Parce que la magie n'existe pas.
[Contes des Royaumes] : Mini-fic. UA de CMDLM. "Elle était Alice, réalisa-t-elle avec horreur, elle était Alice, transportée dans un univers enchanteur et qui soudain réalise que tout cela n'était qu'un rêve." Amélia se réveille, et comprend que tout ce qu'elle a vécu n'est jamais arrivé. Et pourtant, des événements étranges se produisent, changeant son point de vue. Belle/OC.
Cela ne devrait pas faire aussi mal.
A l'instant même où elle entendit la voix de sa mère adoptive résonner à ses oreilles, Amélia Jones comprit que quelque chose ne fonctionnait pas correctement. Elle pensa pendant un instant que ce n'était qu'un rêve, ce qui avait un sens, après tout, pour elle, elle avait choisi de dire au revoir à son monde.
Elle avait décidé de laisser ses parents, bordel, elle leur avait même envoyé un message pour le leur signifier. Alors sa mère ne pouvait pas être ici, ce n'était pas possible.
Amélia décida donc sans absolument aucune preuve qu'elle devait encore être en train de dormir, puisqu'elle avait choisi d'aller dormir un moment après avoir choisi de se rendre dans la tour de la sorcière.
Après tout, elle avait bien une princesse à sauver, non ? Il fallait bien qu'elle se repose un petit peu avant d'y aller pour de bon, c'était bien une sorcière qu'elle devait aller affronter.
Du moins le croyait-elle.
Quand elle ouvrit les yeux, tout son corps se figea. Elle n'était plus au château, du moins plus dans la chambre dans laquelle elle était allée se coucher après sa rencontre avec les fées. Après qu'elle eut décidée qu'elle resterait là-bas, et qu'elle ne rentrerait plus jamais.
Comment… Comment cela pouvait-il être possible ? Cela n'avait absolument aucun sens, elle avait bien précisé qu'elle voulait rester, qu'elle voulait aider. Et ils avaient accepté, sans aucun problème, alors qu'est-ce que c'était que ce bordel ?
Et si… et si les fées l'avaient renvoyée là pendant son sommeil ? C'était sa paranoïa qui parlait là, cette hypothèse n'avait aucun sens, mais la peur la saisit alors qu'elle considérait cela comme une possibilité.
En fait, si elle avait pensé à cela, c'était pour ne pas faire face à une autre hypothèse, bien plus terrible et effroyable.
Que tout cela n'ait été qu'un beau rêve, un mensonge, en somme.
Une parenthèse dans sa vie qu'elle jugeait morne et triste, un moyen d'échapper au réel.
Ses yeux s'ouvrirent complètement, et elle ne put plus se mentir à elle-même.
Elle était chez elle, dans son monde.
Et devant elle se trouvait sa mère adoptive.
Celle-ci soupira.
« Tu sais, je sais que tu es étudiante, et que donc tu es seule, et autonome, enfin, supposée l'être, et que je n'ai pas à te dire cela, mais tu pourrais quant même mieux ranger ta chambre.
- C'est le week-end, j'ai eu une longue semaine, et j'ai pas forcément pensé à ranger, répondit la jeune femme, presque avec automatisme. Qu'est-ce que tu fais là ? »
Sophie eut un sourire douloureux. Amélia était sa fille adoptive, à elle et à son mari, depuis quelques années, et ils n'avaient jamais vraiment réussi à s'en sortir avec elle. Ce qui venait d'elle comme d'eux.
Ils étaient juste… très différents.
Et depuis que la jeune femme avait commencé ses études supérieures, elle avait fuit loin d'eux, et elle ne les avait plus revus depuis, travaillant à côté pour payer ses études.
De ce fait, ils souffraient tout deux de cette éloignement, et Sophie avait décidé d'aller voir sa fille, afin d'essayer de renouer avec elle.
(Ils avaient un double des clés de son appartement, bien sûr.)
« J'avais envie de passer te voir. C'est tout. »
Ce qu'elle ne voyait pas, c'est que sa fille était en train d'intérieurement et lentement paniquer. Amélia était en train de rester tranquille, mais, alors qu'elle se réveillait, elle comprit qu'elle n'avait fait qu'un beau rêve, et l'horreur la saisit.
Elle était Alice, réalisa-t-elle avec horreur, elle était Alice, transportée dans un univers enchanteur et qui soudain réalise que tout cela n'était qu'un rêve.
« Mais… pensa-t-elle, et Belle ? Nell, Raiponce, Rumplestiltskin, Philippe, Brennan, et tout les autres ? Et ma quête ? Et ma vie que j'ai construit là-bas ? Tout était donc faux ? »
Brisée, elle resta immobile, hagarde, le cœur en morceaux.
Alors on retournait à la case départ ? Elle n'était rien, à nouveau ? Elle était seule, sans amis, sans proches, sans personne ?
Tu as tes parents…
Ils ne la comprenaient pas.
Tu as tes études…
Cela n'était pas suffisant.
Tu as tes écrits…
Cela changerait-il jamais quoi que ce soit ?
§§§§
« Amélia, je sais que tu ne parles pas forcément beaucoup, mais là, tu commences à m'inquiéter », fit Sophie en feignant un rire qui paraissait très forcée.
La jeune femme releva la tête, et posa son regard sur sa mère. Et elle se souvint que dans son rêve, elle avait pris la décision d'abandonner ses parents sans les revoir. Un sentiment de culpabilité mal venu l'envahit à cet instant.
Couplé à cette douleur d'avoir perdu toute ce qu'elle avait pensé être réel, quelque chose se brisa en la jeune femme. Elle avait tout perdu en une seconde, mais le plus tragique, c'est que rien ne s'était passé, de ce fait, elle n'avait rien perdu.
Belle n'existait pas, et ce qu'il y avait de rationnel en elle s'en réjouit, surtout après avoir été confrontée à la Bête, la nouvelle n'aurait dû être que bonne. Mais non, cela lui faisait mal, mais en sachant que rien n'était vrai, cela n'aurait pas dû l'atteindre.
Alors, bon Dieu, pourquoi avait-elle aussi mal ?
Parce qu'elle y avait cru.
Parce qu'elle avait pensé que, peut-être, elle pourrait avoir une importance.
Parce qu'elle avait aimé cela, être celle qui connaissait tout, qui avait les informations, qui pouvait les sauver, eux, de cette Bête qui les effrayait tant.
Parce qu'elle avait aimé Belle, même si cela n'était pas arrivé.
Parce qu'elle en avait tellement rêvé, de tout cela, de jouer un rôle dans une histoire, d'en être l'héroïne.
C'était pour cela qu'elle en souffrait tant.
§§§§
Sophie ne comprit pas ce qu'il se passait quand sa fille se mit à pleurer.
« Amélia ? Amélia, qu'as-tu ? »
Un chagrin d'amour imaginaire.
Elle ne pouvait plus parler.
Elle avait mal.
Et elle voulait hurler, aussi.
Ce n'était pas possible, oh non, cela ne pouvait pas être vrai.
Et pourtant, c'était ce qui avait le plus de sens, après tout la magie n'existait pas.
Oui, Amélia y avait cru à ce beau rêve, elle s'y était investie de tout son cœur, et maintenant que tout n'apparaissait être qu'une illusion, le retour à la réalité lui faisait l'effet d'une gifle en plein visage.
Quand sa mère la prit dans ses bras, elle accepta de ne pas se débattre, pleurant sur ce beau rêve qui n'était pas réel, qui ne l'avait jamais été, mais pleurant aussi sur ce qui n'allait pas dans sa vie à elle, et qui expliquait peut-être aussi pourquoi elle s'était réfugiée là-bas.
« Amélia, qu'est-ce qu'il y a ? »
Et alors, elle abandonna.
Et elle parla, parla, parla.
Pas de ce rêve, mais de tout le reste, de tout ce qu'elle n'avait jamais dit, n'avait jamais pu dire. Et sa mère l'écouta.
Amélia se demanda si elle saurait jamais se sentir à nouveau chez elle ici.
