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Cinquante et cinq pêches

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Traduction de la fic « Fifty and Five Peaches » de Waywardvictorian, histoire en trois chapitres.

Disclaimer : Pas à moi

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Partie une : La pluie

Harry était allongé les bras en croix sur le plancher vide, un bras bronzé sur les yeux. Des piles de cartons étaient placées contre le mur, dégageant le centre de la pièce. Un épais tapis rouge s'enfonçait dans son bras gauche, roulé en partie contre le mur le plus éloigné, sous les deux fenêtres qui donnaient sur la rue de banlieue ensoleillée.

Putain de banlieue, putain d'Amérique, et putain toute cette situation. Ce n'était pas ce qu'il voulait il voulait être à la maison, ou n'importe où ailleurs que là où il était pour le moment.

Un courant d'air soufflait par les fenêtres ouvertes, dissipant la sensation de renfermé de la chambre au deuxième étage.

Tout était différent ici. Londres lui manquait déjà, et il venait à peine d'arriver ici, où que soit « ici ». La ville, la pluie, l'Impostor lui manquaient, et, restant parfaitement immobile sur le sol, il pouvait entendre sa mère à l'étage du dessous. Elle était en dessous de sa chambre, dans la cuisine, et elle chantonnait gaiement. Il ne comprenait pas la raison pour laquelle elle était aussi heureuse il n'y avait rien pour eux ici.

La chambre d'Harry commença à s'assombrir, l'après-midi ensoleillée fondant en un crépuscule pluvieux. Le son de lourdes gouttes d'eau s'entendait distinctement sur le toit de métal. Les gouttes se multiplièrent la chambre était remplie de l'écho de la pluie.

Harry ferma les yeux et écouta. Il repensa à l'année dernière, quand il se sentait invincible et, pour la première fois depuis il-ne-savait-quand, heureux. Maintenant, dans moins d'un mois, il aurait dix-sept ans et serait de retour à son point de départ : à zéro.

Il se concentra donc sur la pluie et repensa à ce jour où il se trouvait encore à Londres, avant que tout ne change, tout au début.

C'était au début de l'automne et tout était gris. Avant que Londres se couvre de neige, une chape de froid traînait dans l'air. Une bruine tombait, si fine qu'elle ressemblait presque à du brouillard mais si quelqu'un passait assez de temps dehors, il serait trempé.

Harry était assis sur la seule balançoire intacte dans le petit parc près de sa maison. Il y était resté assez longtemps déjà pour que son uniforme soit humide et inconfortable.

Il était seul, frustré et il s'ennuyait en fait, c'était de l'ennui plus qu'autre chose. Harry avait toujours été timide et peu sociable. C'est pourquoi, alors que les années passaient, il n'avait pas un seul ami. Et donc il était assis, à tout juste seize ans et sans amis, en ce beau vendredi après-midi. Il s'était arrêté dans ce parc pour passer le temps plutôt que de rentrer directement faire ses devoirs.

Jusqu'ici, les deux heures qu'il avait passées assis avaient été tranquilles. Personne n'était apparu sur le sentier de béton craquelé et il s'était détendu. Puis il entendit des pas lourds remonter le sentier depuis la forêt. Il releva la tête brusquement, pensant qu'il devait s'agir du gang d'imbéciles surdimensionnés mené par son cousin. Préparé à s'enfuir si nécessaire.

Au grand soulagement d'Harry, ce n'était pas le gang qui fréquentait le parc.

C'était juste un garçon.

Il avait l'air d'avoir deux, trois ans de plus que Harry, et était dans tous les cas bien plus imposant que le mince Harry qui faisait 1m78 dans ses bons jours. Le garçon faisait au moins 1m85 et il était massif. Il avait les cheveux noirs, coupés de manière à lui retomber légèrement dans les yeux.

Il sortit du bois et remonta le sentier craquelé. Il s'arrêta devant le mur qui faisait face aux balançoires et se hissa dessus. Il s'adossa à un jeune arbre, ses longues jambes en jeans pendant par dessus le bord.

Ce garçon sombre et en colère fascinait Harry ; il semblait être tout ce qu'Harry n'était pas. La forte mâchoire du garçon avait l'air de souvent se carrer en une expression de défi, et un hématome jaunissant se distinguait sur sa joue gauche. Il secoua ses cheveux humides de devant son visage et sortit un paquet de cigarettes légèrement écrasé de la poche de sa veste. Il en tira une, la plaça entre ses dents et l'alluma d'un geste expert.

Il inspira profondément, et son corps se détendit alors qu'il expirait une bouffée de fumée. La tension et la colère sur son visage disparurent.

Harry ne pouvait pas s'empêcher de le fixer du regard. Il n'y pouvait rien si les gens le fascinaient, mais cette fois il était terrifié à l'idée que le garçon le remarque. Il ne le remarqua pas. Il finit sa cigarette, regarda l'heure, soupira et sauta du mur. Il atterrit lourdement et s'éloigna, laissant Harry de nouveau seul.

Harry n'osa pas rester plus longtemps sur la balançoire. Le soleil était en train de se coucher. Il ne voulait pas risquer de rencontrer le gang de Dudley, et se mit en chemin vers la maison. La marche n'était pas longue ; il partit dans la direction opposée au bois, et sortit du parc sur la colline qui surplombait sa maison.

Harry ouvrit le portail, le laissant claquer derrière lui parce que sa mère n'était pas là pour le réprimander et remonta l'escalier d'un pas lourd jusqu'à la porte d'entrée. Il se baissa et récupéra les clés de secours sous le pot de fleurs jaune et entra.

Harry lâcha son lourd sac de cours près de l'escalier, secoua ses pieds hors de ses baskets mouillées et monta à l'étage pour sortir de son uniforme trempé.

Harry était soulagé que sa mère ne soit pas à la maison ; elle avait tendance à le couver. Il n'avait jamais compris pourquoi. Il était mince, pas encore aussi grand que son père, mais il était capable. Il n'était en rien un garçon fragile.

Il pouvait tout à fait prendre soin de lui-même si on lui en donnait l'occasion, et il espérait que s'il prenait encore quelques centimètres sa mère calmeraitun peu le jeu et le laisserait en paix. Il l'aimait, vraiment, et ses intentions étaient bonnes, mais Harry devait souvent convenir avec son père qu'elle prenait les choses trop au sérieux.

Harry accrocha son uniforme humide dans la salle de bain, attrapa une serviette, et retourna dans sa chambre, séchant ses cheveux mouillés d'un mouvement absent. Lorsqu'il fut assez sec, il enfila un vieux pantalon de pyjama et un t-shirt usé et s'assit près de son lit, cherchant de quoi s'occuper parmi ses livres. Même s'il n'avait jamais adoré lire, il trouvait quand même la lecture agréable et un bon moyen de passer le temps

Il prit l'un de ses livres préférés de l'étagère pleine, s'installa sur son lit, et ouvrit à la première page. Il finit par simplement fixer les mots, incapable de les comprendre. Peu importe à quel point il essayait de se concentrer, son esprit retournait sans cesse vers le garçon dans le parc.