Note de l'auteur : Une historiette qui m'est venue en voyant cette image : jessiecayeo . deviantart com / art/Jellal-Erza-and-Lucy-Fanart-322881607 (ne tenez pas compte des espaces et rajoutez http-deux points-slash-slash devant le lien). Et pour une fois, c'est du Jerza (sortons un peu du Mystwalker, que diable !). Je rigole, bien sûr. Le Gerza/Mystwalker c'est la vie.
Doléances
Il était mignon, elle l'avouait volontiers, pensa-t-elle en jetant un regard un coin au garçon aux cheveux bleus qui discutait au fond de la classe. Bien sûr, elle connaissait son nom, comme il se devait de la Présidente du Conseil des Élèves.
Jellal Fernandez, intelligent, modeste et mystérieux lycéen de troisième année. Certaines rumeurs le disaient grand tombeur de ces dames, mais personne ne l'avait jamais vu avec une quelconque petite amie. En dehors des cours, il passait toujours son temps avec Ultear Milkovitch, qui était dans une autre classe, et Meldy, encore en première année. Deux filles et un garçon, cela aussi donnait du grain à moudre aux langues avides de potins. Le bruit courait que la brune et le bleu partageaient une relation plus qu'amicale ; une autre rumeur dépeignait avec mépris Jellal Fernandez comme gay.
Erza Scarlet se fichait des rumeurs. Quand elle en entendait une sur son compte qui ne lui plaisait pas, elle se contentait de remonter à la source et de rétablir la vérité, de façon claire et nette. Quitte à jouer un peu du poing et de la menace.
Mais elle s'éloignait du sujet, remarqua-t-elle en faisant mine de remonter ses lunettes sur son nez, allouant un nouveau regard à l'objet de sa réflexion.
Donc, Jellal Fernandez était mignon. Soit. Elle le reconnaissait.
Mais c'était tout.
Elle ne comprenait décidément pas pourquoi il recevait tant d'attention de la part des filles de l'école. Non pas qu'elle soit jalouse. Mais elle commençait à en avoir par-dessus la tête des filles qui pleuraient parce que :
- le Conseil des Élèves avait refusé leur demande de créer un fan-club pour Jellal.
- Jellal avait gentiment rejeté leur déclaration d'amour.
- le Conseil des Élèves avait refusé de tenir le « Concours du plus beau garçon du lycée » pendant le festival de fin d'année.
Et derrière l'appellation « Conseil des Élèves », il fallait voir « la Présidente ». Soit elle-même. Elle soupira en quittant la classe pour se diriger vers la salle de réunion du Conseil.
— Erza !, l'interpella une blonde qui arrivait, une large boîte carrée dans les bras.
— Bonjour, Lucy, sourit-elle à l'attention de la deuxième année en lui ouvrant la porte.
Lucy Heartfilia, membre du Conseil dévoué aux tâches administratives – et Dieu savait à quel point celles-ci étaient nombreuses – posa son chargement sur une table avec soulagement. La rousse s'intéressa de plus près à celui-ci et sentit poindre un léger mal de crâne.
— Encore ?, demanda-t-elle en se pinçant l'arête du nez.
Lucy grimaça en guise de réponse.
— Bon, allons-y, décida Erza.
La boîte – en fait, l'urne à suggestions – fut renversée et son contenu s'empila sur le bureau. De là où elle était, la Présidente pouvait apercevoir plusieurs écritures rondes et pleines de cœurs, tralalas et petites fleurs. Elle serra les dents et se fit un devoir de les lire complètement avant de les balancer à la poubelle.
— Ce type commence sérieusement à m'énerver, grommela-t-elle à la quinzième demande comprenant le mot « Jellal ».
— Heu... Si on regarde bien, ce n'est pas vraiment de sa faute, pointa Lucy. Mais c'est vrai que s'il faisait moins fureur parmi les filles, on aurait moins de travail !, se reprit-elle rapidement en sentant l'aura noire qui se formait autour de la rousse.
— Cette fois, c'en est trop !, s'exclama celle dernière en se levant brusquement. Je vais aller lui dire ma façon de penser !
— Hein ?
Sans attendre la blonde, la Présidente fila à travers l'école. Les pauvres lycéens encore présents dans la salle de classe sursautèrent violemment quand la porte alla embrasser le mur avec fracas.
— Où est-ce qu'il est ?, gronda-t-elle en constatant que sa proie n'était pas là.
— Qui... Qui donc ? Madame la Présidente ?, bégaya le moins terrifié des étudiants.
— Jellal Fernandez, bien sûr !
— Oh... Il... Je crois qu'il a entraînement de basket...
Erza repartit comme elle était venue : en trombe. Le gymnase apparut rapidement et elle passa les portes avec détermination, une Lucy pantelante sur ses talons. Le son des chaussures martelant le sol et des ballons qu'on faisait rebondir parvint à leurs oreilles. Le battant qui menait au terrain était fermé mais une fenêtre leur permit de jeter un œil sur le court.
Les garçons en chasuble orange couraient, s'affrontant dans ce qui semblait être un cinq contre cinq. Dans l'équipe de droite, la rousse trouva son trouble-fête aux cheveux bleus. Elle s'apprêtait à surgir sur le terrain quand il réceptionna la balle. Celle-ci rebondit une fois, deux fois sur le parquet ciré alors qu'il dépassait deux adversaires. Il sauta dans les airs et le ballon s'envola en direction du panier, le laissant comme en apesanteur au-dessus des autres joueurs pendant quelques secondes, les bras tendus - et musclés. Un coup de sifflet retentit et il sourit largement en épongeant la sueur sur son visage avec son maillot. Le bleu se tourna et leurs yeux se croisèrent un dixième de seconde.
Elle fit un pas brusque en arrière, s'éloignant de la fenêtre et lui tournant même le dos pour faire bonne mesure. Elle porta les mains à son col de chemise et commença à triturer ce dernier – une vieille habitude timide qu'elle pensait morte et enterrée.
Inconsciente de son tourment, Lucy se tourna vers elle avec un sourire.
— Ils sont bons, non ? Tu crois qu'ils gagneront au championnat ?
Elle marmonna une réponse inintelligible, le rouge aux joues.
Peut-être qu'elle comprenait un peu mieux toutes ces filles casse-pieds, finalement.
