Une histoire que j'ai écrite à un moment ou j'étais une grosse fan de Dexter (c'est à dire pendant les deux-trois premières saisons). Pas de sexe ou d'amour ici, puisque les deux personnages principaux en sont incapables. En revanche, dans les prochains chapitres, il y aura une scène de meurtre assez froide et détaillée, donc c'est à vous de voir. Petite fic de six chapitres.
Je m'appelle Théo. J'ai vingt ans. Et je suis un monstre…
Mais heureusement, je ne suis pas seul. J'ai rencontré un autre monstre.
Nous sommes pareils. Identiques. Le même sens moral. Les mêmes anomalies. Les mêmes vices…
Et maintenant, nous collaborons. Dans tous les sens du terme.
J'étais un enfant sans histoire jusqu'à mes quinze ans. Normal. A peu près. Je n'avais jamais eu d'amis, et n'en voulait pas. Mes parents s'en inquiétaient, et s'en inquiètent encore. Les gens me trouvent quelque chose de malsain, de dérangeant… Cela m'a longtemps posé des problèmes. Des persécutions inexpliquées. Des casiers vandalisés. Des sacs retournés. Des insultes. Des coups bas. Des coups que j'ai rendus, ou donnés. Pour me défendre. Sauf que moi, je ne voyais pas de raison de m'arrêter. Bien souvent, j'ai failli être exclu de mes divers établissements scolaires. Les professeurs ne voyaient de moi que celui qui agresse, pas celui qui se défend. Et comme j'étais celui qui frappait le plus et le plus fort, c'était à moi que l'on reprochait son comportement violent.
J'ai quelque chose que les autres n'ont pas. Ou plutôt, ils ont quelque chose que moi, je n'ai pas…
Souvent, lorsque quelque chose arrive, comme un décès, une naissance, un anniversaire, une fête de famille, une agression… Quand quelque chose comme ça arrive, il est logique, -et même sain- de ressentir quelque chose, n'est ce pas? De la joie, de la douleur, de la peine, du bonheur… Même lorsqu'il arrive quelque chose d'aussi simple qu'une rencontre. Généralement, lorsqu'on se retrouve face à quelqu'un, on éprouve quelque chose en fonction de la personne que l'on a en face de soi. Du stress, s'il s'agit d'un employeur potentiel. De la joie, si l'un de nos enfants nous présente enfin l'élu(e) de son cœur. Ou de la haine, bien sûr, selon notre degré de tolérance. Du dégoût. De la confiance. De la méfiance. Bref. Toutes sortes d'émotions.
Moi, je n'éprouve rien de tout ça. On me traite d'insensible. Mes parents ont dépensé des fortunes en psychologues sans que je n'aie rien à leur dire. Ils se demandent ou ils ont pu faire une erreur pour que je sois comme ça, ce qui m'est arrivé pour que je sois comme ça. Mais la réalité, c'est que mon âme est vide, mon cœur aussi. Rien ne me fait frissonner. Rien ne fait battre ce cœur, rien ne peut accélérer ses battements.
Sauf une chose.
Le meurtre.
Bien sûr, j'ai appris à feindre. J'ai appris à imiter les autres et à me fondre dans la masse. J'ai appris à sourire lorsque l'on me complimentait ou que je devais être joyeux. J'ai appris à allumer des étoiles dans mes yeux. J'ai appris à y faire couler des larmes. Et j'ai appris à crisper mon visage dans une mimique de colère. Mais ma voix reste généralement étrangement inexpressive.
Puisque je ne comprends pas ces sentiments, puisque je ne les connais pas, comment puis-je, malgré tous mes efforts, les reproduire fidèlement ?
La plupart des évènements glissent sur moi sans m'atteindre réellement. Quelqu'un est mort. C'est triste. Je suppose. Quelqu'un est né. Quelle joie. Je suppose. Je ne sais pas quoi faire de ma vie. Tant pis. Je trouverais bien…
Le seul évènement traumatisant qui me soit arrivé est un enlèvement et un viol. Sauf que, comme toujours, je n'ai rien ressenti.
Jusqu'à ce fameux soir...
