CHAPITRE 1
Clarke regarde devant elle en mettant ses mains sur ses hanches. Elle entend un léger froissement derrière elle et se retourne subitement. Elle prend le bras tendu de Miller et le tord violemment dans son dos. Celui-ci commence à rire.
— Bien joué, lui dit-il.
— Tu croyais quoi ? lui dit-elle en le relâchant. Je ne suis pas devenue sourde.
— Tu sais très bien prendre les personnes par surprise, ton problème reste réellement le corps à corps.
— Je sais. Pourtant on se voit deux fois par semaine, je ne sais plus quoi faire. Je ne m'améliore pas.
— Je devrais peut-être t'assigner quelqu'un d'autre. Il faut que tu apprennes d'autres mouvements que les miens.
— Non. Je suis beaucoup trop habituée avec toi.
Elle prend la bouteille d'eau posée sur le sol et boit une petite gorgée.
— Cela fait quatre ans que tu t'entraines non-stop, lui dit-il. Il faudrait que tu penses à faire une pause. Pourquoi est-ce que tu t'acharnes à ce point ?
Elle soupire en ramenant son poignet gauche près de son visage. Elle regarde lentement la montre accrochée à son poignet et voit les initiales J.G. Elle repense à cette journée où son père lui a dit de continuer à s'entrainer.
FLASHBACK
Clarke regarde son père en s'épongeant doucement le front. Celui-ci conserve un regard dur et montre une nouvelle fois le sac de frappe à côté de lui. Clarke soupire et met ses mains sur ses hanches, d'une manière frustrée.
— Ça fait une heure qu'on fait ça papa, lui dit-elle. J'ai envie de rentrer à la maison et de manger une glace.
— Non, Clarke. Continue à t'entraîner.
— Ça ne sert à rien ! s'exclame-t-elle. D'ici quelques mois j'aurais perdu ma force et on n'en reparlera même plus !
— Je compte sur toi pour continuer à t'entraîner lorsque je ne serai plus là, lui dit-il en s'approchant. Je fais ça pour ton bien, Clarke, tu dois me croire.
— Quand j'ai dit à mes amies à l'école que je m'entrainais au combat, elles ont commencé à rire. Papa, je suis la seule fille de mon âge à faire ce genre de choses.
— Viens, dit-il en prenant délicatement sa main. On va faire une pause.
Clarke grogne légèrement et suit doucement son père. Ils s'assoient tous les deux contre le mur de la salle et Clarke le regarde, curieuse d'entendre ce qu'il va lui dire.
— Lorsque tu deviendras grande, lui dit-il, tu pourras faire face à des situations dangereuses. Tu vas devoir te battre pour défendre ce que tu crois être bon et juste.
— Je n'ai que 12 ans, la seule chose dont je me soucie c'est d'avoir un petit-copain, dit-elle en secouant la tête.
— Clarke…
— Je suis désolée, dit-elle avec un sourire au coin.
— Ce ne sera pas la même chose plus tard, lui dit-il doucement.
— Pourquoi ? demande-t-elle en fronçant les sourcils.
— Tu verras.
Il se relève et tend sa main vers elle. Celle-ci soupire pour la énième fois de la journée et le suit près du sac de frappe. Elle se place devant et bouge lentement ses épaules pour les détendre. Elle prépare ses poings devant elle.
— N'oublie pas d'enlever tes pouces de tes poings, rectifie son père en prenant sa main. Tu risquerais de te blesser.
— Je sais ce que je fais, lui dit sa fille. Papa, tu sais que je vais oublier tout ce que tu m'apprends dans quelques années ?
— Je le sais, répond-il en souriant. Quand le moment sera venu, une remise à niveau s'imposera.
— Quand le moment sera venu ? demande-t-elle en croisant ses bras. Il ne va rien t'arriver, pas vrai papa ?
— Ne t'inquiète pas pour moi, dit-il en embrassant son front.
Elle hoche la tête et regarde le sac de frappe. Elle prépare ses poings devant elle et commence à le frapper avec une rage dont elle ignorait l'existence en elle. Elle le frappe à plusieurs reprises en pensant à l'amour qu'elle éprouve pour son père.
8 ans plus tard, son père meurt dans un accident de voiture alors qu'elle peint une toile dans sa chambre.
FIN DU FLASHBACK
— Je l'ai promis à mon père il y a une dizaine d'années.
— Il serait fier de toi.
Elle sourit en entendant les paroles de son ami. Miller et elle se connaissent depuis très longtemps. Elle tient énormément à lui.
Elle prend son sac sur le côté et le met sur son épaule.
— Je dois filer, lui dit-elle. Ma mère vient prendre un café chez moi.
— Comment va-t-elle ?
— Très bien depuis que je ne suis plus avec Lexa, répond Clarke en riant.
Lexa et Clarke se sont séparées il y a quelques mois parce qu'elles ne ressentaient plus de sentiments l'une envers l'autre. Lexa ne cessait de clamer le fait que l'amour soit une faiblesse alors que Clarke pensait tout le contraire. En plus de ça se rajoutait la pression qu'exerçait Abby sur sa fille. Elle avait eu du mal à accepter la bisexualité de sa fille et surtout n'appréciait pas le caractère de Lexa. Celle-ci était beaucoup trop fêtarde à son goût.
— Lexa était toujours mieux que Finn, grommelle Miller.
— Tout le monde est supérieur à Finn, répond celle-ci en levant les yeux au ciel.
— Touché.
— Bon allez, j'y vais. J'ai eu une journée épouvantable à l'hôpital et cet entrainement vient de me mettre K.O.
— Bonne journée ma belle.
Clarke s'approche de son ami et lui fait un long baiser sur la joue. Elle sort en lui faisant un léger signe de la main. Elle retire l'élastique de ses cheveux et sort de la salle de sport en se dirigeant vers sa voiture. Elle rentre dans celle-ci en allumant automatiquement l'autoradio et met la clé dans le contact.
Clarke vient de prendre 25 ans. Cela fait quelques années qu'elle travaille en tant qu'interne dans l'hôpital de son secteur et elle compte gravir les échelons le plus vite possible et enfin devenir un réel médecin. Sa mère l'a toujours poussé dans cette direction alors que son père voulait qu'elle exploite le plus possible ses capacités à dessiner. Peindre la rendait heureuse. S'il savait qu'elle avait arrêté de peindre après sa mort, il serait dévasté. Elle continue à le faire vivre seulement à travers ses entrainements avec Miller.
Elle tapote lentement le volant du bout des doigts alors que le trafic commence à être insoutenable. Elle appuie doucement sur la pédale d'accélérateur mais un automobiliste lui fait une queue de poisson avec sa voiture.
— HÉ ! s'écrit-elle toute seule dans la voiture.
Elle croise le regard brun de l'automobiliste dans le rétroviseur et voit un petit sourire se former au coin de ses lèvres. Il lui fait un léger signe de la main avec un sourire narquois.
— Tu te crois drôle, grommelle-t-elle toute seule.
Elle pose son coude gauche contre la fenêtre et regarde au dehors, en attendant que le bouchon se débloque. Elle change de chanson et essaye de s'occuper en se rongeant les ongles. Elle regarde devant elle et voit l'homme lui lancer quelques œillades. Elle hausse légèrement les sourcils. Si c'est une technique de drague de sa part, c'est raté.
Elle profite d'une occasion et se débarque sur la gauche pour le doubler. Elle regarde rapidement sur la droite pour voir l'abruti et le regrette immédiatement. L'abruti en question n'est pas n'importe quel abruti. C'est un abruti canon. Il hausse un sourcil en la regardant alors qu'elle tourne rapidement la tête et regarde devant elle. Elle prend une grande inspiration et essaye de respirer le plus calmement possible. Elle n'avait jamais vu un homme avec un regard aussi perçant que le sien, aussi intense.
— Calme-toi, se dit-elle doucement.
Elle reprend peu à peu contenance et arrive calmement chez elle. Elle gare sa voiture sur le parking et se précipite dehors. Elle entend un froissement derrière elle et se retourne subitement, resserrant son emprise sur son sac. Elle se tourne à gauche et à droite mais ne voit rien. Elle se précipite chez elle sans regarder une seule fois de plus autour d'elle. Elle est en train de devenir parano. Elle arrive devant sa porte d'entrée et rentre rapidement en claquant la porte derrière elle.
— Je suis rentrée ! hurle-t-elle pour que sa colocataire l'entende.
— Tu en as mis du temps, dit celle-ci en arrivant et en l'embrassant sur la joue.
— Je suis désolée. Il y avait beaucoup de bouchons et en plus de ça un abruti m'est passé devant.
— Vu la façon dont tu rougis tu as dû aimer ça, dit Raven en riant et en s'asseyant à côté de Clarke sur le canapé.
— C'était un très bel abruti, précise Clarke en haussant les épaules. Malheureusement, ça reste un abruti.
Raven éclate de rire en envoyant un coussin à la figure de Clarke. Celle-ci l'esquive et rit à son tour. Elle regarde Raven en se mordant la lèvre inférieure.
— J'ai cru qu'il y avait quelqu'un dans le parking avec moi, dit-elle doucement. J'en ai marre de cette paranoïa.
— Ça fait plusieurs fois que tu me dis ça, répond Raven en fronçant les sourcils. C'est peut-être un admirateur secret qui te suit avec une rose dans la main.
— La ferme ! s'exclame Clarke en éclatant de rire.
— De toute façon tu as un ange gardien, dit Raven en souriant.
— N'importe quoi.
— Clarke. Tu te souviens de la dernière fois, quand tu t'es fait voler ton sac ? Tu le retrouves par terre une rue après.
— Le voleur a dû avoir des remords.
Raven lui tire la langue comme une enfant. Clarke regarde la montre posée sur son bras gauche et soupire lourdement.
— Ta mère arrive dans combien de temps ? demande sa colocataire en se tournant.
— Dans quelques minutes, répond Clarke. Mais ne parlons pas de ma mère. Parle-moi de ton travail.
Raven se lève en grommelant des mots incompréhensibles pour l'oreille de Clarke et va se chercher une tasse de café. Elle se rassoit sur le canapé à côté de Clarke en prenant une gorgée de sa boisson.
— Je t'avais parlé du nouvel ingénieur ? lui demande-t-elle.
— Wick, c'est ça ?
— Oui. Et bien ce Wick m'exaspère au plus haut point. Il me regarde travailler avec un sourire d'abruti au coin des lèvres et me corrige sur tout ce que je fais. Je ne sais pas c'est quoi son problème.
— Ça fait seulement une semaine qu'il travaille avec toi et tu m'en parles tous les jours, dit Clarke en haussant un sourcil. Je pense que tu l'aimes bien.
— Tu plaisantes ? lui dit Raven. Je ne le supporte pas. Il fait des blagues complètement stupides sur l'hélium et l'argon.
— Tu penses tous le temps à lui, plaisante Clarke. Je suis sûre que vous feriez un très beau couple.
— Il n'est pas désagréable physiquement. Mais ça reste un abruti.
— Les abrutis ont du bon parfois.
— Comme le bel abruti dans l'automobile ?
Clarke commence à rire lorsque des coups à la porte se font entendre. Clarke se lève et soupire.
— Voilà la marâtre, murmure-t-elle.
Elle ne prend même pas la peine de regarder à travers le judas et ouvre rapidement la porte. Elle écarquille les yeux et ferme la bouche. Sa mère n'est pas présente derrière la porte mais deux hommes portant tous les deux un costume noir. L'un s'avance doucement en tendant sa main vers elle.
— Je suis Marcus Kane et voici Lincoln.
— Qui êtes-vous ? demande Clarke sans serrer la main de l'homme.
— Nous sommes des collègues de votre mère, répond celui-ci.
— Vous ne ressemblez pas à des médecins, répond-elle en haussant l'un de ses sourcils.
Les deux hommes se regardent d'une manière embarrassée. Clarke met sa main sur la porte et s'apprête à la refermer au cas où l'un d'entre eux tenterait quelque chose contre elle.
— Votre mère n'a pas pu sortir de chez elle pour venir vous voir, explique l'agent appelé Lincoln. Nous sommes venus pour vous conduire à elle. Nous sommes du FBI.
Il sort un badge de sa poche et le tend vers Clarke. Celle-ci le prend dans sa main et l'observe. Il dit vrai, ils viennent bien du FBI. Peut-être est-ce une protection rapproché… Mais pourquoi ? Sa mère n'a pas besoin de gardes du corps.
— Vous m'excusez deux petites minutes ? demande Clarke.
Elle ne leur laisse pas le temps de répondre et referme la porte sur eux. Raven s'approche d'elle et lui demande ce qu'il se passe. Clarke lui explique la situation tout en cherchant dans son portable le numéro de téléphone de sa mère. Elle appuie sur son nom et pose le téléphone portable tout contre son oreille.
Sa mère décroche au bout de deux sonneries.
— Clarke ? s'exclame-t-elle au bout du fil.
— Maman ? C'est quoi ce bordel ?
— Est-ce que tu es avec les agents que je t'ai envoyés ?
— Ils attendent derrière la porte. Ils m'ont dit qu'ils étaient tes collègues. C'est quoi cette blague ?
— Je te demande juste de les suivre Clarke, dit doucement sa mère. Ils te conduiront simplement à la maison.
— Pourquoi est-ce que tu ne t'es pas déplacée toi-même ? Es-tu malade ?
— Non, Clarke. Suit simplement les deux agents et je t'expliquerai tout quand tu seras arrivée chez moi. Tu ne crains rien.
Clarke hésite quelques secondes après les derniers mots de sa mère. Elle ne comprend pas la situation.
— Je… D'accord, dit-elle en fronçant les sourcils. Je te fais confiance.
Clarke raccroche le téléphone et regarde Raven, une lueur de panique dans le regard. Elle ne comprend pas ce qu'il se passe mais décide simplement de suivre les directions de sa mère. Elle ne peut pas faire autrement.
Elle dit rapidement au revoir à Raven et ouvre sa porte d'entrée. Elle suit lentement les « agents », comme lui a dit sa mère il y a quelques minutes. Elle s'installe à l'arrière d'une camionnette noire avec des vitres teintées et ronge ses ongles tout le long du chemin. Le chemin pour aller jusqu'à son ancienne maison ne prend que dix minutes mais elle trouve que le temps passe très lentement. Elle compte les secondes jusqu'à ce que la voiture se gare devant la grande maison de son enfance.
Elle s'apprête à sortir lorsque l'agent Lincoln pose une main sur la sienne.
— Attendez que je sois sorti, lui dit-il.
Elle hoche la tête en fronçant néanmoins les sourcils. Il sort de la camionnette et ouvre sa portière. Elle sort et se dirige vers la porte d'entrée, l'agent Lincoln à sa gauche et l'agent Kane à sa droite. Ils ne cessent de jeter des coups d'œil aux alentours et d'être collés à elle.
Elle arrive devant la porte d'entrée et ne prend même pas la peine de frapper. Elle entre directement.
— Maman ? s'exclame-t-elle en se dirigeant automatiquement vers le salon.
Lorsqu'elle arrive, elle voit sa mère se lever du canapé et lui sourire. Clarke sourit à son tour et s'avance vers elle en la prenant longuement dans ses bras. Abby se sépare d'elle et demande aux deux agents de s'éloigner un peu d'elles pour leur donner du temps entre mère et fille. Kane s'approche néanmoins d'elle. Il pose sa main sur son bras en lui chuchotant quelques mots que Clarke ne comprend pas. Il sourit finalement à sa mère et s'écarte de quelques pas.
Clarke se tourne vers sa mère.
— Qu'est-ce qu'il se passe, maman ? demande Clarke en fronçant les sourcils. Je suis dans le flou total, je ne comprends pas.
— C'est à cause de ton père, Clarke.
Clarke recule légèrement et s'assoit sur la chaise la plus proche. Sa mère et elle n'ont plus jamais reparlé de son père depuis sa mort, alors qu'elle n'avait que 20 ans. Il est mort dans un accident de voiture et Clarke s'est refermée sur elle-même après cet incident. Cela fait maintenant quatre ans qu'elle vit dans cette douleur perpétuelle.
— Pourquoi est-ce que tu dis ça ?
Sa mère plaque ses mains sur son visage en soupirant et frotte légèrement ses paupières. Clarke fronce les sourcils et commence à paniquer.
— Je ne te l'ai jamais dit parce que tu étais beaucoup trop jeune pour comprendre, dit-elle. Mais ton père m'a laissée avec des dettes. Beaucoup de dettes.
— Tu as besoin d'argent ? demande Clarke, inquiète. Peut-être qu'on pourrait demander à de la famille de…
— Non, Clarke. La somme est beaucoup trop importante. On parle d'une centaine de milliers d'euros.
Clarke écarquille les yeux en regardant sa mère. Elle a toujours vécu de la meilleure des façons possible, sa mère étant médecin. Ils n'ont jamais eu de problème d'argent, elle n'a jamais dû endurer ce genre de choses. Elle a toujours eu l'argent qu'elle voulait.
Elle regarde le sol et essaye de respirer le plus calmement possible. C'est impossible que son père leur ait caché des dettes de cette façon.
— Il me l'a appris quelques jours avant sa mort, lui explique sa mère. Il devait une grosse somme à un groupe spécifique d'individus.
— Pourquoi est-ce qu'il leur devait de l'argent ?
— On a eu un petit problème lorsque ton père s'est fait renvoyer de son travail et qu'il a dû en emprunter. Il continuait à en prendre sans leur rendre jusqu'au jour où ils l'ont menacé.
— Menacé ? répète Clarke en écarquillant les yeux.
— De s'en prendre à lui et à sa famille.
Clarke porte ses deux mains dans ses cheveux et la regarde, sans dire un mot de plus. Elle n'arrive pas à croire que son père ait été aussi imprudent et ait accepté de leur emprunter de l'argent.
— Attends, maman. Est-ce que tu es en train de me dire que son accident de voiture…
— Il n'était pas accidentel.
Elle essaye de digérer calmement la nouvelle mais n'y arrive pas. Une larme coule le long de sa joue.
Clarke se lève rapidement de son siège et s'essuie le visage. Elle commence à faire les cents pas en jetant un coup d'œil aux deux agents du FBI derrière elle. Lincoln a la tête baissée tandis que Kane la regarde, une tristesse dans les yeux. On lui a menti des années durant.
Elle se tourne vers sa mère.
— Pourquoi est-ce que tu me dis ça ? dit-elle violemment. Cela fait quatre ans qu'il est mort et tu n'as jamais eu l'occasion de m'en parler.
— Cela fait quatre ans que je suis en danger de mort à chaque seconde.
Clarke la regarde sans ouvrir la bouche, ne sachant quoi dire. Si son père a eu des dettes mais qu'il a été tué, pourquoi est-ce qu'on ne les laisse pas tranquille ? Ils ont eu ce qu'ils voulaient.
— Papa est mort, lui dit Clarke. Il ne peut plus leur donner cet argent.
— Ils se rabattent sur nous. Ils veulent qu'on règle ses anciennes dettes.
— C'est impossible ! s'écrie-t-elle. Nous n'avons pas cet argent, nous ne pouvons pas les rembourser de cette façon !
— Ce sont les Grounders. Rien ne peut les arrêter.
Abby baisse la tête en prononçant cette phrase. Clarke ferme lentement les yeux en entendant le mot Grounders. Ce gang est connu dans tout le pays, ce sont ceux ayant fait le plus de victimes. Chaque personne ayant côtoyé les Grounders sont tous morts dans d'atroces souffrances.
— Ce que dit ta mère est important, dit l'agent Kane en s'avançant vers elle. Ce gang ne s'arrêtera pas tant que vous ne soyez pas toutes les deux mortes.
— Ils ne m'ont jamais menacé, lui dit Clarke. Ils ne connaissent peut-être pas mon existence.
— Ils ne la connaissaient pas jusqu'à ce que tu en aies soigné un à l'hôpital.
Il sort une photo de sa poche et la tend doucement vers elle. Clarke reconnait un patient qu'elle a soigné il y a quelques jours. Il était arrivé avec une blessure à l'arme blanche et elle n'avait pas posé de questions. Elle le regrette désormais.
— Il s'appelle Gustus, lui dit-elle. Coup de couteau. C'est tout ce dont je me rappelle.
— Il a su dès ce moment ton nom et a dû en parler à son groupe complet. Nous avons reçu un appel hier dans notre agence où il citait ton nom.
— Gustus ? Il vous a appelé ?
— J'ai pu enregistrer le message sur le répondeur de ta mère. L'appel était malheureusement trop court pour que je puisse retrouver l'émetteur.
Il regarde Abby alors que celle-ci hoche la tête dans sa direction. Il appuie doucement sur le bouton du répondeur et attend qu'il se déclenche. Clarke se rapproche et entend une voix grave parler.
« Nous savons que vous protégez Abby Griffin. Nous venons d'apprendre qu'elle avait une fille du nom de Clarke Griffin. Très belle femme. Ce serait dommage que quelque chose lui arrive également, pas vrai ? »
Le répondeur se coupe. Clarke se frotte les tempes. C'est bien la voix de l'homme qu'elle a soigné, elle en est sûre.
— Donc tu es sous protection judiciaire depuis quatre ans ? demande-t-elle en regardant sa mère.
— C'est exact.
— Et pourquoi est-ce que tu m'as fait venir ici ?
— Tu vas toi aussi avoir une protection avec toi 24h/24.
— Non.
Clarke secoue la tête en regardant sa mère. Elle a vu assez de films pour savoir que c'est invivable d'être sous protection judiciaire. On ne peut plus avoir de vie privée, on ne peut plus aller où on veut sans demander la permission. C'est trop pour elle, elle ne peut pas faire ce genre de choses.
— Clarke…
— Il en est hors de question, maman ! s'exclame-t-elle. Je ne veux pas avoir un chien de garde en permanence avec moi !
— Je subis cette chose depuis quatre ans et ce n'est pas grand-chose, répond sa mère. Du moment que tu entretiens une bonne relation avec ton garde du corps, ce n'est pas invivable.
— Je comprends pourquoi Kane et toi semblez proches alors, crache-t-elle dans sa direction. Il te sert de garde du corps ou de compagnon de sexe ?
— Clarke !
Clarke regarde Kane et voit ses joues se rosir et son regard dériver vers sa mère. Clarke a été beaucoup trop loin dans ses paroles mais comprend maintenant les regards que Kane lançait vers sa mère. Il est plus que son garde du corps.
— Depuis combien de temps êtes-vous en couple ? demande-t-elle.
— Ce ne sont pas tes affaires, fulmine sa mère.
— Que tu répondes ou non à la question, je comprends le petit manège entre vous deux. Te servir d'un garde du corps ? C'est un coup bas, maman.
— Je ne me sers pas de lui ! s'exclame-t-elle. Nous avons lié une amitié, je n'ai rien d'autre à te dire.
— Et bien je n'ai rien d'autre à te répondre que non.
Clarke se retourne et commence à avancer vers la porte ouverte. Lincoln la remarque alors et se déplace de façon à être entre elle et la porte. Elle fronce les sourcils et pousse violemment son torse, alors qu'il ne bouge pas d'un centimètre.
— T'es censé être mon garde du corps ? demande Clarke en haussant les sourcils. Ne compte pas sur moi pour être comme ma mère. Je ne couche pas pour avoir une protection.
— Ça va aller, dit-il en commençant à rire.
— Je ne veux pas de garde du corps, dit-elle entre ses dents.
— Tu en auras un, répond-il fermement. Ce ne sera pas moi, mais tu en auras un. Je connais la personne qui te protègera. Il est très qualifié.
Elle est surprise du fait que ce ne soit pas lui qui compte la protéger. Elle ne veut pas de protection rapprochée mais elle est tout de même intriguée. Elle veut savoir à quoi il ressemble. Est-ce qu'il est jeune ou vieux ?
Elle essaye de contourner Lincoln mais il lui barre de nouveau le passage. Elle se tourne vers sa mère en levant les mains.
— Je sors si j'en ai envie, s'exclame-t-elle en s'avançant vers sa mère.
— Pas sans garde du corps. Je suis désolée.
— Très bien, assigne-moi un garde du corps, lui dis-je. Mais si tu crois que je vais faire amie-amie avec lui, tu as tort. Je vais lui en faire baver jusqu'à ce qu'il arrête de me protéger.
— Ça n'arrivera pas, affirme Kane. Mes hommes n'abandonnent jamais.
— Vous voulez parier ? C'est lui qui voudra me tuer à la fin de la semaine.
Clarke voit un petit sourire sur le visage de Kane alors que sa mère pouffe légèrement de rire. Clarke secoue la tête en souriant à son tour, nerveusement.
— Il ne devrait pas tarder, dit Kane en regardant Abby.
— D'accord, répond celle-ci en hochant la tête.
— Il est un peu plus vieux que toi, dit Kane en regardant Clarke. Il a 27 ans. Il est grand et est préparé à toutes situations dangereuses. C'est l'un de mes meilleurs éléments, je lui confierais ma propre vie.
— J'espère qu'il a le cœur solide, grommelais-je entre mes dents.
— Il te supportera, dit-il avec un regard amusé. Il a une sœur de 23 ans qu'il a dû élever. Ne t'en fais pas.
Clarke croise les bras et ronge l'un de ses ongles. Elle ne veut pas qu'il soit l'un de ses meilleurs éléments, elle ne veut pas qu'il puisse la supporter. Elle veut lui rendre la vie infernale. Elle comprend à la manière dont en parle Kane que ce sera impossible pour elle de le faire partir. Elle est dans la merde.
Elle sursaute en entendant soudainement la porte d'entrée s'ouvrir. Lincoln commence à sourire et part de la pièce. Elle entend sa voix ainsi qu'une autre voix forte parler. Lincoln et son futur garde du corps semblent être amis, apparemment. Clarke tape du pied sur le sol en fixant la porte d'entrée. Elle entend la voix de Lincoln chuchoter « Tu en as de la chance, elle est magnifique ». Elle roule les yeux alors qu'elle voit sa mère secouer la tête en commençant à rire. Kane, cependant, ne semble pas amusé.
Elle entend les bruits de pas se rapprocher et fixe la porte. Elle sent son cœur avoir un raté lorsqu'elle voit une personne qui n'est pas Lincoln entrer dans la pièce. Elle le détaille doucement de haut en bas. L'homme est plutôt grand – plus grand qu'elle en tout cas –, il a des cheveux bruns indisciplinés et des tâches de rousseurs sur le nez. Il semble avoir une belle musculature. Il porte une chemise blanche, une cravate noire et un pantalon noir. Il aurait été très attirant si elle n'avait pas reconnu ses yeux, ses yeux noirs intenses.
— C'est non, s'exclame-t-elle en regardant sa mère. Je refuse.
— Pourquoi ? lui chuchote-t-elle, l'air surprise.
Elle s'apprête à lui répondre lorsque Kane la devance et met sa main sur son épaule droite, la tournant vers l'inconnu.
— Je te présente Bellamy Blake, lui dit-il. Ton garde du corps.
Clarke le regarde sans dire un mot. Bellamy la regarde également avec un sourire au coin des lèvres. Il l'a reconnu, lui aussi.
Elle soupire discrètement. Le bel abruti dans l'automobile.
Bonjour à tous ! Et oui, me voilà avec une nouvelle fiction autre que Plus qu'un jeu !
Ce premier chapitre fait vraiment office de prémisse, j'avais besoin d'installer l'histoire. La relation entre Bellamy et Clarke sera au début un peu chaotique mais pourra vraiment vous faire penser à celle dans PQJ, vous ne serez donc pas dépaysés.
Je souhaiterais d'ailleurs remercier Géraldine (GoodGame) qui a lu ce chapitre (ainsi que 6 autres) en avant-première et m'a dit ce qu'elle en pensait. Elle me donne tout pleins d'idées donc son aide est vraiment bénéfique. J'en profite pour vous rediriger vers sa fiction "Heal Me Kill Me", qui aura bientôt son dernier chapitre publié ! (laissez-lui beaucoup de reviews, ça la motivera encore plus !)
N'oubliez pas, les reviews sont la rémunération des auteurs ! Laissez-moi votre avis, j'aimerais savoir ce que vous en pensez !
Bonne journée !
