Chapitre 1 : Une arrivée stressante
Aelita stressait un peu. Elle avait beau avoir rêvé de cet instant pendant longtemps, elle stressait. Elle avait étudié le Japonais durant cinq ans, sans relâche, juste pour avoir le plaisir de venir au Japon. Et maintenant qu'elle y était, elle regrettait un peu sa jolie France natale, ses amies, sa famille… Elle était ici pour trois ans, et elle se rendait maintenant compte à quel point c'était long.
Sans un mot, la jeune fille ébouriffa ses courts cheveux noirs et sortit de l'aéroport, sa grosse valise à la main, son énorme sac en bandoulière accroché à son épaule, un air affolé peint sur le visage. Elle avait l'impression d'avoir oublié tous les katakanas et hiraganas qu'elle avait mis un mois à apprendre par cœur. Autour d'elle, les gens étaient en effervescence. Des pancartes se levaient pour diriger les arrivants vers la sortie, vers les personnes qui les attendaient. Aelita, elle, cherchait vainement son nom dans la foule de carton, cherchant les symboles qui la guideraient vers le professeur chargé de la prendre en charge. Elle commençait à désespérer, quand elle vit du coin de l'œil une vieille femme et une fille d'à peu près son âge agiter une pancarte avec les mots « Aelita Anderson » écrits dessus en lettres romaines. La fillette eut un petit sourire et se précipita vers la femme.
Ryuzaki-sensei ?
Aelita, je suppose ? Je suis bien le professeur Ryuzaki. Viens, sortons de l'aéroport avant qu'on ne se fasse écraser par ces rustres étrangers qui ne cessent de courir dans tous les sens.
Hai !
La vieille femme et les deux fillettes se dépêchèrent de sortir de l'aéroport, en priant pour que la route ne soit pas trop encombrée. Elles mirent seulement quelques minutes à rejoindre la voiture du professeur, intelligemment garée non loin de la route, ce qui leur permit de partir rapidement. Aelita détailla discrètement la fille qui se trouvait à côté d'elle. Elle avait de longs cheveux bruns et raides, attachés en deux tresses, et semblait avoir à peu près son âge.
Aelita, je te présente ma petite-fille, Sakuno. Elle est rentrée en première année, comme toi. Comme ça, tu connaîtras au moins quelqu'un à l'école !
La gamine eut un petit sourire, qu'Aelita lui rendit.
Je m'appelle Aelita, enchantée !
Enchantée !
La petite Française ne savait que dire d'autre. Devait-elle enchaîner, et continuer de parler ? Ou valait-il mieux qu'elle se taise ? Elle avait peur qu'un silence pesant ne s'installe dans la voiture. Heureusement, le professeur Ryuzaki la sortit de sa rêverie :
Le voyage s'est bien passé ?
Oui, Sensei. C'était un peu long, mais ça allait.
Dit… l'interrompit Sakuno, à côté d'elle. Tu parles bien Japonais.
Oh… merci. Je me suis beaucoup entraînée : j'ai toujours rêvé de venir ici !
Tu pourrais m'apprendre quelques mots de Français ? J'ai toujours trouvé que c'était une belle langue !
Quand tu veux !
Une agréable ambiance était venue combler le froid de la voiture, et Aelita sourit. Cette Sakuno avait l'air très gentille. Elle était décidément bien tombée ! L'adolescente aurait désiré en savoir plus sur sa nouvelle amie, mais l'arrivée devant une auberge l'arrêta net. C'était là où elle allait vivre. D'après ce qu'elle avait compris, c'était une auberge accueillant les étudiants étrangers pour pas cher. Elle avait entendu dire qu'il y avait des bains communs, une cafétéria, et en plus, ce n'était pas loin de son école… Seishun Gakuen, si elle se rappelait bien ! Tirant Aelita de ses pensées, Ryuzaki-sensei lui demanda si elle voulait qu'on l'accompagne à l'intérieur, ce à quoi la jeune fille répondit que ce n'était pas nécessaire : elle pourrait se débrouiller.
Sa rentrée avait lieu le lendemain, il était 14h, la Française avait donc tout l'après-midi pour se familiariser avec le Japon et déballer ses affaires. Elle salua son professeur, sa nouvelle amie, et descendit de la voiture. Puis, avec un petit peu d'appréhension, la gamine pénétra dans l'établissement. Immédiatement, une jeune femme vint lui demander son nom et lui proposer son aide pour sa valise, ce qu'elle acceptât bien volontiers. Elles montèrent toutes deux au second étage, et Aelita récupéra la clé e sa chambre. Puis, sans un mot, la jeune femme disparut aussi vite qu'elle était apparue. La Française pénétra dans sa chambre : c'était une modeste pièce de treize mètres carré. Il n'y avait pas de douche ni de toilettes, mais cependant, dans une autre petite pièce sans porte se trouvait une petite cuisine, avec un micro-onde et un petit frigo. Avec un peu d'appréhension, la jeune fille constata qu'elle devra dormir sur un futon : elle espérait arriver à dormir sans son lit bien douillet.
Sans attendre, elle verrouilla la porte de sa chambre et posa sa valise et son sac en plein milieu de l'appartement. Une heure plus tard, toutes ses affaires étaient déballées, et allèrent rejoindre l'uniforme de Seigaku déjà déposé dans le petit placard. Aelita était pensive. Que devait-elle faire, maintenant ? Quelques secondes plus tard, elle décida d'aller jeter un œil en ville. Après tout, si elle ne voulait pas se perdre sur le chemin de l'école le lendemain, elle ferait mieux de partir en reconnaissance.
Aussitôt dit, aussitôt fait, voilà notre petite fille partie sur le chemin de l'école. On était dimanche, donc il n'y aurait personne. Mais elle voulait quand même voir cette école, juste pour connaître le chemin et savoir à quoi s'attendre. Aussitôt dit, aussitôt fait, Aelita était déjà sur le chemin de l'école ! Autour d'elle, les gens discutaient, et elle était heureuse de voir qu'elle comprenait quelques bribes de conversation. Tout en avançant, elle réfléchissait : la rentrée pour les Japonais avait eu lieu il y a une semaine, mais la jeune fille n'avait pu être transférée à temps pour y assister en même temps que les autres. Elle allait donc se retrouver dans une classe où les groupes étaient déjà formés, au milieu d'inconnus la regardant probablement comme une bête de somme. Elle regrettait déjà d'avoir été envoyée au Japon plus tard que prévu, et priait pour se retrouver dans la classe de Sakuno. Avec un peu de chance, elles pourraient traîner ensemble.
Perdue dans ses pensées, Aelita n'avait même pas remarqué qu'elle arrivait à proximité de l'école. Quand elle le réalisa, elle était plantée devant un immense bâtiment, bien plus grand que celui de son collège, et imposant. A droite du portail, sur une petite plaque dorée, étaient gravés les mots « Seishun Gakuen ».
C'était impressionnant… Elle était effrayée à l'idée de se perdre. Nerveusement, la jeune fille coinça une mèche de ses courts cheveux derrière son oreille gauche, et repartit en sens inverse, vers l'auberge. Elle se mit à courir, comme pour évacuer le trop plein de stress qu'engendrait l'arrivée dans un nouveau collège.
Quand elle arriva à l'auberge, elle fut surprise de réaliser que plus de deux heures s'étaient déjà écoulées depuis son arrivée au Japon. Rapidement, Aelita prit donc la décision d'aller rattraper le sommeil perdu dans l'avion, et s'installa dans son futon sans même avoir mangé. Le sommeil vint rapidement, un sommeil sans rêve lui permettant de regagner des forces…
