Salut à tous
Voici le premier chapitre de ma fic sur Ergaon.
Il s'agit d'une suite au quatrième tome.
Bonne lecture à tous.
SHUR'TUGAL !
Tome 5 de la série Eragon, écrit par DavianThule
Arrivée
La Talíta voguait depuis plusieurs heures sur l'Edda. Le fleuve était bien plus long qu'Eragon l'imaginait, même s'il ne s'était jamais vraiment posé la question. De temps à autre, le bateau croisait un banc de poissons. Ces derniers intriguaient Eragon car ils n'avaient aucune nageoire et semblaient se déplacer par magie. Il le confia aux dragons :
« Ces poissons m'ont l'air agressifs », déclara-t-il.
C'est Umaroth qui répondit :
« Oui, ils le sont, mais ils n'attaqueront pas. Et même s'ils le faisaient, nous les anéantirions. »
« Oui, ne t'en fait pas Tueur d'ombre, un banc de poissons ne peut nous faire aucun mal », continua Lupusänghren, l'air amusé.
Et ils en restèrent là.
La plaine noire s'étendait aux yeux des deux héros et de leurs compagnons depuis le même temps. Rien ne laissait soupçonner qu'on n'en verrait le bout.
Eragon et Saphira étaient en plein désespoir. Les consolations des elfes et des dragons ne les aidaient pas, eux-mêmes n'étant pas au mieux de leur forme. Savoir que c'était pour le mieux des futurs dragonneaux et de leurs dragonniers n'y changeait rien. Tout ce qui constituait auparavant leur vie s'envolait. Depuis le début de l'exode, ils se plaignaient de la vie qu'ils auraient pu mener s'ils n'étaient pas partis. Et depuis le début, ils se réconfortaient et repassaient sans cesse dans leurs esprits tout l'Alagaësia dans l'espoir de trouver d'urgence un endroit où élever et instruire les dragonneaux et les dragonniers, ne nécessitant pas de s'exiler de leur royaume natal. Bien que, ils le savaient, et leurs compagnons le leur répétaient, ils avaient déjà cherché partout et leurs espoirs étaient restés vains.
La nuit finit par passer et avec elle, la plaine disparut aux yeux du groupe, remplacée par une jungle luxuriante sans trace d'habitat humain, elfe, nain, ou même urgal.
« Voilà des plus intrigants, constata Umaroth. À ma connaissance, cette forêt ne devrait pas exister. »
Eragon et Saphira commençaient à avoir faim.
Avec les elfes, le jeune dragonnier déballa les provisions tandis que Saphira partait chasser, accompagnée de certains Eldunarí.
La dragonne appréciait qu'Orik lui ait offert l'anneau magique. Cela lui permit de satisfaire amplement sa faim, ce qui n'aurait pas été le cas si cet anneau ne l'assistait pas.
Nourrir un dragon n'est pas tâche aisée, et le bijou permettait d'épargner les réserves de vivres pour les elfes et Eragon. Ils en auraient besoin, ceux-ci ne pouvaient pas encore s'autoalimenter, n'étant pas totalement installés dans la régions.
Percevant les pensées de Saphira, Eragon lui suggéra :
« Il faudrait lui donner un nom, à cet anneau. Tu ne crois pas ? »
« Oui, et changer sa couleur, je pense que le bleu lui irait mieux. »
« Pff, tu vois tout en bleu, je te rappelle. »
Constatant qu'il avait raison, Saphira marqua une pause, comme pour l'avouer.
Et elle émit un grognement.
« C'est vrai et alors ? »
Eragon avait suivi le fil du raisonnement de sa dragonne et fut amusé de l'entendre répliquer.
« Je rigole, de toute façon, ce n'est pas grave. Sinon, tu pensais à un nom en particulier ? »
« Eh bien... J'allais te le demandais alors... Peut-être Poignard Silencieux, ou Ornement Meurtrier, ou alors il y a Croc Furtif, puis aussi Sauveur D'Estomac Affamé... »
« Je vois. Tu veux vraiment l'appeler Sauveur D'Estomac Affamé ? gloussa-t-il.
« Mais c'était juste une idée ! Pas besoin de te moquer de moi, tu n'aurais pas fais mieux ! »
« Tu me fais rire ! Bon j'arrête. Attend deux secondes... »
Il ne parla plus un instant, pendant lequel il chercha un nom qui pourrait plaire à Saphira.
Puis il reprit :
« Ah, je sais, j'ai trouvé, dit-il triomphalement, voilà : freadeni sindalithé.
Cela te plait-il ? »
« Oui ! C'est très bien, et en ancien langage, ça sonne bien mieux que dans la langue des humains ! »
« Tu as raison, chasseur fantôme, c'est pas terrible. Bon, ça c'est fait... »
Pendant sa chasse, Saphira transmettait par l'esprit tout ce qui l'entourait à Eragon, qui, lui-même, en informait ses compagnons.
Ainsi, ils purent commencer à s'accoutumer aux lieux et aux différentes bêtes.
Eragon, les elfes, et les dragons voyaient bien que la forêt n'était pas habité par qui que ce soit. Elle était bien plus sauvage que toutes celles qu'ils avaient vues auparavant. Son exubérance montrait l'abondance de sa richesse en tout point. Cette végétation massive, les conseils des anciens Eldunarí et l'anneau aidaient Saphira à ne pas se faire repérer par ses proies. Celles-ci, ne se rendaient compte qu'il y avait devant eux un prédateur qu'au moment où Saphira leur cassait la nuque. Aussi, Eragon ne fut pas surpris de voir arriver le dragon avec dans sa gueule des proies énormes.
« Je suis contente de ma chasse, le voyage m'a donné de l'appétit », dit Saphira l'air un peu moins malheureuse.
« Tu as bien suivi nos conseils Écaille Brillante », poursuivit Valdr.
- Oui, et je vois que tu n'as pas capturé une petite bête, répondit Eragon, distrait.
« Tu n'as pas l'air d'aller bien... Tu sais, moi aussi je suis attristée par la perte de nos amis. Mais nous ne sommes pas seuls, Lupusänghren, les autres elfes et les Eldunarí nous ont accompagnés. Et puis il ne faut pas trop y penser. C'est mieux pour nos futurs élèves. Il faut juste qu'on trouve une occupation. Tu verras, ça passera. »
- Merci, ça va aller. Bon, il faut se remettre en route, on ne va pas s'installer dans cette jungle.
« Non, mais peut-être qu'aux alentours, il y aurait des montagnes ou des A-pic ? », suggérèrent Umaroth et Glaedr, au vu de leur expérience.
- Oui. Alors, allons-y !
« Seulement, vous semblez oublier quelque chose, comment allons nous transporter tout ce qui est sur le bateau ? Je ne peux pas tout porter », fit remarquer Saphira.
« Nous te donnerons un peu de notre force », continua Glaedr.
« Inutile, cela vous fatiguerait pour rien, et je pense encore être capable de voler un certain temps. »
« Si tu veux », continua Glaedr.
- Eh bien, dans ce cas, conclut Eragon, je vais protéger le bateau avec des sorts, nous pourrons ensuite partir. Il me sera facile de le localiser une fois que l'on aura trouvé des montagnes.
Ce à quoi Saphira ajouta :
« Très bien, mais prenons quand même une partie des vivres et des affaires. Soyons prudents. »
- Et nous, que ferons-nous ? demanda Lupusänghren au nom des elfes.
- Vous surveillerez le bateau. Si vous le voulez bien.
- Très bien Shur'tugal, répondirent les elfes.
- Alors au boulot.
Eragon entreprit d'abord de lier des sorts à l'embarcation. L'un pour empêcher la coque de se briser, l'autre pour repousser tout ce qui approcherait du bateau. Pour cela, il s'aida de la sagesse et de la connaissance des Eldunarí, tous les événements des derniers mois ne lui ayant laissé que peu de temps pour approfondir sa connaissance de la magie. Puis il chargea sur le dos de Saphira plusieurs vivres, ustensiles, habits... Pendant ce temps, aidée de Glaedr et d'autres anciens, la dragonne lança son esprit en tous sens pour essayer de percevoir de la roche en énorme quantité, qui représenterait potentiellement une montagne. Elle n'eut cependant pas le temps d'en trouver par l'esprit parce qu'Eragon avait fini son travail avant. Ils s'envolèrent donc, laissant La Talíta aux mains des elfes et des sortilèges d'Eragon.
Vue du bas, la forêt paraissait immense. C'était aussi vrai vu du haut. Elle devait, estima Eragon, s'étendre sur plusieurs centaines d'hectares. Ils explorèrent dans toute son étendue la jungle et finirent par trouver à l'ouest, une chaîne de montagnes. Saphira fila comme une flèche vers les montagnes qui, en se rapprochant, dévoilaient de hauts arbres millénaires.
« Ces arbres ne devraient pas exister », songea Umaroth.
En les observant, Eragon eut le pressentiment qu'ils l'appelaient. Il en fît part à ses compagnons de voyage :
- C'est bizarre, dit-il, j'ai l'impression que ces arbres m'attirent. Qu'ils m'appellent.
« Restons sur nos gardes, ces arbres qui t'appellent... je les entends aussi. Leur appel est si puissant... », conseilla Valdr.
« D'accord. Mais, alors que faisons-nous ? », demanda Saphira.
« Eh bien, répondit Glaedr sur un ton pensif, tentons une approche. Mais restons sur nos gardes. »
« Très bien, allons-y. »
« Nous vous soutiendrons si ces arbres passent à l'attaque », déclara Umaroth.
Ils projetèrent donc, soutenus par les Eldunarí, leurs consciences vers les arbres. Ceux-ci érigèrent d'abord des barrières aux limites de leurs esprits, ne comprenant pas qui était l'intrus. Les murs mentaux des arbres étaient indestructibles, ce qui étonna grandement Saphira et son dragonnier car ils n'avaient que rarement vu de semblables défenses.
Comprenant enfin qui venaient dans leurs esprits, les arbres abaissèrent leurs protections.
« Bonjour, nous t'appelions. Et tu es venu », dirent les arbres à l'unisson.
Le fait que ces arbres parlaient l'ancien langage ne fit qu'augmenter la méfiance de la communauté.
« Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? », les interrogea Eragon, prudent.
« Nous ne te voulons aucun mal, et nous sommes pour cette région ce que sont les dragons pour la vôtre, c'est-à-dire les gardiens du monde. Cependant nous sommes des arbres et il nous est très difficile de nous déplacer, si ce n'est par la magie. Nous pouvons pousser notre esprit vers une distance presque infinie, et c'est ainsi que nous connaissons tes exploits.
Il y a une chose que tu dois savoir : il existe des créatures bien plus puissantes que ce fameux Galbatorix, cachées au plus profond de ce monde, elles représenteront une menace tant que tu resteras hors d'Alagaësia. Elles connaissent des notions en magie bien plus puissantes que le nom des noms. C'est pourquoi il faudra dans les années qui vont suivre que tu continues à apprendre la gramarie sous tous ses aspects. Méfie-toi de certaines créatures, je ne te dis pas leurs noms, car ils ont un pouvoir. J'espère que tu ne les rencontreras jamais. Et maintenant, écoute cette prophétie : Le jour où tu as l'audace de t'aventurer sur les plaines noires de Isetnofet Kasaros...
Valdr, le plus vieux dragon laissa paraître son effroi à l'appelle de ce nom, que seul Eragon remarqua, même s'il n'en dit mot.
...tu ne devras ni boire, ni manger durant trois jours, quoi qu'il t'en coûte. Si tu le fais, tu mourras, quelle que soit la magie qui te protège. Puisses-tu toujours te souvenir de ses paroles, maintenant part ! Nous nous reverrons si le destin le veut, adieu. »
Eragon et Saphira restèrent un moment abasourdis par le discours de l'arbre.
Ils partirent silencieusement, chacun mesurant ce qu'il leur avait dit.
« Je ne comprends pas, il existe une magie plus puissante que le nom des noms !? Et pourquoi ne pas boire sur cette plaine de... Cela me parait assez tiré par les cheveux », s'exclama la dragonne.
« C'est la plaine de Isetnofet Kasaros. Mais tu as raison, je suis sceptique. Nous en reparlerons plus tard », affirma Eragon, l'air songeur.
« Je ne me serais jamais attendu à entendre parler des arbres, renchérit Umaroth. Et je ne savais pas qu'ils existaient. Leur discours n'en est pas moins surprenant. Oui, il faudra y réfléchir... Ce genre de parole ne doit pas être prit à la légère, bien que nous ne connaissions pas nos interlocuteur. »
Et la conversation s'interrompit, même si chacun pensait toujours aux arbres.
Ils continuèrent leur exploration et finirent par trouver le meilleur endroit de la chaîne de montagnes. C'était l'emplacement idéal pour la mise en place du château. Il y avait assez de place pour l'édifice, aussi imposant puisse-t-il être, les lieux exposaient à celui qui s'y tenait une vue panoramique de toute la jungle et de la chaîne montagneuse.
« Je trouve ce plateau rocheux propice à notre projet, n'est-ce pas ? », interrogea Saphira.
« Oui, tu as raison, c'est parfait ! Je vais te décharger. »
« Vous oubliez qu'il se fait tard, et que nous n'avons toujours pas rejoint les elfes », protesta Umaroth.
« Ah c'est vrai ! »
« Alors petit homme, le reprit tendrement Saphira, dépêche toi de me décharger, et n'oublie pas de mettre des sorts de protection ici aussi. »
« Oui. »
« Très bien nous reviendrons demain », dit Glaedr.
Dès qu'Eragon eut fini, lui et Saphira s'envolèrent encore, cette fois-ci, vers l'embarcation.
Eragon fut étonné par la distance qui les séparait de la barque, ils avaient dû voyager sur une longue distance. Arrivé au bateau, il raconta aux elfes l'entrevue avec les arbres millénaires.
« Voilà quelque chose de bien curieux, dit Lupusänghren. »
Et ensemble, ils montèrent un camp de fortune pour dormir près du bateau. Saphira s'installa dans le petit espace d'herbe au pied du camp. La nuit fut courte pour tous. Ils se levèrent à l'aube et dès qu'ils se furent préparés, ils partirent vers le plateau montagneux.
Saphira emporta le reste des affaires, alors que, les elfes, ne pouvant monter sur son dos, puisaient dans leurs forces et dans celle des Eldunarí pour s'envoler.
Le trajet était épuisant. En effet, une fois arrivés en haut du mont, ils se reposèrent un moment avant de se remettre en état de travailler.
Quand ils arrivèrent, il n'était que neuf heures.
Eragon mit la moitié de son énergie dans Aren, le seul souvenir qui lui restait de Brom.
Subitement, il tressaillit, comme si quelqu'un avait prononcé son vrai nom.
« Qui a-t-il ? », lui demanda Saphira, bien qu'elle puisse lire la réponse dans son esprit.
« Je crois que quelqu'un a prononcé mon vrai nom. »
« Tu veux en parler à Umaroth et aux autres anciens ? »
« Non, ça ira, la rassura-t-il. Je le dirais si je pense en avoir besoin. »
« Tu m'inquiète, à chaque fois que je te laisse seul, il t'arrive quelque chose. »
« Et ? »
« Voila que même quand je suis là tu te fourres dans des ennuis pas possible ! Eragon ! C'était quand même ton vrai nom ! »
« Oui, je sais, mais tu n'as pas besoin de me hurler dessus. »
Eragon sentait que Saphira se mettait en colère, ce qui ne le réjouissait pas, car la dragonne avait un fort caractère.
« Quoi ! »
Et Saphira s'emballa.
« Je vais t'attacher à mon dos et je ne te libérerais que lorsque le château sera construit », déclara-elle en grondant mentalement.
«Non, ça ne servirai à rien, dit-il en secouant la tête, c'est moi qui encadreras le chantier. Comment le ferais-je si je reste accroché à ton dos ? »
« Ce n'est pas un argument, je pourrais très bien me mettre sur mes pattes arrières pour que tu sois droit le temps que tu donnes les instructions. »
« Tu crois franchement que je ne me limiterais qu'à donner des ordres ?
Je vais aussi aider à transporter les matériaux, à les assembler... Sinon, pour qui me prendraient-ils ? Et puis, franchement, je n'aime pas rester sans rien faire quand les autres s'activent, ça me gêne et tu le sais. En plus, je ne suis plus un petit garçon. »
« Mais... râla Saphira, exaspérée, décidément, il n'y a rien à faire pour toi. »
Et elle rompit leur lien mental avant de s'en aller quelques dizaines de mètres plus loin.
Sans parler de leur conversion à qui que ce soit, ils se ré-intéressèrent au monde qui les entourait.
Les elfes, Eragon, et Saphira entassèrent toutes les affaires en un endroit bien précis, pour ne prendre que le minimum de place possible. Une fois qu'ils eurent fini, Glaedr prit la parole.
« Nous voilà dans une impasse, je suppose que ni vous, dit-il en tournant sa conscience vers les elfes, et ni vous, Eragon et Saphira, ne vous y connaissez en architecture ? »
« Si, moi je m'y connais un peu...», débuta l'un des elfes.
« Peut-être mais tu ne sais pas édifier un château, je me trompe ? », l'interrompit Glaedr d'un ton cassant.
« Non, je ne le sais pas », balbutia l'elfe.
« Ne vous inquiétez pas, les interrompit Umaroth, les siècles que nous, les Eldunarí, venons de traverser nous ont donnés un certain savoir dans tous les arts. Nous avons participé à la construction de nombreux châteaux.
Et nous le mettrons, si vous le souhaitez, à votre service. »
« Merci, votre aide sera précieuse. Cependant, je ne sais pas si nous sommes assez préparés pour commencer la bâtisse.»
« Tu devrais, imposa Glaedr, entrer en méditation comme tu l'as appris avec Oromis, cela te renseignera sur les bêtes qui nous entourent et c'est aussi un bon entraînement. Tu n'en as pas eu depuis un certain temps. »
« Si vous le voulez Ebrithil », soupira Eragon.
« Dans ce cas, avertit Saphira, je pars explorer les environs. »
Et Saphira partit, le laissant seul. De son côté, Eragon s'installa confortablement sur le sol du plateau rocheux et lança son esprit en tous sens, essayant de jauger la puissance des esprits qui l'encerclaient. Il repéra d'innombrables insectes ainsi qu'autant d'animaux et de plantes. Aussi, fut-il étonné par la capacité mentale de certaines plantes : Les unes, comme il pu l'observer, utilisaient cette force pour dominer d'autres plantes ; les autres, elles, formaient des symbioses avec de minuscules êtres, sans doute des champignons. Il écouta la nature comme son maître lui avait appris et récupéra ainsi pendant plusieurs heures des informations sur ce qui l'entourait. De temps à autre, Eragon effleurait la conscience d'un de ses compagnons de voyage. Il s'attristait quand il tombait sur l'esprit d'un des Eldunarí fous, il émanait d'eux des ondes des souffrances que l'ancien roi leur avait infligées.
Saphira revint pendant sa contemplation. Le voyant, elle ne lui dit mot mais ce tourna vers les Eldunarí et leur dit qu'elle n'avait rien remarqué de particulier, à part deux animaux qui semblaient la vouloir entre leurs crocs.
« Ne t'inquiète pas Bjartskular, la rassura Umaroth, même si elles sont plus fortes que toi, elles ne peuvent rien contre nous. »
« Je n'ai pas dis que je m'inquiétai, je vous ai juste rapporté l'information », répliqua-t-elle dans l'espoir de lui faire comprendre qu'elle n'était pas aussi faible qu'il l'imaginait.
Tous se turent.
Il était déjà tard quand Eragon conclut sa méditation. Il avait les membres tout endoloris, car il n'avait qu'à peine remué. Il se releva et étira ses bras. Il jeta un rapide coup d'œil à Saphira, couché un peu plus loin, et puis aux elfes, qui étaient en plein entraînement. Dès qu'ils le virent, ceux-ci le saluèrent et reprirent leurs exercices.
« Alors petit, qu'as-tu appris d'intéressant ? », s'enquit Glaedr.
Il fit signe aux elfes, à Saphira qui entendait déjà, et aux autres Eldunarí d'écoutait.
« J'ai appris bien des choses sur cette forêt, commença le dragonnier. »
Les elfes vinrent à lui et s'assirent. Eragon fit de même.
Il instruisit tout le monde sur ce qu'il avait appris. Il leur expliqua que la forêt semblait paisible de jour, mais était mortelle pour quiconque dormait en son sein, à cause des bêtes nocturnes qu'elle habitait. Certaines d'entre elles, tout comme les Fanghurs, paralysant leurs proies avant de les manger.
Quand il eut fini son récit, Saphira se remit sur ses pattes :
« Qu'elles essaient toujours de me paralyser, grogna-t-elle en bombant le poitrail, je les déchiquetterais. »
« Je n'en doute pas », pouffa Eragon.
« Tueur d'Ombres, commença Lupusänghren en se relevant, vite imité par tous les elfes, quand commencerons-nous la construction du château ? Si cette forêt est aussi hostile la nuit que tu le prétends, nous ne pourrons pas dormir indéfiniment à la belle étoile. »
« La question que soulève Lupusänghren est digne d'intérêt, reconnut gravement Umaroth, même si nous, les Eldunarí n'avons pas de corps et sommes cachés du monde, il ne faut pas traîner. »
« Oui Ebrithil, répliqua Eragon en se mettant sur ses jambes. Mais savons-nous où trouver toutes les ressources nécessaires ? Non. Et il est déjà tard pour commencer, je vous ai dit que la jungle était malveillante la nuit. »
« C'est vrai. Nous ne les avons pas. Soit.»
Umaroth retira son esprit de la conversion, sans doute pour calmer les Eldunarí fous, qui s'agitaient. Les elfes ne disaient mots ni ne bougeaient.
« Eh bien, Eragon, commença Glaedr, je veux que tu t'entraînes. Ce n'est pas parce que tu as vaincu Galbatorix que tu ne dois pas continuer ta formation inachevée. Tu vas faire un duel avec les elfes. »
Glaedr et Eragon se tournèrent vers les elfes, les regardant l'un après l'autre.
« Je me porte volontaire », les interrompit Nariel, le plus puissant mage après le défunt Wyrden.
« Merci elfe », lui dit Glaedr.
Avant le combat, chacun passa son épée dans une couverture d'enchantement. Celles-ci faisaient en sorte qu'aucune des deux lames ne soit aiguisée. Ainsi, les coups qui normalement devraient être fatals ne l'étaient pas. De plus, ils mirent sur eux-mêmes un bouclier magique qui atténuerait les chocs.
« Parfait, reprit Glaedr. Mettez vous en position... Allez-y! »
Nariel chargea Eragon et lança une attaque gracieuse mais puissante vers l'épaule du garçon. Celui-ci la para d'une torsion du poignet et enchaîna deux coups d'épée orientés vers la cuisse droite de Nariel, immédiatement contrecarrés par l'elfe.
« Il est plus rapide et habile que moi, songea Eragon, il faut que je le prenne par surprise. »
Profitant d'un moment d'inattention, Nariel abattit son arme dans l'avant-bras
d'Eragon. Celui-ci n'eut pas le temps de dévier le coup ni de le parer mais il parvint à réduire son impact. Ce qui le déséquilibra. L'elfe saisit cette opportunité et lança son épée vers la cheville du dragonnier, qui tomba, se remit d'un bond sur ses pieds et chargea. Il tenta un coup vers la tête de son adversaire, non-protégée. Surpris, Nariel l'évita de justesse et Eragon lui faucha les jambes. L'elfe s'écroula, privé de tout appui.
Comme un éclair, Eragon plaça Brisingr à un centimètre de son cou.
Le combat avait duré seulement quelques secondes, et Eragon se félicitait d'avoir vaincu son adversaire. Depuis quelques temps, quand il sortait d'un combat contre les elfes, il n'était plus le seul à compter ses bleus.
Glaedr grogna, le combattant elfe n'était pas au même niveau qu'Eragon.
« Tu es plus fort que prévu, dit-il.
Il resta muet un instant et reprit :
Mais tu vas tout de même réitérer...»
«Mais... d'accord », grommela Eragon.
Et l'assaut recommença. Aussi acharnés que la première fois, les partenaires de combat se rouèrent de coups, bien que protégés par les sorts mis sur les épées.
Tantôt c'était Nariel qui prenait l'avantage sur Eragon, tantôt c'était l'inverse.
Eragon para les coups adverses avec ses meilleures bottes. L'elfe faisait de même. Tous regardaient, quand tout à coup, Eragon sentit une lame glaciale pénétrer sa conscience. Il comprit soudain pourquoi le dragon avait ordonné un autre combat. Celui-ci comptait attaquer sur le plan mental, forçant le garçon à maintenir une agression physique et psychique. La cadence de l'épée d'Eragon ralentit. Oppressé par Glaedr, il commençait à perdre l'avantage qu'il avait sur Nariel : plus de coups arrivaient à destination. Il savait que Glaedr ne mettait pas le dixième de sa puissance contre lui, cependant, se concentrer sur deux combats à la fois, c'était trop. Le dragonnier chancelait, et sa garde n'était plus aussi efficace que lors du combat précédent.
Il tint bon malgré tout plus d'une minute, avant de tomber et de se retrouver avec la lame de son adversaire sous le menton.
Il capitula.
« C'est bien, le rassura l'Eldunarí, tu as su tenir une minute opposé à deux attaques différentes. Je ne doute pas de ta puissance et de ta technique, mais l'endurance et la pratique te manquent, tu n'as pas assez d'expérience, et dans ce genre de combat, mieux vaut en avoir, plus que dans tous les autres. »
- Oui Tueur d'Ombre, tu as bien tenu, siffla Lupusänghren. Comme le disait Glaedr, la pratique te manque, voila tout.
Ces compliments remontèrent le moral à Eragon. Sa victoire sur Galbatorix avait fait monter l'estime qu'il avait de lui-même. Et son ego avait pris un coup suite à l'échec qu'il venait d'essuyer.
- Merci, bredouilla-t-il.
« Encore », imposa l'ancien.
Le lendemain, ce fut Saphira qui prit le rôle de coq qui chante. En effet, à part regarder et conseiller Eragon lors de ses entraînements, elle n'avait rien fait de spécial. Elle n'était donc pas fatiguée.
Se repérant grâce au soleil, elle sût qu'il était très tôt, et entreprit d'aller chasser.
Quand elle revint, le soleil était bien avancé mais seuls les elfes étaient réveillés.
Elle lança son esprit vers Eragon.
« Petit homme », confia-t-elle tendrement.
