Salut tout le monde ! J'ai l'honneur de vous présenter ma première fanfic sur le fandom de The Top Secret/Himitsu. Allez, je vais me fendre d'un petit disclaimer pour l'occasion.

Auteur : Sana
Titre : For Your Eyes Only (pour la petite histoire, je suis nulle pour les titres, et j'écoutais cette chanson (tirée de l'OST de l'anime de Himitsu) en boucle pendant l'écriture, alors, je me suis dit, oh tiens, je vais foutre ce titre-là. Et pour ceux que disent que je ne me foule pas... Eh bien vous avez raison \o/)
Fandom : Himitsu/The Top Secret. (Basé plutôt sur le manga que sur l'anime...)
Disclaimer : tous les personnages (même mon Maki adoré) appartiennent à Reiko Shimizu, que je vénère.
Rating : T
Pairing : Aoki/Miyoshi, Aoki/Maki
Note : spoilers de euh... Beaucoup de tomes. Au moins jusqu'au tome 8 (ouais, jusqu'au dernier paru, en fait). Donc voilà, je ne vous conseille pas vraiment de lire si vous n'êtes pas à jour... Mais enfin après c'est vous qui voyez.
Note 2 : ah oui. Cette histoire évoque en termes pas vraiment voilés des relations homosexuelles. Détracteurs du genre, si vous traînez dans le coin, je vous suggère plutôt d'aller lire autre chose.

Sur ce, bonne lecture !


Yukiko

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Yukiko Miyoshi était loin d'être une idiote. D'ailleurs, son brillant parcours pouvait en attester pour elle ; les meilleures notes lors de l'entrée à l'université de médecine, les meilleures notes au diplôme de fin d'études, médecin légiste à vingt-quatre ans… Elle était douée. Peut-être trop – ou peut-être qu'elle se concentrait trop sur son travail. Passer les trois quarts de son temps enfermée dans une pièce avec des cadavres, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus sain pour la santé mentale. Mais c'était juste ce qu'il lui fallait pour oublier ce qui ne devait pas remonter à la surface. Après tout, ce n'était pas rare de se plonger dans le boulot pour mettre le reste de côté… Rien que dans son entourage immédiat, elle savait pertinemment qu'il y avait une personne pour qui c'était la même chose.

Mais s'enterrer sous des enquêtes et des dossiers à n'en plus finir, ça n'avait jamais été le meilleur moyen pour faire évoluer sa vie sociale. Et encore moins sentimentale. Alors, quand Aoki était apparu de nulle part – enfin, si, en fait, du labo n°9 – et qu'il lui avait fait comprendre que ce n'était pas parce qu'elle avait dépassé la trentaine qu'elle était périmée, elle avait commencé à reprendre espoir. Même si la ressemblance qui existait entre Aoki et Katsuhiro la rendait toujours un peu mal à l'aise. Parfois, même, elle avait peur de se tromper, et de dire un nom pour un autre. Tout en sachant pertinemment que même si ça avait été le cas, Aoki ne se serait pas fâché. Il était bien trop gentil pour ça.

- Et donc il t'a demandée en mariage ?

Assise en face d'elle dans ce petit café, son amie Aoi l'écoutait parler avec attention, à tel point que Yukiko se sentait coupable. Depuis qu'elles s'étaient connues, au lycée, elle avait toujours l'impression de n'avoir parlé que d'elle, sans arrêt, tandis qu'Aoi ne lui disait jamais rien sur sa vie – et la seule fois où son amie lui avait ouvert son cœur, pour lui raconter sa propre demande en mariage, tout s'était très mal terminé ; le frère d'Aoi avait été tué, les fiançailles évidemment annulées, et Aoi avait dû faire un séjour en hôpital psychiatrique. Et tout ça, simplement parce que Yukiko avait le don de mettre son nez là où il ne fallait pas.

- Tu ne veux pas me raconter ? demanda Aoi de sa voix douce.

- Si, si… Mais je ne fais que parler, alors que c'est moi qui devrais t'écouter…

- Ça n'a pas d'importance, assura Aoi. J'aime t'entendre me raconter tes histoires. Ça m'apaise. Vous êtes fiancés, donc. Vous avez prévu une date ?

- Pas encore, mais je pense que ça se fera dans trois à quatre mois… Je ne sais pas si tu voudrais venir…

Est-ce que ce n'était pas indélicat d'inviter Aoi à une cérémonie de mariage alors que le sien s'était envolé en fumée ? Yukiko marchait sur des œufs. Et si elle faisait une bêtise, et disait quelque chose qui raviverait la plaie d'Aoi ? Ça ne serait pas malin. Il fallait faire très attention.

- Je vais y réfléchir, répondit la jeune femme avec un sourire.

Sa simple réponse prouvait que ce n'était pas une situation ordinaire. Aoi était sa meilleure amie depuis des années – et lorsqu'on invitait sa meilleure amie à son mariage, c'était souvent une réponse positive qui attendait derrière. Mais Yukiko avait peur de demander, et Aoi ne savait pas quoi répondre.

Un instant, Yukiko imagina le tableau qu'aurait été sa vie si on avait pu la qualifier de "normale". Déjà, Katsuhiro ne se serait pas fait tuer par son meilleur ami. Et Tsuyoshi l'aurait traitée de façon amicale, au lieu des relations tendues qui étaient les leurs depuis ce jour funeste. Il aurait ri avec elle, comme au bon vieux temps, en regardant Katsuhiro lui lancer une boule de neige. Et puis, le frère d'Aoi ne serait pas mort. Ikkô Aoki ne ressemblerait pas tant à Katsuhiro. Le labo n°9 n'existerait pas.

Tout était de sa faute – c'était ce foutu labo qui était la cause de ses malheurs. C'était dans ce labo, en regardant le cerveau de Kainuma, que Katsuhiro avait sombré dans la démence. C'était là également qu'il avait pointé son arme sur Tsuyoshi, qui avait dû lui tirer dessus pour l'arrêter. C'était à ce labo qu'elle avait confié le soin de lire le cerveau du cadavre du père d'Aoi, sans savoir qu'elle allait ouvrir la boîte de Pandore.

Quant à la ressemblance d'Aoki et de Katsuhiro, ça n'avait peut-être pas de rapport avec le labo n°9, soit… Mais quand même.

- Tu as déjà réfléchi à une robe de mariage ? demanda Aoi, en la tirant de sa rêverie. Tu veux que je vienne avec toi en choisir une ?

- Ça ne te dérangerait pas ? s'étonna Yukiko.

- Non, vraiment. Ça me changera les idées.

- Très bien… Dans ce cas, je te donnerai une date pour qu'on y aille ensemble, une fois que la date du mariage sera fixée.

Elle aurait bien aimé raconter à Aoi un tas d'autres choses. Comme par exemple, à quel point Aoki était un garçon adorable. Il n'avait que 23 ans, et elle, elle avait déjà dépassé la trentaine, mais elle avait l'impression que ce genre de choses ne comptait plus, quand il était à côté d'elle. D'ailleurs, il faisait plus vieux que son âge – et il était tellement grand ! Et puis, sa demande en mariage… C'était tellement inattendu. Et il avait l'air si sérieux, quand il lui avait faite.

Enfin, il était toujours sérieux, en même temps…

Elle aurait voulu lui raconter à quel point la vie s'était éclairée, depuis qu'Aoki y avait trouvé une place. Ses journées et ses nuits prenaient de l'intérêt. Le monde reprenait petit à petit toutes les couleurs qu'il avait perdu le jour où Katsuhiro était mort. Elle aurait voulu lui dire qu'elle se sentait aussi proche d'être heureuse qu'on pouvait l'être avec ce qui lui était arrivé.

Et surtout, elle aurait voulu lui parler de Tsuyoshi. Parce que Yukiko n'était pas bête ; Tsuyoshi avait beau être un as dans l'art de ne jamais parler de soi, elle arrivait à déchiffrer ses sentiments. Personne n'y arrivait, alors comment en était-elle capable, elle ? Elle ne le savait pas bien. Peut-être parce qu'elle avait passé tout son temps à l'observer, ces dernières années. Le moindre de ses froncements de sourcils, de ses doutes, la moindre de ses faiblesses, rien ne lui échappait. Alors, elle savait tout. Elle comprenait.

Elle avait été amoureuse de Katsuhiro, et maintenant, elle était tombée amoureuse d'Aoki, qui lui ressemblait tant ; c'était pareil pour Tsuyoshi – sauf que lui, c'était dans l'ombre. Katsuhiro ne s'en était jamais rendu compte, et Aoki était bien parti pour prendre le même chemin. Elle seule, avec son instinct féminin, elle avait tout deviné. Ce qui était invisible pour les autres était très clair à ses yeux.

Mais elle était également la seule à posséder toutes les clés nécessaires à la compréhension. Elle seule avait entendu la voix rauque de Tsuyoshi après qu'il ait passé des nuits entières à hurler, fou de douleur d'avoir tué son meilleur ami. C'était dans ses bras qu'il avait donné pour la première fois cours à ses larmes, qui refusaient de sortir jusque là.

Elle seule avait assisté à sa lente descente aux Enfers. Elle n'avait rien fait pour l'en tirer, d'ailleurs ; qu'il ait agi par légitime défense ne changeait rien au fait qu'en une seule balle, il avait détruit tout ce qu'il y avait à détruire dans leur relation. La haine qu'elle avait ressentie envers le labo n°9 avait étendu son ombre jusqu'à lui, et elle avait mis du temps à s'apaiser.

Et quand Aoki était entré dans leur vie, elle seule avait pu mesurer le bouleversement que ça représentait de voir le sosie d'un homme aimé réapparaître devant leurs yeux, comme fraîchement sorti de la tombe. Ce n'était pas dur de comprendre. Ils ressentaient la même chose, tous les deux.

Il y avait tellement à dire sur Tsuyoshi. Tellement de choses dont elle aurait voulu parler. Mais Aoi ne supportait pas que son nom soit évoqué depuis qu'un en seul regard, lors de leur première rencontre, il avait découvert tout ce qu'elle cachait avec tant d'acharnement. Alors Yukiko en était réduite au silence.

Mais ça ne faisait rien. Bientôt, elle serait mariée avec Aoki, et elle pourrait lui dire tout ce qui lui passerait par la tête. Même si ça concernait son cher "monsieur Maki". Une fois mariés, rien ne pourrait plus changer…

Même si, par superstition, elle préférait éviter d'évoquer quoi que ce soit à son sujet avant qu'Aoki ne lui ait passé la bague au doigt.

Parce qu'Aoki vénérait trop Maki.

.oOo.


Et voilà mes agneaux. C'est un chapitre super court à mes yeux, mais j'espère qu'il vous aura plu quand même.
A la prochaine !