qu'il n'avait pas encore un an. Il gargouilla dans son sommeil, ne réalisant même pas l'absence de ses parents, trop jeune pour s'en inquiéter. Minerva fondit.

« Est-ce que je peux le tenir ? »

Dumbledore sourit et bascula Harry dans les bras de Minerva. Elle le tint délicatement, souriante :

« Il est si petit. C'est difficile à croire qu'il a stoppé le Seigneur des Ténèbres. Et maintenant il n'a plus de parents. Pauvre garçon. »

Elle regarda Dumbledore, ses yeux attristés :

« Qu'allez-vous faire, Dumbledore ? Qu'allons-nous faire ?

—Je n'en sais rien, ma vieille amie. Je ne sais vraiment pas. »

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Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, Directeur de l'École de Magie et de Sorcellerie de Hogwarts, Ordre de Merlin Première Classe, Grand Manitou de la Confédération Internationale des Sorciers, Chef-Sorcier du Wizengamot, sorcier le plus puissant de Grande-Bretagne, était assis derrière son bureau, berçant un bébé en pleurs et essayant frénétiquement de penser à n'importer quel moyen de calmer un enfant. Tous les enfants dont il avait la charge avaient l'âge d'être raisonnés par une discussion. Ce jeune bambin ne comprenait pas un mot et l'école reprendrait prochainement. Après la chute de Voldemort, les parents renverraient leurs enfants à Hogwarts dans deux jours, et il n'aurait pas le temps de s'occuper de Harry.

Après la tragédie de la mort de ses parents, Harry avait été forcé par les circonstances d'aller avec Dumbledore. Dumbledore n'était vraiment pas prêt à éduquer un enfant, et il parvenait à cette conclusion après quatre jours passés avec le garçon. Fawkes avait essayé son possible pour calmer l'enfant, mais même le chant du phénix avait échoué, et le niveau des pleurs avait augmenté. L'oiseau de feu s'était retiré au début de ce dernier caprice et il n'était toujours pas revenu. Dumbledore avait tout tenté pour calmer le garçon, mais rien ne fonctionnait longtemps. Il ne s'arrêtait tout simplement pas.

Madame Pomphrey avait confirmé la bonne santé de Harry après trois sortilèges et avait assuré à Dumbledore que c'était simplement le retour de la magie de Harry, jusque là sérieusement à vide, qui perturbait le garçon, et ça ne devait pas durer plus d'un jour. Cela faisait déjà trois jours, et Harry pleurait toujours.

Dumbledore ferma le sauveur sanglotant, plissant les yeux. Quelle était la puissance de l'enfant, si sa magie continuait à revenir ? Il prit sa baguette et l'agita au dessus de la tête de Harry, murmurant un sort en gaélique pour révéler l'aura du garçon. Il y avait quelque chose d'inhabituel.

La magie s'écoula de la baguette et enveloppa un Harry à présent calme et curieux. De petits doigts s'élevèrent pour toucher la bulle d'énergie argentée, et Dumbledore observa la magie de Harry s'élancer pour examiner cette nouveauté. Ce qui était bien avec ce sort était qu'il rendait la magie d'une personne visible, et leur aura perceptible. Alors que la magie de Harry s'étendait autour de lui, examinant le sort nouveau et étrange, les yeux de Dumbledore s'écarquillèrent.

L'aura d'une personne était propre à leur puissance et leurs capacités, leur personnalité et leur potentiel. Chacune était unique, mais elles n'étaient vraiment uniques qu'à partir d'un certain âge. L'aura de la plupart des enfants de moins de dix ans était semblable. Occasionnellement, il y avait ceux qui portaient les signes de leur futur pouvoir ou potentiel, mais beaucoup d'enfants partageaient une innocence qui créait une aura sans forme qui tourbillonnait autour d'eux, libre et joyeuse. L'aura de Dumbledore était pleine de fils brillants, se transformant en images variées, changeant en fonction du problème particulier auquel il faisait face. Celle du petit Harry était… différente.

Des étincelles de lumière scintillantes, presque comme des étoiles, tournaient autour de lui, les couleurs changeant et se mélangeant pour former de nouvelles sphères de couleur qui réagissaient à la magie qui entourait son hôte. Les yeux de Harry s'éclairèrent alors que ses mains jouaient avec les orbes, et sa magie obéit joyeusement et créa des balles colorées pour qu'il puisse jouer avec. Dumbledore pouvait à peine voir Harry au milieu du reflet étincelant de la magie l'entourant, et alors qu'il laissait disparaître le sort de révélation, les balles flottantes restèrent et les rires de Harry emplirent le bureau. Dumbledore cligna des yeux, stupéfait. Harry était… Sa magie était étonnante. Les couleurs lui rappelaient un miracle vu il y avait longtemps, et voir ça ici, entourant un petit garçon, était quelque chose… quelque chose de complètement inattendu. Il s'assit et regarda Harry jouer et glousser jusqu'à s'endormir.

Il souleva doucement Harry et l'allongea dans le berceau métamorphosé à partir d'une étagère autrefois bien utilisée. Ce sacrifice en valait la peine. Dumbledore se pencha vers Harry, sachant qu'il ne pouvait l'élever, sachant qu'il devrait trouver quelqu'un d'autre pour montrer à l'enfant son chemin, et cela brisa un peu son coeur. Il retourna à son bureau et sortit le rouleau de parchemin qu'il avait demandé aux gobelins trois jours plus tôt.

Le testament des Potter. Chaque personne sur cette liste était morte, inéligible ou en prison. Sirius Black, à Azkaban, et quelle tragédie c'était. Peter Pettigrew, mort. Frank et Alice Longbottom. Au service des maladies incurables de St Mungo. Les Fleating, morts. Remus Lupin, un loup-garou, non-autorisé à avoir Harry selon les règles du Ministère. Les Bones, morts et Madame Bones n'était pas en mesure de s'occuper à la fois de sa nièce et de Harry après avoir perdu l'ensemble de sa famille. Les Kingston, morts. Et le recours que Dumbledore avait planifié en découvrant le sort que Lily avait utilisé pour protéger Harry, était tombé à l'eau quand Minerva lui avait rapporté qu'ils étaient morts. Harry était seul au monde.

De nombreuses familles magiques adoreraient prendre en charge l'enfant, en seraient heureuses, ouvriraient leurs coeurs à cette possibilité, mais suite aux destructions des batailles et aux tragédies, Harry avait besoin d'un foyer stable, un qui ne le mettrait pas sur un piédestal ou qui ne s'inclinerait pas à la moindre de ses volontés.

Fawkes surgit, atterrit sur la chaise de Dumbledore et siffla doucement. Dumbledore soupira :

« Oui, je sais. Je ne peux pas le prendre, Fawkes, ce n'est pas en mon pouvoir. Hogwarts n'est pas appropriée pour un si jeune enfant. Ce n'est juste pas possible. Je suis incapable de prendre soin de lui comme je devrais. Je ne peux pas l'éduquer en sachant parfaitement que je pourrais l'envoyer à sa mort. J'ai besoin que quelqu'un le recueille. L'accueille, l'éduque en ce qu'il doit devenir. »

Fawkes siffla à nouveau, plus fort.

« Chut, l'enfant. Il vient de s'endorm… »

Fawkes lança un sifflement aigu avec impatience, pointant de son aile un petit objet cylindrique sur une table proche. Une relique du passé de Dumbledore.

Les yeux du vieil hommes, à présent larges derrière ses lunettes en demi-lune, étincelèrent de compréhension. Oui, oui, s'il pouvait trouver cet homme… un homme si étrange et si puissant serait capable de prendre soin de Harry, le garderait en sécurité. Il était complètement inconnu, Voldemort ne savait rien de lui. Dumbledore avait fait des recherches sur l'homme après qu'il s'était réveillé de sa stupeur enivrée. Il n'y avait aucune information sur lui, juste des rumeurs et des mystères. Un tel homme capable de garder secrète son identité, mais avec un tel pouvoir, était quelqu'un qui pouvait l'aider.

Il se leva et prit l'objet, l'examinant avec attention. Il se souvenait du jour où on le lui avait donné, les raisons pour lesquelles il avait reçu cet étrange appareil.

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Le dernier sort terminant le duel vola dans les airs, un sort simple et presque non-remarquable, un enseigné à tous les étudiants de première année, un sort de pétrification. Mais le duel avait duré si longtemps que c'était tout ce qu'il pouvait envoyer à son vieil ami, son ancien amant, et il regarda l'homme qui avait terrorisé l'Europe et presque causé la destruction de la planète s'effondrer, immobile et silencieux, incapable de bouger, la Baguette de Sureau à présent échappée à quelques pieds de sa main.

C'était fini. La guerre, le duel, était finis, et Dumbledore y avait mis fin. Il bascula sur ses pieds, abaissa sa baguette et, avec des larmes silencieuses, regarda les Aurors restant stupefixier le plus dangereux Mage Noir de l'histoire, le ligoter pour l'emporter à Nurmengard, une ironie cruelle qui fit ricaner faiblement Dumbledore. Oui, il avait vaincu Gellert Grindelwald. Il sentit son coeur se briser un peu plus

Quand la baguette qui avait été leur obsession vola dans sa main et qu'il entendit le chant de son pouvoir le proclamant comme son nouveau maître, il ne put empêcher le rire qui éclata de sa gorge. Oui, la cruelle ironie de cette histoire. Il était maintenant en possession de cette arme antique et puissante. Il ignora les regards de la foule, les murmures alors qu'il chancelait ailleurs pour s'écrouler à la limite du paysage ruiné et brûlé. Il avait commis la plus grande erreur de sa vie, il avait pratiquement détruit toute vie sur terre à cause de sa fierté, sa confiance absolue en son intelligence. Les larmes coulèrent sur ses joues.

« Vous êtes un brave homme, Albus Dumbledore. Je vous admire. »

La voix, inconnue mais avec un accent étrange, du nord, attira complètement son attention. Il leva les yeux.

L'homme qui venait de lui parler semblait jeune, large visage, grand sourire et grandes oreilles, mais Dumbledore avait appris la valeur de regarder au delà des caractéristiques d'un visage. Ses yeux étaient anciens. Anciens et puissants et infiniment tristes. Le sourire sur ses lèvres étaient en complète contradiction avec ce qu'il voyait dans ses yeux.

« Qui êtes-vous, ami ? »

L'homme rit.

« Oui, je suppose que c'est la question, n'est-ce pas ? Je suis le Docteur. »

Dumbledore cligna des yeux. Docteur ? Cet homme était un moldu ? C'était impossible. Cet endroit était ensorcelé avec des sorts repousse-moldus. Il ne serait pas capable de le voir.

« Docteur qui ? Je ne vous ai jamais rencontré avant, et je suis certain que je me souviendrais de vous si c'était le cas. »

L'homme sourit, aidant Albus à se lever. Le Docteur était plus grand de quelques centimètres.

« Juste le Docteur. Et non, jamais rencontré avant. Mais je dois dire, c'était plutôt fantastique. Et encore plus parce que vous ne l'avez pas tué, malgré tout ce qu'il a fait. Toute la misère qu'il a infligée. Je ne peux que vous féliciter pour ça. Un autre n'aurait pas eu la force de le garder en vie. »

Dumbledore secoua la tête :

« Pas du courage, mais de la lâcheté. Il est mon erreur, quelque chose dont je dois prendre la responsabilité. Le tuer ne m'absoudrait pas de ce fardeau. Je dois tenter de le sauver, de lui donner une chance de voir l'erreur de ses choix, et si non, le laisser mourir de vieillesse quand il ne peut plus blesser personne. Il est un rappel de ce que je pourrais devenir si je me laissais oublier que je suis faillible. »

Le sourire du Docteur s'agrandit :

« Vous êtes fantastique. L'épitomé de fantastique. Épatant. »

Le Docteur regarda Dumbledore de haut en bas.

« Venez, laissez-moi vous offrir un verre. Le champion mérite au moins ça. »

Le Docteur attrapa la main de Dumbledore et s'avança vers Hogsmeade et le pub. Dumbledore cligna des yeux devant la soudaine exubérance de l'homme qui le tirait, et se demanda pourquoi il n'en était pas offensé, ni même tentait de discuter. Il décida qu'il était trop fatigué pour protester, et si cet homme allait lui offrir un verre, et bien, qui était-il pour discuter ? Il aurait bien besoin d'un verre. Bientôt, il serait harcelé par une foule de reporters qui attendraient juste qu'il se montre pour lui dire combien son duel était génial, pour le féliciter d'avoir vaincu Gellert, d'avoir sauvé le monde. Il n'était pas vraiment prêt pour ça.

Une part d'Albus savait que l'homme au regard ancien ne le complimenterait pas avec des mots vides. Chaque mot que l'homme prononçait donnait l'impression que le monde se basait dessus pour prendre sa prochaine respiration. Il réfléchissait toujours alors qu'il était tiré dans un pub vide. Il aurait pu jurer que la porte était verrouillée ; presque chaque porte était verrouillée et barricadée pour le moment, à cause de la proximité du champ de bataille, mais apparemment pas celle-ci. Ou bien le Docteur avait réussi à l'ouvrir sans qu'il ne le réalise. Albus le regarda avec une nouvelle estime. Cet homme était puissant. Étrangement puissant.

Une chaise au bar fut tirée et Dumbledore fut cérémonieusement assis dessus. Le Docteur courut derrière le bar et sortit quelque bouteilles de Whisky Pur Feu, en ouvrit deux et en tendit une à Dumbledore.

« A la responsabilité, donc, Albus Dumbledore. »

Albus leva un sourcil. Vraiment bizarre, cet homme.

« A la responsabilité. »

Il vida la moitié de la bouteille.

« Qui êtes-vous, Docteur, pour paraître si jeune et avoir des yeux si vieux ? »

Le Docteur eut un demi-sourire :

« Quelqu'un qui a survécu à la guerre. Vous aussi avez un regard vieux, un regard plus vieux que ce que votre âge laisse paraître. A soixante-deux ans, vous avez un regard très vieux. La guerre et les batailles peuvent vieillir quelqu'un au delà de leur âge réel, Albus Dumbledore. Et quelqu'un qui doit défendre tout un monde contre quelqu'un qui était auparavant un ami cher en vieillira d'autant plus. »

Dumbledore cligna des yeux :

« Comment savez-vous autant de moi alors que je ne connais rien de vous ?

— Ça n'a pas vraiment d'importance. En plus, vous êtes celui qui vient de gagner. »

Dumbledore secoua la tête :

« Je n'ai pas vraiment gagné quoi que ce soit. J'ai juste vaincu mes propres erreurs.

— C'est une victoire en soi. Ce n'est jamais trop tard pour réaliser ses erreurs et apprendre d'elles. Je vous ai regardé vous battre contre votre vieil ami, essayer de le changer, et réaliser la futilité de ceci. Durcir votre coeur et le vaincre et le condamner à la prison plutôt qu'à la mort. Et c'était fantastique. Vous, les humains, vous ne cessez de me surprendre. L'effort vaillant que certains d'entre vous acceptez pour changer les choses pour le mieux, ça ne cesse jamais de me surprendre et m'émerveiller. Et vous, Albus Dumbledore, êtes juste fantastique. Absolument brillant. Vous êtes la raison pour laquelle la race humaine est si parfaitement fantastique. Vous cherchez toujours à réparer vos erreurs, à faire de ce monde un endroit meilleur. C'est un honneur, Albus Dumbledore. Un honneur. Dans tous les sens possibles. »

Dumbledore sursauta à ces mots et chercha un mensonge sur le visage du Docteur. Il n'y en avait pas. Simplement de l'honnêteté et un peu d'émerveillement, comme s'il ne pouvait pas vraiment croire que Dumbledore était réel.

« Qui êtes-vous. Vous parlez comme si vous n'êtes pas humain, mais je peux bien voir que vous l'êtes. Vous n'avez aucune caractéristique non-humaine.

— Aucune importance. Je veux qu'on parle de vous. Vous et Gellert Grindelwald. Il y a une histoire intéressante ici, une dont je suis certain que vous n'avez parlé à personne d'autre. »

Dumbledore but une nouvelle gorgée, sentant le Whisky Pur Feu glisser dans ses veines et brouiller un peu son esprit. Bon, ça lui enlèverait un poids de ses épaules, et cet homme ne lui reprocherait rien. Rien du tout.

« Gellert et moi étions de bons amis, les meilleurs amis possible. Je l'ai aimé, il y a longtemps. Avant qu'on se sépare. Je l'aime toujours, en fait. C'était le seul à qui je pouvais m'identifier. Le seul suffisamment rapide pour me suivre. J'étais un idiot arrogant à l'époque, à penser que j'étais au dessus de tout le monde parce que j'étais plus intelligent qu'eux. J'étais si en colère, aussi, envers le monde, envers les moldus pour leur intolérance, envers les sorciers pour leur incompétence, envers le gouvernement pour leur obéissance aveugle à l'opinion publique. Nous pensions que nous pouvions changer tout ça. Rendre le monde meilleur, même si nous devions tuer quelques personnes pour ça. C'était pour le plus grand bien, alors que pouvaient bien signifier quelques vies ? »

Dumbledore leva les yeux vers l'homme à qui il parlait et ne vit aucun jugement dans son regard. Il écoutait, vraiment. Dumbledore finit la bouteille, en attrapa une autre.

« Ma petite soeur, Ariana. Elle avait été attaquée par des moldus quand elle était petite, parce qu'ils l'avaient vue jouer avec la magie. Ils l'ont battue, elle était si traumatisée qu'elle ne pouvait plus contrôler sa magie, elle était à peine cohérente la plupart du temps, et quand elle l'était, elle n'avait aucun sens. Mon père a été à Azkaban pour avoir attaqué les garçons, et Ariana a tué ma mère par accident quelques années plus tard, peu après que j'ai terminé l'école. J'ai rencontré Gellert à ce moment-là, alors qu'on allait vivre chez un proche.

Il était brillant, son esprit était absolument brillant, peut-être plus intelligent que moi. Ses idées étaient séduisantes. Elles ont captivé mon attention et nous avons planifié. Nous devions trouver toutes les Reliques de la Mort, nous devions diriger les mondes magique et moldu, nous devions les rendre meilleurs. Puis quelque chose a changé. Nous nous disputions sur un des points du plan, moi, mon frère et Gellert. Il y a eu un duel, et Ariana a été prise au milieu de ça. Elle a été tuée. Je ne sais toujours pas aujourd'hui qui l'a tuée, mais à sa mort, tous les plans que nous avions fait se sont écroulés. Gellert est parti, pour accomplir nos projets seul, et quelque part en route, il a changé. Il a tant changé. Rituels, magie noire, cela l'a corrompu complètement. Il a trouvé la Baguette de Sureau, il a commencé à rassembler des fidèles, à captiver leur esprit et leur imagination avec l'idée d'un monde dominé par la magie. Et quand le monde moldu est entré en guerre, il a transformé l'Europe en un champ de bataille.

Je ne pouvais pas aider. J'ai juste observé, gardé la Grande Bretagne en dehors de ça, et ignoré les appels à l'aide. Gellert a été la seule personne que j'ai considéré comme un ami, et maintenant, j'étais le seul à pouvoir le vaincre. Le monde entier me suppliait de combattre. Quand j'ai entendu la destruction qu'il a apportée, la guerre moldue qu'il manipulait, les morts qu'il avait causées, j'ai su que je n'avais pas le choix. Je devais le battre. Il était ma responsabilité, mon erreur, mon passé. Je l'ai attiré ici, en Grande Bretagne. Je l'ai défié, l'ai tenté avec la Cape d'Invisibilité dont je connaissais l'emplacement. Il est venu, comme prévu. Et nous nous sommes battus. »

Dumbledore fit une pause. Il regarda sa deuxième bouteille presque vide, puis le Docteur. Les yeux de l'homme n'étaient pas compatissants, accusateurs ou réprobateurs. A la place, ils étaient plein de compréhension. Dumbledore laissa couler sur ses joues les larmes qu'il avait cherché à retenir.

« J'ai vaincu l'homme que j'avais compté parmi mes amis, que j'avais aimé. Mais je ne pouvais pas le tuer. Je ne pouvais pas le condamner à mort, malgré ses crimes. Ce n'est pas à moi de décider qui doit vivre ou mourir. Je ne peux pas avoir ce pouvoir. C'était ce qui m'avait aveuglé auparavant par rapport au monde et ce qu'il était vraiment. Je ne pouvais pas faire ça à nouveau. Donc je l'ai laissé vivre. Et je dois vivre avec mes erreurs pour le reste de ma vie. »

La bouteille était vide et Dumbledore chancela sur sa chaise.

« Est-ce que ce que j'ai fait est bien ? Est-ce que j'ai fait le bon choix, de le laisser vivre ? »

Il regarda l'homme aux yeux anciens. Le Docteur lui sourit :

« La malédiction de l'intelligence, Albus Dumbledore, est de se poser cette question et de ne pas connaître la réponse. Gellert Grindelwald était puissant et corrompu, aurait détruit le monde si vous ne l'aviez pas arrêté. Mais en ne le tuant pas, vous avez prouvé que vous étiez un meilleur homme, car il vous aurait tué s'il avait été à votre place. Vous avez la chance de pouvoir réparer vos erreurs, rendre le monde meilleur. Et ça, Albus Dumbledore, c'est vraiment fantastique. »

Le Docteur fixa intensément Dumbledore, ses yeux semblant percer son âme. La bouche toujours souriante se plissa, sans vraiment se froncer, mais plus vraiment souriante. Dumbledore but rapidement le reste du Whisky Pur Feu dans sa bouteille et attendit. L'homme ne devait pas être pressé, à moins que ce ne soit lui qui se presse.

Puis, sans avertissement, le Docteur fit précipitamment le tour du comptoir et lui attrapa la main.

« Venez, j'ai quelque chose à vous montrer. »

Et, comme il avait été entraîné dans le pub, il en fut tiré en direction des bois. Ses pieds essayaient frénétiquement de suivre les pas énergiques de l'homme et il pouvait à peine voir où il marchait, à part repousser les branches et brindilles sur son passage.

Toutefois, il en manquait quelques unes et les sentit frapper ses joues. Des ronces s'accrochaient à ses robes et ses chaussures, pas faites pour courir, commençaient à lui faire mal aux pieds.

« Où allons-nous ? » cria Dumbledore.

Il reçut en réponse un sourire, large et plein de malice.

« Quelque part fantastique, » fut la réponse.

Dumbledore aurait soupiré s'il avait eu le souffle pour ça. A la place, quand il s'arrêta net devant une boite bleue surmontée du mot «Police», tout ce qu'il put faire fut se pencher et respirer profondément. L'énigmatique Docteur lui sourit et fit un geste grandiloquent en direction de la boite bleue, un grand sourire aux lèvres. Dumbledore leva les yeux :

« Et vous m'avez emmené voir une cabine de police moldue parce que… ? »

Il était un peu trop saoul pour se souvenir de toute ses manières. Cela ne sembla pas perturber le Docteur, dont le sourire s'agrandit, et il ouvrit la porte.

« Ça, Albus Dumbledore, est ma maison. Venez, montez à bord. Je veux vous montrer quelque chose. »

Dumbledore se redressa et retrouva quelques unes de ses fonctions motrices, suffisamment pour entrer dans la boite bleue. Il cligna des yeux.

« Ce sont des Charmes d'Agrandissement magnifiques. Je dois vous féliciter. Je n'ai pas pu les détecter de l'extérieur, ce qui est vraiment un exploit. »

Dumbledore trébucha.

« Mais je suis aussi assez ivre, donc c'est compréhensible. »

Le Docteur secoua la tête :

« Bien sûr. Les sorciers. Vous attendez toujours l'inattendu. Et moi qui m'attendais à vous voir vous précipiter dehors à nouveau. Bon, peu importe. On ne peut pas toujours avoir ce qu'on veut. »

Les portes derrière Dumbledore se fermèrent sans prévenir.

« Alors, vous allez rester là ou monter me rejoindre ? »

Dumbledore lança un second regard plus attentif sur cet endroit que le Docteur appelait maison. Les murs étaient arrondis, avec ce qu'il semblait être des lumières surgissant de tous les endroits imaginables. Une rampe grimpait vers un pont circulaire supportant une quantité impressionnantes de boutons, leviers, poignées et écrans. Quelques chaises étaient installées d'un côté et une longue colonne avec une sorte de mécanisme pulsant à l'intérieur.

Dumbledore grimpa la rampe, s'agrippant à la rambarde, tenant debout par la seule force de sa volonté. Deux bouteilles de Whisky Pur Feu pouvaient faire pas mal de dégâts sur quelqu'un qui avait déjà sa magie épuisée, et en ce moment, Dumbledore aurait pu à peine conjurer une lumière même s'il était dans la plus sombre des pièces. Il s'assit sur une chaise alors que le Docteur lui faisait un grand sourire de l'autre côté de la console.

« Alors ? Qu'est-ce que vous pensez d'elle ? Une beauté. »

Il tapota le dessus de la console, lui lançant un sourire plein d'une telle affection que le coeur de Dumbledore fut rempli de bonheur. Il ne put que hocher la tête en guise d'accord. Comment pouvait-il ne pas être d'accord, alors que l'homme aimait clairement… peu importe ce que c'était. Mais c'était, dans un sens particulier, beau. Étrange et bizarre, mais beau.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il doucement, le regard sur les boutons.

Il hésitait à appuyer dessus, ne connaissant par leur fonction. Il avait appris à être prudent avec les affaires des autres au fil des années.

Le Docteur contourna la console, tournant des choses et pressant des boutons et poussant des leviers.

« Elle est ce qui me permet de voir la beauté du monde. Quelque chose dont, je pense, vous avez désespérément besoin. Donc, accrochez-vous, Albus Dumbledore, car c'est parti ! »

Et avec ce mot, il poussa une manette avec une main, et tourna un cadran de l'autre, et toute la pièce bougea. Dumbledore faillit tomber de son siège, sauvé par l'utilisation d'un rapide charme d'adhésion (minuscule magie sans danger). La pièce tourna et Dumbledore agrippa quelque chose de solide pour se tenir. Il ne trouva que la chaise à côté de lui.

« Et bien, c'est un appareil plutôt violent, n'est-ce pas ? Toutes ces secousses et tremblements et tourbillons… C'est toujours comme ça ? »

Le Docteur eut un grand sourire :

« Ouaip. J'ai loupé mon permis, en fait, mais elle fonctionne toujours parfaitement ! Nous y voilà. »

Dumbledore sentit la pièce s'arrêter brusquement, s'arrêter de trembler et de secouer et de tourner. Tout ça, en un instant, à part une impression de flottement. Le Docteur courut vers la porte, passant devant le sorcier toujours en train de se remettre de ses émotions.

« Venez, venez voir. C'est pour ça que je vous ai amené ici. »

Il annula le charme d'adhésion, se laissa glisser du siège et souhaita se souvenir de la formule du sortilège de Dégrisement. Elle lui échappait pour le moment, donc il trotta vers le Docteur et sa mystérieuse surprise. Il s'attendait à voir un paysage ou un autre. C'était un magnifique et immense Portoloin. A présent, il se demandait où il avait atterri.

Si le Docteur ne lui avait pas attrapé le bras, il serait tombé dans la nuit au delà de la porte. Il s'arrêta, stupéfait. S'il ne se trompait pas, il se trouvait dans l'espace. Mais c'était impossible. Une brillante illusion ou quelque chose comme ça. Une illusion vraiment merveilleuse.

« De quelle sorte de magie s'agit-il ? Elle ne m'est pas familière. L'illusion est parfaite. Je ne peux détecter aucun sort qui la maintient. Merveilleux. Absolument époustouflant. »

Dumbledore entendit le Docteur soupirer, de l'amusement clair dans sa voix alors qu'il répondit :

« Les sorciers, toujours à penser à un sort. Ce n'est pas un sort, aucune magie que vous ne connaissez. Ça, c'est la création, Albus Dumbledore. Regardez, les nuages de gaz tourbillonnant ensemble, créant et construisant et démarrant un tout nouveau système solaire. Regardez bien, Albus Dumbledore, parce que vous, qui avez vu tant de mort et de destruction, être en train de regarder la naissance de la Terre. Vous êtes en train de regarder les tous débuts de l'étoile Sol, la formation des neuf planètes de votre système solaire, la création des éléments de la vie. C'est la magie de l'univers, travaillant et bougeant et tirant et poussant dans un infini miracle appelé création. »

Chaque geste et chaque mot du Docteur étaient emplis de tant de certitude, de vérité, d'une absolue conviction, que Dumbledore ne pouvait s'empêcher de les sentir résonner jusque dans son âme, l'écho de ces mots envahissant son esprit, son coeur, ses pensées. Il regarda plus attentivement, à nouveau, au delà des portes de l'étrange petite boite bleue.

Un nuage de gaz multicolores tournait autour d'une brillante lumière jaune, se pliant et se fronçant et s'étalant en disques, en anneaux, pour créer les planètes. Les couleurs, rouges, bleus, verts, jaunes, marrons, oranges, noirs, toutes les couleurs du monde, de l'univers, se rassemblant et se rencontrant et se mélangeant, projetant des nuages dans la noirceur d'encre, se rassemblant et s'éparpillant, tournant furieusement autour d'eux-mêmes, sur des millions et des millions de kilomètres, plus loin que les yeux de Dumbledore pouvaient voir.

L'obscurité qui traînait dans son regard depuis qu'il s'était battu contre Grindelwald, depuis qu'il avait vu sa soeur mourir, depuis qu'il avait pris conscience de ses erreurs, fut bannie pour ces quelques minutes qu'il passa à observer la création, cette brillante, fantastique naissance de la vie elle-même. Ce miracle. Il sentit ses pieds céder sous lui et sentit le Docteur l'aider à s'asseoir sur le bord, laissant pendre ses jambes en dehors du cadre de la porte.

« C'est… c'est merveilleux. » souffla-t-il, accusant le coup.

Le Docteur eut un murmure d'agrément.

« C'est la naissance, la création, là où tout commence. Parmi toutes ces particules de gaz sont les ingrédients de la vie sur Terre, les fleurs et les oiseaux et les arbres et l'eau, les chatons et les nuages et toute vie humaine. La possibilité de rire, de sourire et d'être heureux. Tout est là, tourbillonnant autour de nous. C'est… »

Il s'arrêta, incapable de trouver le mot adéquat.

« Fantastique, dit le Docteur en s'agenouillant derrière lui. Le mot que vous cherchez est Fantastique. C'est absolument fantastique.

— Oui, je ne saurais être plus d'accord. »

Il se tourna vers l'homme remarquable derrière lui :

« Pourquoi me montrez-vous ça ? Pourquoi suis-je la personne à qui vous avez choisi de montrer ça ? »

Le Docteur sourit doucement :

« Vous, Albus Dumbledore, avez besoin de quelque chose pour vous souvenir que tout n'est pas noir et destructeur, qu'il y a de la beauté dans l'univers. Vous êtes important, plus important que vous ne pouvez seulement l'imaginer. C'est un plaisir de vous montrer à nouveau cette beauté, de vous montrer les merveilles d'un univers empli de bien plus de vie que vous ne pouvez l'imaginer. »

Le Docteur regarda au dehors la masse tourbillonnante des éléments :

« J'ai toujours aimé regarder la création de la vie. C'est quelque chose de si réconfortant qui ne manque jamais de me rappeler qu'il y a de la bonté quelque part. Je voulais partager ça avec quelqu'un qui en avait aussi besoin que moi. »

Dumbledore regarda l'homme qui l'avait entraîné dans un monde brillant et lumineux, regarda les traits de son visage, la douceur dans ses yeux. Cet homme… sa vie devait être remarquable, de pouvoir voir de l'espoir dans quelqu'un d'aussi sombre que lui, d'écouter son histoire, de l'emmener assister à un miracle, de ne jamais demander quelque chose de Dumbledore. Ses yeux étaient si vieux, si pleins de rage et de tristesse et de colère et de joie, avec un impossible espoir et un émerveillement survivant derrière toute la dévastation pleinement visible sur son visage. Si quelqu'un pouvait un jour capturer toute l'émotion contenue dans ses yeux, Dumbledore était certain que cela submergerait certaines personnes au point de les rendre folles. Alors, au lieu de parader et de se montrer obséquieux envers un homme qui devait avoir reçu le salut de rois, il posa une main sur son bras, attendit que ces yeux remarquables se posent sur lui, et dit doucement :

« Merci. »

Le sourire qu'il obtint en retour débordait d'un bonheur extatique.

« C'est mon plus grand plaisir, Albus Dumbledore. Mon plus grand plaisir. »

Pendant quelques heures, les deux hommes restèrent assis et regardèrent la naissance d'un système solaire entier, absorbant la beauté de l'événement, se laissant aller à la fantasticité de l'univers. Alors que Dumbledore commençait à s'endormir, sa tête penchant en avant, le Docteur le ramena à l'intérieur, le faisant s'appuyer sur le panneau de contrôle.

« Merci, Albus Dumbledore, pour tout. »

Dumbledore cligna des yeux. Ce n'était pas les mots qu'il s'attendait à entendre.

« Pourquoi… vous me remerciez… moi ? Vous avez tant fait pour moi… Je ne peux pas vous rendre la pareille. »

Le Docteur eut un petit rire :

« Albus Dumbledore, le plus grand sorcier depuis Merlin lui-même. Vous m'avez rendu l'espoir. Vous regarder vous battre contre une incarnation du mal et épargner sa vie, vous m'avez donné l'espoir que je pouvais changer, que je pouvais trouver ça à nouveau en moi. C'est une chose merveilleuse, de vous voir, votre existence et votre futur. Vous êtes fantastique, Albus Dumbledore. »

Dumbledore sourit :

« Vous êtes… un homme remarquable, Docteur. Vos… yeux. Ils sont si âgés, si pleins de désespoir, de deuil et d'espoir. Je… J'espère que vous trouverez ce que vous… cherchez. »

Les yeux de Dumbledore se fermèrent presque. Le Docteur rit doucement :

« Vraiment fantastique. A la hauteur de votre génie. »

Dumbledore sentit quelque chose de cylindrique être pressé dans sa main.

« Ceci peut me contacter, si vous avez un jour besoin de mon aide. Même des âmes remarquables peuvent avoir besoin d'aide parfois. Vous pouvez m'appeler avec ça. Si je peux, je viendrai vous apporter l'aide dont je suis capable. »

Il ferma la main de Dumbledore autour de l'objet :

« Au revoir, pour le moment, Albus Dumbledore. »

Dumbledore ferma les yeux, endormi, rêvant de nuages tourbillonnants de poussière et de vie et de création. Il se réveilla près d'un arbre, sa main toujours fermement serrée autour de l'objet donné par le Docteur. Il sourit. Que ç'ait été une illusion ou non, magique ou réelle, le Docteur lui avait donné quelque chose qu'il n'avait plus depuis un moment.

De l'espoir. De l'espoir, de la joie, de l'émerveillement. Un émerveillement que seuls les jeunes enfants possédaient, à part pour l'homme aux yeux anciens. Dumbledore se redressa et agrippa le cylindre argenté. Un jour, un jour il pourrait voir cet homme remarquable à nouveau, et il pourrait le remercier adéquatement, lui demander pourquoi ses yeux étaient si vieux, lui demander si les choses qu'il avait vues dans la boite bleue étaient réelles. Mais d'ici là, il vivrait et espérerait et verrait le monde avec des yeux émerveillés aussi longtemps qu'il serait en vie.

Il avança vers le son des voix. Il pouvait faire face aux hordes de reporters à présent, à présent qu'il avait à nouveau de l'émerveillement dans son coeur. Les reporters n'étaient rien par rapport au Docteur, ils étaient juste une nuisance.

~~~~~~~~~~~~~~ C'est un saut de ligne ~~~~~~~~~~~~~~

Il se souvenait encore de ces heures passées à regarder la création tourbillonner autour de lui, les couleurs. Dans ses heures les plus sombres, il regardait dans sa pensine et revivait cet instant, le regardait à nouveau, regardait la naissance des mondes.

Maintenant, dans le présent, avec un enfant endormi qui n'avait aucune maison et une maigre chance d'avenir, Dumbledore tourna l'étrange petit appareil dans ses mains. L'objet ne semblait pas avoir vieilli d'un jour depuis qu'il lui avait été donné. La coque argentée, les trois boutons bleu vif en haut, toujours brillants à la lumière. L'homme remarquable qui lui avait donné ça était puissant, puissant et dangereux et compatissant et fantastique. Il était quelqu'un qui pouvait élever Harry, lui montrer les merveilles de la vie. Maintenant, tout ce qu'il devait faire était l'appeler et le convaincre. Il avait le sentiment que ce serait plus dur qu'il ne le paraissait. Il fit courir son doigt avec hésitation sur le bouton du haut et s'arrêta. Il regarda Fawkes.

« L'appeler est la bonne chose à faire, n'est-ce pas ? »

Fawkes carillonna gaiement. Dumbledore hocha la tête avec plus de certitude. Il appuya le bouton. Alors que l'appareil pulsait, il pouvait seulement espérer que le Docteur viendrait rapidement. Petit Harry commençait à se réveiller, et Dumbledore ne savait pas combien de temps il pourrait prendre soin du bébé. Il secoua le berceau, espérant bercer l'enfant pour qu'il se rendorme. Le garçon sombra dans un sommeil agité, ses poings serrés à côté de sa tête. Fawkes vola et atterrit à la tête du berceau de Harry, chantant doucement et permettant au garçon de dormir plus profondément. Dumbledore lança un regard reconnaissant à son familier. Cela lui avait certainement épargné du temps et un mal de tête.

Il retourna à son bureau et à l'appareil qui était resté avec lui pendant des années, des décennies. Il espérait que le Docteur ne mettrait pas beaucoup de temps à arriver, ou qu'il n'était pas mort. Ce serait plutôt malencontreux. Il soupira et appuya sa tête dans ses mains.

« Fawkes, mon cher, comment allons-nous bien pouvoir résoudre ça ? Je ne crois pas qu'il y ait pire défi que d'élever un enfant. »

Il entendit l'alarme de la statue gardienne résonner.

« Ah, ça doit être Minerva avec la liste des élèves qui reviennent. Quelque chose pour penser à autre chose que tout ce désordre. »

On frappa rapidement à la porte et il invita le visiteur à entrer.

« Oui, Minerva, j'espère vraiment que cette liste est prête… »

Dumbledore leva les yeux. Oui, c'était Minerva, mais une autre personne était avec elle, un jeune homme dans un costume bleu foncé et un long manteau brun, étudiant le bureau avec un intérêt avide.

« Je dois dire que votre château est vraiment spectaculaire, Albus Dumbledore. Tous ces escaliers qui bougent et ces portraits qui parlent. Brillant, vraiment. Une utilisation si inventive de l'énergie psionique. Vous l'avez manipulée de manière si intense que j'ai failli ne pas la reconnaître. Vous êtes vraiment des choses étranges, les humains. Vous changez tant quelque chose de si commun que ça en devient quelque chose de si propre à vous. Brillant ! »

Un large sourire plein de dents blanches éclaira la pièce. Dumbledore le regarda avec étonnement.

« Dumbledore, qui est cet homme ? Il est juste apparu, se promenant dans les couloirs et vous demandant. Je dois admettre qu'il est plutôt étrange, encore plus que vous si c'est possible. Parlant sans arrêt d'énergie et de particules et s'arrêtant à tous les portraits pour leur poser des questions personnelles. Plutôt étrange, si vous voulez mon avis. »

Minerva se tenait près du berceau de Harry, la main sur le cadre en bois, les yeux perçants demandant des explications derrière ses lunettes brillantes.

Dumbledore se leva :

« Si je ne me trompe pas, c'est l'homme qui a écouté mon bavardage insensé il y a de nombreuses années. Étrange, toutefois. Je me souviens de vous avec de grandes oreilles et moins de cheveux. »

Le Docteur eut un large sourire :

« Ah oui, c'était il y a toute une vie, vraiment. Toute une vie. Je dois dire que je préfère ce visage. Les cheveux sont plus épais, même si j'aurais vraiment aimé qu'ils soient roux. Je n'ai jamais été roux. »

L'homme tira une mèche de cheveux. Minerva haussa un sourcil :

« Est-ce que vous avez besoin de moi, Albus ? Je dois vraiment finir cette liste. »

Dumbledore jeta un regard vers Minerva :

« Oui, oui, c'est tout bon. Merci de lui avoir montré le chemin. Je soupçonne qu'il se serait promené un moment sans cela. »

Minerva étudia un instant le Docteur, puis Dumbledore.

« Bien. Je reviens plus tard avec cette liste. »

Elle sourit en direction de Harry endormi :

« Bonne nuit, Harry. Dors bien. »

Elle quitta la pièce, laissant le Docteur et Dumbledore seuls.

« Donc vous êtes vraiment lui, le Docteur qui m'a montré mon miracle il y a tant d'années. Vous paraissez différent. Une explication ? »

Dumbledore s'installa derrière son bureau, regardant l'homme devant lui. Il était grand, mais peut-être quelques centimètres plus petit qu'avant, avec une silhouette plus mince et un visage anguleux. Ses cheveux étaient ébouriffés, les pointes dressées et son sourire était encore plus grand, si possible. Ses yeux, cependant, étaient toujours aussi vieux, encore plus vieux qu'auparavant. Ce fut ce qui convainquit Dumbledore qu'il s'agissait du même homme. Personne ne pouvait simuler l'âge dans les yeux de cet homme.

« Ah, et bien, vous savez. Des choses arrivent, le changement va et vient. Le temps est un gros bordel ([ndlt : wibbly-wobbly pour les puristes]), vraiment. Trop de fils à garder droit. Passez trop de temps à essayer de comprendre quand les choses arrivent et vous devenez fou. Vous devez simplement avancer. Tout finit par arriver, à la fin. On peut pas changer trop de choses, sinon ça vous revient à la figure après. »

Le Docteur prit un gadget tourbillonnant qui émettait une fumée rouge.

« C'est fascinant. Surveiller l'état des protections du château à partir de celles bougeant les escaliers jusqu'aux défenses à la limite du domaine. Brillant. Le flux d'énergie autour de ce château doit nourrir les ions dans le coeur, permettant au mécanisme de tourner rapidement. La couleur doit changer en fonction de quelle protection est éteinte. Ça doit être… le système de surveillance des étudiants, donc ? Puisqu'il n'y a aucun étudiant ici, n'est-ce pas ? Ça semble juste, juste tourbillon et tout… oh, et celui-ci ! Vous êtes brillant ! Surveiller le ministère. Un petit messager direct pour vous. Il doit être hors de contrôle, votre gouvernement. Ce petit gadget ne serait pas actif sinon. »

Le sourire n'était plus aussi lumineux quand il se tourna vers le Directeur, les coins étaient assombris, le deuil s'affichait dans ses joues, la dépression dans son regard. Dumbledore résista à la tentation d'envoyer une sonde de Légilimancie en direction de l'homme, pour voir ce qui était arrivé pour changer aussi dramatiquement l'équilibre émotionnel et la stabilité mentale de cet homme. Il était sûr que ce serait détecté et il ne pouvait se permettre d'avoir un homme aussi puissant en colère contre lui. Donc il garda son esprit pour lui et espéra qu'il trouverait l'opportunité de demander. A la place, il regarda l'homme qui l'avait sauvé des décennies plus tôt.

Le visage était jeune, anguleux avec de hautes pommettes. La bouche toujours souriante révélait des dents blanches et la peau bronzée était tirée sur une maigre silhouette. Ses épaules étaient plus petites, bien adaptées au costume bleu foncé à fines rayures et au long coupe-vent brun. En fait, toute sa silhouette était maigre et de longs bras glissaient les mains dans les poches. Mais toujours l'ancienne douleur sans âge se cachait dans ses yeux, le désespoir de quelque chose que Dumbledore ne pouvait nommer. L'émerveillement et la joie qui l'avaient tant inspiré étaient masqués par la rage, la douleur et le dégoût de soi qu'il cachait bien derrière un sourire et un haussement d'épaules, alors qu'il se déplaçait dans le bureau, s'émerveillant sur cet objet tournoyant, cet objet crachotant, cet autre objet sonnant. C'était étonnant à quel point il pouvait le cacher. Il se tourna à nouveau vers Dumbledore, les mains dans les poches, large sourire sur le visage.

« Donc, Albus Dumbledore, la réponse des sorciers au Génie. Le sorcier le plus intelligent sur cette Terre depuis Merlin. Pourquoi m'avez-vous appelé ? »

Dumbledore se racla la gorge et agita sa baguette, faisant apparaître une chaise rembourrée. Le Docteur eut un sourire lumineux.

« Vous paraissez peut-être différent, mais vous ressemblez à ce que je me souviens de vous, avec votre connaissance cryptique et votre regard ancien. Qu'est-ce qui vous a fait vieillir si vite pour quelqu'un qui semble si jeune ? La plupart de ceux avec un regard si ancien sont de vieux hommes avec des cheveux blancs et des rides. Leur visage et leur corps montrent leur douleur. Vous cachez la vôtre si bien derrière votre apparence jeune et votre esprit brillant que la seule chose qui montre votre douleur est vos yeux. Ça… inspire une certaine curiosité, une volonté de connaître l'homme derrière le masque, si vous me pardonnez ce cliché. »

Le Docteur sourit légèrement, plus un soulèvement des lèvres qu'autre chose. Ses yeux trouvèrent une petite sphère tournoyante puis regardèrent au delà, dans un passé que Dumbledore ne pourrait jamais connaître.

Il fut silencieux pendant plusieurs minutes, son esprit loin de là, si loin que Dumbledore se demanda s'il avait la possibilité de voyager par l'esprit. Puis sa présence revint et Dumbledore regarda ses yeux redevenir conscients. Ils semblaient à présent si fatigués, si vieux. Le Docteur soupira :

« Je m'excuse. Un voyage sur le chemin des souvenirs est plutôt un long voyage, pour moi.

— Où êtes-vous allé, Docteur ? » demanda-t-il d'une voix qui était si basse, si douce, qu'elle fut tout juste portée jusqu'aux oreilles de l'autre.

C'était une voix qui permettait d'avoir une réponse de diplomates comme d'enfants de dix ans, du plus noir des seigneurs comme du plus malicieux des enfants. Le regard qu'il reçut en réponse fut plein d'amusement et de désespoir :

« Je suis bien plus vieux que vous, Albus Dumbledore. Les souvenirs sont douloureux quand vous avez vécu autant. Tant de mal, tant de peine et de culpabilité. Tout le monde en a sa part. »

Le ton n'était ni accusateur ni réprobateur, juste doux et ferme. Et c'était une des non-réponses les plus parfaites que Dumbledore eut l'occasion d'entendre.

Un certain nombre de questions surgirent dans l'esprit du Directeur, des questions curieuses et insistantes, et Dumbledore mourait d'envie de poser toutes ces questions, mais quand il vit le regard dans ces yeux bruns qui le regardaient à présent directement, il les garda pour lui et les cacha.

« Désolé. Mes soucis ne sont pas les vôtres. »

Le Docteur passa une main aux longs doigts dans ses cheveux, respira profondément et sourit :

« Bien. Vous ne m'avez pas appelé pour parler de moi. Et si on commençait ? »

Le Docteur recula dans sa chaise, son sourire toujours fixé.

Dumbledore soupira, croisa ses doigts et s'appuya dessus. Il regarda le Docteur, le sérieux de ses yeux démentant le sourire du visage si jeune.

« Le monde sorcier est en ruines et commence juste à récupérer de pertes dévastatrices et de la destruction. Les temps sont désespérés pour moi, malgré les célébrations s'étendant sur le monde magique. Un autre fardeau du génie est de savoir quand l'ennemi est toujours en vie et dangereux, malgré toutes les preuves du contraire. »

Dumbledore baissa les yeux sur son bureau alors que le Docteur s'appuyait sur ses genoux, toujours sérieux.

« J'étais inquiet quand j'ai reçu votre appel. Je me suis demandé si vous en auriez un jour besoin, considérant votre conviction d'aider le monde et votre pouvoir personnel. Quand j'ai reçu le message, et bien, je n'ai pas pu résister de venir voir la raison pour laquelle vous m'avez appelé. »

Le Docteur s'inclina dans sa chaise et soupira :

« Vous avez vraiment un talent pour faire des chaises, n'est-ce pas ? Elles sont vraiment confortables. Brillant. »

Dumbledore eut un léger sourire :

« Oui, je suis plutôt fier de cette compétence. Cela m'a pris un certain temps avoir d'avoir le bon rembourrage. C'était d'abord trop dur, puis si mou que j'ai failli y perdre un étudiant, mais j'ai fini par y arriver. »

Dumbledore eut un sourire serein, puis secoua la tête :

« Ah bien. C'est un sujet pour un autre moment. Sur une note plus sérieuse, vous vous souvenez de ce que je vous ai dit à propos de Grindelwald, il y a tant d'années ? »

Le Docteur hocha la tête :

« Il avait pour but d'obtenir les Reliques de la Mort et la domination du monde. Je me souviens. Est-il de retour ? »

Dumbledore secoua la tête :

« Non, pas Grindelwald. Un de ses anciens fidèles, par contre, a suivi ses pas, et est allé encore plus loin. Il a cherché non seulement les Reliques de la Mort, mais également l'immortalité elle-même. Il s'est fait appeler Voldemort. »

Le Docteur renifla. Dumbledore eut un sourire sombre :

« Oui, ''Fuit-la-mort''. Un peu de français maltraité qui est maintenant une tache sombre sur la langue elle-même. Pas exactement créatif dans son choix de nom, mais son esprit est brillant. Tordu et corrompu, mais brillant quoi qu'il en soit. Il a réussi des choses qu'aucun sorcier depuis des siècles n'a fait, et s'est corrompu au delà de toute humanité. Il est devenu un être de cauchemar, enveloppé de magie noire et cherchant un moyen d'échapper à la mort. Il a tant cherché qu'il a créé des rituels. Il est devenu le sorcier le plus noir de l'Histoire. »

Le Docteur haussa un sourcil :

« Et comment puis-je aider ? Cela semble hors de ma portée, vraiment. La magie n'est pas mon domaine d'expertise. »

Dumbledore secoua la tête :

« Non, il a été vaincu très récemment, ce qui est la raison de mon problème, en réalité. C'est avec son vainqueur que j'ai besoin de votre aide. »

Un cri suraigu retentit.

« Et le voilà, réveillé à nouveau, si tôt. Venez, Docteur, rencontrez le sauveur du monde sorcier. »

Dumbledore était très satisfait de la confusion sur le visage du Docteur alors qu'il se dirigeait vers le berceau.

« Quoi ? »

Dumbledore souleva Harry qui pleurait et lui tapota le dos, le calmant jusqu'à de simples hoquets et reniflements. De grands yeux verts se posèrent sur le Docteur.

« Quoi ? »

Dumbledore eut un petit rire. Harry tendit ses bras vers le grand homme, gloussant.

« Quoi ?

— Voici, Docteur, Harry Potter, enfant orphelin de Lily et James Potter, le Survivant. »

Dumbledore tendit le petit garçon. Quand une expression paniquée s'afficha sur le visage du Docteur, Dumbledore rit ouvertement :

« Tenez-le, Docteur. Je suis sûr que dans votre longue vie, vous avez déjà tenu un enfant. »

Le Docteur haussa un sourcil :

« Oui, mais ça a été il y a de longues années… de nombreuses vies auparavant. Bien avant que vous ne pouvez imaginer… »

Le Docteur s'interrompit, prenant Harry de Dumbledore. Il le tint sur sa hanche, regardant Harry s'accrocher à sa veste. Un sourire éclaira son visage :

« Vous êtes certain que ce petit bonhomme est celui qui a vaincu ce Voldemort ? Il a l'air d'être un peu jeune… »

Dumbledore retourna derrière son bureau.

« Oui, Tom Riddle, son nom avant qu'il n'adopte ce surnom, a été vaincu par cet enfant. Je dois reconnaître que Lily a utilisé un sort, de la vieille magie, qui a donné à Harry une certaine protection, mais il n'y a pas de vraie protection contre le Sort de Mort. C'est de là que vient la cicatrice sur son front, le sortilège se retournant contre son expéditeur. Tom a été expulsé de son corps, son enveloppe mortelle s'effondrant, et il existe comme une ombre, une ombre faible, dont la colère va nourrir la croissance. Petit Harry est celui qui a été prophétisé pour le vaincre définitivement. »

Le Docteur, qui regardait avec avidité Harry mordiller son doigt, releva brusquement la tête :

« Une prophétie pour quelqu'un si jeune ? Est-ce que vous avez une copie ? »

Dumbledore hocha la tête :

« J'étais présent quand elle a été donnée. Attendez, je peux vous la montrer. »

Dumbledore se tourna vers son armoire et farfouilla à l'intérieur, avant de revenir avec un bassin de pierre.

« C'est une Pensine. Je vais vous montrer tout l'événement. Une seconde. »

Dumbledore leva sa baguette vers sa tempe, en tira un brin blanc-argenté qu'il déposa dans le bol. Il secoua une fois, les brumes suivant la pointe de la baguette, et tapa le côté.

Le Docteur regarda la silhouette d'une femme avec de grandes lunettes, de larges yeux, trop de bijoux et de couches de vêtements, s'élever du bol et commencer à parler d'une voix basse et gutturale :

« Celui avec le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche… Né de ceux qui l'ont par trois fois défié, né à la fin du septième mois… Et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore… Et un doit mourir de la main de l'autre car aucun ne peut vivre tant que l'autre survit… Celui avec le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche… »

Le Docteur fronça les sourcils :

« C'est à la fois très spécifique et pas assez spécifique. Comment peut-on savoir qu'il s'agit de ce petit là ? »

Il montra Harry, qui tirait à présent joyeusement sur son manteau. Dumbledore soupira.

« C'était le problème. En premier lieu, cela pouvait désigner Harry ou un autre garçon, Neville Longbottom. Toutefois, Neville n'a jamais fait face au Seigneur des Ténèbres, ses parents ont été mis dans le coma par ses fidèles. Harry ici présent a survécu au Sort de Mort et la cicatrice en forme d'éclair le marque. Ses parents ont fait face et défié trois fois Tom, et il est né le 31 juillet dans les mois qui ont suivi la révélation de la prophétie. Maintenant, il est tout ce qu'il reste de sa famille. »

Le Docteur hocha solennellement la tête, puis cligna des yeux.

« Donc Voldemort est parti pour de bon maintenant, cet enfant est celui de la prophétie, pourquoi avez-vous besoin de moi ? Ça doit être quelque chose d'important, ou je n'aurais pas reçu un appel. Quoi, presque trente-huit ans depuis que je vous ai vu pour la dernière fois, à peu près ? »

Dumbledore hocha la tête.

Le Docteur regarda Dumbledore taper des doigts sur la table en réfléchissant. Comment poser au mieux cette question ?

« Harry est ici sans parents, non ? Le reste de sa famille a été tuée il y a quelques jours dans un accident de voiture, et les autres nommés dans le testament de ses parents comme tuteurs sont soit morts, ou inéligibles pour la rôle de tuteur. Donc, et bien, Fawkes ici présent… »

Fawkes, qui avait regardé depuis son perchoir l'échange avec intérêt, couina d'indignation. Harry gloussa, Dumbledore paraissait gêné et le Docteur semblait enfin comprendre :

« Oh non, vous devez plaisanter. Une blague, n'est-ce pas ? Non, non, non, ça ne se passera pas comme ça. »

Le regard du Docteur allait entre l'enfant sur ses genoux et le vieil homme assis en face de lui.

« Vous ne pouvez pas me demander d'élever le sauveur du monde sorcier. Je ne suis pas qualifié. Non non non non non, ça n'arrivera pas. »

Dumbledore soupira :

« Vous devez comprendre, Docteur, que vous êtes mon dernier espoir. Le monde sorcier est en ruines. La famille de sa mère a été tuée il y a quelques jours. La famille de son père est morte. Les amis de son père sont morts, ou en prison, ou interdits d'avoir un enfant à cause de lois idiotes. Ceux nommés dans le testament sont morts ou fous. Il n'y a personne vers qui me tourner pour garder Harry en sécurité. Vous, Docteur, dont le nom n'est enregistré nulle part, vous qui pouvez changer votre visage et apparaître à Hogwarts, vous qui avez tant vu de la vie, vous pouvez le garder en sécurité. Je sais que vous pouvez. J'ai besoin qu'il soit en sécurité, bien éduqué. Éduqué à devenir ce qu'il doit être. »

Le Docteur lança un regard perçant à Dumbledore :

« Et j'y arriverais mieux que vous ? Vous dirigez une école pleine d'enfants, dirigez pratiquement le gouvernement, et êtes plutôt intelligent. Vous ne pouvez penser à rien pour le garder en sécurité à part le confier à un complet inconnu ? Êtes-vous stupide ? »

Dumbledore eut un large sourire :

« Stupide est probablement le mot le moins offensant utilisé pour décrire mon état d'esprit, mais peu importe. La brillance de ce plan, Docteur, est que vous êtes un homme honorable qui êtes aussi intelligent et vous pourriez diriger un gouvernement s'il vous en prenait l'envie. Le fait que vous êtes un étranger est un bonus, car si je n'ai pu trouver aucune information sur vous, je suis certain que Voldemort en sera aussi incapable. »

Le Docteur grimaça :

« Et pourquoi je serais un meilleur choix que vous ? J'ai détruit plus de l'univers que vous n'en verrez jamais. J'ai perdu plus de gens de ma faute qu'il n'y en a sur Terre. Je n'ai même pas pu protéger mes propres amis, et leur famille. Pourquoi moi, quelqu'un que la Mort suit, suis un meilleur candidat pour élever un enfant que vous ? »

Dumbledore cligna des yeux. Il avait l'impression de le faire souvent en présence du Docteur. Mais les émotions qu'il voyait dans les yeux de l'homme étaient dures. Dumbledore savait que Harry lui rendrait son espoir et son émerveillement tout comme il garderait Harry en sécurité.

« A part le fait que je n'ai aucune idée comment prendre soin d'un enfant de moins de dix ans pour une longue période ? Je suis un homme occupé. Je ne peux pas le garder près de moi ou en sécurité, et je suis une cible trop facile pour Tom. L'emplacement de Harry serait évident, et je peux difficilement abandonner mes responsabilités. Je suis incapable d'élever un enfant. J'ai échoué avec ma propre soeur, et avec Tom lui-même. Je ne me fais pas confiance pour l'élever correctement. »

Dumbledore regarda le sol alors que Fawkes trillait tristement derrière lui.

« Et vous, Docteur, vous avez des paroles si dures envers vous-même, mais même moi, je peux vous voir grimacer à vos propres mots. Vos regrets et votre culpabilité inspirent le meilleur en vous, quelque chose que j'ai beaucoup de mal à faire. Vous pouvez enseigner tant à Harry que je ne peux. » Et il peut tant vous apprendre, pensa-t-il.

Le Docteur regarda songeusement Harry, regardant profondément dans son âme. L'énergie du vortex temporel tournoyait autour du bébé, plus d'énergie qu'il n'en avait vue depuis des années. Les yeux émeraudes du garçon le regardaient au milieu de cette énergie, verts et brillants. Le pouvoir de cet enfant, ses capacités, elles étaient au delà de toute croyance. Il releva les yeux vers Dumbledore :

« Vous savez à quel point il est puissant, la force de sa magie ? »

Dumbledore hocha sèchement la tête :

« Oui. C'est une des raisons pour lesquelles je souhaite qu'il aille avec vous. Son propre pouvoir est comme un phare, et sans bouclier, il est visible à des kilomètres pour ceux qui savent comment le percevoir. Vous, avec vos mystères et votre impossible existence, vous pouvez le cacher. J'ai toute confiance en ça. S'il vous plaît, Docteur, vous êtes ma dernière chance, mon dernier espoir pour lui. Jeune Harry mérite d'avoir une vie, une vie que je ne pourrais pas lui donner. Son propre avenir, déjà annoncé, est sombre. Je ne sais pas si je pourrais l'élever en bonne conscience, sans le corrompre irrévocablement. »

Les yeux du Docteur flashèrent dangereusement, et Dumbledore se tassa dans sa chaise devant leur intensité :

« Donc vous me demandez de l'élever, de le préparer pour une bataille dans laquelle il pourrait mourir, pour que vous n'ayez pas à le faire ? »

Le Docteur chercha sur le visage de Dumbledore une réponse, et vit la vérité de cette affirmation, et fronça les sourcils :

« Vous, Albus Dumbledore, êtes devenu trop complaisant avec votre vie au fil des ans, confortablement installé derrière votre bureau, manipulant les ficelles et jamais sur le front. Vous en avez peur, de votre propre pouvoir, de votre capacité à détruire complètement ce qui se trouve en travers de votre chemin, et vous n'avez pas appris à en tirer votre force. Si je n'avais pas peur de ce que vous pourriez faire à un tel innocent, je vous le laisserais, juste par colère et pour vous apprendre. »

Dumbledore se redressa sur sa chaise, plein d'espoir :

« Vous allez donc le prendre ? »

Le Docteur le regarda de haut. Pendant un moment, ce sentiment de soumission absolue qu'il s'était juré de ne plus jamais ressentir à nouveau, pas après Grindelwald et la mort de sa famille, lui bloqua la respiration, et il résista au besoin de tomber à genoux pour implorer pardon.

« Qu'est-il arrivé à l'homme courageux que j'ai rencontré il y a tant d'années ? Cet homme n'aurait pas hésité à élever Harry pour le faire devenir un homme merveilleux, mais vous appelez un complet inconnu pour vous en débarrasser parce que vous n'avez pas confiance en vous ? »

Dumbledore fronça les sourcils :

« Les ans n'ont pas été tendres. Mes erreurs m'ont fait réfléchir, et vous avez raison, je ne me fais pas confiance pour l'élever. J'ai peur de ne pas lui rendre justice, que je lui enseignerais trop d'une vieille philosophie d'un monde qui a besoin d'un regard neuf, de nouvelles perspectives. »

Le regard bleu croisa le marron :

« Vous êtes un homme dynamique, changeant et brillant, Docteur, en qui j'ai confiance pour lui donner cette perspective sur l'avenir du monde. »

Le Docteur eut un léger rire, avant de soulever Harry plus haut sur sa hanche.

« Je vais prendre Harry, mais vous n'aurez aucune influence dans sa vie. Il sera au delà de votre atteinte, même avec tous vos gadgets et babioles ici. »

Le Docteur prit le temps de maudire intérieurement son besoin de protéger les innocents.

« Harry ne sera pas ce que vous attendez de lui quand vous le verrez la prochaine fois. »

Le vieux sorcier fronça les sourcils :

« Que voulez-vous dire, hors d'atteinte ? Il doit être scolarisé ici quand il aura onze ans. Vous le ramènerez à ce moment-là ? »

Le Docteur baissa les yeux vers l'enfant qu'il tenait fermement contre lui :

« Il sera de retour quand il le devra, pas un instant avant. Au revoir, Albus Dumbledore. J'espère que vous retrouverez un peu de cette brillance que j'ai vu en vous il y a toutes ces années. »

Dumbledore regarda la porte se fermer et Harry quitter sa vie, dans les bras d'un des hommes les plus dangereux qu'il ait rencontrés. Le Docteur était probablement plus dangereux que Voldemort, infiniment plus compatissant, mais aussi infiniment plus dangereux.

Il passa une main dans sa barbe et regarda Fawkes, qui l'observait avec des yeux amusés.

« Je soupçonne, bien que j'ai réussi dans mon entreprise, de m'être fait avoir à la fin. Ça fait depuis longtemps, mon ami, que quelqu'un n'avait pas eu raison de moi. »

Dumbledore fronça les sourcils :

« Quel homme remarquable. Harry sera plutôt magnifique, élevé par un tel homme. »

Fawkes trilla son accord. L'alarme du gardien résonna, et Albus soupira. Sans doute encore Minerva. Il espérait que ce soit avec la liste et sans demander pourquoi l'homme qu'elle avait accompagné à peine une heure plus tôt partait à présent avec Harry Potter dans les bras.

Malheureusement pour lui, elle n'avait pas de liste. Elle avait à la place une expression sévère qui devint rapidement sombre quand elle lança un coup d'oeil au berceau vide.

« Qu'avez-vous fait, Albus ? Pourquoi est-ce que j'ai vu cet homme partir avec Harry ? Qui est-il ? Que fait-il avec le garçon ? Comment le connaissez-vous ? »

Dumbledore fit un geste vers la chaise toujours devant son bureau.

« Asseyez-vous, Minnie. Je pense que j'ai des explications à donner. »

Minerva souffla de colère, mais s'assit quand même. Elle agita sa baguette et fit apparaître du thé, puis en versa deux tasses avant de s'appuyer sur sa chaise.

« Et bien, commencez Albus. J'ai tout mon temps. »

Dumbledore soupira.

« Cet homme est celui qui va élever Harry Potter. Il est l'homme qui, quand j'ai vaincu Grindelwald, m'a emmené boire un verre et m'a fait raconter mon histoire. Il a écouté et n'a pas porté de jugement. Il m'a montré de la beauté dans un monde qui, à l'époque, était infiniment sombre. Il était… il était remarquable. Et il est venu quand je l'ai appelé, et il m'a prouvé encore une fois à quel point il est remarquable. C'est le seul qui est toujours parvenu à voir aussi facilement à travers moi, à travers mes plans, et à me dépasser, me montrer combien je suis insignifiant. Et je lui fais confiance pour élever Harry correctement. »

Minerva tint sa tasse près de sa bouche :

« Mais qui est-il ? »

Dumbledore haussa les épaules :

« Honnêtement, je n'en suis pas vraiment sûr. Son nom est le Docteur. A part ça, je ne sais pas grand chose. Mais si je ne sais rien de plus, Voldemort non plus, et ça veut dire que Harry sera en sécurité. Il sera en sécurité, et élevé comme il faut, hors d'atteinte de quoi que soit devenu Tom Riddle. C'est le seul espoir que nous avons, Minerva. Je l'ai pris. J'espère seulement qu'à la fin, Harry sera ce qu'il doit être. »

Minerva regarda Dumbledore un long moment :

« Pour notre bien à tous, j'espère que vous avez raison, Albus. Parce que vous venez juste de confier le sauveur du monde magique à un inconnu dont on ne connaît même pas le nom. Si jamais ça se sait, je n'ose même pas imaginer l'outrage que le public va exprimer, sans compter le ministère. »

Dumbledore soupira :

« J'imagine que ce ne serait pas beau. Mais à présent, et pour les prochaines années, ils vont être trop occupés à tout reconstruire, et quand viendra le temps où ils me demanderont où est Harry, il sera caché avec la famille de sa mère dans un coin perdu d'Angleterre. J'aurai le temps de créer une histoire crédible. Maintenant, on doit juste espérer que Harry reviendra au moment de commencer Hogwarts. »

Minerva fronça les sourcils mais ne dit rien. Elle but une gorgée de son thé et regarda le berceau de bois qui a été, pendant quatre jours, celui du sauveur du monde magique. A présent, il était on-ne-savait-où avec un inconnu. Elle ne pouvait pas imaginer une fin heureuse.

~~~~~~~~~~~~~~ C'est un saut de ligne ~~~~~~~~~~~~~~

Dumbledore regarda le calendrier accroché au mur. On était le 1er septembre 1991. Le jour où Harry devait commencer sa scolarité à Hogwarts. Malheureusement, il n'y avait eu aucun signe de lui sur le quai 9 3/4, les hiboux avec ses lettres se contentaient de tourner autour du château, n'allant absolument nulle part, et tous les appareils de surveillance de Dumbledore avaient dramatiquement échoué. Il espérait donc à présent que le Docteur reviendrait avec Harry avant le début du festin, apparaissant mystérieusement comme la dernière fois.

Il attrapa l'appareil cylindrique qu'il avait utilisé la dernière fois pour appeler le Docteur, et appuya sur le bouton du haut. Peut-être qu'il répondrait à l'invitation. Dumbledore ne pouvait qu'espérer.

Mais, alors que la Répartition prenait place et que le festin avançait sans aucun signe de Harry Potter ou du Docteur, il soupira. Les regards noirs de Minerva depuis le tabouret, puis d'à côté de lui, étaient écrasants. L'air de ''Je-vous-l'avais-dit'' lui fit regarder ailleurs. Dumbledore chercha à nouveau dans la salle, connecté au château. Aucune activité, aucune apparition mystérieuse. Le Docteur n'était pas revenu avec Harry. Le Directeur devait simplement espérer qu'il ramènerait bientôt le garçon. Peut-être qu'il y avait eu un léger contretemps. Il pouvait seulement patienter et espérer.

La première semaine d'école passa, et avec elle, les murmures s'étaient répandus. Où était Harry Potter ? Allait-il dans une autre école ? Etait-il mort ? Etait-il en captivité ? Tué ? Emprisonné ? Et cela, c'étaient les rumeurs normales. Il y en avait eu une qui avait déclaré que Harry était parti vivre avec les sirènes de la Méditerrannée et s'était transformé en posson, et une autre avait juré que Harry était dans une retraite dans les montagnes tibétaines avec des moines qui lui enseignaient comment devenir un prêtre.

Malheureusement pour Dumbledore, l'absence de Harry Potter signifia l'intervention du ministère. Il devait soupirer devant l'idiotie des gens. Tout un monde priant et idolisant un enfant d'à peine onze ans et paniquant lorsqu'il n'était pas à l'école. A présent, la force du gouvernement magique tombait sur les épaules de celui qui était responsable de l'enfant, et son propre personnel commençait à lui lancer des regards. Minerva était la pire de tous. Il se souvenait qu'elle avait été furieuse lors de la Répartition. Lui hurlant toutes sortes de mots, à propos de laisser Harry partir avec ''un homme étrange'', puis perdre sa trace complètement. Elle avait cassé un certain nombre de ses appareils animés et avait eu une bonne crise de colère avant de se laisser tomber dans une chaise.

« Qu'allons-nous faire, Albus ? Harry Potter qui ne vient pas à Hogwarts fait non seulement de vous un spectacle, mais bientôt, quand Il reviendra et que Harry ne sera pas là, le moral de tout le monde magique va s'effondrer. »

Dumbledore regarda sa Vice-Directrice et soupira :

« Honnêtement, Minerva, je n'en sais rien du tout. Je n'ai même pas réussi à contacter le Docteur et même Fawkes ne parvient pas à trouver Harry. Nous devons juste espérer qu'il revienne bientôt. C'est encore tôt dans l'année, il y a toujours le temps. »

Minerva lui lança un regard noir par dessus ses lunettes mais ne dit rien. Elle s'enfonça juste plus profondément dans sa chaise. Ensemble, ils restèrent assis à contempler l'avenir.

~~~~~~~~~~~~~~ C'est un saut de ligne ~~~~~~~~~~~~~~

31 octobre 1991. Presque deux mois sans signes du Docteur ou de Harry. Minerva l'ignorait, Severus se pavanait et Hagrid commençait à s'inquiéter. Le Ministère commençait à interroger les compétences de Dumbledore et l'homme lui-même se demandait s'il avait fait le bon choix il y avait toutes ces années. La Grande Salle, pleine de chandelles flottantes, citrouilles enchantées, chauve-souris volantes, informait simplement Dumbledore que Harry manquait toujours à l'appel.

Il joua avec son verre de jus de citrouille, observant ses profondeurs. Harry était toujours absent, le Docteur n'avait toujours pas répondu à ses appels, et quiconque avec la moindre importance dans le monde lui envoyait des lettres quotidiennes et des missives et des Beuglantes. Il devait trouver le garçon rapidement, très rapidement, avant que sa santé mentale ne l'abandonne.

Il était si perdu dans ses pensées qu'il ne réalisa pas que la salle était devenue silencieuse, jusqu'à ce qu'il sente un courant d'air souffler, et un étrange bruit de plus en plus fort, comme les vagues d'une alarme, remplisse la salle. Il suivit les regards de tous les étudiants jusqu'à ce que ses yeux atteignent une cabine bleue en train de se matérialiser, avec l'indication ''Police'' inscrite au sommet.

Il n'oublierait jamais ce son, ce bruit, cette boite. La cabine qui lui avait montré la création. Il se leva, ignorant les regards curieux en sa direction. C'était la boite du Docteur, sa maison. Celle dans laquelle Harry était parti dix ans plus tôt. Il était de retour. Un peu en retard, certes, mais il était revenu.

La porte s'entrouvrit et une petite tête brune en sortit, des yeux émeraudes brillant à la lumière des bougies.

« Euh… papa ? Je crois qu'on a quelques mois de retard. C'est… quelle est la fête avec les citrouilles et les chauve-souris ?

— Halloween, Harry, Halloween. Dieu, c'est tout toi d'oublier ce genre de choses. » répondit au garçon une voix plus grave.

Harry sourit et sortit dans la salle.

« Désolé si nous n'avons pas de calendrier dans le TARDIS, oncle Jack, dit Harry avec un regard en arrière et une grimace méprisante sur le visage. Donc oui, nous avons atterrit à Halloween, le 31 octobre, d'après ce que je vois. Est-ce que tu ne visais pas fin août ? »

Le visage de l'homme que Dumbledore connaissait comme étant le Docteur apparut :

« Ah, bien, environ deux mois plus tard, c'est ça ? C'est pas comme si je m'étais trompé d'une année ou d'un siècle. Déjà arrivé avant. J'ai rencontré la reine à ce moment-là. Moments brillants. Polymorphie lupine par ondes. Au moins, nous sommes en 1991. En plus, j'adore Halloween. Les costumes, les bonbons, c'est brillant.

— Y a-t-il quelque chose qui ne soit pas brillant pour toi, Docteur ? » dit une voix féminine, sa propriétaire se glissant par la porte.

Elle semblait jeune, blonde et jolie. Le Docteur enroula un bras autour de sa taille.

« Rien du tout ! » dit-il avec enthousiasme.

Harry leva les yeux au ciel alors qu'un homme avec des bretelles et des bottes sortait à son tour.

« C'est comme s'ils oubliaient qu'il y a du monde autour d'eux. » se plaignit Harry.

L'homme à bretelles eut un rire et répondit quelque chose.

Dumbledore était trop loin pour entendre leur conversation clairement, surtout à présent que les élèves avaient recommencé à faire du bruit, jusqu'à ce que la porte s'ouvre bruyamment et Professeur Quirrel entra en chancelant, tremblant. Les quatre arrivant le regardèrent, les yeux brillants et intéressés.

« Tr- troll… dans les cachots. »

Il chancela.

« Je pensais que vous voudriez le savoir. »

Et il tomba inconscient, suffisamment fort pour que le bruit de son crâne contre le sol retentisse dans la salle.

« Oh, ça a du faire mal. La pierre n'est pas le meilleur endroit pour s'évanouir. » dit Harry.

Les étudiants étaient restés calmes plus longtemps qu'il ne l'attendait. Dumbledore avait levé sa baguette, prévoyant de lancer un sort de silence dans la salle.

« Eh, papa, est-ce que je peux aller voir ? Je n'ai pas vu de troll depuis très longtemps ! »

Le Docteur leva un sourcil, mais ne dit pas non, ce qui aurait été la réponse que Dumbledore attendait de lui. Il lança un regard à l'homme en pardessus.

« Seulement si tu emmènes Jack avec toi. »

Harry soupira, déçu, puis sourit et sautilla :

« Super ! Viens oncle Jack !

—Eh, vous deux, pas de technologie ! Souvenez-vous de Diagon57 ! »

Harry rougit brusquement, puis hocha la tête. Ils sortirent en courant par les portes toujours ouvertes, avant que le personnel puisse dire quelque chose.

« Etait-ce vraiment intelligent, Docteur, d'envoyer ces deux-là ? Tu sais quel genre de dégâts ils sont capables de créer. » dit la femme blonde en se tournant vers le Docteur.

Le Docteur soupira, leva les yeux et regarda autour de lui, puis se figea en voyant tous les regards sur eux.

« Oh, Rose, du monde. »

Rose soupira et secoua la tête.

Minerva se demanda ce qui venait de se passer.

Dumbledore eut un sourire joyeux :

« Docteur, bienvenue à Hogwarts ! »

~~ Une Fin ~~