Une journée particulière
L'inspectrice Stella Bonasera ouvrit les yeux pour se retrouver dans l'obscurité complète de sa chambre. Elle sursauta en entendant le bruit strident qui l'avait réveillée et donna un coup rageur dans son réveil. Etrangement cela n'arrêta pas le bruit. Les chiffres lumineux indiquaient 3h27 am, définitivement trop tôt pour que ce soit l'heure de se lever. Le portable sur la table de chevet vibra encore en sonnant plus fort. Stella l'attrapa en soupirant.
«
Bonasera ! »
Le téléphone à l'oreille, elle essayait
d'enregistrer dans son esprit encore embrumé par le sommeil les
indications de son interlocuteur avant de noter une adresse sur un
bout de papier.
« Très bien j'arrive. Mais je compte sur un
café bien chaud, Flack ! »
La jeune femme raccrocha et se
dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche afin de
réveiller ses muscles endormis. Aujourd'hui était certes un jour
particulier mais ce n'était pas une raison pour le commencer si
tôt.
« Et surtout de cette manière » pensa t-elle.
Après
tout, est ce que ce n'était pas le genre de journée où l'on
avait le droit a une grasse matinée, à l'homme de ses rêves qui
nous amène le petit déjeuner au lit et… Stella ferma les yeux
sous le jet d'eau chaude et visualisa en une fraction de seconde le
sourire de cet homme, ses mains expertes et ses bras musclés
étreindre son corps avant d'éteindre d'un coup sec le
robinet.
« On ne fantasme pas dès le matin jeune fille » se
morigéna t-elle.
De toutes les façons elle n'en avait pas le
temps. A peine sèche elle enfila ses vêtements et son manteau en
vitesse, pris sa plaque et son arme et s'arrêta juste un instant
devant le miroir pour passer une main dans ses boules brune.
« Au
travail ma fille » dit-elle en faisant une moue désolé à son
reflet.
Exactement 17 minutes après s'être réveillée, Stella
Bonasera quittait le confort de son appartement pour l'hostilité
des rues de New York.
Décidément, même le jour de son
anniversaire elle n'avait pas de répit.
Quelques minutes plus tard dans le quartier de Murray Hill
Don
Flack était assis sur un muret, un café à la main, se demandant si
il n'allait pas le boire a la place de son amie sous peine de
s'endormir sur place.
« Hey ! Flack ? Tout va bien ? »
L'interpella Stella en arrivant sur les lieux protégés par une
bande jaune.
Flack lui tendit son café en grimaçant.
« Je
vais devoir me mettre un café en intraveineuse si je veux arriver à
tenir toute la journée. »Dit-il entre deux bâillements
« Il
semblerait que tu sois au bon endroit en tout cas, c'est le
complexe hospitalier universitaire non ? »
« Exact, d'ailleurs
l'immeuble devant lequel la victime a été retrouvé sert de
logement aux étudiants en médecine. Tu as fais vite pour venir »
remarqua-t-il en regardant sa montre.
« Il n'y a pas vraiment
de circulation a cette heure-ci, au moins un avantage à travailler
si tôt. » Expliqua la jeune femme.
Flack baissa la tête comme
un enfant pris en faute.
« Tu vas me maudire. Te faire travailler
à cette heure-ci le jour de ton anniversaire. Pour te dire vrai j'ai
appelé Mac en premier mais impossible de le joindre, son portable
doit être éteint. J'ai juste pu lui laisser un message»
Stella
sourit sincèrement à son ami. Elle était profondément touchée
par son attention. Après tout il avait été obligé de se lever
très tôt lui aussi et il se souvenait quand même de ça. Son cœur
lui sembla se réchauffer malgré la fraicheur matinale en songeant
que l'amitié était vraiment une chose exceptionnelle. Elle était
seule sentimentalement mais au moins elle avait ça, est-ce qu'après
tout ce n'était pas mieux ?
Stella secoua la tête, la vérité
c'est que ce qui aurait été le mieux n'était pas prêt
d'arriver : avoir l'amour et l'amitié. Elle sourit
inconsciemment en repensant à l'homme avec qui elle avait
fictivement et furtivement pris une douche ce matin avant de se
rappeler que ce n'était pas des idées à conserver en tête en ce
moment.
Elle sortit de ses pensées pour trouver deux yeux bleus
la fixant avec suspicion.
« 10 dollars pour tes pensées »
«
Mes pensées valent beaucoup plus que ça » dit-elle en accompagnant
sa réponse d'un clin d'œil entendu. «Bon, puisque je suis là
maintenant, autant attaquer, s'activa l'enquêtrice en passant
sous la délimitation de la scène de crime. Qu'est ce qu'on a
pour le petit déj ? »
Flack secoua la tête, n'en revenant pas
de l'avoir entendu dire ça, pris son calepin et énuméra ce qu'il
y avait noté en tentant de reprendre son sérieux.
« Donald
Rockwell, 31 ans, on a trouvé une carte de la faculté de médecine
dans son portefeuille. C'est le couple avec le chien qui l'a
trouvé alors qu'ils rentraient chez eux. »
Stella releva la
tête du corps disloqué pour voir une femme assise sur un banc, son
mari une main posée sur son épaule et l'autre tenant la laisse du
chien.
« Est-ce qu'ils ont vu quelque chose ? »
Flack
tourna une page sur son bloc note et hocha la tête négativement.
«
Non. Monsieur et Madame….Calder, rentraient d'une soirée entre
amis et le chien les a attiré jusqu'au corps. Ils n'avaient
qu'une centaine de mètre à faire et ils préféraient marcher
pour faire « se dégourdir les pattes à ce bon Charlemagne »
Cita-t-il en prenant une voix efféminée.
Stella rit de bon cœur
avant de se redresser.
« D'après la position du corps et les
traces de sang, l'hypothèse du suicide n'est pas à exclure.
Cependant pourquoi une personne ayant accès a toute une palette de
médicaments potentiellement mortels choisirait une fin aussi
violente ? »
« J'espère que l'autopsie nous donnera la
réponse à ta question » bailla Flack à nouveau.
« Je vais
prendre quelques photos et tu pourras faire rapatrier le corps au
labo. Je vais tenter de rappeler Mac. Je vais avoir besoin d'aide
pour couvrir tout ces étages. »
Flack acquiesça et commença
s'éloigner.
« Au fait Don ! » l'interpella Stella son
appareil photo à la main.
« Oui ? »
« La prochaine fois que
tu veux marquer le coup pour mon anniversaire, évite les cadavres,
je ne peux même pas les ramener à la maison en souvenir. »
Stella regarda Don partir avec le corps avant de soupirer en voyant les 10 étages du dortoir qu'il lui faudrait couvrir. Elle prit son portable et appela Mac. Elle n'avait rien dit devant Don mais c'était vraiment étrange que son téléphone soit éteint, voir inquiétant. Aucune sonnerie ne retentit et elle entendit le message préenregistré de son répondeur directement dans son oreille. Pour se rassurer elle se força a croire que c'était juste un problème de batterie. Elle raccrocha, à la fois frustrée et inquiète avant de composer le numéro de Danny à regret. Lindsay lui avait dit la veille qu'ils passaient la soirée en ensemble et elle aurait préféré ne pas les déranger, surtout à 5 heures du matin. Dieu seul savait à quelle heure ils s'étaient couchés.
Au même moment dans un appartement…
Danny
grogna dans son sommeil en entendant son portable résonner dans la
chambre. Non de dieu, il avait l'impression que ça faisait tout
juste 5 minutes qu'il venait de s'endormir. Il sentit le corps de
Lindsay à ses côtés et se dépêcha de répondre pour ne pas que
le bruit la réveille.
«
Messer »
«
Danny, c'est Stella. J'ai une scène de crime à la faculté de
médecine dans Murray Hill. Peut-être un suicide mais j'en doute,
il y a……etc. »
Voir
la jeune femme dans son lit au réveil était une chose qui s'était
déjà produit plus d'une fois mais Danny en était émerveillé
comme si c'était tout nouveau. En conséquence de quoi il avait
énormément de mal à rester concentré sur ce que lui raconter sa
collègue au téléphone.
«
Danny ? T'es toujours avec moi là ? »
«
Oh désolé Stell, » dit-il précipitamment « c'est comme si
j'étais déjà là. »
Il
raccrocha et se pencha vers Lindsay pour déposer un baiser sur son
front, puis sur sa joue. Elle ouvrit lentement les yeux et se mordit
la lèvre en le voyant torse nu devant elle. Des réveils comme celui
là, elle en voulait tous les jours.
«
Je ne suis pas en état de remettre ça Messer, laisse moi récupérer
un peu » dit-la jeune femme avec une voix ensommeillée alors que
ces yeux disaient le contraire.
«
J'ignorais que les filles du Montana était à ce point
dévergondées » répondit-il en prenant un air choqué devant ce
regard peu équivoque.
Lindsay
lui donna un coup sur l'épaule avant qu'ils n'éclatent de
rire tout les deux.
Reprenant
son sérieux Danny lui expliqua qu'il était attendu à Murray Hill
par Stella pour lui donner un coup de main, ce qui était d'ailleurs
la seule chose qu'il ait retenu de ce qu'elle lui avait dit.
«
Je viens avec toi, c'est l'anniversaire de Stell aujourd'hui,
déjà qu'elle travaille, je ne vais pas la laisser seule. Plus
vite on aura bouclé cette affaire et plus vite elle…. » Lindsay
laissa sa phrase en suspens avant d'aller s'habiller en vitesse
se rendant compte qu'elle en avait presque trop dit.
«
Plus vite quoi ? » questionna Danny intrigué.
«
Rien ! C'est juste qu'elle pourra profiter de sa soirée. Allez
habille toi Messer, on a du boulot »
Danny
la regarda de manière à lui faire comprendre qu'il ne croyait pas
du tout à son explication.
«
Pourquoi on me dit jamais rien à moi » bougonna le jeune homme dans
sa barbe pendant qu'il enfilait son manteau et que Lindsay sortait
devant lui en riant.
