J'ai écris cet OS assez rapidement, vraiment sous le coup d'une inspiration immédiate… et parce qu'une discussion avec une certaine personne m'a donné envie de retrouver ce personnage, le temps d'un OS. On a donc Yasu (chanteur de Janne Da Arc & Acid Black Cherry) et Hyde (chanteur de L'Arc en Ciel). J'avais déjà fait une fic les réunissant, mais j'aime ce pairing donc voilà.
Je me suis inspirée d'un évènement (mais juste la base) qui est apparemment arrivé assez récemment à Yasu. J'ai eu envie d'écrire, et bien sûr d'extrapoler sur ce qu'il ressentait… et par la force des choses, j'ai intégré Hyde-sama en autre moitié du pairing :). J'espère que ça vous plaira. Il y a possibilité de faire une suite, même pour quelques petits chapitres, mais de toute façon l'OS se suffit à lui-même et dans le doute, je marque la fic comme étant 'complète' :).
Ma Lilys, j'espère que ça te plaira… :)
La plus grande douleur…
Par quoi définit-on un individu ? Par son physique ? Son caractère ? Son métier ? Son parcours ?... Un peu de tout cela, et on espère encore s'en rapprocher… Il faut oublier qu'il est impossible de connaitre réellement quelqu'un. C'est ce qu'il pense, lui. Mais il oublie cette idée et se dit dans un élan d'optimisme hésitant, qu'il est possible de s'approcher au plus près de la réalité. De voir plus loin que ce qu'une personne veut bien montrer, laisser apparaitre… et de la comprendre, enfin. Et ainsi comprendre ce qu'elle peut bien éprouver, assimiler ses réactions, maîtriser ses peurs… Et pouvoir aider. La tâche, présentée ainsi, semble gigantesque. Insurmontable. Quoi de plus terrible que de se sentir démuni lorsque la personne qui fait battre notre cœur souffre ?
Ca va aller… chuchote-t-il, tentant d'abord de s'en convaincre.
Parce qu'il est dans le métier depuis longtemps et parce que même sans cela, il a toujours eu cette lucidité, il sait combien le paraitre et l'être sont distincts pour une même personne, le premier primant trop souvent sur le second. Mais le petit être qui est actuellement recroquevillé sur le lit, la tête posée sur ses jambes… Cet être là, il est vrai. Authentique, honnête… pur. Parce qu'il ne sait ni ne veut rien cacher, il rit aux éclats quand il s'amuse, tempête quand la colère s'empare de lui… et pleure quand il a mal. Comme là. Comme là qu'il souffre, ses doigts serrant les draps défaits d'une main, et la chemise de l'autre, qui lui ne trouve rien à dire face à ce désarmant spectacle.
Car il n'y a rien à dire, de toute façon. Rien qui puisse soulager sa peine, reposer son cœur et lui rendre le sourire. Pour le moment, il ne peut qu'être là pour lui. Etre présent, être au sens propre comme au figuré, la personne sur laquelle Yasu peut se reposer. Lui promettre que quoi qu'il se passe, maintenant ou plus tard, il sera toujours là. Cela, il le peut.
Je suis là…
Yasu est de petite taille, mais Hyde n'est pas le mieux placé pour en faire la remarque. En ce moment, Yasu a les cheveux noirs, ce qui durcit son visage pourtant juvénile. Il est élégant, assez raffiné d'un certain point de vue… Qu'il soit en jean, débraillé ou en costume, tout lui va. Yasu est agréable à regarder. Pas seulement parce qu'il est désirable, mais aussi parce qu'il est quelqu'un qui semble ne pas comprendre le mot 'impossible'. Tout est jouable, tout peut être gagné, contrôlé… Tout est excitant tant que cela le fait vibrer. Il a une énergie capable d'avaler celle de toute personne qui croise sa route et n'y prend pas garde… Il ne sait pas ce que « s'arrêter » signifie. Pour lui, avancer se fait à chaque instant. C'est sûrement pour cela d'ailleurs, qu'il a autant mal maintenant. Parce que la vie se charge de lui expliquer ce que « impossible » et « s'arrêter » veulent dire.
Yasu est de nature volontaire, il est travailleur et perfectionniste. Curieux dans la vie comme dans le travail, il fait ses choix de façon intelligente et même s'il se sent des âmes de bulldozer parfois, il a assez de vécu pour ne pas s'oublier lui-même et se perdre en route. Lui-même justement, à qui il pense une fois que chacun autour de lui a eu sa part, d'ailleurs. C'est aussi cela que Hyde aime chez lui. Cette générosité sans faille et non feinte. Il a de la chance, Hyde. D'être avec lui, d'être aimé par lui et poussé par lui aussi. Il a de la chance et il el sait. Mais est-ce que ça compte ?
Je t'aime…
On dit que voir une personne affligée est triste, et que cela l'est d'autant plus lorsqu'il s'agit d'une personne habituellement gaie. C'est assez vrai. Voir quelqu'un d'ordinaire toujours souriant et dynamique, être ainsi allongé et dans un tel état… Cela faisait venir les larmes aux yeux de Hyde, une telle vision. Et bien sûr, c'est aussi parce qu'outre le tempérament de Yasu, c'est avant tout parce qu'il l'aime, que le voir si mal lui est difficilement supportable.
En un geste d'impuissance et de désespoir, il passa sa main dans les cheveux de Yasu. Il caressa sa tête, fit glisser les longues et fines mèches d'ébène entre ses doigts… Il lui semblait que les pleurs de son amant se faisaient moins assourdissants, que son corps tremblait moins… S'il pouvait lui apporter ne serait-ce qu'un peu de réconfort, de quiétude… Même un tout petit peu, Hyde en serait déjà heureux. Faire cela pour lui, ce serait déjà bien.
Yasu… Regarde-moi.
Le plus jeune ouvre les yeux, semblant ne réagir qu'à ces paroles, lorsque les autres n'avaient rien changé à son état. Il ne se redresse pas de lui-même, Hyde l'y force. Il se retrouve à genoux, près de lui, Hyde le maintenant par les épaules pour éviter que Yasu ne s'effondre à nouveau. Le plus âgé est un instant dépassé par cette vision d'un Yasu les cheveux emmêlés, reniflant, et les sillons creusés par les larmes, tailladant ses joues creuses… Son cœur semble se compresser, à chaque seconde passée à le détailler.
Son métier… Peut-on définir un homme par le métier qui est le sien, quand tant de gens passent la moitié de leur journée dans un emploi qu'ils détestent, à simple but alimentaire ? Hyde a toujours été convaincu que pour le domaine artistique, il en va tout autrement. Peinture, cuisine même… musique, cela va de soit. C'est un art mais aussi une passion. Ardente pour beaucoup, et pour quelques acharnés, qui représentent toute leur vie… Tout ce qu'ils sont capables de faire, de construire… Leur passé et leur présent se résume dans cet art sans lequel ils ne se conçoivent plus… et il y a fort à parier que leur avenir sera ainsi fait. Alors oui. Peut-être bien que dans certains cas, il est possible de définir un homme avec son métier, quand bien même pour lui, ça n'en est pas un.
Yasu, parle-moi…
Le concerné, en fait de parler, plaque une main contre sa bouche, se mordant le revers de la main comme s'il craignait au contraire de crier. Il a tellement mal, il comprend si peu les évènements et beaucoup trop la douleur… Il s'affaisse un peu, se rendant un peu plus petit aux yeux d'un Hyde mortifié, qui ne peut plus remuer le petit doigt.
Peut-être bien que ce sont nos actes qui nous définissent. Ce que l'on fait, ce pour quoi on a vécu… En tant que chanteur, l'homme aux yeux de couleur artificiellement bleue dévore une scène, s'approprie un studio, fait sien le moindre instrument… Comment peut-il alors, rester rationnel, tenter de ne pas paniquer ? Comment le peut-il, quand demain, il subira cette opération ? Dans sa gorge, ces kystes se sont formés. Comment ? Pourquoi ? Quelle importance, dans le fond ? Ce qui importe, c'est qu'il s'agit de sa gorge. De ce qui lui est le plus précieux puisqu'il s'agit de son instrument de travail et même de ce qui l'aide à vivre ? L'opération peut bien se passer, d'ailleurs c'est ce qu'il se dit. Et dans quelques temps, il sera comme avant et il pourra presque se moquer de son angoisse inutile… Mais actuellement, il se dit que tout peut très bien déraper et qu'il peut, dans le pire des cas, ne plus chanter… Et chaque fois qu'il se répète cela, il croit devenir fou.
Coupez donc les ailes d'un oiseau, vous obtiendrez le même résultat. Même seulement l'abimer, même temporairement… On n'est pas patient, lorsque tout se joue. Avoir mené une tournée où depuis les répétitions, les difficultés se posaient… Sentir au fond de soi que quelques chose ne va pas, mais tenter tout de même, se dépasser parce que l'on refuse catégoriquement d'admettre qu'il y a un problème… Alors qu'avant, rien ne semblait pouvoir lui résister, voilà qu'il s'était mis à peiner, à chaque live un peu plus. A être effrayé, alors qu'il usait de ce don qu'il avait, et qui avant ne pouvait que le satisfaire…
Tu y arriveras…
Comment peut-il le dire si facilement ? Et surtout comment, quand il le dit, parvient-il à faire que Yasu y croie ? Il veut y croire, seulement parce que Hyde l'affirme. Hyde a assez de recul, puisqu'il est extérieur à la situation, pour se concentrer sur cette optique « tout va bien se passer », lui. Il peut l'envisager, quand l'autre tend à se focaliser sur le plus dramatique, ce qui se conçoit. Et en même temps, parce que Hyde vibre de la même passion qui l'habite et ressent les mêmes choses, il comprend… Il s'imagine, plutôt, comment Yasu peut être. Si on lui disait à lui, que même temporairement, il ne pourrait plus chanter… L'abattement serait le même. Ou plus de la colère peut-être, question de tempérament… Mais cela se confond dans le même moule de douleur et de désespoir, au final.
Yasu, regarde-moi. Tu vas gagner, cette fois encore.
Ses mains petites mais fermes sont remontées jusqu'aux joues de Yasu. Vivement, il a essuyé ses larmes et a agrippé son visage, rapprochant le sien pour le transpercer de son regard. Ce même regard qui, la première fois que Yasu l'avait vu en vrai, l'avait cloué sur place. Ce regard dans lequel il s'était toujours perdu, attendant que Hyde le ramène… Là encore, il se calma et s'y accrocha. Il ne pouvait faire autrement, il avait trop foi en Hyde pour admettre qu'il puisse se tromper. Et Hyde croyait trop en lui pour penser qu'il puisse abandonner ou perdre la partie. Yasu allait se remettre, tout se passerait comme prévu, tout ne serait qu'une question de temps. Parce qu'il ne pouvait en être autrement.
Cela faisait mal encore, bien sûr… Il avait surtout peur en fait, de ce lendemain solennel, grave, qui pouvait très bien tout lui enlever d'un coup de scalpel mal placé. Et même… Il était déjà en manque, ses capacités et l'abandon qu'il mettait dans sa tâche lui semblant si éloignés… Mais il n'était pas seul. Il était en ce moment même, soutenu et aimé. Qu'il soit dans cet état n'y changeait rien. Qu'il ait été invivable les semaines précédentes non plus. Hyde l'aimait de façon inconditionnelle, et il entendait bien tout partager avec lui, le bon comme le mauvais. Il l'avait prouvé à chaque instant ces derniers temps, et il le montrait actuellement, inlassablement.
Merci…
Premier mot depuis une éternité, cela donnait cette impression. Hyde lui sourit comme pour lui dire que c'était idiot, qu'il n'y avait pas de quoi. Par ce sourire, il redisait autrement qu'il serait toujours là. Qu'il lui prêterait sa force et tout ce qu'il faudrait, et que rien ne changerait. Yasu se sentit mieux. Comme à chaque fois qu'il agissait en accord avec ses émotions, finalement. Le soulagement le gagna, satisfait qu'il était d'avoir sorti ce qu'il avait sur le cœur à cet autre qu'il aimait plus que tout.
Hyde posa doucement ses lèvres sur les siennes. Doucement, pour ne pas le brusquer. Un baiser en surface, sage, n'ayant d'autre but que de retrouver son contact après ces semaines de froideur et d'incompréhension mutuelle… Il sentit Yasu s'abandonner, passer ses bras autour de son cou et par la suite, murmurer des remerciements et des mots doux à son oreille… Cela ne réglait certes pas tout, mais il avait désormais le courage nécessaire pour affronter ce lendemain effrayant.
