Chapitre 1 :

Minerva Mcgonagall parcourait le couloir à grands pas. Les cris et les rires des secondes années qu'elle avait en cours pendant une heure retentissaient jusqu'à elle.

Les sourcils froncés, les lèvres pincées, la directrice adjointe remuait de sombres pensées. Elle sortait tout juste du bureau du professeur Dumbledore, et venait d'avoir une sérieuse conversation avec lui et les autres membres de l'Ordre du Phénix. A la surprise de tous, Voldemort demeurait invisible aux yeux du Ministère et des mondes sorciers et moldus confondus.

Bien que tout ce petit monde soit sur ses gardes, Albus Dumbledore redoutait une attaque de grande envergure de la part des mangemorts en fuite.

L'Ordre s'était incroyablement agrandie après son succès au Département des Mystères, et le professeur Mcgonagall avait fort à faire. En effet, c'était elle qui était chargée de la liste des noms, et Dieu seul sait combien il y en avait, entre les réfugiés au 12, Square Grimmaud, les espions mangemorts tels que Severus Snape et Drago Malfoy, ceux comme les Aurors au service du Ministère de la Magie qui récoltaient les informations au grain.

En bref, Minerva Mcgonagall était débordée.

Alors qu'elle arrivait devant sa salle de classe, elle aperçut la silhouette fine d'une sixième ou septième année courant en direction d'une porte.

Le professeur Mcgonagall aurait reconnu cette personne n'importe où : Hermione Granger.

Fronçant les sourcils, elle se demanda un instant pourquoi la jeune fille était en retard à son cours.

Hermione laissa soudainement tomber un livre qu'elle avait dans les mains. Elle se pencha pour le ramasser, et en relevant la tête, elle rencontra le regard étonné de sa directrice de maison. Après un sourire d'excuse, elle se détourna précipitamment et entra dans sa salle après avoir frappé.

Minerva Mcgonagall soupira en secouant la tête et fit signe à ses élèves d'entrer, tout en se reprochant intérieurement son attitude protectrice envers Hermione.

Granger, pardon !

Pas de familiarité avec les élèves.

Hermione courait à toute allure dans les couloirs de Poudlard, pestant et jurant vulgairement contre son ami Ron, qui l'avait ENCORE mise en retard. Surtout qu'elle avait un cours d'arithmancie !

Enfin, c'était pour la bonne cause. Ronald Weasley voulait devenir Auror, et il avait grandement besoin d'aide, ses connaissances en Potions étant quelque peu limitées.

Essoufflée, Hermione aperçut la porte de son cours en train de se refermer. Soupirant de soulagement, elle pressa le pas. Soudain, son livre lui échappa des mains. Elle gémit et se baissa précipitamment. Lorsqu'elle se releva, son livre à la main, elle rencontra de plein fouet le regard chocolat de sa directrice de maison. Un instant interdite, elle réagit avec un temps de retard et adressa un sourire pitoyable à la femme étonnée.

En entrant dans sa salle de classe, Hermione s'excusa platement et s'empressa d'aller s'asseoir à sa place.

Le reste du cours, elle le passa es yeux dans le vague. Le regard du professeur Mcgonagall, qu'elle avait attrapé au vol sans le vouloir, l'avait troublé et surpris plus qu'elle ne l'aurait pensé. Il était chaleureux, tendre… Et inquiet. Hermione n'en avait jamais vu un tel depuis longtemps, depuis le divorce de ses parents en fait.

A la fin du cours, Hermione comprit enfin pourquoi ce regard l'avait troublé. Il était agréable et doux, et lui avait réchauffé le cœur, d'une certaine façon.

La cloche venait de sonner, au grand bonheur de tous, y compris des profs. « Enfin les vacances ! » Songea Minerva Mcgonagall, grandement soulagée. Pendant les vacances de Noël, les membres de l'Ordre dont le trio trop bien connu et les nouveaux élèves de Poudlard qui en faisaient partis, passaient leur vacance au 12, Square Grimmaud.

Cela ne ravissait pas particulièrement la directrice adjointe, tous ces adolescents astiquant de vieilles babioles moisis et circulant librement dans les pièces occupées.

Enfin bon, il était déjà heureux qu'elle eût un bureau à elle seule dans ce manoir.

Minerva attrapa ses affaires et dévala les escaliers sous sa forme d'Animagus. Le Poudlard Express venait tout juste de partir, ainsi que la minorité des professeurs.

Dans le hall, le professeur Dumbledore, les professeurs restants et une trentaine d'élèves attendaient et discutaient à voix basse entre eux.

Minerva parcourut la foule du regard et aperçut son élève préférée qui, elle aussi, examinait attentivement les personnes encapuchonnées.

Le professeur sourit, reprit forme humaine, rabattit la capuche de sa cape sur son visage, et murmura un charme d'impassabilité.

« Ah, Minerva, nous vous attendions. »

« Albus, il faut que je passe au Manoir M chercher quelque chose d'important, allez-y, je vous rejoins à Londres plus tard. »

Albus jeta un coup d'œil surpris à son amie, puis haussa les épaules.

« Bien, comme vous voudrez, suivez-moi tous, nous allons prendre un portoloin. »

Les sorciers se groupèrent autour du mage, mais Minerva aperçut une jeune fille restée à l'écart, le regard fixé sur elle.

« Allons Miss Granger, venez donc » Fit calmement Albus Dumbledore en levant vers elle un regard pétillant.

La jeune sorcière hésita un court instant, puis elle s'approcha et posa sa main sur le bras d'Harry. Dans un tourbillon de couleurs, ils disparurent, et le professeur Mcgonagall resta un long moment interdite, les yeux noisettes de sa meilleure élève encore imprimés dans sa rétine.

Puis, dans un mouvement de cape, elle fit volte face et transplana.

Hermione atterrit sur les fesses et poussa un grognement de douleur. Un à un, les membres de l'Ordre, sauf Albus Dumbledore et Severus Snape, se relevèrent dans la plus grande confusion.

Ils étaient à présent au 12, Square Grimmaud, et ce fut dans la joie et la bonne humeur que tout le monde s'installa. Lorsque enfin, ils se retrouvèrent à la table de la salle à manger du Manoir des Black (qui était immense), une heure trente était passé, et tous avaient grand faim.

Alors que Molly Weasley envoyait ses enfants chercher la nourriture qu'elle avait préparée dans la cuisine, Hermione apparut dans l'encadrement de la porte et se dirigea vers le professeur Dumbledore.

« Professeur ? »

« Oui ? »

« Le professeur Mcgonagall n'est pas encore rentrer ? »

Un long silence se fit, et Albus fronça les sourcils. L'autonomie de son adjointe lui avait fait oublier son petit écart, et à présent, il était inquiet. Se levant, il déclara calmement qu'il allait la chercher, qu'ils feraient mieux de se restaurer en attendant leur retour.

« Je vous accompagne »

L'affirmation de la jeune élève avait laissé abasourdies les personnes présentes dans la pièce, excepté Albus Dumbledore qui l'observait par-dessus ses lunettes en demi-lune.

« Très bien, préparez-vous »

Hermione attrapa sa baguette et vint se placer à côté de son directeur. Dans un bruissement d'ailes et un éclair enflammé, ils disparurent sous le chant protecteur du phénix.

Minerva atterrit juste devant le portail du Manoir M. M. pour Mcgonagall, Maudit, Mystérieux ou Mauvais, qu'importe, elle détestait ce Manoir familial. Le fantôme de Lord Mcgonagall hantait les lieux depuis belle lurette, et le portail était grand ouvert, signe que le manoir était abandonné depuis longtemps.

D'un pas énergique, la femme franchit les hauts-murs et traversa à pieds l'immense forêt touffue et sombre. Arrivée devant la porte d'une bâtisse de la taille d'une maison normale, elle attrapa la clé pendue à un crochet et nommée : Maison du Gardien. Elle ouvrit la porte et sortit sa baguette.

En grimpant dans les étages, elle rencontra diverses créatures qu'elles repoussa soit avec le pied, soit avec la baguette. Arrivée dans une chambre verte pâle, elle se dirigea vers une immense commode, et ouvrit un des tiroirs. D'un geste, elle le déboîta, et passant la main dans le trou, elle attrapa un petit objet qu'elle fourra dans sa poche.

Après avoir tout remis à sa place, elle bondit sur ses pieds et dévala les escaliers, maudissant le sort d'anti-transplanage, placé sur tout le domaine par ses parents. Tant qu'un Mcgonagall est en vie, le sort demeure toujours aussi efficace.

Minerva se retrouva bientôt dehors, sous le vent sinistre qui produisait des bruits bizarres dans les tuiles du toit de la vieille bâtisse. Elle fit un pas en avant et de magnifiques carrés de pelouses fleuries apparurent, ainsi qu'un chemin se révélant doucement, et s'arrêtant dans une vaste cour gravillonnée et décorée de nombreuses fontaines, toutes aussi magnifiques les unes que les autres.

Dans un bruissement d'ailes, une ravissante colombe blanche apparut, suivit immédiatement d'une centaine de ses congénères.

Dans un ballet incessant et incroyable, les oiseaux dessinèrent avec leurs ailes un petit château, agrémenté d'un immense parc et d'un lac.

Minerva soupira et leva les yeux au ciel. Ses parents adoptifs avaient toujours eu des goûts extravagants, en particulier pour la décoration et l'illusion.

Lorsque le château et le parc furent terminés, les colombes, dans un éclair blanc, disparurent, le décor vibra, et le domaine devint réel.

La femme sortit de sa poche l'objet récupérer quelques instants plus tôt, et s'approcha de la grande et double porte d'entrée. Elle introduisit cette clé dans la serrure et entra.

Les lumières du corridor s'allumèrent toutes seules, et les rideaux s'ouvrirent d'eux même. Minerva traversa le couloir illuminé et ouvrit la porte en bois massif au bout. Une immense salle de bal, au parquet ciré, dont les rideaux s'ouvrirent à toute volée, l'illuminant. Une scène un peu surélevée avait servi pour de très grands et très anciens musiciens, et le parquet était légèrement user, preuve qu'il avait déjà servit, lui aussi.

Minerva traversa l'immense pièce et passa une petite porte au fond. Après avoir grimper dans un escalier en colimaçon, elle déboucha dans un corridor. Tout au bout de ce corridor, une petite chambre bleue était garnie d'un lit à baldaquin.

Dans un des pommeau du lit, qu'elle dévissa, elle sortit un parchemin, roulé, qu'elle fit disparaître d'un coup de baguette magique.

Elle se retourna, et se retrouva nez à nez avec le fantôme de Lord Mcgonagall, qui ne semblait pas de très bonne humeur.

Ces imbéciles… Marmonnait-il.

Bonsoir Lord.

Ma chère, bonsoir. Votre présence en ces lieux me surprend. Seriez-vous venu me visiter ?

Non, Milord, vous vous trompez. Mais votre attitude me laisse croire que vous êtes indisposés par quelque chose.

En effet, je suis outré. De mon temps, on ne laissait pas n'importe quels individus pénétrer dans ma grandissime demeure.

Pardon ?

Minerva, qui s'était remise en marche, s'arrêta tout net, et le fut traverser par le fantôme qui la précédait. Sans y prendre garde, elle le contourna et se planta devant lui, les poings sur les hanches.

Comment ça, « des individus » ?

Oui, habillés de noir, capés de la tête aux pieds, et armés de baguettes magiques. A leur façon d'entrer, ils étaient pressés, et ne voulaient pas se faire remarquer.

Minerva fit un tour sur elle-même et brandit sa baguette. Tous ses sens aux aguets, elle avança silencieusement dans la salle blanche et silencieuse. Son père vint soudain se placer devant elle.

Très chère, ne me dites pas que vous avez trempé dans quelconque mafia, et que ces gens sont venus vous chercher pour votre insubordination légendaire ?

Silence !

Offensé, Lord Mcgonagall traversa le parquet dans un hurlement à glacer le sang d'un mortel. Minerva n'y prêta guère attention, et vint se positionner au milieu de la pièce.

D'un geste de la baguette, elle éleva un bouclier d'énergie autour d'elle, et défie sa longue chevelure en queue de cheval. Un long instant, elle resta sur les genoux, les yeux dans le vide, comme si elle sondait l'immense domaine rien qu'avec son esprit. Soudain, elle ouvrit les yeux et bondit sur le côté. Un éclair vert venait de surgir de derrière elle, et il frappa violemment un des miroirs de la salle, qui se brisa en milles morceaux. Dans un cri unanime, les mangemorts sortirent de leur cachette et attaquèrent la femme. Le combat fut chaotique, et quand Minerva parvint à passer la porte, toutes les vitres et tous les miroirs de la salle de bal étaient détruits. Courant à toute allure dans le couloir, elle parvint à la grande porte qu'elle ouvrit à la volée. Elle descendit les marches en regardant ses pieds, et quand elle releva la tête, elle s'aperçut qu'elle était à cinq mètres du mage noir le plus puissant en ces temps.

« Tom… » Lâcha t elle, dégoûtée.

« Minerva… Croyais-tu m'échapper en passant par la ? »

« Ben… A dire vrai… Oui ! »

Et elle balança un sortilège qui fit tomber une dizaine de mangemorts à terre. Lord Voldemort brandit sa baguette, et lança un Impardonnable. Celui-ci ricocha sur le bouclier et vint frapper un arbre qui grogna de douleur. Fronçant les sourcils, les mangemorts resserrèrent leurs positions. La femme était plus coriace qu'ils ne l'avaient pensé.

Après un silence pesant, durant lequel le mage et la sorcière se fixèrent calmement, Voldemort se redressa et montra le poing au ciel en récitant une incantation de l'ancien temps, disparut depuis longtemps. Un éclair zébra le ciel et vint frappé le bouclier de Minerva, qui se fendilla et disparut dans un éclatement lumineux.

La scène qui suivit se passa au ralenti. Elle leva également sa main, doigts écartés, vers le ciel. Un éclat divin traversa les nuages noirs et vint auréoler la directrice de maison. Elle était superbe, illuminée de blanc, les cheveux volants au vent, toute sa puissance révélée devant les démons.

Hermione atterrit de nouveau sur les fesses, devant un portail ancien et grand ouvert. Elle se releva et aperçut son directeur, debout, l'oiseau sur l'épaule et l'air inquiet. Attentivement, elle examina le décor autour d'elle et s'aperçut que le parc était abandonné.

« Euh… Professeur, vous êtes sûr qu'on est à la bonne adresse ? »

« Oui. Suivez-moi, nous allons traverser cette forêt »

Hermione jeta un coup d'œil au bosquet sombre et peu rassurant.

Dépêchons-nous, fit-elle sèchement.

Dumbledore sourit et la suivit dans le sentier sablé.

A peine arrivaient-ils à la fin de la forêt qu'ils entendirent des exclamations magiques et des bruits de sortilèges. Ils se regardèrent et se précipitèrent à la lisière.

Le spectacle qu'ils découvrirent les laissa d'abord ébahis, puis ils se ressaisirent et sortirent leurs baguettes.

Bien, je m'occupe de distraire ces imbéciles, occupez-vous de Minerva.

Comment je fais ? Murmura la sorcière en fixant désespérément sa Némésis.

Tirez la et essayer de la sortir de l'incantation. Après, vous devez vous rapprochez de moi.

Hermione aquiescat d'un signe de la tête et bondit vers la femme. Un instant hésitante, elle la contourna attentivement, puis finit par la prendre doucement par la main.

Professeur… Professeur, s'il-vous plaît…

Le regard indifférent et perdu dans le vide de son professeur lui serra le cœur, et dans un élan bouleversé, elle l'attrapa par la taille et la serra contre elle.

Je vous en prie… Bredouilla la Gryffondore en pleurs.

Minerva se crispa soudain et sentit qu'on la rattrapait par la taille. Avant de sombrer dans l'inconscience, elle eut le temps de voir les deux yeux chocolats d'Hermione et sa bouche vermeil la supplier tendrement.

Les membres de l'Ordre du Phénix étaient assis autour de la table, regardant fixement, soit leurs mains, soit leurs pieds. Leurs esprits étaient tous tournés vers un vieil homme, une femme et une jeune fille. Le cœur serrer par l'angoisse, ils attendaient, sentant bien que quelque chose n'allait pas.

Soudain, dans un craquement et dans une odeur de brûler, ils virent apparaître, près de la cheminée, les personnes tant attendus. Sans perdre une seule seconde, Molly bondit sur ses pieds et enleva le corps de Minerva des bras d'Hermione. Elle disparut dans l'encadrement de la porte, aussitôt suivie par les deux autres. Les membres se regardèrent, stupéfais et consternés.