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Les Pensionnaires

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Bienvenue dans ce nouveau projet qui a pris des proportions inattendues (la faute au NaNoWriMo!) et pardon pour mon inconstance, je n'oublie pas le reste.

Un jour, ça m'a pris: je me suis lancée dans une schoolfic. Une tourmentée, dans un UA un peu collet-monté. J'avais envie d'écrire une de ces histoires de pensionnat fin de siècle vaguement étouffant, en huis clos, avec rivalités, dissensions, jalousies et intrigues mais avec des garçons. Comme dans les vieux yaoi. Voici donc le résultat.

Disclaimer: Shaman King et ses personnages appartiennent à Hiroyuki Takei.

Précision: Dans cette histoire, nous sommes dans un UA où normes masculines et féminines que nous connaissons sont globalement inversées. Mais les personnages du manga gardent leur identité d'origine. Pour caricaturer à mort: les filles sont élevées en brutes et les garçons en jolies petites choses. Je me suis vraiment amusée avec ça (par exemple, en masculinisant les insultes) mais ce genre de procédé a ses failles, c'est dur d'arriver à un renversement complet. Ici, à la base, c'était un gros délire expérimental et puis ça a dérapé et ça a même fini par se prendre au sérieux. Du coup, je n'ai pas pu penser à tout et il est possible qu'il y ait quelques paradoxes. Toutes mes excuses d'avance!

Avertissements divers et variés: Violences, parfois auto-infligées, harcèlement, vilenies et mesquineries en pagaille. / Plein, plein PLEIN de romances masculines (ce n'était pas du tout le but principal de la fic, pâsdutout) / Les âges des personnages ont parfois été totalement remixés. Je suis désolée, il me fallait des beaux gosses. (Plus, toujours plus de beaux gosses!) Donc j'ai pris où j'ai trouvé, au prix de quelques entorses à la chronologie.

N'ayez pas peur de la longueur de ce premier chapitre, j'ai beaucoup de choses à raconter et à expliquer, j'essaye de faire moins long ensuite! (...j'essaye)


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I

Mont Olympe

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L'école et son parc étaient aussi immenses que superbes. On entrait dans cet Éden reclus par une grille élégante. Puis, il fallait remonter une allée ombragée de hauts arbres avant de déboucher sur une cour ronde gravillonnée. Là s'élevaient les bâtiments raffinés de l'institution, entourés de parterres de fleurs. La pierre était blanche, les fenêtres hautes. Un toit de lauzes fines couvrait les lignes nobles de l'édifice et une tourelle flanquait le corps de logis sur la droite, à hauteur du quatrième étage.

Des sentiers sages contournaient les hautes façades claires pour s'enfoncer dans les bois ou pour rejoindre la roseraie et les serres, dont les courbes étincelaient sous le timide soleil.

Plus loin, des pelouses descendaient jusqu'à la rivière chantante, bordée de pierres moussues. Des peupliers et des saules pleureurs versaient leurs larmes dans ses eaux fraîches. Une passerelle de fer-blanc conduisait à l'autre rive, où s'étendaient des arbres à perte de vue.

Le cadre était encore plus idyllique quand on avait l'occasion d'observer les ravissants éphèbes qui s'ébattaient dans ce jardin. Cependant, pour l'heure, ils demeuraient invisibles.

Derrière la grille blanche, seule ouverture percée dans les hauts murs de cette école enclose comme un cocon, Talim contemplait ce charmant tableau, songeur.

Ce n'était pas la première fois qu'il contemplait les pierres aristocratiques de l'institution Hoshigumi pour garçons, ni même qu'il pénétrait dans le saint des saints. Mais c'était assurément sa première entrée en tant que membre à part entière de l'établissement.

Adolescent, il n'avait pas eu le droit d'y être scolarisé. Il possédait le visage fin, bien qu'un peu long, et la finesse de membres que l'on recrutait le plus souvent en ces lieux, ainsi qu'une délicatesse naturelle qui avait été félicitée par ses examinateurs. Mais hélas, il était de faible constitution et avait échoué aux tests d'aptitude physique. On était très sévère sur ce point, à Hoshigumi. Une bonne partie du cursus portant sur la danse et l'expression dramatique – l'école s'enorgueillissait de la qualité de son enseignement dans ce domaine –, la plastique du corps des candidats ainsi que leurs capacités devaient être irréprochables. Talim avait donc raté ses examens, malgré son brillant potentiel shamanique. Il avait reçu son éducation dans le strict et austère pensionnat de l'Oracle, un établissement pache, entièrement consacré à cet art. L'Oracle n'avait pas à rougir de sa qualité mais l'instruction y était moins complète. On ne sortait pas de là avec l'assurance absolue de se faire une bonne place à la cour, comme les étudiants de Hoshigumi. Mais c'était mieux que rien.

À présent, Talim revenait à l'école qui n'avait pas voulu de lui. En tant que professeur, cette fois. Il n'avait aucune velléité de revanche. Il gardait de bons souvenirs de sa pension pache. Mais c'était tout de même une étrange sensation. D'autant que les lieux étaient restés strictement identiques à ce dont il se rappelait.

Le bâtiment était calme. On n'entendait aucun bruit, hormis le chant des oiseaux. S'arrachant à sa contemplation, Talim avisa une plaque de marbre sur l'un des piliers du portail. On pouvait y lire "Académie Hoshigumi – pour jeunes garçons", ainsi que le devise de l'école: "De la grâce avant toute chose". Au-dessus, pendait la chaîne ouvragée d'une cloche de bronze que Talim tira. Le bruit déflagra dans l'air et sema le trouble dans les branches. Il n'eut que quelques minutes à attendre avant que le portier ne sorte de sa guérite pour lui ouvrir. En écoutant son pas crisser sur les gravillons de l'allée, Talim sentit son pouls s'accélérer. Il était entré.

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Il patientait depuis dix minutes sur un banc, attendant que le directeur le reçoive. Une odeur de cire flottait dans le couloir et un bourdonnement de voix résonnait depuis la porte fermée du bureau. D'abord respectueusement assis sur le rebord le plus éloigné, Talim, qui commençait à s'ennuyer, se laissa glisser sur son siège en direction de la porte. Même à cette distance, il ne comprenait pas les paroles échangées. En revanche, il percevait très nettement la teinte d'agacement dans l'une des voix qui franchissaient le battant.

Au moment où sa curiosité gagnait contre ses principes et qu'il se penchait en avant pour en entendre davantage, un bruit significatif de chaise raclant le sol le fit reculer comme un gamin pris en faute. Peu de temps après, la porte s'ouvrit sur une silhouette sombre.

– Nous en rediscuterons prochainement, dit une voix grave et très basse.

– Je n'en vois pas l'utilité, rétorqua une autre, plus claire. Mon point de vue sur la question ne changera pas et vous le savez.

L'inconnu à la voix grave recula de deux pas. Grand et élégant, il était intégralement vêtu de noir, de ses souliers étroits vernis à sa barbe soigneusement taillé et à sa tête, surmontée d'un chapeau couleur corbeau. Seule exception, cet œillet blanc à sa boutonnière, qui répandait autour de lui sa délicate fragrance. L'homme fleurait l'importance à dix mètres. Lorsque la lumière revint sur lui, Talim reconnut Rakist Lasso, l'homme de Hao. Âme damnée de Sa Majesté, il avait toute sa confiance. Un fait rare. Peu d'hommes étaient parvenus à accéder à de si hautes fonctions.

Rajustant les pans de son large manteau, Rakist lança à son interlocuteur:

– Les sélections anticipées auront lieu à la date habituelle. Tel est le bon plaisir de Sa Majesté. Il est trop tard pour revenir là-dessus.

Et, rajustant son couvre-chef, il conclut:

– Portez-vous bien.

– De même, lui rétorqua-t-on sèchement.

Rakist croisa le regard du Pache et toucha son chapeau en guise de salut avant de s'en aller. Celui dont Talim devinait qu'il devait s'agir du directeur de l'école apparut alors dans l'embrasure de la porte.

Aussi entièrement vêtu de blanc que Rakist l'était de ténèbres, Marco Maxwell était grand lui aussi, mais bien plus beau et masculin que son précédent visiteur au regard des critères actuels. Blond, mince, le regard pervenche, des traits fins et une allure gracieuse en toutes circonstances, il avait été un des plus grands danseurs que la cour ait connu avant de devenir le directeur de la prestigieuse école. Néanmoins il émanait de cet homme encore jeune une certaine froideur qui mit Talim légèrement mal à l'aise. Sans doute à cause de ses lunettes rectangulaires qui donnaient un air de dureté à son visage angélique, ou bien de la chaînette argentée de la montre à gousset qui dépassait de son veston. Le directeur le fit entrer et l'invita à s'asseoir en regagnant son bureau d'acajou.

– Merci d'être arrivé aussi vite. C'est un soulagement pour cette école de voir reprendre l'enseignement d'art floral.

Talim remercia.

– Je suis moi-même très honoré d'avoir été accepté ici en tant que professeur.

Son vis-à-vis hocha la tête.

– Nous espérons tous que vous vous plairez ici et que vous saurez transmettre votre savoir à nos élèves. J'assure moi-même les cours de danse, ainsi que la direction chorégraphique.

Avec un regard presque complice, il ajouta:

– Je vous ai préparé un petit dossier pour vos premiers pas parmi nous.

Il sortit d'un de ses tiroirs une montagne de paperasse que Talim n'aurait certainement pas qualifiée de "petite", puis redressa ses lunettes sur son nez et commença:

– Voici donc un plan de notre école et du parc. Il y a là aussi la liste de vos élèves, ainsi que le règlement intérieur de notre établissement. Veillez bien à le lire, s'il vous plaît: il vous incombera en tant que professeur de le faire respecter. Je vous ai mis également quelques documents sur l'histoire de notre pensionnat, vous avez déjà dû les recevoir mais au cas où, vous les aurez. En-dessous, vous trouverez l'emploi du temps général, avec vos horaires de cours et ceux des autres enseignants. Nous tenons tout particulièrement à l'exactitude ici: il s'agit d'une de nos valeurs cardinales. J'ai coutume de dire qu'il faut toujours savoir entrer en scène au bon moment, vous n'êtes pas d'accord?

Talim ouvrit la bouche, pensant que l'on réclamait son approbation mais le directeur enchaîna sans l'écouter:

– Je vous ai ajouté également une suggestion de programme. Vous avez toute liberté de gérer vos cours comme vous le souhaitez, bien entendu, mais de cette manière, vous aurez une base pour commencer et vous saurez ce que nous espérons voir au minimum en fin d'année. Vous trouverez également les programmes de vos prédécesseurs et l'historique de nos examens, afin que vous connaissiez au mieux nos critères d'exigence et ce à quoi seront habitués nos étudiants. Que dire d'autre? Ah oui! Il y a aussi un programme du déroulement de l'année scolaire avec toutes les dates importantes. Et enfin, dans un autre registre, je vous ai joint la liste complète des essences contenues dans nos serres, ainsi que leur classification dressée par un de nos anciens professeurs d'art floral. J'imagine que cela vous sera utile.

– Très utile, confirma poliment Talim, un peu assommé.

Il récupéra la pile conséquente avec un petit sourire timide.

– Y a-t-il des questions que vous souhaiteriez poser avant de passer à la visite?

Le regard de l'ancien danseur semblait capable de percer les secrets de son âme. Talim eut du mal à le soutenir.

– Eh bien euh… je ne vois pas.

– Vous avez enseigné auparavant, je crois?

– Oui, à la pension de l'Oracle où j'ai étudié.

– Je m'en souviens, maintenant, fit Marco qui n'avait pas l'air d'avoir oublié du tout. Nous y allons?

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Après avoir quitté son bureau en laissant derrière lui bagages et papiers – "Ne vous souciez pas de ça, avait dit Maxwell en le voyant rassembler ses affaires. On les portera directement à votre chambre." –, Talim suivit le directeur pour une visite succincte. On lui montra tout d'abord l'accueil, l'infirmerie et le réfectoire qui jouxtait les cuisines.

– Le réveil est à six heures et demie. Petit-déjeuner à sept heures et début des cours à huit heures. Le déjeuner est servi à midi pile et le dîner à dix-neuf heures trente. Les élèves ont le droit de veiller jusqu'à vingt-deux heures. Ensuite, ils doivent avoir regagné leurs chambres sauf autorisation exceptionnelle. À partir de là, ils peuvent veiller comme ils l'entendent. Nous considérons nos résidents comme suffisamment responsables pour savoir à quelle heure se coucher. De plus, en période d'examens, la plupart travaillent tard.

Talim acquiesça.

– Devons-nous surveiller que…

– Qu'ils sont tous dans leur chambre à vingt-deux heures, vous voulez dire? fit le directeur avec un sourire tranchant. Non. Enfin, vous pouvez les rappeler à l'ordre si besoin mais nous avons des surveillants pour cela.

Il lui présenta ensuite les salles communes du rez-de-chaussée, ainsi qu'un couloir partant du hall, orné de portraits et d'appliques anciennes, qui menait à la salle de concert de l'école.

– Sauf cas exceptionnel, nos élèves sont recrutés entre neuf et douze ans. Ils ne sont pas répartis par tranches d'âge mais plutôt par niveau technique, en matière de danse et de musique, notamment, et par cycles. Le premier cycle correspond au cursus obligatoire et dure trois ans, à l'issue desquels ils passent un brevet. Ce diplôme donne accès au deuxième cycle. Cependant, un certain nombre de nos élèves choisissent de quitter l'école à l'issue du premier cycle.

L'ancien danseur détourna brièvement les yeux, d'une façon que Talim jugea éloquente. Il n'était pas sans savoir que Hoshigumi était, pour les plus grandes familles du royaume, une sorte de passage obligé. On y envoyait ses fils pour en faire de jeunes hommes accomplis en attendant de pouvoir les présenter à la cour et de les marier – l'aîné seulement, si l'on était de moindre envergure. Nul besoin de longues années d'études pour cela. De toute évidence, cet usage paraissait regrettable au directeur.

Brusquement, celui-ci reprit le chemin du hall.

– Pour les autres, reprit-il, s'ensuit donc un deuxième cycle, d'une durée de deux ans, qui s'achève sur un nouveau diplôme. Ensuite, s'ils désirent poursuivre leurs études, ils peuvent passer le concours interne de l'école afin d'entrer dans le dernier cycle. Celui-ci est professionnalisant. Il peut durer entre deux et trois ans et permet aux élèves admis de se spécialiser, notamment dans les disciplines de la danse.

Talim ne voyait pas son visage mais il en devinait l'expression. La fierté irradiait du timbre clair de son interlocuteur.

Ils se retrouvèrent à l'accueil et le directeur pointa le couloir qui s'enfonçait dans le bâtiment, derrière l'escalier principal.

– Là-bas se trouve l'étude. Il y a aussi quelques salles de cours. Mais en ce qui vous concerne, tout aura lieu dans les serres.

On lui montra ensuite, de loin, le bâtiment isolé et entouré de haies où vivait le personnel non-enseignant. Les employés étaient logés hors de l'école, un peu à l'écart, de manière à bénéficier de plus d'espace et d'autonomie en dehors de leurs heures de travail. Talim devina néanmoins que l'on souhaitait également mettre une barrière entre ce personnel et les élèves.

Il suivit le directeur au premier étage, où se trouvaient d'autres salles de cours, le studio de danse, une salle réservée aux cours de théâtre, deux autres de musique et la bibliothèque. Les deuxième et troisième étages, eux, étaient occupés par les chambres des élèves et les commodités.

– Tous nos élèves sont pensionnaires, expliqua Marco. Ils sont répartis à trois par chambres, généralement.

– Il y en a donc si peu, laissa échapper Talim, surpris.

Marco se retourna et son expression raide le glaça. La lumière qui se reflétait dans ses verres cachait ses yeux d'une manière quelque peu effrayante.

– Évidemment, répondit-il un rien sèchement. C'est une institution extrêmement sélective, vous le savez, n'est-ce pas?

Talim courba l'échine, gêné par les sous-entendus très explicites contenus dans cette phrase. Oui, il le savait. Il était bien placé pour ça.

Maxwell le toisa quelques secondes avant de reprendre la visite.

– Il y a cependant quelques chambres individuelles, remarqua-t-il sur un ton radouci. Elles sont attribuées à nos élèves les plus avancés et sur des critères très précis.

– C'est-à-dire?

– L'excellence académique, pour commencer. Ensuite, la prise de responsabilités. Par exemple, se proposer pour certaines tâches ou bien comme délégué. Enfin, le comportement. C'est probablement le plus important des critères. C'est un peu dur pour les autres, il faut l'avouer (tous nos élèves sont d'excellents éléments, vous vous en doutez), mais puisqu'il n'y a pas la place de loger plus d'un garçon dans ces chambres, nous avons décidé d'en faire une récompense pour nos élèves les plus méritants. Autrement, nous serions obligés de recevoir moins de pensionnaires.

Ou de réaménager l'étage, tout simplement, pensa Talim. Mais il fit le choix prudent de garder cette réflexion pour lui. Il s'agissait de ne pas se faire mal voir dès sa première heure en ces lieux.

Il fut ensuite conduit au quatrième étage où se trouvaient les chambres des professeurs.

Individuelles, celles-là. Heureusement.

– La tourelle contient un salon, ainsi que l'annexe des livres rares de notre bibliothèque, indiqua Maxwell.

– Et où mène cet escalier? demanda Talim en désignant les degrés de bois qui se poursuivaient au-delà du quatrième.

– Au cinquième étage. Il n'y a que des greniers. Nous y stockons du matériel, parfois, mais rien qui concerne votre matière. À moins que…

Le directeur réfléchit.

– Si, se reprit-il. Il doit y avoir des bocaux en verre, des plaques pour conserver des fleurs séchées, ce genre de choses. Si vous avez le moindre besoin, à l'occasion demandez à notre concierge, Bounster. Il vous montrera. Mieux vaut ne pas s'y rendre seul, ces pièces sont dans un désordre effroyable.

Un froncement de nez trahissait le dégoût de l'ancien étoile. Soudain, il plongea son regard dans celui de Talim et ajouta:

– Naturellement, il est formellement interdit à nos élèves de se rendre dans ces greniers.

– Naturellement.

Marco fit volte-face dans ce qui sembla une quasi-pirouette parfaite et mena Talim à la chambre qui lui avait été attribuée. Celui-ci dut reconnaître qu'on ne s'était pas moqué de lui. Le mobilier en chêne fleurait bon et le cadre était élégant et douillet. Le lit à colonnes paraissait bien plus confortable que tout ce à quoi il avait pu être habitué. Il y avait des fleurs aux vases – compositions classiques, ne put-il s'empêcher de remarquer, mais de qualité –, un vaste bureau et une jolie vue sur les serres.

– Nous logeons toujours notre professeur d'art floral ici, fit remarquer le professeur de danse. C'est la seule chambre qui donne sur la roseraie.

Talim le remercia pour cette attention délicate et admira l'ensemble de la pièce. C'était princier. Détail intéressant, ses affaires avaient déjà été montées par de mystérieuses et discrètes petites mains.

– Bien entendu, il n'y a pas de couvre-feu pour les enseignants, ajouta son supérieur. Ni de règles particulières pour la prise des repas… bien que pour des raisons de convivialité, la présence de tous soit souhaitable! En dehors de cela… nos élèves sont tenus de porter leur uniforme, en dehors des heures de sorties, de liberté ou des cours de danse. Il faut veiller à ce que leur mise reste convenable en toutes circonstances. Nous autres enseignants ne portons pas d'uniforme. Je ne vous conseillerai qu'une chose: restez sobre. Cette chemise brodée est tout à fait appropriée.

– Bien, dit Talim. J'imagine que je porterai un tablier, également, pour travailler dans les serres.

– Hmm.

Le professeur de danse s'était tourné vers la fenêtre, mains dans le dos, l'air préoccupé.

– Il y a une dernière chose dont je souhaiterais vous parler.

Talim devina que ce qu'il avait à dire le gênait un peu.

– La… compagnie féminine ne sera pas acceptée ici, décréta enfin le directeur.

– Oh, se contenta de répondre Talim.

En esprit, il se demanda si cela signifiait que la compagnie masculine l'était, elle, mais il devina qu'encore une fois, c'était là une remarque qu'il valait mieux garder pour lui. Il faillit en revanche demander si c'était aussi le cas pour les élèves avant de se retenir in extremis. Quelle pensée extravagante! Comment de telles idées pouvaient-elles lui venir? Des garçons de bonne famille! Enfin, pour la plupart. Hoshigumi était aussi réputée pour accueillir dans ses rangs des garçons de modeste condition et aux aptitudes exceptionnelles. Il rougit légèrement, rétrospectivement effrayé par son propre lapsus. Maxwell, qui paraissait croire que c'était à propos de sa remarque, se racla la gorge.

– Vous n'êtes pas marié, ni fiancé, je présume?

– Euh… non.

– Une bonne chose, je dois dire. Nous avons déjà eu ce cas et c'est un soulagement de ne pas devoir réitérer l'expérience. Je ne vois pour ma part pas de moyen de concilier l'enseignement, l'art et l'hyménée pour nous autres hommes.

Pris d'une subite inspiration, Talim demanda:

– Je suppose qu'il n'y a pas de femmes, ici, parmi le personnel ou les enseignants?

Un sourire mi-sarcastique, mi-nostalgique lui répondit:

– Quand j'étudiais ici, il y avait une jardinière. Il nous était défendu de l'approcher de trop près. La morale était plus stricte en ces temps-là. Mais depuis que je suis devenu le directeur de cette école, aucune femme n'a jamais postulé. Cependant, c'est aussi parce que nos enseignants sont souvent d'anciens élèves.

Devait-il prendre ceci comme une remarque sur la chance qu'il avait d'occuper son poste? Talim n'aurait su le dire.

– Si vous n'avez pas d'autres questions, conclut le directeur, je vais vous laisser vous installer. Vous pouvez me rejoindre dans quinze minutes en bas et je vous présenterai vos élèves.

Il ne lui en fallut que dix pour être prêt et pour rejoindre l'étude. Dès qu'ils entrèrent, tous les regards se braquèrent sur eux. Talim se retint de se recroqueviller et sourit gentiment. Il espérait ne pas avoir l'air trop niais.

Dans un bel ensemble, les garçons se levèrent à l'entrée de leur principal. Silhouettes droites, attaches fines, figures gracieuses et fraîches: Talim fut impressionné par la beauté des pensionnaires. Il avait beau savoir que c'était un des critères officieux de recrutement, il y avait de quoi avoir le souffle coupé quand on voyait ces charmantes têtes, bien en rang, alignées. Outre leur joliesse, les garçons étaient tous vêtus et coiffés impeccablement.

Leur uniforme se composait de pantalons à ponts étroits, blanc cassé, qui prenaient la taille et révélaient la finesse des jambes, ainsi que d'une chemise blanche boutonnée jusqu'au cou et dont le col était fermé par un ruban d'une jolie couleur framboise. Un gilet assorti au pantalon et frappé d'un écusson aux armes de l'école venait compléter le tout. Des bottines noires lacées chaussaient les élèves et épousaient leurs chevilles de danseurs. Talim, pour avoir déjà vu des élèves de Hoshigumi en costume complet, savait qu'ils possédaient également des capelines beiges qui s'arrêtaient à mi-buste, des gants de ville blancs ainsi qu'un adorable béret framboise. Il avait souvent rêvé de ces élégantes tenues quand il était jeune, après avoir été refusé. Par temps froids, les garçons pouvaient remplacer le gilet par une veste croisée à boutons, un peu plus épaisse, qu'ils arboraient également par-dessus leur tenue d'apparat, réservée aux événements de l'institution: une jupe portefeuille plissée à carreaux framboise et crème.

Perdu dans ses pensées vestimentaires, Talim rata complètement le discours introductif du directeur. Ce fut seulement lorsque celui-ci toucha à sa fin qu'il se réveilla. Et tout ce qu'il capta de son intervention fut:

– …Faites-lui bon accueil.

Ensuite, il se sentit bien bête. Vu qu'il n'avait pas écouté, il ne savait pas s'il devait se présenter ou si cela avait déjà été fait. S'il posait la question, il aurait l'air stupide. D'un autre côté, maintenant que le directeur s'était tu, il le fixait comme s'il attendait que Talim s'exprime à son tour. Subitement paniqué, le jeune professeur s'éclaircit la gorge en guise de diversion et chercha à toute vitesse quelque chose à dire.

– Eh bien euh, commença-t-il, avec le désir féroce de se transformer en caméléon pour se fondre dans le mur, je suis… très honoré! Très honoré, oui, d'être présent ici, dans cette institution d'exception, à l'histoire glorieuse, pour vous enseigner les arcanes de l'art floral. Je suis certain que nous nous entendrons bien et que je n'aurai qu'à me féliciter de vous avoir tous pour élèves.

Il reprit son souffle. Où avait-il trouvé tout ce blabla? Il s'impressionnait lui-même.

Les regards étaient toujours braqués sur lui, droits et inexpressifs pour certains, vaguement ennuyés pour d'autres, légèrement curieux pour les derniers. Talim ne les en blâmait pas. Ces radotages n'avaient rien de très passionnant. Un rire menu et discret se fit cependant entendre. En en cherchant l'origine, Talim aperçut un des élèves, beaucoup plus petit que la moyenne, le visage rond et mignon, qui chuchotait à l'oreille d'un plus grand, aux traits alanguis sous les rayons du soleil. Il entendit aussitôt Maxwell ouvrir la bouche mais le surveillant de l'étude, un nommé Lucky, fut plus rapide que lui.

– Manta Oyamada, lança-t-il sévèrement. Cela vous dérangerait de prêter attention à ce qui se passe?

Le jeune garçon poussa une petite exclamation en se retournant et s'empourpra.

– Merci, Lucky, fit le directeur, reprenant le flambeau. Vous êtes coutumier du fait, ajouta-t-il en dardant un regard absolument terrifiant sur son élève. J'espère qu'un jour nous saurons corriger votre dissipation, jeune homme. En attendant, excusez-vous.

Talim voulut protester. C'était franchement dérisoire, l'apostrophe suffisait. Mais il se retint, devinant que cela ne servirait à rien, à part peut-être à attirer des ennuis supplémentaires au jeune garçon.

Ce dernier se leva – il était décidément tout petit! – et s'excusa très dignement:

– Je vous prie d'excuser mon impolitesse, monsieur! articula-t-il d'une voix claire.

Il chante, celui-là, j'en mettrai ma main au feu, pensa Talim en acceptant les excuses de bonne grâce.

– Parfait, rasseyez-vous, coupa alors le directeur. Lyserg, s'il vous plaît…

Un autre jeune homme, au troisième rang, se leva alors. Si tous étaient d'une beauté supérieure à la normale, celui-ci était d'un éclat absolument remarquable: la plus gracieuse fleur de ce joli bouquet. Des joues fraîches et roses, pourtant non fardées, une chevelure vert tendre et fine qui retombait parfaitement là où il fallait, un menton mince, une bouche délicieuse et un nez droit entouré de deux yeux de faon, ourlés de cils charmants. Et bien sûr, une taille parfaite et un port d'uniforme ravissant. Amour en personne, tombé des cieux.

Talim essaya de ne pas le fixer avec trop d'insistance. Mais il s'aperçut bien vite que tous les yeux étaient braqués sur le jeune homme et nota d'ailleurs que certains des regards de ses camarades se posaient sur lui d'une façon bien tendre, tantôt émerveillée, tantôt déchirante. Il sourit intérieurement en songeant aux terribles ravages que le bel adolescent devait faire autour de lui.

– Lyserg Diethel est le délégué principal des élèves, indiqua Marco Maxwell. Vous pourrez vous appuyer sur lui.

Le garçon sourit et inclina gracieusement la tête. Talim devina, à la légère chaleur revenue dans la voix du directeur et à la fierté qui brillait dans son regard, qu'il s'agissait d'un de ses élèves préférés.

Après que Lyserg se fut rassit, les deux professeurs prirent congé des élèves et quittèrent l'étude. Le directeur emmena Talim à l'extérieur, jusqu'aux splendides structures translucides que l'on apercevait derrière les bâtiments et lui fit visiter la roseraie et les serres, qui contenaient quelques unes des plus belles essences de la région.

Cet endroit est vraiment idyllique, songea le Pache en observant les gracieuses arabesques du plafond vitré de la serre exotique. Quelle paix. Des lieux enchanteurs, dédiés à la beauté et à l'effort. Dommage qu'ils fussent si peu à en profiter.

Un bruit sourd le fit soudain sursauter.

– La cloche du dîner, précisa son nouveau collègue. Venez.

Et ils s'empressèrent de rejoindre le réfectoire.

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Un fort brouhaha résonnait dans la cantine. Talim se sentit presque perdu au milieu de ces troupeaux de jeunes gens armés de plateaux (il y en avait plus qu'il ne l'avait cru au premier abord, mea culpa). La salle du réfectoire était entièrement recouverte de boiseries au teintes chaudes. De grandes tables de bois accueillaient les élèves, tandis qu'une autre, à l'écart, semblait réservée aux professeurs. On allait se servir sur la droite où se trouvaient des dessertes couvertes de plats aux couleurs et parfums alléchants.

Talim suivit le directeur et l'imita en tous points. Le dîner comportait de la soupe, du poisson grillé, un peu de riz et des fruits. Le tout était superbement préparé et avait l'air délicieux. En se servant, il se fit la remarque que l'école était, par certains aspects, plus moderne qu'il l'aurait cru. On n'aurait pas imaginé un self-service à Hoshigumi, il n'y a pas si longtemps.

– Vous surveillez le régime des élèves? demanda-t-il. Je veux dire, pour la danse…

– Nous veillons à ce que l'équilibre des repas soit optimal, répondit le directeur. Mais nous encourageons nos élèves à travailler seuls sur ce point. Ils doivent apprendre à se gérer eux-mêmes.

– Et ça fonctionne?

– Beaucoup mieux que de les forcer à manger, croyez-moi.

Talim le suivit jusqu'à la table des enseignants, où il fut présenté à ses autres collègues. Il y avait là un homme blond, gracile et doux, que le directeur lui présenta comme Johann Faust, médecin de l'école. Près de lui, un autre, aux cheveux longs et ocre, se nommait Jackson et enseignait le shamanisme (son aura était effectivement impressionnante, remarqua Talim). Puis venait Kadow, le jovial professeur d'art dramatique et de diction, vêtu d'un costume fort à la mode et qui exhibait avec excentricité une moustache savamment taillée. Il y avait également un homme aux proportions harmonieuses, peut-être un peu trop large d'épaules pour être qualifié de beau, et dont les yeux se posèrent sur Talim avec gentillesse: il se nommait John Denbat et se révéla être professeur de littérature. Près de lui était assis un homme aux traits anguleux et à la beauté plus singulière, dont la chevelure verte ruisselait sur ses épaules et qui se présenta comme le professeur de musique, Peyote Diaz. Venait derrière un autre blond, mais à l'air timide, presque effacé auprès du charisme puissant des autres: il se nommait Camel Munzer et enseignait les mathématiques. Enfin, Talim retrouva avec surprise les deux derniers hommes, qu'il connaissait déjà. Et pour cause, ils étaient cousins à des degrés plus ou moins divers. Karim, professeur de chant, et Chrom, maître de dessin, faisaient partie du faible pourcentage des membres du clan pache qui avaient réussi à passer les sélections de Hoshigumi. Non sans mal, car bien des hommes de leur famille avaient en commun cette robustesse des os et de la silhouette qui se transmettait de génération en génération et qui leur portait souvent préjudice lors des tests physiques. (Sans oublier le fait que la pauvreté de leur clan, malgré son ancienneté, empêchait que l'on puisse envoyer trop d'enfants paches à la fois à Hoshigumi.) Chrom, cependant, possédait la silhouette mince, quoique musclée, qui intéressait les recruteurs. Quant à Karim, on ne pouvait le qualifier de bel homme mais cela ne l'avait pas empêché de passer les épreuves grâce à ses talents pour les lettres, l'art dramatique et surtout, sa voix extraordinaire, laquelle lui avait d'ailleurs valu une carrière brève mais fulgurante à la cour, avant qu'il ne soit engagé comme professeur. Talim savait qu'il y aurait également des Paches parmi les élèves.

Ils se saluèrent donc joyeusement et le nouveau venu se sentit tout de suite moins étranger en ces lieux. D'autant que Chrom avait le don de mettre tout le monde à l'aise – sauf peut-être leur supérieur qui avalait son dîner avec une raideur toute glaciale.

– Je suis sûr que ça se passera très bien, affirma Chrom, confiant. Tu verras, ils sont un peu guindés au début mais ils ne sont pas méchants.

– J'espère bien, marmonna Talim, il ne manquerait plus que ça.

– Il y en a tout de même de plus sympathiques que d'autres, intervint Jackson. Surtout chez les grands.

– Toi, tu as tes têtes, c'est différent, rétorqua Chrom avec un sourire un brin moqueur.

Jackson y répondit d'une torsion légère de ses belles lèvres qui indiquait qu'il ne goûtait pas la taquinerie.

– Si vous voulez vraiment un conseil, enchaîna-t-il en tournant son regard vers Talim, en voici un: quoi que vous fassiez, n'ayez jamais l'air impressionné. Ne leur montrez pas vos faiblesses. Les enfants sont comme les animaux: ils sentent ces choses-là.

– Je ne vois pas de quoi vous parlez, intervint soudain une voix grave et moqueuse derrière eux. Devrais-je le prendre mal?

Talim se retourna pour découvrir le fantôme d'un chat tigré, vêtu impeccablement d'un kimono et d'une cape noire. Une ravissante pipe effilée était fichée entre ses lèvres, étirées en un sourire ironique. Un chapeau rond, cerclé d'un ruban blanc, était posé en équilibre entre ses deux oreilles. Il tenait sous son bras un livre dont le titre était caché.

– Je ne disais évidemment pas cela dans l'intention de vous vexer, répondit Jackson sans se démonter.

– Loin de moi cette pensée, susurra l'esprit félin avec mordant.

Tous deux se toisèrent un instant dans une tension palpable puis, avec un petit sourire, le nouveau venu se désintéressa de Jackson pour se tourner vers Talim.

– Bonjour, salua-t-il. Nous n'avons pas encore été présentés, je crois. Vous devez être le nouveau professeur d'art floral.

– Talim, du clan pache, Matamune, intervint le directeur. Matamune enseigne ici le maintien, la couture et le port du kimono.

– J'enseigne également l'art de la cérémonie du thé, compléta l'esprit avec une inclinaison gracieuse. En option. Cette classe est ouverte à tous, élèves et professeurs. Vous y serez le bienvenu.

Talim bredouilla un remerciement maladroit en s'efforçant de ne pas paraître trop surpris. Il ignorait qu'il y avait des professeurs fantômes à Hoshigumi. Là où il avait fait ses classes, c'était chose courante: les esprits étaient bien placés pour enseigner le shamanisme aux jeunes gens. Mais dans cette école dédiée aux arts de la cour, cela le surprenait davantage. Il ne put s'empêcher de demander:

– Pardonnez-moi cette question indiscrète: êtes-vous le seul enseignant-esprit, ici?

– Cela n'a rien d'indiscret, répondit le chat. La réponse est oui.

– Notre établissement a à cœur d'offrir une place en ce monde à ses anciens élèves, coupa soudain le directeur en pelant son fruit. Nous favorisons donc les anciens étudiants de l'école lorsqu'un de nos postes se libère. Après tout, c'est à cela que sert un réseau, n'est-ce pas?

Et, après une légère pause que nul n'osa rompre:

– Quoi qu'il en soit, jamais aucun de nos anciens élèves ne s'est hissé à un rang égal à celui de maître Matamune dans ses matières. Or, s'il est une chose que nous privilégions avant tout, c'est l'excellence.

Matamune reçut cet éloge en hochant la tête.

– J'ai mille ans de pratique derrière moi, cela n'a rien d'étonnant, concéda-t-il.

Talim sourit nerveusement, incapable de cerner la portée de ce qui se disait entre eux. Il n'aurait su dire si les paroles de Marco Maxwell relevaient du compliment sincère, ni si les deux s'appréciaient vraiment.

Puis, Matamune mit en pratique ses compétences en bonne tenue et entama une conversation sur les techniques de perspective avec Chrom, qui meubla l'espace verbal jusqu'à la fin du repas.

Le dîner s'acheva peu après et les élèves quittèrent le réfectoire pour rejoindre, qui les salles communes, qui la bibliothèque, qui leurs chambres.

Talim profita de son statut de nouvel arrivant pour prétexter la fatigue et se retira directement dans sa chambre. Le calme qui y régnait l'apaisa. Il ouvrit la fenêtre et inspira le léger parfum qui émanait de la roseraie toute proche, aisément perceptible pour ses narines entraînées. Puis, ne sachant que faire, trop excité pour dormir, il se plongea avec beaucoup plus d'intérêt qu'il ne l'aurait cru dans la documentation que le directeur lui avait fournie sur les programmes de ses prédécesseurs et le catalogues des plantes entretenues dans les serres.

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Anecdote sur l'uniforme: J'ai énormément hésité pour celui-ci. Je voulais quelque chose qui fasse joli et mignon et qui corresponde à l'arrière-plan moral que j'ai pensé pour cet univers. Du coup, j'ai passé un temps fou sur wiki à me renseigner sur les costumes masculins du monde entier (c'était cool, d'ailleurs). C'est fou tout ce qu'il existe comme robes masculines hyper belles. Bref, j'ai vraiment hésité à les mettre tous en jupettes à froufrous! Mais finalement, j'ai coupé la poire en deux, ils portent le pantalon (ce sera le cas des filles aussi). Sinon, j'avais pensé (entre autres) à un genre de toge ou de tunique grecque antique. Voire même au combo pourpoint-collant-fraise comme au XVIe siècle, mais je suis irrévocablement allergique à cette mode-là, en fait, donc non. XD