Titre : Objects of Desire

Lien vers la fic originale : .com

Auteure : Azrael Geffen

Traductrice : falyla

Correcteurs : falyla/Florent

Paring : Harry Potter/Draco Malfoy Hermione Granger/Severus Snape

Rating : M/NC-17

Etat de fic originel : terminée (20 chapitres divisés en 59 parties)

Etat de la traduction : terminée

Disclaimer: Les personnages appartiennent à l'univers de JK Rowling, l'intrigue est à Azrael Geffen, avec son aimable autorisation.

Warning : slash, scènes de sexe très graphiques, torture, viol, meurtre, tentative de suicide, drogue, abus d'alcool, langage cru.

Site : à cause des thèmes abordés, je ne sais pas si cette fic sera autorisée à rester sur FFnet, je la publie donc en parallèle sur AO3 sous le même pseudo.

Mise en ligne : vu la longueur de cette histoire : 500 pages en New Time Roman 9, je pense que deux à trois fois par semaine serait un bon rythme. L'auteure a découpé les plus longs chapitres en sous parties que je publierai de la même façon.

(Longue)Note de la traductrice : Cette Potterfiction d'Azrael est certainement une des plus connues et assurément une des plus réussies. La traduction de cette histoire mérite bien une explication. Ce fut un travail de longue haleine, prévu à plusieurs il y a de nombreuses années. Le projet initial (je l'ai d'ailleurs expliqué plusieurs fois par mail aux personnes qui m'interrogeaient sur l'avancement de la traduction) était de publier cette histoire en deux tomes en version papier avec de nombreuses illustrations pour le fanzine « le Troisième Œil » donc je faisais partie.

Au départ, en 2006, les chapitres avaient été répartis entre les divers traducteurs volontaires. Seulement, l'ampleur de la tâche s'est vite révélée incompatible avec les études, les cours et la vie privée et… après quelques mois, je me suis retrouvée un peu seule avec le monstre. J'ai ensuite débauché Florent qui m'a incroyablement aidé. Il a été le relecteur à l'œil neuf qu'il fallait et, ensemble, nous avons pu corriger, modifier et coordonner les diverses traductions de chacun afin de livrer un texte aussi homogène que possible.

Je tiens néanmoins à remercier Badangel, Quiproquo, Alanisse et Mathilde pour leur contribution et leur travail de traduction. Mon premier tableau de répartition des tâches a disparu depuis bien longtemps et certains sont cités de mémoire. Si j'ai oublié de nommer quelqu'un, que cette personne accepte mes plus plates excuses et se fasse connaître, je rajouterai son nom au crédit des traducteurs.

Ensuite, comme je l'ai dit plus haut, il devait y avoir une version papier avant la mise en ligne mais je n'ai plus espoir qu'elle voit le jour. Depuis presque deux ans, je suis sans nouvelles de ma cheffe de projet et de la maquettiste, c'est pourquoi, au vu de la somme de travail abattu, je prends l'initiative de la publier sur le Net. Si, par hasard, le projet est toujours en cours, je remercie d'avance les responsables de me tenir au courant.

Résumé : Après la fin de la guerre, Harry, Ron et Hermione décident de revenir à Poudlard pour obtenir leurs ASPICs. Avant la rentrée, lors d'une soirée très avinée, ils établissent et signent un pacte magique où ils s'engagent à perdre leur virginité pendant cette 8ème année.

Objects of Desire

Prologue

Un long baiser d'adieu

Lucius Malfoy avait toujours manqué de discernement dans la plupart des choses qu'il avait entreprises. Sa ruse avait été couronnée de succès et personne ne s'était rendu compte qu'il avait toujours pris la mauvaise option. Le choix de son épouse en avait été le premier exemple. Il avait voulu, avec beaucoup d'acharnement, avoir un fils qui lui ressemblerait de façon incroyable, alors il avait choisi Narcissa plutôt que sa sœur Bellatrix parce que ses traits étaient plus semblables aux siens. Ce n'était pas suggérer qu'il n'était pas amoureux de sa femme – en fait, il l'aimait beaucoup – mais c'était un amour qui avait évolué avec le temps, à l'opposé d'une grande romance. Il avait été sur cette voie presque toute sa vie, avec quelques notables exceptions, incluant celle qui l'avait directement conduite à son embarras actuel. Il avait profondément cru que le Seigneur des Ténèbres gagnerait en fin de compte et si ce n'était pas le cas, eh bien, il était Lucius Malfoy et il avait de l'argent, et l'argent était supposé signifier énormément pour le Ministère. Mais il semblait que non, lorsqu'il avait été démasqué et envoyé à Azkaban puis forcé de s'échapper à cause de la situation plutôt périlleuse de son fils – tout ça, uniquement pour voir ce maudit Seigneur des Ténèbres battu au combat par un adolescent. Alors, rétrospectivement, non, suivre Voldemort n'avait pas été un de ses meilleurs choix. En fait, c'était probablement une de ses décisions les plus stupides.

Pourtant, être un Mangemort lui avait fourni des plaisirs que la société ordinaire ne lui aurait jamais permis, sans mentionner l'accumulation de pur pouvoir qui l'avait placé dans une catégorie qui lui était propre. Il n'avait jamais imaginé qu'il se retrouverait lui–même dans sa difficile situation actuelle. Ce qu'il regrettait, c'était de ne pas avoir eu de plan de repli au cas où tout partirait en vrille, ce qui était arrivé de façon si spectaculaire. Snape le lui avait dit, l'avait averti même, mais il n'avait pas écouté. Severus Snape avait fait le bon choix agent double, alors peu importait qui avait gagné, Snape s'en était très bien sorti, il sentait comme la rose proverbiale. [1]

Mais il était trop tard maintenant pour ce regret particulier. Il avait vu le Seigneur des Ténèbres mourir et Lucius supposait qu'il pouvait l'appeler Voldemort maintenant – Il n'allait pas revenir. L'Ordre du Phénix avait attrapé Lucius avec pas moins de sept sortilèges d'étourdissement puis il avait passé trois semaines à Ste–Mangouste pour être sur pied lors de son jugement ensuite il avait été renvoyé chez lui pendant une semaine, bloqué par un sortilège de fixation, en attendant la date de son procès. Oh, il y avait eu quelques trucs entre les deux. Les moments dans l'enfer même d'Azkaban où ils l'avaient questionné encore et encore. Les moments où ils s'étaient arrangés pour ruiner ce qu'il aimait en le forçant à parler des choses qu'ils avaient faites, ne faisaient aucune différence maintenant.

De toute évidence, Lucius n'était retourné chez lui avant son procès que parce que les inquisiteurs du Ministère voulaient faire croire qu'ils pouvaient montrer quelque clémence. Ils avaient été accusés de sauvagerie par la presse populaire et, dans tous les comptes–rendus, Dumbledore avait condamné les tactiques qu'ils avaient employées et lui avait assuré qu'on avait accordé le pardon à Draco. Lucius n'avait pas été si chanceux. Il avait demandé au Ministère de le juger à nouveau mais il avait été déclaré inévitablement coupable. Il avait été dûment condamné à recevoir le Baiser du Détraqueur.

Maintenant, pourquoi n'avaient–il pas tout simplement décidé de le tuer ?

Il s'était attendu au Baiser, cependant, et c'était là que son magnifique esprit rusé était entré en action. Au Manoir, avant le procès, lorsqu'il avait pesé les avantages et les inconvénients et conclu avec un « Oh, Merlin, ils vont me donner aux Détraqueurs », il avait trouvé le rituel dont il avait besoin. Il avait remercié tous les dieux auxquels il avait pu penser d'avoir si bien connu Severus Snape pendant une si longue période car il était parfaitement capable de concocter une potion plutôt difficile. Il avait réuni les ingrédients de l'élixir et l'avait bu.

Il avait escompté que le Ministère permettrait à son fils de venir le voir avant que le Baiser ne lui soit donné. C'était un geste auquel il n'aurait jamais dû s'attendre et maintenant, si c'était possible, il se trouvait dans une position pire que celle dans laquelle il avait débuté. Sans possibilité de dire à Draco que faire, il allait devoir compter sur l'espoir que quelqu'un arrive à comprendre la situation. Et si personne n'y parvenait ? Pire, si quelqu'un réussissait mais s'en fichait tout simplement ? Ce scénario paraissait très nettement réalisable. Non, ce n'était pas bon du tout.

Il était assis en silence, fixant la porte en face de lui, rongeant ses ongles de terreur absolue face à ce qui allait se passer. Maugrey Fol'Œil, ce bastion d'indignation morale faisait les cents pas autour de lui, en souriant et sifflotant un petit air joyeux. Lucius n'avait aucun doute sur le fait que ce salopard avait demandé à être son gardien et il n'avait jamais vu un sourire aussi large que celui que Fol'Œil avait affiché au tribunal quand le verdict de culpabilité était tombé. De l'autre côté de la porte, sa femme avait eu son baiser d'adieu en face d'une cinquantaine de spectateurs, dont son propre fils.

Mais au moins, ils avaient épargné leur destinée à Draco c'était une clémence que ni lui, ni Narcissa n'attendaient, et un intense soulagement les avait traversé tous les deux.

La porte s'était ouverte trop tôt et ils avaient ramené sa magnifique Narcissa. Il la regardait maintenant, englobant les courbes familières de son corps, la blondeur de ses cheveux et le modelé royal de son nez. Ce n'était plus Narcissa cependant. Narcissa n'aurait jamais permis à sa bouche de tomber lâchement comme ça, tandis qu'un fin filet de bave serpentait sur le côté de son visage et coulait dans ses cheveux. Ses yeux, jadis bleus et brillants, étaient vitreux et semblaient morts, comme un poisson maintenu trop longtemps hors de l'eau. Il y avait des destins pires que la mort et il était en train d'en regarder l'un de ses plus horribles aspects. Ses yeux s'écarquillèrent et sa bouche s'assécha, non pas de chagrin pour son amour perdu mais de pure crainte.

– C'est ton tour maintenant, Malfoy, retentit la voix rocailleuse de Maugrey Fol'Œil.

La sourire que Maugrey affichait depuis le procès était de retour sur le visage couturé et défiguré. On aurait pu aller plus loin et dire que Maugrey était positivement radieux.

Lucius avala le peu de salive qu'il avait et se leva, il redressa ses robes et aplatit ses cheveux. Il y avait des habitudes nerveuses qui restaient ancrées depuis l'enfance. « Tiens–toi droit et assure–toi toujours d'être impeccable ». De quelque part, profondément enfoui dans sa mémoire, la voix de son père l'admonesta « Lucius, brosse tes cheveux, on dirait qu'un gnome y a fait son nid ».

– Maintenant t'as plus à t'inquiéter de te mettre sur ton trente et un, gloussa Maugrey. Il y a un truc de sûr ici, ils vont prendre plaisir à t'embrasser de toute façon.

Lucius pinça un peu ses lèvres et avança, durement concentré sur le processus de faire un pas devant l'autre tandis qu'il passait la porte avec autant de dignité qu'il pouvait en rassembler.

Draco Malfoy était assis dans la rangée centrale du petit auditorium dans lequel il ne voulait vraiment pas se trouver. Il avait vu sa mère partir, l'avait vu tourner et lever son visage vers le Détraqueur qui venait pour elle, et elle s'en était allée silencieusement. Elle avait même fermé les yeux comme si c'était un baiser passionné. C'était si typique de sa mère. Elle n'allait pas les laisser la voir flancher. Draco avait gardé sa mâchoire complètement rigide et n'avait pas sourcillé. Il n'allait pas se mettre à pleurer maintenant, Narcissa n'aurait jamais accepté ça. Il avait voulu partir alors Draco en avait assez et il n'avait pas besoin d'en voir plus mais Narcissa et les trois avant elle n'étaient rien d'autres qu'un avant–goût. Il était temps maintenant de passer à l'événement principal et Draco était tenu de rester pour assister à la totalité du macabre spectacle. Le Ministère avait décrété qu'il devait venir. Ils voulaient qu'il voie le destin qu'ils lui avaient permis d'éviter… en dehors de toute bonté de cœur évidemment. Draco préférait voir leur clémence comme un remboursement pour ce qu'il avait traversé mais personne n'aurait été d'accord avec ça.

Il avait été autorisé à s'asseoir entre Albus Dumbledore et Snape. Dumbledore siégeait au Wizengamot et il avait été l'une des nombreuses voix du jury qui avait déclaré le père de Draco coupable.

Snape avait été un support moral pour Draco et il avait choisi de s'asseoir dans un silence de tombe, laissant Draco se demander ce qui lui traversait l'esprit. Dumbledore semblait sévère et mécontent. Le vieux sorcier n'avait pas caché sa désapprobation pour cet acte barbare, il avait longuement et durement argumenté contre la permission que les Détraqueurs retournent à Azkaban mais, comme il avait refusé d'occuper le poste de Ministre, il ne pouvait prendre aucune décision pour le Ministère. Et quel autre châtiment aurait pu satisfaire chacun des membres de la communauté des sorciers ? Albus ne croyait pas en la peine de mort non plus et on ne pouvait pas incarcérer tous les criminels à Azkaban. La population avait réclamé le Baiser à corps et à cri et Cornelius Fudge, la réputation légèrement ternie et son emprise sur le pouvoir faiblissant dangereusement, l'avait accordé à son public, pour le bien du monde sorcier.

Lucius, le père bien–aimé de Draco, passa la porte, suivi par un Maugrey indéniablement aux anges. Lucius marchait lentement, presque en traînant, les yeux agrandis tandis qu'il se focalisait sur la chaise en face de lui. Son visage était figé en un masque que pas une seule personne dans la pièce n'aurait pensé voir un jour sur la figure de Lucius Malfoy. La peur. Une peur pure et absolue. Il s'assit, mal assuré sur la chaise et tourna la tête, il croisa le regard de Draco, le gris rencontrant le gris, lourd d'adieux muets. Les poings de Draco se crispèrent sur ses genoux, ses jointures blanchirent. Il serra les dents et regarda son père tourner son visage pour faire face au Détraqueur… et paniqua.

Lucius avait tenté de se lever pour se dégager de la chaise, une réaction instinctive qui secoua profondément Draco. Le besoin de survivre était manifestement le plus fort dans l'esprit de Lucius mais le Détraqueur s'abattit sur lui dès qu'il bougea, étouffant son cri étranglé avec sa bouche. Draco sentit un sanglot monter bruyamment dans sa gorge et s'échapper puis il s'aperçut qu'à la fois Snape et Dumbledore l'avaient saisi pour l'apaiser. Lucius était en train de lutter comme quelqu'un qu'on faisait suffoquer sous la contrainte. Son corps se tordait, tandis que ses mains battaient sauvagement l'air dans le dos du Détraqueur, le frappant sans effet avec une vigueur qui s'affaiblissait. Lucius ne pensa jamais à fermer les yeux contre cette horreur. Il les garda grands ouverts et concentrés sur la chose qui était en train de le détruire. Il vit une longue larme lisse zébrer la joue visible de Draco et il poussa un hurlement étouffé dans la gorge rassasiée du Détraqueur.

Draco vit ce qui se produisit. Il vit l'agitation de ses mains ralentir, diminuer et, soudain, une pléthore de souvenirs incohérents surgit brusquement comme un déluge torrentiel. Il avait deux ans, il était sur son balai qui ne volait qu'à trente centimètres du sol il le chevauchait, riant du rire glougloutant des petits enfants, tandis que son père était à côté de lui, tenant ses mains, tournant sur lui–même pour qu'il puisse voler encore et encore, ses cheveux bonds volant librement au vent. Il avait quatre ans et il était à la plage, perché sur les épaules de son père, emmené dans les eaux profondes qu'il n'aurait jamais atteintes seul. Il avait cinq ans et c'était Noël. Il était en train de forcer la bouche de son père pour qu'il avale une mince pie. Lucius détestait ces tartelettes aux fruits secs, mais il continuait à rire et Draco réussit à l'introduire dans sa bouche…

– NOOOOOOOOOON !

Il hurla lorsque les mains de Lucius glissèrent sur les côtés de la chaise puis ses yeux clignèrent, clignèrent encore puis devinrent vitreux.

Draco se leva, essayant désespérément d'atteindre son père, tout en sachant que c'était trop tard. Ses ongles mordirent la tendre chair de ses paumes, les faisant saigner et Snape le tira en arrière il enveloppa ses longs bras vêtus de noir autour de lui et détourna son visage de cette vision. Draco commença à pleurer dans le creux de l'épaule de Snape, aussi longtemps et aussi fort qu'un enfant perdu dans l'obscurité. Inerte, Lucius s'en était allé, celui qui avait apporté la lumière [2] s'était éteint. Snape emmena Draco hors de la pièce, loin de la foule avide de commérages.

Plus tard, Dumbledore se rappellerait que c'était probablement le premier acte de sincère gentillesse de Severus Snape depuis des années.

NdT :

[1] to come up smelling roses, proverbe anglais signifiant : s'en sortir très bien, d'où l'allusion de l'auteure à la rose…

[2] en latin, le prénom Lucius signifie « celui qui apporte la lumière »