Chapitre 1

_ Bon Hermione, tu te dépêches ! Le bal de Noël va bientôt commencer ! cria Ron. J'en ai marre d'attendre !

_ Va-y sans moi dans ce cas ! Je te rejoins plus tard ! répondit Hermione avec exaspération. Il faut encore que je me maquille !

_ Mais ça fait une heure que tu te maquilles !

_ Techniquement ça fait 14 minutes, alors maintenant va dans la Grande Salle et laisse moi me préparer en paix !

Depuis la salle de bain du dortoir des filles, Hermione entendit son petit-ami râler une énième fois, puis s'éloigner en trainant des pieds. Elle laissa échapper un profond soupir de soulagement. Elle avait faillit par croire qu'il ne partirait jamais.

Elle n'avait pas voulu être aussi sèche avec lui, mais dans ce cas précis elle n'avait pas eut le choix. Parce que si la jeune sorcière mettait autant de temps, ce n'était pas à cause de son maquillage –au passage, cela faisait bientôt trois quart d'heures qu'elle était prête pour ce foutu bal.

Non, si elle avait renvoyé Ron, ainsi que tous ceux qui s'approchaient de la salle de bain, c'était pour une toute autre raison. C'était à cause de ce crétin d'Harry Potter.

Cela faisait plusieurs minutes qu'elle pleurait, tout en tentant d'étouffer ses sanglots. Et Hermione se détestait pour être aussi faible, et pour se mettre à pleurer à la simple idée de devoir le croiser en compagnie de Ginny. Elle trouvait ça puéril, immature, trop cliché. Et pourtant elle ne pouvait pas empêcher ce nœud douloureux de serrer sa gorge à chaque fois qu'elle le croisait. Elle ne pouvait s'empêcher de vouloir cracher toute sa haine, toute son venin envers Ginny, la parfaite petite-amie du survivant. Parce qu'à chaque fois qu'elle voyait le regard froid d'Harry, à chaque fois qu'elle passait devant lui en l'ignorant, à chacune de leurs disputes, chacune de ces phrases cinglantes qu'ils échangeaient, son cœur se brisait un peu plus.

Et pourtant elle l'avait cherché. C'était elle qui avait mit en place cette situation. Elle qui avait mit un mur entre eux, afin de se protéger. Afin de ne pas souffrir quand elle le voyait embrasser Ginny. Mais évidemment, Harry avait cherché à comprendre pourquoi elle agissait comme ça. Et elle l'avait repoussé. Une. Deux. Trois fois. Le ton était peu à peu monté, et elle avait dit des choses qu'elle regrettait, mais elle savait déjà que c'était allé trop loin.

Elle pouvait ruiner 7 ans d'amitié en quelques jours, mais rattraper trois mois de disputes et de rancœur lui semblait insurmontable.

Et c'était aussi pour cela qu'elle pleurait. Parce qu'Hermione avait peur d'avoir tout gâché, et qu'elle souffrait à cause de cela également.

Comment avait-elle put devenir aussi froide ? Comment avait-elle put rejeter son meilleur ami de cette façon ? Aujourd'hui, elle avait honte. Honte de son comportement, honte de ces sentiments qu'elle préfèrerait oublier.

Essuyant rageusement une larme qui coulait sur sa joue, Hermione se donna un air convenable en un tour de baguette. Ses yeux rougis et gonflés disparurent, ses cheveux en bataille se disciplinèrent, et on aurait dit que son maquillage n'avait jamais coulé.

Elle se redressa, comme pour se donner un peu de courage.

Certes, elle avait mal agit, et certes elle regrettait amèrement son choix. Mais il fallait qu'elle repousse Harry. Pour l'oublier. Tourner la page de quelque chose qui n'existait que dans son esprit. Alors par respect pour Ginny, pour Ron, et pour elle-même, Hermione sortit enfin de la salle de bain, et se rendit dans la Grande Salle.


_ Salut beau brun ! dit une voix derrière son dos.

Harry se retourna, prit par surprise.

_ Oh ! C'est toi, Ginny. Tu m'as fait peur.

_ Haha ! Désolée, ce n'était pas intentionnel. Comment tu me trouves ?

La jolie rousse tourna sur elle-même, faisant tournoyer une longue robe vert émeraude. Toutes les filles la regardaient avec jalousie, et Harry aussi devait reconnaître qu'elle était belle. Mais bien qu'il lui trouve toutes les qualités du monde, la rouquine aurait beau essayer encore et encore, elle ne sera jamais comme Hermione …

Se rendant compte qu'il comparait sa petite-amie à son ancienne meilleure amie, Harry se donna une claque mentale. Il ne pouvait pas se permettre de penser à Hermione, cela faisait beaucoup trop mal. Et surtout, c'était beaucoup trop dangereux. Hermione était à Ron, point final. Et elle sera toujours à Ron. Cela le tuait de l'admettre, mais c'était l'horrible vérité.

_ Tu es très belle Ginny, sincèrement, dit-il pour la forme.

Sa cavalière lui offrit un magnifique sourire, et glissa son bras sous le sien. Harry eut alors un flash back d'Hermione et lui, marchant sous la neige un soir de Noël, en pleine chasse aux horcruxes. Il se souvenait parfaitement de la chaleur de sa main dans la sienne, de leurs épaules qui se frôlaient, de son parfum enivrant, de ses yeux aux reflets dorés et de ses cheveux en bataille … Mais tout cela appartenait au passé à présent. Et celle qui lui tenait la main avait des cheveux lisses, les yeux sombres et ne faisait pas battre son cœur de cette façon.

_ Pfft ! Qu'est-ce qu'elle m'énerve quand elle s'y met ! pesta Ron qui venait d'arriver.

Harry faillit se faire un tortil-coli tellement il se tourna brusquement en espérant apercevoir la femme qui ne quittait pas ses pensées. Mais Hermione n'était pas avec le rouquin. Harry fit tout son possible pour se reprendre, et serra la main de Ginny comme pour se rappeler qu'il était déjà prit.

_ Elle en met du temps … s'étonna la rousse. Pourtant elle m'a dit qu'elle s'était préparée en avance pour être sûre …

_ Et bah va la tirer de la salle de bain toi-même si tu es prête à l'affronter, mais moi je n'y retourne pas !

_ Tu n'es qu'un froussard Ron !

Ginny se détacha du bras d'Harry, et commença à monter les escaliers quand elle tomba nez à nez avec …

_ Hermione !

_ Désolée, j'ai mit plus de temps que prévu.

Harry resta bouche-bée par la vision qui s'offrait à lui. Hermione n'avait pas de robe voyante comme celle que portait Ginny. C'était une robe bustier blanche, assez longue, et parsemée de petites perles discrètes. Ses cheveux tombaient d'un seul côté, et elle avait noircit ses yeux, faisant encore plus ressortir leur couleur dorée. Harry déglutit difficilement, et détourna le regard lorsqu'Hermione tourna les yeux vers lui. Il la détesta instantanément à cause de l'effet qu'elle avait sur lui. Dès qu'ils étaient dans la même pièce, il ne voyait plus qu'elle, ne pensait plus qu'à elle. Ginny devenait un lointain souvenir, et s'il n'y avait pas eut Ron, il l'aurait sûrement invitée à danser.

Que ne donnerait-il pas pour une simple danse avec elle ? Pour qu'elle le prenne dans ses bras comme autrefois ? Ou pour une simple discussion, en tête à tête, comme si rien ne s'était brisé entre eux. Harry se détestait pour avoir de telles pensées. Et il détestait Hermione parce qu'elle était avec Ron. Puis il détestait Ron, qui lui enviait sans cesse la gloire et la richesse. Parce que Ron n'était peut-être pas riche, mais il avait quelque chose de beaucoup plus précieux.

Complètement perdu dans ses pensées, Harry réalisa soudain qu'il était en train de danser avec Ginny. Il était tellement perdu dans ses pensées et dans la contemplation d'Hermione qu'il n'avait pas réalisé que sa cavalière l'avait tirée sur la piste. Naturellement, c'était elle qui menait la danse. Lui, il se laissait porter, comme toujours.

Il suivait les ordres, laissant les autres décider à sa place. Il n'avait pas choisit d'être l'élu. Il n'avait pas choisit de mettre en jeu la vie de ses amis. Il n'avait pas choisit de devoir vivre chez les Dursley. Il ne pouvait jamais choisir. Toujours, il devait se taire. Sortir avec Ginny parce qu'ils allaient si bien ensemble. Faire semblant d'être heureux pour Ron, quand il lui parlait de sa relation avec Hermione.

On ne lui avait jamais demandé, à lui, ce qu'il voulait.

Mais peut-être valait-il mieux qu'il se taise, après tout. Cela ferait trop de dégâts s'il disait ce qu'il avait sur le cœur.

Harry se souvint alors d'un moment nettement plus heureux, sous une vielle tente en toile. Il se revit danser au son d'une vielle radio crachotante. Il revit le sourire d'Hermione, son rire, l'étincelle qui brillait dans ses yeux. Il se revit enfouir sa tête au creux de son coup, et sentir son cœur s'emballer. Il se souvenait parfaitement de la façon dont ses sentiments, après des années et des années de déni, étaient remontés à la surface, renversant tout sur leur passage. Il se souvenait des lèvres d'Hermione, si près de son visage. Il se souvenait de leurs regards, qui s'étaient accrochés. Puis elle était partie. La chaleur qui l'avait envahie avec disparue, et le monde était redevenu gris et terne. Si seulement il avait put … si seulement il avait osé …

Non.

Il ne devait pas penser à ça. C'était mal.

Il y avait Ron, il y avait Ginny. Et surtout, il ne savait même pas si elle ressentait la même chose que lui. Et c'était ça le plus dur. Savoir qu'on aimait quelqu'un jusqu'à en devenir fou, sans être aimé en retour. Savoir qu'on aimait quelqu'un qui vous détestait par-dessus tout, sans en savoir la raison.

Sentant son ventre se nouer, et les larmes monter aux yeux, Harry se détacha de Ginny. Il bredouilla vaguement qu'il devait prendre l'air, et sortit en trombe de la Grande Salle.

Il courut pendant plusieurs minutes, sans savoir où il allait exactement. Peut-être était-il perdu, et d'ailleurs il n'en avait rien à faire. Tout ce qu'il voulait en ce moment même, c'était disparaître. Il tourna à l'angle d'un énième couloir quand il entendit une voix derrière-lui.

_ Harry ! Harry attend-moi s'il te plaît !

C'était Hermione.

Hermione lui courait après.

Son cœur manqua un battement, et pendant un instant il eut envie de faire demi-tour et de courir vers elle pour la prendre dans ses bras. Mais il se força à continuer, courant toujours plus vite, toujours plus loin, espérant la semer. Mais elle ne le lâchait pas.

_ Harry ! Harry ! criait-elle

Il lui sembla pendant un court instant que son ton était presque suppliant, et il aurait continué sa route s'il n'avait pas entendu des sanglots.

Le brun se figea instantanément, écoutant les pleurs derrière lui. Hermione était en larmes, elle pleurait à cause de lui. Pendant un moment, il eut presque envie de la laisser là, pour qu'elle sache ce que cela faisait de se sentir rejeté.

_ J-Je suis désolée … je suis tellement, tellement désolée … bredouilla-t-elle en sanglots.

Rien qu'au désespoir qu'il sentait dans sa voix, le cœur d'Harry se brisa en mille morceaux. Il ne pouvait pas la laisser comme ça. Il n'était pas assez fort. Contre Hermione, il perdait à chaque fois.

Alors il se retourna.